AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Patrick Rambaud (433)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Quand Dieu apprenait le dessin

quel étonnant récit ! sur un thème peu commun....Le style est agréable et on s'attache aux personnages...enfin pas tous!

Il y a une belle philosophie sur le rôle destructeur des religions.On a également un bel échantillon de la nature humaine, pas vraiment à son avantage....Mais est-ce la vraie histoire de Venise ? That is my question!
Commenter  J’apprécie          20
La Bataille

Balzac avait l'ambition de le faire, mais ce fut Patrick Rambaud qui s'y colla bien plus tard: raconter sous forme romancée la bataille d'Essling, qui eut lieu près de Vienne en 1809, entre l'armée de Bonaparte et celle de l'Archiduc d'Autriche.



Pourquoi celle-ci ? Probablement parce que ce fut le premier grand massacre pour rien (40 000 hommes tués ou blessés en 2 jours pour aboutir à un parfait statu quo militaire), déjà annonciateur des absurdités de la Grande Guerre.



Un récit épique, qui tente de nous transmettre la réalité historique tout en imaginant comment ont pu le vivre les hommes d'alors, célèbres (Napoléon, Masséna, Molitor, Stendhal, etc.) ou anonymes.



Personnellement j'aime beaucoup ces romans historiques. C'est une excellente façon d'aborder l'Histoire de façon plaisante.
Commenter  J’apprécie          40
Deuxième chronique du règne d'Emmanuel Ier : Le..

Cela fait le deuxième livre de suite écrit par Patrick Rambaud pour lequel il me manque un ingrédient indispensable : l'humour corrosif que j'avais adoré dans François le Petit (première chronique du "règne" de François Hollande).



Certes, Patrick Rambaud est loin d'être consensuel sur l'état de notre classe politique, ce qui est plutôt positif, mais j'ai l'impression que l'humour est aux abonnés absents pour transformer le livre en un pamphlet comme il en existe tant d'autres. Dommage !
Commenter  J’apprécie          20
La grammaire en s'amusant

J'ai attrapé le livre sur l'étagère, j'ai lu quelques lignes et je ne l'ai pas lâché. Les chances de m'alpaguer avec un livre sur la grammaire étaient pourtant très minces au départ. L'auteur a choisi d'aborder le sujet sous la forme d'un échange avec son petit-fils. C'est bien expliqué, avec de la logique et des images. Ce livre est un bon rafraichissement pour tous ceux qui ont oublié les règles et les mots de la grammaire, mais c'est surtout une lecture très agréable, avec des digressions, des références à d'autres auteurs ou penseurs extrêmement intéressantes (Anatole France, Cicéron et j'en passe).
Commenter  J’apprécie          10
La Bataille

Roman sur la bataille d'Essling, selon mon souvenir vue depuis le regard de Lejeune, un général doué de talent pour la peinture, et qui n'a pas laissé un souvenir impérissable dans ma mémoire. Pourtant la reconstitution historique me paraissait correcte. L'intérêt de cette bataille provient de ce qu'elle est particulièrement meurtrière et qu'il n'y a ni vainqueur ni vaincu.
Commenter  J’apprécie          30
Deuxième chronique du règne d'Emmanuel Ier : Le..

Depuis l'élection de Nicolas Sarkozy, Patrick Rambaud se plaît à chroniquer avec humour le règne de nos présidents successifs. Le dernier tome en date, sous titré "Deuxième chronique du règne d'Emmanuel Ier" liste les cinq plaies survenues à partir de 2018, à commencer par l'affaire Alexandre Benalla, puis les démissions de Nicolas Hulot et Gérard Collomb et bien sûr, le mouvement des gilets jaunes. La dernière de ces plaies est évoquée dans l'épilogue alors qu'elle ne fait que commencer, c'est celle de la pandémie.

Dans un style presque obséquieux, l'auteur n'en finit pas de dénoncer les turpitudes des grands de notre petit monde et c'est bien évidemment le décalage entre les deux qui donne tout son goût à ses chroniques impertinentes et savoureuses.
Commenter  J’apprécie          100
Bérézina, tome 3 :  La neige

La fin des haricots, les débuts du surgelé.

