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Critiques de Nathalie Azoulai (267)
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La fille parfaite

Du vide laissé par la soudaine disparition naît le questionnement. Il est ici question de deuil, de littérature, de mathématiques ; l'avenir étant désormais entre les mains de ces dernières, la littérature n'étant plus que le fantôme d'elle-même. Ou alors, comme l'écrit l'autrice, le livre en sortira vainqueur parce que lui seul sait raconter. Il est ici question d'amitié, de rivalité, de ce qui nous retient en vie et de ce que l'autre emporte comme secrets dans la tombe. Je resterai donc vague car c'est un livre qu'il n'est pas facile de résumer sans risque de le clôturer.
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La fille parfaite

Adèle, l’amie d’enfance de Rachel, la narratrice, se suicide, sans lui laisser de mot d’explication. Bouleversée, Rachel se remémore leur amitié, pour essayer de comprendre comment Adèle a pu aboutir à ce geste.



C’est une amitié étrange qui lie Adèle et Rachel, a la limite de la toxicité, basée depuis toujours sur la concurrence et une certaine dose de dévalorisation de la part de la narratrice.

Tout oppose Adèle et Rachel : la première, fille d’une famille qui a réussi à se hisser vers la classe moyenne par le travail, est un pur esprit scientifique, tandis que la seconde vient d’une famille aisée baignant dans une culture toute littéraire. Cette différence entre les deux filles, malgré leur blondeur et leur ressemblance, a été comblée par leur vive intelligence, peut être plus marquée chez Adèle, et surtout par l’admiration ambiguë de Rachel pour Adèle. Des sentiments vifs mâtinés d’orgueil blessé qui ont longtemps attiré Rachel vers son amie, tout en la poussant à rompre leur relation, en vain.



En effet, l’admiration que ressent Rachel pour Adèle corrompt tout ce qu’elle aime, comme si cette dernière était un trou noir qui gâte les choses par sa seule présence. Ainsi, même si Rachel aime profondément la littérature au point de devenir écrivaine, elle est tellement influencée par le mépris de son amie pour cet art et tellement pénétrée par son sentiment d’infériorité à son égard, qu’elle se persuadera que les lettres sont pour les intelligences moyennes, ce qui le fera souffrir toute sa vie. Tout est en effet matière chez Rachel à se comparer, se dévaloriser, sans voir qu’Adèle doit certainement ressentir des sentiments du même ordre, car Rachel au final est plus libre : libre de faire des maths au lycée, pour être dans la même classe qu’Adèle, au lieu de se lancer dans la littérature, alors qu’Adèle a été dressée par son père pour faire des maths ; libre de rester célibataire et sans enfants, alors qu’Adèle s’est mariée jeune et a eu un enfant, contrainte supplémentaire dans une carrière.



Une amitié toxique est un sujet habituellement traité de manière chaude et émotionnelle, puisque la confusion des sentiments est à l’œuvre dans ce type d’attachement. Or, que ce roman est froid et distant ! A l’image d’ailleurs d’Adèle et de Rachel, cette dernière décrivant ses sentiments comme des Mister Freeze placés près du cœur (c’est dire). Cette mise à distance de tout sentiment et émotion m’ont empêchée de développer une quelconque empathie à leur égard. C’est particulièrement bien écrit, mais l’érudition et les références dispensées un peu partout dans le texte m’ont mise un peu plus à l’écart encore, étant loin de les saisir (étant « littéraire », j’en ai pris pour mon grade…). Cette binarité d’ailleurs entre les sciences et cet art presque vulgaire qu’est la littérature m’ont interrogée : pourquoi les éloigner à ce point ?



Bref un ouvrage qui, malgré ses qualités littéraires justement, ne m’a pas emportée du tout. Vite, un peu de chaleur !

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Titus n'aimait pas Bérénice

Un Titus contemporain quitte sa maîtresse Bérénice tout aussi contemporaine. Ce Titus retourne à sa femme, sa famille, ses enfants, il suit la voie de la raison. Il n'est pas le premier, il ne sera pas le dernier à agir ainsi.

Cette histoire d'amour, l'auteur la transpose au XVIIe siècle, sous le règne du Roi Soleil, en suivant la vie et l'œuvre d'un dramaturge, et grand courtisan de l'époque, Jean Racine. Car notre Bérénice contemporaine se plonge dans l'étude des livres de ce grand auteur classique..

Titus et Bérénice ne sont qu'un prétexte et qu'importe comment se termine leur histoire et ce qu'elle aura pu être.

Un livre très particulier, le vocabulaire est soutenu. Je sors de cette lecture avec l'envie de lire les tragédies du grand Racine.
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La mode

Pour commencer, je remercie Babelio et les éditions De La Martinière Jeunesse pour m'avoir envoyé ce livre.

Nathalie Azoulai nous ouvre la porte des coulisses de la mode, dans l'ombre où le strass et les paillettes laissent place, entre-autres, aux sources d'inspiration des créateurs, à la visite d'un atelier de couture et à l'organisation d'un défilé.

C'est donc un livre qui démystifie tout le côté glamour du métier que les enfants, en particulier les jeunes filles, voient et qui leur fait donc réaliser que la mode est le fruit de deux ingrédients: travail et business. En réalité, les mannequins n'ont pas une vie de rêve mais de stress et il faut savoir que sans média, il n'y a pas de mode.

