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Critiques de Nathacha Appanah (1035)
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Le dernier frère

Raj qui a soixante-dix ans, Voit David en rêve : le rêve doux et plein de sérénité lui donne la permission de se souvenir de leurs jours partagés.

Et c'est un petit bout d'enfance qu'il se remémore. enfance ? Peut-on appeler ainsi cette période de drames, de douleurs et de violence ? Seule la présence éphémère de David donnera un sens à ce mot, comme elle en marquera tragiquement la fin.



Le style de l'écriture vous happe littéralement, vous enjoignant à poursuivre, avec avidité, la lecture pour accompagner les deux garçons. Les descriptions font surgir dans votre imagination tout un tas de couleurs que ce soit celles de la nature féerique ou hostile, des paysages verdoyants ou dévastés et des espèces animales, vous verrez les couleurs de cette merveilleuse perruche...



C'est un roman qui évoque un fait historique de la période de la seconde guerre mondiale, on referme le livre et les questions sont là qui attendent réponses : restait-il, seulement, une once d'humanité dans le monde, durant cette période, quel que soit l'endroit où l'on porte le regard ?

Comme dit Raj, il ne restait peut-être seulement, dans les coeurs, que la honte d'être un homme ?
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Blue Bay Palace

Elle est née là, à Bleu Bay, village au bord de mer, de cette mer spécifiquement bleue. Elle a dix neuf ans, fille unique d'un couple modeste, son père travaille à l’hôtel Le Paradis.



C'est l'histoire idyllique d'un amour entre elle et un jeune homme Dave, soit dit en passant chef de son papa.. Elle a seize ans quand elle le rencontre pour la première fois et ne cesse, de ce jour, de penser à lui.



Seulement de cette chance qui lui sourit joyeusement, son amour avec un homme de haut rang, son travail à l’hôtel Le Paradis, elle pense qu'un jour elle "aurait le retour de bâton" car elle ne comprend pas pourquoi la vie lui offre tout ce bonheur alors que ces amies galèrent.



Et c'est ainsi qu'un matin elle découvre que celui qu'elle désire le plus au monde, vient de se marier avec une autre femme, une femme de son rang, un mariage arrangé par ses parents.



Tout se déchire violemment en elle et elle ne sera plus jamais la jeune fille insouciante et aimante. Son corps s'empoisonne de haine.



Jusqu’où peut-t-elle aller pour essayer de guérir cette blessure qui saigne à vif dans son cœur et tout son corps ?



Une histoire d'amour dans tout ce qu'elle a de plus violent, d'ailleurs peut on appeler cela de l'amour ? L'auteure souligne la souffrance extrême de l'être humain quand il est dépossédé de ce qui le tenait en vie, en amour, en liberté.



Depuis la lecture du tout dernier roman : Le ciel par-dessus le toit de Nathacha Appanah, je poursuis la découverte incessante de cette plume que je trouve magnifique mais aussi très violente.
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Le ciel par-dessus le toit

Ils pensaient agir au mieux pour elle, pour son avenir, ils pensaient la protéger en veillant avec tant de précaution pour elle. Ils rêvaient tout simplement un avenir exceptionnel !



Mais elle, comment vivait-elle toute ces mises en scène ! Que se cachait-il sous ses sourires ? Pourquoi ressentait-elle ce besoin vitale de se réfugier sous sa petite tente de fortune ?



Et puis il y a eu un jour pas comme les autres, alors qu'elle devait entrée une fois de plus en scène, sa mère absente quelques minutes, un homme n'a pu succombé aux charmes de la petite.



Le cri !



La métamorphose. De ce jour la petite Éliette, enfant poupée est devenue en grandissant la femme Phénix, une femme sauvage. Mais est-ce là le bon chemin pour un épanouissement équilibré ?



C'est un roman a trois voix, celle de la mère, celle de sa fille et celle de son fils, c'est un cri de désespoir d'une femme qui ne sait pas comment aimer ses enfants, qui ne veut surtout pas reproduire ce qu'elle a vécu, ce trop plein et à contrario, elle donne au compte goutte à ses propres enfants sans jamais leur dire qu'elle les aime.