Sur la route jonchée de cadavres congelés, de Smolensk à Kranoïe, il fait -25°c. Bonaparte, mal rasé sous sa chapka marronnasse, le regard fixe, rumine sa colère. Dans ce cheminement d’éclopés débraillés, de soldats harassés, de civils ahuris, la neige voltige sans fin dans un ciel immensément gris. Les Russes attaquent. Bonaparte réplique avec une armée exsangue. Les hommes tombent. La neige se macule de sang. L’ordinaire d’une débâcle se mesure à la vacuité des hommes cherchant à garder le contrôle. Bonaparte est de cet acabit. Son mépris des autres n’a d’égal que sa vanité à tenter d’orchestrer le chaos. Hautain, cassant, prétentieux, il mène ses soldats à la baguette. Un ordre est immédiatement suivi d’effet, sans mégoter. Quand vient le passage de la Bérézina, Bonaparte exige des pontonniers du général Eblé la démolition d’un village planche par planche et la construction de deux ponts. Le temps presse. Les Cosaques s’amassent. Les soldats nus, dans l’eau glacée, par -19°c, meurent, se remplacent, s’épaulent et réalisent l’impossible. Les restes de la Grande Armée peuvent franchir la Bérézina. Après cette victoire insensée, Bonaparte, prioritaire avec son escorte, décide de quitter ses soldats et de prendre la tangente par un autre itinéraire vers Paris. Son abandon signera la fin d’un semblant de tenue du fleuve humain. Tout partira à vau-l’eau. Sur 500 000 soldats et civils débutant la Campagne de Russie, 4 000 reviendront. Cynique, Bonaparte, dans sa fuite minable, déclarera : « Avant trois mois, j’aurai cinq cent mille hommes sous les armes ».

La trilogie scénarisée par Michel Richaud est puissante dans sa narration sobre et percutante. Les dessins d’Ivan Gil restituent avec maestria les mouvements de masse sur des double-pages éblouissantes. Le rappel en épilogue du poème de Victor Hugo « L’Expiation » dont l’incipit donne le titre au roman de Patrick Rambaud adapté ici en bande dessinée prend toute sa mesure tragique. Les vers accrochent les images et charrient des cohortes humaines, ces fantômes oubliés.
Commenter  J’apprécie          20
Quand Dieu apprenait le dessin

Ce récit habile et amusant aux allures de légendes et d'excursions dans les vieux mondes du Moyen Age, explique rétrospectivement les enjeux de pouvoirs, les questionnements et les ruses politiques qui ont contribué à créer des institutions et de monopoles pérennes à travers les âges.
Commenter  J’apprécie          10
Le chat botté

Patrick Rambaud achève son œuvre littéraire consacrée à l'épopée napoléonienne par un court roman sur les débuts du plus célèbre des Français intitulé Le chat botté d'après le surnom que donnait la future duchesse d'Abrantes, alors une enfant, à Bonaparte.

Pour contrebalancer le destin de Napoléon à la veille du 13 Vendémiaire, l'auteur nous conte les tribulations d'un jeune royaliste, Saint-Aubin, un muscadin, toujours prompt à faire le coup de poing contre les jacobins alors en disgrâce et qui croise le chemin du jeune général.

Le récit est assez enlevé, le style agréable mais il y a néanmoins quelques longueurs et il faut attendre l'événement fondateur de Vendémiaire pour que le rythme et l'action donnent un peu de sel à la lecture.

J'avais préféré les précédents romans de Rambaud, notamment "La Bataille" et "Il neigeait" plus immersifs à mon goût.
Commenter  J’apprécie          30
Bérézina, tome 2 : Les cendres

La retraite en chouinant.

Bonaparte tergiverse dans la grande cité moscovite calcinée. Il espère une reddition du tsar Alexandre, une paix avantageuse et un retrait auréolé de gloriole mais l’armée russe s’est dérobée et le tsar ne répond pas. Pressé par ses officiers qui pressentent une catastrophe imminente avec la raréfaction des vivres, les attaques incessantes des Cosaques, le manque d’équipement face au froid, Bonaparte se braque et se fait cassant. Génial stratège et piètre logisticien, l’empereur des Français s’enferre dans ses chimères. Le temps tourne en faveur des Russes attentistes. Le départ de Moscou se fait le 18 octobre 1812 mais la neige poudroie déjà le sol. Le sort des Français est scellé.

