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Critiques de Marc-Antoine Mathieu (364)
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Sens

Rien que pour le soin apporté à l’édition, je ne peux que relever ma note. Le tirage a été complètement adapté à la thématique (le sens, illustré par la flèche), et comme l’histoire est muette, les rares caractères vont jusqu’à se diluer, en incrustation discrète sur la couverture ou convertis en cryptogrammes fléchés sur la page d’introduction, seule concession à l’alphabet latin. On a ainsi entre les mains un objet étrange, à la blancheur candide, qu’on pourrait définir comme une BD oubapienne doublée d’un superbe livre d’art graphique.



A l’intérieur de ce bel écrin, l’histoire, difficilement racontable, tient plus de l’exercice de style. Marc-Antoine Mathieu (MAM pour les « intimes »), qui nous a plus habitués à des aplats noirs dominants, s’est ici entiché du blanc et du gris, comme pour agrandir l’espace, ouvrir le champ des possibles, de tous les sens possibles. Toujours aussi facétieux, l’auteur talentueux de Julius Corentin Acquefacques, dans un style épuré, continue à nous faire prendre des vessies pour des lanternes à l’aide de moult trompe-l’œil, mises en abymes et autres chausse-trappes. Si tout ce que voit le personnage dans son parcours erratique ne s’avère être qu’illusion, c’est en même temps à nous, lecteurs, qu’il demande de se méfier des apparences, d’accepter une autre réalité que celle transmise par la vision ou encore qu’il puisse y avoir une multitude de réalités selon la direction prise. Quand bien même cela nous oblige à réécrire sans arrêt notre conception de la vie, à réinterpréter les vérités que l’on se forge au fil du temps, voire accepter notre impuissance devant les questionnements existentiels propres à tout être humain.



Comme cet homme au chapeau, nous errons en quête de sens, seul face à nous-mêmes, fragiles dans un univers énigmatique et mouvant, où la réalité n’a de cesse de se dérober. Une fois encore, Marc-Antoine Mathieu vient nous subjuguer avec cet album étonnant dans lequel il nous offre en dessin toute la richesse de son imagination sans limites. Sans aucun doute, une œuvre qui « fera sens » dans la sélection officielle d’Angoulême 2015.
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Dieu en personne

Que se passerait-il si, un beau jour, Dieu apparaissait sous forme humaine sur Terre ? C'est à cette question que Marc-Antoine Mathieu tente de répondre.



Dans un monde sur-médiatisé comme le nôtre, il serait sûrement en proie à une foule en liesse, on le scruterait comme une bête curieuse, lui poserait toute sorte de questions, cherchant des preuves de son identité. Puis une fois ce fait attesté, il serait invité dans tous les talk-shows télévisés, publierait des livres rédigés par un nègre, un parc d'attraction serait construit à son nom, chacun cherchant à tirer profit de sa personne et de son prestige pour en définitive le substituer au rôle du Pape. Mais surtout, un immense procès lui serait intenté par les athées, les agnostiques, les dogmatistes, les déistes etc... La folie du cirque médiatique battrait son plein.

C'est une vision très américaine de l'univers médiatique qui nous est livrée ici mais qui n'est pourtant pas si éloigné de nous, européens.



La trame narrative est plutôt astucieuse pour une bande dessinée, s'inspirant de certains films, comme « Citizen Kane » d'Orson Welles par exemple, prenant en effet la forme d'un film documentaire où chaque intervenant raconte son point de vue ou les circonstances de sa rencontre avec ce Dieu qui n'était venu sur Terre uniquement pour pouvoir rire. On avance également, dans ce livre, de façon dialectique puisque chacun émet une thèse différente quant à l'existence de Dieu, du philosophe au sociologue en passant par l'ordinateur H-1. La conclusion n'en est que plus remarquable.



Robert Musil aurait très bien pu inclure cette histoire dans son roman « L'homme sans qualités » car je vois bien Ulrich imaginer, tout comme il l'a fait avec Platon, Dieu de retour parmi nous à la merci des médias stupides et versatiles.



C'est une sentence sans appel sur la bêtise humaine sous sa forme la plus connue : celle qui mis en place la traite négrière, qui en bon occidental paternaliste colonisa des terres étrangères sans demander l'avis de personne, et j'en passe et des meilleurs. Oui, on retrouve un peu cet orgueil de supériorité chez ces personnes peuplant le livre.



Seule la fin (surprenante) est, à mon sens, un peu décevante mais colle parfaitement au sujet du livre car on imagine très bien de quoi sont capables les publicitaires les plus cyniques pour ramasser un gros pactole de fric.



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Otto, l'homme réécrit

Je découvre Marc-Antoine Mathieu via OTTO, une BD que je qualifierai d'expérimentale. A tout le moins, il s'agit d'une BD qui peut se lire à différents niveaux.



Otto est un artiste événementiel, activiste. On pense un peu à Banksy. Il réalise des peuvres éphémères, dans de grands happenings où il revisite l'image de soi, sa signification, sa raison d'être. Il apprend le décès de ses parents qui lui lèguent un pavillon de banlieue et une malle.



