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Citations de Michel Pastoureau (564)


... (La) valorisation du noir (qui s'accompagne également d'une promotion du gris) se prolonge fort avant dans l'époque moderne et exerce ses effets jusque dans nos pratiques vestimentaires contemporaines. D'une part, en effet, la cour ducale de Bourgogne, qui codifie et catalyse toutes les pratiques protocolaires du Moyen-Age finissant, transmet à la cour d'Espagne cette mode du noir princier ; et, par le relais de la fameuse "étiquette espagnole", c'est ce noir qui envahi les cours européennes du XVIe au XVIIIe siècle. D'autre part, et surtout, l'éthique protestante s'empare de bonne heure de ce noir moralisé par les lois vestimentaires et en fait, jusqu'à l'âge industriel, et même plus avant, le pôle premier de tous les systèmes de la couleur.

516 - [Points H465, p. 178-179]
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… à la fin de l’année 1314 (Philippe Le Bel) mourut des suites d’un accident de chasse causé en forêt de Compiègne par un sanglier. Deux ou trois siècles plus tôt, une telle mort aurait été perçue comme héroïque, et même vraiment royale. Mais au début du XIVe siècle, ce n’est plus le cas. Même si elle est due à un porc sauvage, cette mort rappelle l’étrange mort du prince Philippe, fils de Louis VI Le Gros, près de deux cents ans auparavant : dans une rue de Paris, au mois d’octobre 1131, un vulgaire porcus diabolicus, comme l’écrit Suger, s’était jeté dans les pattes du cheval du jeune prince, provoquant une chute mortelle et souillant la dynastie capétienne d’une flétrissure indélébile que même les fleurs de lis virginales des armoiries royales ne pourront jamais tout à fait effacer. (…) Un simple cochon girovague fut cause de la mort de ce rex junior coronatus, et cette mort fut, dans toute la chrétienté, ressentie comme particulièrement honteuse. Rien de tel pour Philippe Le Bel au mois de novembre 1314. Et pourtant, chroniques, libelles et pamphlets ne manquèrent pas de souligner qu’une fois encore la monarchie française était victime d’un porc et que le roi honni payait là toutes ses trahisons et ses turpitudes.

508 - [Points H465, p. 82-83]
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Les Romains distinguaient le blanc mat du blanc brillant : en latin « albus » (le blanc mat, qui a donnée en français « albâtre » et « albumine ») et candidus (le brillant, qui a donné « candidat » ; celui qui met une robe blanche éclatante pour se présenter au suffrage des électeurs.)
Dans les langues issues du germanique, il y a également 2 mots : blank, le blanc brillant, proche du noir brillant (black), qui va s’imposer en français après les invasions barbares et weiss, resté en allemand moderne, le blanc mat.
Autrefois, la différence entre mat et brillant, entre clair et sombre, entre lisse et rugueux, entre dense et saturé, était souvent plus importante que les différences entre colorations.

