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Critiques de Martin Suter (411)
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Éléphant

Je tente de vous parler aujourd’hui de ce roman original, mais sur lequel on peut se faire de fausses idées, l’imaginer loufoque et complètement barré, ce qui n’est pas le cas. Oui, le petit éléphant rose que Schoch, sans-abri de Zurich, découvre un matin au réveil dans la grotte qui constitue son abri au bord de la rivière n’est pas une hallucination, ni un jouet, il est bien réel. C’est une discussion sur la génétique avec un scientifique, qui lui a affirmé que des modifications génétiques permettraient d’obtenir un éléphant nain rose et fluorescent, qui a donné l’idée de ce livre à Martin Suter.



Une bonne idée ne suffit pas à faire un bon roman, et pourtant, dans ce cas, cela fonctionne parfaitement, grâce à la construction travaillée au millimètre, qui alterne le présent où Schoch découvre l’éléphant, avec le passé, où Roux, un généticien, tente des manipulations dont le but n’est pas uniquement l’avancée de la science. Ajoutez à ces personnages d’autres SDF, un patron de cirque, un cornac birman qui chuchote à l’oreille des éléphants, une vétérinaire engagée, un chinois qui ne recule devant rien… et vous obtenez un thriller passionnant. Ce n’est pas si souvent que le personnage principal, celui pour lequel on craint le plus, est un petit éléphant rose !



Je n’ai jamais été déçue par les romans de cet auteur suisse. Il excelle à changer à chaque fois d’univers, faisant entrer dans un roman des recherches documentaires pointues sur le thème de la mémoire, des drogues ou de l’économie, de manière fine et pédagogique, sans jamais provoquer l’ennui du lecteur. Son art d’entrer directement dans le vif du sujet et de maintenir la tension d’un bout à l’autre du livre se retrouve de romans en romans, que j’ai presque tous lus, sauf la série des Allmen, plus légers, je crois.

Toute la subtilité de l’auteur est mise au service de la psychologie des personnages. Schoch reste le plus intrigant, et permet à l’auteur de traiter avec délicatesse du sujet de l’alcoolisme et de l’existence des sans-abris, mais les autres acteurs de ce thriller ne manquent pas d’intérêt non plus.

Si je recommande ? Oui, bien sûr, et nul besoin d’être prêt à gober des fantasmagories, tout est parfaitement réaliste dans ce roman, et relève à peine d’une très légère anticipation, dont on ne souhaite pas qu’elle devienne réalité.
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Le temps, le temps

Le début de ce roman est très séduisant : Peter Taler est inconsolable depuis le meurtre (inexpliqué) de sa femme, Laura, assassinée en bas de leur immeuble alors qu’elle sonnait pour entrer, un an avant le début de l’histoire. Depuis un an, il maintient certains rituels lui rappelant la présence de la défunte, et passe ses soirées à scruter le panorama depuis son salon, avec l’impression que « quelque chose n’était pas pareil, mais il ne savait pas quoi ». Jusqu’au jour où il se rend compte que son voisin d’en face déplante certains de ses massifs pour en replanter d’identiques, mais plus jeunes. Quand ce même voisin lui envoie par la poste des photos de son immeuble datant du jour de la mort de sa femme, il traverse pour sonner chez lui, et va découvrir le projet fou de cet homme : prendre le temps de court.



Donc si ce début, baignant dans une ambiance hitchcockienne m’a bien accrochée, la suite, entre polar et roman fantastique, m’a plutôt déçue, même si ça se lit. Le retournement ne fut pas, pour ma part, insoupçonné, et l’intrigue traîne en longueur. J’ai décroché. Et pourtant, c’était tellement prometteur…
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Le cuisinier

Voilà un roman qui m'a fait régaler dans tous les sens du terme.



C'est l'histoire d'un jeune réfugié tamoul, Maravan, qui s'est fait virer du restaurant où il travaille comme commis de cuisine. Pour gagner de l'argent, il décide de créer sa propre entreprise et cuisine des repas aphrodisiaques et ayurvédiques pour des couples qui ont besoin d'un coup d'élan. Avec la complicité d'Andréa, une ancienne collègue, devenue amie, son entreprise a très vite du succès. Mais la situation va se compliquer lorsque Maravan et Andréa découvrent qu'un de leurs clients finance l'industrie des armes en lien avec la guerre civile au Sri-Lanka...



