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Critiques de Maurice Renard (116)
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L'homme truqué

On retrouve avec plaisir l'efficacité narrative de Maurice Renard, son style élégant, son habilité à mélanger les mauvais genres. Ici on passe du crime, au mystère, de l'anticipation, du merveilleux scientifique à l'espionnage dans un seul geste, avec évidence. Mention spéciale aux visions fantasmagoriques de l'homme truqué, dignes de films cultes de SF. Merci aux éditions de l'arbre vengeur. On en redemande !
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Les mains d'Orlac

Stéphen Orlac, célèbre pianiste, est victime d'un accident de train qui lui endommage gravement sa santé et surtout ce qu'il a de plus précieux : ses mains. Prête à tout pour essayer de sauvegarder son outil de travail, sa femme le confie à un éminent mais fantasque chirurgien, qui essayera de sauvegarder leurs capacités de virtuose en vain. De retour chez eux, de nombreux phénomènes des plus étranges se manifestent : des apparitions spectrales, des couteaux plantés dans la porte, des bijoux qui disparaissent comme par magie d'un coffre fermé à clé... jusqu'à des meurtres dans l'entourage du couple. Que s'est-il vraiment passé le jour de cet accident ? Quelle procédure a donc réellement effectué le chirurgien pour tenter de sauver ces mains si précieuses ?







Pour une fois depuis longtemps, je ne vous mets pas le résumé éditeur pour vous donner un aperçu du synopsis, alors qu'en temps normal je les préfère à mes propres écrits (car je n'ai pas l'impression de savoir écrire de bons résumés). Pourquoi faire ce choix aujourd'hui alors me direz-vous ? Car cette quatrième de couverture en dévoile beaucoup, mais alors vraiment beaucoup trop ! Une des révélations majeures est indiquée dessus, alors qu'elle apparaît page 241 sur… 288 ! Ce résumé spoile donc plus ou moins 80% du roman… Alors certes, il reste encore des retournements de situation, et le dénouement final, mais un nombre vraiment trop important d'éléments majeurs y est révélé. Cela m'a un peu gâché ma lecture, j'aurais aimé les découvrir par surprise.



Pourtant il faut souligner que ce reproche n'est pas à imputer à cette maison d'édition en particulier. En faisant quelques recherches, j'ai pu constater que le résumé des éditions précédentes en dévoilait plus ou moins tout autant. On peut légitimement se poser la question de pourquoi en dévoiler tant au lecteur avant même qu'il n'eusse le temps de se plonger dans le roman. Probablement pour justement lui donner l'envie de commencer cette lecture, car il est indéniable que les éléments divulgués sont ceux qui font le charme et l'attrait du récit. Ce sont ces mêmes éléments qui m'ont donné envie de le lire en premier lieu.





Cependant rassurez-vous, même en connaissant d'avance ces "révélations", qui cassent un peu la montée en suspense, c'est un récit qui se lit très bien et j'ai pris beaucoup de plaisir à me plonger dedans. C'est un roman de genre, dans la lignée de Poe, Stevenson, Shelley, Wells et bien d'autres encore, qui ont clairement influencé cet auteur. On y retrouve cette ambiance noire, des scientifiques un peu fous, des personnages torturés, une pointe de surnaturel, de la nécromancie, et une touche particulière avec de l'ésotérisme. Mais surtout l'ambiance m'a rappelé celle des films de série B, genre que j'adore tout particulièrement. C'est la 1ère fois que je lis un livre dans ce style, et je comprends pourquoi il a eu plusieurs adaptations cinématographiques, il s'y prête totalement !





On peut aussi considérer ce livre comme un "roman d'époque", car on y retrouve le charme des années 1920, avec une action qui se situe dans le monde de la petite bourgeoisie et nous amène à voir une description de la société, de ses activités, de ses moeurs, de ses costumes, ce qui nous fait voyager dans le temps avec justesse. De plus, le style de l'auteur est très agréable à lire : souvent poétique, un maniement de la description et des détails bien dosé, un mélange d'action, de suspense, de retournements de situation crédibles. Et malgré sa date de parution, c'est un roman qui a très bien vieilli dans son langage. Le vocabulaire et le phrasé ne paraissent pas obsolètes, ce qui rajoute au confort de lecture.





C'est donc une histoire avec laquelle j'ai pris beaucoup de plaisir. Je vous recommande ce roman si comme moi vous êtes amateur des auteurs tels qu' Edgar Allan Poe et/ou si vous êtes fan de films de série B - dans ces cas, il devrait vous enchanter tout autant que moi :) Evitez juste de jeter un coup d'œil au résumé pour ne pas trop vous gâcher le déroulement de l'histoire !