C'est un roman sur la famille, l'enfance. Comment aimer ses enfants ? Et sur la transmission. Une très belle invitation à réfléchir sur le lieu même qu'est la famille, ce vase clos qu'elle peut devenir si la famille est refermée sur elle même. Si les parents ne se rendent pas compte, ne prennent pas de recul sur la façon d'être en présence avec leurs enfants. Si les enfants sont libres de dire et d'être ce qu'ils souhaitent être réellement ce qu'ils sont sans vouloir d'abord faire plaisir aux parents............



Rien n'est facile de toute évidence.



En lisant ce roman qui à mon sens est écrit comme un conte, très poétique, j'ai retrouvé quelque part, la plume de Sylvie Germain ! Oui toute cette ambiance qui lui est chère. Nathacha Appanah avec ce dernier roman m'a totalement séduite, sa plume excelle dans l'art de dire ce qui est bien difficile de dire lorsque justement les mots font tant défaut.
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Tropique de la violence

Mayotte, île française. Mo naît avec un œil marron, l’autre vert. C’est pourquoi sa mère l’abandonne à une autre femme. Enfant noir aimé par une blanche qui l’envoie à l’école et l’élève à la française. Tout va bien, jusqu’à ce qu’elle meurt…Un petit bout de France dans l’océan indien où la violence est grande. Une belle écriture qui va à l’essentiel. Je n’avais pas eu envie de lire ce roman à sa sortie à cause du mot violence. C’est le style puissant de l’auteur qui m’en a donné envie après La noce d’Anna.
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En attendant demain

Adam et Anita se sont rencontrés à vingt ans étudiants à Paris et avec tous les deux ce même sentiment de ne pas être à leur place et après une vie de couple particulièrement épanouissante ont vite vu le quotidien et les désilusions prendre le pas. Heureusement, ce morne quotidien est bouleversé par la rencontre que fait Anita d’Adèle et se lie d’amitié pour cette belle femme sans papiers et au lourd passé.



Adèle sera le déclencheur d’une nouvelle flamme créatrice pour le couple mais également la porte d'entrée d'une tragédie irréfutable pour le couple que l'on devine dès les premières pages du roman.



On pense un peu au dernier prix goncourt la chanson douce de Leila Slimani en lisant ce roman sur les mensonges et la banalité d'un couple, et l'arrivée d'abord salvatrice puis tragique d'une tierce personne.



La romancière mauricienne Natacha Appanah est particulièrement habile à décrire les renoncements, les espoirs et autres petites morts de la vie conjugale et de ces solitudes dans lesquelles il est si facile de s’enfermer, d'une plume qui sonde avec beaucoup d'acuité les états d'âme éphémères et ces petites sensations du quotidien qui nourrissent le sentiment de vivre.



La fin, un peu abrupte, tranche certes un peu avec le reste du roman mais l'ensemble prouve l'immense talent d'une auteur qui a récidivé de fort belle manière lors de cette rentrée littéraire avec le très beau « Tropique de la violence ».
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Tropique de la violence

Tropique de la violence - Nathacha Appanah



C'est un roman qui nous plonge dans la réalité d'une île, Mayotte, que l'on croirait être un endroit paradisiaque.

Après une enfance choyée, Moïse se retrouve à l'adolescence confronté à la très dure réalité de la vie.



Dans une très belle écriture Nathacha appanah, nous fait découvrir l'envers du décor, Mayotte paradis pour touriste mais enfer pour les résidents et surtout pour les jeunes, livrés à eux-mêmes, sans éducation, sans aide, sans parent.

C'est un roman à plusieurs voix où chaque protagoniste raconte son histoire, cette terrible histoire d'où personne ne sortira indemne, ni les héros, ni le lecteur, C'est dur, c'est violent, et cela fait très mal.
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La noce d'Anna

Une très belle histoire d'une femme qui voit sa fille prendre son envol et a travers sa narration on assiste a son mariage. Sonia, la mère évoque ses souvenirs, se revoit au même age que sa fille Anna. Deux femmes très différentes et Sonia nous fait part de ses doutes sur les choix de sa fille et évoque son enfance.

Un roman très bien écrit avec beaucoup de tendresse et d'émotion et très beau portrait de femme et de mère.

