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Critiques de Maud Simonnot (211)
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L'Enfant céleste

Voyage tout en érudition et poésie, L'Enfant céleste, roman de Maud Simonnot, a été une lecture apaisante et délicieuse.

Au début, je suis un peu désorienté puis j'entre vite dans ce récit, ces confidences d'une mère, Mary, qui vient d'être abandonnée par Pierre qu'elle aime. de temps à autre, son fils, Célian, se confie et je découvre un enfant, dit surdoué et donc incompris par sa maîtresse qui le juge paresseux alors qu'il déborde d'idées et de passion pour la nature, le vivant.

Le récit change d'envergure quand Mary se souvient de son père qui, trente ans plus tôt, lui parlait des constellations et d'un certain Tycho Brahe dont je découvre l'histoire. Cet astronome vivait en 1546, en Scanie, province danoise, à l'époque. Son père adoptif étant mort en sauvant de la noyade Frédéric II, roi de Danemark et de Norvège (1559 – 1588), celui-ci lui confie l'île de Ven, aujourd'hui suédoise, afin qu'il puisse observer les astres, à loisir.

Ainsi, Maud Simonnot, par petites touches jamais sentencieuses, offre un passionnant moment d'Histoire. Cela va devenir ensuite très concret puisque Mary et Célian partent en vacances sur cette fameuse île où Solveig les accueille chaleureusement dans son gîte.

Avec Mary et Célian, ce sont des moments merveilleux de lecture car, tous les deux, ils profitent au maximum de cette île, donnant vraiment envie d'aller la découvrir. S'il pleut assez souvent, ce n'est pas un problème : on se sèche au retour. le gîte est suffisamment confortable. de plus, il héberge un vieux professeur anglais que l'autrice nomme Des Essaintes parce qu'il lui fait penser au personnage du roman À rebours de Joris-Karl Huysmans, paru en 1884.

Bien sûr, il y a la visite du musée consacré à Tycho Brahe dont le palais, Uraniborg, avait été rasé. C'était, à l'époque, le plus grand observatoire de l'Occident. Cette admiration pour l'astronome n'est pas aveugle puisque l'autrice signale que des prisons souterraines ont été retrouvées et que les marins et les pêcheurs vivant tranquillement sur Ven ont été obligés de travailler dur pour la construction du palais voulu par un homme qui remit en cause les certitudes acquises depuis l'Antiquité.

L'île de Ven a des ressources. Mary et Célian se déplacent à vélo et, surtout, trouvent en Björn, le frère de Solveig, le meilleur guide possible. Non seulement il connaît parfaitement les lieux mais il est bon marin et se révèle un formidable amant…

Pendant ces semaines hors du temps, Célian s'est épanoui, a observé tout ce qui vit sur l'île mais ne manque pas d'être inquiet devant la disparition de tant d'espèces. Malgré tout, c'est complètement apaisé qu'il rentre en France, prêt pour le collège. Mary aussi est guérie du mal d'aimer.

L'Enfant céleste, de Maud Simonnot, a été, pour moi, une belle parenthèse littéraire et c'est bien qu'il fasse partie des huit livres sélectionnés pour le Prix des Lecteurs des 2 Rives.




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L'Enfant céleste

C'est un premier roman plein de charme, comme une bulle de délicatesse et de poésie pour raconter la reconstruction très intime d'une mère et de son fils : elle, à la dérive, écrasée par le chagrin suite à une rupture amoureuse ; lui, enfant précoce «  différent » étouffe dans sa vie d'écolier urbain. Pour suspendre le temps et se donner une chance de reprendre pied, la mère leur offre une parenthèse enchantée sur l'île suédoise de Ven, l'île de l'astronome danois Tycho Brahe qui y a construit un observatoire fabuleux d'où il a redessiné la carte des étoiles au XVIème siècle.



L'islomanie est un choix judicieux. Entre paradis perdu de l'enfance et refuge protecteur au sein d'une nature sauvage, Maud Simonnot dit avec beaucoup de joliesse l'apaisement du chagrin et la découverte de la liberté dans un espace-temps qui s'ouvre à l'infini, sans entraves, sans contraintes imposées par la société. A l'image de la superbe aquarelle impressionniste de la couverture, tout le roman est empreint de tendresse, bienveillance et lumière, porté par une écriture ciselée et sensible.



Je n'ai pourtant pas succombé totalement, ce qui m'a peinée car les éloges des autres lecteurs m'avait laissé espérer que le charme opérerait sur moi aussi. J'ai du lire une deuxième fois L'Enfant céleste car je ne parvenais pas à mettre les mots sur la lisière sur laquelle je me suis posée durant ma lecture sans la dépasser. Sans doute ai-je trouvé l'intrigue trop attendue dans son déroulée. Sans doute les passages très wikipidiesques sur Tycho Brahe ont coupé l'élan que je commençais à prendre. Et puis, y a rien à faire, j'ai toujours beaucoup de mal avec les enfants qui s'expriment avec des mots et une réflexion incroyables pour leur jeune âge, tout surdoué que soit le petit garçon du livre.



Un premier roman n'importe comment très prometteur même si je suis restée à la lisière des émotions.





Lu dans le cadre du collectif 68 Premières fois #2
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L'Enfant céleste

Trois parties composent ce roman, véritable ode au cosmos et à la nature.

La première « À la dérive », est l’histoire d’une jeune femme Mary que son compagnon Pierre vient de quitter sans autre explication que ce message « Je n’aurais pas voulu mettre de tristesse dans ta vie mais je voudrais qu’on arrête. » suivi de cette phrase : « Je ne peux pas faire l’amour sans amour. » Lorsque sa psy lui demande si elle a eu déjà le sentiment d’être abandonnée, elle repense alors à son père qui s’est suicidé alors qu’elle avait 7 ans.

