AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Nathacha Appanah (1035)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Tropique de la violence

Mayotte est le 101e département de France depuis 2011 avec une situation ambivalente : le plus pauvre des départements français et en même temps semblant riche face à ses voisins immédiats des Comores, ce qui engendre immigration et émigration.



J’ai lu ce magnifique roman choral, autour de cinq personnages, suite à la critique de Pancrace que je remercie. On s’attache à Moïse et à chaque nouveau chapitre, on aimerait garder l’espoir, qu’il ne soit pas un enfant broyé dans ce tropique de la violence.



Bébé du djinn, en raison de ses yeux vairons avec un œil vert, arrivé en kwassa-kwassa, qui se réfugie dans L’enfant et la rivière d’Henri Bosco, Moïse aurait pu avoir un autre destin, mais avec des si, on pourrait refaire le monde.



Nathacha Appanah a une écriture très fluide et sa construction, alternant les points de vue de personnages qui se complètent parfaitement, donne un rythme rapide à la lecture. Je n’avais jamais lu de livre sur Mayotte et Tropique de la violence dénonce la pauvreté, la jeunesse des habitants, l’illettrisme, l’existence des bidonvilles dans ce département français de l’océan indien.



Je vous conseille ce roman coup de cœur : c’est une histoire qu’on n’oublie pas.

Commenter  J’apprécie          3314
Rien ne t'appartient

A travers ce court roman, Nathalie Appanah parle avec justesse et sensibilité de la perte irréversible, de l'impossibilité de faire peau neuve.. même le serpent lorsqu'il abandonne sa mue conserve ce qu'il Est. Mais lorsque le sort ou la bêtise humaine cherche à dépouiller un être de tout ce qui lui appartient jusqu'à son identité,la résilience trouve ses limites...

C'est avec ce roman que je fais connaissance avec cette écrivaine et je suis touchée par son écriture qui trouve vraiment les mots ustes pour traduire ce que l'on peut ressentir dans la perte ,dans le chagrin. Le roman débute par des limites très floues entre réel et fantasmagorie me faisant un peu penser à Ce. Martinez. La suite s'en différencie totalement et j'y ai davantage trouvé de similitude avec l'écrivaine indienne Chitra Barnerjee Divakaruni. Tara,ou plutôt Vijaja est un personnage attachant et émouvant.
Commenter  J’apprécie          331
Le ciel par-dessus le toit

Je vous avoue que quand j'ai lu sur la quatrième de couverture qu'un des personnages s'appelait Loup, j'ai hésité à ouvrir ce livre. Je n'arrive jamais à rentrer dans les contes (je n'y crois pas).



C'est arrivé avec pas mal de titres souvent encensés. Mais le nom de Nathacha Appanah revenait à mes oreilles régulièrement et comme le livre est court, j'ai tenté...



.🐺..et j'ai bien fait car j'ai découvert la plume poétique de l'écrivaine, ses personnages écorchés vif, ce drame qui, plutôt qu'il sépare est une occasion de retisser des liens.



🐺 J'ai trouvé particulièrement "belles" (même si cela peut paraître étrange) les pages sur la prison et l'enfermement.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
Commenter  J’apprécie          330
Tropique de la violence

Nathacha Appanah nous raconte dans un magistral roman polyphonique les histoires, la vie, celle de Marie infirmière blanche , de Moise son fils adoptif, de Bruce le chef du bidonville nommé Gaza pour ne citer qu’eux.

Elle nous entraîne sur ce territoire français oublié loin de l’image d’une île paradisiaque avec son lagon bleu, ici on respire la violence car : « Gaza c’est un bidonville, c’est un ghetto, un dépotoir, un gouffre, une favéla, c’est un immense clan de clandestins à ciel ouvert, c’est une énorme poubelle fumante qu’on voit de loin. Gaza c’est un no man’s land violent où les bandes de gamins shootés au chimique font la loi. Gaza c’est Cap Town. C’est Calcutta, c’est Rio. Gaza c’est Mayotte, Gaza c’est la France ».

