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Citations de Philip Roth (1715)


Une parodie de lui-même était née, parodie qui n'existait pas auparavant, qui n'était fondée sur rien, et cette parodie de lui-même, c'était lui.
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Il l’encouragea à se défendre en tant qu’homme, à se défendre en tant que Juif, à comprendre qu’on n’en a jamais fini avec les combats que l’on mène, et que, dans la guérilla sans fin qu’est la vie, « quand il faut payer le prix, on le paye ».
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Lors d'un vernissage de tableaux en galerie : "La seule activité intellectuelle que l'exposition stimulait chez lui, c'était qu'il se demandait combien de temps il conviendrait de faire semblant de regarder chaque toile avant de faire semblant de regarder la suivante."
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Chacun d'entre eux ou d'entre elles était encore submergé par l'ampleur de sa tentative de suicide, et par la honte d'y avoir survécu.
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Ce que les gens savaient, c'est que la maladie était terriblement contagieuse et qu'elle pouvait être transmise aux personnes saines par simple proximité physique avec ceux qui étaient déjà infectés.
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Cette puissance devienne folle, sale Blanc, c’est l’histoire de l’Amérique ! C’est l’empire américain. C’est Chase Manhattan, General Motors, Standard Oil et Newark Maid Leatherware ! Bienvenue à bord, chien capitaliste ! Bienvenue dans la race humaine baisée par l’Amérique.
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Mais se faire traiter de nègre, lui ? Il était furieux. Et pourtant, sauf à vouloir s'attirer de vrais ennuis, que faire sinon quitter le magasin sans demander son reste. On n'était plus au tournoi amateur des Knights de Pythias. On était chez Woolworth, à Washington DC. Ses poings ne lui serviraient à rien, pas plus que son jeu de jambes ou sa rage.... Comment son père faisait-il pour avaler ce genre de couleuvres ? Car, à quelques variantes près, c'était bien son lot quotidien au wagon-restaurant. Malgré son intelligence précoce, Coleman n'avait encore jamais compris quelle vie protégée il avait menée, jamais jaugé la force d'âme de son père, ni pris la mesure de sa force, de sa puissance. Il voyait enfin tout ce que son père avait été condamné à accepter. Il le voyait comme un homme sans défense, aussi, alors que dans la naïveté de son jeune âge il s'était figuré, à cause de l'attitude hautaine, austère, insupportable parfois de Silk père, qu'il n'y avait rien de vulnérable en lui. Mais en ce jour tardif où quelqu'un avait eu le culot de le traiter de nègre bien en face, lui, Coleman, voilà qu'il reconnaissait quel rempart prodigieux son père avait constitué contre la grande menace américaine.
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Mon père engageait toujours deux gamines tout juste sorties du lycée, des petites de dix-huit vingt ans pour lui donner un coup de main au comptoir....Quand on le leur demandait, elles essayaient les bijoux, elles faisaient les mannequins, et avec un peu de chance, la cliente se décidait à acheter. Notre père nous le disait, quand une jolie fille porte un bijou, les autres femmes se figurent qu'il va faire le même effet sur elles.
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En règle générale, la cinquantaine correspond exactement à l'âge des fins d'après-midis de novembre, car en ce mois et à ces heures notre sens de la lumière ne semble plus relever de la vue mais de l'ouïe : la lumière s'éloigne dans un cliquetis.
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"Je me suis fait braquer deux fois. On aurait dû déménager dès la première fois, et la seconde à coup sûr. La seconde, je venais de tourner le coin de la maison. Il était 4 heures de l'après-midi quand trois jeunes m'ont encerclé en sortant un flingue. Mais nous n'avons pas déménagé. Et un soir, Doris quittait l'hôpital pour rentrer chez nous, elle n'avait que la rue à traverser, tu t'en souviens. Eh bien, elle n'a pas pu. On lui a donné un coup sur la tête... on lui a fracassé le crâne avec une brique. Pour un sac à main qui ne contenait rien. Tu sais ce que j'ai compris ? J'ai compris que je m'étais fait avoir. L'idée ne me plaît pas mais j'ai dû vivre avec depuis. Je m'étais fait avoir par moi-même, ... par mes principes. Je peux pas trahir mon frère, je peux pas trahir mon métier, je peux pas trahir les déshérités de Newark. Ah non, pas moi. Moi je ne déserte pas. Moi je ne me défile pas. Que mes collègues fassent ce que bon leur semble, moi je n'abandonne pas ces jeunes Noirs. Alors moi, je trahis ma femme. Je fais porter la responsabilité de mes choix par quelqu'un d'autre. C'est Doris qui a payé le prix de mon civisme. C'est elle qui a été victime de mon refus de ... Ecoute, on ne s'en sort pas. Quand on essaie, comme j'ai tenté de le faire, de se départir des illusions flagrantes - la religion, l'idéologie, le communisme - on est encore tributaire du mythe de sa propre bonté. Voilà le leurre final, celui auquel j'ai sacrifié Doris."