Cette malle contient 7 années de la vie d'Otto. Elle contient en fait des carnets et des enregistrements audiio et vidéo, alors qu'Otto est le sujet d'une éxpérience scientifique. Il est observé, décomposé, recomposé, étudié, analysé sous toutes les coutures. Il a tout oublié. Il se rend compte que l'artiste qu'il est devenu a été modelé par ces 7 années. Il va alors partir du dernier jour de l'étude pour récupérer ses souvenirs et son être profond, originel. Le tout est dessiné simplement, mais avec une grande efficacité.



Le lecteur doit s'accrocher. C'est l'être et le néant. Le chaos originel. C'est l'éternité instantanée. Le passé et le présent se fondent. C'est l'infini fini. Bref, les concepts se suivent et se mélangent. Il s'agit de 8 années, 8 qui peut représenter l'infini une fois couché, et représenté comme un anneau de Möbius. Fatalement. C'est moderne, c'est stimulant et on en ressort avec la certitude de ne pas tout avoir compris. Mais ce n'est pas grave. On passe un moment de questionnement intérieur tout à fait poignant.
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3 secondes

Sorte d OLNI (objet littéraire non identifié) cette BD nous entraine dans un fantastique jeu de miroir qui de reflet dans une pupille d'un reflet dans une lentille de gsm d'un reflet de miroir (etc) nous entraine dans une histoire qui nous fait parcourir des milliers de kilomètres en seulement 3 secondes de vie. Chaque bond dans l'espace, par le jeu des miroirs, nous donnant une vue de plusieurs histoires qui se déroulent dans ce laps de temps très court et nous donnant comme mission de les reconstituer.

C'est très intéressant, c'est inédit et ça vaut la peine d'être découvert.

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Deep Me (BD)

Nous aimons depuis toujours le travail de Marc Antoine Mathieu et à de nombreuses occasion nous avons fait louange de son travail. Voici son dernier album sublime. Toujours aussi atypique et inclassable. La Bd s’ouvre comme un tableau de Soulage.28 pages de noir ! Une vraie leçon sur le roman graphique. Une expérience de lecture extraordinaire qui nous plonge au cœur de la nature humaine. Quel sens donnons-nous à l’existence humaine ?

Au fur et à mesure que le récit se construit (et que l’on essaie d’y voir plus clair) on plonge dans le polar ou le roman d’espionnage. Du moins, c’est ce que l’on croit… Mais de quoi sommes-nous bien sûr ?


Lien : https://www.mediatheque.mc
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Deep Me (BD)

Adam était dans le coma mais maintenant il est conscient mais son corps ne réagit toujours pas. Il entend tout, ressent tout mais ne voit rien. Prisonnier de son propre corps, il tente de comprendre ce qui lui arrive. Les médecins ne semblent pas comprendre son mal, il semble avoir une femme qui l'attend, des policiers qui veulent l'interroger...il a beau hurler dans sa tête aucun son ne sort de sa bouche.

C'est un graphique vraiment très original. Je ne peux vous parler des graphismes sans spoiler.

J'ai beaucoup aimé cette lecture. Ce noir, ces sons, ces paroles que personne n'entend, on se sent prisonniers et angoissés comme peut l'être Adam.

J'ai été happée, je l'ai lu d'une traite, trop curieuse de savoir la suite pour le poser. J'ai beaucoup aimé comment l'histoire se dénoue, on vit réellement cette histoire avec le personnage.

La fin m'a retourné le cerveau, je m'y attendais absolument pas.

Franchement allez le découvrir, il ne peut pas vous laisser indifférent.
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Deep Me (BD)

Merci aux éditions Delcourt et à NetGalley pour la découverte en avant-première de Deep me de Marc Antoine Mathieu.



Une BD très originale, presque sans dessins, seulement des planches noires avec un peu de texte imprimé en blanc, puis le contraire avec l’aveuglement du blanc.

Adam est dans un coma profond ; il semble reprendre conscience mais ce n’est pas repérable par les médecins et les infirmières qui le soignent, les policiers qui enquêtent sur ce qui lui est arrivé, son épouse qui lui rend visite. Il tente de s’exprimer mais personne ne l’entend, personne ne s’aperçoit qu’une partie de son esprit commence à se réveiller.

Peu à peu, le noir intense des vignettes évolue en images floues et fugaces, surtout à l’évocation d’une éclipse.



Mais Adam est-il vraiment hospitalisé ? L’ambiance devient de plus en plus angoissante…

Il m’est impossible d’en dire plus sous peine de divulgâcher… Je dirai simplement que cette BD est originale dans sa forme monochrome. Marc-Antoine Mathieu est parvenu à représenter l’enfermement en soi-même et j’avoue que cela m’a davantage intéressée que le scénario dans son ensemble et le dénouement.



Cela dit, le dépouillement, l’économie, le choix narratif font qu’une fois cette BD lue, je n’ai pas forcément envie de revenir dessus.

