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Critiques de Olivier Truc (826)
Le dernier Lapon

Ce livre fut une invite à entrer dans un biotope inconnu de moi, seulement servi par les images fugacement aperçues le long de mon chemin (Photos, documentaires, reportages). Pardon, je ne connais pas Épinal !

Biotope pas facile à appréhender avec mes yeux d’occidental méditerranéen ; tout comme la notion de territoire par exemple. Le pays des Sames ne peut se comprendre, se transmettre qu’à travers leurs activités et les souvenirs qui y sont associés. La notion de frontière là-bas (j’allais écrire là-haut, en bon sud centriste que je suis) devient dérisoire, à rendre fadas les agents de la PAF !!!



La Sapmi pour les Sames est appelée à tort Laponie, car définie par les envahisseurs suédois comme ce lieu habité par « des êtres en haillons » ; Lapons est donc un terme péjoratif, appellation qui dit bien le regard méprisant des conquérants vers des êtres pensés comme inférieurs.



Et comme partout où l’Occident a conquis des terres, on y retrouve la sempiternelle mise en coupe réglée des autochtones et de leurs territoires. Pays conquis avec la bénédiction du goupillon, ici laestadien, qui a, semble-t-il, fait des ravages dans les âmes animistes des Samis.

En effet, ils croient que chaque être vivant, chaque objet inanimé abrite une âme, une force vitale. C’est au coeur de leur symboliques (tambours) et de leur transmission, jusqu’à peu uniquement orale. Comment lutter face aux interdits inadaptés de ce radicalisme évangélique ?



L’enquête que nous livre Olivier Truc n’est qu’un prétexte pour partir à la découverte de cette civilisation confrontée à l’incompréhension, la cupidité de gens venus d’ailleurs, mettant à mal, écorchant la belle image médiatisée de ces pays scandinaves où tout est plus cool et mieux qu’ailleurs. Alors que l’extrême droite y est le plus souvent au pouvoir ou continue à monter.



L’enquête, dont le suspense va crescendo avec l’ensoleillement retrouvé qui croît chaque jour, est également une invite à constater la difficile libération de la parole chez les protagonistes de l’histoire. Ces étendues glacées, balayées par les vents, la sombritude des jours et le dur métier d’éleveur de rennes incitent au repli sur soi.



Cette lente investigation (plus de 400 pages) nous explique la transmission de l’inexplicable : le radon, gaz inodore et très radioactif, décimant les Samis réduits au servage d’une mine d’uranium ! Seuls les chamanes, instruits en communication avec l’esprit de chaque chose, pouvaient le réaliser et le transmettre : le tambour !

Pour sûr, cela vient heurter nos pensées occidentales.



En bref, l’ethnographie au service d’une intrigue policière ! Cela donne un excellent polar, même si certains trouveront que l’écriture du journaliste Truc ressemble bien souvent à un script cinématographique. La forme dialoguée ne m’a pas gêné outre mesure vu qu’elle sert la délivrance de la parole.



Arthur Upfield avec son enquêteur métis aborigène a ouvert la voie de l’ethnographie policière (1929, je crois) ; dans ces pas, comme bien d’autres avant, Olivier Truc a fait sa trace.



Ancelle, le 25 septembre 2023

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L'inconnue du port

Ce roman a été bâti à la suite d’un défi lancé lors d’une édition de quai du Polar. Il faut le savoir avant de rédiger un avis, parce que cela a changé ma façon de voir ce texte – j’aurai aimé qu’il soit plus long, mais ce n’était pas possible. Les deux auteurs n’avaient en effet que trois mois pour relever le défi. Ils devaient écrire un nombre limité de mots, et l’intrigue devait être contenu dans huit chapitres. Les lieux de l’histoire étaient imposés : Lyon et Barcelone.



