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Critiques de Poul Anderson (454)
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Two World of Poul Anderson

Un petit livre en langue anglaise contenant deux nouvelles de l’auteur américain de science-fiction Poul Anderson.





"Industial revolution", texte de 1963, nous parle d'un "accident militaire" pas si accidentel que cela visant à saboter une petite entreprise opérant sur un astéroïde. La manœuvre est heureusement percée à jour par le héros (un entrepreneur autodidacte et hardi) qui va chercher une voie astucieuse pour se défendre des militaires terriens et déclencher une révolution. On est ici sur une trame très classique et "typique" de l'époque mais néanmoins rondement menée. On retrouve l'opposition typique de la guerre froide entre habitants de l'espace libertariens et Terriens « socialisants » et interventionnistes (opposition qu'on retrouvait déjà dans les livres d'Asimov à la même époque) et le parallèle appuyé entre la révolte des spaciens et celle des colons américains vis à vis de la couronne anglaise (Parallèle qu'on retrouvera trois ans plus tard dans le roman de Heinlein Révolte sur la Lune). Bref, un texte pas très original et assez manichéen si on se réfère aux standards actuels mais très plaisant à lire. Une vieille recette qui fonctionne encore.





Le second texte publié originellement en 1951, nous raconte la partie de chasse d'un arrogant terrien bien décidé à partir traquer l'un des derniers guerriers martiens qui vit reclus sur la planète rouge. On s'en doute à des kilomètres, le safari personnel ne se déroulera pas comme prévu et l'impudent sera puni de sa témérité. Difficile ici encore de ne pas faire de parallèle entre la colonisation de Mars et celle de l'Amérique ou de ne pas penser à d'autres textes très similaires de l'époque (On pense notamment aux fameuses chroniques martiennes de Ray Bradbury parues un an plus tôt). Un récit sympathique mais déjà-lu et assez oubliable.





Une lecture plaisante mais dispensable avec deux textes très typiques des dernières années de l’âge d’or de la science-fiction américaine.
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La Patrouille du temps, Tome 3 : La Rançon du..

Le premier livre est quasiment un livre d'histoire antique, la partie voyage dans le temps n'étant présente que par quelques détours par le présent. Les deux protagonistes étudient de près les tribus germaniques, à la recherche d'une énigme historique apparue à partir de deux versions des écrits de Tacite... les parts de réalité historique (complexe et très peu documentée) et de roman sont imbriquées, au point de nous amener à croire à cette période comme si c'était de la fantasy.

Il y a de l'aventure (un peu) et des histoires d'amour, de la politique, des guerres...le texte nous tient en haleine.

Le second est plus complexe, et le combat entre les gardiens du temps et leurs ennemis est au centre de l'intrigue, sur fond de conquista et de grosses frayeurs sur le continuum espace-temps. Avec moins de surprises, plus convenu, je trouve ce texte un peu en retrait.

Pour l'ensemble, une excellente traduction, sur un style simple, maniant habilement les changements de perspective et les nombreux personnages.

Le meilleur de la trilogie à mon sens.

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L'Épée brisée

J'avais jusqu'ici encensé Poul Anderson sur mon blog, cette fois je rajoute un cierge ; auteur aux multiples facettes, s'étant illustré dans la hard-SF, le space opera, le time opera, et, comme on va le voir maintenant, la swords and sorcery, il publie L'épée brisée en 1954, soit la même année que le Seigneur des Anneaux. Durant les invasions vikings, Imric le roi des elfes vole un bébé humain dans le désir d'avoir un fils ; l'enfant devient Skafloc, vaillant guerrier lors de la guerre contre les trolls. Pourtant, cette dernière tourne en eau de boudin, et il part faire forger à nouveau une épée que lui ont offert les dieux à sa naissance. Une épée que l'on dit redoutable, mais aussi maudite afin de ne pas rendre son possesseur surpuissant. Et qui finit, tôt ou tard, par se retourner contre lui. Sans compter que Skafloc a un ennemi dans l'ombre, presque un frère qui le haït pourtant, et les destinées des deux hommes sont irrémédiablement liées…

Difficile de ne pas tomber sous le charme dès les premières lignes du souffle de cette histoire sombre et mélancolique. le style est sobre et dépouillé, se rapprochant par moments des simples annales mais parvenant à glisser avec harmonie vers le registre épique ou celui psychologique quand ceux-ci sont de mise. Les archaïsmes, généralement discrets, ne polluent pas le texte comme certains auteurs auraient pu s'en servir pour le rendre incompréhensible. Dans un ensemble d'intrigues dense et riche mais très fluide, Poul Anderson dépeint l'ère viking sans l'idéaliser ni la condamner, les incursions violentes et barbares en terres ennemies, l'immensité des territoires austères et glacés, la foi tourmentée des chrétiens. Il est surprenant de voir le nombre d'éléments folkloriques venant de toute l'Europe voire au-delà réunis pourtant dans un tout homogène : les faunes, les changelins, le satanisme médiéval, les gnomes et les lutins…

On se souvient avant tout de L'épée brisée comme le fer de lance du mouvement anti-Tolkien : plus sombre, plus rude, dépourvue de manichéisme, l'histoire possède son lot d'elfes narquois et de magouilles de nobliaux. Pourtant, il faut souligner chez les deux auteurs le même sens de l'eucatastrophe, sans parler du fait que quiconque a lu les écrits posthumes de Tolkien savent que les elfes n'ont pas toujours été systématiquement glorieux… et même que l'histoire des Enfants de Hurín s'axe autour d'un inceste très semblable à un autre dans le récit d'Anderson.