En outre, je m’interroge sur le choix d’un titre à consonnance anglaise pour illustrer cet enfouissement dans les profondeurs abyssales de l’esprit…



Je vais garder le souvenir d’une expérimentation, d’une prouesse. Quelques recherches m’ont appris que Marc-Antoine Mathieu est coutumier du fait.



#Deepme #NetGalleyFrance


Lien : https://www.facebook.com/pir..
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Julius Corentin Acquefacques, prisonnier de..

Ce tome fait suite à Julius Corentin Acquefacques, prisonnier des rêves, Tome 6 : Le décalage (2013) qu'il 'est pas indispensable d'avoir lu avant. Sa première publication date de 2008. Il a été écrit, dessiné, et encré par Marc-Antoine Matthieu. Il contient 48 pages de bande dessinée en noir & blanc.



La page noire est constellée de petits points blancs : une voix désincarnée commente ces grains lointains minuscules, en sachant qu'il s'agit de poussières de rêves pouvant flotter indéfiniment. Mais là où il y a du temps, il y a du changement : les poussières commencent à s'agencer entre elles. Elles dessinent des formes et le rêveur comprend peu à peu ce qu'elles dessinent. Julius Corentin Acquefacques finit par se réveiller dans son minuscule appartement une pièce, et celui-ci lui semble encore plus petit que d'habitude. Il comprend qu'il est encore sous l'emprise pseudologique du rêve. Il lève la tête et voit celle de son voisin Hilarion le regarder : elle est énorme et occupe toute la place à l'endroit où devrait se normalement le plafond. Julius Corentin demande à son voisin ce que signifie ce rêve ridicule. Hilarion lui répond que ce pas le sien, mais celui de Julius Corentin. Ce dernier se demande si ce n'est pas son voisin qui rêve de lui qui rêve. Il lui demande de ne pas essayer de l'embobiner avec ses ratiocinations oniriquesques. Hilarion observe le minuscule Julius Corentin dans un modèle réduit de son appartement, posé sur sa table de salon, et au-dessus d'Hilarion apparaît la tête énorme de Julius Corentin, dans un phénomène de mise en abyme. Il produit effectivement un effet de mise en abyme infini entre Julius Corentin regardant un plus petit Hilarion et ce dernier regardant le premier en plus petit.



Julius Corentin se réveille enfin, et cette fois-ci il est minuscule dans son lit, son appartement étant inchangé. Il entend toquer à sa porte : Hilarion lui demande de l'aider à ouvrir, car lui aussi est minuscule. À l'unisson, ils indiquent qu'ils ont rêvé de l'autre. Ils décident d'aller voir le professeur Igor Ouffe pour lui demander son aide. Étant minuscules, ils estiment qu'ils peuvent sauter par la fenêtre et se laisser porter par l'air dans une chute contrôlée, du fait de leur faible poids. Ils atterrissent sur le rebord du feutre mou d'un passant, et ils décident d'avancer ainsi en sautant de rebord de chapeau en rebord de chapeau. Fort heureusement, le professeur a récemment déménagé dans leur quartier et ils parviennent rapidement à son appartement minuscule situé en entresol. Ils constatent qu'il a réussi à donner l'impression qu'il est plus spacieux avec des images en trompe l'œil. Soudain, Igor leur dit de faire attention parce qu'une vague d'eau passe par le soupirail, un excès d'eaux usées. Les deux visiteurs toujours minuscules ont remarqué un appareil électronique qui semble avoir rendu l'âme, sur le bureau du professeur. Ce dernier leur indique qu'il s'agit d'une expérience mais que tout a explosé cette nuit. Il soulève le chapeau de Julius Corentin, puis la calotte crânienne de Hilarion : il constate que leur oniro-stimulateur a fondu.



C'est parti pour une plongée dans un jeu fond / forme, pour une intrigue se déroulant dans une dimension onirique où tout peut arriver, sans limitation des lois de la physique, ou même de la logique aristotélicienne. De prime abord, l'ouvrage a tout d'une bande dessinée traditionnelle : des pages découpées en cases, des personnages humains que l'on suit du début à la fin, une intrigue en bonne et due forme (l'esprit de Julius Corentin Acquefacques est prisonnier d'un rêve, avec l'esprit de son voisin, et celui d'un professeur de sa connaissance). La narration visuelle montre des êtres humains traditionnels : 3 hommes un peu âgés, chacun avec son vêtement (JCA est en pyjama), une morphologie quelconque (ils n'ont rien de culturiste), en train d'accomplir des gestes, des mouvements, des déplacements. Ces individus évoluent dans différents environnements : l'appartement de Julius Corentin Acquefacques (en abrégé JCA), la cuisine de l'appartement de Hilarion, une rue de la cité anonyme, l'appartement du professeur, sa bibliothèque en désordre, sa collection (de représentation) d'infinis, l'énorme salle qui accueille le personnel travaillant dans son unité de recherche et développement, le vide de l'espace, un néant de blanc. L'artiste utilise un trait de contour un peu épais qui donne du relief à chaque élément et à chaque personnage représenté. Il dessine de manière réaliste avec un bon degré de détails : les boutons sur la veste de pyjama de JCA, les plis et la ceinture de la robe de chambre de Hilarion, l'évier et la cuisinière de l'appartement de JCA (avec les accessoires de cuisine sur le plan de travail), la table de cuisine d'Hilarion (avec l'œuf à la coque entamé), les différents outils dans l'atelier du professeur (voltmètre, pince plate, tournevis, crayon, électrode), les tableaux et les objets de la collection du professeur (dont une belle bouteille de Klein, une Tout Pi / Toupie, un caillou astatique), etc.