Juste un petit bémol, j'ai trouvé le livre un peu long (pourtant il n'y a pas beaucoup de pages) mais il ne s'y passe pas grand chose, j'aurais aimé un peu plus d'action.
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Rien ne t'appartient

(…) et je sens que, bientôt, je n’aurai plus la force de la retenir tant elle me hante, tant elle est puissante. C’est elle qui me fait oublier les mots, les évènements, c’est elle qui me fait danser nue ».

*

C’est la rencontre avec une femme qui s’appelle Tara et semble n’avoir plus toute sa tête.

Bientôt le crépuscule, la nuit a enveloppé ses pensées, mêlant souvenirs, réalités ou fantasmes…

J’étais un peu perdue au début du récit, comme cette femme semblait l’être.

Elle paraît n’avoir plus son discernement au milieu de tout un capharnaüm.

Autour d’elle, un beau-fils Eli, son mari Emmanuel défunt, un jeune garçon…



« Je dois agir avant que le garçon ne revienne, tant que mon esprit est clair. Il est temps que ça s’arrête ».



La perspective d’un orage… l’eau… qui surgit, glisse et ramène des choses à la surface…



« Tout glisse, écrasé ou balayé. Le gris perle du soir a débordé du dehors et s’infiltre ici ».



Une femme hantée et tourmentée, un flou distillé…puis quelques bribes semées ici et là…

Et le récit nous emporte. Le clair-obscur de cette nuit renvoie Tara dans son passé.



Un temps et un ailleurs où elle pensait que tous les possibles s’offraient à elle au milieu du rire de sa mère, de l’esprit libre de son père, les rizières, la joie, l’innocence, les senteurs exotiques des fleurs de frangipanier, les feuilles de manguier pour porter chance et éloigner le chagrin.

Mais une vague de chagrin immense la submerge…



Tât taï taam dîth taï taam …

Dans un autrefois où les couleurs chatoyantes virevoltaient sur sa jupe, grelots tintinnabulant aux chevilles, elle dansait sur ces syllabes, le Baratha natyam, danse traditionnelle ancestrale, dans un univers où les parfums capiteux exhalaient, une atmosphère douce et tranquille.



Des évènements meurtriers engendrant des souffrances, la perte brutale de ce qui fût jusqu’alors.

Des sentiments et des cicatrices.



« Rien ne t’appartient ici » lui a-t-on asséné…



Tara a laissé de côté le temps de l’insouciance, par instinct de survie oublier lui est nécessaire.

Une lutte s’engage alors avec la résurgence sensorielle du passé.

Une réminiscence prégnante de sensualité, des mystères qui lui appartiennent, une autre, celle qu’elle était autrefois.

« Dans ce rêve, je sais que je suis à la foi moi et une autre ». L’esprit embrumé. Une réapparition…

*

Un roman où la confusion, la détresse, la tendresse, la culpabilité, la violence, sont dépeints dans une écriture douce et poétique. De suggestions en peu de mots, une justesse sobre et élégante.

Une plume intimiste, lyrique, pour décrire le tragique avec tant de beauté artistique.

Pour ma première rencontre avec Nathacha Appanah que j’ai beaucoup apprécié lors d’interview, j’ai aimé.

Une délicatesse charnelle qui m’a touchée.

*

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Rien ne t'appartient

Quel bonheur de retrouver l’écriture de Nathacha Appanah et la puissance narrative de ses histoires !



C’est une constante de ses livres, cette capacité à nous entraîner dans un univers méticuleusement décrit, par la beauté des choses ou le poids de la douleur. Son écriture chante, virevolte, aisée en poésie et douceur des mots, même pour aborder la plus forte dramaturgie.



On débute ce nouveau roman en curiosité par un long chapitre introduisant une héroïne déboussolée par le deuil, à la raison qui vacille quand le passé revient, envahie d’hallucinations au seuil de la folie.

Une partie perturbante et dérangeante, peu éclairante mais si compréhensible, au final. Je l’ai même relue en refermant le roman.



C’est ensuite un long retour en arrière, pour raconter une petite fille heureuse dont la vie bascule à l’adolescence dans un pays jamais désigné mais aux conflits sociaux récurrents. Une jeune femme qui perd tout, ne possédant plus que quelques souvenirs dangereux et beaucoup de tristesse, qui en fait le deuil pour renaître, construite une nouvelle identité et tenter le bonheur.