Il y aussi son fils Célian, 10 ans, cet enfant rêveur hypersensible, cet enfant surdoué qui s’ennuie à l’école, qui préférerait se promener dans la nature et observer les animaux. Tous deux souffrent.

Lors d’un court séjour chez sa mère dans le Morvan où ils retrouvent la nature, Mary se souvient alors : « Depuis l’allée, tandis que je fixais la constellation d’Orion au sud de la voûte étoilée a reflué le souvenir, dans ce même jardin, d’un ciel d’été trente ans plus tôt. Le dernier souvenir heureux de ce père, qui m’avait enseigné le nom des constellations, et celui de Tycho Brahe. » « Tu sais Mary, il a été le premier à cartographier le Ciel si précisément. À sa mort il était le scientifique le plus célèbre du monde. » C’était au XVIe siècle.

Cette femme qui ne ressent que l’appel du vide et une extrême fatigue décide alors d’aller passer quelques mois avec son fils sur l’île de Ven, sur laquelle, grâce au soutien du roi Frédéric II du Danemark, Tycho Brahe avait fait construire le palais d’Uraniborg, un lieu d'études et un véritable centre de recherche avant l'heure, muni d'un observatoire, le plus grand de l’Occident, mais aussi d'un centre artisanal pour la confection des instruments et d'une imprimerie pour diffuser ses travaux. En donnant la priorité à l’observation, il rompait avec la tradition.

Ce sera donc le titre de la deuxième partie « L’île ». Une dernière intitulée « Un dernier rivage », le retour à Paris, sera en quelque sorte l’épilogue.

Maud Simonnot s’appuie donc sur la biographie de Tycho Brahe, cet astronome danois bien réel, précurseur de l’astronomie moderne, qui avait fait construire un palais pour observer les étoiles, tout en prenant la liberté de lui prêter des pensées et des sentiments comme à un personnage de fiction. C’est très réussi et je dois avouer qu’avant la lecture de cet ouvrage, je ne connaissais pas le personnage ni l’importance de ces travaux et encore moins les parallèles qui ont été faits entre la vie de ce grand astronome et le drame d’Hamlet, Shakespeare s’en serait inspirée pour l’écrire. J’ai donc beaucoup appris !

Mais ce que j’ai le plus apprécié, c’est d’abord toute la mélancolie qui se dégage des premières pages avec cette solitude dans laquelle sont plongés Mary et Célian et leur envie d’en sortir. Tout le roman baigne dans la tendresse et l’amour que cette mère porte à son fils et nous rappelle comment la lecture peut apporter l’évasion. Ce fils, véritable lumière, brille et illumine les pages par sa grande pureté et sa faculté d’émerveillement envers la nature. Ce séjour très contemplatif sera une véritable source de régénérescence, effaçant peu à peu leurs blessures.

L’abandon, la différence, la solitude sont les thèmes principaux de ce livre, véritable voyage en terre de poésie. Mais il s’agit aussi d’une quête d’autonomie, un départ et un voyage au cœur de la nature pour tenter de retrouver une quiétude de l’esprit et réaliser ce dont on a envie.

L’enfant céleste est un récit empreint de beauté, de douceur de sensualité et d’amour, d’une extrême délicatesse, porté par une avalanche d’émotions.


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L'heure des oiseaux

Des dizaines, des centaines, des milliers d'oiseaux virevoltent dans la Forêt oubliée "Forgotten Forest", s'égaillant parmi la végétation luxuriante et les fleurs odorantes et parfumées.

L'île de Jersey, qui se dresse entre L'Angleterre et la France, est la plus belle des îles Anglo-normandes. Destination touristique par excellence, c'est une sorte de paradis sur terre.

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Mais il n'y a pas que l'argent sale qui y est dissimulé. En février 2008, l'affaire éclate, tel un horrible furoncle sur un beau visage.

L'écrin verdoyant de la Couronne britannique a abrité, des décennies durant, l'orphelinat du Haut-de-la-Garenne. Si au dehors c'était le paradis, à l'intérieur c'était l'enfer pour des centaines d'enfants. Maltraitance, pédophilie, coups, malnutrition, violences psychologiques, froid...

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Mais revenons au livre.



Une espiègle et intelligente gamine a trouvé le moyen de se faufiler hors des murs de l'établissement pénitentiaire... pardon, je voulais dire l'orphelinat... et arrive à oublier quelques heures l'horreur quotidienne.

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Elle s'appelle Lily, elle a 8 ans, et progège "le Petit", âgé de 3 ans, le traîne partout avec elle ou presque.

Une relation fusionnelle s'est créée entre la petite Lily, gamine persécutée et bête noire du pensionnat, et le môme qui s'accroche désespérément à elle.

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Des années plus tard, une ornithologue débarque sur l'île pour tenter de percer le mystère de ce qui s'est réellement passé en ces lieux.

La tâche n'est pas facile, la conspiration du silence règnant toujours en maître parmi les habitants.



*******

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Magnifique roman choral. D'une part, un narrateur nous conte l'histoire de Lily et du Petit, et d'autre part, l'ornithologue nous confie des bribes de sa vie et la progression de son enquête, en utilisant la première personne du singulier.

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Ne me reste plus qu'à vous faire part de mon ressenti, et c'est le plus difficile.

Cette petite Lily a provoqué en moi des émotions diverses et contrastées, mais très fortes.

L'amour, bien entendu. J'ai eu envie de la prendre dans mes bras et de l'emporter très loin, la choyer, la protéger.

La chaleur aussi, grâce à tout ce que cette enfant dégage. Elle est solaire, douce, gentille...

