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Citations de Michel Pastoureau (577)


Plusieurs auteurs signalent l’existence «en Germanie» de bœufs sauvages, tellement farouches qu’il est impossible de les atteler, tellement puissants qu’ils déracinent les arbres, tellement violents qu’ils n’hésitent pas à s’attaquer à une armée entière de chevaliers. Ils possèdent des cornes immenses dont on se sert à la table des seigneurs; boire du vin dans de tels récipients procure vigueur et santé. (P112)
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Couleur iconographique de la Vierge, couleur emblématique du roi de France et du roi Arthur, couleur symbolique de la dignité royale, couleur à la mode et désormais de plus en plus fréquemment associée par les textes littéraires à l’idée de joie, d’amour, de loyauté, de paix et de réconfort, le bleu devient à la fin du Moyen Age, pour certains auteurs, la plus belle et la plus noble des couleurs.
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Pour disposer d’un vert franc, vif, lumineux, les hommes de théâtre anglais et espagnols eurent donc l’idée d’emprunter une couleur dont se servaient les peintres : le vert-de-gris, pigment particulièrement toxique, obtenu en répandant du vinaigre ou de l’acide sur des lamelles de cuivre. Ils en recouvrirent certains costumes de scène, et même certains décors. Dans les années 1600-1630, plusieurs comédiens moururent ainsi empoisonnés, mais personne ne comprit vraiment que la peinture verte de leur costume en était la cause. L’idée se répandit que le vert était une couleur maudite, et on commença à le bannir des théâtres.
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Parmi les différents adjectifs qui, dans les annales et les chroniques du XIIème siècle, qualifient la mort du jeune roi Philippe causée par un cochon, il en est un qui semble revenir plus souvent que les autres : infâme ("infamis"). Le terme n'est pas un vague synonyme de «honteux» ni même de «sordide». Il est plus précis et porte loin. Étymologiquement est infâme ce qui nuit à la "fama", c'est à dire au renom ou à l'honneur d'un individu ou d'un groupe. C'est exactement ce dont il s'agit ici. La "fama" de la dynastie capétienne est éclaboussée, salie, souillée, et avec elle le prestige et la dignité de la fonction royale. Il faut y remédier, rapidement et profondément.
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Mais depuis le XVIIIème siècle, le port des armoiries s'est étendu bien au-delà de l'Europe, d'abord vers le Nouveau Monde chrétien puis vers l’Asie, l'Afrique et l'Océanie. Cette internationalisation de l'héraldique européenne s'est souvent faite au détriment de systèmes emblématiques indigènes, parfois vieux de plusieurs siècles : en Afrique noire, par exemple, tous les pays portent des drapeaux et des armoiries à l'européenne, alors qu'il existait des emblèmes tribaux ou ancestraux qui auraient pu jouer ce rôle. Elle souligne comment dans le domaine des signes - comme du reste dans presque tous les domaines - les faits d'acculturation fonctionnent à sens unique et se font toujours au bénéfice de l'Occident. Il est permis de le regretter.

Chapitre Premier, "Histoire des armoiries"
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Les premières [difficultés] sont documentaires : nous voyons les couleurs que le passé nous a transmises telles que le temps les a faites et non pas dans leur état d'origine ; nous les voyons en outre dans des conditions de lumière qui n’ont souvent aucun rapport avec celles qu'ont connues les sociétés qui nous ont précédées ; enfin, pendant des décennies et des décennies, nous avons pris l'habitude d'étudier les images et les objets du passé au moyen de photographies en noir et blanc et, malgré la diffusion de la photographie en couleurs, nos modes de pense et de réflexion semblent être restés, eux aussi, plus ou moins noirs et blancs.

Introduction, "La couleur et l'historien"
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La place discrète du bleu dans les activités humaines et la difficulté qui existe dans plusieurs langues anciennes pour nommer cette couleur ont conduit plusieurs savants du XIXème siècle à se demander si les hommes et les femmes de l'Antiquité voyaient le bleu, ou du moins s'ils le voyaient tel que nous le voyons. Aujourd'hui ces questions ne sont plus d'actualité. Mais le faible rôle social et symbolique joué par le bleu dans les sociétés européennes pendant plusieurs millénaires, du néolithique jusqu'au cœur du Moyen Age, demeure un fait historique indéniable sur lequel il convient de s'interroger.

Chapitre 1, "Une couleur discrète"
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Au fil des siècles, la Vierge est ainsi passée par toutes les couleurs, ou presque, comme le montre une étonnante statue taillée dans un beau bois de tilleul peu après l'an mil et aujourd’hui conservée au musée de Liège. Cette Vierge romane avait d'abord été peinte de noir, comme c'était fréquemment le cas à l'époque. Au XIIIème siècle, elle fut repeinte en bleu, selon les canons de l'iconographie et de la théologie gothiques. Mais à la fin du XVIIème siècle, cette même Vierge fut, comme tant d'autres, "baroquisée" et quitta le bleu pour le doré, couleur qu'elle conserva pendant deux siècles environ, avant d'être visitée par le dogme de l'Immaculée Conception et, ce faisant, entièrement badigeonnée de peinture blanche (vers 1880). Cette superposition de quatre couleurs successives en un millénaire d'histoire fait de cette sculpture un objet vivant ainsi qu'un exceptionnel document d'histoire picturale et symbolique.

