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Critiques de Michel Tournier (648)
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Gilles & Jeanne

Chinon - 25 février 1429. Jeanne, de Domrémy, est venue rencontrer Charles, le Dauphin, et veut le convaincre de lutter pour vaincre les Anglais qui contrôlent une grande partie du pays. C’est là qu’elle rencontre Gilles de Rais, un simple seigneur de province, qui ne traine pas encore sa réputation sulfureuse. Après avoir prouvé sa foi et sa pureté, Jeanne prend les armes et ses débuts militaires sont tous des succès : Orléans, Patay, … plusieurs villes se rallient au Dauphin qui est sacré roi le 17 juillet 1429 à Reims.

Jeanne sait qu’il ne lui reste qu’un an à vivre et veut aller vite : à Paris elle s’entête et est blessée puis est capturée par les Anglais et mourra sur le bûcher, à Rouen, le 30 mai 1431…Gilles de Rais assiste à son supplice et en est profondément marqué.

Lorsqu’il ressort de son château après trois ans d’isolement, il est méconnaissable. A-t-il rejeté Dieu et choisi le diable ? Il construit sa légende : il viole, enlève et assassine des enfants, …

Il est enfin arrêté et doit répondre « de la triple inculpation de sorcellerie, sodomie et assassinat ». Condamné, il subira le même sort que Jeanne, étrange parallèle entre deux destins qui semblaient si diamétralement opposés.

Un récit hagiographique donc de Sainte Jeanne d’Arc qui nous emmène dans le Moyen-Age où la religion était intrinsèquement liée à la superstition, où la frontière entre les croyances et la folie était mince.

Ce n’est pas l’attrait de la nouveauté qui m’a plu dans ce livre mais plutôt la poésie et l’élégance du style de Michel Fournier.

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Le miroir des idées

Essai de Michel Tournier.

S’inscrivant dans une lignée philosophique qui remonte à l’Antiquité, l’auteur définit 114 concepts-clés et les organise en complémentarité et en opposition dans des binômes. Chaque chapitre s’achève sur une citation qui illustre les deux concepts présentés. Michel Tournier rend ainsi hommage à des auteurs classiques et des théoriciens et fait sienne la sagesse populaire des proverbes.

Il met en relation et en confrontation des sujets d’abord très concrets : l’amour vs l’amitié, le bœuf vs le cheval, le chat vs le chien. « Le chat semble mettre un point d’honneur à ne servir à rien, ce qui ne l’empêche pas de revendiquer au foyer une place meilleure que celle du chien. Il est un ornement, un luxe. » (p. 28) Chacune des démonstrations donne à Michel Tournier l’occasion de considérations politiques plus ou moins approfondies, à savoir ce qui s’apparente à la gauche et ce qui relève plutôt de la droite. Les oppositions qu’il propose ne sont jamais artificielles ou forcées, mais véritablement érudites et intelligentes.

Sans prétendre cataloguer le monde ni le réduire à 114 idées, Michel Tournier offre avec le talent qui le caractérise des pistes de réflexion, des amorces de compréhension. Les sujets sont de plus en plus abstraits et l’auteur n’hésite pas à s’aventurer sur le terrain de la science, de la technique, de philosophie et de la théologie. Évidemment, ce texte ne se lit pas comme un roman. Je le vois un peu comme un ouvrage à entrées multiples : explorer un concept entraîne vers un autre, puis encore un autre, et ainsi se construit naturellement – sans prétendre que cela est simple – une pensée plus complexe et plus intelligente. Je me sens toujours un peu moins idiote après avoir lu un texte de Michel Tournier.

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La fugue du Petit Poucet

"La fugue du petit poucet" est un petit conte philosophique et écologique, fort agréable !

Très bien raconté, ce conte est plein de réflexions sur notre monde, notre société, notre rapport à la nature… Des questions toujours d'actualité !

Court, se lisant facilement, pouvant être découvert par les jeunes comme par les plus âgés, cette réécriture du "Petit poucet", témoigne du brio d'écrivain, de Tournier.