En revanche, il est incontestable que les elfes d'Anderson sont nettement plus sournois et calculateurs (sans pour autant tomber dans le contre-cliché tout aussi agaçant qui ferait d'eux des personnages bêtes, méchants et sans âme). de manière générale, les personnages sont tous d'une grande humanité, autant dans leurs atouts que leurs défauts : on se prend de compassion même pour les pires raclures, on espère qu'une issue sera positive pour la plupart d'entre eux, et l'on finit par regretter cette époque sauvage en train de disparaître, car si la nature se faisait féroce et que les manigances étaient légion, il était possible de découvrir des merveilles derrière chaque sous-bois, de s'y aventurer sans fin en compagnie de celle auprès de qui vous éprouviez des amours intenses. L'épée brisée est donc une élégie aux temps anciens, un hommage aux légendes de l'Europe, et surtout un classique méconnu de la fantasy médiévale, à lire de toute urgence, surtout si vous vous en sentez blasé. Après, je dis ça, c'est pour votre culture…
Lien : https://cestpourmaculture.wo..
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L'Épée brisée

De temps en temps, entre deux gros tomes ou en fin de cycle, j'aime bien me faire un petit Poul Anderson.

Et cette "Épée brisée", je la cherchais depuis un moment. Il s'agit du quatrième ou cinquième roman que je lis de cet auteur. Le contexte mythologique m'a avant tout attiré dans celui ci. Je souhaitais absolument connaître la vrsion de cet auteur d'un texte traitant des légendes scandinaves. L'auteur n'allait certainement pas se contenter d'une redite, mais plus probablement s'approprier une histoire en la parant de son style poétique si particulier, en la rendant très personnelle.

Et je ne fus pas déçu.

Nous sommes happés par les destins des deux personnages principaux, dont on devine immédiatement qu'ils vont se croiser et s'entrechoquer, ainsi que le dénouement final. Jusqu'ici pas de surprises, mais l'intention de l'auteur n'est pas là. Elle est bien dans l'idée de nous faire vivre une véritable saga, où se mêlent combats fratricides et épiques, jeux d'amour, de trahison, de vérité et de mensonges, de magie et de divinités païennes en voie d'extinction, de peuples fantastiques cotoyants la réalité et s'y soustrayant progressivement au profit d'une religion monothéiste de plus en plus présente. C'est dans un vent de changement que Poul Anderson nous conte la geste de Skafloc et Valgard, ou plutôt la geste de l'épée brisée. Car celle ci pourrait être considérée comme un personnage à part entière. D'ailleurs la seconde partie du récit ne s'y trompe pas. C'est bien elle qui en est le centre, et tout tourne autour d'elle. L'épée mène le bal et décide du destin des deux héros, ainsi que du monde dans lequel ils évoluent.

Si vous cherchez une saga épique, celle ci est faite pour vous.

Seul regret : les 372 pages de ce roman se lisent très vite... mais c'est tellement intense....!
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Long cours

J'ai déniché via la prêt interbibliothèque un recueil de 6 nouvelles « Les abîmes angoissants de Poul Anderson : six récits de fantastique et de science-fiction choisis et présentés par Richard D. Nolane ».



Par souci de facilité, j'ai décidé de dispatcher mes critiques quand cela était possible (il y aura une critique générale pour le recueil et les nouvelles "inédites").



Long cours (The Longest Voyage) a été publié pour la première fois dans la revue Analog de décembre 1960. C'est ce texte qui a valu à Poul Anderson son premier prix Hugo en 1961. Selon Richard D. Nolane, « Long cours est représentatif au plus haut point du style, de l'inspiration et de la philosophie de son auteur. Sans beaucoup s'avancer, on peut dire que cette novelette restera un des textes les plus marquants d'Anderson, ne serait-ce que par la morale de la chute qui a fait et fera encore grincer bien des dents. »



Dans son Orphée aux étoiles, Jean-Daniel Brèque en dira que Poul Anderson « se montre ici en pleine possession de son art, conciliant à merveille la rigueur scientifique, la maîtrise de la construction dramatique, la beauté du style et l'acuité de la réflexion. »



Sans trop en dire (c'est court) l'histoire se déroule sur une autre planète. Notre héros andersonien, Rovic, est à la tête d'un équipage qui effectue une sorte de voyage autour du monde à bord d'une caravelle du nom de Sauteur d'Or. Ils rencontrent Iskilip l'empereur-prêtre des Hisagazi un peuple indigène dirais-je. Au coeur de leur religion il y a un homme venu des étoiles Val Nira. Celui-ci vit dans l'espoir de trouver assez de vif-argent pour remettre en état son vaisseau pour rentrer chez lui.



