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Critiques de Michel Tournier (648)
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Les Rois Mages

Il manquait sûrement dans les textes de la Bible des petites précisions sur les circonstances qui ont amené les Rois mages au pied de l'Enfant Jésus à Bethléem. Michel Tournier vient ici combler cette lacune en laissant libre cours à son imagination pour tracer trois historiettes où les trois Rois mages connus des saintes écritures croisent à leur retour de Bethléem le Prince Taor dont les péripéties passées et à venir occupent la plus grande partie de ce conte aux accents aventureux et philosophiques.



Il était une fois un roi nommé Gaspard et qui ignorait complètement que sa peau était sombre comme la nuit. le royaume sur lequel s'étendait sa souveraineté s'appelait Méroé, un territoire traversé par le Nil au sud de l'Égypte. Gaspard, curieux d'animaux de toutes sortes, avait son propre parc zoologique où, depuis une visite à un marché d'esclaves, il avait demandé d'y rajouter, avec les singes, deux nouveaux spécimens : une jeune femme et un adolescent à « la peau claire comme du lait, les yeux verts comme de l'eau […] un flot de cheveux d'or. »

Après une première impression de laideur, comparé aux beautés noires de son harem, l'attirance de Gaspard envers la femme blanche va le plonger dans les affres d'un amour impossible, provocant une honte de sa propre peau si noire.

Un soir, avec son astrologue, il distingue une comète qui, d'après ce dernier, a la particularité d'avoir des cheveux dorés. La suivre, en direction du Nord, pourrait peut-être le guérir de son chagrin d'amour.

Gaspard m'a tiré un joli sourire lorsqu'il parle de la mer grise et froide du Nord vu que pour lui c'est la Méditerranée ! Sa poursuite de la comète se doublera d'une quête d'acceptation de soi. Pourquoi avoir honte de sa couleur de peau ?



Ensuite, le lecteur retourne dans « il était une fois » mais avec Balthazar, ce roi grand amateur d'art en proie au fanatisme religieux d'un vicaire qui détruira ses biens les plus précieux. Vieillissant, découragé par la vie, il décide aussi de suivre la comète, voyant en elle un heureux présage. En chemin, son cortège se mêlera à celui de Gaspard en prenant au passage Melchior, un prince déchu de son trône usurpé par son oncle. La plus grande richesse réside-t-elle dans les biens matériels ?



Pour le Prince Taor, pure invention de notre auteur, la recherche initiale sera celle de renouveler, pour son palais sucré, les plaisirs d'une gourmandise ramenée d'Occident, le rahat-loukoum à la pistache. La confiserie étant son unique passion terrestre, son périple le mènera en plein paroxysme en le confrontant aux douleurs salées des abords de la mer Morte et fera résonner les paroles de Jésus trouvées dans la Bible. Son sacrifice répondra à celui du crucifié et clôturera la moralité de ces différentes quêtes humaines. Parti de façon plutôt humoristique du péché de gourmandise, ce conte sombrera dans de tragiques épreuves pour notre pauvre Taor.



D'une écriture classique, ravissante et intemporelle surgissent des traversées d'anciens pays aux frontières modifiées depuis ce temps fort lointain. Elles se feront à dos de chameaux et, pour remonter la mer Rouge, sur des barcasses ou des navires chargés de confiseries et d'éléphants.

Bien sûr, rois et princes s'arrêtèrent à Jérusalem, fief du terrible roi Hérode, tyran sanguinaire refusant d'être détrôné par Jésus. Hérode est l'image même de la cupidité et du pouvoir absolu.

Cette interprétation de la légende des Rois mages peut sembler scintiller comme un conte des Mille et Une Nuits mais les richesses se perdent au fil du voyage et c'est l'éveil à de nouvelles considérations, bien loin des frivolités caractérisant au départ nos personnages, qui triomphe ici.

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Eléazar ou La Source et le Buisson

Dernier roman en date de Michel Tournier, ce livre ressemble plutôt à une ébauche, un résumé. Les événements s'enchaînent, captivants mais j'aurais apprécié plus de développements.

Eléazar, pasteur en Irlande, épouse une jeune catholique infirme dont il aura deux enfants: un garçon, Benjamin, et une petite fille Cora dont l'intuition et le regard qu'elle porte sur le monde orientera le destin de la famille. Lors de la grande Famine en Irlande, en 1845, et parce que son âme n'est pas toute blanche, le pasteur embarque sa famille sur un bateau à destination de la Virginie, d'où il part ensuite en direction de sa Terre Promise: la Californie. Sa confiance absolue en Dieu et en les textes de la Bible le conduit à des choix irraisonnés, prenant des risques inconsidérés pour sa famille.