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Pour tout soutien, le matin de l'opération, elle suivit le chariot en sanglotant et en se tordant les mains, et finit par lâcher : "Qu'est-ce que je vais devenir ?". Elle était jeune, la vie ne l'avait pas éprouvée ; elle s'était peu-être mal exprimée, mais il comprit qu'elle se demandait ce qu'elle allait devenir s'il restait sur le billard. "Chaque chose en son temps, s'il te plaît. Laisse-moi d'abord mourir, si tu veux que je t'aide à supporter ton chagrin."(p46)
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Vers la fin des années quarante, lorsque Ira fit l'acquisition de cette bicoque, les mines étaient déjà vouées à disparaître... c'était tout de même la première grande immersion dans cette vie de brute - huit heures par jour sous terre, à charger des fragments de roche et de minerai sur des bennes, huit heures à endurer des maux de tête atroces et à ingurgiter la poussière rouge et brune, à chier dans des seaux de sciure... le tout pour quarante-deux cents de l'heure. Par cette bicoque de Zinc Town, l'acteur de radio exprimait de manière ouvertement sentimentale sa solidarité avec le minus mal dégrossi qu'il avait naguère été.
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Vous nous détestez non pas parce que nous sommes sans scrupules comme vous dites, mais parce que nous sommes prudents, sains, industrieux, et que nous acceptons d'obéir à la loi. Vous nous détestez parce que nous n'avons pas échoué. Parce que nous avons travaillé dur et honnêtement pour devenir meilleurs que la concurrence et que nous avons prospéré; alors vous nous enviez, vous nous haïssez, vous voulez nous anéantir. Et vous vous êtes servis d'elle, une pauvre gosse de seize ans qui bégayait. Ah, vous n'y êtes pas allés de main morte ! Vous en avez fait une "révolutionnaire" pétrie de grandes idées et de nobles idéaux. bande de salauds. Il vous fait jouir, le spectacle de notre effondrement ! Ce n'est pas les clichés qui l'ont réduite à cet esclavage, c'est vous qui l'avez asservie par les clichés les plus pompeux - et elle, l'insurgée, avec sa haine de l'injustice attisée par son bégaiement, elle a été sans défense. Tas de lâches, espèces de salopards. Vous lui avez mis dans la tête qu'elle était dans le camp des opprimés, vous en avez fait votre clown, votre pantin. Résultat, le docteur Fred Conlon est mort. C'est le seul type que vous avez trouvé à tuer pour arrêter la guerre. Chef de clinique à l'hôpital de Dover, un type qui dans un petit hôpital avait réussi à créer une unité de cardiologie de huit lits. Voilà son crime !
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Me voici donc sur la piste de danse avec Joy, et je pense au Suédois, à ce qui est arrivé à son pays en l'espace d'à peine vingt-cinq ans, entre les années triomphales de la guerre au lycée de Weequahic et le moment où sa fille a fait exploser une bombe, en 1968; je pense à cette mystérieuse, cette troublante, cette extraordinaire transition historique. Je pense aux années soixante et aux désordres causés par la guerre du Vietnam, aux familles qui ont perdu leurs enfants, et à celles qui ne les ont pas perdus; mais les Seymour Levov font partie des premières. C'étaient des familles progressistes, pleines de tolérance, de gentillesse, de bonne volonté, qui, justement, ont eu des enfants déchaînés, qui sont allés en prison, qui ont pris le maquis, qui sont passés en Suède ou au Canada. Je pense à la chute vertigineuse du Suédois qui a dû s'en imputer la responsabilité. Il n'y est pour rien, qu'à cela ne tienne, il se tient quand même pour responsable. (..) Le désastre qui le frappe tient à un manquement de sa part, croit-il.