Très vite, la nature onirique prend le dessus, sortant les personnages de la vie réelle : les étoiles qui s'attirent pour former l'image de l'appartement de JCA, la mise en abyme infinie, le rapetissement, le passage sur l'infini ou le néant du blanc de la page, puis dans le noir du vide spatial infini. Comme à son habitude, le créateur joue avec le rapport entre le fond et la forme en tordant cette dernière. Il y a donc ces trois compères posés sur le blanc de la page dans une case en pleine page : ils sont seuls sur rien, se tenant sur le néant puisque rien d'autre n'a été dessiné sur le blanc du papier, et dans le même temps cette virginité de la page incarne un potentiel infini, uniquement limité par la créativité de l'auteur. D'ailleurs la suite de la séquence montre que ce vide n'est en fait qu'une portion d'une structure complexe se répétant à l'infini, une éponge de Menger, un solide fractal décrit en 1926 par Karl Menger (1902-1985). Quelques pages plus loin, le schéma narratif se reproduit avec le noir de l'espace, symbole de vide infini, mais la scène se développe dans une autre direction. Le lecteur n'est pas au bout de ses surprises quant à ce jeu fond/forme et à l'inventivité de l'auteur, car celui-ci ne se limite pas à ce qu'il dessine, à la manière de découper les cases, de mettre en œuvre des liens entre les séquences qui ne soient pas une simple causalité ou une simple temporalité, il joue également avec la matière, que ce soit le récit qui se poursuit sur la quatrième de couverture, ou que ce soit des feuilles dont le format n'est pas celui de l'album (surprise), la numérotation des pages suivant alors le mouvement, déviant d'une incrémentation d'une unité de l'une à l’autre (par exemple une page 41,89, ou une page 45 ?, avec un point d'interrogation).



Dans cette ambiance onirique, la succession d'une scène à une autre repose donc parfois sur autre chose qu'une succession chronologique : un développement thématique, ou une réflexion filée sur un jeu de mot. Parfois, le lecteur peut trouver que ce lien est un tantinet artificiel : par exemple l'exploration des jeux de mot à partir du mot Infini. L'ouvrage est décomposé en 7,5 chapitres avec un prologue et une ouverture appelée Infini (avec l'utilisation du symbole mathématique). Le lecteur retrouve ce jeu sur les mots par exemple avec les titres de chapitres : 3 Un fini, 4 L'infiniment fini, 5 Par deçà le fini, 7 L'horizon du fini, 7,5 L'indéfini des événements. En fonction de sa sensibilité, il peut trouver ces liens artificiels et forcés, ou les prendre comme un nouveau paragraphe pour explorer une autre facette de cette notion d'infini. Ce jeu de lien thématique s'effectue également de manière visuelle : une simple ligne traversant la case devient la ligne d'horizon et donc divise l'infini du plan en deux infinis (2 demi-plans), l'exploration de l'infiniment petit conduit à un grossissement d'une case faisant apparaître l'irrégularité des traits pourtant lissés à taille normale, et poursuivant jusqu'à faire apparaître les pixels de l'impression. L'auteur explore donc la notion d'infini dans toutes les directions qui lui viennent à l'esprit. Le lecteur note rapidement que son propos est construit et qu'il dépasse largement l'exercice de style basique sur la polysémie du mot.



Marc Antoine Mathieu met en scène des notions philosophiques et mathématiques les rendant visuellement évidentes malgré leur complexité, ou leur degré de conceptualisation. Ainsi le lecteur peut voir l'infiniment grand, ainsi que l'infini contenu dans l'infiniment petit avec de belles illustrations, que ce soit pour écrire un nombre infiniment petit, ou la répétition infinie dans une figure géométrique. S'il dispose d'un peu de culture mathématique, il repère la figure du nœud de trèfle sur la couverture (et s'il est curieux il peut aller chercher ses propriétés dans le domaine de la théorie des nœuds en topologie, branche très complexe des mathématiques), la bouteille de Klein dans la collection du professeur (du nom du mathématicien Félix Klein, 1849-1925, et son programme d'Erlangen, 1872), l'éponge de Menger, un ruban de Möbius, une lemniscate de Bernoulli, des solides de Kepler, le spin d'n électron, un escalier de Penrose, attestant d'une solide culture mathématique et physique. Dans le même temps, il est visible qu'il continue de s'amuser que ce soit en créant un caillou astasique (un caillou avec une forme unique telle qu'il ne possède pas de point d'équilibre et qu'une fois mis en mouvement il est perpétuellement à la recherche d'une stabilité qu'il ne trouve jamais), en mettant en scène un duel par algorithmes interposés entre l'absolu et l'infini, ou avec une remarque brisant le quatrième mur (un personnage disant qu'il faut espérer qu'ils soient encore lus). L'ouvrage regorge tellement de remarques que le lecteur sent bien qu'il en rate de temps à autre, comme le sens de ces eaux usées giclant dans l'appartement en entresol du professeur ou le sens de sa spécialité apéirologiste (= spécialiste de l'infini).