J'ai beaucoup aimé ce court conte.
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Vendredi ou les limbes du Pacifique

Il s'agit d'une version de "Robinson Crusoé" pour adultes, avec un Robinson et un Vendredi qui ont des pulsions sexuelles. Un peu déroutant, mais livre bien rédigé et qui ne manque pas d'intérêt.
Lien : http://araucaria.20six.fr/
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Petites proses

En son presbytère de la vallée de Chevreuse, l'auteur explore ses souvenirs, ses sensations et ses émotions. « J'ai bien dormi, car mon malheur a dormi lui aussi. » (p. 21) Dans la tranquillité de son refuge, il refait mentalement certains des voyages qui l'ont emmené loin de chez lui tout en lui faisant trouver sa place dans le monde. Nuremberg, Le Caire, Arles, New Delhi : autant de destinations où l'exotisme n'est pas dehors, mais à l'intérieur de soi. Dans ses brèves réflexions, Michel Tournier parle du corps, de la place de celui-ci dans les sociétés et dans les arts. « De dos, la chevelure s'étale sans partage. C'est d'ailleurs l'un des pièges de la coquetterie : soigner ses cheveux, c'est se préoccuper de l'aspect que l'on a de dos. » (p. 79) Le corps est finalement omniprésent, qu'il soit érotique ou pudique, amoureux ou pur objet de beauté, saisi par l'autoportrait ou la photographie. « On ne fera jamais assez l'éloge des fesses. » (p. 80) Sur ce point, je partage complètement la position de l'auteur. Petites proses est évidemment une ode à la lecture et aux livres, refuges éternels et fidèles de toute âme en déréliction.



Je vous laisse avec une phrase sublime qui, à elle seule, suffit à me rappeler combien l'œuvre de Michel Tournier est un monument de raffinement et de sensibilité. « Et chaque nuit ma femme dormira au creux de mon corps, parce qu'il y a des heures obscures où la chair n'endure pas la solitude sans risquer de mourir de chagrin. » (p. 95)
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Vendredi ou les limbes du Pacifique

Je n'ai jamais lu le Robinson Crusoé de Daniel Defoe et j'ignore donc si ce livre représente effectivement, comme on le dit, l'une des œuvres littéraires servant de justification lénitive du colonialisme occidental, plus spécifiquement britannique.

Par contre, durant une certaine période de mon enfance où j'étais contraint de passer fréquemment de longues heures dans la salle d'attente d'un cabinet médical pour subir un pénible traitement, ma mère me distrayait en me lisant Vendredi ou la vie sauvage, l'adaptation pour enfants que Michel Tournier fit de ce roman-ci. Le traitement médical cessa avant que mère et fils n'arrivions à la fin de l'histoire. Si je n'eus pas envie de poursuivre ma lecture alors, ni de me rapprocher du roman original à l'âge adulte, c'est sans doute pour deux raisons : ne pas vouloir raviver le souvenir des piqûres et autres angoisses ; ne pas creuser l'idée tout aussi marquante et abominable des « souilles des pécaris », image et lexème à jamais gravés dans ma mémoire, qui représentaient l'antithèse toujours dangereusement tentante – régressive, narcotique et psychotique, conceptualiserais-je beaucoup plus tard – de la saine et ingénieuse persévérance dans le labeur qui, seule, allait sauver Robinson de ses démons, d'une nature hostile, et le rendrait enfin digne d'instruire Vendredi tout en se liant d'amitié avec lui.

Était-ce là le message principal de la version pour enfants ? Ou peut-être celui que maman, non sans une certaine intuition prémonitoire, souhaitait transmettre à son petit garçon ? Ou bien, plus innocemment, était-ce l'idée retenue, « fortuitement », faute de ne pas avoir été associée ou remplacée par le déroulement ultérieur de la trame, et notamment par son épilogue ?