Chapitre 2, "Une couleur nouvelle"
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" [...] le seul ornement qu'il faille rechercher est celui de l'âme. L'être doit prendre le pas sur le paraître."
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Le rouge
C'est le feu et le sang, l'amour et l'enfer.
Avec lui, on ne fait pas vraiment dans la nuance. Contrairement à ce timoré de bleu, le rouge, lui, est une couleur orgueilleuse, pétrie d'ambition et assoiffée de pouvoir, une couleur qui veut se faire voir et qui est bien décidée à en imposer à toutes les autres. (...) Méfiez-vous de lui : cette couleur-là cache sa duplicité. Elle est fascinante, et brûlante comme les flammes de Satan.
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Dans l'univers des emblèmes et des symboles, c'est surtout notre époque contemporaine qui revalorise le loup en laissant de côté la plupart de ses aspects négatifs pour ne retenir que sa puissance, sa résistance, sa ténacité, son audace et même son invincibilité. Il est ainsi présent sur les maillots des sportifs, qu'il soit emblème d'équipes ou de club ou bien logo de tel ou tel sponsor. Il l'est également sur les insignes du scoutisme, cousins bâtards des insignes militaires et échos lointains au Livre de la jungle de Rudyard Kipling (1894). Toutefois, de nos jours, ce sont essentiellement les logos commerciaux qui sollicitent le loup, souvent réduit, comme en héraldique, à sa tête seule, représentée de face et dont les yeux semblent jeter des flammes. Il symbolise - du moins si l'on en croit le verbiage racoleur des spécialistes du marketing et de la publicité - «l'énergie, l'appétit de liberté, la vivacité d'esprit, la confiance en nos instincts ainsi qu'une forte intelligence et la capacité de gérer des questions importantes collectivement, de manière stratégique et avec tact». Comment des entreprises sérieuses et ambitieuses sont-elles prêtes à payer des sommes folles pour se voir proposer comme logo une très banale tête de loup accompagnée d'un tel discours de pacotille ? Cela reste un mystère.
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C'est un enjeu social ! La blancheur de la peau a toujours agi comme un signe de reconnaissance.
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Michel Pastoureau
p. 107 Consternation : la librairie est fermée, et sur la porte verte est affiché un court message maladroitement typographie : « Ruiné par Internet ». Ma peine est infinie. Ma colère aussi. La mort d’une librairie est toujours une violence qui m’est faite.
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Géométriquement et métaphoriquement, le lien est très fort entre les rayures horizontales du vêtement pénitentiaire et les rayures verticales que forment les barreaux de la prison. Se croisant à angles droits, rayures et barreaux semblent constituer une trame, une grille, une cage même, qui isole encore plus le prisonnier du reste du monde extérieur. Plus qu'une marque, la rayure est ici un obstacle.
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Les extrêmes finissent toujours par se rencontrer.
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La diffusion géographique et sociale s'accompagne d'une prolifération matérielle : de plus en plus d'objets d'étoffes, de vêtements, d’œuvres d'art et de monuments se couvrent d’armoiries ; elles y remplissent une triple fonction : signes d'identité, marques de commande ou de possession, motifs ornementaux. Leur usage est à ce point répandu dans la vie sociale, les mentalités et la culture matérielle que l'on conçoit - parfois dès la fin du XIIème siècle - d'en attribuer à des personnages imaginaires (héros de romans, figures légendaires, créatures mythologiques) et à des hommes illustres de l'Antiquité et du haut Moyen Age, qui, évidemment n'avaient jamais porté d'armoiries.

Chapitre Premier "Histoire des armoiries"
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La préférence individuelle, le goût personnel existent-ils vraiment? Tout ce que nous croyons, pensons, admirons, aimons ou rejetons passe toujours par le regard et le jugement des autres. L'homme ne vit pas seul, il vit en société.
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Quand on regarde les choses de près, c'est à dire quand on prend la peine de considérer l'ensemble des jeans portés en Amérique du Nord et en Europe entre la fin du XIXè siècle et la fin du XXè, on s'aperçoit que le jean est un vêtement ordinaire, porté par des gens ordinaires, ne cherchant nullement à se mettre en valeur, à se rebeller ni à transgresser quoi que ce soit, mais bien au contraire à porter un vêtement solide, sobre et confortable, voire à oublier qu'ils portent un vêtement. À la limite, on pourrait dire que c'est un vêtement protestant - même si son créateur est juif - tant il correspond à l'idéal vestimentaire véhiculé par les valeurs protestantes : simplicité de formes, austérité des couleurs, tentation de l'uniforme.
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"Il semble également admis par les auteurs qu'une couleur que personne ne regarde est une couleur qui n'existe pas."
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Pour les adolescents des années 1960, un jean trop foncé, presque bleu marine, était ringard, « tarte », voire « plouc ». Inversément, un jean trop clair, tirant vers le bleu ciel, perdait de son arrogance et de son authenticité.
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