Cette histoire n'est pas uniquement sur la cuisine sri-lankaise, pays d'origine de Maravan. Bien que l'humour y a sa place, c'est aussi une histoire sur la situation difficile des refugiés (en Suisse), le choc des cultures, l'intégration, l'homosexualité, la corruption industrielle, la guerre au Sri-Lanka ou la prostitution de luxe, et bien sûr l'amour et l'amitié etc... Cela semble beaucoup des sujets à la fois, mais Martin Suter a su bien les doser et critiquer.



J'ai passe un agréable moment de lecture avec lui.



Challenge Multi-défis

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Le cuisinier

J'aime les bons plats mais je n'aime pas cuisiner. D'ailleurs, je suis un piètre cuisinier, sans inspiration. Peut-être est-ce la raison pour laquelle je n'ai pas apprécié ce roman de Martin Suter.



J'ai trouvé l'histoire plate, comme de l'eau, les personnages sans saveur. L'intrigue ne rehausse pas le texte. Cela s'absorbe facilement. Cela occupe le temps. Cela se lit mais sans plaisir.



Sur la quatrième de couverture, le magazine L'Express annonce ce livre comme "un polar culinaire à base de miel et de fiel". Je n'ai trouvé que le miel dans les plats de Maravan, le cuisinier tamoul immigré en Suisse, qui survit pour faire vivre sa famille restée au Sri Lanka en guerre.



Je pensais trouver un polar original. Il n'en fut rien.
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Allmen et la disparition de Maria

Est-il nécessaire de faire les présentations ? Friedrich von Allmen a créé sa petite entreprise spécialisée dans la recherche d'oeuvres d'art volés. Carlos, d'origine guatémaltèque, factotum dévoué, l'assiste dans sa tâche. Ce duo, qui combine la glace et le feu, a déjà sévi dans trois volumes écrits par Martin Suter. Allmen et la disparition de Maria est la suite d'un épisode où le détective nonchalant et dandy retrouvait une toile inconnue de Fantin Latour. Dans ce nouvel épisode de ses aventures, tout commence, comme l'indique le titre du livre, par la disparition, ou plus exactement l'enlèvement de Maria, la fiancée de Carlos. Pour la libérer, les ravisseurs exigent ni plus ni moins que le fameux tableau dont il est question plus haut. Ce quatrième tome est dans la continuité des précédents à ceci près qu'Allmen est plus en retrait, supplanté par son majordome et sa dulcinée séquestrée, lesquels, pour compliquer la tâche, sont des sans papiers. L'intrigue n'est peut-être pas des plus palpitantes mais Suter semble beaucoup s'amuser à épingler l'univers chic et suranné des palaces qui ont connu des jours meilleurs et la faune du "grand monde" qui l'habite. Le style élégant et narquois de l'auteur suisse fait toujours mouche, notamment dans la description des personnages secondaires : cyniques, cupides, cauteleux et en voie de disparition. Les péripéties du récit importent peu en fin de compte, c'est la vision ironique et malicieuse du romancier qui fait tout le sel des aventures d'Allmen.
Lien : http://cin-phile-m-----tait-..
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Le temps, le temps

Oublions la parenthèse des Allmen, exercice divertissant mais anodin. Avec Le temps, le temps, Martin Suter revient à son genre de prédilection que, faute de mieux, on appellera le thriller métaphysique. En gros, il s'agit ici de faire la nique au temps qui passe, qui n'est qu'un leurre puisqu'il n'existe pas (le temps). Oui, bon, l'écrivain suisse explique tout cela bien mieux et en plus, il prend tout son ... temps. L'idée est de reconstituer, à l'arbuste et au pied de lampe près, l'environnement d'une journée de 1991, quand les épouses des deux héros du livre étaient encore vivantes. Comme souvent chez Suter, l'intrigue du livre est une implacable mécanique de précision au service d'un concept qui frise ici l'abstraction. Entre analepses et mise en place minutieuse d'une stratégie pour retrouver le passé, l'auteur nous noie parfois sous les détails les plus prosaïques même si l'humour vient de temps à autre faire diversion. Sous le couvert du thriller nimbé de fantastique, le vrai thème est pourtant celui du refus du deuil qui donne une tonalité très grise et triste au roman. Son dénouement est particulièrement déconcertant, une pirouette qui discrédite pratiquement tout ce qui a été écrit les 300 pages précédentes. Evidemment que cela doit amuser Suter d'auto-détruire in fine son roman mais c'est c'est diablement frustrant.
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Melody