En tout cas, dans ma lecture d'aujourd'hui de Vendredi ou Les limbes du Pacifique, au bout de presque un demi siècle, je n'ai pu encore me libérer de cette interrogation autour des « souilles », ni sans doute du contexte de la filiation (ni peut-être du contexte médical, ni peut-être du danger de « se laisser aller »...). De cet ouvrage philosophiquement touffu et éminemment polysémique, que la modernité a rendu introspectif, psychanalytique et attentif à la dignité et à la valeur de l'Autre, il est possible de faire une grande variété de lectures, dont celle de Gilles Deleuze, faisant autorité, constitue la postface de cette édition du livre. Plusieurs analystes ont mis en exergue la problématique de la sexualité et celle de la perversion. Pour ma part, j'ai cru trouver, tout au long du roman, la question fondamentale suivante : l'exercice de la conscience – toujours en tension avec la tentation de la fuir, de l'obnubiler, de l'« altérer » de façon halluciné (comme sous l'effet des psychotropes) – est-il possible dans « un monde sans autrui » (Deleuze) ? Et accessoirement, dans quelle mesure la persistance de l'exercice de la conscience permet-elle néanmoins de transformer sa personnalité en profondeur : de Robinson en voie de déshumanisation à Robinson l'organisateur de Speranza lié au monde tellurique à Robinson (après l'explosion) enfin détaché de son ancienne humanité pour se relier au monde aérien et solaire ? Il me semble que la nature accessoire (et subordonnée) de cette seconde question par rapport à la première est clarifiée par la chute du roman : sans Vendredi, et avant d'avoir découvert la présence de Jeudi, la métamorphose de Robinson, pourtant avérée, est néanmoins vaine, car l'exercice de la conscience s'avère hasardeux et la tentation régressive-tellurique-autodestructrice le guette...

Si cette interprétation est infondée, soyez indulgent et pensez : Voilà ce qu'un quinquagénaire fait d'un quasi traumatisme infantile !
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Le Roi des Aulnes

Un roman bien écrit avec un personnage que je n'ai pas trouvé trop attachant mais sa vie traverse des moments très bouleversants, retraçant en même temps des moments troublants du 20e siecle, et lui , notre heros, il est comme un cheveux dans un bol de soupe, il se laisse simplement emporter par les circonstances. Il est celui qu'on dirait à chaque fois qu'il est condamné avec pour sentence aller à la guillotine, mais à chaque fois que le couperet s'apprête à trancher son cou, surprise, un événement vient toujours arrêter le couperet...
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Le Roi des Aulnes

Que dire de ce roman, profondément ennuyeux par moment, mais en même temps d'une force peu commune.



Alors, normal me direz vous puisqu'il raconte l'histoire d'un "ogre"... Un homme que son enfance a tellement perturbé, qu'une fois devenu homme il n'a de cesse d'essayer de se rapprocher des enfants, pour les protéger ? Les dévorer ?



Cette lecture m'a plu, et déplu en même temps. Plu, car le personnage est fascinant, dérangeant, un géant un peu fou à l'âme enfantine, et déplu, car j'ai trouvé quelques longueurs à mon goût.



Ce que je ne peux pas nier en tout cas, c'est que l'écriture est sublime.





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Le Roi des Aulnes

Il y a tellement de livres à lire qu’il y en a très peu que je relis. Le Roi des Aulnes, je l’ai lu trois fois et je le relirai certainement un jour. Il y a dans ce livre une magie tout à la fois répugnante et fascinante, et c’est bien ce qui fait le talent de Michel Tournier. L’auteur est un alchimiste du verbe, qui transforme le vulgaire et le repoussant en objets de fascination et de déférence. Il faut de la magie pour rendre captivant un personnage aussi terrible et peu amène qu’Abel Tiffauges, géant microgénitomorphe et myope à la force prodigieuse, qui embrasse l’image d’ogre qu’on lui prête tout en étant convaincu du destin grandiose qui l’attend.



Le roman s’ouvre alors qu’Abel Tiffauges est garagiste, dans une relation désastreuse avec sa maîtresse Rachel, et qu’il se souvient de son enfance au pensionnat Saint-Christophe où il a connu l’amitié perverse et malsaine d’un garçon obèse nommé Nestor. Abel est fasciné par le déchiffrement des signes, par la puissance des symboles qu’il n’a de cesse d’interpréter pour imprimer une trajectoire et un but à son existence. Lorsque la Seconde Guerre Mondiale éclate, Abel échappe à la prison et se retrouve dorénavant porté par les ailes de son destin. Stationné un moment comme soldat en Alsace, où il se passionne pour la colombophilie, il est fait prisonnier et est emmené jusqu’en Prusse Orientale, dans la réserve de chasse de Rominten où sévit l’ogre Goering. Abel deviendra finalement lui-même l’ogre de Kaltenborn, en se voyant confier la tâche d’enlever de jeunes garçons à leurs familles pour les enrôler de force dans une Napola du Troisième Reich où ils apprendront la guerre.