Ce septième tome des aventures de Julius Corentin Acquefacques, prisonnier des rêves tient toutes ses promesses. Une histoire où le personnage principal est en butte à l'absurdité du monde, comme les héros de Frantz Kafka (1883-1924) dont le nom lu à l'envers a donné celui du héros. Une fugue sur la notion d'infini contemplée depuis plusieurs points de vue. Une narration visuelle qui joue avec la forme, tout en donnant à voir des concepts complexes, aussi bien philosophiques que mathématiques.
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Sens

MAM fait du Marc Antoine Mathieu.

Après deux albums incroyables et géniaux "3 secondes" et le tome 6 des aventures de Julius Conrentin Acquesfacques, il était difficile pour Marc Antoine Mathieu de renouveler l'exploit. Et bien pari réussi.

On retrouve tout ce qui caractérise l'écriture de Marc Antoine Mathieu le questionnement par l'absurde, le non-sens, la métaphore et la symbolique. L'objet livre étant lui-même un apport de sens ou de non-sens. Une grande image par page. Un dessin en noir, gris et blanc, sobre, simple, qui va à l'essentiel. Le sens de la vie en question : "l'absurde n'a de sens que si on l'accepte".

C'est un album qui mérite plusieurs lectures pour apprécier toutes les subtilités de ce que veut nous compter MAM.

Avec beaucoup d'intelligence et d'humilité Marc Antoine Mathieu nous entraîne dans un labyrinthe de flèches, de détours, de cul de sac, de grandes perspectives. A chaque étape du personnage que l'on suit dans son parcours, nous sommes ramenés à nous même.

Un très beau livre de philosophie.
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3 secondes

Une critique un peu longue, mais je ne pouvais pas faire plus court tellement j'ai apprécié l'album et tellement celui-ci est complexe, étonnant et fascinant (et j'ai supprimé des paragraphes par rapport à ma critique initiale postée sur mon blog!)



J’attendais cet album avec impatience, lorsque j’ai entendu parler de son concept de BD, j’étais très intriguée! D’une part par la pluralité des supports (numérique et papier) puis par le sujet de la bande dessinée.



Je trouvais le concept osé, 3 secondes c’est quand même court, pour raconter une histoire, avec une intrigue, et les indices suffisant pour comprendre cette histoire? ça me paraissait un peu fou!



Et bien non c'est une réussite! Graphisme plaisant, intrigue accrocheuse, personnages nombreux et détails à foison!



Je me demandais comment il était possible de zoomer à l’infini en réussissant à amener de nouveaux personnages dans l’intrigue, la réponse était simple (une fois qu’on y pense!) il suffisait de faire intervenir des miroirs dans chaque scène, permettant ensuite de zoomer à l’intérieur de ce miroir, ainsi on peut voyager dans toutes les directions, sans cesser de zoomer!



En lisant la version papier, j’ai donc d’abords été épatée par les « stratagèmes » utilisés par Marc-Antoine Mathieu pour faire passer les différents plans de manière très fluide, les différents miroirs utilisés, dans chaque scène, il en trouve toujours un auquel on ne s’attend pas forcément qui permet de faire rebondir l’histoire (miroir, montre, coupe, lustre, cuillère, boucle d’oreille…).

L’avantage est qu’il n’y a aucun texte permettant de rythmer notre lecture, tout est dicté par notre capacité à nous attarder sur les détails.



En lisant la version numérique je me suis d’abord dit, mais c’est carrément plus fluide en numérique ! Mais après quelques minutes de lecture numérique, je me suis rendue compte qu’en fait la version papier permet de soi-même décider du temps à accorder à chaque case, sans intervention des mains, seuls les yeux sont maitres du récit, ce qui est vraiment bien. De plus avec la version papier si l’on a un doute où que l’on veut vérifier la position de tel personnage, ou tel miroir, a un moment du récit alors que l’on est beaucoup plus avancé dans le récit, c’est possible sans perdre le fil. On peut visualiser plusieurs cases très facilement, très rapidement. Alors qu’en version numérique c’est beaucoup plus délicat, il faut déplacer le curseur à l’endroit où l’on souhaite aller et le re-déplacer ensuite.