Et puis la colère ! Une violente colère.

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Ce qui me bouleverse toujours autant malgré tout ce que j'ai pu lire, voir ou entendre, ce qui me sidère et que je ne comprends pas, c'est comment des adultes peuvent être capables de faire subir autant d'atrocités à des enfants.

Enfin bref, je ne vais pas m'embarquer dans cette direction, sinon on y passe la journée.

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Comme dit plus haut, c'est un très bon livre, mi-réalité, mi-fiction, la fiction s'appuyant néanmoins sur des histoires vraies.

J'aurais néanmoins aimé en savoir davantage, mais l'auteur a focalisé l'histoire sur Lily et le Petit.

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Ce récit me laisse complètement déboussolée, avec l'impression de ne pas vraiment savoir ce que j'en pense et ce que ressens, bien qu'ayant exprimé mes sentiments juste au-dessus.

C'est une sensation assez bizarre, je vous avouerais. Au point qu'en ouvrant la page pour écrire, je n'avais absolument aucune idée de ce que j'allais bien pouvoir dire et je suis la première étonnée d'avoir réussi à coucher quelques mots pour ce retour.

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Je conseille ce roman à tout un chacun. Nulle raison d'être effrayé par sa lecture, les aspects les plus pénibles n'étant que suggérés.

Bien sûr, on a des noeuds partout et les tripes à l'envers, mais c'est parce que nous, nous sommes humains.

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L'Enfant céleste

Amour déçu et vie scolaire peu épanouissante, c’est de cette façon que nous sont présentées les vies de Célian, 10 ans et de Mary sa mère. Ils essaient pourtant d'accueillir la vie et d'être heureux, mais rien ne les retient dans ce quotidien morose, dans ce Paris qui enferme, qui entretient les souffrances, dans ce Paris ou Célian ne peut s’exprimer, lui qui communique si bien avec mère nature...



Alors ils partent tous les deux, vers une île, et pas n’importe quelle île, l’île qu’il connaissent déjà grâce à leur livre de chevet, l’île qui fut le refuge de Tycho Brahe, célèbre astronome de la Renaissance, personnage dont l’histoire fut léguée des années auparavant à Mary par son père défunt, une île qui offre ses secrets à qui veut bien les acceuillir , une petite île dans la mer Baltique...



La Renaissance ici, revêt une double signification, elle n’est plus qu’une simple virgule dans l’histoire, elle est la Renaissance de ces deux êtres blessés qui ne demande qu’à s’épanouir. C’est là que Mary oubliera ses tourments, c’est là que Célian s’immergera dans cette nature qu’il aime tant, et montrera combien l’intelligence ne réside pas obligatoirement dans les prouesses scolaires.



Peu de personnages dans ce récit, mais chacun apporte à sa façon, de l’eau au moulin de la connaissance de l’île et de son histoire.



Ce beau roman à l’écriture apaisante et poétique semble m’avoir ressourcée autant que les deux êtres venus en cet endroit pour s’y reconstruire, il m’a beaucoup appris au sujet d’un personnage dont je n’avais jamais entendu parler, il me laisse une sensation de bien – être et son souvenir me sera agréable.
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L'Enfant céleste

L’école est une épreuve pour Célian qui, à huit ans, ne rêve que d’étoiles et d’observation animalière. Elle-même au creux de la vague après une rupture amoureuse, sa mère Mary décide de mettre leur existence sur pause en partant tous les deux quelques semaines sur l’île suédoise de Ven. Dans cet espace isolé de nature préservée où, au 16e siècle, l’astronome danois Tycho Brahe construisit son palais d’Uraniborg pour en faire un centre de recherche et un observatoire, la mère et le fils vont panser leurs blessures et retrouver la force de poursuivre leur chemin.





Toute la magie de ce roman, à l’intrigue très succincte et aux personnages anodins, provient de la délicatesse, aérienne et poétique, avec laquelle la plume de l’auteur entrelace les différentes thématiques abordées. Le récit nous transporte dans le cadre naturel d’une île hors du temps et de la trépidation du monde, pour une jolie parenthèse au simple rythme des vagues et de la lumière. Loin de nous enfermer dans le huis-clos d’un sanctuaire, cette retraite s’avère l’occasion d’une exploration de l’espace et du temps, tandis que les ciels d’été étoilés de l’île de Ven nous ramènent dans les pas du mystérieux Tycho Brahe. L’étonnante découverte de cet homme peu ordinaire pare peu à peu le récit d’un parfum de légende. Non seulement ce personnage atypique marqua une rupture dans l’histoire des sciences et de l’astronomie, mais il aurait peut-être inspiré Shakespeare pour son personnage d’Hamlet.





Plongé dans un subtil mélange de nature, d’histoire et de poésie, le lecteur se retrouve à la fois séduit par les beautés de cette île scandinave, intrigué par les mystères laissés il y a cinq siècles par le plus célèbre de ses hôtes, et touché par la tendresse discrète qui entoure ses personnages. Ce livre aussi léger qu’un souffle est une bien jolie bulle de charme et de délicatesse, un petit moment de grâce tout de retenue et de simplicité.


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L'Enfant céleste

L'enfant céleste fait partie de ces récits aussi légers qu'une plume abandonnée au vent. Doux, éthéré, à l'émotion discrète, le roman se lit du coin de l'oeil. Cette histoire de mère qui s'échappe de Paris en compagnie de son fils pour une île qui peuplait ses rêves d'enfance est même de l'ordre de l'insignifiance.

Peut-être parce que c'est à un apaisement que nous convie Maud Simonnot.