Malgré, parfois, des facilités dans le récit - le protestant froid et la catholique joyeuse, ouverte, la petite fille extralucide, la rencontre avec de bons Indiens - j'ai apprécié ce très court livre, en partie toute la partie du voyage en bateau puis en chariot.

Si Michel Tournier avait écrit ce roman une dizaine d'années plus tôt - il avait déjà 70 ans au moment de sa publication - peut-être l'aurait-il davantage approfondi; ce roman est mineur dans l'auteur du Roi des Aulnes mais il n'en reste pas moins intéressant.
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Le Vol du vampire : Notes de lecture

Pour cocher la case Michel Tournier du Challenge Solidaire 2023, je pensais devoir relire l'un de ses romans ou de ses recueils de nouvelles lus dans les années 1980.

C'est avec surprise que je suis tombée dans une bouquinerie sur Le Vol du vampire, un recueil de notes de lectures, sur les auteurs et / ou les livres qui l'ont particulièrement inspiré.

Si son attrait pour la littérature et la philosophie allemande sont bien connus, Michel Tournier nous parle également des auteurs français anciens ou contemporains qu'il admire et qui ont inspiré son oeuvre.

Dans l'introduction, il explique que toute oeuvre littéraire appartient autant aux lecteurs qu'à l'écrivain. Il me tarde de grimper sur La Montagne magique et d'autres chefs-d'oeuvres que jusqu'ici j'avais négligé de lire. Sans parler de relire quelques romans de Michel Tournier, quarante ans après...

Merci au challenge Solidaire
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Vendredi ou La Vie sauvage

J'ai lu ce roman, dont je connaissais le nom ainsi que l'auteur, grâce à mon fils de 12 ans qui devait le lire pour le collège. J'ai tout d'abord assez apprécié le côté aventureux de ce roman, mais une petite partie, un peu avant la fin m'a déçue, en effet, toute la partie de l'arrivée de Robinson sur l'île est intéressante, sa rencontre avec Vendredi également ainsi que leur relation maître/esclave, mais là ou ça se gâte, c'est lorsque Vendredi entreprend de se divertir avec des jeux assez bizarres.

Dans l'ensemble, je suis malgré tout contente d'avoir lu ce grand classique et j'ai passé un agréable moment sur cette mystérieuse île déserte, qui au final n'est pas si déserte que ça.
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Vendredi ou La Vie sauvage

Michel Tournier a réécrit l’histoire ancienne de Robinson Crusoé. Le roman original de Daniel Defoe a été publié en 1719. C’est une histoire simple et fascinante d’un homme seule sur une île déserte dans la Pacifique. Je ne crois pas qu’il y ait des lecteurs qui ne la connaissaient pas.



Le livre de Michel Tournier suit l’histoire originale mais il ajoute quelques nouveaux éléments, comme un Dimanche... La perspective de l’auteur moderne est surtout le développement psychologique de Robinson et le changement de son caractère pendant ce long temps d’isolation, avant et après l’arrivée de Vendredi. Les interactions entre Robinson et Vendredi sont intéressantes, bien que l’attitude de Robinson reste un peu condescendante…



« Vendredi ou La Vie sauvage » est un petit livre avec un texte facile à lire ; une petite soirée suffirait pour le terminer. J’ai lu l’édition de Folioplus qui est bien soignée et qui contient le texte intégral plus un dossier intéressant pour mettre l’œuvre en perspective.
Lien : http://nebulas-nl.blogspot.n..
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Le médianoche amoureux

En est-il de l'amour et de la pérennité du couple comme des sculptures de Patricio Lagos : vite enlacées un moment dans un creux du sable de la baie du mont St Michel, étreinte éphémère, effacées de la terre par la montée de la marée du temps qui passe à la vitesse d'un cheval au galop. Ce livre regroupe vingt textes dont le premier qui les introduit tous, Les Amants Taciturnes, propose cette image et finalement la perspective d'un dénouement plus heureux.



Les mousserons de la toussaint

Sur la mémoire, le temps qui passe, la nostalgie. Amis d'autrefois, deux personnages à l'opposé l'un de l'autre. Le premier brûle l'instant présent en n'arrivant pas à trouver une véritable satisfaction dans ce qu'il vit au jour le jour. L'autre préserve un statu quo dans un présent qui s'éternise. Étrange alchimie de l'amitié qui permet de frapper à la porte de quelqu'un et le voir vous inviter à déjeuner comme si trente cinq années ne s'étaient jamais écoulées.



Théobald ou le crime parfait

Encore deux personnages, des doubles négatifs et positifs qui se font écho dans le temps sur le thème de l'amour et de la vengeance cette fois-ci. Quelques coups de griffe sur le corps enseignant et sur les élèves, moins incisifs mais plus justes. Le portrait du couple principal semble être tiré d'un dessin de Dubout ou d'une illustration de couverture d'un San Antonio. Enchainements de faits et de circonstances bien peu probables cependant, quoique...