Mais voilà, lequel ?
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_ C'était en 68, à l'époque où on commençait tout juste à faire n'importe quoi. Les gens ont subitement été forcés de comprendre ce que c'était que la folie. Tout cet étalage public. A bas les inhibitions. L'autorité impuissante. Les gosses qui pètent les plombs, qui se mettent à intimider tout le monde. Les adultes ne savent plus quoi penser, quoi faire. C'est une comédie ? Elle est vraie cette "révolution" ? On joue à quoi ? Aux gendarmes et aux voleurs ? Qu'est-ce qui se passe ? Les jeunes mettent le pays à feu et à sang et les adultes commencent à déjanter à leur tour. Mais pas Seymour. Lui il faisait partie de ceux qui savent où ils vont. Il comprenait qu'il y avait quelque chose de détraqué, mais ce n'était pas un partisan d'Hô Chi Minh, comme sa grosse fille chérie. C'était juste un papa gâteau et un père libéral. Le roi-philosophe de la vie ordinaire. Il l'avait élevée dans toutes les idées modernes - il faut être rationnel avec ses enfants. Tout peut être permis, tout est pardonnable. Elle avait horreur de ça. En général on a du mal à admettre à quel point on en veut aux enfants des autres. Mais elle, elle te rendait la tâche facile. Elle était malheureuse, elle était arrogante - une petite chieuse dès l'instant où elle est née. Ecoute, j'en ai moi des gosses, j'en ai une flopée - je sais comment ils sont quand ils grandissent. Leur égoïsme, c'est un trou noir galactique. Mais c'est une chose d'engraisser, une chose de se laisser pousser les cheveux, d'écouter du rock trop fort, et c'en est une autre de passer les bornes et de poser des bombes. Ca c'est un crime inexpiable. Mon frère n'a jamais pu s'en remettre. Cette bombe a fait sauter sa vie.(..) C'était exactement ce qu'elle voulait. En fait, il était dirigé contre lui, cet attentat. Et ils ont réussi. Ils l'ont eu. la bombe aurait aussi bien pu exploser dans leur séjour. la violence qui a été faite à sa vie a été atroce. Horrible.
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Tout en l'écoutant, je me demandais si ça avait été son opinion sur le Suédois de son vivant, ou si peut-être, il y avait un soupçon de réévaluation dû au deuil, un remords qui lui serait venu d'avoir porté autrefois un jugement plus sévère, et plus fidèle à son tempérament, sur son beau gosse de frère, si solide, si bien adapté à sa vie, tranquille, normal, admiré de tous, ce héros local, auquel le petit Levov avait toujours été comparé, au point qu'il s'était changé en une sorte d'ersatz.
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Il avait payé le prix fort pour son art, sauf qu'il n'avait rien produit. Il avait connu toutes les souffrances de l'artiste - l'isolement, la pauvreté, le désespoir, le blocage mental et physique - et personne ne le savait et tout le monde s'en foutait. Et, bien que l'ignorance et le manque d'intérêt des autres soit une forme de plus de la souffrance endurée par les artistes, dans son cas cela n'avait absolument rien d'artistique. Il était tout simplement devenu laid, vieux et aigri, il n'était qu'un parmi des millions d'autres (...)
"C'est ça le sort de l'homme. la douleur est immense et chacun doit en prendre sa part".
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Je ne me rappelle rien entre le moment où j’ai quitté la maison comme un voleur pour prendre la direction de l’orphelinat dans la rue déserte, et celui où je me suis réveillé, le lendemain matin, pour voir à mon chevet mes parents qui faisaient une tête lugubre, et m’entendre dire par un médecin fort occupé à extraire de mon nez une sorte de tube, que je me trouvais hospitalisé au Beth Israel et que, même si j’avais sans doute une affreuse migraine, tout allait s’arranger. En effet j’avais un mal de tête atroce, mais il ne provenait pas d’un caillot de sang qui aurait appuyé sur le cerveau – éventualité redoutée quand on m’avait découvert ensanglanté et inconscient – ni d’une lésion cérébrale. La radiographie avait exclu toute fracture du crâne, et l’examen neurologique n’avait révélé aucune lésion nerveuse. À part une écorchure de huit centimètres, qui me valait dix-huit points de suture à retirer la semaine suivante, et le fait que je n’avais aucun souvenir du coup lui-même, je n’avais rien de grave. Une concussion classique, dit le médecin, telle était la cause de la douleur, comme de l’amnésie. Je ne me rappellerais sans doute jamais le coup pied du cheval, ni comment la chose s’était produite. Mais d’après le médecin, c’était non moins classique. À cela près, ma mémoire était intacte. Heureusement. Le médecin répéta le mot plusieurs fois, et dans ma tête douloureuse, j’entendis « piteusement ».