Parmi ces personnages, j’ai préféré celui d’Erik Zapori, un personnage délicieusement imbuvable, y compris aux yeux de sa hiérarchie. Une enquête des « boeufs carottes » est même diligentée contre lui – corruption. Seulement, Zapori a beau être imbuvable, il est aussi, du moins c’est ainsi que je l’ai perçu d’entrée de jeu, intègre, totalement. Aussi veut-il comprendre qui veut le faire tomber, et pourquoi – qui a été dérangé par ses enquêtes. Aussi, ces investigations barcelonaises sont une opportunité qu’il ne laissera pas passer, surtout que l’enquêteur qui avait été désigné de prime abord pour soutenir Anna Ripoll lui déplait fortement – et à moi aussi.



Anna Ripoll, quant à elle, a aussi une forte personnalité – aller jusqu’au bout des choses ne l’effraie pas. Ce n’est pas main dans la main qu’ils iront jusqu’au bout, mais rarement deux enquêteurs seront allés aussi loin. A force de vous parler d’eux, j’en oublie la victime, une jeune femme qui a été sauvée in extremis par un vigile, qui a fait confiance à sa chienne, qui avait flairé quelque chose qui sortait de l’ordinaire. Ce sont deux personnages qui peuvent sembler secondaires, mais qui sont importants, à cause de cette confiance entre l’homme et l’animal (je reviens là dessus parce que c’est vraiment important) mais aussi parce qu’ils font partie des rares personnages que les enquêteurs croiseront dans leur enquête qui sont parfaitement honnêtes, qui sont prêts à soutenir les plus faibles – deux êtres capables d’aller jusqu’au bout, eux aussi.



A découvrir.
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Crimes de sang-froid 2019

Crimes de sang-froid

Les livres oubliés de Ge

En effet ce bouquins est depuis sa sortie dans ma Bibliothèque et j’ai bien fait de l’on sortir

Ce recueil propose une compilation de onze nouvelles parues dans la revue Sang-froid.

La revue Sang-froid est une publication trimestrielle dédiée à la justice, à l’investigation et au polar. Elle a été créée en mars 2016. Ce Mook mêlant littérature et journalisme, elle tire son nom du roman De sang-froid de Truman Capote. En 2019, SANG FROID propose une nouvelle formule semestrielle. On y retrouve des grands dossiers thématiques entièrement dédiés au Polar et aux affaires criminelles. Sa publication s’arrête au printemps 2021. Sang-froid est un peu le pendant d’ALIBI, l’humour en moins ! Enfin ça c’est mon avis et c’est moi qui le dis !!!

En 2018, ils ont fait paraitre ce recueil de nouvelles écrites par des auteurs renommés du polar français. Ici ils imaginent le mode d’emploi du meurtre idéal, la vengeance d’une femme trompée ou encore la mission quasi divine d’un serial killer.

Si j’ai oublié le titre des textes de Franck Thiller, Ian Manook et Jérôme Leroy que j’ai pourtant bien aimées, je vous propose aussi de retrouver ces huit autres nouvelles, toutes aussi marquantes les unes que les autres à commencer par :

Le tracteur Sandrine Collette

Démangeaisons d’Hervé Le Corre

Je suis encore là d’Olivier Norek

Une affaire de femme Dominique Manotti

Le café Vivella d’Olivier Truc

Cinq morts sans ordonnance de Danielle Thiery

Cavale de Caryl Ferey

Cocotte de Marcus Malte

Il semblerait que nos auteurs se soient lâchés. Et oui, on est là dans du noir, du thriller, du brutal, du social et c’est fait pour faire mal au entournure. Alors… Âmes sensibles s’abstenir

Sinon vous pouvez y aller de bon cœur, les plumes même ensanglantées de nos auteurs sont vraiment de bonne qualité.
Lien : https://collectifpolar.blog/..
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Les Sentiers obscurs de Karachi

La chronique jubilatoire de Dany pour Collectif Polar

En 2002, à Karachi, un attentat terroriste tue quatorze personnes, dont onze ingénieurs français travaillant à la mise au point d'un sous-marin acheté par le gouvernement pakistanais. Vingt ans plus tard, aidé par une lieutenante et un homme loyal, un journaliste local enquête sur les coupables. L'investigation révèle peu à peu les mystères de la ville et les luttes de pouvoir en France.