Un roman qui frappe fort par sa douloureuse narration et son personnage bouleversé par tant d’événements dramatiques, contraint à l’effacement et au dédoublement. Des thèmes forts en filigrane (identité, résilience, condition de la femme) portés par une écriture magique de simplicité et de sensualité.



Un gros coup de cœur.

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Tropique de la violence

Hymne à la compassion, non pas pour la très médiatisée Gaza de Palestine, mais pour Gaza, le méconnu quartier à la dérive de Mayotte, là où échouent des jeunes sans autre ressource que de s'oublier parfois dans la drogue et de se fourrer sous la protection de Bruce, qui règne avec une violence qui ferait pâlir le plus terrible des despotes.

Parce qu'il ne veux plus être "muzundu" (étranger), Moïse décide de rejoindre les plus défavorisés alors qu'il a été éduqué parmi les privilégiés, bénéficiant de la culture et du confort français. Un décision lourde de conséquences car il doit se soumettre. Jusqu'à quel point ?



Un livre choral puissant qui met en garde contre l'indifférence vis à vis des laissés-pour-compte.
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Le ciel par-dessus le toit

L'écriture intimiste de Nathacha Appanah explore, interroge les relations familiales, la transmission, les non-dits d'une génération à une autre. Comment s'aimer, bien s'aimer, comment y arriver ou pas ?

Un livre court d'une grande intensité, magnifique, percutant qui reste en nous même après avoir terminé la lecture. Un grand livre avec ce trio de personnages bouleversants et attachants, Phénix la mère, Paloma la fille et Loup le fils.Un roman que je n'oublierais pas.
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Le ciel par-dessus le toit

Il s’appelle Loup, il a 17 ans et il est différent. Nous faisons sa connaissance alors qu’il vient d’arriver à la maison d’arrêt et tel l’animal dont il porte le nom il va être mis en cage, parce que Loup n’a pas toujours les mots qu’il faut, qu’il suit son instinct, parce que ses angoisses le poussent à avoir peur d’un creux, à sortir courir jusqu’à l’épuisement pour les évacuer, parce qu’il a voulu trouver des réponses à ses questions, pour pouvoir continuer à vivre. Il est désormais l’écrou 16587.



Et pour comprendre pourquoi Loup en est arrivé là, Natacha Appanah va remonter le temps petit à petit, jusqu’à l’enfance de sa mère, Phénix, du temps où elle s’appelait Eliette, car finalement c’est peut-être là que se trouve la réponse ou les réponses pour comprendre comment l’adolescent se retrouve enfermé et ce que l’on pourrait prendre comme un acte de délinquance, n’est finalement que le résultat d’enfances gâchées.



Tout d’abord celle d’ Eliette, avant de devenir Phenix, sa mère, une enfant si jolie qu’elle était devenue un objet de foire, admirée mais pas assez aimée, qui se rebella et construisit une vie faite de bric et de broc. Puis celle de Paloma, sa sœur aînée, qui claqua la porte à 17 ans pour ne plus jamais revenir et s’offrir la possibilité d’une vie différente de celle que sa mère leur imposait et puis celle de Loup qui ne dit rien mais souffre du manque d’attentions et de tendresse de sa mère, de l’absence de sa sœur, lui qui vit dans ses souvenirs, dans ses pensées, dans son monde où il associe les sons des mots : menotte, quenotte, culotte….



"« Ne vous inquiétiez pas, Phénix, il n’est pas malade (…) Elle s’était alors tournée vers Loup et son regard sur lui, lourd de reproches d’être ce qu’il était, bizarre, étrange, bête mais pas malade, de ce regard-là, comme guérir ? (p17)"



Ce n’est pas une histoire de maltraitance, c’est l’histoire d’une mère qui n’a pas voulu reproduire ce qu’elle même a vécu, qui n’a pas les codes, les gestes, les mots, elle qui a encore dans la bouche l’odeur râpeuse d’un abus qu’elle tente de chasser avec l’alcool, elle qui a tatoué sur sa peau tous les symboles qui peuvent la rendre plus forte, qui la protègent, qui a espéré en vain une marque de pure tendresse de la part de sa mère, elle qui a laissé parler sa colère quand elle a compris qu’elle ne viendrait jamais. On ne peut donner ce que l’on a pas appris à recevoir.