Ce que je trouve très bien sur la version numérique c’est les possibilités données au temps, on peut l’accélérer, le ralentir, le faire reculer, et les différents plants s’enchainent merveilleusement bien. (Au ralenti il y a quand même quelques « défauts » des plans qui sont flous dû à un micro décalage en hauteur ou largeur des zooms, mais à une vitesse classique cela ne se voit pas et même au ralenti ce n’est pas gênant pour la lecture.)



L’avantage de l’histoire c’est qu’elle est très dense malgré ses 3 secondes réelles. Il y a beaucoup de personnages ayant tous un lien entre eux je suppose, je ne les ai pas encore tous trouvés ! Et cela permet de pouvoir relire l’histoire de très nombreuses fois pour pouvoir découvrir un nouveau détail !



Au début de l’histoire, il y a des éléments que l’on pensait évident, qui finalement au fil des jeux de miroir dévoilent une autre réalité. Chacun des éléments, au début nous paraissent n’avoir aucun sens avec le reste de l’histoire (le passant, l’avion, le dentiste) mais au final on se rend compte que chaque détail est important et que tout est lié. Je n’en suis qu’à ma troisième lecture et n’ai pas encore tout reconstitué. Il y a aussi des éléments dont j’ai l’impression qu’ils n’ont pas de rapports avec l’histoire (le gars avec le miroir à l’entrée de la galerie, pourquoi a-t-il un miroir, que fait-il là?). Je n’ai pas lu non plus les journaux écrits à l’envers, j’imagine qu’ils sont importants pour l’histoire mais n’ai pas de miroirs sous la main pour les déchiffrer !



Bref tout cela pour dire que je pense que l’on peut passer de très nombreuses heures à lire et relire cette histoire, personnellement ma deuxième lecture je l’ai faite en parallèle entre la version numérique et papier, à me repasser certaines cases, à remonter le temps ou le faire défiler très lentement! Et c’est vraiment une très chouette expérience de lecture. Pour la première fois d’ailleurs, j’ai aussi pris un papier et un crayon pour noter les différents plans (avec personnages, lieux, liens). La critique négative serait donc, que si l’on souhaite juste lire une bande dessinée pour se détendre sans réfléchir, 3 secondes n’est pas adaptée ;) Mais si vous souhaitez passer un bon moment de lecture, avec un graphisme soigné, une intrigue poignante, qui ne dure pas qu’une demi-heure, foncez!



Bref une fois de plus Marc-Antoine Mathieu nous transporte dans son univers, il nous tient en haleine et nous oblige à nous replonger maintes fois dans son album pour en comprendre tous les tenants et aboutissants !



Enfin il fait le pari délicat de réussir une œuvre papier et une œuvre numérique, sans que l’une puisse (à mon sens) se passer de l’autre, et le tout pour une quinzaine d’euros seulement ! ;)



Pour conclure (car je pourrais continuer longtemps sinon!) c’est typiquement le genre d’album sur lequel j’ai envie de discuter avec des amateurs l’ayant lu ! Je pense qu’il y aurait beaucoup à dire et à partager sur les détails de l’histoire.



Des fans de cinéma ou séries policières devraient également y trouver leur compte ;) Je ne suis pas assez calée en cinéma pour l’affirmer, mais je pense que cette BD pourrait être critiquée par un expert cinématographique, tant sur le fond que la forme : les plans, les séquences, les personnages, les liens entre les différents éléments…
Lien : http://emyrky.com/2011/09/29..
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Rupestres

Cet album provient de mon dernier passage en bibliothèque. J’ai été moins attirée par le thème que par la promesse de ce collectif d’auteurs, cité en couverture. L’ayant feuilleté rapidement sur le moment, j’ai tout de suite su qu’il allait me plaire… A la base de ce projet, il y a David Prudhomme, qui a eu l’idée d’emmener Emmanuel Guibert, Pascal Rabaté, Troub’s, Marc-Antoine Mathieu et Etienne Davodeau, dans des grottes. Ces six hommes ont la curiosité de découvrir les traces de leurs ancêtres. Ils vont donc sous terre, accompagnés de guides, afin d’admirer des dessins paléolithiques. L’impression est grande, multiforme. Les dessins ne sont pas que des dessins. Ils utilisent la texture du support, provoquent l’émotion, font voyager les dessinateurs dans le temps, ouvrent l’imagination. Le collectif a ensuite décidé de reproduire dans un album la forme de la grotte, d’emmener le lecteur dans son voyage, au plus près de ses sensations. Et le résultat est cet ovni que j’ai lu avec un grand plaisir, passant de l’univers d’un dessinateur à un autre, me laissant porter par les questionnements de chacun, ses étonnements et hésitations. Peu importe que l’on s’intéresse ou non à l’époque paléolithique, on ne peut qu’être touché par cette rencontre entre des dessinateurs d’aujourd’hui et ces dessinateurs primitifs, dont on ignore les motivations mais qui nous donnent à voir un monde perdu, étonnamment présent. J’ai souvent été déçue par ce genre de projet, collectif, généralement de moindre qualité. Ici, rien de tout cela, l’objet livre est beau, complet et on sent que chacun a eu à coeur de rendre au mieux ses impressions, en hommage aux artistes d’hier, humblement.
Lien : https://leslecturesdantigone..
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Deep Me (BD)

Un album … particulier où chaque case est de couleur noir avec un dialogue dans une bulle blanche mais également une pensée écrite plus bas.

