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Citations de Pier Paolo Pasolini (364)


Tu savais que pécher n'est pas faire le mal:
ne point faire le bien, voila le vrai péché
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Comme le peu de sperme que nous nous sommes versé
Dans nos premières rencontres lointaines -
Ce peu de sperme, signe d'une nouvelle existence -
Qui salissait les couvertures ou les mains -

Ainsi as-tu vu mes larmes... Les plus tristes,
Cependant, comme ce sperme, dont ne reste
Rien - larmes de qui ne peut plus résister
A son irréparable destin humain -

Je les ai versées ce matin-là, à Londres,
Un matin déjà perdu dans les siècles,
où un peu de liquide humain

Reste comme une trace misérable,
Qui vient d'on ne sait où et bientôt
Se perd,
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Je me lève avec les paupières en feu.
L'enfance blême sous la barbe
poussée pendant le sommeil, sous ma chair
amaigrie, se scrute avec la lumière
fondue dans mes yeux consumés.
Je finis ainsi dans le sombre incendie
d'une jeunesse détournée
de l'éternité; je me brûle ainsi, il est inutile
- si l'on y pense - d'être autrement, d'imposer
des limites au désordre : c'est ainsi que m'entraîne
toujours plus frustre, avec un visage desséché
dans son aspect d'enfance, vers un ordre calme
et fou, le poids de mes jours perdus
en de muettes heures de gaieté, en de muets
instants de terreur...
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Les premières données de cette histoire nous sont fournies, tout simplement, par l'évocation d'une vie familiale. C'est un milieu familial petit-bourgeois : au sens idéologique, bien sûr, et non au sens économique du terme.
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52. Algérie : série de photographies de tortures et de sévices

Sur mes haillons souillés
Sur ma nudité squelettique
Sur ma mère gitane
Sur mon père berger
J’écris ton nom.

Sur mon premier frère brigand
Sur mon deuxième frère boiteux
Sur mon troisième frère cireur de bottes
Sur mon quatrième frère mendiant
J’écris ton nom.

Sur mes camarades des bas-fonds
Sur mes camarades gigolos
Sur mes camarades chômeurs
Sur mes camarades manœuvres

J’écris ton nom

Liberté !
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De cette foule énorme, vêtue pratiquement de serviettes, émanait un sens de misère, d'indigence indicible : ils semblaient tous rescapés d'un tremblement de terre, et heureux d'en avoir réchappé, se contentant de quelques guenilles avec lesquelles ils auraient fui de leurs pitoyables lits détruits, de leurs masures minuscules.
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DEUX mots reviennent fréquemment dans les conversations ; ce sont même les mots clefs des conversations. Il s'agit de "développement" et de "progrès". Deux synonymes?
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Alors les jeunes gens, gagnant toujours plus rapidement les dernières maisons du village – dosséminées parmo les vignes et les dernières tiges de maïs le long de l'allée de Gruaro -, pour ne pas s'avouer battus se mirent à chanter eux-aussi, à gorge déployée, de leurs voix qui se perdaient dans le silence des champs froids et verts : «Avanti popolo, alla riscossa, bandiera rossa, bandiera rossa...»
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Limpide fontaine de Vinchiaredo
  
  
  
  
Limpide fontaine de Vinchiaredo,
eaux modestes, bois pleins de tendresse,
aujourd’hui à vingt ans, je vous vois et j’écoute
votre sempiternel bouillonnement indifférent.
Dans le pré, l’eau rejaillit à mes pieds
voltige, reprend son cours
et au loin recompose son chant.
Cette onde chante pour moi : mais je reste sourd
à sa joie profonde, à son frais sourire,
je m’obstine à la regarder, et soudain : je découvre
des jeunes filles célestes, des jeux anciens,
des courses, des voix… Ah, pourtant rien de tout cela
dans les alentours ignorés
dans le murmure impassible des eaux.


/ Traduction Olivier Apert et Ivan Messac
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Le ciel transparent m’envoie un signe
  
  
  
  
Le ciel transparent m’envoie un signe
léger… Ce n’est qu’une ombre blanche
un nuage. (Je reconnais cette ombre
la parole indicible… la blessure…
Ah, ma conscience, seule comme le ciel).
La grange et les pavés reflètent dans les yeux
la lumière bleutée de la lune.
Qui me confronte ainsi à ma vie ?
Et déjà une brise céleste a balayé
les nuages au-dessus de moi : plus une ombre
dans le ciel nu.


/ Traduction Olivier Apert et Ivan Messac
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Pour une petite fille

Lointaine avec ta peau
Blanchie par les roses,
Tu es une rose qui vit et ne parle point.

Lorsqu’au fond de ta poitrine
Te naîtra une voix,
Muette, toi aussi,
Tu porteras ma croix.

Muette sur le dallage du grenier, sur les marches,
Sur la terre du potager,
Dans la poussière des étables…

Muette au foyer,
Avec des mots serrés
Dans ton cœur, désormais
Perdu dans un sentier de silence.