Natacha Appanah s’applique, dans une construction particulière mais très habile avec une écriture le plus souvent faite de courtes phrases, haletantes, rapides, précises, à exposer chacun des acteurs de la vie de Loup, jusqu’au médecin qui le mit au monde car tout dans la vie de Loup est inhabituel.



Avec méticulosité et concision, l’auteure a pris la peine d’observer, d’imaginer, d’écouter Loup, comme le fait le juge pour le comprendre, lui qui, une fois enfermé, va trouver une sorte de paix, de repos, d’assurance, dans ce lieu clos et lorsqu’il va enfin s’expliquer, ce sera une confession faite d’un jet, dans un souffle, parce qu’il a tant accumulé que cela déborde.



"Vous comprenez alors j’ai pris la voiture de maman sans rien dire en pleine nuit parce que je n’en pouvais plus de ne pas savoir et je suis venu ici parce que parfois il faut savoir pour pouvoir continuer à vivre (p123)"



Déjà dans Tropique de la violence, Natacha Appanah nous parlait d’enfance mais ici elle fait le lien entre les enfances, la filiation, les conséquences et s’attachant à Loup, ce garçon perdu dans un monde d’adultes, tel un animal égaré dans la forêt, sentant le danger et cherchant une issue. Lire Natacha Appanah c’est ouvrir des portes sur l’autre, sur les autres, ne pas s’arrêter aux apparences dans un style bien à elle, fin, précis et chargé en sentiments.
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Tropique de la violence

Roman choral où cinq destins vont se croiser et s'entrecroiser où même les morts racontent leur histoire.



Marie,petite citadine, élève infirmière vit une vie étriquée dans une ville de province, jusqu'au jour où elle rencontre Chamsidine, élève infirmier ,originaire de l'île de Mayotte. Coup de foudre immédiat, à 27 ans ,elle se marie et part vivre à Mayotte.

10 ans se passe ,leur amour s'étiole : Marie ne peut avoir l'enfant qu'ils désirent, Chamsidine demande le divorce.

Un jour ,lors d'un "arrivage" de migrants ,Marie qui les réceptionne,aperçoit une tout jeune fille avec dans les bras un bébé tout emmailloté comme une momie.Prenant le bébé la jeune fille lui dit: un bébé du Djinn .Marie court chercher un biberon de lait ,lorsqu'elle revient ,la mère a disparu .Un cadeau du ciel pour Marie, qui ne peut avoir d'enfant.Elle va l'adopter et l'appeler Moïse. L'enfant à les yeux vairons : un oeil noir et un vert et à Mayotte ,on rejette ces enfants là. c'est synonyme de "fils de démon ".

Moïse vit une enfance et adolescence heureuse ,choyé, couvé par Marie jusqu'au jour où Marie meurt subitement dans sa cuisine.Moïse ,en état de choc s'enfuit avec son chien.Completement perdu ,il se lie avec Bruce ,chef de gang ,

animé par la haine ,c'est une longue descente en enfer que va connaître Moïse au contact de ce gang d'ados pour qui survivre est synonyme de meurtres, vols,drogues etc... l'envers du décor de Mayotte.

Roman émouvant, et eprouvant par sa dureté ,âpre qui m'a marqué car si l'histoire est fiction la description de leur quotidien n'en est pas une,et pourtant ::Mayotte c'est la France!.A recommander chaleureusement. ⭐⭐⭐⭐⭐
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Tropique de la violence

Là bas, au bord de l'océan indien, le soleil grille. L'île aux parfums ensorcelle par sa beauté et sa luxuriance. Mayotte est un paradis, oui mais pas pour tous. Dans Tropique de la violence, Nathacha Appanah dévoile l'enfer du décor. Misère des clandestins venue des îles voisines, déréliction d'une jeunesse sans avenir, délinquance, drogue et humiliation : le cocktail est explosif. Si la plume de la romancière s'exprime le plus souvent au présent dans des phrases cinglantes non dénuées d'une verve poétique lancinante c'est que le futur n'existe pas et que le passé n'est que source de souffrance. le plus jeune département français est proche du chaos victime de l'indifférence de la métropole et du clientélisme des politiques. A travers cinq personnages, qui prennent à tour de rôle la parole, qu'ils soient vivants ou morts, Nathacha Appanah décrit un engrenage, une histoire simple et tragique, dans un quartier surnommé Gaza, réceptacle de toutes les rages et de toutes les haines. Parce qu'il n'y a plus rien à perdre sinon la vie. Ce livre est beau comme un chant funèbre, sauvage et désespéré.