Si vous avez fait connaissance avec l’auteur en Laponie, vous serez surpris de le croiser au Pakistan. C’est là que nous entraîne son intrigue, tel un roman d’aventure, loin d’un guide touristique. Une fiction prend-il le soin de nous informer car il serait incongru … ou pas, d’y voir le rétablissement de la vérité sur l’attentat de 2002. Avec la précision qu’on lui connait, Olivier Truc va nous faire découvrir les coulisses du cette affaire d’Etat.

Pour en savoir plus c'est ci-dessous sur Collectif Polar
Lien : https://collectifpolar.fr/20..
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Le dernier Lapon

J'ai plongé dans ce roman à la découverte des paysages et j'ai été fasciné. D'abord par le mode de vie terriblement dangereux des lapons et, ensuite, par la façon dont l'auteur transmet ce rapport au temps bien particulier qui transpire dans son écriture tout au long de cette histoire. La nuit est longue dans cette partie de la planète mais plus le temps passe et plus quelques miettes de soleil prennent le pas sur les ombres. J'ai eu l'impression que l'histoire, l'action suivait cette courbe naturelle : temps mort dû aux longues distances, au climat très inhospitalier puis les personnages prennent de l'ampleur, les indices se transforment en preuves jusqu'au jaillissement de la lumière.

Un dépaysement total doublé d'un bon roman policier à lire sous la couette !
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Les Sentiers obscurs de Karachi

Enquête sur l’attentat à Karachi en 2002 sous le spectre pakistanais.



Ici nulle question de l’affaire Karachi et ses rétro commissions pour financer la campagne de Balladur. Non.



Dans ce roman, Olivier Truc redonne du contexte en cette année 2002: contexte tendu à la fois internationalement (attentat du 11 septembre, défiance de l’Occident), et également sur les liens unissant pakistanais et français (contrat ambigu, méfiance envers les français).



Dressant ce portrait quelque peu austère, il cherche alors à comprendre les hypothétiques raisons qui auraient poussées les arcanes pakistanaises à commanditer cet attentat envers les français.



Ouvrage intéressant d’un point de vue historique.

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Les Sentiers obscurs de Karachi

Olivier Truc propose sous la forme d'une enquête journalistique de reprendre les éléments de l'attentat de Karachi au Pakistan de 2002 pour tenter de trouver les responsables.



Une affaire irrésolue !



En mai 2002, un bus militaire transportant des techniciens de la Direction des Constructions navales a explosé devant l'hôtel Sheraton dans la capitale du Pakistan.  L'attentat a provoqué quatorze morts dont onze employés français, des blessés et des traumatisés à vie. Rapidement, Al-Quaïda l'a revendiqué et l'enquête s'est arrêtée. En 2009, un nouveau juge oriente l'enquête vers des représailles





Mais si l'affaire Karachi est encore dans nos mémoires, c'est par le scandale politique qui découla de la vente de frégates à l'Arabie Saoudite et de trois sous-marins au Pakistan Elles auraient permis le versement de rétrocommissions illicites vers la campagne électorale d'Édouard Balladur.



Le volet financier a été jugé en 2019 avec la relaxe d’Édouard Balladur et François Léautard, condamné avec sursis.



Alors, pourquoi reparler d'une affaire déjà surmédiatisée ?



Olivier Truc choisit l'angle qu'il connaît le mieux, celui d'un journaliste, mais reporter débutant. Jef, 27 ans, pigiste à La Presse de la Manche, a été bercé par les récits sur l'attentat de Karachi par Marc et les silences de son père, Claude, son ex-ami.



Les commémorations des vingt ans se profilent et Jef ne résiste pas au plaisir de reprendre l'enquête. Il convainc son rédacteur en chef qui lui prendra son papier, s'il est intéressant, mais pas ses frais.



N'empêche il s'embarque pour Karachi, avec un nom en tête,  Shaleen Ghazali, ami pakistanais de Marc, resté intègre, venu quelques mois à Cherbourg dans l'entreprise de la Direction des constructions navales,où travaillait Marc et Claude.