À très vite pour une nouvelle chronique,



Mélissa


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Le Maître de la lumière

Ce roman nous plonge, au départ, dans une histoire d’amour contrariée ; celle de Rita Ortofieri et de Charles Christiani. Leur idylle étant sans avenir possible : « Un Christiani et une Ortofieri ne pouvant s’aimer. » En effet l’inimitié ancestrale qui régnait entre les deux familles corses s’était conclue, presque cent ans plus tôt, par l’assassinat du quadrisaïeul de Charles Christiani par un ancêtre de Rita Ortofieri. Mais l’histoire tourne vite à l’intrigue policière. Car l’auteur, nous met bientôt en présence d’un matériau inconnu, la luminite : une sorte de verre optique doté d’une étrange capacité et qui pourrait bien permettre de remettre en cause l’identité de l’assassin du quadrisaïeul de Charles Christiani. En effet « …la luminite est une chose qui produit le résultat suivant : la lumière cheminant dans cette matière à une vitesse extrêmement freinée, on voit, de part et d’autre des plaques de luminite, ce qui se trouvait là jadis. Et plus la plaque est épaisse, plus le passé qu’elle montre est lointain, sur une face comme sur une autre. »

On pourrait dire, et cela de façon littérale, que grâce à ce matériau une fenêtre s’ouvre sur le passé.

Une découverte qui pousse ainsi l’amoureux, Charles Christiani, jeune historien, à mener une contre-enquête pour innocenter l’aïeul de celle qu’il aime.



Maurice Renard introduit un fait historique dans Le maître de la lumière ...

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Les mains d'Orlac

Le "Merveilleux scientifique" qui vient de faire l'objet d'une très belle exposition à la BNF rue de Tobiac est un mouvement littéraire né au début du 20ème siècle qui propose un point de vue nouveau sur le monde, intégrant récit d'anticipation, science-fiction, utopie. Les avancées de la science sont mis à profit par les romanciers pour créer des histoires fantastiques où les lois de la physique cèdent le pas à celles de l'imagination.

Dans le roman "les mains d'Orlac" ce sont de nombreux thèmes qui sont explorés,le spiritisme, la carnoplastie ou restructuration du corps humain à partir de différents éléments, la persistance rétinienne quand l'image visionnée subsiste même si la vision de l'original a cessé, la photographie de la pensée, et bien sûr l'anthropologie criminelle.

La langue est directe mais suffisamment soignée pour que l'intérêt persiste et l'intrigue passionnante, car le lecteur d'abord embarqué dans une série de phénomènes surnaturels va peu à peu redescendre sur terre quand la rationalité reprendra le dessus in fine.

L'histoire bien connue par les adaptations cinématographiques qui en ont été tirées, dont la première suit de peu de temps la parution du livre, tient toujours la route et j'ai bien apprécié le petit côté suranné de certains éléments de l'intrigue ( un jeune couple désargenté ne saurait se passer d'une petite bonne !)

Une incursion dans le passé vraiment très rafraîchissante ...
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L'homme truqué

Dans ce roman, qu'on pourrait qualifier de « merveilleux scientifique », l'intrigue commence par la fin et la question est de savoir comment on en arrive à la chute annoncée, la mort du docteur Bare. il est alors question d'un jeune homme revenu du front, du récit qu'il fait au docteur, de son parcours, du traitement qu'il a subi et qui fait qu'il rentre « truqué » du théâtre des opérations. Comment peut-il être vivant alors que tous le croyaient mort ? Vivant, oui, mais aveugle et doté d'un étrange regard…

Lisez la suite sur mon blog :
Lien : http://touchezmonblog.blogsp..
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Le docteur Lerne, sous-dieu

J’ai découvert ce roman il y a déjà un paquet d’années, peu de temps après la sortie du bouquin. Et c’est avec un grand plaisir que je l’ai relu dans l’édition Marabout découverte récemment chez un bouquiniste.