Un grand livre, d’une grande puissance qui dénonce et donne une réalité dramatique de Mayotte. Un roman très fort aux personnages attachants surtout Moise, un roman sombre, noir, sans aucune note d’espoir, un récit bouleversant.
Commenter  J’apprécie          332
Rien ne t'appartient

Tara vient de perdre son mari et est terrassée par le chagrin. Chaque geste de la vie quotidienne devient une épreuve, elle voit même des choses qui ne sont pourtant pas devant elle.

Les personnages de l’intrigue arrivent doucement, le lecteur comprend certains éléments après-coup.



La 1ère partie du livre permet en fait de préparer le flashback de la vie de Tara dans un pays pas clairement nommé mais où on porte saris et sarong. Une enfance heureuse, une adolescence horrible où on rappelle à Tara que rien ne lui appartient. Cette période foutra plus ou moins sa vie en l’air…



Je me suis ennuyée ferme durant les 40 premières pages, me demandant où l’auteure voulait m’emmener. Mais j’ai ensuite été happée par le destin de cette femme qui a dû faire preuve d’abnégation et de courage. Natacha Appanah nous livre un bon cru de la rentrée littéraire 2021 !

Commenter  J’apprécie          330
Tropique de la violence

Beau style, chaque voix de personnage est une respiration saccadée, un souffle vacillant comme une flammes, c'est simplement le cœur profond de l'île de Mayotte qu'on découvre à travers ces voix! Une jeunesse sans repère, sans appui, sans modèle, se construisant sur un esprit de lutte, une immigration qui nous a plus fait penser à un enfoncement qu'à la découverte d'une terre promise élogieuse, un métissage de race et de coutumes difficile à appréhender, une violence astreinte à l'existence..

Tropique de la violence, ce sont cinq regards, cinq tragédies et cinq révoltes!

L'écriture est à la fois fluide,, vive et pathétique, elle vous accroche dès la première page...

J'avoue avoir passé un moment agréable avec ce petit roman, qui se lit d'ailleurs d'un seul trait!
Commenter  J’apprécie          331
Petit éloge des fantômes

Avec Petit éloge des fantômes - une collection à 2,00€ chez Folio - je ne savais pas trop à quoi m'attendre. Nathacha Appanah allait-elle diriger ses récits vers le fantastique? Je l'ai découverte grâce au percutant Tropiques de la violence. J'avais aimé sa façon d'écrire. Et puis l'illustration de couverture était très jolie.



Il s'agit en fait ici de sept nouvelles. Dans les trois premières, l'auteure parle de ses propres fantômes : sa grand-mère mauricienne hindoue partie en emportant des récits et des épisodes de sa vie perdus à jamais; le souvenir de son premier cyclone, sans savoir ce que ce terme recouvre précisément sinon qu'il exige des préparatifs. La petite fille imagine alors un fantôme qui profite de la nuit pour détruire et dévaster.



Les autres histoires traitent également de deuils puisqu'il en existe de différentes sortes: deuil d'un être cher disparu - dénié ou accepté, deuil de l'amour, deuil de ses propres rêves et de ce qu'on a pu être avant, ...



Outre la caractéristique du deuil et des fantômes qu'il entraîne dans son sillage et auxquels il faut réussir à faire face, ce qui éclaire l'ensemble du recueil, ce sont les émotions véhiculées par une plume sensible et poétique. Pas de pathos dans ces récits, pas de chagrins ni sentiments exacerbés mais une profondeur et une empathie pleines d'humanité. L'auteure, de plus, nous renvoie à nos propres fantômes, qu'il s'agisse de proches défunts, de rêves ou illusions brisées. Quels qu'ils soient, pour chacun comme pour elle, vient le moment de "apprivoiser (ou réapprivoiser) tous nos fantômes - les absences, les non-dits, l'enfance, les rêves, la mort, la trahison. Une façon de les regarder en face, de leur faire une place dans nos vies et, enfin, d'avancer." (Préface).



Le style de Nathasha Appanah respire la délicatesse. Comme ses personnages. Je pense en particulier à sa grand-mère qui m'a beaucoup touchée dans sa belle et grande simplicité.