Merci à la masse critique de Babelio et aux éditions Gallimard de m'avoir permis de lire cet excellent roman.
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En attendant demain

Le créole mauricien est la langue maternelle de Natacha Appanah. Et comme tous les écrivains qui ont apprivoisé un autre idiome, elle emploie le français avec amour, nous en faisant déguster chaque nuance, le faisant rouler sous sa plume avec une délicatesse et une élégance infinies. Ce qu’elle raconte, dans En attendant demain, est pourtant triste et fort dramatique. Elle ne nous le cache pas dès l’entame du livre : la tragédie sera au bout de la route. Adèle, Anita et Adam : trois prénoms qui commencent par la même lettre (s’y ajoute Laura la fille des deux derniers)et dont l’alchimie heureuse va vaciller parce que l’équilibre de cette vie, de notre vie, tient finalement à peu de choses, à la confiance, à la bienveillance et à l’amour, lesquelles sont trahies parfois, ne serait-ce que par maladresse. Par petites touches, Natacha Appanah s’approche du cœur intime de ses personnages, tous blessés et dont l’écorce apparente n’est pas si solide que cela. En attendant demain est aussi le roman des espoirs déçus, de l’existence décevante que l’on n’a pas su rendre pleinement heureuse par manque de ténacité ou de courage. La romancière est très fine dans l’analyse psychologique et sociale d’un milieu provincial où l’apparition d’une peau cuivrée (celle d’Anna et d’Adèle) provoque des réactions étonnées. On ne va pas appeler de racisme, non, mais quelque chose qui est comme son antichambre, une couleur de peau différente qui est acceptable si elle correspond aux clichés qu’on lui accole volontiers. En attendant demain peut être qualifié de beau roman, un brin trop mélodramatique peut-être, dans ses dernières pages, sentiment compensé par le moelleux et le capiteux de son style.
Lien : http://cin-phile-m-----tait-..
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La mémoire délavée

Quelle forme doit prendre l’écriture pour parler du passé, de sa famille, de ceux que l’on a connus mais qui n’ont pas tout dit, qui sont restés secrets et humbles ? La question est difficile, surtout quand on est romancière et que l’on a pour habitude d’écrire des fictions. Peut-être n’y a-t-il pas de réponse. Ou bien faut-il se lancer sans se demander quel sera l’effet produit. Les étourneaux en plein vol n’ont pas conscience de la beauté de leur mouvement. Ils volent. Nathacha Appanah va donc se lancer, elle-aussi, écrire sur ses ancêtres coolies qui ont quitté l’Inde pour aller travailler sur l’Île Maurice à la fin du XIXe siècle. La traversée a duré sept semaines. À leur arrivée, on leur donne un numéro. 358444, 358445, 358448. Terrible déshumanisation. Un couple et un enfant. Des trous dans la suite de nombres laissent toujours imaginer le pire. Quitter sa terre pour devenir un esclave ailleurs s’appelle l’engagisme. Un autre terme pour dire l’esclavage. Remplacer les esclaves noirs dans les champs de canne à sucre après l’abolition de l’esclavage. Un virgule cinq millions d’Indiens qui ont quitté leur pays, leur village, leur famille pour travailler ailleurs, là où on leur faisait croire que de l’or était caché sous les rochers. Encore une histoire de domination. Comment être précis pour raconter ce qu’ils ont vécu ? Que reste-t-il de ce qui s’est transmis oralement ? Évidemment, on peut interroger les parents, les grands-parents mais ils répondent : « c’est vieux tout ça ». Alors, on se fait une idée, on les imagine, on les invente au risque d’en faire une fiction. « Mon esprit les a lavés, ces ancêtres, essuyé leurs visages, coiffé leurs cheveux, habillés de vêtements propres, éloignés des cales de bateaux et de la perspective du labeur quotidien des champs de canne. C’est une image presque proprette. C’est une mémoire délavée. »