Avant d’entamer cette lecture, j’ai regardé quelques chroniques sur internet. Plusieurs d’entre elles critiquaient un style un peu vieillot. Bien sûr ce n’est pas la nouveauté de l’année. Mais non, il ne faut tout de même pousser mamy dans les orties. Ceux qui trouvent son style vieillot ne doivent pas pas non plus lire Jules Verne ou les autres auteurs du XIXe siècle encore en vogue aujourd’hui.
Lien : http://livres.gloubik.info/s..
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Le Papillon de la mort

Une belle sélection de différents recueils et époques, démontrant le talent de nouvelliste de Maurice Renard. Dans ses textes les plus courts, il fait preuve d'une remarquable économie de moyen et parvient à des effets sidérants, sur un ton souvent mordant et ironique, rappelant ainsi le maître Maupassant. Les nouvelles plus longues offrent de riches descriptions et des atmosphères envoûtantes, comme l'âge d'or de la République génoise ("Le lapidaire") ou la beauté des paysages montagneux ("la rumeur dans la montagne"). Maurice Renard se moque des genres et les transgresse continuellement. Il passe du conte cruel au fantastique, du policier au récit historique, bifurque sans crier gare vers l'anticipation ou le merveilleux scientifique, dont il est l'un des fondateurs. Tous les ingrédients se valent, pourvu de charmer le lecteur, pourvu de l'horrifier ensuite. L'auteur n'a de cesse de divertir et de surprendre à l'aide de mystères extravagants. Dans un même conte, l'hypnose côtoie une horreur sans nom ("le rendez-vous"). Pareillement, la science et ses aspects les moins reluisants organisent l'escroquerie ("la grenouille"). Au-delà de ses romans les plus connus, comme le péril bleu, voici un auteur dont on a pas fini de redécouvrir l'œuvre considérable.
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Les mains d'Orlac

LIVRE MASSE CRITIQUE

En réalité, j'ai reçu au courrier un CD et pas un livre, ce qui m'a tout de même décontenancé. Je ne suis pas adepte des livres audio et j'ai tardé pour l'écouter et faire cette critique.

Ce livre a un petit côté "vieille France" et "siècle dernier", étant donné sa date de parution c'est tout de même vrai. Mais il allie la figure du savant, le fantastique et le rêve.

La langue est soignée et le récit met en avant différents thèmes intéressants : médecine, le rapport au corps, le spiritisme ...

Une écoute un peu déconcertante mais rafraîchissante !
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Les mains d'Orlac

J’ai beaucoup aimé cette découverte.



Je ne connaissais ni ce titre, ni cet auteur, qui est pourtant, très connu.



Il y a seulement, un moment, où je me suis dit, oh mais c’est un peu vieillot tout de même comme histoire. Mais je n’avais pas lu le résumé jusqu’au bout et que c’est bien noté que le roman a été écrit en 1920. Le temps que j’assimile tout ça, je me dit que cet homme était un génie. Il a beau avoir été écrit il y a plus de 100 ans maintenant, il reste tout de même très intéressant et touche un certain pan de la médecine que j’ai eu beaucoup de plaisir de découvrir.



Je vais essayer de trouver d’autres œuvres de cet auteur, j’ai vraiment passé un bon moment d’écoute.



Si vous avez aimé le docteur Jeckyll et monsieur Hyde, je suis certaine que vous aimerez ce roman.



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Le péril bleu

Un grand merci à Babelio et aux éditions Archipoche pour l’envoi de ce livre dans le cadre de l’opération masse critique de la rentrée, sans qui je n’aurais sans doute jamais eu l’occasion de lire Maurice Renard puisque je n’avais pas entendu parler de cet auteur auparavant !



Publié en 1911, ce roman semble assez peu lu de nos jours et pourtant, les sujets qu’il aborde sont tout à fait actuels et n’ont depuis jamais cessé d’être traités en littérature, sous différentes formes.



L’histoire commence à la manière d’une simple enquête dans la campagne montagneuse, lorsque des pillages divers et variés surviennent dans plusieurs villages. En toute logique, chacun cherche à débusquer les coupables de ces vols absurdes afin de mettre fin à cette farce grotesque. Peu à peu, un climat étrange, de méfiance va s’installer chez les habitants alors que les choses dérobées sont toujours plus nombreuses et que l'affaire reste irrésolue. Irrésolu, cela ne peut rester ainsi pour nos personnages qui vont sans relâche chercher à comprendre ce qu’ils ne parviennent ni à voir ni à expliquer, d’autant plus quand les objets volés laissent place à des êtres vivants qui se font vraisemblablement enlever.



Tout ce petit monde bourgeois s’affaire, chacun y va de sa théorie de la plus terre-à-terre à la plus abracadabrante, du scientifique très investi au petit enquêteur improvisé. Maurice Renard traite ses personnages avec beaucoup d’ironie, non sans un certain humour qui m’a quelque peu rappelée la manière satirique donc Barjavel fait preuve vis-à-vis de l’humain dans ses oeuvres.

