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EAN : 9782070404681
124 pages
Gallimard (02/04/1998)
3.44/5   76 notes
Résumé :
En 1845, le pasteur Eléazar quitte son Irlande natale avec sa femme et ses deux enfants pour émigrer en Amérique, comme des milliers de ses compatriotes chassés par la grande famine. Débarquant en Virginie, il entreprend la traversée du continent pour gagner cette Californie qui se confond pour beaucoup avec la Terre promise. Parvenu dans le désert du Colorado, il lui semble qu'un voile se déchire devant ses yeux et qu'il lit pour la première fois la Bible. En Irlan... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (17) Voir plus Ajouter une critique
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Un livre signé Michel Tournier, c'est toujours une promesse de qualité, de découverte. Ici l'auteur s'attaque à la transposition de l'histoire biblique de Moïse.
Eléazar est un pasteur protestant dont la vie est rythmée et guidée par la lecture de la bible. Il trouve toujours des solutions en ouvrant sa bible au hasard et en interprétant un texte.
Marié à une épouse catholique, il va décider, avec leurs deux enfants et lors de la famine et des épidémies de 1845 en Irlande d'émigrer vers l'Amérique. Après une traversée difficile il dirigera « son peuple » vers la Californie (L'équivalent pour lui du Canaan de la bible)
Michel Tournier égrène tous les ingrédients et les symboles de la bible et de l'histoire de Moïse pour écrire son récit
Mais dans ce court roman., on a l'impression de lire le résumé d'une oeuvre qui aurait pu être bien plus conséquente. En approfondissant chacune des étapes de la vie d'Eléazar, on pourrait alimenter une véritable saga ou histoire de ces pays, de cette immigration et de la recherche de la terre promise.
Ce n'est pas le choix qu'a fait l'auteur, mais il n'en est pas moins vrai que ce roman est agréable à lire. On y retrouve de nombreux sujets qui restent actuels comme le fanatisme religieux, l'interprétation des textes sacrés, le destin de l'homme, etc.
C'est un joli Tournier, qui n'est pas forcément à la hauteur des autres titres, mais dont il ne faut pas se priver.
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Dernier roman en date de Michel Tournier, ce livre ressemble plutôt à une ébauche, un résumé. Les événements s'enchaînent, captivants mais j'aurais apprécié plus de développements.
Eléazar, pasteur en Irlande, épouse une jeune catholique infirme dont il aura deux enfants: un garçon, Benjamin, et une petite fille Cora dont l'intuition et le regard qu'elle porte sur le monde orientera le destin de la famille. Lors de la grande Famine en Irlande, en 1845, et parce que son âme n'est pas toute blanche, le pasteur embarque sa famille sur un bateau à destination de la Virginie, d'où il part ensuite en direction de sa Terre Promise: la Californie. Sa confiance absolue en Dieu et en les textes de la Bible le conduit à des choix irraisonnés, prenant des risques inconsidérés pour sa famille.
Malgré, parfois, des facilités dans le récit - le protestant froid et la catholique joyeuse, ouverte, la petite fille extralucide, la rencontre avec de bons Indiens - j'ai apprécié ce très court livre, en partie toute la partie du voyage en bateau puis en chariot.
Si Michel Tournier avait écrit ce roman une dizaine d'années plus tôt - il avait déjà 70 ans au moment de sa publication - peut-être l'aurait-il davantage approfondi; ce roman est mineur dans l'auteur du Roi des Aulnes mais il n'en reste pas moins intéressant.
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Éléazar, pâtre en sa jeunesse, est devenu pasteur d'hommes. « Plus tard, quand il réfléchirait aux sources de sa vocation religieuse, c'est à ce souvenir précis qu'il songerait, à ces nuits lumineuses où il rapportait à la maison dans ses bras un agneau trop faible pour marcher. » (p. 12) Mais sur les terres de la verte Irlande, il n'est pas toujours bien vu d'être protestant et Éléazar se craint condamné à la solitude jusqu'à sa rencontre avec la belle Esther, boiteuse, catholique et joueuse émérite de harpe. Tourmenté par un crime et acculé par la famine, Éléazar se résout à quitter sa terre natale pour l'Amérique. Après quarante jours d'une éprouvante traversée maritime, la famille O'Baird s'engage dans un fabuleux périple vers l'Ouest, vers la Californie. Mais à l'instar de Moïse qui, après avoir mené son peuple à travers le désert, n'a jamais pu fouler les riches terres de Canaan, Éléazar sent qu'il n'atteindra pas la fin du voyage.