Tom Elmer, jeune juriste, est engagé comme secrétaire personnel de Peter Stotz, homme d’affaires, conseil national, riche, en fin de vie, et amoureux comme au premier jour de Melody, disparue depuis des années. Un roman foisonnant et romanesque dans le meilleur sens du terme, qui plonge le lecteur dans un monde feutré, opulent et gourmand. Quête existentielle, roman d’apprentissage et réflexion sur la vérité, la fiction et, au-delà, la littérature.
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Melody

Sa mort approchant à grands pas, un homme riche lance dans ses archives une vaste opération de death cleaning, concept de l'art de vivre scandinave qui consiste à désencombrer, faire le ménage dans une vie afin de décharger famille et proches lors du décès. Rien de morbide. Pour Peter Stotz, il s'agit plutôt de transmettre, à titre posthume, l'image d'un homme d'ordre et de préserver le récit patiemment construit au fil des décennies de son existence. Pour accomplir cette tâche, il engage Tom, un jeune juriste en recherche d'emploi, à qui il précise d'emblée que la nuance est mince entre poésie et vérité, et qu'il n'est pas contre – non pas une falsification – mais une pondération de son Histoire. Ne pas dire toute la vérité, ce n'est pas mentir, n'est-ce pas ?





A mon grand regret, je n'ai pas retrouvé le Martin Suter de mon adolescence dont j'ai dévoré de nombreux romans, notamment sa « trilogie neurologique » comme il a lui-même surnommés ses 3 premiers opus. Si le style propre et élégant est toujours présent, je n'ai pas réussi à m'approprier ses personnages que j'ai regardé évoluer à distance, comme à travers une vitre. J'ai eu l'impression d'être dans un zoo, devant une cage contenant les derniers specimens d'une espèce en voie de disparition.







Les personnages sont antipathiques. Peter (Ph.D), qui a été un homme de pouvoir dont il a exploité tous les avantages personnels, est infatué, imbu de sa personne. Dans ses archives prétentieuses, Tom trie, entre autres documents entassés par des secrétaires inféodées, des coupures de journaux relatant ses faits d'armes, des additions de restaurant, des serviettes en papier ou sous-bocks de bière griffonnés, billets de cinéma ou de théâtre, pochettes d'allumettes, résidus de la vie d'un homme persuadé de l'importance du moindre de ses gestes ou mots. A partir de ces scories, Tom devra élaborer une histoire qui rende son patron intéressant, car ne cherchons-nous pas tous une histoire nous montrant sous notre meilleur angle ?





Peter ressasse l'amour perdu de sa vie, saôule son auditoire en se saoûlant lui-même avec des alcools de grandes origines. Apprendre que le cognac et l'armagnac se boivent assis et le sherry debout ne m'a rien apporté. Bien sûr, de manière stéréotypée, son personnel de maison lui est inconditionnellement dévoué mais citer le menu italien élaboré pour chaque repas par sa cuisinière a fini par me lasser. Dans le même esprit, je n'ai pas été capable de décider si je préfère une Jaguar à une Mercedes.





Il y a enfin Melody, personnage central dont on parle sans cesse sans la voir, c'est l'arlésienne du roman, experte en broderies, dont tous les traits de caractère m'ont paru artificiels. La promesse de l'intrigue est de savoir ce qu'elle est devenue après s'être brusquement évaporée quelques jours avant son mariage. L'épilogue lève le voile.





Désolée pour ce retour de lecture fortement mitigé, je suis la première pénalisée et déçue d'avoir loupé des retrouvailles attendues avec un auteur pourtant très apprécié. Martin Suter dédie Melody à sa fille et à Margrith, son épouse récemment décédée.