Les disparitions se poursuivent, s'accélèrent, la terreur se répand. De l’enquête, on glisse progressivement vers une autre dimension : Quel Homme est capable de ces actes ? Si on ne parle pas d’Homme, alors de qui ? De quoi ? Pourquoi ? Comment ? Faut-il y chercher une explication rationnelle, scientifique, spirituelle ?



Si la première moitié de l’intrigue a pour moi un peu trop trainé en longueur et m’a lassée sur la fin (j’avais hâte que l’histoire avance), la seconde moitié accélère significativement la résolution du mystère et nous offre des perspectives très intéressantes (dont je ne donnerai pas les détails pour ne pas en gâcher le plaisir !), jusqu'à un dénouement passionnant. Les réponses qui nous sont données sont assez fascinantes et n’ont selon moi pas pris une ride, car intemporelles et empreintes d’une certaine poésie. La touche d’humour est aussi présente jusqu’au bout et contribue à nous faire sourire.



Ce livre a plus de cent ans et pourtant, il me semble avant-gardiste tant la thématique de la peur de l’inconnu, de l’invisible, de la présence des « autres » nous parle toujours, avec ici un vrai charme désuet lié justement à sa date de parution. Certains concepts sont même vraiment surprenants et modernes pour l’époque, originaux et symboliques à la fois, j’ai totalement oublié au fil de ma lecture que ce livre n’était pas plus récent.



En resurgissant tant de temps après, Maurice Renard nous rappelle que la question de notre place dans l’univers nous fascine autant qu’elle nous effraie, et cela depuis toujours. L’auteur nous dit d’ailleurs: « Regardez. Puis réfléchissez. Puis rêvez. Cela n’est pas impossible ». Cette phrase résume à mon sens parfaitement bien ce roman !
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Le péril bleu

Je remercie les éditions Archipoche et Babelio de m'avoir permise de lire cette réédition du roman : le péril bleu de Maurice Renard qui a été écrit il y a plus de 100ans.

Maurice Renard est un des précurseurs de la science fiction en France.

C'est avec beaucoup d'empressement que le narrateur, un historien accepte l'offre de l'homme illustre de 1912 , Jean Le Tellier, directeur de l'observatoire. De faire le récit de ce que l'on nomme Le Péril Bleu. Le Tellier lui apporte tous les documents référencés en sa possession : lettres, journaux, croquis,notes... Qu'il a conservé de l'année 1912. Il souhaite qu'il raconte ce qui c'est passé durant cette année effroyable et mystérieuse.

Dans L'Ain , la région du Bugey, les habitants de la région sont confrontés à des incidents inexpliqués. Des objets de toutes sortes disparaissent des outils simplement un de chaque sorte et même Le coq de l'église, des animaux, des plantes ainsi que des branches d'arbres coupées.

Devant l'incompréhension les anciennes croyances rurales reviennent . La rumeur enfle mettant en cause les Savants, des extraterrestres qui seraient à l'origine du désordre ambiant.

La peur s'installe avec la disparition de personnes dont plusieurs membres de la famille Le Tellier.

Les investigations policières sont menées par des enquêteurs venus de Paris où la méthode d'un adepte de Sherlock Holmes sont tournées en dérision.

Il est très intéressant de voir la réaction de la population face à un problème qu'elle ne maîtrise pas et pense avoir affaire à la malédiction des Savants.

Le récit du narrateur est bien structuré, plaisant à lire avec ses côtés invraisemblables et d'un style désuet- (1913)- La chronologie des évènements aux références bien détaillées et les sources fournies par Le Tellier respectées.

L'intrigue mystérieuse garde toute notre attention jusqu'à la fin surprenante.

Maurice Renard m'a agréablement surprise, C'est un livre que l'on ne lâche pas avant la fin .j'en recommande la lecture.

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Le docteur Lerne, sous-dieu

Passé une dédicace o combien légitime, et pleine d’humilité, à l’attention d’H.G. Wells, Maurice Renard déroule un récit qui démontre, si besoin était, que l’imaginaire fantastique n’est pas la propriété exclusive des Anglais. Quoique l’île de Moreau surpasse en horreur Fonval, le domaine où sévit le docteur Lerne. Toutefois, au vu d’un épisode du roman avec une automobile agitée, on peut se demander si, à son tour, Stephen King n’a pas lu l’histoire de ce sous-dieu quand on songe à Christine… ?