Le 2e tome de la trilogie consacrée à la Bérézina, gravée au fer rouge dans la mémoire collective française, est une réussite formelle et narrative. Malgré l’évidence d’un désastre annoncé, le suspense est total. Le lecteur ne peut croire que toute la geste napoléonienne va s’effondrer subitement, emportant dans la nuit et l’oubli tant de jeunesse et d’espoir mais les faits sont têtus et l’histoire se répète avec des nuances dérisoires. Ivan Gil, le dessinateur espagnol, peaufine une œuvre minutieusement documentée. Ses planches pleine page ont la grandeur d’un tableau d’époque inspiré. La mise en couleur est remarquable. Progressivement, la grisaille enveloppe les hommes et s’installe en despote indifférent, balayant les fugaces lumières automnales. Les visages se creusent, les corps s’affaissent. Le pire est encore à venir.
Commenter  J’apprécie          40
Il neigeait

"Il neigeait. On était vaincu par sa conquête

Pour la première fois, l'Aigle baissait la tête.

Sombres jours. L'Empereur revenait lentement

Laissant derrière lui brûler Moscou fumant".

J'avais appris en CM2 les dix premiers vers de "l'Expiation" qui commencent ainsi. Au lycée, j'ai découvert assez époustouflée au point de l'apprendre en entier ce poème-fleuve des Châtiments, en sept sections - la Retraite de Russie n'étant que la première, poème épique, tragique, présentant la Chute du Titan en plusieurs étapes, chute qui est une malédiction divine, la punition du crime originel de Bonaparte, son coup d'état du Dix-Huit Brumaire.

Patrick Rambaud connaît manifestement bien ce poème, puisqu'il reprend ce cadre de la Retraite de Russie et de la Bérézina, la neige, la nuit, le gel, les glaçons dérivant. Il commence d'ailleurs par contraste par la flamme, le rouge de l'incendie de Moscou. Ensuite, face à cette chaleur qui amollit les héros, les dégradant en pillards se vautrant dans le vin et le stupre, le roman bascule dans l'ombre, le froid et la mort.

Rambaud reprend certaines des images fortes, poignantes et visuelles de Victor Hugo : les "blessés s'abritant dans le ventre des chevaux morts", "les clairons à leur poste gelés", les canons brûlés pour récupérer le bois... Et surtout, on retrouve l'image d'une "procession d'ombres". Oui, "chacun, se sentant mourir, on était seul". Les régiments se disloquent, les liens professionnels, amicaux, amoureux même, ne peuvent plus exister dans cet enfer. Loin de l'épopée, c'est une vision d'horreur, au plus près des corps - sans nous faire entrer dans le secret des coeurs, il n'y a plus de sentiment quand l'homme perd toute humanité pour se concentrer sur la survie. Ce que Hugo formulait ainsi :

"Ce n'étaient plus des cœurs vivants, des gens de guerre :

C'était un rêve errant dans la brume, un mystère,

Une lente procession d'ombre sur le ciel noir".

Dans la lignée du courant historiographique de l'histoire-bataille, l'auteur nous plonge dans la mêlée, à échelle humaine. Il ne nous épargne rien, ni nez gelé, ni doigts coupés... Mais on ne lit pas le récit d'une bataille, seulement des "fantômes" harcelés par des Cosaques sans visage.

Et par contraste, Napoléon apparaît comme un homme "debout, qui regardait". Il regarde oui, mais ne voit pas. Il ne pense qu'à lui, qu'à son destin personnel qu'il associe à celui de la France et même de l'Europe. "Chefs, soldats, tous mouraient. Chacun avait son tour". Et lui passe dans sa berline, dispose de bois lors des bivouacs, de bains chauds, ne s'occupe pas de ceux qui meurent de faim et de froid à côté de lui et pour lui.
Commenter  J’apprécie          80
La bataille, tome 1

Essling de tir.

Grand capitaine de l’armée française, le maréchal Masséna reçoit l’ordre de Bonaparte de faire construire un pont flottant de huit cents mètres sur le Danube afin que l’armée napoléonienne puisse franchir le fleuve et aller affronter les Autrichiens repliés sous le commandement de l’archiduc Charles-Louis. L’empereur veut remporter une victoire nette et rapide mais il faut agir vite car des renforts autrichiens peuvent compromettre l’issue de la bataille d’Essling.