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Le temps, le temps

Laura, l'épouse de Peter Taler, a été assassinée devant la porte de son logis, il y a un an. Depuis, Peter traîne sa peine, refait inlassablement les mêmes repas, met le couvert pour deux et allume des Marlboro Gold qu'il laisse se consumer en souvenir de celle qu'il aimait. La police n'a aucun indice sur le meurtrier mais Peter ne désespère pas : il passe de longues heures à la fenêtre pour essayer de voir ce qu'il n'avait pas vu ce soir-là et, en effet, "quelque chose n'était pas pareil"... Il s'aperçoit ainsi de menues modifications dans le paysage qu'il observe de sa fenêtre et finit par comprendre que ces changements sont l'œuvre de son voisin, un octogénaire du nom de Knupp. Les deux hommes, tous deux veufs, vont se rapprocher et Taler va finit par adhérer au projet pour le moins extravagant du premier : recréer l'environnement de la journée qui a précédé le décès de Martha Knupp afin de changer le cours du le temps.

Mon avis sur ce livre est plutôt mitigé : j'ai aimé le prétexte (faire revivre celle disparue trop tôt) et la réflexion sur la culpabilité et le temps mais j'ai trouvé beaucoup de longueurs. Les descriptions sur les travaux entrepris pour que tout soit semblable à l'année 1991 m'ont paru un peu fastidieuses. J'ai lu en diagonale les 20 dernières pages (ça, c'est pas très bon signe) pour arriver au dénouement - qui m'a laissée un peu circonspecte pour tout dire. Pas vraiment emballée par cette première rencontre avec Martin Suter donc.
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La Face cachée de la lune

Voici un bouquin très bien écrit ! La lecture est facile, le langage efficace. Très fluide.

L'histoire est très originale, construite un peu comme un polar, plein de rebondissements. Les personnages principaux sont attachants et on arrive à se mettre à la place de chacun d'entre eux avec facilité.



Le récit est truffé de précisions, de descriptions qui apportent une valeur certaine au roman sans l'alourdir. On a vraiment l'impression que l'auteur sait que quoi il parle et où il veut emmener son roman. Personnellement j'ai trouvé ça très agréable.

J'ai aussi aimé le fait que le personnage principal ne soit pas une sorte de héros sans reproches , bien au contraire!



Bref vous très bon bouquin me direz-vous.



NON!



Non parce que c'est quoi cette fin en mousse??

"putain j'en ai marre d'écrire ce bouquin, allez je le finis en deux phrase et youpla boum c'est parti"!



Non non non mais non !



Quand on écrit un bon bouquin comme ça, où on s'attache au personnage, où il se passe des tas d'histoires parallèles, j'estime que c'est un devoir d'écrire une fin complète et précise!

Roh je suis frustrée !

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Le cuisinier

Maravan, tamoul sans papier dans un grand restaurant suisse (et les clients-intermédiaires-pour-trafic), petite-main là mais expert en cuisine ayrvédique potentiellement aphrodisiaque (et dans la cuisine moléculaire qu'il voit pratiquer plus ou moins bien) - sa rencontre avec Andrea une ancienne serveuse - leur petite entreprise de traiteur pour dîner très spéciaux - le personnage splendide d'une escorte-girl somalienne - les secours pour la famille restée à Ceylan et la maladie de sa grand-mère, l'impôt demandé par les militants tamouls...

Se développe à partir de cela une satire de la société suisse (ou européenne, une fable sur les mouvements de capitaux et d'armes, et la responsabilité involontaire, le récit mélancolique d'une évolution, dans un récit qui galope sans en avoir l'air, en prenant le temps des saveurs et des sentiments.
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Allmen et les libellules

Pour l'heure, voici donc un billet sur Allmen et les libellules, le premier d'une nouvelle série (qui se poursuit avec Allmen et le diamant rose) ébauchée par l'étrange autant que suisse Martin Suter.



"Dormir lorsque le reste du pays s'adonnait à une activité utile lui procurait, même après toutes ces années, un plaisir qu'il n'avait pour le reste ressenti qu'en séchant les cours. Il appelait ça "sécher la vie"". Allmen, un dandy au départ plutôt antipathique, mène la belle vie, c'est sûr. Subvenant à ses besoins grâce au copieux héritage paternel, il fréquente les palaces du monde entier et faut couper ses vêtements sur mesure par son tailleur italien, ou anglais selon l'humeur.