Tout commence par une séance de spiritisme, avenue Victor-Hugo à Paris ; clin d’œil évident à l’auteur des Misérables qui s’adonna lui aussi à cette pratique, dans l’espoir, peut-être, de parler avec sa fille Léopoldine, morte noyée. C’est donc de l’au-delà que nous parvient le récit du Docteur Lerne ; le bien nommé. Car on parle là d’un sous-dieu aux allures d’Hydre infernale, obsédé par les âmes, qu’il meurtrit volontiers. Cela dit sans aller plus loin, au risque de gâcher la lecture des uns et des autres…



L’histoire nous est ensuite racontée par Nicolas Vermont, neveu du docteur Lerne, un docteur Moreau français, « dieu malfaiteur dont le travail dépasse les cauchemars d’un fou ». Étrange oncle, pourtant, songe son neveu en le retrouvant après quinze ans d’absence, et qui n’a plus rien à voir avec celui de jadis. Dans le domaine perverti de son enfance, parmi les expériences terribles de son oncle, Nicolas découvre cependant une exquise et enivrante créature qui vit sous l’emprise de Lerne : Emma.



Emma, « au corps insidieux et récréatif » pour le narrateur, est un « poison parfumé, lourd de luxure et de jalousie, senteur de la Nature aux dessins ténébreux », et que Nicolas à l’interdiction de séduire, ce qu’il fera pourtant.

À travers ce personnage féminin commandé par un désir bestial – qui avoue avec gourmandise avoir « subi des possessions pareilles à des assassinats » –, le roman de Maurice Renard exhale ainsi une tension érotique forte, comme en réponse à la mort qui y règne ; éternel combat entre Éros et Thanatos. De son côté, Lerne, « semblait avoir compris qu’Emma ne l’aimerait jamais, et le professeur prenait mal son parti de la déception », ce qui est un euphémisme. Car « la science de Lerne était presque illimitée », donc son pouvoir de nuisance aussi, aidé par un sentiment de toute-puissance beaucoup plus explicite que dans L’Île du docteur Moreau, de Wells.



Sans atteindre les abîmes terrifiants et oppressants de son modèle, Le docteur Lerne est une grande surprise qui interroge le pouvoir de la science sans limite morale, avec intelligence et sans jamais sombrer dans le cours magistral. Dommage que le roman soit si méconnu.



Notons enfin l’esprit revanchard qui anime l’auteur, car ses méchants sont Allemands. Nous sommes au tout début du XXe siècle et la tension monte inexorablement vers 1914-1918…



(Remerciements aux éditions Okno pour cette découverte et, bien sûr, à Babelio)





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Le docteur Lerne, sous-dieu

En 1909, Maurice Renard a publié dans le journal "le spectateur" un texte manifeste marquant la reconnaissance d'une nouvelle catégorie littéraire le "merveilleux scientifique" qui propose au lecteur l'irruption dans le quotidien d'une nouvelle réalité avec la modification des lois de la science ce qui permet d'entrer de plein pied dans un monde nouveau plein d'imprévu.

Le mystère devient scientifique et les héros doivent surmonter des épreuves terribles sans pouvoir s'appuyer sur l'expérience du monde réel.

Le docteur Lerne est le digne continuateur du Docteur Frankenstein . Dans son manoir reculé de la région ardennaise, il se livre à des expériences scientifiques inédites croisant les espèces végétales et animales et donnant naissance à des créatures hybrides monstrueuses, ce qui déconcerte son neveu Nicolas venu lui rendre visite.

Mais qu'est donc devenu l'écossais Mac Bell qui secondait Lerne dans ses recherches avant de disparaître en laissant derrière lui sa chienne fidèle Nelly qui jappe de façon si étrange et lance un regard humain désespéré vers le pauvre Nicolas ?

La belle Emma l'égérie du docteur, ne tarde pas à tomber amoureuse du jeune homme qui ne pourra pas résister et se mettra ainsi gravement en danger ....

Quelle histoire inventive et originale à replacer dans le contexte de son époque . Les progrès de la médecine et de la greffe ont inspiré l'auteur qui pousse la logique jusqu'à imaginer qu'il sera un jour possible de mêler les espèces végétales, animales ou humaines qui sont après tout traversées par le même souffle spirituel que l'on peut appeler l'âme.

Le savant fou rivalise avec Dieu et devient créateur à son tour .

