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Citations de Paul Bowles (54)


Deux amis, Lahcen et Idir marchaient sur la plage de Merkala. Une jeune fille se tenait debout près des rochers et sa djellaba ondulait au vent. Qaund ils la virent Lahcen et Idir s'arrêtèrent. Ils restèrent immobiles à la regarder.
lahcen dit :"Tu la connais celle-là?
- Non, je l'ai jamais vue.
- On y va" dit Lahcen.
p.73
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Chaque fois que je me rends dans un endroit où je ne suis encore jamais allé, j’espère qu’il sera aussi différent que possible de ceux que je connais déjà. Je présume qu’il est naturel, de la part d’un voyageur, de rechercher la diversité et que l’élément humain est ce qui lui donne le plus le sens des différences. Si les gens et leur manière de vivre étaient partout identiques, il ne servirait à rien de se déplacer d’un endroit à un autre.
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Il y a dix ou douze ans, un homme, qui eût mieux fait de rester ailleurs, est venu vivre à Tanger. Il ne fut en rien responsable de ce qui lui est arrivé, mais la colonie anglophone a répandu de nombreux ragots et des insinuations à ce sujet.
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Les petits cireurs de souliers,à demi nus ,regardaient le trottoir,accroupis sur leurs boîtes,trop inertes pour avoir l'énergie de chasser les mouches qui grouillaient sur leurs visages.A l'intérieur du café,l'air était plus frais,mais immobile et chargé de relents d'urine et de vin suri.
A une table,dans le coin le plus sombre,étaient assis trois Américains:deux hommes et une jeune femme.Ils bavardaient tranquillement,à la façon de ces gens qui ont toute la vie devant eux.
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Il arriva à Tanger vers midi et monta tout droit à la villa. Sous la pluie, la cour extérieure manquait d'attraits. Des bananiers morts pourrissaient sur le sol carrelé. La vieille Amina qui l'avait aperçu de sa cuisine vient à sa rencontre à travers l'averse, en se dandinant ; il remarqua derrière elle des piles de cageots vides et le cadre rouillé d'une vieille balançoire.
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Lorsque je leur fis part de mon intention d'aller à Istanbul avec Abdeslam, la réaction générale de mes amis fut qu'il y a avait bien des choses plus intéressantes à faire que d'emmener en Turquie un musulman marocain.
p. 105
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Il faisait nuit quand le petit cargo accosta. Dyar s'engagea sur la passerelle. Une brusque bouffée de vent lui envoya au visage des gouttes de pluie chaude. Les passagers, peu nombreux et pauvrement vêtus, avaient pour bagages de mauvaises valises en carton et des sacs en papier. Dyar les regardait attendre avec résignation devant le bâtiment de la douane, que la porte s'ouvrit. De l'autre coté de la barrière, une demi douzaine d'Arabes à l'aspect louche l'avaient déjà aperçu et lui criaient:"Hôtel Métropole, Mister?","Hé! Johnny! come on!"," Ti veux un hôtel?", "Grad Hôtel, hé?" Exactement comme s'il eût brandi à leurs yeux son passeport américain. Il ne fit aucune attention à eux.
p.11 (incipit)
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Personne ne comprenait pourquoi Doña Faustina avait acheté l'auberge. Elle était située sur l'un des virages en épingle à cheveux de la vieille route qui montait de la rivière vers la ville, mais la construction de la nouvelle voie pavée l'avait rendue inutile. Il était maintenant impossible d'accéder à l'auberge sans grimper le chemin pierreux, traverser le talus et marcher sur plusieurs centaines de mètres le long de cette route qui, n'étant plus jamais réparée, se dissolvait sous les pluies tandis que l'étincelante végétation de ces basses terres l'étouffait.
Le dimanche, les gens abandonnaient la ville : les femmes emportaient des parasols et les hommes leurs guitares (ceci se passait avant l'avènement de la radio, du temps où presque tout le monde savait jouer d'un instrument de musique). Ils marchaient jusqu'au grand arbre à pain, d'où ils contemplaient, en hait de la route, la façade décolorée de l'auberge à moitié cachée par de jeunes pousses de bambous et de bananiers. Ils gardaient quelques secondes les yeux rivés sur la bâtisse et faisaient demi-tour pour rentrer chez eux. "Pourquoi ne décroche-t-elle pas l'enseigne ? disaient-ils, elle croit peut-être que quelqu'un voudrait y passer la nuit ? " Ils avaient parfaitement raison : personne n'approchait plus jamais de l'auberge. Seuls les gens de la ville en connaissaient l'existence et ils n'en avaient nul besoin.
Le mystère restait entier : pourquoi l'avait-elle achetée ?
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Cette nuit-là, allongée dans l'obscurité, attentive aux hurlements des sirènes de police, elle fut assaillie à nouveau par la sensation qui s'était emparée d'elle dans l'avion, celle d'être partie trop loin et d'avoir perdu tout possibilité de retour.
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L'aspect de Los Angeles confirma Malika dans son idée qu'elle avait laissé derrière elle tout ce qui était compréhensible, et qu'elle se trouvait à présent dans un endroit complètement différent, dont elle ne pouvait saisir les règles
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C'était une entité trop puissante pour que l'on ne fût pas tenté de le personnifier. Le désert ! » (p. 257)
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Souvent, pendant les longues heures que j'avais passées à regarder par la fenêtre dans les autocars nord-africains, je m'étais demandé ce que j'éprouverais en voyageant de la sorte dans mon propre pays, en m'arrêtant dans les villes de mon choix, et en séjournant un jour ou deux dans celles qui semblaient les plus prometteuses avant de reprendre ma route.
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Je parlais des grifas à mes cousines, et naturellement, elles voulurent en fumer.
p.239
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C’étaient les premiers moments d’une nouvelle existence, une étrange existence où elle discernait déjà qu’elle ne connaîtrait plus la notion de temps. […]