Abel nourrit à l’égard de ces Jungmannen une véritable fascination. Il veut les posséder tous, les collectionner comme des ornements admirables, sans jamais céder aux facilités d’une relation individuelle basée sur la sexualité ou la paternité. Car Abel a depuis longtemps renoncé à la génitalité pour se sustenter de symboles et organiser sa vision du monde comme un naturaliste qui décrit et décortique les choses avec une précision et un acharnement méthodique. Si la description de la passion d’Abel pour les corps d’enfants peut déranger, elle ne diffère en rien de celles que l’auteur peut faire d’une plaie suppurante, des déjections de bêtes, ou de carcasses animales. Tournier met autant de poésie à décrire ces choses gênantes ou repoussantes qu’à peindre sous nos yeux à la faveur d’une lumière hyperboréenne les paysages emprisonnés dans leur écrin de givre, ou bien les forêts mystérieuses de la Prusse-Orientale habitées par des cerfs semblables à des créatures solennelles et hiératiques.



Parmi les symboles que Tournier décline avec une érudition admirable au travers des yeux d’Abel Tiffauges figurent ceux de l’ogre et de l’acte phorique, autrement dit celui de porter quelque chose ou quelqu’un. Toute la philosophie d’Abel se construit autour de ces notions et du principe d’inversion des valeurs et du rôle qu’il doit tenir en ce monde. Tout est là finalement, dans ce rappel du poème de Goethe où le Roi des Aulnes vient froidement dérober un enfant à son père, dans cette image de Saint-Christophe qui porte l’enfant Jésus sur son dos pour la traversée d’un fleuve. Abel Tiffauges n’est ni l’un ni l’autre, tout à la fois l’un et l’autre. Il n’est finalement lui-même qu’un reflet parmi d’autres de la nature humaine.

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Journal extime

Ouvrage de Michel Tournier.



Dans ce journal en 12 mois, l'auteur parle de bien des sujets :

Les petites choses du quotidien, Des citations d'auteurs et d'anonymes, Son jardin et les animaux qui l'habitent, Ses apparitions publiques, Ses œuvres et son travail, Ses idées d'histoires, La mort, la religion, la sexualité, La météo et le cours du temps, La traduction ou l'adaptation de ses textes, Et cætera.



Ce journal d'auteur est parfait parce qu'il ne contient aucune introspection narcissique ou creuse. « Écrivez chaque jour quelques lignes dans un gros cahier. Non pas un journal intime consacré à vos états d'âme, mais au contraire un journal dirigé sur le monde extérieur, ses gens, ses animaux et ses choses. » (p. 53) C'est l'idée même que je me fais d'un carnet au long cours, tel que je le pratique : un fourre-tout joyeux et désordonné, mais précieux, car la trace de quelque chose est gardée. « Merveilleux métier qui tire profit des pires expériences ! » (p. 119) Michel Tournier partage des réflexions en tout genre, très brèves, mais fulgurantes, comme des amorces, des tremplins vers ailleurs.



L'auteur ne se regarde pas écrire et il ne se prive pas de pratiquer une autodérision du meilleur effet. « Mon boucher : 'Monsieur Tournier, quand on vous connaît comme moi en vrai, on n'a pas besoin de lire vos livres, hein ?' » (p. 80) Le texte se lit à toute vitesse, mais se savoure tout autant. Il suffit de rouvrir le livre pour trouver un passage court qui fait penser ou rêver pendant des heures. « Le visage, partie émergée de l'iceberg : parle et ment. La masse énorme du corps cachée dans les vêtements avec tous ses organes, partie immergée de l'iceberg. Elle ne ment pas, mais c'est parce qu'elle ne parle pas. » (p. 42) Avec son Journal extime, Michel Tournier nous donne les clés d'un certain bonheur : ne pas se prendre au sérieux, travailler avec bonheur, manger et profiter du temps qui passe. Heureux ceux qui comme lui peuvent suivre ce chemin de vie.



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Vendredi ou La Vie sauvage

(Lecture commune avec ma fille, qui devait le lire pour le collège)



J'ai adoré l'histoire.



Terrible.