Mais derrière les mannequins, la plupart du temps retouchées sur les affiches et les publicités, il y a tout un autre monde voire plus. Celui des petites mains, des organisateurs, des agences, des photographes, des financiers, des rédactrices de mode, des it girls et puis aussi, des blogueuses, etc... C'est dire si la mode touche une palette variée de personnes ! De celles au coeur de l'action aux anonymes passionnés.

Le format du livre, 27x30, permet d'avoir un texte aéré et de belles images assez grandes pour pouvoir en savourer les détails. Par contre, pas toujours pratique à tenir quand on ne le pose pas sur une table !

En résumé, ce tour d'horizon qui touche tous les aspects de la mode mais de manière brève, se lit à partir de huit ans et offre une vision plus concrète et surtout plus réaliste de ce qu'est la mode.
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Leurs contes de Perrault

Un recueil de nouvelles qui revisite des célèbres contes de Perrault

Malheureusement, sans trop expliquer pourquoi, j’ai beaucoup de mal avec cette version remake des contes de Perrault...je passe à coté je ne comprends qu’un texte sur trois.... trop....je ne sais quoi.... dommage car ce projet paraissait une bonne idée mais vraiment trop bizarrement exploitée pour convaincre...
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Titus n'aimait pas Bérénice

Avouez que commencer un livre dont le titre est : Titus n'aimait pas Bérénice , et que ce livre parle en grande partie de Racine , n'engage pas à la légèreté.

Il me reste quelques souvenirs lycéens des tragédies de Racine et de son attachement à Port Royal et son jansénisme. Il me semble me souvenir que je ne sautais pas de joie à la lecture du théâtre de Racine. Un peu rigoureux avec les alexandrins et la norme sévère et religieuse de Port Royal.

J'ai retrouvé cela dans le roman de Nathalie Azoulai, mais j'ai surtout trouvé une langue faite de finesse,de recherche de sens.

Que cette langue soit latine, du 17ème siècle ou du 21ème siècle elle irrigue le roman.

Pour nous parler de Racine et du tragique triangle amoureux, Nathalie Azoulai se base sur l'histoire de Titus et Bérénice. Titus roi de Rome et Bérénice reine de Palestine. " Ils s'aiment, moi non plus" au 1er siècle et Racine en fera une pièce au 17ème siècle.

Et Titus et Bérénice existent et s'aiment au 21ème siècle. Non la réalité, c'est que Titus n'aime pas Bérénice alors que Bérénice pense que Titus l'aime. Titus est marié à Roma et l'amour matrimonial est le plus fort. Titus quitte Bérénice.

Pour comprendre la situation Bérénice se dit que revenir à la source est peut être nécessaire et que la lecture des pièces de Racine est peut être un préalable à toute compréhension.

Et effectivement la vie de Racine : janséniste, bourgeois et courtisan apporte un éclairage, un jeu de miroir avec Titus et Bérénice du 21ème siècle.

La grande réussite du roman de Nathalie Azoulai vient de l'écriture fine et légère qui répond à ce que devait être les joutes oratoires dans les salons versaillais.

Cette finesse et cette légèreté n'empêche pas la violence des rencontres, l'arrogance ou encore l'affrontement entre Versailles et Port Royal ou jésuites et jansénistes.

Par le texte de Nathalie Azoulai les alexandrins revivent devant nous et donnent une furieuse envie de ce plonger sans Phèdre, Andromaque ou bien sûr Titus et Bérénice.

Quant au lien entre les Titus et Bérénice du 17ème et 21ème siècle, je laisse à chacun s'approprier leurs histoires et en faire sa propre mouture.
















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Titus n'aimait pas Bérénice

Je n'avais jamais rien lu de cet auteur et c'est chose faite avec ce roman dans lequel l'auteur aborde l'histoire d'une jeune femme d'aujourd'hui, moderne et intelligente qui vient d'être délaissée par son amant, un homme marié qui a décidé de ne pas quitter sa femme malgré son amour pour elle. Classique me direz-vous !



Aidée par sa plongée dans la lecture de Racine et dans la vie de l'écrivain et, vous l'aurez compris surtout dans "Bérénice", cette reine de Palestine délaissée elle aussi par Titus, l'empereur de Rome qui lui a préféré sa femme, la Bérénice moderne va tenter de comprendre en pénétrant les mots de Racine, la teneur de l'amour que son amant lui portait.

Elle entreprend donc d'entrer dans l'oeuvre et la vie du tragédien, et cet attrait va devenir pour elle, une véritable thérapie...



L'auteur se lance alors dans le récit de l'histoire et de la vie de Racine, une histoire romancée certes mais qui ne manque pas de sel.

Ainsi le lecteur apprend tout de sa jeunesse et de sa découverte des mots et du latin, de son plaisir à traduire à sa façon les textes que ses maîtres jansénistes lui imposaient.

On le voit se battre pour monter à Paris, tenter de se faire connaître, puis gravir pas à pas les échelons qui vont l'amener à devenir un des plus grands tragédiens de son temps et un des favoris du Roi.

Il est intéressant de voir que déjà à l'époque de Louis XIV, la concurrence était rude et parfois amère, la jalousie présente et la violence un état de fait.