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À sa force musculaire exceptionnelle, l'ours ajoute une résistance à la fatigue et aux intempéries qu'aucune autre espèce européenne ne possède. L'ours paraît insensible au froid, à la pluie, à la neige, au vent, à l'orage. [...] Mais, d'une manière générale, il semble venir à bout de toutes les forces hostiles de la nature et mépriser toute forme de danger. Aucun animal ne lui fait peur, pas même les plus gros sangliers qu'il rencontre dans les bois et qui engagent parfois un combat contre lui pour s'emparer d'une proie, encore moins les meutes de loups affamés qui, l'hiver, l'attaquent à quinze ou vingt et tentent de le déchiqueter. L'ours n'a peur de rien et est, de fait, pratiquement invincible. (p. 56)
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Une couleur, c'est une catégorie intellectuelle, un ensemble de symboles.
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Dans le bestiaire chrétien, le dauphin peut accomplir des miracles ; la baleine, jamais, même si c'est une créature "emplie de merveilles" comme l'affirme un bestiaire latin du XIe siècle. Des merveilles assurément, mais diaboliques.
(p. 43)
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La première fois que j'ai rencontré l'expression "beige Mitterrand", c'était sous la plume de Frédéric Dard, dans l'un de ses romans de la série San Antonio. Son héros fétiche (...) était vêtu d'un imperméable qualifié de "beige Mitterrand" ; il était en outre maculé de graisse, comme souvent.
Par la suite, au début des années 1990, j'ai retrouvé cette même expression dans d'autres contextes et chez d'autres auteurs. Il s'agissait d'une pure expression chromatique sans aucune portée politique ni dimension argotique ou populaire, encore moins journalistique ; une expression authentiquement littéraire, presque savante et vraiment superbe.
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Son cerveau est énorme par rapport au volume et au poids de son corps et il remplit parfaitement sa boîte crânienne. L'indice de proportion entre le cerveau et la masse corporelle qui est fixé à 21 pour l'être humain, n'est que de 8 pour le chimpanzé mais il est de 37 ou 38 pour le grand corbeau. Certes, cela n'explique pas tout, tant s'en faut, mais force est de reconnaître que pour certains tests, le corbeau se situe au niveau des grands singes, parfois les dépasse.
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Le corbeau n'est pas seulement un intermédiaire entre la vie et la mort, c'est aussi un mystificateur. Il trompe tout son mode, les animaux, les hommes, les dieux. Parfois il trompe même l'historien.
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Ces massacres de corbeaux à l'époque de Charlemagne et de ses successeurs s'inscrivaient dans une politique générale d'éadication des cultes païens, spécialement ceux qui se touurnaient verrs les forces de la nature. Partout la religions chétienne tenta de suprimer les anciens cultes ou du moins e s'y superposer. De même que des centaines de milliers d'arbres furent coupés ou déracinés, des pieres déplacées ou maçonnées, des sources détournées ou transfirmées en fontaines, des lieux sacrés coonvertis en chapelles, de même que des miliers d'ours furent abattus et des quantités immenses de coorbeaux massacrée. L'oiseau noir par trop vénéré des Germains apparaissait comme n ennemi d Christ.
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Avec l’écorce ou la racine du noyer, les résultats sont meilleurs qu’avec des produits tirés d’autres arbres, et les tons obtenus sont presque noirs. Mais l’emploi de matières colorantes provenant du noyer se heurte à de nombreuses résistances. Au Moyen Âge, en effet, cet arbre passe pour maléfique. Là-dessus s’accordent le savoir botanique et les croyances populaires. Non seulement les racines du noyer sont toxiques et font périr toute la végétation alentour, mais elles entraînent la mort du bétail lorsqu’elles se rapprochent trop près des étables. Les hommes et les femmes eux-mêmes ont tout à craindre de cet arbre nuisible : s’endormir sous un noyer, c’est s’exposer à la fièvre et aux maux de tête ; c’est en outre risquer d’être visité par les esprits malins, voire par le Diable lui-même.

A la suite d’Isidore de Séville, plusieurs auteurs rapprochent le nom latin du noyer (nux) du verbe nuire (nocere) et expliquent ainsi pourquoi il faut s’en méfier.

(Sur la mauvaise réputation du noyer, J. Brosse, Les Arbres de France. Histoire et légende, Paris, 1987, p. 137-138 ; M. Pastoureau, Une histoire symbolique du Moyen Âge occidental, Paris, 2004, p. 96-97.)
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• La pilosité du Diable.
Dans l'iconographie médiévale, Satan peut prendre de multiples aspects. Certains attributs sont toutefois plus fréquents que d'autres : une tête cornue, des traits convulsés, un corps nu et hirsute [poilu], une peau sombre, visqueuse ou pileuse, tachetée ou rayée.