De même, étant très proche de ma soeur, la dernière histoire du recueil, intitulée "La vague" m'a fortement émue. En quelques pages, l'auteure dépeint un superbe portrait d'amour sororal entre Elsa et Lili, celle-ci trop tôt disparue. Le récit narré par Elsa sonne très juste et, malgré l'atroce déchirure de la perte, le ton reste doucement mélancolique et débouche sur une décision porteuse d'espoir. Un très beau texte, à l'image des précédents.



Un petit éloge court mais intense que je recommande vivement tant pour la qualité littéraire que pour les histoires elles-mêmes. 2,00€ pour autant d'émotions et de beauté, c'est bien peu cher payé. Merci Folio. Et surtout merci Mme Appanah.
Commenter  J’apprécie          330
Rien ne t'appartient

L'auteur a une très belle écriture, mais pour le reste que de noirceur...

On va accompagner Tara durant le deuil de son mari et son chagrin sera le prétexte à nous faire revivre sa jeunesse.

Ce roman met en lumière la condition des filles et des femmes dans de nombreux pays où elle sont considérées comme des quantités négligeables.

Le roman est sombre, entre massacres, grossesse adolescente et avortement, tsunami, perte des proches et deuils innombrables, les thèmes abordés sont loin d’être gais.

On n'est pas dans un roman actuel où les héros réussissent à se reconstruire après des drames, pas de résilience au programme dans ce roman, loin de là.

L'écriture a beau être délicate, le sujet est sacrément noir et déprimant et l'avalanche de catastrophes que connaît l’héroïne donne au roman un côté un peu exagéré qui tend vers l’écœurement.
Commenter  J’apprécie          321
Petit éloge des fantômes

De prime abord intriguée par le titre, attirée même, disons le, je craignais une légère déception, une frustration. Et bien ce ne fût pas le cas. L'auteure, au travers de ses sept morceaux de vie, parvient à installer un climat aussi bien inquiétant que stimulant. L'écriture est vive ("Partir" n'est que trouble et plaisir), touchante. Les thèmes abordés sont de l'ordre de la nécessité, la mort, l'amour, la mémoire, le deuil mais la plume de l'auteure leur confère leur propre contingence : choisir de se souvenir, décider d'être endeuillé, assumer d'aimer. Parfois témoins, parfois voyeurs, nous sommes plongés au coeur d'un tumulte de réminiscences qui mériterait (selon moi) davantage de précisions pour certains passages, et bien moins pour d'autres.



Quoi qu'il en soit, une nouvelle lecture très agréable, ni trop ni pas assez de mots, mais le sens de la formule tout le temps.
Commenter  J’apprécie          324
Le dernier frère

Originaire de l'Ile Maurice Nathacha Appanah se consolait du fait que son île était restée éloignée de tout conflit. Un jour, elle découvre pourtant que les déflagrations de la seconde guerre mondiale sont parvenues jusqu' à ce territoire lointain : 1500 juifs ont été débarqués et emprisonnés à Beau Bassin. Quel joli nom pour une bien triste histoire.

Le dernier frère raconte la rencontre improbable entre Raj l'enfant du pays et David le petit juif orphelin et atteint de malaria.

Raj a perdu ses 2 frères dans un terrible cyclone. David, lui apparaît alors comme le substitut providentiel de cette perte incommensurable. Personnage fantomatique, éthéré, David figure l'ombre de Raj, son anti thèse.

Dans une écriture pleine de grâce et de poésie, Nathacha Appanah fait ressurgir la mémoire douloureuse de Raj devenu un vieil homme . Elle explore les sentiments liés à l'abandon, la peur, la violence, l'innocence et l'énergie de l'enfance. Une magnifique histoire d'amitié qui m'a beaucoup touchée. Vraiment je vous invite à découvrir ce livre puissant et tendre à la fois.



Commenter  J’apprécie          320
La mémoire délavée

C'est un pur moment de grâce que ce livre proposé par Natacha Appanah. Ni roman, ni autobiographie, il remonte avec l'autrice le fil d'une mémoire sépia dans les pas de sa propre famille.

Natacha Appanah est née et a grandi sur l'île Maurice, mais elle est aussi l'arrière arrière petite-fille de coolies venus de l'Uttar Pradesh en Inde. Ce texte compose un tressage subtil d'émotions, de couleurs et de réminiscences.