Pourtant les mots de Racine sont empreints d'amour et de douceur.

Comment un homme comme Racine, avec l'éducation et la vie qu'il a eu, a-t-il pu en venir à écrire ces mots-là, ces tragédies-là ?

Sous la plume de Nathalie Azoulaï, Racine devient le confident de toutes les dames esseulées, invitées à lui raconter les sentiments qui les animent après avoir été délaissées, amoureuses comblées ou mal-aimées, autant de matière à l'écriture de ses futures tragédies, au risque de choquer les biens-pensants de son temps.

Notre Bérénice moderne en arrivera à la conclusion que si Titus a quitté Bérénice c'est qu'il ne l'aimait tout simplement pas aussi fort qu'elle l'aimait.



La lecture à deux niveaux est par instant difficile à suivre. L'histoire, somme toute bien anodine de la Bérénice moderne, n'est en fait qu'un prétexte à entrer dans les mots et dans le rôle de l'héroïne de la tragédie racinienne, ainsi que dans la vie du grand Racine.

Peut-être ce livre vous donnera-t-il envie de relire vos classiques ? Et de les lire à haute voix pour s'imprégner non seulement des mots mais aussi de leur musique. C'est à essayer...

Le théâtre est fait pour être déclamé...vous n'en douterez plus un seul instant après avoir lu ce livre qui reste néanmoins difficile à aborder.



Il ne m'a pas totalement convaincue, tout en m'offrant quelques belles envolées littéraires...et le plaisir d'une écriture toute en sensibilité et qui sonne toujours juste.

Et je l'ai donc découvert avec plaisir...et lu sans aucun ennui.

Mais je garde un avis réservé sur cette lecture très (trop) intellectuelle et qui ne pourra pas plaire à tout le monde. Vous êtes prévenus...

C'était ma lecture intellectuelle de l'été !
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La fille parfaite

Rachel Deville et Adèle Prinker se rencontrent au collège et deviennent très amies. Pourtant, elles sont issues de familles très différentes. Chez les Prinker seules priment les mathématiques, chez les Deville, on ne jure que par la littérature. Les deux filles sont très brillantes et vont devoir faire un choix pour leur orientation scolaire. Leur amitié est très forte, fusionnelle par moment avec aussi des silences assez longs. Leur amitié n'est pas non plus dénuée de rivalité et jalousie ainsi que d'émulation intellectuelle. En effet, l'une des deux héroïnes deviendra une mathématicienne de renom tandis que l'autre fera de brillantes études en lettres et deviendra une écrivaine reconnue.

J'ai aimé cette histoire d'amitié.

C'est très bien écrit mais assez intellectuel, trop peut-être au détriment de l'émotion.





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Titus n'aimait pas Bérénice

« Racine, c’est le supermarché du chagrin d’amour, lance-t-elle pour contrebalancer le sérieux que ses citations provoquent quand elle les jette dans la conversation. »

Bérénice aime Titus qui l’aime (ou pas assez) et qui se doit de retourner vers sa femme Roma et leurs enfants. Éternel triangle amoureux de l’existence humaine transposé maintes fois dans l’art romanesque. Cette Bérénice délaissée du roman de Nathalie Azoulai cherche une consolation dans les écrits d’un auteur dramatique du XVIIe siècle : « (…) elle voudrait se faire de Racine un frère de douleur. (…) Elle devine en Racine l’endroit où le masculin s’approche au plus près du féminin, rocher de Gibraltar entre les sexes. » Une peine d’amour n’est jamais banale, Jean Racine le pressentait déjà bien avant de l’avoir vécu et son œuvre en témoigne.

Nathalie Azoulai le fait revivre brillamment dans ce récit porté par une écriture superbe, à la hauteur de son sujet. La bibliographie de Jean Racine m’était inconnue, de même que sa biographie; j’ai donc dévoré avec avidité ce roman et en ai savouré chaque phrase, envoûtée par l’éloquence de l’autrice et sa capacité à rendre une vie d’homme d’un autre siècle. Abreuvé très tôt dans sa jeunesse aux traduction latines, Jean Racine n’eut de cesse d’honorer cette langue des temps anciens et de suivre les conseils de ses maîtres d’école « Prenez au latin ce que bon vous semble, ne soyez jamais pétrifié, puisez, servez-vous. » Plonger dans Titus n’aimait pas Bérénice, c’est aussi se perdre avec délices dans la beauté de la langue française.

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Titus n'aimait pas Bérénice

Bérénice a le coeur brisé, elle est dévastée : Titus vient de la quitter parce qu'il ne peut se résoudre à en quitter une autre. Roma, sa femme. Qu'il dit pourtant ne plus aimer.

Roma. La mère de ses enfants. On ne quitte pas la mère de ses enfants.

C'est une histoire tellement banale que celle de Titus et Bérénice.

Elle a tellement mal, elle voudrait mourir, là, comme une héroïne de roman ou mieux encore de tragédie. Elle aurait dû se douter pourtant qu'un Titus et qu'une Bérénice ne pouvaient pas vivre heureux et s'aimer toujours.

Il est des passions qui meurent avant l'incendie et qui ne laissent exsangue qu'une moitié de ceux qui ne faisaient pourtant qu'un.