(En ce sinistre anniversaire de son assassinat dans la nuit du 1 au 2 novembre 1975)


.
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[Note du traducteur de "Rievocazioni del Riccetto"]
Tout ce chapitre, tiré de Ragazzi di vita originairement, est écrit en dialecte. La traduction doit donc être considérée comme une adaptation visant à préserver la forme et le sens, mais ne donnant qu'une faible idée de l'effet produit sur le lecteur italien, qui n'est pas en présence d'un langage argotique, comme en français, mais d'un langage local avec ses particularités syntaxiques autant que lexicales.
p. 190
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« Pourquoi notre vie est-elle dominée par le mécontentement, l’angoisse, la peur de la guerre, la guerre ? »
C’est pour répondre à cette question que j’ai écrit ce film, sans suivre un fil chronologique, ni même peut-être logique. Mais plutôt mes raisons politiques et mon sentiment poétique.
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TABLEAUX FRIOULANTS

Sans manteau, dans l'odeur de jasmin
je me perds dans ma promenade vespérale,
respirant – avide et prostré, jusqu'à

ne plus exister, à être fièvre dans l'air,
la pluie qui germe et le ciel bleu
qui plombe durement sur les chaussées, signaux,

chantiers, troupeaux de gratte-ciel, amas
de déblais et d'usine, pénétrés
d'obscurité et de misère...

Je marche sur une sordide boue durcie, et je rase
des taudis récents et délabrés, à la lisière
de chauds terrains herbeux...Souvent l'expérience

répand autour d'elle plus de gaieté, plus de vie,
que l'innocence ; mais ce vent muet
remonte de la région ensoleillée

de l'innocence...L'odeur précoce et fragile
de printemps qu'il répand, dissout
toute défense dans ce cœur que j'ai racheté

par la seule clarté : je reconnais d'anciens désirs,
délires, tendresses éperdues,
dans ce monde agité de feuilles.
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"le Pouvoir a décidé que nous sommes tous égaux".
La fièvre de la consommation est une fièvre d'obéissance à un ordre non énoncé. Chacun, en Italie, ressent l'anxiété, dégradante, d'être comme les autres dans l'acte de consommer, d'être heureux, d'être libre, parce que tel est l'ordre que chacun a inconsciemment reçu et auquel il "doit" obéir s'il se sent différent. Jamais la différence n'a été une faute aussi effrayante qu'en cette période de tolérance. L'égalité n'a, en effet, pas été conquise, mais est, au contraire, une "fausse" égalité reçue en cadeau.
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Les Italiens ont accepté d'enthousiasme ce nouveau modèle que leur impose la télévision, selon les normes de la production qui crée le bien-être (ou, mieux, qui sauve de la misère). Ils l'ont accepté, ce modèle, oui, mais sont-ils vraiment en mesure de le réaliser?

Non. Ou bien ils le réalisent matériellement seulement en partie et en deviennent la caricature, ou ils ne parviennent à le réaliser que d'une façon si réduite qu'ils en deviennent victimes. Frustration ou carrément désir névrotique sont désormais des états d'âme collectifs. Prenons un exemple : les sous-prolétaires, jusqu'à ces derniers temps, respectaient la culture et n'avaient pas honte de leur propre ignorance ; au contraire, ils étaient fiers de leur modèle populaire d'analphabètes appréhendant pourtant le mystère de la réalité. C'est avec un certain mépris effronté qu'ils regardaient les "fils à papa", les petits-bourgeois, dont ils se différenciaient, même quand ils étaient forcés de les servir. Aujourd'hui, au contraire, ils se mettent à avoir honte de leur ignorance : ils ont abjuré leur modèle culturel (les très jeunes ne s'en souviennent même plus, ils l'ont complètement perdu), et le nouveau modèle qu'ils cherchent à imiter ne prévoit ni l'analphabétisme, ni la grossièreté. Les jeunes sous-prolétaires - humiliés - dissimulent le nom de leur métier sur leurs cartes d'identité et lui substituent le qualificatif d'"étudiant". Bien évidement à partir du moment où ils ont commencé à avoir honte de leur ignorance, ils se sont également mis à mépriser la culture (caractéristique petite-bourgeoise, qu'ils ont immédiatement acquise par mimétisme). Dans le même temps, le jeune petit-bourgeois, dans sa volonté de s'identifier au modèle 'télévisé" - qui, comme c'est sa classe qui l'a créer et voulu, lui est essentiellement naturel - devient étrangement grossier et malheureux. Si les sous-prolétaires se sont embourgeoisés, les bourgeois se sont sous-prolétarisés. La culture qu'ils produisent, comme elle est technologique et rigoureusement pragmatique, empêche le vieil "homme" qui est encore en eux de se développer. De là vient que l'on trouve en eux une certaine déformation des facultés intellectuelles et morales.
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Elle est à son tour engloutie dans ce décor maussade et arrogant de maisons de gens riches, pour lesquels ce serait déchoir que de donner signe de vie.
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Le cinéma et la télévision ne sont que des concurrents ; ils sont les bienvenus ! Le combat connaitra des fortunes diverses mais je ne doute pas de la victoire finale du livre (du livre non industrialisé cela va de soi, du livre qui ne se réduit pas à un simple passe-temps).

Passion et idéologie, p. 64
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« Mais qu’a à faire avec la religion une famille prise comme «  base » de la vie d’un monde complètement industrialisé, dont la seule idéologie est un néo-hédonisme totalement matérialiste et laïque aux sens les plus stupides et les plus passifs de ces termes? « 
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Mon entreprise m'aura au moins servi à comprendre que le monde est plus grand que ton royaume...
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