Vers 1870, ses ancêtres, un couple et un enfant de 11 ans ont signé pour l'engagisme (Indentured Labour), forme de travail sans contrat créé pour pallier aux pénuries de main d'oeuvre après l'abolition de l'esclavage. Des milliers d'indiens ont ainsi quitté leur terre et leurs racines et ont osé franchir l'eau noire (l'océan Indien), bravant ainsi l'un des interdits majeurs de leur foi.

Sitôt sur les bateaux, ces hommes et femmes perdaient leur nom et leur histoire, n'étant plus que des numéros de la comptabilité mobilière des maîtres des exploitations de cannes à sucre ou de coton.



Au fil des phrases se dessine une reconstruction, l'appropriation d'un sol nouveau et d'une culture différente. Comme on en enfile un costume neuf sans jeter l'ancien, au fil des générations et des ascensions sociales, sa famille s'est faite Mauricienne tout en gardant ce soupçon de cari venu des temps anciens et d'une patrie que l'on a fini par oublier.

C'est un magnifique chemin de résilience d'où le personnage du grand-père de l'auteure émerge avec plus de force et de netteté, comme si les mots tendrement choisis de sa petite-fille arrachaient les oripeaux de l'exil pour qu'il devienne une simple migration, semblable à celle des étourneaux.
Commenter  J’apprécie          314
La mémoire délavée

Nathacha Appanah cherche, fouille ses souvenirs et ceux de ses proches, des archives, signe un récit vibrant d'émotion, aussi pudique qu'intime. Elle retrace les pas de ses ancêtres, puis de ses grands-parents, le cœur battant et lumineux de ce livre (plus de détails : https://pamolico.wordpress.com/2023/09/10/la-memoire-delavee-nathacha-appanah/)
Lien : https://pamolico.wordpress.c..
Commenter  J’apprécie          310
Rien ne t'appartient

Deuxième lecture de cette autrice. La narratrice, seule depuis le décès de son compagnon, est abandonnée à elle-même et surtout à son passé qui ressurgit après l'avoir enfoui pendant si longtemps. Le mystère est gardé pendant quelques pages, avant de nous le présenter.

Volontairement, Nathacha Appanah reste flou sur le pays d'origine de Tara, et c'est un peu comme sous forme de conte qu'elle nous narre cette enfance choyée détruite, souillée par la guerre ethnique qui sévit à l'aube de son adolescence.

Il y a peu d'espoir dans l'existence que vit alors Tara, malmenée, cachée, coupée de son identité.

C'est un roman fort, perturbant, d'une grande noirceur qui malheureusement raconte la situation de beaucoup de pays oubliés en Occident où nous sommes préservés de tels malheurs, de telles violences.

Un livre poignant, donc, mais qui manque d'originalité à la fin, selon moi, jouant un peu trop sur la corde sensible alors que le récit en lui-même est bien assez tragique comme ça sans qu'il soit nécessaire d'appuyer.

Commenter  J’apprécie          310
Rien ne t'appartient

****



Tara a perdu son mari il y a 3 mois. Au-delà du chagrin, du manque, le poids de l'absent fait remonter tout un passé qu'elle croyait enfoui. Elle est floue, perdue, comme si son être s'effaçait et que son ancien corps demandait à revenir. Elle danse, elle voit ce garçon au visage doux, elle entend des voix qui lui rappellent qu'elle se nomme Vijaya… Victoire…



Natacha Appanah nous entraîne dans un pays qu'elle ne nommera pas. Un pays qui tue pour des idées de trop, qui emprisonne pour cacher un corps qui a trouvé la sensualité, qui maltraite des jeunes filles orphelines et perdues.



Lorsque le roman commence, dans le salon de Tara, il y a comme un voile qui recouvre tout. Des bribes de souvenirs refont surface, sans qu'on en comprenne le sens, sans qu'on en perçoive le but. Et doucement, avec beaucoup de pudeur, Tara se confie.

Elle nous offre alors toute la chaleur d'un foyer, la perte déchirante de ses parents et la lente descente vers son enfermement.