Le contact de Jef sera la belle Sarah Zafar, officier à la Cité navale de la Marine pakistanaise.



La mission Agostina consistait en la livraison de trois sous-marins au Pakistan, leur permettant de résister à l'Inde d'à côté trop puissante. Marc était venu au Pakistan pour construire le dernier Agosta 90 B réalisé entièrement au Pakistan.



Une rencontre particulière



Le roman, Les sentiers obscurs de,est pour Olivier Truc, une belle histoire d'amitié : une rencontre entre deux hommes, consciencieux dans leur travail, persuadés du pouvoir de la technique pour le bien-être des hommes, honnêtes et curieux de partager leur savoir qui devait pour le Pakistanais apporter le renouveau de son pays. Cet attentat a bousculé cette rencontre et Jef part à la recherche de leurs souvenirs.



Olivier Truc se place à hauteur de ces hommes, si différents par leur culture mais si semblables par les valeurs auxquels ils croient. Alors, pourquoi, après les attentats, chacun s'est muré dans un silence qui les détruit de l'intérieur. Que cache la même attitude chez deux personnes vivant aux antipodes. Jef réussira-t-il à trouver les mystères que renferment encore cette affaire ?



Cette affaire, les Pakistanais l'appellent " le scandale des sous-marins", pour les pots-de-vin versés sur les malversations, les défauts de matériel, etc. Les services français et pakistanais ont à voir avec cette histoire.



Les sentiers obscurs de Karachi se lisent comme un polar, en suivant Jef qui remonte le fil de l'affaire. Karachi, la capitale ourdou-phone la plus ouverte au monde, est décrite tournoyante de bruits et de secrets. On plonge au cœur de l'urdu bazar, la grande librairie de Karachi, sorte d'havre de paix au cœur d'une ville à la circulation débridée et affolée. La poésie ourdoue vient éclaircir les zones d'ombres. Les oreilles espionnes et conservatrices sont partout, y compris dans les rickshaws. Mais, la poésie ourdoue permet de s'octroyer des espaces de liberté, car l'emprise religieuse est omniprésente, même au cœur de cette armée mixte.



Pour conclure,



On ne présente plus le talent littéraire d'Olivier Truc. Les sentiers obscurs de Karachi sont nés au cours d'une résidence d'écriture sur place en 2016 en marge du Festival de littérature de la ville.



Tous les ingrédients du roman noir sont là ! Le suspens et la résolution d'une intrigue. Mais en plus, c'est les dessous du journalisme que Olivier Truc nous décrit aussi. L'écrivain suggère que ce qu'un article de presse ne peut pas dire, la littérature peut s'en emparer. Et, Les sentiers obscurs de Karachi le réussissent parfaitement !
Lien : https://vagabondageautourdes..
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Les chiens de Pasvik

La suite des enquêtes de la police des rennes. J'ai pris du plaisir à retrouver Klemet et Nina.



Un peu moins d'originalité, normal, j'ai lu les autres tomes.



Des chiens, des rennes, la frontière entre la Norvège et la Russie. Des évocations du passé, un peu d'approche historique. C'est bien tourné, toujours de qualité.



Un bon moment !
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Le dernier Lapon

Nous sommes en janvier, le soleil réapparait enfin au-dessus de l’horizon, c’est la fin de la nuit polaire. La toundra est glaciale, inhospitalière et pourtant des hommes y vivent, des villes y ont poussé. Ce polar est une magnifique immersion dans le monde de la toundra, des éleveurs de rennes, des réalités de cette région entre préservation de la nature, des traditions du peuple Sami face au monde moderne et intérêts financiers. La Laponie, cet immense territoire maintenant coupé entre la Norvège, la Suède, la Finlande et la Russie, fait rêver mais la réalité peut être dure au-delà de la carte postale.



Ce roman m’a énormément appris sur les Sami, la géologie et la géographie de ces terres. L’enquête passe alors au second plan, elle est d’ailleurs trop lente, ce qui rend le livre malheureusement parfois un peu longuet...