Une excellente nouvelle.



Pour découvrir les autres nouvelles de Poul Anderson :

https://www.babelio.com/liste/8433/Poul-Anderson-la-traque-aux-nouvelles
Lien : http://aghadiozynk.blog4ever..
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La Hanse Galactique, tome 2 : Aux comptoirs..

La Roue triangulaire



Cette première nouvelle ouvre le recueil et permet de faire la connaissance avec un deuxième personnage emblématique de la Ligue Polesotechnique, David Falkayn. Il est encore un jeune apprenti auprès d’un Maître, qui partage des ressemblances avec certains Jedi par son calme, son implication dans cet apprentissage et surtout dans sa vision des choses.



Un Soleil Invisible



Nous suivons David Falkyan sur son affectation à Garstay, un monde tout aussi nouveau et différent que le premier avec des créatures assez étranges et un peu inquiétantes, de prime abord. Cette fois-ci ce sont les intérêts de la Ligue qui sont menacés dans cette nouvelle. Le peuple de Garstay, les Kroaka ont connu une diaspora dans les étoiles proches. Or l’investissement colossal et leurs limites techniques s’opposèrent au maintien du contact avec les diverses colonies. De nombreuses furent oubliées et mêmes perdues.



L’ambition de ce peuple se résume à une unification, et celle-ci est partiellement réalisée grâce aux démarches de la Ligue Polesotechnique et notamment à la volonté d’établir des comptoirs de Van Rijn.



Esaü



Le ton est un peu plus sombre dans cette troisième nouvelle. Il s’agit d’un entretien entre Emil Dalmany et Van Rijn. Le premier, facteur (c’est le titre des négociants de la Ligue) sur Soliman fait part de sa lourde déception suite à sa relève de fonction. Il estime avoir gérer la crise main de maître.



Soliman est une planète subjovienne appropriée aux vies à base d’hydrogène, de méthane et d’ammoniac, pas du tout pour les être oxygénés! D’ailleurs, l’exploitation du Bluejack est à peine rentable pour Van Rijn. Ce composé est vendu principalement aux Baburites occupant une autre planète voisine. Ils ont atteint une technologie spatiale depuis peu et robotique depuis peu, grâce à la compagnie des liqueurs et épices. Sans doute pas aussi évolué que les humains technologiquement, ils n’en sont pas moins intelligents pour autant. Leur angle d’attaque est magistral : saboter les intérêts économiques de la compagnie. Ainsi, s’installent-ils sur Soliman et récoltent-ils le bluejacK au nez et à la barbe de leur fournisseur, anéantissant les bénéfices dudit fournisseur….



Cache-Cache



Van Rijn! Voilà un personnage qui défrise radicalement le prude et l’amateur de jeunes et joli(e)s éphèbes, bien fait(e)s et sans reproche! Nous le retrouvons tel qu’au premier volume Le Prince-Marchand : truculent, le verbe haut, la diatribe facile, la cupidité à fleur de peau. Même l’anti-héros moderne rivalise difficilement avec un tempérament aussi exceptionnel et charismatique. Il prend tout simplement trop de place pour le commun des personnages et des héros. Quelle jouissance de le lire!



L’ethnicité sans peine.



Cette courte et dernière nouvelle dénote un peu du reste. Nous n’avons aucun des intervenants précédents. Ching raconte comment il a été désigné pour participer au Festival de l’Homme en raison de son origine ethnique. C’est son « recteur » Snyder qui le lui impose avec un petit chantage universitaire…. Adzel, un extra-terrestre remarquable -encore un ! – lui donne la clé de la réussite. Il ressemble à un dragon, et forcément est amateur de culture asiatique et adepte du bouddhisme.





Impossible de ne pas apprécier la prose de Poul Anderson faite d’élégance, de précision et d’un sens du timing remarquable, elle est très poétique en soi. Outre sa plume tout en finesse, l’auteur possède une réelle capacité à émerveiller avec des univers cohérents et des personnages inoubliables. Cette association s’illustre notamment dans les nouvelles présentes dans ce recueil qui forme un tout délicieux. Il ne faut négliger l’intelligence du propos, ni les thématiques de fond abordées avec cette légère dérision qui en font tout le charme.



chronique bine plus complète sur mon blog.
Lien : https://albdoblog.wordpress...
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La Hanse Galactique, tome 1 : Le Prince-Mar..