Pas d'introspection analytique ni de «dévoration mélancolique», l'auteure n'use pas de son stylo comme d'un scalpel. le périple ressemble véritablement à une évasion : une écriture fuyante, une nature généreuse qui invite à oublier ses blessures, marcher dans les pas d'un astronome qui a toujours été un recours secret rassurant pour une mère abandonnée et un fils à l'esprit bridé par l'encadrement scolaire. le voyage permet avant tout de renouer avec des plaisirs simples pour vivre des instants magiques.

Puis on avance dans le récit en spectateur attendri face à la générosité des personnages, on se laisse promener par la construction vagabonde qui ne se lasse pas de couvrir l'histoire de bons sentiments. Un peu léger pour un roman intimiste, non ? Et guère plus convaincant comme ode à la contemplation ou comme invitation au voyage.

Même si un certain charme a opéré, il m'a manqué un je-ne-sais-quoi, quelque chose comme une sensibilité d'une lenteur salvatrice, un style capable de saisir l'instant dans sa plénitude et dans sa fragilité, tout ce qui colle à une écriture cicatricielle, à un roman sur la tendresse filiale, ou encore à un dépaysement salvateur. Maud Simonnot a une écriture qui ne me parle pas et m'empêche de pénétrer le texte avec conviction. Et la narration un peu lâche, un peu flottante comme si l'architecture du livre n'était pas vraiment programmée a réellement affecté la force d'attraction du livre.

Lecture séduisante sans véritablement me conquérir.

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L'Enfant céleste

Comme souvent lorsque les critiques nombreuses et élogieuses ont précédé la lecture, le risque est d’attendre trop d’un roman plébiscité.



C’est pourquoi, même si l’histoire est attendrissante et les personnages sympathiques, je suis restée sur ma faim quant à L’enfant céleste, enfant qui occupe finalement une place relativement restreinte dans la narration, consacrée aux états d’âme de sa mère, qui se remet d’une rupture amoureuse.



On aurait aimé passer plus de temps avec ce jeune enfant dont les obsessions lui ouvrent un regard profond sur le monde qui l’entoure, loin des standards de l’instruction ordinaire.



Le charme et la poésie de l’écriture en font une parenthèse de douceur mais peut-être manque-t-il un peu de relief ? Et l’intégration à la narration de l’histoire de Tycho Brahe, si elle est intéressante reste un peu artificielle.



C’est un joli récit, mais qui n’est pas parvenu à m’émouvoir et pour lequel je suis restée en attente d’un développement concernant l’enfant, développement qui n’est pas venu.


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L'Enfant céleste

Une rupture amoureuse fait vaciller Mary et réveille des souffrances anciennes. Son fils Célian, sensible, entier, rêveur, souffre à l’école. Ils trouvent refuge sur une île de la mer Baltique, où vécut au XVIe siècle l’astronome Tycho Brahe pour lequel ils partagent une même fascination. Un lieu un peu hors du temps où l’on croise une logeuse géante, un spécialiste de Shakespeare, un marin taiseux et un certain nombre de fantômes…



Maud Simonnot parle avec justesse de la sensibilité exacerbée qui rend vulnérable, mais sublime la beauté du monde. Il est manifeste que comme Célian, Mary fut elle-même une "enfant céleste" ; on le ressent dans la finesse et la poésie avec lesquelles elle raconte l’île de Ven. En préservant de toutes ses forces l’enfance et les rêves de Célian, c’est aussi ses propres plaies qu’elle panse.



« J’ai rêvé, l’autre soir, d’îles plus vertes que le songe. » (citation de Saint-John Perse en incipit du roman)



Les voix entremêlées de la mère et du fils racontent le réconfort trouvé auprès de la beauté cristalline de l’île, ses vents qui balaient les tourments, sa forêt aux ramures protectrices, la proximité rassurante des animaux. Auprès de la figure de Tycho Brahe, aussi, dont le parcours montre si bien combien de force et de liberté peuvent être tirées de ses singularités : ce marginal préféra l’astronomie aux carrières prestigieuses auxquelles son rang le destinait, se battit en duel, bénéficia des faveurs d’un monarque qui lui permit de se réfugier dans l’observation du ciel dont il redessina entièrement la carte au mépris des dogmes en vigueur, avant de tomber dans la disgrâce et de devoir s’exiler…



C’est vrai que le monde cosmique a quelque chose d’apaisant, avec sa pureté et ses lois implacables.



Ce roman, en lice pour plusieurs prix dont le Goncourt, est de ceux qui se parcourent lentement pour laisser aux mots le temps de déployer leur puissance évocatrice. Moi qui suis plutôt portée sur les intrigues qui vous donneraient envie de savoir lire plus vite, j’ai été touchée par la fragilité et l’amour maternel de Mary, et fascinée par l’incroyable histoire de Tycho Brahe. Je reste sous le charme de la plume délicate de Maud Simonnot et de cette invitation à débrider sa sensibilité, à préserver la forêt imaginaire de son enfance, à rêver d’une île… pour mieux pouvoir s’ouvrir au monde.



Merci aux édition de l’Observatoire et à Babelio pour cette bonne pioche à la dernière Masse Critique !
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L'heure des oiseaux

« C’est son heure préférée, celle où la forêt devenue bleue renaît. Cette heure merveilleuse, suspendue avant l’aube, où tous les chagrins s’effacent, où tous les espoirs semblent permis. L’heure aux oiseaux. »



La plume cristalline de Maud Simonnot m’avait laissée sous le charme à la lecture de L’Enfant céleste même si ce roman au rythme lent ne correspond pas au type de textes qui m’attirent d’habitude. C’est donc avec curiosité que j’ai découvert que L’heure des oiseaux développait une « enquête » : j’étais particulièrement avide de voir se rencontrer la tension narrative que l’on pouvait attendre de ce nouveau registre et l’écriture poétique de l’autrice. Je me suis lancée dans la lecture sans même avoir lu la quatrième de couverture.