Pyrotechnie ou la commémoration

Un bel exemple de mise en abime car il s'agit là de l'histoire d'un romancier qui s'installe en province pour vivre sans le vouloir la trame du synopsis qu'il est venu développer dans cet endroit (pas si) paisible. Coïncidence ou hasard heureux, un mot que j'aime bien en ce moment : sérendipité. En fin de compte, situation extraordinaire digne d'un conte. Jeu de miroirs qui se reflètent l'un dans l'autre. Saluons l'élégance de Tournier qui, là où un autre aurait développé en 700 ou 800 pages d'insupportables stéréotypes, nous livre une nouvelle des plus savoureuses.



Blandine ou la visite du père

Cette fois dans le couple, c'est l'âge qui fait un très gros problème. Peut-être même à la limite de la légalité. Relation étrange dont personne ne se contenterait de dire qu'elle a lieu en tout bien tout honneur sauf l'auteur qui ne fait pas mine d'ignorer la difficulté de son sujet en faisant cependant référence à Lewis Carroll qui était photographe comme le protagoniste et adorait la compagnie des petites filles. Le personnage central qui raconte l'anecdote semble lui aussi apprécier la compagnie des enfants et peut-être même la recherche-t-il puisqu'il s'est installé non loin d'une école. Une chute à laquelle on ne s'attend pourtant vraiment pas.



Aventures africaines

Le pendant du texte précédent, en symétrie, comme si l'hésitation à traiter de manière plus crue le sujet s'était transformée en désir de provocation. Donc : pédophilie et pédérastie non masquée.



Lucie ou la femme sans ombre 1/2

Un dérapage sur la connerie féminine dans la plus pure provocation machiste m^me si les propos sont mis dans la bouche d'une femme, suivie par quelques belles lignes sur la théorie de la couleur.



Lucie ou la femme sans ombre 2/2

Entre Les risques du métier, la clé sur la porte et Mourir d'aimer, il y avait encore une place pour un sujet comme un écho tout en douceur au livre de Thomas Tryon, Le visage de l'autre.



Écrire debout

Quand ses auditeurs prennent le conférencier au pied de la lettre si on peut dire. A la lecture, je l'ai pris comme une conclusion de la série d'histoires sur des thèmes brûlants (les trois précédentes).



L'auto fantôme.

sur le thème du miroir quand il n'y a pas de limite à l'étourderie.



La pitié dangereuse

Encore sur le thème du miroir avec connotation médicale.



Le mendiant des étoiles

Des réflexions sur la mendicité et le relation pauvre/riche dans l'acte du don au travers de l'histoire de deux amis en voyage en Inde pendant la période de Noël.



Un bébé sur la paille

Quelques élucubrations pseudo médicales et totalement fantaisistes sur l'idée d'empreinte natale. On est à la limite du merveilleux scientifique. Un glissement un peu douteux de l’éthologie des oies sauvages vers le genre humain avec mise en scène d'un président de la république prénommé François. Introduit quelques contes sur les enfants et la progéniture.



Le roi mage Faust

Que vaut toute la connaissance du monde quand on perd son enfant ? Par extension, que vaut le savoir que l'on a pu accumuler quand on perd la seule personne à laquelle on tient vraiment ? Très intéressant quand à la discussion que l'on peut avoir sur la douleur qui nous fait perdre le jugement et nous précipite dans les bras de la religion.



Angus

Une histoire qui se déroule dans les hautes terres Écosse en plein moyen âge. On y trouve avec abondance crime d'une extrême violence, vengeance mijotée avec une patience infinie, jugement de dieu et coïncidence heureuse, adolescent inconscient, rite de passage et clin d’œil à Victor Hugo]. Excellente.



Pierrot ou les secrets de la nuit

Sur le thème des couleurs, ce conte met en scène un Pierrot boulanger, une Colombine blanchisseuse, un Arlequin peintre en bâtiment. Tous ces personnages qui glandent d'habitude sur les dessins de carte postale, sont mis à l'ouvrage et triment comme des fous. La colombine finit par s'offrir quelques vacances avec un Arlequin de passage. Mais quand la bise vient gâcher la balade, elle rentre au village se mettre au chaud. Bon, on s'attendrait presque à la tirade de Raimu accueillant la Pomponette dans La Femme du Boulanger mais le Pierrot à le cœur tendre, moelleux et chaud comme une brioche du matin à peine sortie du four alors tout finit bien.



La légende de la musique et de la danse

La genèse revue et corrigée sous l'angle de la musique.