Truculent, tonitruant, excellent



Le Prince-Marchand, premier des cinq volumes de La Hanse Galactique, nous projette au début du 25ème siècle, où nous suivons les aventures du truculent Nicholas Van Rijn, marchand interstellaire, personnage haut en couleurs au verbe haut, amateur de tabac, d’alcools fins, de bonne chère et de jolies femmes. Ce volume 1 comprend une nouvelle d’une quarantaine de pages (Marge bénéficiaire), un roman court (Un homme qui compte) qui en fait 200, ainsi qu’une chronologie de l’univers commun au Commonwealth de Van Rijn et à l’Empire Terrien (un Etat qui lui est postérieur) des aventures de Dominic Flandry.



- L’univers



Pour résumer :



* Au 21ème siècle, tous les peuples de la terre s’unissent pacifiquement pour former la Civilisation technique.



* Au 22ème siècle, la propulsion supraluminique est inventée, menant à la colonisation de planètes extrasolaires et aux premières rencontres avec des extraterrestres intelligents (= Sophontes : ce terme, inventé par Karen Anderson, la femme de Poul -et partenaire d’écriture occasionnel- sera repris par d’autres écrivains de SF dans leurs propres œuvres).



* Enfin, au 23ème siècle, les marchands interstellaires s’unissent en une Ligue Polesotechnique, équivalent spatial de la Hanse teutonique médiévale / de la Renaissance (puissante association de villes marchandes situées autour de la Baltique et de la Mer du Nord), d’où le nom du cycle. Van Rijn est une des figures de proue de cette organisation. La ligue comprend des membres issus d’un millier d’espèces différentes, transcende toutes les frontières politiques, signe ses propres traités et a son agenda bien à elle. Elle ne se soumet à certaines limites imposées par le gouvernement terrien officiel que pour éviter de passer pour une organisation impérialiste. Ce n’est pas la seule corporation (au sens médiéval du terme) interstellaire, puisque par exemple les pilotes d’astronefs en ont également formé une.



- Marge bénéficiaire



Cette nouvelle est une excellente introduction à l’univers et au personnage de Van Rijn. Tout est très clairement posé et expliqué, dans le style fluide, agréable et parfois haut en couleur de Poul Anderson (comme d’habitude, traduction impeccable de Jean-Daniel Brèque). Le Prince-Marchand a notamment un vocabulaire très… fleuri, assez jouissif pour le lecteur. Le texte a un très vague parfum du premier tome de Fondation, pas du tout pour la déliquescence technique ou civilisationnelle mais pour la façon dont des marchands interstellaires manipulent des nations multiplanétaires qui leur posent problème sans jamais tirer un coup de canon.



Car là est aussi l’intérêt du texte : une civilisation extraterrestre bloque le passage vers Antares et son juteux marché, capturant même les pilotes d’astronefs (dont elle manque cruellement et que sa xénophobie empêche d’aller en faire former dans l’espace de la Ligue) et les asservissant grâce à des implants cybernétiques. Alors que, dans un Space Opera normal, le gouvernement aurait envoyé une flotte militaire menée par un(e) vaillant(e) héros (héroïne) histoire de leur apprendre les bonnes manières, là les choses se passent plus subtilement, dans le feutré comme on dit. Van Rijn et un allié de circonstance vont mener l’affaire de main de maître, en battant l’ennemi sur un plan complètement inattendu : celui des… marges bénéficiaires qui donnent leur titre à la nouvelle.



On a donc affaire à un excellent texte, en lui-même et en tant qu’introduction à cet univers.



- Un homme qui compte



Van Rijn, son pilote (et ingénieur) Eric et la charmante dirigeante d’une planète offrant d’alléchantes perspectives commerciales sont obligés de faire un amerrissage d’urgence sur Diomède, une immense planète de type terrestre (quatre fois la surface habitable de la Terre) habitée par des sortes de phoques humanoïdes à ailes de chauve-souris qui sont certes intelligents, mais ne sont dotés que d’une technologie très primitive (du fait de l’absence quasi-totale de métal sur ce monde, elle en est au stade néolithique, même si les indigènes se sont montrés très inventifs et disposent de trains à voiles et de moulins). Et là, de multiples problèmes se posent : leur nourriture est hautement allergisante pour les terriens (donc impossible à manger), ces gens là se mènent des guerres inter-claniques féroces (mais bon, comme le dit Van Rijn, entre deux camps opposés, il y a toujours de la place pour un honnête marchand pour faire un petit bénéfice, non ?), et enfin, le vaisseau de nos aventuriers coule, tandis qu’on leur confisque leurs désintégrateurs. Et évidemment, l’avant-poste commercial de la Ligue était caché dans un coin isolé de la planète, ce qui fait que pour les geôliers, il s’agit d’un scénario de première rencontre extraterr… pardon extra-Diomédienne.