C’est avec beaucoup de sensibilité et de pudeur que Nathacha Appanah fait le récit de ses ancêtres sur l’Île Maurice sans jamais cesser de s’interroger sur la façon de restituer leur quotidien. Comment les mots d’aujourd’hui vont-ils exprimer, sans jamais les déformer, les mœurs d’autrefois : l’accouchement d’une femme, la grand-mère, seule, accroupie, sur une toile de jute. Comment raconter la poliomyélite du père soignée par sa mère à l’aide de feuilles de noni écrasées en cataplasme, infusées dans de l’huile chaude et pressées en jus. Parce qu’elle se méfiait de l’hôpital et des médecins. Combien la grand-mère a-t-elle eu d’enfants ? Douze, quinze ? Sept ont survécu. Comment continue-t-on à vivre quand on a perdu cinq enfants ? Comment se lève-t-on tous les matins pour aller travailler jusqu’à la nuit tombée dans les champs ? Quels mots, quelles phrases pour dire cela, pour restituer ce qu’elle fut, pour ne pas se tromper et la saisir dans toute sa complexité et sa richesse ? Quelle bonne distance adopter pour dire ceux qu’on a tellement aimés ?

L’autrice raconte aussi son enfance entre ses grands-parents qui ne savent ni lire ni écrire et des parents instruits et diplômés. Une enfance en équilibre sur un fil entre le passé et le présent, les temps anciens et la modernité, l’ici et l’ailleurs.

Un texte magnifique et vraiment très émouvant qui rend hommage à ces vies de là-bas, dont on sait si peu de choses.
Lien : http://lireaulit.blogspot.fr/
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Le dernier frère

Sur l'Ile Maurice, en 1945, deux enfants solitaires, meurtris par le deuil et le malheur vont se rapprocher fortuitement et se lier d'amitié.



Raj a 9 ans, il a eu la douleur de perdre ses deux frères bien aimés, Anil et Vinod, emportés devant lui par une rivière de boue lors de pluies diluviennes. Depuis ce drame, il vit seul entre une mère aimante et un père alcoolique et violent qui les terrorise et les brutalise. David, lui, a 10 ans et une santé fragile. Il est orphelin, originaire de Prague et fait partie d'un convoi de migrants juifs refoulés de la Terre Promise où ils cherchaient refuge. Tous deux vont se rencontrer près de la prison de Beau Bassin, au sud de l'ile, où le père de Raj a trouvé une place de gardien. Conditions de détention insalubres, malnutrition, maladies, violence au quotidien, de nombreux prisonniers ne résisteront pas. Les deux enfants vont trouver la force de s'échapper, une fuite périlleuse et illusoire dans les forêts de camphriers et de banians.



Raj, soixante ans plus tard, avec une profonde tristesse, raconte cet épisode douloureux et revient sur ses souvenirs et un sentiment de culpabilité qui le hantent.



A partir d'un fait historique scandaleux, hélas longtemps occulté, Natacha Appenah signe un roman troublant et émouvant, sur l'amitié, l'amour maternel, la violence et le deuil. Elle dépeint une ile à la nature luxuriante, mais aux conditions de vie précaires. A l'époque la misère y règne en maître. L'écriture est simple et fluide, le ton toujours juste et la narration empreinte de sensibilité, de pudeur et d'une certaine innocence.

Un livre instructif et attachant que je conseille à tous.



#Challenge ABC 2023 / 2024















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Rien ne t'appartient

"J’essaie de garder mon calme mais je ne peux pas aller à l’hôpital, je ne peux pas répondre à leurs questions, je ne peux pas les laisser examiner mon esprit. Je les imagine extirpant mes souvenirs et les montrant, l’un après l’autre, à Eli. Je ne peux permettre cela. Ce sont des choses qui m’appartiennent, à jamais."

Voilà ce que pense Tara, ou Vijaya, veuve de fraîche date, lorsque son beau-fils Eli s’inquiète de sa santé mentale. Car en effet, la mort soudaine du mari tant aimé réveille tous les fantômes qui l’ont accompagnée au fil de sa vie.

Les souvenirs sont tout ce qui lui reste, souvenirs enfouis de tout ce qu’elle a perdu au long de sa courte vie : l'enfance heureuse brutalement terminée; le plaisir du corps, là aussi brutalement interrompu ; l’amitié qui connaît une fin tragique, l’amour qui s’achève tout aussi dramatiquement…

Une courte vie faite de pertes, de deuils, de dépossession, au cours de laquelle tout ce qu’elle a aimé a disparu.