Ce très court roman est une superbe réécriture de l'histoire de Moïse, homme tiraillé entre deux familles, celle de la foi et celle qui l'a adopté, prophète infatigable et exemplaire que Yahvé choisit de rappeler à lui avant qu'il foule la terre promise. Michel Tournier propose une magnifique image du désert, à la fois terre stérile et expression de l'incommensurable puissance de Dieu. « le désert nous montre la face de Dieu faite paysage, et la tête du serpent est son symbole animal. » (p. 91) En opposant sans cesse le Buisson ardent et la Source d'eau vive – vie spirituelle d'une part, vie profane d'autre part –, le texte exalte une foi chevillée au quotidien et des hommes qui tendent sans cesse vers le sublime et la face glorieuse de Yahvé, mais qui ne peuvent se passer d'une subsistance concrète, ni se délivrer de considérations matérielles. Ce déchirement continuel est une autre sorte d'Enfer, la damnation tragique des hommes qui sont tous des anges déchus.

Je l'ai déjà constaté et vivement apprécié : Michel Tournier fait toujours preuve d'un grand talent quand il s'agit de réécrire des mythes religieux ou littéraires. Je ne peux que vous conseiller Vendredi ou les limbes du Pacifique, le roi des Aulnes ou encore Gilles et Jeanne. L'auteur ne se contente pas de réécrire, il réinvente également les sujets dont il s'empare, leur offrant un nouveau souffle pour traverser les siècles.
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Cette lecture est une belle rencontre. Un vrai coup de coeur. le texte tient à la fois du roman et du conte philosophique, ponctué régulièrement de citations tirées des Ecritures.
L'écriture est belle. J'ai beaucoup apprécié ce voyage dans l'espace entre Irlande et Californie, mais surtout le cheminement intérieur du pasteur Eléazar.
Une lecture que je conseille, si le lecteur n'est pas rebuté par la religion qui est le moteur de cette histoire.
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Michel Tournier n'a pas son pareil pour « revisiter » les grands mythes : Robinson Crusoé dans « Vendredi… », les Rois Mages dans « Gaspard… », Barbe Bleue dans « Gilles et Jeanne »… Ici Moïse.
Eléazar est un petit roman superposable en tout point sur l'épopée de Moïse partant d'Egypte pour emmener son peuple au pays de Canaan. de l'acte initial constitué par un meurtre : celui de "l'agent du propriétaire" qui frappait un adolescent pour Eléazar, celui d'un égyptien qui frappait un hébreu pour Moïse… Jusqu'à la « non arrivée » en terre de Canaan pour l'un et en Californie pour l'autre. Un voyage qui verra l'un traverser la Mer Rouge, l'autre l'Atlantique...

Un mélange de spiritualité et de poésie dans le cadre de la conquête de l'Ouest… Qui d'autre que Michel Tournier pouvait relever un défi pareil ?

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Citations et extraits (35) Voir plus Ajouter une citation
La pauvreté de la population catholique, dans laquelle il baignait depuis son enfance, lui était devenue plus proche par son mariage avec Esther. Il sentait - comme tous les Anglicans - la haine muette qui montait de ce prolétariat rural vers l'oppresseur anglais. La modeste sécurité dont il jouissait, grâce à la pension qu'il recevait du gouvernement, le coupait du petit peuple révolté par l'obligation de payer la "dîme". Les curés catholiques - issus presque tous des milieux les plus pauvres - ne vivaient que des dons volontaires des fidèles. Ils connaissaient la valeur de cette indépendance matérielle vis-à-vis d'un pouvoir exécré par le peuple, et demeuraient opposés - quoi qu'il leur en coûtât - à toute aide officielle.
Eléazar avait parfois un élan de solidarité et de tendresse vers ces frères séparés, et il rêvait alors à une conversion au catholicisme.
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Le serpent peut être de deux sortes. Il est venimeux ou constricteur. S'il est venimeux, il tue d'un baiser. S'il est constricteur, il tue d'une étreinte. Le premier n'est qu'une bouche, le second n'est qu'un bras. Mais c'est toujours par un geste d'amour qu'il tue.