Adam est plongée dans le coma, il entend et comprend ce qui se dit autour de lui mais ne peut communiquer. Au début il pense à tort que ses pensées sont prononcées, il comprend alors très vite ce qui se passe.

Adam cherche à regrouper ses souvenirs pour comprendre ce qu’il fait là, cloué dans un lit d’hôpital à être comme un spectateur, sans paroles, de ce qui se déroule entre avis de médecin et enquête sur son accident.



Cette expérience vécue par Adam et aussi celle du lecteur, c’est étrange, parfois dérangeant et nébuleux, à d’autres moments abstrait et mystique. Un voyage dans le cerveau d’Adam qui m’a laissé un goût étrange et inquiétant.
Lien : https://leslecturesdestemilo..
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Dieu en personne

Les lecteurs ont affectueusement appelé Marc-Antoine Mathieu par les initiales MAM. Il est vrai que dans les discussions sur les forums de bédéphiles, quand on parlait de MAM, je pensais plutôt à Michèle Alliot-Marie ce qui n'est pas la même chose ! C'est quand même curieux : est-ce fait exprès ? Parce que si c'est le cas, ce n'est franchement pas flatteur !



L'auteur a gagné ses lettres de noblesse par le passé (« Le dessin » et de « Julius Corentin Acquefacques ») et s'est très vite imposé dans le milieu par des productions plutôt iconoclastes et portées sur la philosophie en règle générale.



En l'espèce, il traite du thème de Dieu et de ses rapports avec l'Humanité qui doute de sa réalité en lui intentant un procès : rien que cela ! La méthode est toujours la même. Il utilise des astuces plutôt bien trouvées.



Pour autant, c'est le genre de lecture qui procure en moi un profond ennui. Je regarde cela comme une espèce d'intellectualisme chic et choc. Toutes ces approches métaphysiques sur un mode décalé et absurde provoquent très vite en moi une sacrée migraine. Bon, il y a quand même 122 pages !!!



Finalement, entre un discours de l'ancienne Ministre de la Justice ou la lecture de cet ouvrage rhétorique, c'est la même chose : un puissant mal de tête ! Oui, c'est la seule similitude que je vois avec ce sobriquet de MAM.



Pour le reste, cet auteur a ses fans inconditionnels pour vanter tout les mérites de la terre. Cela sera sans moi.
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Julius Corentin Acquefacques, prisonnier de..

Quel plaisir de retrouver Marc Antoine Mathieu et son personnage Julius Corentin.

Toujours aussi inventif, il fait figure d'auteur à part dans le monde de la Bd. Il réinvente les codes, destructur les pages. Lire ces BD est à chaque fois une expérience, cela demande de la rigueur tant il va Loin dans un monde joyeusement foutraque. À partir d'idée qui peuvent sembler au départ farfelu il arrive toujours à un construire une histoire qui tient la route. On y revient souvent pour rechoper quelques détails oubliés et c'est jouissif car il joue aussi bien avec l'image qu'avec les mots. Une sorte de Reymond Devos de la Bd.

Un auteur à part donc mais indispensable au 9em art.
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Le Dessin

Le dessin est une œuvre magnifique dans tous les sens du terme : c’est un véritable enthousiasme littéraire qui m’a parcouru ! Il est tout d’abord intéressant de se pencher sur la construction du scénario et de voir comment le récit a été pensé. On ne peut qu’être admiratif de ce travail effectué avec brio. C’est comme si un mécanisme avait été parfaitement huilé pour donner la solution miracle à une énigme mystérieuse par essence à travers un dessin.



L’histoire est d’abord celle d’une amitié, puis d’un drame et de l’enfermement dans une bulle protectrice. Ce noir et blanc d’une belle élégance va donner le ton et apporter une cohérence à l’ensemble. Rarement une bd parvient à un tel mariage harmonieux pourtant essentiel. On ne peut que penser aux multiples implications et aux sens de chacune des choses dans une décortication avec une acuité exceptionnelle. Une simplicité des choses qui en fait cache une grande complexité. On est loin de toute scène purement contemplative.



De cette lecture, je retiendrais une véritable ode à l’amitié qui touche d’abord l’âme du lecteur. Je comprends pourquoi l’auteur est un véritable Mozart de la bd : il nous a livré une partition sans fausse note ! Les mots me manquent pour exprimer le fond de ma pensée. Je dirai tout simplement en conclusion que c’est étonnant, riche et poignant à la fois ! Une vraie réussite qui comblera les amateurs de bande dessinée !
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Otto, l'homme réécrit

Album "métaphysico-cosmogonique" remarquable : l'auteur aborde les grandes thèmes du double et de l'oubli, de la vérité, du déterminisme, de la conscience et de l'identité personnelle.