Pour conjurer son chagrin, et parce qu'au détour de son chemin, un vers la happe soudain et tinte à son oreille et à son coeur, la jeune femme se plonge dans les textes de Racine. Peut-être que les mots, et les vers du créateur de Phèdre, d'Andromaque, d'Iphigénie et de Bérénice ont le pouvoir de consoler, de guérir d'un chagrin d'amour…

Pour dominer sa peine, Bérénice se lance ainsi à la recherche de Racine, pour tenter de comprendre comment ce grand ordonnateur des passions amoureuses a su si bien en dire toutes les nuances, toutes les brûlures, tous les éclats. A-t-il aimé ? A-t-il souffert ? Faut-il avoir vécu pour dire et raconter ? Qui se cachait vraiment derrière la figure austère du dramaturge de Port-Royal ?

Le cheminement de la jeune femme, pour qui l'oeuvre de Racine revêt une dimension cathartique, constitue alors pour Nathalie Azoulay le prétexte pour nous offrir une biographie romancée de l'auteur.

De l'enfance grise et orpheline, sous la férule d'une tante inaccessible aux années de formation à Port Royal, de l'ivresse des premiers succès aux fastes de la cour du roi soleil, de la maturité au crépuscule, entre l'amour de dieu et celui des comédiennes, l'homme devient sous la plume de l'auteur un personnage riche et complexe, émouvant et presque fragile parfois. On devine les contours et les tourments du jeune pensionnaire à qui on enseignait l'amour sacré de dieu et qui découvrait les auteurs classiques ainsi que d'autres artistes tous ayant pour point commun d'exalter les passions humaines, subversives, le désir et parfois la lascivité... On distingue le courtisan soucieux de plaire aux grands de ce monde et d'évincer ses concurrents. On mesure enfin la douleur d'être tiraillé -le dilemme est cornélien- entre le monde et Port Royal. Le Racine que découvre Bérénice est un homme complexe, humain qui dévoile par petites touches les ambiguïtés dont il était pétri, les sentiments qui le faisaient vaciller et qui l'ont sans doute conduit à sublimer l'amour qu'il éprouvait pour les femmes, à l'ériger en passion divine et forcement douloureuse. Comme doit l'être l'amour de dieu.

Au terme du voyage, ce Racine que je trouvais si froid au lycée et qui me glaçai, se révèle. Quant à Bérénice, elle y trouvera la paix et peut-être aussi la vérité. Après tout, Titus n'aimait pas Bérénice.

Quant à Nathalie Azoulay, elle a sans doute dû les aimer, elle, et Racine avec eux pour leur offrir si bel écrin, une langue aussi ciselée et cadencée, limpide et chantante. Une langue à la fois érudite et magnifique, quasi-parfaite qui rend hommage au style du maître, à ses flots et ses éclats dont les tumultes ne sont qu'apparemment soumis.

Pour dire la passion et ses excès, il n'en fallait pas moins.
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Les spectateurs

En novembre 1967, un grand frère protecteur essaye de reconstituer l'histoire de ses parents qui ont quitté leur pays (probablement la Tunisie) au début des années cinquante.

Un nouveau poste de télévision est livré afin de voir les émissions en couleur - il en fut de même dans ma famille, soit dit en passant.

Un discours de de Gaulle irrite le père, coléreux au point de cracher sur l'écran, mais pas le fils, grand admirateur du Général.

C'est l'époque de la guerre des six jours, entre Israël et les pays arabes, tous se rendent à une manifestation de soutien à ceux (les colons israéliens) qu'ils pensent risquer d'être rejetés à la mer, mais ce fut le contraire et cela, l'autrice ne le mentionne pas. L'adolescent, en découvrant peu à peu l'histoire familiale, apprend que l'on peut avoir à quitter sa terre du jour au lendemain mais ne réalise pas que cela arrive à d'autres aussi.

La mère, frivole, ne pense qu'à se faire faire des robes, calquées sur celles des actrices du cinéma muet, par sa couturière attitrée, qu'elle épuise littéralement, jusqu'à en mourir.

La petite dernière, victime d'une luxation congénitale de la hanche, fait l'objet des soins attentionnés de son grand frère, par ailleurs horriblement jaloux.

Bref, je n'ai pu apprécier pleinement ce roman tant les personnages me sont antipathiques, en particulier la mère.

De nombreuses questions restent sans réponse, malgré la quête du narrateur.

La fin est cependant assez belle.



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Juvenia

Encore un livre qui n'a pas eu de chance : sorti le 18 mars au tout début du confinement et de la fermeture des librairies. Autant dire que si le nom de Nathalie Azoulai n'était pas pour moi lié au grand plaisir de lecture de Titus n'aimait pas Bérénice (malgré la déception ensuite avec Les spectateurs), la nouvelle m'aurait totalement échappé. C'est un tout petit roman (120 pages), un conte libertin précise la quatrième de couverture (et en effet, oui...) que l'auteure semble nous délivrer avec un petit sourire en coin et dans lequel elle explore les méandres de nos parcours sentimentaux en faisant sauter les codes. Et en tentant de venir au secours des femmes de plus de cinquante ans... (ah, j'en vois qui tendent l'oreille ;-) )



Quelque part en Europe, la République de Juvenia, très proche de la France. Impulsée par un nouveau gouvernement très féminin et féministe, une loi interdit désormais aux hommes de s'unir avec une femme de plus de vingt ans sa cadette et a fortiori les enfants qui pourraient naitre de telles unions. Stupéfaction, protestations, manifestations... rien n'y fait. Voilà ces messieurs invités à des stages de "rééducation" pour retrouver goût à la chair plus mature, réhabituer leur regard, leur toucher, autant par la théorie que par la pratique.