Commence alors un récit classique, en SF, où un ingénieur (Eric) perdu sur une planète primitive / dans le passé / un monde parallèle moins avancé introduit chez les locaux des connaissances scientifiques, des technologies, des procédés (ici la production de masse) ou des concepts (ici l’infanterie chez une race qui ne connaît que les combats navals ou aériens) qui étaient jusque là inconnus. De son côté, Van Rijn va montrer une extraordinaire habileté de politicien, démagogue, orateur, négociateur et bien entendu roublard pour à la fois regagner sa base (avant de mourir de faim, de préférence) et de mettre un terme au conflit sans objet qui oppose les clans de marins à ceux de migrateurs, essentiellement pour des questions de rapport au travail manuel et de comportement sexuel.



L’intrigue est déjà intéressante, les dialogues fort savoureux, mais là n’est pas le réel intérêt de ce roman court : c’est en fait sur l’aspect worldbuilding / Planet Opera qu’il faut le chercher. Dans la postface, Poul Anderson révèle qu’il s’agit de sa première tentative de créer un monde (et ses habitants) cohérent en se basant sur les données scientifiques (astronomie, géologie, climatologie, etc), et il faut bien avouer que pour un coup d’essai, c’est en fait un coup de maître. J’ai rarement vu texte Planet Opera à la fois aussi intéressant, cohérent et solide tout en étant aussi court. Je veux dire, Dune ou la trilogie Helliconia sont des monuments, des bijoux, mais ces ouvrages offrent aussi à leur auteur beaucoup plus de pages pour bâtir une planète à la fois riche, intéressante et réaliste. En à peine 200 pages, Poul Anderson fait jeu égal avec ces références, et nous immerge dans deux cultures autres, parfaitement crédibles dans le cadre de la planète très singulière qui est la leur.



Au final, c’est un excellent texte, aussi bien sur le plan de l’intrigue que sur le plan du worldbuilding ou sur celui des excellents dialogues.



- En conclusion



Ce tome 1 est vraiment excellent, avec son truculent et tonitruant personnage principal, son univers moins centré sur la force brute que sur la diplomatie, le commerce, la négociation et la roublardise, ses dialogues savoureux et la magistrale leçon donnée en terme de worldbuilding / Planet Opera dans le roman court Un homme qui compte. Comme d’habitude avec Poul Anderson, j’ai pris beaucoup de plaisir à lire l’ouvrage, que je recommande sans réserve. J’ai du coup hâte de découvrir les tomes suivants, dès l’année prochaine.
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Opération Chaos

Depuis que je l'ai découvert avec "L'épée Brisée", Poul Anderson ne cesse de m'étonner !

Par son talent de conteur, par son éclectisme et la variété de ses thèmes, par son imagination débordante, car même s'il reprend des mythes et des thèmes classiques, il en fait ici un traitement léger et entraînant...



On a là un livre qui ne déparerait pas dans les rayons de nos jeunes gens férus de bit-lit et autre littérature fantastique !

Un livre foisonnant d'idées, d'aventures fantastiques uchroniques, tout léger pourtant, qui m'a laissé en tête une musique d'Offenbach, "Orphée aux enfers" (vous savez, ce classique du "french cancan"), ça n'arrête pas une minute !!!



Bien évidemment, un auteur d'aujourd'hui aurait fait du monceau de rebondissements dans ce bouquin, une série en 10 tomes... Ce n'est pas le cas d'Anderson, et du coup c'est vrai que c'est hyper rapide, que ça part dans tous les sens et qu'on en prend un peu plein la tête, mais que de bonheur en suivant les aventures de Steve, Virginia, et le fameux chat familier Svartalf, personnage à part entière et qui fait par moments bien rigoler !



Bref, j'ai un coup de coeur pour ce bouquin malgré ses défauts, une fin bien trop expédiée, les personnages peu fouillés, quelques coquilles d'édition et bourdes de traduction. Il aurait bien mérité au moins 100 pages de plus mais bon, on lit ce qu'on a, et on s'en contente ! J'aime beaucoup cet auteur et je ne remercierai jamais assez les éditions Le Bélial et Babelio pour me l'avoir fait découvrir !
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Les Croisés du Cosmos

Ce n'est pas un roman de chevalerie à l'eau de rose ni une pantalonnade à la manière les Visiteurs mais un texte bien huilé qui suit sa logique de manière imparable jusqu'à la dernière page. De la SF de la fin de l'âge d'or où en 200 pages on raconte une histoire sans tomber dans d'assommantes dérives. Évidemment, il faut rentrer dans le style assez spécial et rude qui n'est pas seulement dû à la traduction. Mais quand on l'a bien assimilé, on commence à trouver des traces d'ironie et d'humour vitriolés sur un peu tout : la noblesse, la religion, l'impérialisme ...
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Tau Zéro

kitschissime par son coté "amourettes dans l'espace", en revanche plutôt sérieux et même admirable par l'exactitude des hypothèses scientifiques mises en œuvre, au moins pour ce qu'elles utilisent des connaissances en astrophysique de l'époque.
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La route étoilée

La route étoilée de Poul Anderson

salut les Babelionautes

Encore un roman de SF qui m'attendait dans ma boite a lire préférée, aussitôt pris et lu.