Et si tout l'univers était contenu dans chaque être humain, dans chaque chose (et réciproquement ?)
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3 secondes

Bonne BD très originale qui au premier abord semble simpliste vu qu'il n'y a pas de paroles. Mais, en creusant un peu plus la lecture, on s’aperçoit que l'auteur laisse suffisamment d'indices (souvent cachés, voir tordus) pour qu'on puisse faire notre propre enquête. Une sorte d'enquête ou de jeu de piste ludique qu'on peut s'amuser à déchiffrer seul ou en famille.



Bonne lecture à tous!
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Dieu en personne

Dieu en personne, oui oui, le gars avec la barbe blanche, celui qui crèche habituellement tout là-haut, sur son petit nuage. Et bien, il est là, juste devant vos yeux. Ce dieu, qui un jour (le premier), créa tout, va devoir rendre des comptes.



Les thèmes de la création et de la perception de cette dernière ont toujours été au cœur des travaux de Marc-Antoine Mathieu. Les jeux logiques qui se jouent des codes de la BD dans les aventures de Julius Corentin Acquefacques et les quêtes verticales que sont L’Ascension et Les Sous-sols du Révolu sont autant de tentatives pour explorer les différents niveaux du réel et de l’imaginaire. Quel meilleur personnage que Dieu pour continuer cette investigation ?



Sous le couvert d’un nouveau procès de dieu, l’auteur de Mémoire Morte s’intéresse en fait à un autre sujet : comment fabrique-t-on une histoire et qu’elles sont les différentes façons de la raconter. D’un tournage de film à une pièce de théâtre en passant par un reportage sportif, une multitude de techniques narratives sont testées sous nos yeux. Pour autant, la lecture reste parfaitement fluide tant la construction de Mathieu est sans faille. Même plongé au milieu du plus sérieux des débats (certains passages nécessitent une sacré concentration pour suivre les argumentaires pointus des exégètes judiciaires), il tient son récit et manipule avec jubilation ses personnages ainsi que le lecteur. Comme à son habitude, l’auteur joue avec les codes, mais dans le cas présent, pas dans l’unique but de surprendre. Il montre avec un certain brio les illusions créées par les différents médias (télévision, publicités, arts) pour faire passer leurs messages, mais aussi ce biais, si humain, qui nous fait continuer à croire aux contes de fées.



Et Dieu dans tout ça ? En bonne entité omniprésente, il est évidemment le personnage idéal pour ces expériences narratives. Il se fond parfaitement dans tous les rôles que la société veut bien lui faire endosser. Comme son visage n'est jamais montré, il agit également comme un excellent miroir universel, un reflet de nous-même en quelque sorte.



Dieu en personne n’apporte peut-être pas LA réponse sur l’existence d’un dieu. Marc-Antoine Mathieu réalise néanmoins un nouvel album brillant, tant sur le fond que sur la forme.
Lien : http://www.bdgest.com/chroni..
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Dieu en personne

Quel courage a-t-il fallu à Marc-Antoine Mathieu pour s’attaquer à l’immense question de l’existence de Dieu ?

Tout commence par la longue file d’attente d’une banale opération de recensement de la population. Cette ligne est quelque peu perturbée par l’apparition d’un homme qui dit être Dieu. Aux moqueries de départ succèdent des prodigues, puis le succès et des bains de foules. Cette popularité n’étant pas du goût de tous, le pauvre Dieu est trainé devant les tribunaux… D’éminents scientifiques et philosophes sont conviés à la barre alors que les médias de tout poil s’emparent du phénomène. Bref, cela s’agite dans tous les sens alors que notre brave Dieu reste zen.

Dans ses bulles, Marc-Antoine Mathieu donne discrètement la parole aux plus grands penseurs occidentaux (de Voltaire à Sartre en passant par Flaubert ou Einstein) tout en se moquant des slogans publicitaires qui envahissent nos vies et nos cerveaux. Les grandes questions philosophiques ne sont pas oubliées. Mais comment dire ? Si les intentions de départs étaient enthousiasmantes, j’avoue être déçue du résultat. Trop appliqué et sage pour mon goût. Du coup, je me suis raccrochée très fort aux effets graphiques à la fois imaginatifs et réussis pour éviter de m’ennuyer.

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3 secondes

Un nouvel album de Marc-Antoine Mathieu, c'est toujours un sacré évènement. A chaque parution il nous prouve sa capacité à tordre les modèles de la BD, à imaginer des histoires riches, qui ne se limitent pas à la construction toujours différente de l'auteur. Une fois encore, l'astuce de la lecture des miroirs est géniale et plus on lit et relit l'album, plus on découvre les détails, les imbrications du scénario. Autant dire qu'on ne perd pas son temps.

Quant à la version numérique de l'album, je ne trouve pas qu'elle apporte quoi que ce soit à la lecture et à la compréhension de l'"objet" et de l'histoire. La navigation en avant ou en arrière est beaucoup moins efficace que le papier, et au final on ne découvre rien de plus.
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