Mais de menus détails révèlent progressivement que la splendeur passée n'est plus, et qu'Allmen vit en parasite chez son inénarrable jardinier Carlos. "Le plus souvent, Allmen parvenait à fermer les yeux sur les faits désagréables jusqu'à ce qu'ils disparaissent de sa conscience. Pas pour toujours, mais assez longtemps pour lui permettre de la meubler avec des faits agréables. Cette fois, il n'y parvint pas. Il devait utiliser la deuxième méthode dans l'ordre hiérarchique : garder l’œil ouvert et rester actif." Il a déjà tout vendu ou presque, et poursuivi par ses créanciers, signe ses notes au restaurant et au café, mais pas question de renoncer à son mode de vie, et l'équation devient insoluble. C'est alors qu'il fait la connaissance de Joëlle, une richissime héritière chez qui il dérobe une coupe de Gallé d'un montant inestimable ...



Enlevé, rafraîchissant, et pour tout dire assez drôle, Martin Suter trouve ici à se renouveler. Sans être LE livre de l'année, vaut le détour, bien qu'il présente les inconvénients de ce genre d'ouvrage destiné à ouvrir une série (et qui se présente un peu comme une longue exposition).
Lien : http://le-mange-livres.blogs..
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Small World

Si les personnages ont une place importante dans l'histoire, la maladie joue un rôle à part entière. Mais pas n'importe quelle maladie, une maladie dont on a déjà parlé sur ce blog : la maladie d'Alzheimer. Alors peut-être, effectivement, ne suis-je pas objective avec tous ces bouquins qui évoquent une pathologie que je ne suis pas sans connaître. Mais j'ai réellement apprécié la manière dont Martin Suter l'a mise en scène : loin de nous proposer un roman plein d'émotions voire larmoyant, il réussit à faire de cette maladie l'enjeu d'une course contre la montre digne d'un thriller... Et si en ralentissant l'évolution de la maladie, Conrad se mettait à dévoiler des choses ennuyeuses pour Elvira ? Deviendra-t-il un homme à abattre ?!



A partir de l'histoire d'un homme vieillissant dont la mémoire va peu à peu s'envoler, Martin Suter réussit à nous entraîner dans une réflexion sur les souvenirs, sur les secrets de famille, et à faire de la maladie d'Alzheimer un personnage qui viendra jeter le trouble dans la famille en ravivant peurs et colères plutôt qu'en provoquant pleurs et chagrins. A lire, vraiment.
Lien : http://croqlivres.canalblog...
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Un ami parfait

Roman policier, Étude psychologique sur le fonctionnement du cerveau ou Thèse sur le comportement humain après une amnésie. Assurément les 3, Martin Suter nous plonge dans les méandres de la mémoire à travers une intrigue "façon policière".



Comment repêcher les souvenirs perdus qu’une amnésie partielle semble avoir plongés dans une abîme absolue. Peut-on sonder au plus profond son cerveau pour se souvenir de ses actes passés ? Mais quels actes et jusqu’à quel point ?



Mais si les bribes de souvenirs qui peuvent rejaillir d’un mécanisme encore méconnu qu’est la mémoire, ne correspondent pas à l’opinion, à la représentation qu’on peut se faire de soi, de ses proches. Avons nous vraiment l’envie de nous [re]-découvrir avec tous nos travers, avec une image qui ne semble plus correspondre avec notre âme...
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Le diable de Milan

On a là du Suter "pur jus". A déguster avec un bon cognac et bien installé dans son fauteuil favori. On laisse alors l'ambiance doucement se mettre en place et on est alors piégé, victime consentante du Suisse.



L'ambiance ici est plutôt sombre avec une pointe d'humour, à rechercher du côté de certains films de Pascal Thomas (et pas d'Hitchcock comme le laisse penser un 4è de couverture racoleur). La montagne Engadine de Suter n'est pas très colorée et son climat est froid et gris.

Sonia, la physiothérapeute qui fuit un mari violent trouve refuge dans ce palace isolé. Des événements étranges, voire loufoques surviennent qui semblent en lien avec une légende locale : le Diable de Milan.