Demain j’irai la regarnir et y remettre ceux que j'ai lu.

Ce roman de Poul Anderson est un space-opera classique, donc cosmos infini, mille planètes vierges, grands empires galactiques, races extraterrestres variables.

Mais en lisant l'avis de Fifrildi, je m’aperçois que le récit a subi une forme de censure, ce que je trouve évidement très dommageable pour nous lecteurs.

La version que j'ai eu en main est celle édité en 1974, et j'ai bien aimé quoique le peuple des Alorien est bien trop parfait a mon gout.

Curieusement il ressemble a cet autre roman intitulé L'opéra de l'espace de Carolyn J. Cherryh que j'ai lu le 9 Avril.

Pourtant ces deux romans n'ont qu'une vague ressemblance, a part dans les familles vivant dans leur vaisseaux sans jamais avoir vraiment de point d'ancrage planétaire.

Donc nous voyageons encore une fois dans un vaisseau spatial qui fait du commerce entre les mondes habités de notre Galaxie.

Mais depuis quelques temps des vaisseaux disparaissent sans qu'il y ai vraiment de causes et toujours dans le même secteur Galactique.

L'action commence sur la Planète "Rendez Vous" ou les "Nomades", nom que ce donne l'ensemble des familles ayant un vaisseau, ont convoqués une assemblée pour résoudre les problèmes pouvant entravés le commerce.

D'emblée une famille va devenir l'un des principaux personnages, les Peregrine, du nom que porte leur astronef et une espèce d'inspecteur de l'Union Stellaire basé sur la Terre deviendra le pole opposé.

l'histoire n'a pas vraiment d'action a part a la fin mais c'est agréable a lire sans prise de tète.

J'espère qu'un jour ce roman sera réédité sans avoir subis de coupes, en attendant je remercie Collin Delavaud pour la traduction.
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La Hanse Galactique, tome 3 : Les Coureurs ..

(Presque) aussi bon que les deux tomes précédents, mais dans un genre parfois assez différent



Ce troisième tome de la Hanse Galactique est globalement presque aussi réussi que ses deux prédécesseurs, mais pour des raisons différentes : si trois des textes reprennent des schémas récurrents et connus du cycle, deux divergent soit dans le ton (plus noir), soit dans la narration, soit dans les deux. Certains n’accrocheront pas forcément à ces changements, mais pour ma part, j’ai particulièrement apprécié La clé des maîtres, pourtant le texte le plus sombre de la saga (jusque dans sa morale). Je garde toutefois une préférence pour Territoire, qui montre un Van Rijn (un personnage que j’adore) au sommet de sa forme, aussi bien intellectuelle (une fois de plus, il roule tout le monde) que (et c’est plus surprenant !) physique. Au final, un tome 3 toujours aussi recommandable, mais peut être avec plus de réserves selon votre profil de lecteur et ce que vous allez y rechercher.



Ce qui précède n'est qu'un résumé : retrouvez sur mon blog une analyse détaillée de chacune des quatre nouvelles.
Lien : https://lecultedapophis.com/..
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Les Croisés du Cosmos

Quand tu lis la quatrième, tu t'attends à un shoot montypythonesque et pratchettien. Une fois le bouquin terminé, tu restes sur ta faim.

Le premier tiers du roman offre le délire promis. Une baronnie complète catapultée dans l'espace, avec seigneurs, chevaliers, gens d'armes et populace, face à un empire alien tout-puissant. Niveau LSD, l'idée se pose là. Loufoque, barré, farfelu, on ne cherchera aucune vraisemblance dans le concept initial. C'est voulu et ça fonctionne.

Mais ensuite, le récit devient plus sérieux… tout en restant aussi improbable. D'où un décalage entre le fond et le ton. Pas davantage de crédibilité, moins d'humour, résultat bancal pour un roman qu'on qualifiera de “sympathique” alors qu'il promettait du jubilatoire.





Dommage, parce que sur le papier, je m'attendais à quelque chose du niveau d'un Terry Pratchett, mélange d'humour, de folie et de critique. Les deux premiers s'étiolent trop vite pour laisser place à du space opera classique.

Reste la critique, qui vaut ici pour les deux camps. Les Anglais incarnent l'honneur chevaleresque, la bravoure… et le bourrinage à l'européenne. Rompus aux arts militaires, parce qu'ils sont tout le temps en guerre. Soutenus par la foi qui déplace les montagnes… et anéantit les peuples. Grands malades de la conquête par la croix et (surtout) l'épée.