Mais comme l'a si bien dit Rabelais, "science sans conscience n'est que ruine de l'âme " et il ne peut rien résulter de bon de ces recherches diaboliques .

Le roman a eu un succès mérité et Maurice Renard qui est l'auteur de nombreux romans explorant la même veine, a crée un prix récompensant le meilleur livre de la catégorie "merveilleux scientifique"

On le relit au début du 21ème siècle avec plaisir et on se délecte de ce style surrané et des délicatesses de plume qui n'ont plus cours à présent.

Ce roman donnera envie de se replonger dans "l'île du Docteur Moreau" qui a fait l'objet de tant d'adaptations et aussi dans l'excellent "les mains d'Orlac" pour lequel j'ai quand même une grande préférence.
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? Lui ?

Maurice Renard est un auteur dont le nom résonne encore à l’oreille des lecteurs (à moins que les moins initiés ne le confondent avec Jules Renard).



Né en 1875, mort en 1939, l’écrivain est passé à la postérité grâce à son travail (tant littéraire qu’intellectuel) sur le fantastique et la science-fiction.



On lui accorde d’ailleurs la paternité du mouvement « Merveilleux-fantastique ». Et tout le monde s’accorde à dire qu’il fut l’un des plus grands auteurs de romans d’anticipation, prenant ainsi la relève d’un Jules Vernes et devenant ainsi le pendant français de l’écrivain H.G. Wells dont Maurice Renard était un admirateur.



Mais, si certains se souviennent de ses romans conjecturaux, depuis « Le docteur Leme, sous-dieu » jusqu’à « Un homme chez les microbes » en passant, surtout, par « Les mains d’Orlac » (qui a connu plusieurs adaptations cinématographiques), peu, ou, moins, ont en souvenir la production policière de l’auteur.



Certes, je vous ai déjà parlé des « Enquêtes du commissaire Jérôme », des micros enquêtes parues au sein de la chronique « Les contes des 1001 matins » du journal Le Matin entre 1933 et 1939.



Bien évidemment, j’ai évoqué l’excellent roman « Le mystère du masque » paru aux éditions du Masque en 1935.



Mais ces deux œuvres, me direz-vous, sont plutôt tardives dans la carrière de l’auteur.



Aussi, il est temps de se pencher un peu sur un autre roman policier, plus ancien, de Maurice Renard, un roman qui date de 1927 : « ? LUI ? ».

Gilberte Laval est une jeune femme épanouie, qui va bientôt se marier avec le jeune, beau et riche Jean Mareuil.



Le vie de Gilberte ne fut pas toujours toute rose, sa mère est morte d’une piqûre d’une couleuvre venimeuse rapportée par son père d’une expédition en Afrique et son père, inconsolable, est parti à la mort dans cette même Afrique.



Certes, elle sera bientôt l’héritière de la fortune de ses parents, mais, en attendant, c’est sa tante qui gère le patrimoine et elle ne voit pas d’un bon œil ce futur mariage qui la déposséderait de ces biens d’autant qu’elle espérait bien que son fils adoré, Lionel, épouse Gilberte.



Aussi, mère et fils vont tenter de discréditer Jean Mareuil auprès de sa fiancée...



Quel étrange roman que ce roman-ci.



Étrange parce que jamais le roman n’est ce qu’il paraît, à l’image, d’ailleurs, de son personnage central, Jean Mareuil.



Étrange, car le livre débute par une scène totalement déconnectée de l’histoire qui suit au point que l’on se demande pendant longtemps s’il s’agit là d’un prologue ou bien d’un tout autre texte ajouté, pour on ne sait quelle raison, avant le récit.



Étrange parce l’intrigue, elle-même, traite de ce qu’elle ne semble pas traiter alors qu’elle ne traite pas de ce qu’elle semble traiter (oui, je sais, cette phrase est assez floue, mais elle devient compréhensible à la lecture... et, peut-être, dans mon explication à suivre).



Étrange, enfin, parce que... Maurice Renard.



Si l’on peut constater assez rapidement que l’écriture, le style, le sujet, sont un peu datés (par rapport à « Le mystère du masque », et ce malgré qu’ils ne soient distants que de 8 ans), l’intrigue et le rebondissement final, sont, eux, à mettre au crédit d’un auteur qui nous enfume depuis les premières lignes, qui nous endort lentement par un rythme et une ambiance fleur bleue à l’ancienne, en nous laissant croire qu’il nous conte une bluette sentimentalo-psychologique, alors, qu’en réalité, Maurice Renard s’attaque à ce que le genre à fait de plus contraignant, de plus difficile à aborder et dans lequel peu d’auteurs ont excellé : « le crime en chambre close ».