On me garda en observation toute la journée et la nuit suivante, en me réveillant à peu près toutes les heures pour s’assurer que je ne sombrais pas de nouveau dans l’inconscience ; le lendemain matin, je fus libéré avec pour consigne de ne pas abuser des activités physiques pendant une ou deux semaines. Comme ma mère avait pris un congé pour rester auprès de moi, ce fut elle qui me ramener à la maison en autobus. Ma migraine ne cessa guère dix jours durant, sans qu’on y puisse grand-chose, si bien que je n’allai pas à l’école ; cela mis à part, on disait que je m’en sortais bien, et que je devais d’abord à Seldon, qui avait vu de loin presque tout ce que je n’arrivais pas à me rappeler. S’il ne s’était pas levé en catimini pour me suivre quand il m’avait entendu descendre l’escalier de service ; s’il n’avait pas, dans l’obscurité, longé Summit Avenue sur mes talons, traversé le terrain de gym du lycée jusqu’à Goldschmidt Avenue, pénétré dans l’orphelinat par le portail ouvert, s’il n’était pas entré dans le bois, je serais resté sur le carreau à me vider de mon sang, dans ses vêtements. Il était rentré en courant jusque chez nous, il avait réveillé mes parents, qui avaient aussitôt appelé des secours par l’opératrice, il était monté en voiture avec eux pour les mener là où j’étais. Il n’était pas loin de trois heures du matin, il faisait noir. Agenouillée auprès de moi sur le sol humide, ma mère tamponnait ma blessure avec une serviette apportée pour étancher le sang tandis que mon père me couvrait d’une vieille couverture de pique-nique qu’on laissait dans la malle arrière, pour ne pas que je me refroidisse en attendant l’arrivée de l’ambulance. C’étaient mes parents qui avaient organisé mon sauvetage, mais c’était Seldon qui m’avait sauvé la vie.
On supposa que j’avais effarouché les chevaux en trébuchant dans le noir à l’endroit où les bois s’éclaircissaient pour faire place aux champs cultivés ; lorsque j’avais fait demi-tour pour leur échapper, et revenir dans la rue par le bois, l’un des deux avait rué, je m’étais pris les pieds, j’étais tombé, et l’autre cheval, dans sa fuite, m’avait donné un coup de sabot sur le haut du crâne.
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C’était des usines où les gens avaient perdu des doigts, des bras, où ils s’étaient fait écraser les pieds, brûler le visage, où les enfants avaient trimé jadis dans la chaleur et dans le froid, des usines du dix-neuvième siècle qui broyaient les hommes pour produire des marchandises, et qui n’étaient plus que des tombes impénétrables, étanches p. 176
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Il se voulait passionnément un homme qu'il ne savait pas être. Il n'a jamais découvert sa vie, Nathan. Il l'a cherchée partout -à la mine de zinc, à l'usine de disques, à la fabrique de fondant, au syndicat, dans le radicalisme politique, dans les pièces qu'il jouait à la radio, dans les harangues pour soulever la foule, dans la vie prolétaire, dans la vie bourgeoise, dans le mariage, dans l'adultère, dans l'état sauvage, dans la société civilisée. Il n'a jamais pu la trouver. Ce n'est pas un communiste qu'Eve a épousé; elle a épousé un homme perpétuellement affamé de sa propre vie. Ce qui l'enrageait, qui l'embrouillait, c'est ce qui l'a perdu : il n'a jamais pu s'en construire une qui tienne. Tout l'effort de cet homme n'était qu'une maldonne colossale.
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