Le romancier Patrick Rambaud a passé habilement la main au scénariste Michel Richaud qui s’accorde pleinement avec le dessinateur Ivan Gil. La bataille d’Essling (1809) est un massacre industriel avec 45 000 soldats perdus en deux jours de combats démentiels. Le 1er tome de la trilogie pose le contexte et le décor. Les exactions, les pillages et les combats encadrent la romance de Stendhal et de Mademoiselle Krauss. Bonaparte apparaît cassant, insensible, sûr de lui. Comment un seul individu, sans carrure physique, peut-il subordonner tant d’hommes à ses volontés mortifères ? Les auteurs ne font pas dans l’hagiographie. Les chefs ne sont pas caressés dans le sens du poil et les coups de sabre tranchent dans le vif. Ni le roman ni la bédé n’encensent la guerre, toujours sans panache, engluée dans la boue des turpitudes humaines.
Commenter  J’apprécie          40
Bérézina, tome 1 : L'incendie

Moscou le cocotier.

La politique de la terre brûlée vieille comme la guerre est une tactique défensive qui a pleinement réussi aux Russes face au rouleau compresseur napoléonien. L’incendie de Moscou en septembre 1812 prive l’occupant français d’abri et contraint Napoléon à lever le camp le 18 octobre, hélas trop tard. Après le relâchement, c’est la Débâcle de la Grande Armée qui se profile avec la venue de l’hiver et son cortège d’horreur.

Michel Richaud a scénarisé habilement le passionnant roman de Patrick Rambaud. Le dessin fouillé et ambitieux d’Ivan Gil donne à voir avec style et fluidité la multitude en mouvement et l’expression des visages dans un même élan, des vues panoramiques aux gros plans. Les hommes semblent s’agiter sur une scène de théâtre mais la sidération et l’horreur explosent au détour des planches quand une case montre le charnier d’un champ de bataille ou la mutilation d’un soldat hébété. La découverte d’une troupe de comédiens français réfugiés dans la cave d’un palais moscovite fait écho à la tragédie en train de s’ourdir où des milliers d’hommes subjugués par un tyran mégalomane s’agitent telles des marionnettes désarticulées. La mise en couleur est soignée et participe activement à l’histoire quand les jaunes et les oranges de l’incendie inondent Moscou. Napoléon, comme Néron naguère, regarde impuissant la capitale moscovite brûler. Il se voyait faire ami-ami avec Alexandre en signant une paix avantageuse mais le tsar n’a cure des ambitions françaises. Les deux tomes suivants constituant la trilogie de la Bérézina ne peuvent qu’être captivants.
Commenter  J’apprécie          63
Emmanuel Le Magnifique

Comme à son habitude, Patrick Rambaud nous régale d'un récapitulatif des évènements politiques qui se sont déroulés au début du mandat d'Emmanuel Macron et surtout il nous raconte sa formation et la manière dont il a conquis le pouvoir. C'est vraiment passionnant et surtout force une certaine admiration pour le personnage. Le portrait est dressé sans concession avec humour. Qu'est-ce que j'ai ri au passage avec Donald Trump. J'ai relu le chapitre 2 fois tant le portrait des deux hommes est particulièrement objectif. Livre réjouissant. J'attends la suite avec impatience et, en attendant, vous recommande ce premier opus.



Extrait d'un article du Parisien du 13 janvier 2019 :

"Dans « Le Magnifique », le « premier valet de chambre » est « Le duc du Havre », alias Édouard Philippe, remarquablement décrit dans sa silhouette haute, mince et voûtée, et dans sa barbe qui « crayonne » ses joues ». Il y a la « Princesse Brigitte », au caractère affirmé, « Mademoiselle de Montretout » (Marine Le Pen), le duc de Pau (François Bayrou) et toute une smala de courtisans. « Ce premier tome a été le plus difficile à écrire », confie-t-il. Pourquoi ? « Parce que Macron est seul. Il n'y a personne autour. » Le président l'épate un tantinet. « C'est extrêmement nouveau de gagner sans avoir un parti et en brisant totalement les autres ! ». Le bandeau de couverture est un montage construit sur l'image du prince Balthazar-Charles d'Autriche (1629-1646), que le peintre Velasquez représentant un enfant, juché sur un cheval. La figure de Macron remplace celui du jeune prince qui brandit un sabre laser, façon Star Wars. « L'idée n'est pas de moi mais elle n'est pas mauvaise », reconnaît l'écrivain." https://www.leparisien.fr/culture-loisirs/livres/emmanuel-le-magnifique-l-impertinent-patrick-rambaud-13-01-2019-7987416.php
Commenter  J’apprécie          70
Deuxième chronique du règne d'Emmanuel Ier : Le..