La légende des parfums

Exercice de style sur la précédente histoire en utilisant les parfums à la place de la musique.



La légende de la peinture.

Autour de l'idée de création et de communication, contenu et contenant (quelque part), un coup d'essai sur l'invention, la production et la reproduction de l’œuvre. L'idée d'un codage universel qui traduirait n'importe quel texte signe une histoire qui précède de très loin l'avènement des traductions de Google dont on sait qu'elles font plus dans la fantaisie de l'absurde que la poésie. Le collage de l'histoire des deux amis sur le mode contemporain avec l'histoire des deux peintres dans un cadre digne des mille et unes nuits fonctionne moyennement bien. La démarche conceptuelle qui conclue le concours entre les deux artistes me ferait plutôt penser à une pauvre fumisterie tout juste digne d'un coup de fatigue d'un étudiant en première année des beaux-arts.



Les deux banquets ou la commémoration

Comme un écho du précédent, encore un concours entre deux artistes ... ou deux artisans ? Puisque le thème se situe au niveau de l'art culinaire. Un art utile finalement. A quoi peut bien servir la peinture ? Si l'on songe à l'Arlequin des Secrets de la nuit ou encore au grec fumiste de La légende de la peinture qui ne se donne même pas la peine de toucher un pinceau, les peintres n'ont pas toujours un joli rôle dans les histoires de Tournier. Ceci mis à part, l'opposition entre invention et reproduction reste le thème principal mais ici elle est bien mieux développée. Il faut lire le conte pour tirer la substantifique moelle de ce jugement de Salomon auquel on ne peut que souscrire.



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Vendredi ou les limbes du Pacifique

Je suis entré dans le monde de M Tournier par son Vendredi... Et depuis, je n'en suis pas sorti. Les grands mythes revisités; et particulièrement celui de Robinson Crusoé, dont Tournier disait avoir voulu compléter l'aspect sexualité, en y incluant des apports récents de la psychanalyse...c'est vrai, Daniel Defoe, dans on Robinson imagine le naufragé reconstituant un semblant d'ordre social afin de ne pas sombrer dans la folie...

Mais si les théories de Freud sont un tant soi peu exactes, quid de l'aspect sexuel de cette solitude imposée ?

Quant au style : remarquable. Une prose pareille se déguste, par petite dose, au quotidien afin d'en profiter le plus longtemps possible.



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Les contes du médianoche

« Bonjour les Babélionautes ! Aujourd'hui, nostalgie, avec un recueil de Michel Tournier, Les contes du médianoche.



-Michel Tournier… c'est pas un Académicien, lui ?



-Si fait, mais côté Goncourt. Et « c'était », le monsieur a rejoint les dieux en 2016. Pourquoi ?



-Rien, rien, rien du tout. Arrête de me regarder comme ça ! Je te dis qu'il n'y a rien.



-Tu ne vas pas saboter cette critique, quand même ?



-Je jure que je ne dirai rien de plus que d'habitude.



-Moué. Or donc… attends un peu, je connais ce regard : tu vas utiliser cette critique pour dénigrer nos institutions littéraires !



-Non. Pas du tout. *auréole au-dessus de la tête*



-Attention, hein ! Je ne te laisserai pas faire ! On reste polie avec les grands !



-Il mesurait combien ?



-Un peu de respect, péronnelle ! Et promets-moi de ne pas traiter les Académiciens de quoi que ce soit !



-Même pas de ramassis, comme dans Astérix* ?



-Même pas de ramassis, comme dans Astérix !



-D'accord. Je vais pourrir ta critique sans insulter qui que ce soit, je le jure.



-Bon, ça va, ça va ! Hum. Or donc, impossible de vous faire un résumé, puisque ce livre constitue un recueil de contes, aux thématiques et décors variés. Si vous êtes familier du Coq de Bruyère et des deux Vendredi, vous reconnaîtrez sans peine les jeux préférés de l'écrivain : ses réécritures de mythes, son interprétation de la fête de Noël…



-Ses nains pervers…



-Quoi ?



-Ben oui. le nain tueur existe aussi dans le Coq de bruyère. C'est quoi son problème avec les personnes de petite taille ? Tyrion est l'un des meilleurs persos de Game of Thrones ! Discrimination, moi je dis !



-Mais non, c'est juste un motif… qui… euuuh… revient… comme… euuuh… les réécritures de la Bible… bon, bref, plusieurs de ces contes sont tout à fait charmants…



-Et d'autres sexistes…



-Hein ? Où ça, du sexisme ?



-Dans le conte du Président. Une petite chatte met bas et son maître laisse entendre qu'elle avait une vie sexuelle bien remplie, cette dévergondée. Sexisme ! Surtout quand tu sais comment ça se passe, l'accouplement chez les chats : ça n'a rien d'une partie de plaisir pour la femelle !