"Les plus jeunes firent d'abord la moue en déclarant impossible d'aller tremper dans des viscères aussi usagées mais leurs aînés, en carabins invétérés, répliquaient que c'était dans ce genre de viscères que les plus beaux vices errent, ou, pour les plus entraînés, que les plus beaux vits se serrent".



On le voit, l'auteure n'hésite pas à aller chercher l'inspiration du côté du 18ème siècle - l'une de ses héroïnes, Laure est d'ailleurs professeure de littérature du 18ème et le récit de la façon dont elle est perçue en tant que cinquantenaire par ses collègues est plutôt savoureux. A travers quelques profils "classiques" : Pierre, l'ex-mari de Laure qui l'a quittée pour Juvéna une starlette de 25 ans, Sabine la pédiatre de 64 ans qui devient soudain ultra désirable pour les octogénaires mais se découvre un réjouissant pouvoir d'attraction sur les plus jeunes et doit à son tour faire attention à ne pas enfreindre la loi... à travers ces profils, Nathalie Azoulai remet en question tous les schémas préétablis et fait voler en éclats les habitudes bien ancrées. Mais sous couvert de légèreté et de jeu (érotique mais pas que), elle passe en revue tout ce qui conduit à l'exclusion des femmes de l'espace amoureux et sexuel à partir de la ménopause, par une société obsédée par le jeunisme, et tout ce que cela implique en termes de désordres générationnels.



Voilà qui se lit avec plaisir et pourrait pimenter quelque peu les discussions de vacances en couple ou entre amis cet été. Et plus si affinités.
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Titus n'aimait pas Bérénice

J’ai longuement hésité sur la façon dont j’allais écrire cette chronique. Parce qu’il y a sans doute plein de bonnes raisons pour apprécier ce livre. Mais d’une certaine façon – et je ne cerne pas bien pourquoi – j’ai l’impression qu’on m’entourloupe.



En fait, ça commence dès le sujet du livre. Le roman débute en ces termes (la quatrième de couverture renchérit) : Bérénice est une femme d’aujourd’hui, elle est la maîtresse de Titus et Titus la quitte. Brisée, bouleversée, elle se met à lire Racine. Et puis des livres sur Racine, tant qu’à faire. Elle veut à tout prix comprendre comment un janséniste, courtisan, homme de lettres, est parvenu à écrire l’amour de cette façon-là. Ce sera son processus de guérison à elle.



Beaucoup de blogueurs et de Babelionautes ont souligné avant moi le grand décalage qui existe entre ce que le livre annonce à son début et ce qu’il offre réellement. Nos Titus et Bérénice modernes n’apparaissent que très peu au cours du roman : trois passages, au début, au milieu et à la fin du roman. Soit 27 pages sur 315. Est-ce vraiment un problème, me demanderez-vous ? Après tout, l’histoire de Racine, c’est un sujet intéressant… Oui, mais quelque chose gêne aux entournures dans ce choix de mise en place. Fallait-il, pour nous vendre une biographie romancée de Racine, absolument nous le présenter comme absolument actuelle et pouvant répondre à nos interrogations contemporaines sur l’amour ? La Bérénice moderne créée par Nathalie Azoulai ne serait-elle qu’un prétexte ?
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Les spectateurs

Les spectateurs.... Je ne connaissais pas Nathalie Azoulai et quand je ne connais pas c'est toujours avec une certaine impatience que je débute une lecture car je suis dans l'attente, l'espoir d'une belle découverte.



Je suis entrée confiante dans le récit mais très vite troublée : pas de prénom, peu de lieux, quelques dates.... quelques aller-retours dans le temps. Au bout de quelques pages les questions surgissent : mais qui sont-ils, d'où viennent-ils, pourquoi cette fuite, pourquoi ne lui en parle-t-on pas. Le seul élément daté qui fournit quelques pistes : le discours du général De Gaulle le 27 Novembre 1967 où il affirme, entre autres sujets la légitimité du peuple juif et qui réjouit toute la famille de ce petit garçon de 13 ans. Au moins cela a le mérite de vite aller chercher des informations pour mieux situer le contexte.



C'est à travers lui que le récit se construit, à travers ce qu'il voit, ce qu'il entend, ce qu'il vit et ressent. Au sein de sa famille peu d'explications : une mère obsédée et ne vivant qu'à travers le cinéma hollywoodien, faisant confectionner par une voisine, Maria, les robes des actrices en fonction des situations. Un père qui suit les événements politiques et participe à des manifestations après un discours de reconnaissance et de légitimité, qui espère un retour dans le pays d'origine (Égypte ?), une soeur, handicapée à la naissance par une luxation de la hanche, un ami Pépito, fils de Maria.