En résumé, un polar à lire surtout pour la découverte du Grand Nord et du monde des Sami, une belle invitation au voyage !

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Le cartographe des Indes Boréales

Je viens de passer plusieurs jours décoiffants entre le pays basque, le portugal, la Suède, la Laponie et les Pays Bas. J'ai eu froid, le mal de mer, j'ai chassé la baleine, dessiné des cartes, côtoyé l'inquisition, j'ai découvert de nombreuses religions, croyances, j'ai été confrontée à l'ignorance, la barbarie, l'intolérance, l'incompréhension, l'aveuglement, la soif de pouvoir, d'argent ... Bref cette lecture fût un bon moment de dépaysement et vu le contexte, c'était le bon moment pour découvrir

"Le cartographe des indes boréales" d'Olivier Truc aux @editionsmetailie, qui est tout à la fois un roman d'aventure, un roman historique et un roman d'apprentissage !
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Le dernier Lapon

Le deuxième opus de l'auteur que je lis et, comme pour le premier, j'ai été conquis...

J'aime l'écriture, l'ambiance polaire, l'intrigue qui mène assassinat et culture lapone, ainsi que la personnalité attachante des principaux protagonistes.

Pas le dernier Truc (Olivier Truc) que je lis ;-)

A consommé sans modération bien emmitouflé au coin du feu ou du canapé...

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Le cartographe des Indes Boréales

Quand Olivier Truc décide de se lancer dans le roman historique, il ne fait pas les choses à moitié ! 627 pages, plus d'une centaine de chapitres courts, 5 pays ou régions traversées (France, Portugal, Suède, Laponie, Hollande), une foultitude de personnages et de multiples thèmes abordés qui vont de l'essor de la cartographie à l'exploitation minière de la Laponie au XVIIème siècle, en passant par le rançonnement, la servitude et l'évangélisation imposés par les Suédois aux Lapons, les guerres de religion entre luthériens et catholiques, les procès en sorcellerie et l'Inquisition, les coutumes des Lapons et enfin un beau portrait de la Reine Christine, femme libre qui préféra abdiquer pour pouvoir embrasser la foi catholique.



Avec ce grand roman d'aventures, Olivier Truc nous fait découvrir près de 60 ans d'histoire de la Suède, sa patrie d'adoption, de 1628 à 1693, années durant lesquelles l'intolérance et le fanatisme des pasteurs luthériens suédois firent d'effroyables ravages auprès du peuple Lapon.



Avec son héros, Izko Detcheverry, jeune garçon basque qui souhaite devenir pêcheur de baleines, nous affrontons un monde qui peine à sortir du moyen-âge, régi encore par l'obscurantisme, la haine et la peur, dont se servent sans répit les Inquisiteurs pour menacer, torturer, emprisonner et faire chanter quiconque semble imprégné du démon. Izko, soumis par un chantage qui s'exerce sur ses parents et dont il ne connaît pas le secret, doit devenir cartographe et espionner la Suède pour le compte de la France. La cartographie connaît alors un grand développement car elle est d'une importance stratégique pour tous les pays d'Europe : la mention d'une source pouvant servir de ravitaillement, la description minutieuse et réaliste des côtes maritimes, la présence d'un fortin protégeant une ville, ce sont autant d'informations qui peuvent être exploitées d'un point de commercial, militaire ou à des fins d'exploration.

Mais Izko ne va pas pouvoir se contenter de dessiner ces cartes depuis Stockholm, il devra accompagner une mission d'exploration en Laponie à la recherche d'une mine d'argent : son travail consistera à cartographier le terrain pour identifier les sites les plus adaptés pour établir des campements, pour trouver du bois en quantité pour le fonctionnement de la fonderie, et bien sûr à trouver les meilleures routes ou fleuves possibles pour le transport du minerai. Son aventure se double aussi d'une quête personnelle, celle d'une Laponne qu'il a aidé à accoucher et dont il redoute qu'elle lui ait jeté un sort.