Si l'intrigue n'est pas sans intérêt, le charme opère surtout par l'atmosphère créée par l'auteur : un mélange de mystère et de personnages attachants.



A lire d'une traite
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Éléphant

Après l'excellent Mélody, qui m'a énormément plu, je ne m'attendais pas en ouvrant ce deuxième roman de Suter, à l'histoire très originale que j'y ai trouvée.

Eléphant nous emmène dans une aventure un peu échevelée faite de traques, de caches, d'espions chinois, de patron de cirque, de scientifiques corrompus, trafiquants cupides cherchant à exploiter la création illégale d'animaux génétiquement modifiés, mais aussi d'humains respectables, SDF, vétérinaire ou dresseur indien prêts à tout pour aider les animaux quels qu'ils soient. Au premier abord, tout ça semble un peu irrationnel, pourtant, l'affaire est plus que plausible et le contexte sanitaire avec la récente confirmation du gain de fonction opéré par les labos sur le célèbre virus de Wuhan confirme que la réalité dépasse parfois la fiction.

Certains passages de ce roman publié en 2017 laissent rêveur...

Les deux héros de Suter sont des personnes bien campées, aux vécus difficiles qui ont pris des chemins les rapprochant de la marge. Ils sont attachants, pétris d'humanité et finalement suffisamment déconstruits pour rendre le scénario réaliste.

Quand on fait une recherche sur internet, on découvre combien la « science » n'est pas la référence morale qu'on veut nous faire croire : la bio engineering n'est plus du tout une utopie et les glowing animals une glaçante réalité.



Pour autant cet opus-là m'a un peu moins séduite à la fois par le style que j'ai trouvé moins heureux (Il est vrai que cet auteur helvète d'expression allemande est traduit), mais également par l'intrigue, plus trépidante, davantage "jamesbondesque" et moins lyrique que dans la belle histoire de Mélody.

Sans doute mon côté fleur bleue, un peu frustré que l'idylle entre Schoch, l'ex banquier devenu SDF et la dévouée vétérinaire végétarienne ne soit pas plus développée...



Mais tout est relatif, et je reste malgré ces quelques minuscules bémols, très enthousiaste pour cet auteur à la plume subtile et quelque peu satirique qui semble aimer surprendre ses lecteurs en les déconcertant et en leur faisant découvrir des mondes nouveaux, toujours plus ou moins en lien avec le monde de la finance, pour lesquels il est bien documenté. Ce roman a des parfums de roman d'anticipation et les problèmes que soulèvent les manipulations génétiques d'une science sans conscience y sont clairement dénoncés. Je ne vais donc pas manquer de poursuivre mon exploration de cet auteur dont les thèmes me plaisent beaucoup!



NB: le tag "conte fantastique" lu sur cette page, ne me parait pas convenir à cette fiction dépeignant une activité ignorée, secrète et hautement probable plus cauchemardesque que fantastique.

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Melody

Lire du Martin Suter revient à se réconcilier avec la littérature helvète, parenthèse rafraîchissante qui nous mène loin des contrées dickeriennes et nous fait donc oublier l'ennui d'une syntaxe sans relief et la platitude d'intrigues sans intérêt.

Dans un style qui fleure bon le cuir Ferrarri et le costume trois pièces sur mesure, sobre et élégant, Martin Suter nous embarque dans une histoire d'amour incroyable dont l'originalité et les mystères intriguent et ravissent dès les premières pages.

On se laisse embarquer, mais aussi et surtout tromper, rouler dans la farine au gré de rebondissements que Martin Suter , soucieux du fond comme de la forme, nous distille avec une fantaisie facétieuse et pleine de talent, car l'auteur aime manifestement jouer avec la vérité et manipuler son lecteur…

Lorsqu'on referme ce roman, on reste songeur et admiratif, sous le charme d'un récit à intrigue bien ficelé, bien documenté, mettant en scène des personnages attachants, intéressants, aux caractères bien trempés et plus vrais que nature, dont le destin quelque peu exotique nous a embarqués à des années lumières de notre quotidien.

Je découvre la plume de Martin Sutter et c'est un vrai coup de coeur.