3 Parties, un récit narratif, beaucoup de il, de elle, de répétitions de faits, peut-être comme les pensées et questions qui tournent en boucle dans la tête de l'enfant, mais il n'est pas le narrateur, qui lui est extérieur. J'ai trouvé cela long, parfois ennuyeux, répétitif, morne un peu comme cette famille dont chaque élément vit dans son monde : le père avec la télévision, symbole de leur intégration dans ce nouveau univers, et le Général, porteur de toutes leurs espérances, la mère avec ses stars et Hollywood, le fils qui cherche à comprendre ce que l'on ne lui a pas expliqué, et une petite soeur qui "rampe" et trouve auprès de ce grand-frère un peu d'attention et d'affection. Mais une conversation surprise révélera un secret au jeune enfant qui va le bouleverser et lui faire douter du peu de certitudes qu'il possède, le seul moment peut-être où le récit rebondit et offre un intérêt car en quelques pages tout est dit sur cette famille.





Je n'ai rien ressenti, c'est assez froid et distant. On ne ressent pas grand chose pour les personnages à part peut-être pour Maria, sorte d'esclave subordonnée aux désirs de la mère pour la confection de ses parures. Cette mère qui n'emportera dans l'exil que ses revues sur le cinéma, si précieuses car elles sont sa nourriture, sa ligne de conduite. Nous sommes spectateurs d'une tranche de vie, celle d'une famille obligée de quitter son pays natal, sa position, quitter l'orient pour l'occident, quitter des certitudes pour des questionnements.



J'ai trouvé cela assez long, répétitif et j'ai eu plusieurs fois le sentiment que le récit n'avançait pas, que j'avais déjà lu certains passages, il faut souvent se situer par rapport aux il, elle etc..... j'ai trouvé que cela alourdissait l'ensemble. Je ne m'étendrai pas plus, c'est un style qui ne me correspond pas, un sujet déjà traité dans d'autres livres mais de façon plus directe, plus claire : j'ai eu l'impression à plusieurs moments que le livre n'avait pas été relu et corrigé......



Livre lu dans le cadre du Prix du Roman France Télévisions 2018
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Titus n'aimait pas Bérénice





Ah ! Ce titre ! Comment peut-on se permettre d'affirmer cela ? Est-ce possible? Quelques vers me reviennent soudain à l'esprit : « Je sens bien que sans vous je ne saurais plus vivre, / Que mon coeur de moi-même est prêt à s'éloigner ; / Mais il ne s'agit plus de vivre, il faut régner. » Bon, alors, pourquoi ce titre ?

Commençons par le commencement : nous sommes dans un café. Un Titus, non, non, pas l'Empereur de Rome, un Titus X , moderne, quitte une Bérénice qui est peut-être prof de français dans un petit collège mais certainement pas Reine de Palestine, au premier siècle après JC. « Ça s'fait pas » diraient certains. Oui, mais, notre Titus est marié à Roma, il a des enfants et le sens des responsabilités : il préfère sauver son couple plutôt que de vivre sa passion. Rare par les temps qui courent. Bon, voilà notre Bérénice détruite, anéantie par un chagrin qui la ronge un peu plus profondément chaque jour. Et ce ne sont pas les paroles plates comme des trottoirs de rue qui vont la rétablir : « Tu en sortiras plus forte » -Ah, oui et en attendant je fais comment pour vivre ?- « Un jour, tu ne te souviendras que des bons moments » - lesquels déjà ?

Donc, notre Bérénice décide de « quitter son temps, son époque, construire un objet alternatif à son chagrin, sculpter une forme à travers son rideau de larmes. » Hum, c'est bien dit…. Et concrètement ? , vous entends-je murmurer… En se perdant dans Racine, en cherchant à l'approcher au plus près. Elle « veut y toucher, y mettre les mains ». Elle pense que si elle est capable de comprendre comment un homme « a pu écrire des vers aussi poignants sur l'amour des femmes, alors elle comprendra pourquoi Titus l'a quittée ». Ah. Je ne suis pas forcément très logique ms je ne vois pas comment ceci va expliquer cela, mais bon, allons-y.

Et effectivement, le grand voyage a lieu et c'est précisément là qu'opère la magie du livre : on pénètre dans le vallon, Port-Royal des Champs. le petit Jean travaille auprès de ses maîtres jansénistes: « Pallida morte futura » : « Pâle à cause de la mort qui s'approche, dit-un élève. Non, dit le maître. Pâle d'une mort prochaine, propose Jean. Mais cela ne veut rien dire ! On n'est pas pâle de quelque chose » s'insurge son condisciple. Et pourtant, on y est, on touche à la beauté. Racine fouille les Anciens, les décortique, les imite, les apprend par coeur, les traduit, inlassablement. « Ibant obscuri sola sub nocte per umbram » : « Ils avançaient à travers l'ombre, obscurs dans la nuit solitaire » propose le maître. « Ils allaient obscurs dans la nuit seule » corrige Racine. Il vit d'hypotypose, de grammaire (c'était vraiment une autre époque !) se passionne pour la concision du latin, la mélodie des mots, la structure des phrases. On le sent tâtonner, chercher. Les mots sont chair, il s'en nourrit. le lecteur est plongé dans le clair obscur et le silence de Port Royal. Seul le chant des moniales traverse parfois les murs épais.