L'ayant lu adolescente, et ayant moyennement aimé, je ne pensais pas qu'il me ferait ressentir autant d'émotion en le lisant aujourd'hui.



J'ai eu les larmes aux yeux.



Cela me touche surement d'autant plus, qu'en tant qu'adulte, le temps qui passe, les obligations sociétales, la solitude, sont des sujets que l'on expérimente tout à fait différemment qu'en tant qu'enfant ou adolescent.



Je me demande si Michel Tournier imaginait que l'on puisse étudier son oeuvre au collège. N'est-ce pas trop tôt pour comprendre ce qui émane de ce livre?



Robinson n'est ici finalement pas le héro propre de l'histoire. Non, Robinson est le personnage qui apprend toutes ces années durant, et qui grandit., mais le personnage phare de ce récit, celui dont tout dépend, est bien Vendredi.



C'est assez fou comme lecture car on s'attache aux personnages, mais on arrive très souvent à détester ce qu'ils font.



Ils évoluent énormément dans ce roman. Les années se succèdent et ils changent. On ressent très clairement, aussi bien la solitude, l'ennui, le désarroi, que le bonheur, la béatitude, l'entrain et la liberté qu'ils traversent au fur et à mesure des années.



Robinson et Vendredi, ces hommes que tout opposait, et qui se retrouvent à vivre ensemble.



Certains passages m'ont particulièrement choqués, notamment un passage où Vendredi se sert d'un bouc pour en faire un cerf volant et autres accessoires .... j'ai trouvé cela ignoble, et j'ai trouvé Vendredi beaucoup plus cruel que Robinson finalement.



Tuer cette bête ne lui suffisait pas, il fallait qu'il l'humilie.

Je n'ai pas pu partager mon ressentit avec ma fille, qui, du haut de ses 11 ans, n'a pas du tout ressentit la même chose, et heureusement.



En bref, ce roman est un vrai petit bijou qui m'a apporté énormément.



Mon regard sur la solitude, la vie, les règles et la bienséance, s'en retrouve encore affûté.



Je suis vraiment heureuse d'avoir pu relire ce livre!

Merci les lectures obligatoires du collège.



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Les plus beaux textes littéraires de Noël

Ce recueil de textes littéraires de Noël ne m'a pas totalement convaincue. J'avais envie de légèreté en cette période de Fêtes mais également de beauté. Aussi cette anthologie allant de Robert de Boron à Marcel Proust me semblait toute trouvée pour me plonger dans l'ambiance de Noël.



J'ai été un peu déçue de découvrir que les textes les plus anciens étaient présentés en ancien français sans aucune explication sur le vocabulaire. La lecture s'est avérée plus ardue que prévu et comme je cherchais à me détendre, je ne vous cache pas que j'ai sauté quelques pages.



Les textes les plus modernes n'ont pas tous le même intérêt. Certains évoquent à peine la nativité quand d'autres ne peuvent pas être qualifiés de « plus beaux textes de Noël ».



Je retiens les écrits de Maupassant, Cyrano de Bergerac, Jules Verne, Zola (mon préféré), Daudet, Coppée et Pierre Loti qui, pour moi, incarnent pleinement la fête de Noël.



........



Je profite de ce dernier retour de lecture de l'année pour vous souhaiter un excellent réveillon et une belle année 2019. Que celle-ci vous apporte la joie, la sérénité, la santé et d'incroyables découvertes littéraires !
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Vendredi ou les limbes du Pacifique

"Tournez votre livre à l'envers, et soyez dans l'infini", écrivait Victor Hugo.

C'est ce qui pourrait bien vous arriver à la lecture de ce "Vendredi ou les Limbes du Pacifique", de Michel Tournier, tant ce remaniement du livre de Defoé ouvre des pistes à la réflexion.



"Robinson Crusoé" était le roman du père, du travail, de la Providence, et de la rédemption ; "Vendredi ou les Limbes du Pacifique" est le livre de l'altérité, du rire, du sexe et du temps. C'est rapidement un autre héros qui prend forme sous la plume de Tournier, un homme dont le réflexe est de tuer le premier être vivant qu'il croise cette île. Ce Robinson-là renonce au temps des hommes, il ne sauve Vendredi que parce qu'il manque son tir, car il vaut mieux s'allier aux bourreaux qu'à leurs victimes. Quant au compagnon qui le rejoint, exit l'indigène soumis qui voulait regagner son village accompagné de son sauveur pour "apprendre sauvages hommes être hommes bons, hommes sages, hommes apprivoisés". Cet "Indien mâtiné de nègre", est roublard, chapardeur, et réprime difficilement son hilarité lorsque Robinson lui illustre la puissance de Dieu.