Ce nouveau roman s’inspire d’un scandale sordide révélé dans les années 2000 quant aux sévices infligés durant plusieurs décennies aux pensionnaires d’un orphelinat de l’île de Jersey. Deux fils narratifs s’imbriquent pour ne progressivement faire qu’un.



D’une part, l’histoire ancienne de Lily, enfant solaire qui cherche la force de résister aux épreuves subies à l’orphelinat dans la beauté de la nature environnante, dans son imaginaire et dans son amour pour un petit garçon.



D’autre part, la quête contemporaine d’une jeune ornithologue qui tente de faire la lumière sur le passé de son père. Cette investigation n’est pas de celles qui mettent sous tension un récit. La chape de silence maintenue par les îliens ne l’empêche étrangement pas de se dérouler de façon linéaire et on comprend vite où cela va nous mener.



Il s’agit donc plutôt de dénoncer la violence inconcevable dont certains humains sont capables et la lâcheté et le cynisme qui ont entravé la protection des enfants et l’enquête sur l’affaire de l’orphelinat de Jersey. Cette noirceur est soulignée à chaque page par le contraste avec la beauté paradisiaque de l’île, sublimée par les mots de l’autrice. Le fil conducteur des oiseaux nourrit une exploration subtile des traces imprimées à la fois sur les lieux et dans les existences individuelles, de la vulnérabilité et la lumière de l’enfance.



Une lecture en demi-teinte en raison de la simplicité de l’intrigue, malgré une plume toujours très belle et un propos poignant.
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L'heure des oiseaux

« Au plus fort de l'orage il y a toujours un oiseau pour nous rassurer. »

René Char, Les Matinaux.



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J'ai hésité longtemps à lire ce roman, malgré le superbe billet d'Alain (@ALDAMO21) que je remercie, malgré la poésie du titre, malgré l'appel des oiseaux et le bruit de l'océan, malgré l'onirisme sombre de la couverture.



En le trouvant à la médiathèque, je pensais lire quelques lignes avant de me décider. Et puis passé l'incipit, j'ai poursuivi ma lecture, sachant que j'irais jusqu'au bout.



« C'est son heure préférée, celle où la forêt devenue bleue renaît. Cette heure merveilleuse, suspendue avant l'aube, où tous les chagrins s'effacent, où tous les espoirs semblent permis. L'heure des oiseaux. »



*

Peut-être devez-vous vous demander pourquoi j'ai tant hésité ?

C'est en raison de son sujet dont je connaissais déjà les lignes essentielles, tant les médias en ont parlé au moment où le scandale a éclaté en 2008.

Dans un va-et-vient entre le passé et le présent, Maud Simonnot aborde l'affaire de l'ancien orphelinat de Jersey dans lequel il y aurait eu des maltraitances enfantines, des disparitions d'enfants, des sévices physiques et sexuels commis par les employés et des personnes influentes de l'île entre les années 1960 et 1980.



Les notables de l'époque, les insulaires ont tenté d'étouffer l'affaire pour ne pas nuire aux intérêts financiers de ce paradis fiscal et personne n'a été condamné, une sorte de double peine pour les victimes dont le témoignage et la douleur n'ont pas été entendus. Pourtant, cette magnifique île ceinturée par des eaux d'un bleu cristallin a été un enfer pour des centaines d'enfants placés.



« Sous les banques et les tapis de primevères dorment le sang, les larmes et les anciennes peurs. L'île aux Fleurs cache la mort dans ses entrailles. »



*

Maud Simonnot s'inspire de ce fait divers particulièrement effroyable dans une alternance de chapitres très courts.

On suit une jeune femme qui revient sur l'île de Jersey qui a « accueilli » autrefois l'enfance de son père, Simon. Elle cherche à connaître l'histoire de ce père secret et abîmé par un passé qui refait surface sous la forme de violents cauchemars et de crises d'angoisse.

De ces années à l'orphelinat, ne subsiste dans son esprit que le souvenir d'une petite fille, Lily. le reste de sa mémoire est inaccessible, c'est un vide, un trou noir rempli de peurs et de douleurs, une béance sur sa ligne de vie qui l'empêche d'avoir un présent, un futur.

Alors, la jeune femme cherche à comprendre mais elle se heurte à la froideur des Jersiais et à la loi du silence qui prévaut toujours, le sujet étant tabou même si l'orphelinat a fermé depuis longtemps.



Une deuxième voix venue du passé, douce et flûtée comme le chant des oiseaux, nous emporte derrière les hauts murs de l'orphelinat. Elle s'appelle Lily.

Cette petite fille joyeuse, lumineuse, solaire, s'échappe de la réalité et réécrit le monde dans lequel elle vit. Comme une petite fée, elle transforme la laideur, le sordide, la frayeur en de jolis rêves colorés. Depuis cet orphelinat qui l'encage, elle s'invente un royaume peuplé d'oiseaux et leur chant est une douce compagnie.



Il est aussi question d'amitié et de solidarité avec un petit garçon, un petit oisillon à protéger.



*

« L'heure des oiseaux » est un roman profondément enraciné dans la nature. Les oiseaux y sont rois. On entend leurs chants qui se mêlent au bruit des vagues.



L'océan est présent en arrière-plan, le sac et le ressac de ses vagues accompagnent le mouvement du récit.

La présence de l'océan est ordinairement apaisante, réconfortante, mais dans ce contexte, sa force tranquille, ses vagues ourlées d'écume, sa belle couleur indigo, ne suscitent pas un sentiment de réconfort et d'apaisement, ni une sensation de liberté.