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Melody

Tom est fauché. Il est désespéré il ne trouve pas d'emploi quand il tombe sur l'annonce d'un homme qui souhaite que l'on rédige des mémoires. Il sera nourri, logé, blanchi et payé pendant un an. Un mystère plane sur la vie de son employeur. Qui est cette Melody, dont les portraits recouvrent tous les murs de sa maison ?

J'ai beaucoup aimé ce livre.

La plume est fluide et agréable à lire. Les chapitres sont courts donc cela se lit vite. L'auteur ne se perd pas en descriptions inutiles, mais il y en a suffisamment pour qu'on immergé dans l'ambiance.

Tom est un jeune homme sans le sou, amoureux de Laura, qui est indépendante et qui a les moyens. J'ai aimé suivre son évolution et sa relation avec Laura n'a pas pris la tournure que je croyais deviner.

Son employeur est un vieux monsieur qui sait qu'il va bientôt mourir. Connu et bénéficiant d'une certaine notoriété dans son cercle, il entend bien laissé une belle image de lui parler le biais de ce livre que Tom doit écrire.

Melody est le grand amour du vieil homme. Leur histoire est pleine de mystère, on l'a découvre petit à petit et cela créé un suspense. On sait dès le départ qu'il y a eut un drame mais lequel ?

Jusqu'à la dernière page, je me suis fait surprendre.

Ce livre m'a agréablement surprise et j'ai passé un très bon moment.

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Éléphant

"Eléphant" de Martin Suter 360p)

Ed. Christian Bourgois.

Bonjour les fous de lectures....

Quel plaisir de retrouver la plume de Martin Suter

Voici l'histoire rocambolesque de Schoch, un sans-abri alcoolique, qui trouve un bébé éléphant de la taille d'un jouet dans sa planque.

La particularité de cet éléphant est qu'il est rose comme un cochon en pâte d'amande et ... luminescent.

Et nous voici embarqué dans un étrange récit aux allures de conte merveilleux.

L'histoire se déroule sur deux périodes, celle où Schoch découvre l'éléphanteau et celle quelques années au paravent où un généticien pas très clean a crée l'animal.

Très vite ces deux histoires s'assemblent comme les pièces d'un puzzle et la lecture devient addictive.

Histoire à la fois touchante et réaliste où le rocambolesque côtoie les explications scientifiques.

Sous les abords d'un conte merveilleux, Martin Suter aborde le sujet délicat des manipulations génétiques et de ses dérives.

Y est également abordé le problème des sans -abris et de la cause animale.

Besoin de lecture légère (en apparence), d'évasion ?

Ce livre est pour vous et j'en profite pour vous recommander chaudement les autres romans de cet auteur suisse
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Le cuisinier

Pour la deuxième fois, Martin Suter m’a convaincue , après Éléphant et les manipulations génétiques, il s’agit ici à la fois d’un roman et d’un récit (presque une enquête journalistique)



Côté roman les deux personnages principaux sont Maravan, réfugié tamoul en Suisse, et Andrea, jeune femme suisse.

Ils travaillent tous deux dans un restaurant (Maravan en tant que commis et Andrea en tant que serveuse) m. Suite à un concours de circonstances malheureux, Maravan est licencié ; Andrea se sentant coupable, lui propose de monter une petite entreprise (en toute illégalité) de restauration à domicile. L’idée de ce traiteur est d’utiliser les connaissances de Maravan à propos des épices aphrodisiaques…



Côté récit (je devrais plutôt dire récitS), Martin Suter s’empare de plusieurs sujets : la crise financière de 2008, le sort des réfugiés Tamoul (ils sont victimes de persécution au Sri lanka), la vente d’armes (de la Suisse vers le Sri lanka)…



Il s’agit ici d’une enquête passionnante qui m’a permis d’apprendre énormément d’éléments sur le Sri Lanka et aussi sur la Suisse.

Maravan est déchiré entre sa famille qui meurt au Sri Lanka (de faim et dans des combats) et sa solitude en Suisse. Il rencontre une jeune fille (tamoule mais née en Suisse) qui lui apprendra à mieux accepter sa situation. Par le biais d’Andréa, il rencontre également une jeune éthiopienne, réfugiée en Suisse comme lui pour cause de guerre dans son pays… autre pays mais même détresse ….



Le dilemme final de Maravan est très bien amené et traité… il s’en sort (selon moi) avec brio …
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