Oui, je répète souvent que bien des auteurs, du moins les auteurs prolifiques de romans policiers ont tous ou presque tentés, un jour ou l’autre de se confronter avec ce sous-genre de la littérature policière.



Si certains ont créé leurs lettres de noblesse dans cet affrontement, bien souvent, c’est au détriment d’une certaine crédibilité, ou bien de grandes roublardises ou, encore, par excès de simplicité (il n’y a qu’à relire « Le Mystère de la chambre jaune » de Gaston Leroux pour s’en convaincre).



Et pourtant, ceux-ci, à chaque fois (ou presque), annoncent la couleur en mettant en scène un crime dans un vase clos et en confrontant leur enquêteur à cette énigme à résoudre. Qui ? Comment ? Plus que le Pourquoi ?



Ce faisant, ils créent une attente chez le lecteur, attente qu’il sera difficile à contrebalancer avec la solution.



Maurice Renard, lui, prend le contrepied total de ce parti pris.



Commençant son récit comme une bluette sentimentale, il enchaîne avec un roman psychologique et policier (un mixage entre le Docteur Jekyll et Mister Arsène Lupin) pour, au final, résoudre avec brio, ce fameux crime en vase clos que personne n’avait vu venir au départ et dont tout le monde pensait voir venir la solution en cours de route.



Non seulement Maurice Renard surprend son lecteur et agréablement (ce qui est bien plus difficile que de le surprendre agréablement, surtout dans ce genre particulier), mais il ne se contente pas de le surprendre une fois, ni deux, mais bien au moins trois ou quatre fois.



Car, le coupable n’est pas le coupable. Pourtant, le coupable est bien le coupable.



Vous n’y comprenez rien, c’est normal.



Mais, plus que la surprise, qui n’en est pas une, puisqu’on le savait, mais qui en demeure une, car on l’ignorait, c’est avant tout et surtout dans la clef qui ouvre ce mystère (ou, plutôt, qui le ferme) que l’auteur excelle.



Car, il faut bien avouer que la résolution est à la fois crédible, insoupçonnable et logique à la fois (ce qui est fort).



De plus, Maurice Renard ne se contente pas de nous livrer cette résolution (par l’intermédiaire du héros) en se pavanant. Non, il le fait en décontenançant son lecteur qui, non seulement se rend compte qu’il s’était trompé sur le nom du coupable alors qu’il l’avait trouvé (oui, j’en fais trop).



Plus encore que le nom du criminel, c’est tout ce qui gravite autour de lui qui est chamboulé. On pensait commencer à saisir, mais l’on n’avait rien compris.



Si on rajoute à cela que Maurice Renard, d’un coup, nous fait saisir toute l’importance de la scène liminaire que l’on avait fini par oublier en se disant qu’il s’agissait là d’une excentricité de plus de l’auteur, alors, l’auteur parvient à réussir ce que bon nombre d’auteurs de romans policiers actuels ne parviennent pas à faire : produire une ultime scène d’une excellence incontestable qui permet de clore ce roman avec talent.



Je passerai sur les personnages qui, finalement, ne sont rien à côté du reste ; sur le style de l’auteur, qui est volontairement, je pense, en retrait, pour conclure que l’auteur semble s’être autant amusé avec le genre et le sous-genre qu’avec son lecteur. Un amusement surprenant et intelligent à la fois.



Au final, Maurice Renard démontre qu’il était à la fois un écrivain intelligent, créatif, joueur, des cordes qui s’ajoutent à un arc déjà chargé des différentes cordes de ses autres romans.

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Les mains d'Orlac

Un résumé des plus intriguant et un cheminement qui en sera des plus déconcertant avec une conclusion des plus inattendues. Un coup de génie !

Cependant avant d'en arriver au terme de la lecture, l'on peine, un peu, beaucoup. L'on s'ennuie même dans quelques tirades grandiloquentes.

Pour autant, j'avoue que le style particulier, d'un richesse inouïe en vocabulaire, ce qui vous pousse parfois à ouvrir un dictionnaire et bien je ne vais pas m'en plaindre, puisque habituellement c'est le contraire qui me dérange.

Il faut tenir compte du fait que le roman date un peu, à l'origine écrit en 1920 et republié à ce jour par Archipoche que je remercie au passage ( ainsi que Masse Critique) , pour m'avoir permis de faire cette découverte livresque.