Je suis un fan des chroniques de Patrick Rambaud. Pourtant, ce nouvel épisode m'a laissé sur ma faim. On sent que l'auteur en a ras-le-bol de la série… au point d'évacuer les Gilets jaunes en quelques pages, s'attardant trop longuement sur l'affaire Benalla. Le meilleur reste les à-côtés du livre, comme l'introduction, superbe “Requiem pour notre ignoble et cher vieux monde” ou sa “Lettre ouverte à mon amie la citoyenne des Pentes” en fin de volume.

Une exception peut-être : la savoureuse description de la chute de “Monsieur Hulot”.

« Monsieur Hulot était un familier des bouderies et des coups de gueule. Les civils sont ainsi, moins endurcis que les politiciens professionnels, si décriés mais plus souples. […] Il passait pour une vedette, à la longue, et en avait les défauts… »
Commenter  J’apprécie          30
La Bataille

Le scénario est connu, il est issu de l'Histoire, avec un H majuscule évidemment. Même si la bataille d'Essling est romancée, Patrick Rambaud la retranscrit avec une multitude de détails et un devoir de justesse historique indéniable. Si je ne m'attarde pas sur l'histoire de la bataille en elle même, j'avoue avoir été fasciné par le style. J'ai beaucoup aimé la façon dont l'auteur nous fait naviguer entre ses différents personnages historiques qu'il a romancés. Avez-vous déjà vu un film en lisant un livre ? C'est ce qui arrive quand on lit le génial Patrick Rambaud et l'ensemble de ses ouvrages sur l'Empire. Ce livre peut plaire à beaucoup et paradoxalement il s'adresse à tous ceux qui ne sont pas forcément des amateurs de roman historique. Habituellement je suis sceptique sur les prix Goncourt car peu me plaisent, mais celui mérite amplement sa récompense.
Commenter  J’apprécie          120
Bérézina - Intégrale

C'est la Bérézina ! Derrière cette expression qui est synonyme de catastrophe, se cache une bataille napoléonienne qui vit la Grande Armée réussir à traverser le fleuve éponyme et à échapper aux troupes russes, une victoire catastrophique. Mais contrairement à ce que le titre pourrait laisse croire, cette BD ne se concentre pas sur cet événement. Il s'agit en fait de l'adaptation en BD de Il Neigeait de Patrick Rambaud, roman racontant la tragique retraite de Russie. Comme pour sa précédente adaptation, La Bataille, centrée sur la bataille d'Essling, les trois tomes de l'adaptation ont été réunis en une grande intégrale. Et comme pour La Bataille c'est une franche réussite.



Cette fois, on accompagne non pas le colonel Lejeune mais le capitaine d'Herbigny des Dragons de la Garde impériale et son domestique Paulin, mais aussi Sébastien Roque, sous-secrétaire de l'Empereur qui s'est épris d'une actrice et qui est lui aussi, entrainé dans la retraite. Tout ce petit monde se retrouve dans l'enfer glacé de la Russie, harcelés par les cosaques, violentés par les pillards, gelés par le froid, affamés par la retraite.



On y retrouve les mêmes qualités: une édition soignée et enrichie par des graphiques et différentes informations sur la campagne, avec en bonus le poème l'expédition de Victor Hugo, duquel est tiré le titre original. La division en sept grands chapitres, la aussi permet d'assurer une clarté de narration.

Comme toujours, Ivan Gil dessine magnifiquement bien et les planches, même les plus tragiques sont de véritables bonbons pour les yeux.



En un mot: superbe.
Commenter  J’apprécie          80
La bataille - Intégrale 1

Cette intégrale réunit les trois tomes de l'adaptation en BD du roman La Bataille de Patrick Rambaud, racontant la bataille d'Essling. L'objet en lui même est très beau: grand, relié et avec en bonus des notes sur les personnages, le plan de bataille, et des informations sur la bataille de Waterloo curieusement.