-Ce conte prône cependant la liberté d'accoucher pour les femmes dans les conditions qu'elles choisissent. En ces temps où l'on dénonce la maltraitance gynécologique, un tel discours rafraîchit !



-Oui ! Dans le but de fabriquer des citoyens sains et inspirés pour renforcer la nation. Ce discours met sur le même plan accouchement humain et accouchement animal, comme si nous étions comparables aux vaches et aux chattes. Charmant, en effet.



-Oui, bon… et il y a le conte sur les échecs !



-Ah il m'a déçue, celui-là. J'attendais autre chose qu'une conclusion purement mathématique.



-Les objets-vampires ?



-Décevant ! de quoi se nourrissent-ils ?



-La légende des parfums…



-Placement de produit !



-La légende des pains…



-Trop… ah, oui. Celui-là, il était bien. Drôle, amusant, appétissant.



-Le chevalier au Moyen Age, quelle ambiance !



-Ca va pas, non ? le début de l'histoire est incompréhensible sans un peu de bagage historico-littéraire. Quant à la suite, quel môme va la lire sans se sentir traumatisé ? Et quelle victime ? Et quel prof va lire cette histoire à ses élèves ? Comment tu en parles, quand tu es parent ? Tu lis le bouquin, tu as huit ou dix ans, et tu apprends le mot « viol », que ça peut te mettre un enfant dans le ventre et te tuer dans d'affreuses souffrances. Tu imagines lire cette histoire aux enfants le soir ?



-Non, mais les contes traditionnels ne sont pas exempts de violence sexuelle, regarde Peau d'Ane.



-La menace ne se concrétise pas dans Peau d'Ane, elle prend la fuite avant. Et personne ne se souvient de la version originale de la Belle au bois dormant.



-Moui, bon, peut-être que ces contes ne sont pas destinés à la jeunesse ? regardons l'édition… Folio Junior. Ah quand même. Voyons le bon côté des choses : on ne s'est pas ennuyées.



-J'avais pas le temps, je râlais trop. Tu faisais quoi, toi, d'ailleurs ?



-Moi, j'admirais. Ca n'a donc pas changé depuis le coq de bruyère. Michel Tournier nous produisait déjà cet effet : d'un côté j'admire ses textes élégants et sobres. Il possède une patte bien à lui qui rend ses textes plaisants à lire…



-Et d'un autre côté, je m'agace de ce que je lis, tout en me demandant où l'auteur veut en venir. »



*In Les douze travaux d'Astérix.
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Vendredi ou les limbes du Pacifique

Quand la philosophie s'invite dans la fiction qu'une parfaite maîtrise de la langue sublime magistralement, force est de reconnaître le chef d'oeuvre littéraire. Pour moi ce roman est et restera une référence. L'histoire de ce Robinson nous fait prendre du recul sur la façon dont nous occupons nos vies, sur nos préjugés à propos des autres et de la nature, sur le sens réel du mot "liberté" et tant d'autres choses encore... Un livre magnifique!
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Le Coq de bruyère

Le Coq de bruyère est un recueil de nouvelles, particulièrement bien adapté pour ceux qui, comme moi, souffrent de narcoleptie vespérale intermittente. On y trouve en effet des nouvelles ne faisant pas plus de deux ou trois pages, au milieu d'autres plus charpentées. Chacun de ces nouvelles est porteuse d'un message, d'une morale, que l'auteur nous laisse le soin de déduire. Chacun est développée avec sensibilité, subtilité et humour, souvent par les yeux d'enfants -ainsi ceux de Tupik, du petit Poucet et d'Amandine-, mais aussi parfois avec la cruelle lucidité d'un regard adulte sur la vie et ses choses : ainsi l'histoire de Tupik est horrible, et oblige à se questionner sur l'éducation donnée à nos enfants, en rapport avec l'identité sexuelle . La réécriture de mythes bibliques ou de contes, prétexte à de nouvelles histoires en fait sans rapport, nous porte sur des chemins complètement nouveaux. Bref, j'ai beaucoup aimé ces nouvelles. Un écrivain philosophe de qualité, qui nous a quittés au début de cette année 2016.
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Le Vol du vampire : Notes de lecture