Natacha Appanah réussit en peu de mots, en peu de phrases, à nous émouvoir. Sa poésie, sa justesse, sa fluidité. Tout est là… Et Vijaya nous apparaît. Et si rien ne lui appartient, elle a conquis mon coeur et forcé mon admiration…
Lien : https://lire-et-vous.fr/2021..
Commenter  J’apprécie          310
Le ciel par-dessus le toit

Tropiques de la violence m'avait déjà happée, là je suis conquise.



Le roman s'ouvre sur le personnage de Loup, un jeune adolescent, d'une extrême sensibilité, « un garçon sage, un peu dans la lune, sujet à des crises d'angoisse », qui vient d'être placé en détention, pour avoir conduit sans permis et à contresens sur l'autoroute et avoir fui à l'arrivée des gendarmes. Il voulait rejoindre sa soeur, Paloma, qui a fui la maison, dix ans plus tôt, « parfois il faut savoir pour pouvoir continuer à vivre ».



Par petites touches, Nathacha Appanah nous éclaire sur ce qui a poussé Loup à agir ainsi, et aborde les sujets de la famille, des traumatismes de l'enfance, de la transmission de l'amour au sein d'une famille et de la perception que les enfants en ont.

Loup, Paloma, Éliette, devenue Phoenix, forment une famille brisée, déchirée par manque d'amour. Ces vies paralysées nous sont contées par Nathacha Appanah avec beaucoup de délicatesse.

Son écriture est lumineuse, éblouissante, magique, infiniment poétique pour un roman empreint de noirceur.

« Il y a ce regard échangé de loin. C'est la mère qui avance vers la fille parce que cette dernière est pétrifiée - par cette beauté, par cette vague d'émotions qui l'atteint, par le poids de ces dix années, par la difficulté à être l'enfant de sa mère - et toujours le coeur qui bat, le ventre qui tourne, l'esprit qui débat pour trouver les mots qui conviennent, mais en réalité c'est autre chose qui s'ouvre et qui offre on ne sait pas encore quoi, on ne sait pas encore comment mais on espère que ça ressemblera à de la tendresse et, pour l'instant, ça leur suffit. »

Un roman dou(x)douloureux.

Un roman magnifique, profondément humain.

« Bon sang, comment faut-il la mener cette putain de vie pour qu'elle ne vous morde pas au quotidien ? »

Mon exemplaire est passé entre plusieurs mains ; il n'a récolté que des éloges ;-)
Lien : https://seriallectrice.blogs..
Commenter  J’apprécie          312
Le ciel par-dessus le toit

Quand Phénix s’appelle encore Eliette, la vie n’est ni triste ni extraordinaire et puis tout a déraillé. Des parents qui rêvent de célébrité pour leur fille, des hommes qui la regardent d’un drôle d’air,



« Ces regards-là disent des choses qu’elle ne connaît pas encore, mais dont elle pressent la violence et l’étrangeté. »



Elle va être hospitalisée dans un hôpital psychiatrique pour sa violence. Maintenant elle vit dans un taudis, avec ses deux enfants, Paloma et Loup, le corps recouvert de tatouages, la voix éraillée, les paroles coupantes, elle est tout le temps en colère. Elle ne peut que donner un amour distant à ses enfants, un amour dont on a l’impression qu’il peut s’échapper au moindre bruit, ils ont dû se contenter de cela. Paloma a toujours été une fille solitaire et puis un jour elle a fui cette maison et cette mère qui lui font peur. Loup, est un garçon pas comme les autres. Il a rêvé de sa sœur Paloma qu’il n’a pas revue depuis des années, alors il a eu l’idée de prendre la voiture de sa mère Phenix, il n’a pas le permis, mais elle lui manque tellement. Il s’est trompé de sens, après il y a eu des bruits, des cris et la voiture dans le fossé, un accident grave évité de justesse, refus de suivre les gendarmes, tentative de fuite. Maintenant, menotté, il est soulagé, dans le car de police, il est arrivé à destination.



Avec des mots simples, Nathacha Appanah nous parle des effets irréversibles que peuvent provoquer les blessures de l’enfance. À travers trois personnages fragiles elle nous parle du manque de tendresse de deux enfants qui ont espéré en vain une main qui s’attarde sur l’épaule, un baiser, un regard plus doux et d’une mère incapable de donner ces simples gestes. C’est un roman plein d’une sensibilité à fleur de peau où la noirceur côtoie la grâce, tout simplement magnifique.