Au contraire, l'île et l'orphelinat deviennent une geôle sans barreau, une prison à ciel ouvert et procurent une sensation d'enfermement, de claustrophobie. La seule façon de s'en libérer étant d'étendre son imaginaire dans la « forêt oubliée » et au-delà de l'océan.



« La fillette lui adresse alors un sourire brisé que l'homme n'oubliera jamais. Il a bien conscience de son impuissance à protéger cette enfant, lui qui n'a déjà pas été capable de se défendre. Son affection ne pèse rien face à l'horreur de ce que Lily et les autres enfants subissent mais il lui assure que l'univers est vaste et qu'un jour elle voyagera loin de cette île. Loin, très loin, il le lui promet. »



*

Ce n'est jamais facile de parler de l'enfance meurtrie.

J'avais peur, je l'avoue, d'un récit sordide, voyeuriste, mais Maud Simonnot ne cherche pas les effets de style ou l'intensité dramatique. Son écriture est sensible, tendre, poétique, imagée pour parler des vies volées et de l'innocence perdue par la violence des hommes.



« Son esprit, dès l'instant où l'ombre l'a touchée, s'est échappé très loin de la cave et elle croit entendre son rouge-gorge qui module ses trilles purs à travers la forêt. le chant pénètre son coeur et atténue ses souffrances. Elle en est certaine, durant des heures sans s'arrêter, tant que durera son supplice, l'oiseau à l'instinct infaillible chantera. »



L'autrice construit une histoire à hauteur d'enfant où la gaieté, l'innocence et la douleur s'entremêlent. Et sous le filtre du monde enchanté que s'est créé Lily, de la forêt et de ses petits habitants, du balancier de l'océan, des senteurs marines et boisées, les émotions sont vives.



*

Pour conclure, « L'heure des oiseaux » est un roman délicat, touchant, émouvant. Son thème est sombre mais l'écriture douce et profonde est telle que je retiens avant tout la lumière et l'amitié de deux enfants, la beauté musicale du texte, son ambiance insulaire, cette forêt peuplée de rêves et d'espoir.

Un très beau roman que je vous conseille.
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L'heure des oiseaux

Suite aux maltraitances des enfants, l'orphelinat de l'île de Jersey a été fermé en 1989.

La narratrice part sur la piste de son père, Simon, qui avait été placé dans cet orphelinat.

Le mutisme des habitants se lève peu à peu, révélant des morceaux du puzzle du passé.



La narration alterne l’histoire de Lily et Simon en 1959 et l’enquête actuelle qu’effectue la fille de Simon.

Cette construction en deux temps sert la montée en puissance des découvertes de la narratrice.



Si Lily et Simon sont inventés, l’histoire est librement inspirée de faits réels. Maud Simonnot fait référence à l’enquête au sein de l’église française catholique qui a établi que plus de 276 000 enfants avaient subi des violences ou des agressions sexuelles depuis les années 1950…



Ce n’est pas un livre sur le tragique de l’orphelinat fait d’abus et de violence car il reste des zones d'ombres une fois la dernière page tournée.



Le roman est servi par un style qui emprunte à la poésie ses couleurs et ses images et à la musique le chant des oiseaux.



C’est du contraste entre la joliesse de l’écriture et la noirceur du sujet que naît la beauté de ce livre qui est aussi un hymne à la nature.



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L'heure des oiseaux

Je découvre avec ce roman l'écriture poétique et sensible de Maud Simonnot. Elle traite pourtant d'un thème terrible: les sévices physiques et moraux subis par des enfants dans un orphelinat de l'île de Jersey, dans les années 50.



Deux voix alternent, passé et présent . Celle de Lily, enfant rayonnante, brisée dans son corps, cherchant à protéger le Petit, et celle de la narratrice, voulant enquêter sur le passage dans cet orphelinat de l'enfer de son père, Simon.



Même si l'auteure laisse seulement entrevoir le terrible quotidien de ces enfants, même si la poésie de la nature, le chant des oiseaux atténuent les visions horribles, j'ai eu beaucoup de mal à lire ce roman. L'histoire de Lily et du Petit est inventée mais le contexte ignoble a bien existé, sur Jersey comme ailleurs, hélas.



J'ai été conquise par le style mais je ressens comme un goût d'inachevé, j'aurais voulu en savoir plus sur Simon. Et l'enquête semble trop facilement résolue, alors que de nombreuses personnes se sont heurtées jusque là au mur du silence.



J'avais gardé une image bucolique et verdoyante d'une journée passée à Jersey, le fameux paradis fiscal. Ce livre change vraiment ce doux souvenir en cauchemar.
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L'heure des oiseaux

« Lily le serre très fort dans ses bras au milieu du dortoir mal éclairé et le rassure. Tout en se disant que les loups les plus féroces de cette île sont déjà entrés dans la bergerie. Ils en sont même les gardiens. »



La plume de Maud Simonnot est toujours aussi gracieuse et poétique. Même pour raconter l’horreur. La maltraitance. Le rejet. Même quand elle narre les difficiles retrouvailles d’une jeune femme avec son histoire.

Un texte sensible et poignant, avec de très beaux passages sur les oiseaux.
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L'Enfant céleste

« Dès sa naissance on le sait.

On se dit que cet enfant-là est différent.

Pourtant on ne le formule pas, on vient d'une famille pudique, et puis bien entendu toutes les mères doivent éprouver ce sentiment d'être devant un être singulier, forcément merveilleux.