Chaque livre est un vampire qui se nourrit de ses lecteurs. « Si je savais ne pouvoir être publié, je n’écrirais rien. […] Oui, la vocation naturelle, irrépressible, du livre est centrifuge. Il est fait pour être publié, diffusé, lancé, acheté, lu. La fameuse tour d’ivoire de l’écrivain est en vérité une tour de lancement. On en revient toujours au lecteur, comme à l’indispensable collaborateur de l’écrivain. […] Un livre écrit, mais non lu, n’existe pas pleinement. » (p. 12) L’idée n’est pas nouvelle : la part du lecteur dans le processus de création littéraire de la fiction est essentielle. Michel Tournier est auteur, mais avant tout lecteur et il raconte comment il a été vampirisé par ses lectures. Ainsi, l’influence est double, réciproque : le texte nourrit son lecteur qui à son tour l’emplit de sa compréhension et de ses réflexions. « Nous disons donc qu’un livre a d’autant plus de valeur littéraire que les noces qu’il célèbre avec son lecteur sont plus heureuses et plus fécondes. » (p. 19) Avec Michel Tournier, tout paraît si évident. Sa thèse est brillante, très bien écrite et parfaitement logique, tout en étant accessible et encourageante. Nul doute que, comme moi, vous aurez envie de fourrer votre nez dans tous les livres que l’auteur évoque au fil des pages.



Il est question de mythes littéraires, de contes, de textes classiques et de pépites oubliées. On y trouve des réflexions sur la création, le génie, le travail de l’artiste. « Par le poème ou le roman, l’écrivain impose à l’adoration des foules ce qu’il y a dans sa vie de plus ardent, de plus intime, et peut-être de moins avouable. » (p. 169) Chaque chapitre peut se lire indépendamment des autres, mais s’enchaîne cependant parfaitement avec le précédent et annonce le suivant. Michel Tournier honore ses maîtres, dévoile des trésors et titille la curiosité.



Je ne peux pas citer tous les livres que Michel Tournier évoque, mais juste un mot : il parle tellement bien de Madame Bovary ! Flaubert, Stendhal, Zola, Vallès, tous ces grands qui l’ont et m’ont fait grandir, Tournier les évoque avec passion et érudition. « Je juge ces œuvres géniales en raison de l’effet d’élargissement, d’approfondissement, d’enrichissement, de libération que cette lecture exerce sur ma vision actuelle du monde. » (p. 27) Et Tournier lui-même est au nombre de ces immenses auteurs qui m’aident à vivre et à penser au quotidien. Et je ne cesse de lui être reconnaissante puisqu’il m’a donné envie de relire André Gide que je trouve poussiéreux et Jean-Paul Sartre qui m’ennuie si vite, d’ouvrir La montagne magique qui attend depuis trop longtemps ou de découvrir Jacques Lartigue, inconnu à mon bataillon. « Voir beau n’est d’ailleurs pas de tout repos, ni de tout bonheur. La beauté qui vous saute au visage et au cœur à chaque coin de rue vous blesse de façon inguérissable. » (p. 228) J’espère donc ne jamais guérir et rencontrer les textes cités par Michel Tournier. Que je sois vampirisée encore longtemps !

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La Goutte d'or

Dès les premières lignes, on pense à "Désert" de le Clézio. Le style est fluide, simple, avec ce petit rien d'enfantin qui fait la trame des contes. Et puis, cela bascule... On est soudainement plongé dans "Elise et la vraie vie". L'image se métamorphose, devient pesante, acier. Une industrie d'images et de rêves fabriqués à la chaine (comment ne pas évoquer les reproductions de Warhol ?). Mais n'ayez crainte, Michel Tournier est un magicien. Et c'est en poète et en conteur qu'il nous sauve une nouvelle fois de l'écoeurement.
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Gilles & Jeanne

Nous sommes à Chinon. Le 25 février 1429. Une jeune fille, Jeanne, de Domrémy, est venue chercher Charles, le Dauphin, pour bouter les Anglais hors de du pays. Les débuts militaires de Jeanne sont autant de succès : aidée de Gilles de Rais, son compagnon d’armes, elle libère Orléans. Elle écrase l’ennemi à Patay. Plusieurs villes se rallient au Dauphin. Le 17 juillet 1429, il est sacré roi de France (Charles VII) en la cathédrale Notre-Dame-de-Reims.



Gilles et Jeanne sont alors inséparables. Inséparables jusqu’à ce que Jeanne soit blessée devant Paris. Vient Compiègne… Jeanne est capturée. Elle mourra sur le bûcher, à Rouen, le 30 mai 1431…Après avoir crié trois fois Jésus, en présence de Gilles de Rais.

Il se retirera sur ses terres, et quand il réapparaît trois ans plus tard, il est méconnaissable. Il va découvrir le mal absolu et construire sa légende, celle de Barbe Bleue, celle de l'Ogre de Tiffauges, voleur, violeur et assassin d'enfants…



Il sera arrêté après avoir tenté d'étrangler un prêtre et devra répondre « de la triple inculpation de sorcellerie, sodomie et assassinat ». Condamné, le Seigneur de Tiffauges périra dans les flammes, et tel Jeanne criant trois fois Jésus, il criera trois fois Jeanne au moment où les flammes l’atteindront.