Un intrigue aux airs de Mr Hyde et Frankenstein avec pour personnage principal Stephen à qui l'ont a greffé des mains d'assassins.

Des mains portés par un autre,ont-elles une vie propre ? N'est-il possible de les plier à votre talent d'artiste ? À moins que d'autres éléments traumatiques ne perturbent votre être mental ?

À vrai dire je ne m'attendais pas du tout à l'approche choisie par Maurice Renard, et plonger dans le milieu de l'occulte, des médiums.

Pour tout dire, l'auteur nous manipule avec brio et nous un épilogue des moins convenus vu le déroulé de l'histoire. Je déplore néanmoins quelques longueurs qu'il a fallu supporter avant que n'advienne un peu d'action et que le suspens se fasse plus présent.

Cependant, il reste intéressant de découvrir un auteur méconnu dont ce roman a vu de nombreuses interprétations cinématographiques, ce que j'ignorais totalement.

Petit bémol : la mise en page et ses marges très réduites.




Lien : http://missneferlectures.ekl..
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Le professeur Krantz

Cette variation sur le thème du savant fou - à moins qu'il ne s'agisse de celui du fou savant - ressemble par bien des aspects au roman Les mains d'Orlac du même auteur. Mais plus concise, au style plus sobre et plus soigné, cette nouvelle mène habilement à une chute inattendue, particulièrement bien pensée et d'une grande modernité. Et l'auteur du Château hanté en profite notamment pour développer une théorie peu originale mais très joliment formulée sur la manière de jouer du relatif et de l'absolu. Ainsi, truquer les sentiments, ruser avec le destin ou encore frauder la fortune peut aisément atténuer les soucis et amplifier les joies. Prenez-en bonne note.

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L'homme truqué

Un court récit très bien écrit et une des premier essai de science fiction qui raconte, le meurtre d'un médecin croisé au retour d'un soldat devenu aveugle à qui ont a implanté des yeux ....particuliers .Evidemment , on ne peut en dire plus sans dévoiler l'intrigue .

J'ai beaucoup aimé les descriptions très futuristes de ce que voit Lebris. On sent la fascination de la science propre à cette époque autour de l'électricité mais aussi l'automobile, les blessures et les pertes de la première guerre mondiale sont encore vives et le patriotisme omniprésent. Ecrit en 1922, voici un court roman d'anticipation bien agréable à lire malgré une fin un peu tronquée qui nous laisse sur notre faim.
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Les mains d'Orlac

Je remercie les éditions archi poche et Babelio; pour l'envoi de ce SP. Stéphane Orlac, pianiste, est victime d'un accident de train, il y perdra ses mains. Sa femme va lui trouver un chirurgien qui lui en greffera de nouvelles. Mais voilà des phénomènes étranges vont avoir lieu ..... Ce roman, qui m'intéressait au vu du résumé, ne m'a pas emporté.

Le style ne m'a pas plu, je l'ai trouvé trop vieillot " il a été écrit en 1920 "; et surtout fastidieux à lire , du coup je n'ai pas pu rentrer dans l'histoire . Je n'ai pas eu d'attachement particulier avec les personnages . Il y règne une ambiance surnaturelle et ésotérique qui peut plaire, je pense à d'autres lecteurs . J'ai été surprise par la fin auquel je ne m'attendais pas.











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Château hanté

Dans cette nouvelle efficace mais relativement anecdotique par rapport au reste de son œuvre, l'auteur d'Un homme chez les microbes va à l'essentiel. Cette fois-ci, il ne s'encombre pas d'étude des personnages, ne se lance pas non plus dans une critique sociale ni même ne tâche réellement de créer une ambiance. Il se concentre sur une simple bonne histoire, bien construite et finement narrée, et sur sa chute. Pour autant, il ne fait jamais l'économie du style. C'est d'ailleurs l'intérêt principal de ce texte court et élégant.

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Le péril bleu

Bien qu'un siècle depuis sa rédaction s'est écoulé, la magie du Péril Bleu opère toujours. On aurait pu croire que le livre soit démodé, mais il n'en est rien.



Commençant sur un fait divers, l'histoire glisse peu à peu vers l'inconnu des hommes de l'époque. Maurice Renard alterne les genres au fil des chapitres : enquête, fantastique, science fiction, sans jamais perdre le lecteur.



Qu'est-ce que le Péril Bleu ? je vous invite à lire ce classique oublié de la science-fiction française.
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Régis Franc est connu pour sa BD sociale ..........?............. je sais ça vole pas haut

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