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• extraits disponibles via la newsletter Artips du 26/04/2021
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En France, la Légion d'honneur, la plus haute récompense nationale, fondée par Bonaparte en 1802, ne fait pas exception. Tout est rouge, ou presque : barrette, rosette, ruban et cravate. C'est pourquoi, en argot, porter la Légion d'honneur se dit "avoir la rougeole" et piaffer dans l'attente de la recevoir, "avoir la fièvre rouge".
Une lecture enrichissante, passionnante !
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Longtemps le bleu, couleur discrète et mal aimée, est restée en Occident une sorte de « sous-noir » ou de noir d'un type particulier.
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En français, parmi les sens figurés du mot 'loup', celui de 'demi-masque' apparaît dans la seconde moitié du XVIIe siècle. Il désigne un objet en velours noir qui couvre la moitié supérieure du visage. D'abord porté au bal par les femmes, il se généralise au siècle suivant et est porté par les deux sexes. A Venise, le loup est omniprésent en période de Carnaval, mais il subit la concurrence de la 'banta', costume complet, associant une cape noire, un tricorne noir et un masque blanc.
(p. 88)
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Nous ne pouvons que constater que, vers le milieu de la période médiévale, partout en Occident, le jaune devient la couleur des menteurs, des trompeurs, des tricheurs, mais aussi la couleur de l'ostracisme, que l'on plaque sur ceux que l'on veut condamner ou exclure, comme les juifs.

D. S. : Déjà, en cette fin de Moyen Âge, on invente l'étoile jaune ?

Oui. C'est Judas qui transmet sa couleur symbolique à l'ensemble des communautés juives, d'abord dans les images, puis dans la société réelle : à partir du XIIIe siècle, les conciles se prononcent contre le mariage entre chrétiens et juifs et demandent à ce que ces derniers portent un signe distinctif. Au début, celui-ci est une rouelle, ou bien une figure comme les tables de la Loi, ou encore une étoile qui évoque l'Orient. Tous ces signes s'inscrivent dans la gamme des jaunes et des rouges. Plus tard, en instituant le port de l'étoile jaune pour les juifs, les nazis ne feront que puiser dans l'éventail des symboles médiévaux, une marque d'autant plus forte que cette couleur se distinguait particulièrement sur les vêtements des années 1930, majoritairement gris, noirs, bruns ou bleu foncé.

D. S. : Quand le jaune devient le symbole, négatif, de la félonie, c'est précisément le moment où la société médiévale se crispe...

...et où le christianisme n'a plus d'ennemis à l'extérieur. Les croisades ayant échoué, on se cherche plutôt des ennemis à l'intérieur, et on acquiert une mentalité d'assiégé. En découle une extraordinaire intolérance envers les non-chrétiens qui vivent en terre chrétienne, comme les juifs, et envers les déviants, tels les hérétiques, les cathares, les sorciers. On crée pour eux des codes et des vêtements d'infamie. Cet esprit d'exclusion ne va pas s'apaiser avec la Réforme chez les protestants : en terre huguenote, on manifeste le même rejet des non-chrétiens et des hérétiques. […] Le jaune n'est presque plus utilisé que pour indiquer les traîtres et les félons. Cette dépréciation va perdurer jusqu'aux impressionnistes.
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Mais peu importe. Ce qui est certain, c’est que Néron aime le vert, les émeraudes, la verdure et les poireaux.
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Regardons les couleurs en connaisseur, mais sachons aussi les vivre avec spontanéité et une certaine innocence.
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1 _ Le bleu : la couleur qui ne fait pas de vagues
2 _ Le rouge : c'est le feu et le sang, l'amour et l'enfer
3 _ Le blanc : partout, il dit la pureté et l'innocence
4 _ Le vert : celui qui cache bien son jeu
5 _ Le jaune : tous les attributs de l'infamie !
6 _ Le noir : du deuil à l'élégance
7 - Les demi-couleurs : gris pluie, rose bonbon
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"De même, nous qualifions de "rouge" un vin qui n'est pas vraiment rouge ; de "noir" un raisin qui est violet ; et de "blanc" un raisin dont la teinte se situe entre le vert et le jaune. Cela ne nous nous gêne pas. Ces écarts entre la couleur telle et la couleur nommée à propos de produits de consommation courante, ou bien à forte dimension symbolique comme le vin, nous rappellent combien les couleurs sont avant tout des conventions, des étiquettes, des codes sociaux.
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