Puis, c'est le départ pour Paris et l'envolée : sa vie de courtisan, sa carrière de dramaturge, ses rencontres : les frères Corneille qu'il faut surpasser, un Molière déjà bien fatigué, un La Fontaine qui aime deviser le temps d'une promenade. « de cette nation, il sera la langue » a-t-il décidé ! Il travaille, passe d'un genre à l'autre. « Alors c'est donc vrai que vous avez choisi la poésie contre Dieu ? » lui reproche amèrement sa tante, de Port Royal. Il est écartelé, déchiré par ces deux lieux qui se haïssent : le rigueur, l'austérité, le dénuement contre l'éclat, le faste, les passions. Sa fascination pour Louis XIV le porte. La Thébaïde, Andromaque, Britannicus, Bérénice… les représentations se suivent, il connaît l'amour de la du Parc, son actrice…. Et l'on suit ce parcours fulgurant dont je tais bien des tourments….

Les mots de Nathalie Azoulai nous entraînent : « J'ai subi une immersion malgré moi et ma langue s'est imprégnée de son tempo. Il y a une élégie qui traverse mon roman, que j'ai sentie sans la contrôler. » Il y a aussi certainement une intimité entre l'écrivain et son sujet, et le monument de la littérature française que l'on imaginait telle une statue de marbre devient chair, souffle, prend vie.

Louis XIV disait à Racine : « Quand on sort d'une de vos pièces, immanquablement, on est sous alexandrins ». On pourrait dire la même chose du livre de Nathalie Azoulai et finalement, ce sont bien des mots dont on a besoin pour oublier nos chagrins d'amour….








Lien : http://lireaulit.blogspot.fr/
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Titus n'aimait pas Bérénice

Cela fait un moment que j'avais repéré ce roman de Nathalie Azoulai pour son très beau titre "Titus n'aimait pas Bérénice" qui m'évoque l'amour de Marguerite Duras pour Racine. Il y est en effet question de littérature comme source de consolation de l'amour perdu.



Le chagrin d'une jeune femme prénommée Bérénice est immense quand son amant Titus la quitte pour retourner avec sa femme légitime. La raison contre la passion. Alors avec des noms pareils c'est vers Racine que la jeune femme va chercher la force de ne pas sombrer, vers celui qui, au 17eme siècle, a écrit la pièce homonyme «Bérénice», superbe tragédie en alexandrins sur la souffrance amoureuse d'une femme qui va pourtant décider de sa vie.



La narratrice va fait revivre un Jean Racine très partagé entre la religion et le théâtre, entre la rigueur des professeurs jansénistes de Port-Royal et le faste de Versailles. C'est en suivant de façon chronologique la vie de Racine qu'elle tente de comprendre comment la langue du futur académicien s'est forgée.



Je trouve que cette histoire est passionnante mais qu'elle ressemble un peu trop à une biographie romancée. J'aurai aimé en savoir un peu plus sur la Bérénice et le Titus contemporains. C'est quand même un beau roman qui nous montre que Racine reste encore celui qui s'est le mieux approché de la question de l'amour du point de vue des femmes.





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Titus n'aimait pas Bérénice

Un peu déçue par ce roman qui, pour moi, n'a pas tenu dans sa longueur toutes les promesses de son début...

Je n'ai d'abord pas vu l'intérêt de faire un récit-cadre, une Bérénice moderne quittée par un Titus trop fidèle à sa femme Roma. J'ai bien compris que le but était de montrer que les histoires d'amour mal (en général), qu'il faut souffrir pour sublimer ses larmes en mots et se transcender ensuite dans l'écriture, que c'est la force des passions qui donne à la vie son intensité... Certes, mais ce n'est ni original, ni subtil. Comme si l'autrice n'avait pas osé écrire directement la biographie de Racine, et qu'il lui fallait un prétexte, à savoir un personnage qui va lui-même se renseigner sur Racine après avoir aimé son œuvre.

J'ai beaucoup aimé le début sur la jeunesse de Racine à Port-Royal - même si rien n'est clairement dit de Port-Royal : ce n'est pas un roman historique explicatif, l'institution est présentée par le silence et l'effacement, tel celui du visage de la tante tant aimée qui couvre ses cheveux et sa tendresse. Dans ce monde clôture et de lois, le jeune garçon se passionne pour la grammaire et ses règles. Ces passages étaient fascinants : par une écriture elle-même épurée, l'autrice réussit à parler de grammaire et de versions latines ou grecques pour expliquer les origines de la poétique racinienne.

Néanmoins, j'ai moins aimé la suite du roman. Racine projette ensuite une fascination sur le roi - qui est présenté, lui, comme un personnage de théâtre, non comme un être vivant ; comme si ses œuvres et sa langue ne comptaient plus face à la louange du "plus grand roi du monde" ; les mots deviennent alors l'encens d'un nouveau dieu. Pour moi, d'un point de vue historique, cette proximité en miroir avec Louis XIV n'est pas réaliste.

Un peu dommage donc, le début et le style d'écriture annonçaient un roman que j'aurais aimé plus apprécié dans son entièreté.

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Python

Premier livre de Nathalie Azoulai sur lequel je mets la main, qui ne donne certainement pas envie de lire les précédents.