En face, les Wersgorix dirigent un empire pas plus pacifiste ni moins conquérant… mais “décadent” – notion floue qui n'a aucune valeur historique mais que tout le monde comprend. Cet empire fonctionne par routine, sans évolution ni réforme, cristallisé sur l'acquis depuis un bail et donc incapable de s'adapter à la nouveauté. L'entité semble invincible mais pourrait s'effondrer sous les coups d'un adversaire aux méthodes inattendues. Les exemples historiques de la chose ne manquent pas.

Avec Anderson, l'Histoire est toujours au rendez-vous (cf. La patrouille du temps, son cycle le plus connu). Faute de pouvoir rentrer sur Terre, Tourneville et sa bande sont contraints à une fuite en avant qui rappelle celle d'Hernán Cortés, le conquistador bulldozer, motivé autant par l'illumination chrétienne que la rapacité.

La dimension religieuse, annoncée en titre et très présente dans le roman, renvoie à l'esprit de croisade… et à la bonne excuse spirituelle pour agrandir le temporel. On va vous apporter la lumière divine ! Bon ben maintenant qu'on est là, en fait, on va rester. Pis on va vous gouverner et se servir au passage, parce qu'on a les guns et vous, vous creusez…

Les Croisés du cosmos condensent des siècles de conquête, d'occupation, de colonisation, d'évangélisation. Bref le cortège habituel : impérialisme, violence, fanatisme, intolérance, asservissement, irrespect de l'autre… Cible principale de la critique, les Européens, on s'en doute. Maîtres en la matière…

On retrouve dans les Wersgorix une critique de ces mêmes Européens. La supériorité technologique comme critère de supériorité civilisationnelle n'est jamais qu'une version modernisée du vieux débat entre nature et culture. Question toujours d'actualité, soit dit en passant. Suffit de voir le mépris, la condescendance et le paternalisme colonial des grandes puissances bardées de technologies dernier cri. La remarque vaut aussi à titre individuel : faut voir comment certains te regardent si tu n'as pas dernier iMachin…

A travers l'empire wersgorix sclérosé, la critique s'élargit pour viser l'incapacité à se remettre en question et évoluer. Les exemples historiques abondent d'empires qui se sont érodés à force de tourner en rond, finissant par s'effondrer sous les pressions externes et/ou les dissensions internes Rome, Byzance, les Perses, les Ottomans, les Aztèques… et les empires coloniaux. le bouquin a été publié en 1960, date à laquelle la majeure partie des colonies ont accédé à leur indépendance ou sont en passe de l'obtenir.





Après, la critique, faut aussi la creuser soi-même. Anderson a ses contradictions. Il est capable dans La main tendue de s'en prendre au colonialisme économique et culturel et de dénoncer l'interventionnisme. A l'inverse, il en viendra à soutenir l'engagement américain au Vietnam – le gars est un petit peu beaucoup anticommuniste. Tout plutôt que le Mal, le chaos, l'entropie, la barbarie, même si le “tout” ne vaut pas mieux que le reste. Son cycle Dominic Flandry procède du même esprit de contradiction. Un antihéros à la Han Solo, donc plutôt cool, mais qui va tellement au bout de “la fin justifie les moyens” qu'il finit par foutre les jetons.

Anderson, pas chaud pour une hégémonie américaine… mais encore moins pour une soviétique, ce qui l'amène à défendre des positions contraires selon qu'il soit face à la peste ou au choléra.

On retrouve de ça dans Les croisés du cosmos. Il ne tranche pas, sa position n'est pas claire et la critique atteint ses limites.

Au plan narratif, il prend parti pour les Anglais… et le lecteur aussi par contrecoup. Déjà, les Angliches sont comme nous, humains (sous-entendus, mieux que les aliens, la figure de l'Autre). Ensuite, ils représentent le petit face au gros. Et là, on éprouve une tendance romantique naturelle à s'attacher au pot de terre. En sous-nombre, moins bien armés, les preux chevaliers n'ont pour eux que leur courage, leur ruse et leurs compétences moyenâgeuses. Sauf que les mecs ne sont pas des saints. Quand les Anglais débarquent, ça saigne ! Ils ne reculent devant rien, aucun massacre, aucune torture, aucune félonie. La lutte initiale et légitime pour la survie se transforme en guerre de conquête et mise en place d'un royaume théocratique. Comme l'évolution des objectifs s'opère en même temps que le changement de ton, moins orienté sur l'humour, on finit par se demander dans quelle mesure Anderson est ironique ou sérieux.





A l'arrivée, un petit bouquin plutôt marrant, plutôt sympathique, plutôt critique… Qualificatifs assez minorés pour parler d'un titre mineur dans la biblio d'Anderson. Un bouquin qui aurait pu… mais qui n'a pas.

Dans esprit proche, je resterai donc sur Leonard Wibberley (La souris qui rugissait) ou Terry Pratchett (Les petits dieux).
Lien : https://unkapart.fr/les-croi..
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Barrière mentale et autres intelligences

Compte tenu de l'époque (1954) je m'attendais à une S.F plutôt optimiste et trés libérale (style capitalisme flamboyant).