En décrivant les destins croisés de ces deux personnages mythiques, Michel Tournier fait cohabiter la sainteté et la monstruosité. On se pose évidemment la question, maintes fois répétée : comment Jeanne, la sainte, a-t-elle pu s’accoquiner avec un monstre tel que Gilles de Rais.

Il faut tout l’art de Michel Tournier pour nous apporter une réponse, certes très teintée Tournier, dans l’inversion maléfique qui lui est chère, mais c’est ce Tournier là, original, iconoclaste et parfois un peu déviant qui me touche.

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Vendredi ou La Vie sauvage

Un roman agréable a lire a tout age, que ferions nous sur une île déserte? (a part bien sur emporter les six livres mis en évidence sur se site ;) ) bin surement comme Robinson, mais on galèrerait surement plus que lui.

Tournier sais sur se livre, malgré un huis clôt encore plus intime que celui de Sartre, nous maintenir en haleine tout au long. A lire a tout age.
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Gaspard, Melchior et Balthazar

La légende des Rois mages, qui ne la connait pas ? Michel Tournier s'en saisi et en fait un joli conte.

Il décrit tout d'abord la vie et le départ de nos 3 protagonistes. Ensuite, le voyage et la rencontre.

Et s'il y en avait eu un 4e? Pourquoi pas...

L'écriture de Michel Tournier est toujours aussi poétique et même si ce livre n'est qu'une fable embellie et qu'on apprend rien de neuf, cela reste agréable à lire.
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Vendredi ou les limbes du Pacifique

Je n'ai pas lu le Robinson de Defoe mais je devine que Tournier à voulu en donner une version plus philosophique dans laquelle le naufragé se retrouve, non seulement aux prises avec la nature, mais également et surtout avec lui-même.



Robinson cherche d'abord à s'approprier l'île en la maîtrisant par la mise en place d'une dose massive de rationalité.

En homme civilisé, il est sûr que pour continuer à se sentir en vie, il doit agencer, construire, cultiver, coloniser; qu'il doit ordonner ses journées, installer des rituels.

Insidieusement, pourtant, naît en lui la sensation de l'inutilité de son oeuvre face à sa solitude, et l'irrésistible attirance vers une autre forme de survie.

L'envie d'arrêter le temps, qui signifie aussi vivre intensément de l'intérieur, s'impose de plus en plus souvent à ses sens.

Dans ces moments-là, il "devient" son île.

Il vibre en elle, allant jusqu'à la féconder.

Mais il sent bien le danger de mort qu'il y aurait à se laisser fondre ainsi, alors, il s'accroche à son oeuvre.

Vendredi tombe à point nommé pour le replonger dans son délire de civilisation en lui donnant l'occasion d'exercer son pouvoir sur quelqu'un.

Dans un premier temps, il en fait son esclave mais le bonhomme l'intrigue et, de l'agacement, il passe à l'observation.

Car, bien sûr, vendredi n'est attaché à rien de matériel.

Il pressent alors son erreur qui se verra confirmée par l'explosion accidentelle de son domaine et l'obligation de se conformer aux principes de survie indigènes.



Une merveilleuse réflexion sur la nature humaine servie par une belle plume. Michel Tournier passe allègrement du discours philosophique à la description sensuelle et poétique d'une nature sauvage.

Je n'ai mis que quatre étoiles car, dans son log-book, Robinson a parfois des raisonnements que j'ai du mal à suivre...

Cela n'enlève rien au plaisir que j'ai eu de cette lecture.
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Vendredi ou La Vie sauvage

je n'ai jamais compris pourquoi Tournier avait édulcoré Vendredi ou les Limbes du Pacifique, afin de le mettre aux mains de jeunes lecteurs...ne valait-il pas mieux attendre, gentiment, qu'ils mûrissent?
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Vendredi ou les limbes du Pacifique

Le temps, la civilisation, le rapport à autrui, voilà les thèmes abordés par ce grand classique de la littérature française du XXème siècle.

Un roman écrit comme une réflexion philosophique, sur l'homme, sur la solitude, sur autrui. Mais aussi, il pousse à réfléchir sur l'existence, sur le but et le sens de celle-ci.



Reprenant le thème du roman de Defoe (Robinson Crusoe), Michel Tournier nous conte l'évolution de cet homme seul sur une île déserte. De la désolation à l'espoir, de la solitude à la vie à deux, de la construction ordonnée à l'élementaire le lecteur évolue au rythme des différents passages.