Commenter  J’apprécie          313
La noce d'Anna

- Pépite !

Deux femmes : Anna, 23 ans, qui se marie, et sa mère Sonia, 42 ans, qui fait le point, se souvient. La première est très organisée, conventionnelle, (trop) sage. La seconde est écrivain, bohème, indépendante, libre ; elle a choisi d'élever sa fille seule. Elle réprouve secrètement ce mariage qu'elle estime prématuré dans la vie d'Anna, elle n'apprécie pas non plus l'époux choisi, trop sage à ses yeux... Mais elle doute aussi de ses propres choix, aux antipodes de ceux de sa fille, elle aimerait avoir su retenir un homme... On assiste au mariage avec la crainte sourde que Sonia finisse par fuir cette organisation implacable qui l'effraie...



Ce roman m'a happée dès les premières pages. Grâce à l'écriture fine, précise, fluide, je me suis immédiatement immergée dedans, je n'ai pas décroché une seule fois, mon esprit n'a pas vagabondé, chaque mot m'étant ici précieux. C'est superbe, ça foisonne de jolies phrases sur l'amour maternel, sur les relations mère-fille (on peut s'identifier alternativement à l'une et à l'autre), sur les sentiments ambivalents d'une maman face aux choix (professionnels et conjugaux) de sa progéniture, sur le vieillissement et la solitude qui l'accompagne parfois...



A lire... et relire quand les enfants quitteront le nid !!
Commenter  J’apprécie          3112
Tropique de la violence

« Il faut me croire, de là où je vous parle, ce pays ressemble à une poussière incandescente et je sais qu'il suffira d'un rien pour qu'il s'embrase. »



Ces paroles inquiétantes, dans les premières lignes du roman, c'est Marie, qui les prononce d'outre-tombe. Elles nous laissent présager, non pas une belle histoire dans un décor tropical idyllique, mais une plongée dans l'enfer de la violence de Mayotte. Ancré dans l'océan Indien, au large de Madagascar dans le canal du Mozambique, Mayotte est devenu, par le référendum de 2009 (le 3ème depuis 1974), le 101ème département français, de ce fait se séparant administrativement des autres iles de l'archipel des Comores.



Avec un environnement naturel paradisiaque, une biodiversité extraordinaire, un lagon spectaculaire - un des plus beaux du monde avec une double barrière de corail -, Mayotte pourrait être une destination de rêve. L'envers du décor fait plutôt frémir : surpopulation, immigration clandestine galopante, extrême pauvreté, misère sociale, pénurie d'eau, violences quotidiennes d'une jeunesse perdue et livrée à elle-même par une administration complètement dépassée.



Comme je j'ai été moi-même, le lecteur ne peut qu'être ébranlé par ce roman choral rédigé avec une belle écriture fluide et sèche. Pas de pathos ni de parti pris. Chaque chapitre, sous forme d'un long monologue, est raconté par un personnage différent, vivant ou décédé. Ils sont cinq mais le récit se concentre avant tout sur deux adolescents, Moïse et Bruce, qui s'affrontent à mort. Moïse, l'enfant sauvé des eaux, arrivé clandestinement par la mer à bord d'un kwassa-kwassa. Il a été donné par sa propre mère à Marie, une jeune femme, infirmière expatriée, en mal d'enfant. Et puis Bruce, jeune caïd de 17 ans qui fait régner dans l'effroyable bidonville de Gaza, l'ordre et la terreur, mais que tout le monde respecte. A côté Olivier, un policier impuissant et désemparé et Stéphane en mission humanitaire dans une association désespérément vouée à l'échec.



Nathacha Appanah, écrivaine mauricienne, nous transporte dans l'enfer de la misère et de la violence quotidienne de cette ile lointaine délaissée, qui fait régulièrement l'actualité jusqu'en métropole, par ses troubles sociaux et ses heurts, mais qu'on oublie aussitôt sans pouvoir proposer des solutions. Au fur et à mesure du récit on sent monter la tension jusqu'à l'inévitable explosion finale.