En mai 1809, après une série de victoires initiales contre les autrichiens, Napoléon Bonaparte se heurte à un mur, ou plutôt à un fleuve: le Danube, qui sépare son armée de celle de ses adversaires. Sa décision de traverser le cours d'eau mène à la terrible bataille d'Essling, ou d'Aspern, ou d'Aspern-Essling. Sa première défaite sur le champ de bataille et un carnage sans précédent. On suivra la bataille principalement à travers le colonel Lejeune, aide de camp du Maréchal Berthier, des maréchaux Masséna et Lannes, du jeune Stendahl qui observe la bataille depuis Vienne, et de Napoléon en personne. On y rencontre également le jeune voltigeur Paradis et le cuirassier Fayolle, l'un est un jeune conscrit, l'autre un vétéran désabusé.



On a affaire à une adaptation de très grande qualité, avec quelques légères modifications par rapport au roman originel, mais c'est pour mieux servir cette bande dessinée.

Les dessins sont splendides, l'action claire grace au découpage en grands chapitres, et intense. On est véritablement sur le champ de bataille, au milieu des boulets et des charges de cavalerie. On assiste aux combats furieux, à l'horreur des hôpitaux de campagne et à la mort de plusieurs figures de l'Empire.



Une vraie réussite.
Commenter  J’apprécie          20
La Bataille

« - Demain, on va s'entre-tuer au canon dans cette plaine verte. Il y aura beaucoup de rouge, et ce ne seront pas des fleurs. Quand la guerre sera finie...

- Y en aura une autre, mon colonel. La guerre elle sera jamais finie, avec l'Empereur.

- Tu as raison » (Dialogue entre le colonel Lejeune et le voltigeur Vincent Paradis, p. 61)

La bataille, c'était un vieux projet de Balzac. Un livre consacré à la bataille d'Essling que les troupes de Napoléon livrèrent aux Autrichiens en 1809. Mais il ne l'écrivit jamais. Patrick Rambaud, en un geste à la fois filial et présomptueux, l'a écrit, ce roman historique. Une chance pour les lecteurs et la littérature. J'avais lu ce livre à sa sortie en 1997, le brouhaha institutionnel actuel autour de Napoléon m'a donné envie de le relire.

En croisant personnages historiques - Napoléon, Massena, Berthier, Molitor, le médecin militaire Percy, Lannes, Beyles alias Stendhal... - et personnages de fiction apparait la réalité des batailles napoléoniennes. Quarante mille morts sont restés dans la plaine d'Essling. Pour l'Empire, cette bataille est un tournant militaire: l’armée est devenue lourde, lente, alors que Napoléon raisonne encore en rapidité, veut jouer la surprise. Il y aura encore des victoires, mais on peut y voir le début de la fin.

Minutieusement documenté, prenant et réaliste, on y voit les prémices de la guerre moderne, avec son extrême dépendance à la logistique et au génie (l’issue de l’affrontement se joue sur des ponts provisoires jetés au-dessus du Danube en crue). On y assiste aussi à des scènes si horribles qu'elles en deviennent presque comiques, comme ce porte-aigle qui a la tête arrachée par un boulet et dont les économies, des pièces d'or, jaillissent littéralement de sa cravate et se répandent aux pieds de ses camarades (p. 237 – anecdote dont les notes en fin d’ouvrage attestent de la réalité). Ceux qui n'avaient pas la tête emportée, mais une blessure aux membres risquaient souvent de les perdre: les antibiotiques n'existaient pas, pour éviter les infections les médecins militaires amputaient à tour de bras. Les mains, pieds, bras et les jambes coupées formaient des monticules sanguinolents à côté des tentes de leurs hôpitaux de campagne.

« Les agonisants ne verraient sans doute pas l’aube, ils étaient perdus pour la bataille et pour la vie. Tout près, sous une haie d’ormeaux, les rabatteurs des ambulances avaient disposé une sorte de boutique où ils revendaient pour leur compte les capotes, les sacs, les gibernes, les vêtements glanés dans la plaine sur les cadavres autrichiens et français » (p. 175).