Elle ne se rappelait pas les conversations qu’ils avaient eues si souvent sur l’idée de la mort, peut-être parce qu’aucune idée sur la mort n’a quoi que ce soit de commun avec la présence de la mort. […]

Il ne lui vint pas non plus à l’esprit qu’elle avait pensé que, si Port mourait avant elle, elle ne croirait pas qu’il était vraiment mort […].

Elle avait complètement oublié cet après-midi d’août, un an plus tôt, quand ils s’étaient assis sur l’herbe, sous les érables, en regardant la tempête remonter vers eux la vallée du fleuve et qu’ils avaient parlé de la mort. […]

Elle n’avait pas voulu l’écouter, parce que cette idée la déprimait alors; et maintenant, si elle avait voulu y réfléchir, elle l’aurait trouvée en dehors du sujet. Elle était actuellement incapable de penser à la mort et, comme la mort était près d’elle, elle ne pensait à rien du tout
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Sylvie Ann se réveilla de bonne heure. Une odeur agréable imprégnait l'air. Ce n'étaient pas les fleurs car personne n'avait la place de planter des fleurs dans le quartier où elle vivait, près des chemins de fer. C'était l'odeur particulière de la terre, le parfum que dégage la terre noire au début de certaines journées de mai, encore meilleure que celle des roses ou du lilas. Elle fit jouer plusieurs fois ses doigts de pied d'avant en arrière et se rappela soudain que c'était aujourd'hui son anniversaire. Hier elle avait eu quarante-neuf ans mais aujourd'hui elle en avait cinquante.
p.61
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Après une demi-journée de voyage, ils atteignirent un grand lac, une sorte de marais. Cet endroit n'existe plus, les lagons étant tous au nord du cap. Au sud, le rivage est flanqué de falaises, de pentes raides ou de plages de sable et de galets.
Rien n'indique que ce lac ait jamais existé, et les pluies d'hiver soudaines qui font gronder tous les cours d'eau d'une rive à l'autre ne sont pas de nature à provoquer des crues que l'on pourrait confondre avec un lac ou un marais.
p.9
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Ainsi que la plupart des gamins et des jeunes gens nés à Fès après l'édification par les Français d'une Fès rivale à peu de kilomètres des murs d'enceinte, Amar n'avait jamais pris l'habitude d'aller à la moquée pour prier. Sauf dans les familles aisées, l'existence quotidienne était devenue chaotique et hasardeuse; (...)
p.85
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Les citadins qui approchaient du jardin, entendirent les cris et se précipitèrent. Ils libérèrent l'enfant et se mirent à frapper l'homme avec des houes et des faucilles. Lorsqu'ils l'eurent mis en pièces, ils l'abandonnèrent., la tête dans le canal, puis ils rentrèrent en ville rendant grâce à Allah parce que le garçon était sain et sauf.
Peu à peu les arbres moururent et il ne resta très bientôt plus aucune trace du jardin. Seul le désert était là.
p.149
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Sept nouvelles douces amères, qui avance pas à pas à travers l'étrange labyrinthe de vies imparfaites qu'éclaire la lumière noire de Paul Bowles, conteur du tranquille désespoir, peintre miniaturiste des anomalies humaines.
Introduction par Florence Vidal p.I
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Dans mon histoire, par exemple, il n'y a pas de victoires spectaculaire, tout simplement parce que je n'ai pas eu à lutter. Je me suis accroché, j'ai attendu. Il me semble que c'est ce que font la plupart des gens; les occasions de faire autre choses, se font d'ailleurs de plus en plus rare.
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