Le personnage d'Izko est complexe : sans aucune liberté de manoeuvre, puisque soumis au chantage, il doit exécuter les missions qui lui sont confiées afin de protéger la vie de ses parents, il doit aussi défendre sa vie et son âme au prix de douloureuses décisions qui ne laisseront pas indemne.



Le roman m'a plu mais avec quelques petites réserves.

Premièrement, j'ai eu quelques difficultés à m'habiter au procédé narratif utilisé par l'auteur : en effet, chaque nouveau chapitre interrompt le fil narratif et commence avec un bond dans le temps dans un autre lieu, le héros se remémorant ce qui s'est passé dans l'intervalle un peu plus loin dans le chapitre. C'est un peu perturbant de perdre pied à chaque début de chapitre et à la longue, cela devient un peu pénible et lassant. Heureusement, ce procédé s'estompe dans la deuxième moitié du livre et la lecture redevient plus fluide et suivie.



La deuxième chose qui m'a un peu chiffonnée, c'est l'extrême longévité et forme du héros après de longues années de cachot : même si l'auteur ne s'attarde pas à décrire les conditions carcérales de l'époque, j'ai du mal à croire qu'elles permettent d'en ressortir dans un état qui ne nécessite que quelques semaines pour se retaper !



Enfin, par sa fonction de cartographe, Izko, est, à son corps défendant, complice des traitements effroyables infligés aux Lapons, alors qu'il aimerait les aider : et là, j'avoue que c'est cette contradiction dans le comportement du héros, sa passivité et son incapacité à se libérer des chaînes qui l'entravent qui m'ont vraiment gênée. Bien sûr, les menaces qui pèsent sur lui sont si fortes que ses actions sont limitées mais tout de même, j'aurais aimé le voir se rebeller un peu plus ou tenter quelques coups d'éclat !



En conclusion, c'est un roman absolument passionnant sur une époque et une région rarement (jamais ?) décrites dans la littérature française, servi par une belle écriture mais peut-être trop ambitieux car pénalisé par une construction qui manque de fluidité.



Challenge multi-défis 2020
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Le dernier Lapon

Ce polar se passe en Laponie.

Il y a une complexité géo-politique car ce territoire est sur quatre pays : la Russie, la Finlande, la Suède et la Norvège.

Il y a un problème dans l’intégration forcée des populations autochtones.

Il y a un vol de tambour ethnique et un meurtre dans un contexte financier (richesses minières), racial et politique.

Ce n’est pas un polar sanglant. Il est haletant car ce n’est pas facile de s’y retrouver et l’on veut savoir qui fait quoi.

Les personnages, à l’exception des salauds, sont très attachants avec toutes leurs souffrances.

On aimerait que les deux policiers (Nina et Klemet) vivent une histoire d’amour car ils ont tous les deux des difficultés dans ce domaine.

Merci à Kio974 de m’avoir conseillé ce livre.

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L'affaire Nobel

Après notre article la semaine passée sur le scandale Harvey Weinstein grâce à un film et à un livre, quelques mots sur un autre scandale sexuel dans le milieu culturel qui aura défrayé la chronique.



Ce scandale n'a pas eu lieu aux USA, mais en Suède, un pays a priori qui ne fait jamais de vagues et qui est même régulièrement cité en exemple comme modèle de pays où tout se passe du mieux possible.



Comme quoi la vague #MeToo arrivée avec Weinstein éclabousse tant de pays dans le monde.



La Suède, et surtout l’Académie Nobel n’en fut pas épargnée, avec un scandale sexuel dévoilé fin 2017 qui a eu des déflagrations immenses au niveau international.



Ce scandale sexuel a été révélé dans un quotidien suédois dans lequel 18 femmes mettent en cause un Français un certain Jean-Claude Arnault photographe de son état, très proche des hauts milieux culturels suédois et marié à une certaine Katarina Frostenson, poétesse très connue en Suède et siégeant à l’académie Nobel.