Pourtant, au premier abord, le concept est intéressant : l'autrice, une femme d'une cinquantaine d'années, décide d'apprendre à coder en Python sans rien connaître à l'informatique, après avoir aperçu le fils d'un de ses amis assis derrière son écran, visiblement plongé dans son code. Premier malaise : ce garçon, Boris, va être un personnage récurrent au fil du récit, objet de tous les fantasmes de l'autrice sur les programmeurs, ces mystérieux jeunes hommes qui, plongés dans le noir, façonnent le monde derrière leur écran... Merci pour le cliché.

Passons ; Nathalie veut apprendre à coder et contacte donc Xavier Niel, dont elle avait l'adresse mail personnelle (?), qui la met en contact avec la directrice de l'école 42 - rien que ça ! Problème, Nathalie veut coder en Python et à l'école 42, on fait du C. De toutes façons, elle échoue à tous les tests préliminaires ; elle se met donc plutôt en quête de professeurs particuliers. Ce sont deux jeunes femmes qui vont avoir la dure tâche de l'initier au Python, même si elle aurait préféré des hommes (pour mieux coller à son fantasme, j'imagine). Là, on pourrait se dire que ça va enfin être intéressant - va-t-elle décrire son progrès dans le langage informatique ? Va-t-elle se rendre compte que son monde de clichés est en train de s'effondrer ? Eh bien non. Nathalie fait crise existentielle sur crise existentielle lorsque sa première professeure tente de lui apprendre les bases du Python, puis avec sa seconde enseignante, elle parle plus de littérature que d'informatique (ah oui : elle mentionne Proust au moins une fois toutes les cinq pages). Puis finalement elle se retrouve à prendre un cours avec Boris, l'objet de tous ses fantasmes ; j'espère qu'il ne lira jamais ce livre, parce que même moi qui était extérieure à cette histoire j'ai été mal à l'aise pour lui, il n'a rien demandé et le voilà qui essaie d'enseigner le Python à une cinquantenaire au bord de la syncope quand elle doit taper sur un clavier et qui le regarde avec des yeux débordants de sexe.

Puis vers la moitié du livre, Nathalie Azoulai abandonne complètement son idée de base. Elle disserte sur l'importance de la littérature et de la création, part dans des délires mystiques, utilise le terme "Python" pour désigner le code en général - c'est à ce moment que tous les programmeurs ont mal. Ses personnages féminins (ses enseignantes, et même la directrice de l'école 42) sont systématiquement torpillées quand les personnages masculins sont adulés (encore une fois Boris, je suis désolée pour toi).

Elle finit par retourner à l'école 42 mais plus pour apprendre, pour mener une enquête "journalistique" - on comprend vite qu'elle veut trouver un jeune homme à se mettre sous la dent, et pas de chance, le seul qu'elle arrive à attraper est gay. Elle se dit aussi que les jeunes femmes qui sont là sont bien tombées car elles ont tout un choix de partenaires à leur disposition - parce que c'est bien connu, quand on est une femme, on fait des études pour trouver un mari ou pour coucher facilement, hein, voilà.

Bref, Nathalie Azoulai n'a jamais appris à coder en Python et moi, j'ai perdu quelques heures de ma vie.
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Titus n'aimait pas Bérénice

Comment ne pas aimer Racine, son univers mythique et passionné, la beauté de son style ? Comment ne pas être fasciné par sa propre histoire, de Port-Royal au sommet de la cour de Louis XIV ? Ce roman nous charme par cette évocation double, intime et rejoignant la grande histoire. Et puis l'on se demande si le charme est apporté par le récit littéraire, ou si le récit ne profite pas du charme. L'un n'empêche sans doute l'autre, mais on se pose souvent la question, à lire les belles phrases souvent abstraites et renvoyant à une admiration partagée. Quant aux quelques pages éparses cadrant la sorte de biographie par une histoire contemporaine, on peut s'interroger sur leur efficacité. Un sentiment global donc assez ambigu.
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Titus n'aimait pas Bérénice

Sur le thème de "la femme abandonnée", l'idée originale de l'auteure est de puiser à la source des grands classiques dont Didon, personnage mythologique et surtout Bérénice, reine de Palestine aimée de l'empereur Titus qui la sacrifiera à la raison d'Etat.

Racine en a fait une tragédie.

Nathalie Azoulai en a fait un roman, avec une Bérénice d'aujourd'hui (peut- être son double), tout aussi désemparée et désespérée que les grandes héroïnes de l'Histoire.

L'intérêt du livre, c'est l'approche du problème du désespoir amoureux par l'entremise de Racine en cherchant à comprendre à travers la vie du tragédien comment s'est construite son œuvre axée sur la fureur des passions humaines. J'ai beaucoup aimé cette vision de Racine, vision dépoussiérée de l'austérité des manuels scolaires, qui présente l'enfant pieux élevé dans la rigueur janséniste dont il s'affranchit pour devenir un jeune homme libertin, puis un courtisan et grand bourgeois père de famille.

Si comme moi vous avez aimé ce récit, je recommande une visite au site de Port Royal dans la Vallée de Chevreuse : des ruines, des tombes, un petit musée, un lieu inspiré qu'avait aussi fait revivre Claude Pujade-Renaud dans son roman "le désert de la grâce", publié en 2007
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