Choisissant d'autres procédés de narration que Daniel Defoé, Michel Tournier offre une place à l'Autre. "Autrui, pièce maîtresse de mon univers...", comprend très vite le naufragé. Autrui indispensable, mais Autrui perturbateur, destructeur de notre ordre établi, Autrui "initiateur irresponsable", qui va mettre une sacrée pagaille dans le monde réglé de Robinson.



Michel Tournier, philosophe de formation, nous amène par ce roman remarquable, Grand Prix de l'Académie Française 1967, à une large réflexion sur la place et la nécessité de l'autre dans notre univers , idée habilement prolongée par la postface de Gilles Deleuze extraite de sa Logique du Sens (Editions de Minuit, 1969, qui fait aussi la part belle à Lewis Caroll).



L'altérité, pis-aller dans un monde hostile, comme le suggère Deleuze ? « un roman peut certes contenir une thèse, mais il importe que ce soit le lecteur, non l'écrivain, qui l'y ait mise », répond Tournier. Choisissez la votre.



Un livre étonnant qui ne laisse aucune place à l'ennui. A emmener... sur une île déserte ! où il faudra être au moins deux pour être heureux .

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Les Rois Mages

Je n'ai pas du tout aimé ce livre.J'ai été obligé à cause du collége de le lire et je me suis ennuyé.
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Le Roi des Aulnes

C'est une entrée en enfer, le parcours d'un homme qui se révèle dans le milieu du mal et qui ne va connaître la rédemption qu'après avoir traversé des domaines plus noirs les uns que les autres.

Un français, après avoir été ennuyé pour une histoire avec une petite fille s'exile en Allemagne nazie où il devient le recruteur des futurs élites aryennes. Son chef d'oeuvre va être un petit juif qu'il sauvera (normalement) à la fin.

Mais c'est surtout une écriture, une réprésentation du grand méchant loup qui peu à peu se transforme en mère-grand. Le roman est bourré de symboles, de références et cela en fait une mine de recherche et de plaisir. Certes, le texte est un peu long et sombre mais on ne peut pas en faire l'économie quand on veut décrire le mal.

Une adaptation cinématographique assez bonne a aussi été faite du roman, elle retranscrit bien l'anti-héros qu'est le personnage principal et ce qu'il devient.
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Vendredi ou les limbes du Pacifique

Roman de Michel Tournier. Lettre T de mon Challenge ABC 2010.



Le récit s'ouvre sur le naufrage de la Virginie: Robinson Crusoé est sur la plage de l'île qu'il nommera Speranza. D'abord porté par le désir de fuir cette île perdue, il s'acharne à construire un radeau qui n'a de salut que l'idée. Robinson est hanté par "la peur de perdre l'esprit" (p. 23), terrifié par la solitude et le risque de perdre son humanité. Le temps se disloque, les phases de désespoir se succèdent. Il tire de l'épave du bateau des reliques de civilisation qu'il organise pour recréer un monde humain dans un univers purement naturel. Dans un log-book, il consigne ses réflexions solitaires et ses souvenirs. Sans cesse, il lutte contre l'attrait d'une vie fangeuse, dénuée de règles et de respect pour sa personne. Pour combattre les élans de désespoir qui l'étreignent, Robinson rationalise son existence sur l'île: il dénombre, il dessine, il cultive, il thésaurise, il applique à sa solitude le carcan de la vie en société. "Ma victoire, c'est l'ordre moral que je dois imposer à Speranza contre son ordre naturel qui n'est que l'autre nom du désordre absolu." (p. 50) Robinson s'instaure Gouverneur de l'île, Juge, Pasteur, Général, etc. poussant à l'extrême la folie organisatrice de sa solitude.