Une écriture forte et délicate, un livre déchirant.

Challenge ABC 2022/2023

Challenge Globe-Trotter (Maurice)

LC thématique d’octobre 2022 : "Le verbe haut !"
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Le dernier frère

Ce livre se base sur un fait historique : celui de l'internement des juifs refoulés de Palestine par les Anglais en 1940 et déportés vers d'autres colonies britanniques, Trinité et Tobago ainsi qu'à l'île Maurice. Ils furent « parqué » là (y-a-t-il d'autres mots ?) dans l'enceinte de l'ancienne prison de Beau-Bassin. Ils y resteront 5 ans.



Ce témoignage est celui d'un adulte du pays qui fut un enfant à l'époque des faits. Pour lui ce fut la fin de l'insouciance, de l'enfance et la découverte d'un « autre monde ». L'homme âgé qu'est devenu Raj se souvient de cette époque avec le recul de l'adulte : Un peu trop pour moi, ce qui a neutralisé l'effet « vérité » et endigué le côté vivant, naturel et spontané de l'histoire. Il n'a pas suscité en moi l'émotion qu'il aurait dû… J'étais spectatrice mais pas partie prenante. Ça m'a manqué.







Le style de l'auteure est agréable, fluide et sans difficultés particulières. Mais je le répète, malgré tous les malheurs qui déferlent sur cette famille, malgré ceux infligés à tout un peuple ; cette histoire terrible et poignante, je l'ai juste ressenti comme un récit factuel - un peu flou par moment (parce que c'est un enfant) où s'égrènent toutes les calamités considérées après coup, des décennies plus tard avec beaucoup trop de distance, bien trop relativisées.



En fait, peut-être Raj essaie-t-il de dédramatiser, parce qu'il culpabilise. En rendant les choses moins graves il dilue la honte ? Cela ferait sens. Mais pardon, honte de quoi, au fait ?



Honte d'être mauricien ? Choisit-on où l'on nait ?

Honte d'avoir survécu à ses deux frères ? Que peut-on contre les forces de la nature ?

Honte des colères de son père ? de sa violence ? Est-on responsable de ses ascendants ?

Honte de ne pas avoir pu protéger sa mère de la violence familiale ? Ce n'était qu'un enfant…

Honte de découvrir que son père ne gardait que des victimes ? Comment pouvait-il savoir ?

Honte de comprendre qu'ils étaient soumis à l'autorité coloniale ? Cela ne peut être qu'à l'âge adulte

Honte de ne pas avoir pu protéger David ? Comment aurait-il pu le faire ?

Honte d'être un enfant?

Honte d'avoir attendu aussi longtemps à l'âge adulte pour affronter la réalité et ses propres démons?

Honte d'être un homme faible ? Un homme tout court ?



Du coup, ça n'est plus seulement une histoire, mais une vaste réflexion sur la vie ; cela prend une autre dimension. Pratiquement un ouvrage philosophique en somme. D'où la simplicité de la langue pour mieux y faire passer les idées…





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Rien ne t'appartient

À la mort d’Emmanuel, son mari, Tara est perdue, elle sent que la réalité lui échappe. Le présent s’efface pour laisser place à l’enfant qu’elle fut, dans un pays jamais nommé, plombé par un soleil brûlant, léché par la mer et par l’ombre des palmiers, imprégné de l’odeur des fleurs de frangipaniers et des mangues douces-amères.



Souvent, un jeune garçon s’invite dans le fauteuil du salon et envahit l’espace de sa mystérieuse présence.



Dans la seconde partie du roman, Vitaya raconte l’enfance colorée jusqu’à la violence qui anéantie sa vie et celle de ses parents et de tant d’autres personnes.



« Rien ne t’appartient » est l’histoire de la renaissance d’une « Fille gâchée » par la peur, la cruauté, le chagrin.



Natacha Appanah, signe avec « Rien ne t’appartient » un court roman à la puissance narrative incroyable, qui n’a d’égale que la beauté de la langue.



Sans jamais tomber dans le larmoyant, elle tisse les destins, dresse les portraits des protagonistes, croise leurs regards et nous raconte les péripéties de leur vie.

Et c’est magnifique et bouleversant.



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