Comme souvent avec Tournier, tout est dans le symbole, et dès les premières pages, il annonce de façon codée ce qu'il va advenir. Le capitaine du bateau, à travers des cartes tirées, raconte à Robinson sa vie future. Mais on n'y prend garde et la succession des événements et des états nous entraîne dans cette vie de solitude. Car Robinson n'est pas sur surhomme et il doit faire face à la satisfaction des besoins, qu'ils soient primaires (se nourrir, se protéger), sexuels ou sociaux (organiser, édicter des lois, des cérémoniaux, mesurer le temps ...) et une relation se noue entre l'île et son hôte. L'île devient le personnage central.



Puis vient la rencontre avec l'Autre ! Tout l'édifice soigneusement élaboré par Robinson pour ne pas sombrer dans la folie va s'effondrer. Et si Vendredi était porteur d'une nouvelle vision de l'existence ?



Très bien écrit, avec une richesse de vocabulaire étonnante de précision et de diversité, ce roman est essentiel.




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Gilles & Jeanne

Un petit livre qui se lit vite, plutôt avec plaisir, mais qui m'a laissée sur ma faim...



Gilles rencontre Jeanne d'Arc à la cour du roi. Il la suit dans ses batailles pour bouter les Anglais hors de France, et développe pour elle un attachement quasi-religieux. Quand elle est capturée, il ne parvient pas à la sauver du bûcher et perd sa raison de vivre. Après 3 ans de réclusion, il commence à faire le mal autour de lui. Son confesseur s'inquiète et part en Italie chercher un remède. Il en revient avec un jeune mystique un peu alchimiste, qui encourage les mauvais penchants de Gilles. Dès lors, Gille vole, tue et viole jusqu'à sa mort.



Voilà tout ce dont je me souviens, guère plus que de mes cours d'hisoire donc, alors que j'ai lu ce livre il y a 1 mois.

En fait, le livre présente juste des faits, certains d'ailleurs simplement évoqués ou suggérés, sans donner d'épaisseur à ses personnages ni nous donner les clés pour comprendre. Alors que le thème de Gilles de Rai, second de Jeanne d'Arc avant de devenir un monstrueux assassin d'enfants semblait prometteur.

En un mot, petite déception, car la lecture était agréable mais j'espérais plus.
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Le Roi des Aulnes

Roman mythologique, destin marqué du sceau symbolique de la phorie, le récit sinistre de la vie d'Abel Tiffauges emmène le lecteur dans un monde qui croule sous des symboles qui finalement le dévorent, les oriflammes nazis tombent, le géant Tiffauges s'enfonce dans la tourbière pour y rejoindre le Roi des Aulnes, son double inversé.



L'intérêt du roman est là, dans l'inversion des symboles, inversion maligne ou bénigne qui fait de l'histoire un marécage dans lequel les hommes tantôt s'enfoncent en croyant s'élever, comme ce monstre qu'est devenu le peuple allemand embrigadé pour une illusoire gloire, tantôt avancent en inversant la pesanteur, portés par ce qu'ils portent en eux, leur enfance, poids énorme qui est pourtant le seul qui permet, une fois les lunettes de l'adulte mises de côté, de voir le ciel.



Ce roman décline, il va constamment vers le bas, comme la défécation de Nestor et du cheval Barbe-Bleu, l'Ange Anal, et le cadavre allongé du Roi des Aulnes que devient Tiffauges à la fin, fécondent la terre. Ce roman grandit à l'envers. La tendresse de l'ogre s'inverse, elle devient signe de mort, ou c'est le contraire, c'est la mort qui devient signe de tendresse, la mort de Nestor dans la chaufferie du collège Saint-Christophe, au point le plus bas du bâtiment, portant le destin de Tiffauges. La mort des trois pigeons du Rhin et leur écho, celle des trois enfants devenus emblèmes, taches rouges dans la neige, découlent de l'immense amour d'Abel Tiffauges pour eux, comme si tout ce qui passait dans les mains de ce monstre de tendresse se trouvait maudit malgré lui, tout le bien qui émane de lui se transformant en mal, au point qu'il accomplit sans le savoir les rites les plus abjects des camps de concentration, la tonte des cheveux d'enfants dans lesquels il se vautre, heureux, innocent mais portant malheur, comme il portera le petit Ephraïm sur ses épaules pour le sauver tout en ne voyant pas qu'il le tue. Mais il faut sans doute encore procéder à une inversion bénigne pour constater que celui dont on a craint durant toute la lecture du roman qu'il ne devienne l'ogre qu'il croit être, s'il porte malheur, au sens littéral du terme, n'est pas un être mauvais mais un bon bougre porté par un monde qui s'effondre et qu'il ne parvient pas à sauver, même s'il porte le ciel sur ses épaules alors que, comme Atlas, c'est la terre qu'il devrait porter.

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