Aussi horribles qu'aient été ces guerres, elles avaient au moins deux vertus par rapport aux guerres modernes: les civils y mourraient moins et les officiers y passaient beaucoup. Il faut dire qu’ils se tenaient souvent aux côtés de leurs hommes, en première ligne. Un engagement qui cessera définitivement en 14-18. Les civils y mourraient moins, mais tout aussi horriblement que maintenant. Une scène insoutenable de meurtre et de viol post-mortem commis par un soldat français ne quittera pas de sitôt l'enfer de mon esprit (p. 76).

Si l'on peut sourire en entendant Napoléon jurer en corse et tyranniser son état-major comme un petit chef de bureau mesquin, la guerre et les chefs militaires, quels qu’en soient les tableaux, les récits, les films ou les romans qu’on en fait, restent détestables : « Des cris abominables montaient du cimetière. Il interrogea. Un lieutenant de la Garde lui répondit que c’étaient des Hongrois qu’on égorgeait à l’arme blanche sur les tombes :

- On ne peut plus s’embarrasser de prisonniers.

- Mais il y en a combien ?

- Sept cents mon général » (p. 231)
Lien : https://www.abordages.net/?L..
Commenter  J’apprécie          00
Deuxième chronique du règne d'Emmanuel Ier : Le..

Benalla et gilets jaunes ...





Plus le livre est court, plus ce qui s'en dégage nous paraît pertinent. Les quatre micro-parties explorent des champs qui stimulent notre intellect. Les deux centrales, fidèles au projet de Rambaud de chroniquer ironiquement les soubresauts du pouvoir, dressent en détail le déroulement de l'affaire Benalla et évoquent le mouvement des gilets jaunes même s'il ne s'appesantit pas, nous laissant comprendre qu'il y a eu suffisamment de littérature à ce sujet rendant inutile toute tentative de sa part.



Non, le plus passionnant, le plus croustillant demeure ce qui fait office de prologue et d'épilogue à l'ouvrage. Ses relations juvéniles avec la veuve de Picabia et surtout sa rencontre avec Marcel Duchamp où celui-ci lui confie son amusement de trouver des crétins pour acheter ses inepties conceptuelles.



Et puis il y a Virginie Despentes et l'apostrophe qui lui est adressé. Rambaud sort son fleuret et engage l'escarmouche avec sa partenaire du jury Goncourt. Il dresse la liste de ses griefs, se désole avec combativité et touche à l'endroit du reproche. La conclusion de Rambaud n'est pas formulée mais on la devine : puisqu'on nous reproche d'être des hommes blancs, nous ne pouvons par réaction, qu'en exalter la fierté. Il instruit en quelque sorte le procès de tous ces délirants de l'intersectionnel qui soutiennent l'idée que l'on pourrait avoir côte à côte dans la même rue une mosquée et un bar gay où l'on cohabiterait sans heurt.



Pour conclure, une chronique du pouvoir de plus pour Rambaud qu'il agrémente de détails plus personnels, un récit autobiographique et une harangue où il n'hésite pas à croiser le fer.



La mince épaisseur du volume, même sans y expurger ces rajouts, est peut-être le signe d'un essoufflement du projet initial, qu'il finira consciencieux le règne de Macron mais arrêtera définitivement sa scrutation républicaine après son départ.







Samuel d'Halescourt
Commenter  J’apprécie          40




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Patrick Rambaud Voir plus

Quiz Voir plus

Ils ont écrit sur des écrivains....

Ronsard a écrit trois volumes de vers pour trois femmes différentes. La première et la dernière, Cassandre et Hélène, ne l’approchèrent point ; l’une parce qu’elle était trop belle et l’autre parce qu’elle était hideuse. C’est du moins ce qu’en disent ceux qui les ont connues ; mais Ronsard, ne voulait rien d’elles que leurs noms à mettre en sonnets, fit Cassandre plus belle encore que Cassandre, et daigna donner à Hélène tout ce que Dieu lui avait refusé. Aussi nous les voyons toutes deux incomparables.

Emile Zola
Jules Barbey d’Aurevilly
Pierre Louÿs
Charles Baudelaire
Victor Hugo

10 questions
50 lecteurs ont répondu
Créer un quiz sur cet auteur

{* *}