On le tient entre ses deux mains, ce nourrisson réfugié dans une noix, si petit, si doux. Les reflets d'or clair de ses cheveux. Et ce regard un peu voilé qui ne le quittera plus. Lunaire. Oui, c'est ça, un enfant céleste. »



Une lecture inattendue !



Je m'attendais à lire sur les difficultés rencontrer par une maman à élever et accompagner au quotidien son enfant surdoué.

Il y a de cela en effet dans cette lecture. « Qu'est-ce que cet enfant vient déranger pour susciter aussi peu de compréhension ? » Un manque d'empathie, de pédagogie qui provoquent souffrance et désarroi. La différence est une source de souffrance. le jugement des autres est dévastateur. Pas évident, peut-être, de se dire qu'elle est une source de richesse. On vit dans une société de compétition, intransigeante, où l'élite irréprochable est l' exemple à suivre. Tant de différences conduisent les hommes à porter un regard négatif ou positif sur son prochain. Stendhal écrit dans le Rouge et le Noir : « J'ai suffisamment vécu pour voir que la différence engendre la haine ». Homo homini lupus est... Que peut-on y faire ? Éduquer ? Rééduquer ? Repenser notre société ? Ou est-ce le propre de l'homme ? Une caractéristique intrinsèque avec laquelle il faut composer...



« Il m'a dit ce qu'il sait par expérience. Qu'un surdoué ce n'est pas quelqu'un de plus intelligent mais quelqu'un qui ne peut pas ne pas voir la fausseté du monde sans que ça lui soit insupportable. Qui réinterroge sans cesse le récif collectif, inepte, factice. Il faut juste aider Célian à rendre acceptable cette quête de sens, pour qu'elle ne devienne pas obsessionnelle. Lui apprendre à se laisser traverser par des émotions sans s'en aliéner, et en faire une liberté. »



Mais "L'enfant céleste", c'est aussi une immersion dans la nature, au contact des éléments entre ciel et terre, c'est la découverte d'une île préservée et légendaire de la mer Baltique, l'île de Ven, où il fait bon s'enivrer d'embruns, admirer le ciel étoilé et les planètes.

En parlant de planètes justement, "L'enfant céleste", c'est aussi la rencontre avec un astronome danois du XVIIème siècle, Tycho Brahe, celui qui aurait inspiré l'intrigue d'Hamlet. [ Saviez-vous que les personnages des oeuvres de Shakespeare tournent autour d'Uranus ? ;-) En effet, les noms de ses satellites découverts au XXème siècle sont tirés des personnages des oeuvres de Shakespeare (Puck, Titania, Ophélie, Cordelia...). ]

C'est l'émerveillement d'un enfant, un doux rêveur explorateur, observateur, collectionneur de la nature.

C'est l'amour inconditionnel d'une mère pour son enfant.

C'est une pause excentrée de la tumultueuse vie parisienne, une pause salutaire qui apaise les meurtrissures, une connexion essentielle avec le monde, une renaissance...

C'est un doux voyage à deux voix.

Ce sont de belles pages.



Je conseillerais une lecture lente pour en apprécier toute la substance. Les chapitres sont extrêmement courts, et de nombreux sujets sont abordés. Si l'on passe trop vite de l'un à l'autre, il est possible que l'on se perde en route à mon avis.
Lien : https://seriallectrice.blogs..
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L'heure des oiseaux

L’enquêtrice et les deux orphelins



Maud Simonnot confirme son talent avec ce second roman qui revient sur l’affaire de l’orphelinat de Jersey. On y suit d’une part Simon et Lily, deux des pensionnaires qui essaient de ses soustraire aux mauvais traitements et d’autre part une enquêtrice cherchant à reconstituer leur parcours plus d’un demi-siècle plus tard.



La jeune femme qui débarque à Saint-Hélier sur l'île anglo-normande de Jersey n'est pas venue pour ouvrir un compte bancaire et profiter des largesses de ce paradis fiscal, mais pour enquêter sur une affaire bien plus douloureuse. En 2008, à la suite de découverte de plusieurs cadavres autour de l'orphelinat, une «immense bâtisse victorienne en granit, rendue plus lugubre encore par son histoire», les langues ont commencé à se délier dans ce pays qui cultive le secret comme personne. Le scandale provoqué par la découverte des mauvais traitements et des sévices subis par les enfants a été retentissant. Mais depuis l'affaire s'est tassée. Alors pourquoi remuer à nouveau ce douloureux dossier? Parce que, comme on le découvrira plus tard, son père était l'un des pensionnaires de l'établissement.

C'est à la fin des années 1950, il n'avait alors que trois ans, qu'il a débarqué en compagnie de Lily. La fratrie a longtemps partagé son infortune, mais seul Simon a réussi à prendre la fuite. Désormais, il veut savoir ce qui s’est passé sur l’île maudite, ce qu’il est advenu de ce petit ange qui avait cherché dans la nature environnante de quoi se préserver du mal. Il avait en particulier trouvé le réconfort au petit matin (et la romancière son titre): « C’est son heure préférée, celle où la forêt devenue bleue renaît. Cette heure merveilleuse, suspendue avant l’aube, où tous les chagrins s’effacent, où tous les espoirs semblent permis. L’heure des oiseaux. »

Mais leur projet de fuite va prendre une forme plus concrète après leur rencontre avec un ermite. Ils sont persuadés que le «roi des Écréhou» pourrait les aider à fuir l’enfer qu’ils vivent au quotidien.

On l’a compris, Maud Simonnot a choisi de faire alterner l'enquête menée par la narratrice et le récit de la vie de Lily et de Simon quelques 60 années plus tôt. Un contraste saisissant entre une brutale réalité et un silence pesant, entre l’abjecte violence infligée et la douceur autoproclamée d’un territoire qui vit par et pour la discrétion, entre la cruauté et la poésie.