Olivier Truc, journaliste installé en Suède depuis 25 ans, et surtout connu chez nous pour ses romans policiers mettant en scène la fameuse brigade des rennes en Laponie, abandonne au moins un tant ses polars glacés bien ficelés pour revenir à son travail initial et se lancer dans une enquête particulièrement fouillée et prenante…qui se lit comme un polar !



Il faut dire que ce scandale qui a éclaboussé le Prix Nobel- et qui a contraint l’académie à reporter la désignation du prix Nobel de littérature en 2018 pour le remettre en 2019 à Peter Handke (qui a occasionné une nouvelle polémique d’un autre ordre) possède tous les ingrédients d’un excellent polar mettent en avant les hautes sphères, entre scandale financiers, manipulations, dépravation et art…



On se rend compte, à la lecture de cette passionnante enquête comme seuls les journalistes d'investigation savent en faire, à quel point ce pays peu important en terme d'habitant qu'est la Suède a un rôle vraiment central dans la littérature mondiale…
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Le dernier Lapon

Un excellent policier, rondement mené. L'auteur nous fait découvrir un environnement inhabituel, la Laponie. Tout est extrêmement bien documenté et on y apprend énormément. La difficulté dans ces romans est toujours d'identifier les personnages, en effet nous ne sommes pas habitués aux consonances des noms et prénoms et il est difficile de les mémoriser.

Un excellent premier roman qui est une valeur sûre.





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Le dernier Lapon

Parfois certains objets concentrent en eux l’âme d’une culture. Le tambour chamanique Sami volé est de ceux-là , il contient aussi une obscure menace venue d’un lointain passé et on tue pour lui .Klemet de la Police des rennes se doit de le retrouver et affronter les démons de son passé mais aussi ceux du présent . Une belle enquête policière et une plongée dans une étrange société et un environnement invraisemblable de dureté sous les draperies ondoyantes des aurores boréales ,pour les Sami , « les yeux des morts » .
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Le dernier Lapon

Nous sommes en Scandinavie, vaste espace couvrant le Nord de la Norvège, la Suède, la Finlande et la Russie où les frontières sont invisibles dans la toundra . Les Samis (dits Lapons), peuples autochtones, y conservent leurs traditions ancestrales et vivent essentiellement de l’élevage des rennes.

Quand un tambour chaman est volé et un éleveur Sami est trouvé mort devant son campement, l’enquête est menée par le Shérif en coopération avec la « police des rennes ».

Si le suspense est haletant et les personnages attachants, il est surtout prétexte à la découverte de ces régions et ces communautés hors du commun sur fond social et politique.

Ceci est le 1er roman de Olivier TRUC, journaliste, spécialiste des pays scandinaves, correspondant du Monde ,Libération, Le Point…

A savoir : On retrouve nos deux sympathiques policiers « des rennes » dans un 2ème et 3ème roman : « Le détroit du loup » et « La montagne rouge « .



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Le cartographe des Indes Boréales

Cette fois Olivier Truc délaisse ses polars chez les samis, et propose un gros roman d'aventures courant tout le long du 17ème siècle. Ah quelle époque sympathique! Si tu es pauvre, tu crèves de faim, tu es sous le joug des puissants, si tu es riche tu dois te méfier aussi. De l'inquisition espagnole et ses tortures inventives aux pasteurs luthériens suédois qui ne rigolent pas pour contrer le catholicisme et le paganisme sans cracher sur des méthodes cruelles et expéditives, on n'est jamais tranquille pour penser. Fanatisme religieux, conversions forcées, procès en sorcellerie, emprisonnements, compromissions, coups fourrés, ah de nos jours c'est mieux, non? (euh pas forcément, ah bon)



Il faut un héros, que l'on suit sur des décennies, avec parfois des ellipses que l'on apprend à remplir. Pas besoin de trop connaître l'historie suédoise, des détails suffisants éclairent le lecteur. Izko, fils d'un chasseur de baleine basque, rêve de suivre les traces de son père jusqu'au Spitzberg, mais il deviendra cartographe (et un poil espion). Le voilà donc fréquentant (un peu) la reine Christine et plongeant dans le grand nord suédois où les lapons (samis de nos jours) tâchent de survivre en évitant les suédois désireux de les convertir/coloniser/spolier de leurs terres. Izko apprendra à un peu les connaître.