Mais son rapport avec Speranza évolue à mesure qu'il la découvre. L'île devient compagne et femme. Robinson s'aventure dans une exploration philosophique, psychologique et ésotérique des lieux. Robinson développe un désir tellurique et végétal et il féconde, de façon quasi mythologique, la terre de Speranza, donnant naissance à des mandragores fabuleuses. Lié indéfectiblement à l'île, il la célèbre en lui dédiant Le Cantique des Cantiques. L'osmose avec Speranza est miraculeuse et se fonde sur un transfert d'humanité et de nature.



L'univers parfaitement réglé de Robinson est bouleversé quand, en voulant le tuer, il sauve un Indien Araucan destiné à un sacrifice humain. Maintenant accompagné de Vendredi, "un Indien mâtiné de nègre" (p. 148), Robinson croit pouvoir créer une véritable société, fondée sur un rapport de maître à esclave. Mais si Vendredi est reconnaissant et dévoué, il reste inexorablement libre et ne se plie pas au carcan civilisé de l'île administrée. Une catastrophe rend les deux hommes à l'état naturel. Désormais, c'est Vendredi qui enseigne. Robinson découvre un nouvel état d'existence immédiate, libéré de l'humanité policée, vers une existence vouée à la nature, à la libido, au soleil et au vent, "un chemin vers ces limbes intemporelles et peuplées d'innocents où il s'était élevé par étape" (p. 251)



Michel Tournier propose une variation autour du Robinson Crusoé de Daniel Defoe. Ce naufragé d'un nouveau genre, après s'être laissé aller à la nostalgie et à la déréliction, retrace les étapes de la civilisation et les impose à l'île jusqu'à un paroxysme outrancier et grostesque que Vendredi fera voler en éclats. Vendredi n'est plus le bon sauvage qu'il faut éduquer. En détruisant l'ordre économique et moral imposé par Robinson à Speranza, il est devenu le sage qui guide l'homme vers une nouvelle réalité.



Je me rappelle avoir lu l'oeuvre de Defoe avec émerveillement et incrédulité, fascinée par cet homme têtu et intègre qui n'abandonne pas son humanité. Mais l'oeuvre de Tournier est autrement plus bouleversante. Ce Robinson est bien plus humain que son prédécesseur: il avoue et vit sa folie, il fait l'expérience des limites de la raison et de la réalité. En se fondant dans la grotte et en fécondant la combe rose, il explore une sexualité nouvelle: seul avec l'île, il n'est pas solitaire, sa perversité végétale est créatrice et l'aide à se détacher des aléas de l'état humain. Assuré d'une descendance, aussi mythologique soit elle, il n'a plus à craindre de disparaître ou de ne jamais quitter Speranza. Sa troisième période d'existence sur l'île, après le désespoir et la rationalisation maladive, est d'une poésie sans égale: entièrement tourné vers le soleil et le vent, Robinson devient un élément tellurique, parfaitement intégré dans la vie sauvage de Speranza.



Voilà un des textes les plus puissants que j'ai lus. La variation de Michel Tournier sur le thème de la robinsonnade est une réussite. Les accents poétiques et philosophiques du texte sont beaux et offrent de quoi méditer. Voilà un livre que je recommande et la postface de Gilles Deleuze est passionnante!
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Gaspard, Melchior et Balthazar

Tour à tour Gaspard roi de Méroé, puis Balthazar roi de Nippur et enfin Melchior prince de Palmyrène relatent leur existence au moment où apparaît dans le ciel une comète qui semble avoir pour chacun d'eux un sens particulier. Chacun incarne une manière particulière de régner et quand tous se retrouvent, ils arrivent chez Hérode le Grand, tyran sanguinaire qui redoute de mourir sans succession. La dernière partie du récit est confiée à Taor, prince de Mangalore, lancé lui aussi dans une quête insensée.

C'est par petites touches successives que nous retrouvons ici l'histoire Sainte et cet éloignement et ce décentrement lui donnent un intérêt historique particulier. Chacun des trois rois a d'autres préoccupations que ce nouveau-né dans son étable, mais leur rencontre avec lui les transforme, une véritable épiphanie, en somme.