Ce roman, qui est basé sur des faits réels, s’appuie notamment sur deux témoignages glaçants Personne n’est venu de Robbie Garner ainsi que Ils ont volé mon innocence de Toni Maguire (disponibles au Livre de poche) ainsi que sur le drame vécu par Alphonse Le Gastelois (l’ermite), accusé à tort d’agressions sexuelles. Il s’inscrit également dans la lignée de L’enfant céleste, qui déjà explorait le monde de l’enfance, un monde où tout est encore possible mais aussi un monde où l’innocence bafouée laisse de profonds traumatismes. On retrouve aussi l’île dans L’heure des oiseaux. Mais ici le territoire est une prison, alors que dans le premier roman il constituait d’abord un refuge. En filigrane, on y ajoutera aussi la dimension socio-politique que Maud Simonnot parvient parfaitement à rendre sans attaquer frontalement ces autorités de tous ordres qui ont failli et continuent de privilégier le silence ou, à l’inverse, qui s’acharnent sur le premier bouc-émissaire trouvé.

Un roman bouleversant, qui marque durablement.


Lien : https://collectiondelivres.w..
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L'Enfant céleste

Un roman empreint d'amour, de douceur, de mélancolie et de poésie. Avec l'astronomie et la nature en toile de fond, une très jolie balade sur les traces de Tycho Brahe, astronome danois de la renaissance, en compagnie de Mary que son amoureux vient de quitter et de son fils Celian, doux rêveur en banc du système scolaire.

Un très beau récit à deux voix, contemplatif et introspectif. Et cette couverture...Superbe !
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L'heure des oiseaux

Le titre était pourtant joli ! ....



Contraste saisissant entre le sujet principal du livre et certaines pages "respirantes" où la joliesse des chants d'oiseaux et la fraîcheur d'une petite fille et de son petit frère m'ont enchanté.



Pour le reste cela a été irrespirable, rien qu'à imaginer ce qu'ils ont dû endurer pendant des années, même si l'autrice n'est , heureusement, pas entrée dans les détails les plus sordides.



Glauque, révoltant, et toujours impuni.



Quand on a eu une enfance heureuse où tout le moins acceptable,



Se demander, ce que sont devenus tous ces enfants , aujourd'hui adultes, qui ont été amputés de leur enfance par des s....... qui les ont brisés.



"Tous ces agissements ont eu lieu en toute impunité, parce qu'il y a eu un terrible échec de la protection de l'enfance. Dans ces "dysfonctionnements" en chaîne, difficile de savoir à qui en vouloir le plus : les instances publiques, la police, la justice, l'aide sociale, tous avaient failli à chaque étape."



Omerta à l'Ile Jersey.



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L'heure des oiseaux

La réussite de cette fiction est due à l'immersion dans une réalité qui malheureusement a existé.

J'ai donc été bluffé quand j'ai su que cette histoire de Lily et du père de la narratrice sortait de l'imagination de Maud Simonnot.

Il s'agit d'une enquête sur l'île de Jersey où dans les années 1890 à 1970 des enfants ont été maltraités dans un orphelinat. Le lecteur passe à chaque chapitre d'une temporalité à une autre pour suivre le parcours de Lily souffre-douleur des surveillants et de son petit frère de trois ans.

Le scandale bien sûr a eclaté mais l'affaire a vite été étouffé. Il faut donc la détermination de la narratrice pour délier les langues.

L'omerta est de rigueur quand il s'agit de la complicité de notables, du directeur et du personnel de l'établissement.

Cette maltraitance qui plombe la lecture est pourtant allégée par la courte vie de Lily qui observe les oiseaux pour s'évader de l'enfer quotidien.

Même l'ermite qu'elle rencontre lors de ses évasions ne peut la consoler de cette vie d'enfermement.

Avec un style sobre digne des écrivains japonais, il ressort une poésie dans cette histoire pesante et triste.

J'ai ressenti de l'impuissance devant cette enfance gâchée et le désespoir de Lily.

Mais aussi de la révolte pour une justice qui n'existe pas et même qui cache des monstres humains.

Pas d'illusion l'homme est un loup pour l'enfant sans défense et les drames que nous entendons ces jours-ci en sont la preuve.

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Le goût de la nuit

Superbe choix de textes pour présenter l'univers nocturne en littérature!



Il se décline en trois parties " Nuit étoilée", " Nuit rêvée " et " Le monde de la nuit".



Promesse de sensualité et de mystère, source d'angoisse ou coeur du crime, moment de solitude redoutée ou recherchée, la nuit inspire toujours...Beaucoup de passages poétiques dans ce petit livre très riche en découvertes, et où un commentaire est donné, à la suite de chaque texte et parfois un texte-écho . Franchement, une collection intéressante. Pour 8 euros, c'est complet, varié et original car les auteurs classiques côtoient d'autres moins connus ou attendus.



J'ai particulièrement aimé l'extrait de Tarjei Vesseas, un auteur norvégien que je ne connaissais pas , ainsi que " Chants orphiques" du poète italien Dino Campana. Et le magnifique poème de Catherine Pozzi " Nyx"... Vous croiserez aussi avec bonheur dans cet éloge de la nuit Maupassant, Fitzgerald, Kessel , Zweig et bien d'autres...



Je laisse les derniers mots à Albert Camus, se souvenant avec émotion du pays natal et du crépuscule :" Tout un petit peuple de nuages rouges s'étire jusqu'à se résorber dans l'air. Et puis d'un coup, dévorante, la nuit. Soirs fugitifs d'Alger, qu'ont-ils donc d'inégalable pour délier tant de choses en moi?"

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