« Depuis le temps que ça gonfle cette violence, cette onde destructrice, cette énergie brûlante qui sort d'on ne sait où ; tous ces morts dans le lagon qui vont se réveiller aujourd'hui et nous hurler à la face jusqu'à ce qu'on devienne fou. Depuis le temps qu'on prédit la guerre, qu'on guette le bruit des armes à feu et les cris des bêtes sauvages ».



Un roman dur, percutant, désespérant, dont on ne sort pas indemne, mais dont je recommande toutefois la lecture.



#Challenge illimité des Départements français en lectures (976 - Mayotte)





Commenter  J’apprécie          300
Rien ne t'appartient

C'est sombre, c'est beau, c'est poétique.

Il est question d'une enfance volée, de maltraitance, d'un secret indicible, d'un amour qui doit guérir de tout, qui ne guérit de rien.

Nathacha Appanah, comme dans ses autres romans toujours courts, toujours puissants, condense une tranche de vie.

La plume est précise et élégante.

C'est émouvant et tragique.
Commenter  J’apprécie          300
Rien ne t'appartient

"Rien ne t’appartient" est le premier roman de Nathacha Appanah que je lie. Allez savoir pourquoi, malgré les bonnes critiques et ses interventions à la télévision ou en radio, je n’arrivai pas à m’y intéresser. Alors pourquoi celui-ci en particulier ? Tout simplement parce qu’il était bien en vue sur un présentoir à la médiathèque. Assez court roman, à peine 160 pages, pourquoi pas ?



Dans une première partie, nous découvrons Tara en deuil de son mari. Tourmentée par le chagrin et la solitude, le choc qui la frappe va servir de catalyseur pour faire ressurgir une histoire qu’elle croyait enfouie au plus profond d’elle-même et faire gronder en elle une immense vague de souvenirs qui va tout emporter et lui faire apparaitre Vijaya.



Dans la seconde partie, Vijaya est une petite fille qui aime rire, danser, apprendre et qui croit en l’éternelle enfance. Une petite fille qui pense que dans la vie tout est possible.

Mais cela n’est pas tout à fait vrai car les adultes ont oublié de lui dire : « Personne ne m'a dit : profite de ce ciel, de cette terre, de cette eau pendant qu'il est encore temps. Vautre-toi dedans, plonge, avale, étouffe-toi avec un peu, bientôt ce sera fini, bientôt tu sauras ce que c'est, une fille de ce pays ».



Vijaya, Tara, deux destins, une même personne : une petite fille brisée par la bêtise des hommes dans ce pays que l’autrice ne nomme jamais mais dans lequel il n’est pas bon de naitre « fille », qui pour survivre à l’horreur se transformera en Tara. Qui sait, peut-être pour au final la sauver définitivement…



C’est avec beaucoup de plaisir que je découvre l’écriture de Nathacha Appanah. Son style poétique, tout en retenu m’a profondément ému.

Son écriture est particulièrement fluide et c’est avec une extrême sensibilité qu’elle nous décrit la violence du monde.



L’autrice écrit comme elle parle avec douceur. Elle envoute et happe le lecteur comme je l’ai été par ce roman tout à fait magnifique.



C'est sûr, je vais poursuivre ma découverte en lisant ses autres romans et notamment « Tropique de la violence ».

Commenter  J’apprécie          300




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Nathacha Appanah Voir plus

Quiz Voir plus

Quand les enquêteurs parlent...

— Il s’en est fallu d’un cheveu ! Sans son regard rapide, sans ses yeux de lynx, XXX XXXX, en ce moment, ne serait peut-être plus de ce monde ! Quel désastre pour l’humanité ! Sans parler de vous, Hastings ! Qu’auriez-vous fait sans moi dans la vie, mon pauvre ami ? Je vous félicite de m’avoir encore à vos côtés ! Vous-même d’ailleurs, auriez pu être tué. Mais cela, au moins, ce ne serait pas un deuil national ! Héros de Agatha Christie

Arsène Lupin
Hercule Poirot
Rouletabille
Sherlock Holmes

13 questions
111 lecteurs ont répondu
Thèmes : romans policiers et polars , humour , enquêteursCréer un quiz sur cet auteur

{* *}