- Voilà le signe d'une bien profonde perversion, murmure Eléazar.
- L'inversion maligne est sa vocation, reprit l'Indien. À l'origine, il brillait au ciel, comme la plus parfaite des créatures du Grand Esprit. Il rayonnait comme le prince des enfants de Dieu.
- C'était le plus beau des anges, le Lucifer, le Porte-Lumière, approuva le pasteur.
- Son orgueil l'a perdu. Il s'est cru l'égal du Grand Esprit. Les soldats de Dieu se sont rués sur lui. Ils lui ont arraché ses ailes, ses bras, ses jambes, son sexe. Ils en ont fait une colonne de cuir terminée par un masque, le serpent. Ils l'ont jeté à terre.
- C'était l'ange-tronc. Car il est tombé dans les branches d'un arbre, un pommier, et là, Porte-Lumière a enseigné sa sagesse ténébreuse au premier couple humain, Adam et Eve, poursuivit Eléazar.
- Oui, mais il y a sa tête, reprit l'Indien, parfaite, fascinante, par-delà toute beauté et toute laideur. C'est comme le désert que tu as découvert ici et qui se situe par-delà toute beauté et toute laideur dans sa perfection. Le désert nous montre la face de Dieu faite paysage, et la tête du serpent est son symbole animal.
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Le chasseur indien doit s'approcher du troupeau de bisons et même se mêler à eux. Il doit s'habiller en conséquence et modifier jusqu'à son odeur. Il doit adopter la démarche et les gestes appris dans sa jeunesse auprès du maître de chasse. En vérité l'indien est le frère du bison. Il fait partie de la même famille que le loup, l'aigle et le castor. Le bison donne à l'Indien sa chair pour le nourrie, sa peau pour le couvrir, ses os et ses cornes pour fabriquer des outils et des armes. L'Indien aime et respecte le bison par gratitude et piété filiale. Il l'accompagne dans toutes ses migrations, et c'est pourquoi nous sommes ici aujourd'hui.
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L'enfant pasteur voyait déferler, venant de l'ouest océan, une immense vague de brume douce et argentée. Il savait que l'après-midi serait sombre et que personne ne troublerait sa solitude. Il n'avait pas peur, mais il se sentait glisser dans un abîme de mélancolie. Une durée indéterminée s'écoula. Puis la cloche lointaine du village d'Athenry égrena une musique argentine et endeuillée, déchiquetée par la brise marine.
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Dans les plaines de l’au-delà, les âmes des morts ne grouillent pas à l’infini, comme on pourrait le croire. Non. Leur nombre est certes grand, mais limité cependant, et le cortège des nouveaux morts qui affluent sans cesse vient compenser un effacement progressif d’âmes défuntes qui se dissipent dans le néant. Car les défunts ne persistent dans l’au-delà qu’aussi longtemps qu’il y a sur terre des vivants qui pensent à eux. Les morts se nourrissent du souvenir que leur adressent les vivants, et ils s’évanouissent à jamais dès que le dernier vivant leur a consacré sa dernière pensée. Les âmes rayonnent aux enfers d’une vie qui n’est que le reflet des pensées des vivants. Tel grand homme se met soudain à flamboyer, sa voix éclate comme une trompette de cuivre ou une cloche d’airain. C’est que, sur la terre, une foule recueillie célèbre sa mémoire. Ou c’est plus modestement une femme, une ombre de vieille femme qui se colore d’un timide reflet de couleur : à cet instant un enfant a jeté une fleur sur sa tombe.
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Vidéo de Michel Tournier
Enseignante à l'Institut Universitaire Tous Âge d'Amiens, Micheline Foré avait invité Michel Tournier à présenter une conférence dans ce lieu. En raison de problèmes de santé, celui-ci lui proposa plutôt une rencontre chez lui au Presbytère de Choisel. S'en suivirent des échanges amicaux entre l'écrivain et l'enseignante. Leur rencontre eut lieu en mai 2008 en compagnie de sa fille Blandine et de deux amis, Françoise et Jean-Claude Leleux qui filma l?entretien. La librairie du Labyrinthe les remercie tous de lui avoir confié ces images afin de les monter et de les diffuser pour le plaisir de tous.
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