Inutile de tout raconter, c'est le genre qui veut qu'il se passe toujours quelque chose! Izko semble ne pas toujours avoir la main sur son destin, en dépit de ses efforts. 600 pages d'aventures et de voyages.
Lien : https://enlisantenvoyageant...
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Le dernier Lapon

J'ai découvert la façon dont les samis, descendants des lapons, étaient traités par les Suédois, dans une série. J'ai voulu retrouver ce cadre.

Dans ce polar, efficace, campé sur le passé du pays, qui relate la façon dont les samis on été traités et continuent de l'être ( intéressant à une époque qui présente toujours les pays nordiques comme des exemples à suivre sur tous les plans politiques!). Ici, on découvre des personnages forts: Mattis, éleveur de rennes devenu alcoolique, car il ne se sentait pas à la hauteur de ses ancêtres; Aslak, le dernier vrai lapon, qui vit comme ses ancêtres, mais dans la solitude; Klemet, le policier sami qui s'est éloigné de ses racines pour s'intégrer... Mattis est retrouvé tué, ses oreilles ont été coupées (comme on le fait pour les rennes volés ou accidentés pour éviter que leur propriétaire ne puisse réclamer une indemnité de l'Etat). Le même jour, un précieux tambour lapon ancien est volé dans un musée. Klémet et sa nouvelle collègue Nina, qui appartiennent à la police des rennes, c'est à dire qui gère les conflits entre éleveurs, sont appelés à participer à l'enquête et comprennent que le meurtre et le vol sont mêlés.

une enquête haletante dans le climat du nord, qui commence après 40 jours de nuit. Le début pose tout de suite le cadre historique. Une réflexion sur un peuple sacrifiés à des intérêts financiers, à une culture qui étouffe, prise entre les frontières
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La Montagne rouge

Klemet et Nina de la police des rennes sont des héros récurrents qu’on a plaisir à retrouver. D’une part parce que chacun traîne un passé difficile – ce qui en fait des personnages complexes, riches. Les intrigues dont ils sont les protagonistes viennent faire écho à leur histoire, à leur construction identitaire. D’autre part, parce que leurs enquêtes sont imprégnées de culture sami (et surtout pas laponne !!), elle en constitue même toujours la trame, et que c’est un régal d’être transporté dans cet environnement.

Ici, pas de meurtre ou d’assassinat, mais la recherche d’un crane vieux de quelques siècles qui pourrait permettre de trancher un conflit entre éleveurs de rennes et forestiers, qui se disputent le droit d’occuper et exploiter la toundra.

La thématique de la perpétuation d’un mode de vie est toujours au cœur des romans d’Olivier Truc. Envers et contre tous, les éleveurs souhaitent continuer une activité qui gênent le reste de la population. Les rennes et leurs besoins rythment le quotidien de ces hommes, ils incarnent la tradition et un mode de vie au plus près de la forêt, ils justifient les heures passées dans le froid polaire, les maigres revenus et surtout l’ostracisation, la minorisation dont ce peuple a fait l’objet au fil des siècles. A travers les samis, l’auteur rend hommage à tous les groupes humains qui ont été malmenés, infériorisés, relégués au rang de sous-hommes pendant l’histoire. Si on se régale des aventures de Klemet et de sa compagne, on a toujours un peu mal d’être confronté à tant de violences sociales.

Comme toujours, on croise aussi des personnages d’éléveurs héroïques – Alask dans le précédent opus, Petrus ici qui porte le combat de son sameby avec courage, dignité et parfois lassitude, qui essaie d’être un leader, un père et un fils à la hauteur des espoirs de son propre père. En cela, ses préoccupations font écho à celles de Klemet, plus torturé que jamais.

Espérons que ce troisième tome ne soit pas le dernier de la série, Olivier Truc ne peut pas nous laisser sans nouvelles de nos enquêteurs.

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