Cette lecture était un peu fastidieuse pour moi. C'est la succession des récits qui m'a semblé trop linéaire et a parfois été source de monotonie. Pourtant, comme les rois mages, j'ai suivi l'étoile, mais elle m'est restée inaccessible.
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Vendredi ou La Vie sauvage

"Vendredi ou la vie sauvage" de Michel Tournier est devenu avec le temps un grand classique de la littérature jeunesse. D'ailleurs, je l'ai trouvé dans une boîte à livres avec le nom d'un jeune garçon de 5ème D.



J'ai quand même eu l'impression qu'il souffrait de sa trop grande notoriété ou est-ce parce que je suis trop vieille mais la magie de l'aventure n'a pas opérée. Pourtant j'adore les Robinsonnades.

Car il s'agit bien de l'histoire de Robinson qui fait naufrage sur une île déserte au large du Chili en 1759. Elle n'est pas si déserte que ça puisque des indiens sauvages y accostent en pirogues. Ils sont assez terrifiants puisqu'ils font des sacrifices humains.

Avec ce genre de caricatures ça commençait mal.

Le héros solitaire qui s'est proclamé gouverneur va sauver de la mort l'un d'entre eux. Robinson le nomme Vendredi du nom du jour (en supposant qu'il connaisse effectivement le jour, ce qui est surprenant car à la fin de l'histoire il n'a aucune idée du temps qu'il a passé sur l'île).

Bref, il fait de l'indien son esclave. Il va pourtant se rendre compte qu'il a besoin de Vendredi, de sa personne et de son ingéniosité. Cela ne l'empêche pas de se faire appeler maître.



C'est un livre que je n'ai pas lu dans ma jeunesse. Je le trouve assez daté mais j'ai quand même envie de retenir l'aventure humaine en supposant que la version d'origine intitulée "Vendredi ou les limbes du Pacifique" et surtout le roman qui a inspiré Michel Tournier, "Robinson Crusoé" de Daniel Defoe, sont plus intéressants.





Challenge Riquiqui 2023

Challenge Solidaire 2023

Challenge Temps modernes 2023

Challenge XXème siècle 2023

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Les Rois Mages



Nous connaissons tous Gaspard, Balthazar et Melchior venus apporter à l'Enfant-Jésus, l’or la myrrhe et l'encens. Michel Tournier nous révèle qu’il en existait un troisième Taor, venu d’Inde.

Gaspard roi de Méroé, noir qui s’ignore, suit la comète pour oublier un chagrin d’amour, pour Balthazar de Nipour, c’est l’amour de la beauté, Melchior, de la Palmyrène a été écarté de la succession de son père par son oncle et doit se cacher, il suit les deux autres. Mair pour Taor qui ne mange que du sucré c’est la recherche d’un loukoum à la pistache qui le met en route.

Une lecture pour le 24 décembre.





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Le Roi des Aulnes

Voilà un livre complexe que l'on peut lire à plusieurs niveaux.

Le premier, le niveau purement factuel, m'a passionné : Abel Tiffauges est un gamin sans envergure, un peu méprisé et maltraité par les autres enfants. Il trouvera son protecteur, accédera à une situation professionnelle qui ne le ravit pas, jusqu'à ce que la guerre lui ouvre de nouveaux horizons, plus ou moins par hasard : prisonnier dans un premier temps, ses « qualités » le feront accéder, dans les paysages désolés et tourbeux de la Mazurie, à un poste dans une "napola", ces institutions au service du régime nazi, en charge du recrutement et de la formation de futurs militaires et cadres dirigeants.

Voilà la trame du livre. Après cela se complique. Sans doute par manque d'intérêt, j'avoue avoir été largué par le niveau philosophique qui sous-tend le roman. « Je désire simplement faire faire au lecteur de la vraie philosophie sans qu'il s'en doute » (Interview de Michel Tournier à Télérama le 5/05/1999). Et bien ici, c'était tellement appuyé que je m'en suis douté. Les notions de "phorie" (le néologisme est de Tournier), de porte-enfant, d'inversion maligne m'ont barbé. Passée la surprise, j'ai été vite lassé par la pédophilie rampante qui imprègne l’œuvre, la fascination pour le sexe masculin encore jeune, et les tics scatologiques récurrents. Je ne mange pas de ce pain là.

Ceci dit, je reste admiratif, ayant pris un vif plaisir et beaucoup d'intérêt à la lecture du roman, tout en me limitant à son premier niveau.
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