Et quelle fut ma surprise, j'ai trouvé un livre assez engagé qui m'a fait réalisé que notre système était basé sur la connerie (je m'en doutais un peu).

Les hommes deviennent subitement intélligents (à cause phénomène spatial inexpliqué). Et là, ils se désintérressent de la possession matérielle, vêtement, grosses voitures... et tutti quanti. Car fondamentalement ils commencent à se poser des questions sur eux-même et sur leur place dans l'univers. Ce qui n'est pas sans douleur, Une panique globalisée s'installe.

Certains vont avoir un sentiment de peur et de culpabilité assez proche du mythe d'Adam et Eve qui vont croquer la pomme de turing (non celle de la connaissance). Cette connaissance va faire perdre à beaucoup le goût de la jouissance et l'acceptation de leur conditions. Ainsi beaucoup d'ouvrier vont refuser le travail salarié (d'être exploité par des tâches débilitantes). Ce qui va inévitablement provoquer la chute du monde.

Attention ce livre n'est pas non plus une tribune socialiste, un personnage nous rappelle d'ailleurs "que le socialisme est également basé sur la notion de propriété" qui n'interresse plus personne.

Il ya un débat que ne tranche pas vraiment Anderson c'est de savoir si l'homme plus intéligent est un être plus sensible, nous avons d'un côté les scientifiques et politiques presque sans sans coeur et de l'autre un agriculteur qui hésite à sacrifier un agneau... Finalement l'intélligence révèle la personalité de chacun de ses personnages et tous ne sont pas prêt à l'accepter, c'est le vieux débat du mythe de la caverne .
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Tau Zéro

Tau zéro (1970) est un roman de science-fiction de Poul Anderson. Un vaisseau spatial, le Leonora Christina, est lancé en direction de l'étoile Beta Virginis. Il est propulsé par un collecteur Bussard et emporte 25 femmes et 25 hommes pour coloniser une planète tellurique. Mais un incident technique va modifier le plan de vol. Un roman de hard science publié tardivement en France mais qui s'avère très prenant. Poul Anderson s'intéresse tout autant aux interactions humaines qu'aux aspects scientifiques mais ces derniers sont plus convaincants. Une postface salutaire de Roland Lehoucq revient sur la crédibilité scientifique du roman.
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Tau Zéro

J'aime depuis toujours les récits de science-fiction et quand je tombe sur des listes de titres dits "à lire absolument", le nom de Poul Anderson apparait fréquemment. J'avais donc envie de me confronter à cet auteur si célèbre au point d'en devenir une référence et pour cela, quoi de mieux qu'un titre court, qui a failli remporter un prix en son temps et qui n'appartient pas à une saga ? Voilà ce qui a guidé mon choix vers Tau Zéro.



Publié en 1970 aux Etats-Unis, ce roman aura mis plus de 40 ans à arriver chez nous. Pourtant lorsqu'on le lit, on ne comprend pas ce délai. La plume de Poul Anderson est extrêmement agréable à lire, fluide malgré les nombreux concepts scientifiques abordés, et les thèmes abordés sont restés terriblement actuels et l'ont été pendant les décennies de sa non-parution en français.



Poul Anderson est un auteur féru de Hard Science, cette science-fiction où l'on utilise en trame de fond (ou plus) des éléments des dernières recherches et derniers progrès de la science. Dans ce court roman de 312 pages, il démontre tout son talent dans ce domaine. En effet, il nous embarque dans une aventure hors du temps et de l'espace où le concept de Tau Zéro est au coeur de l'intrigue. Cela aurait pu être abrupt pour une non-scientifique comme moi et pourtant il rend tout cela parfaitement compréhensible. Poul Anderson parvient miraculeusement à rendre la complexité des notions qu'il utilise limpide pour le lecteur qui prête un peu attention à ce qu'il lit et qui sait faire fonctionner son imagination. C'est le grand plus de l'histoire.



En effet, dans Tau Zéro tout se passe à bord d'un vaisseau spatial parti en mission pour rejoindre l'étoile Beta Virginis, à 32 années-lumière de la Terre, mais alors que leur voyage se passait tranquillement, un événement vient faire basculer leur périple et celui-ci ne va plus jamais ressembler à quelque chose de connu.



En tant que lectrice, cette trame narrative a parfaitement fonctionné sur moi. J'ai aimé découvrir la vie tranquille à bord du vaisseau au début du voyage, puis le bouleversement subi par ses membres ensuite. C'était passionnant de voir d'un regard extérieur les réactions de ces hommes et femmes, réputés pour être l'élite de notre planète, face à un tel chamboulement de leur appréhension du monde et de l'univers. Les mécanismes qui se mettent en place, les dynamiques qui se jouent, sont passionnantes à regarder. Je me suis mise à imaginer plein d'autres possibilités pour cette nouvelle vie à bord et j'aurais peut-être aimé que l'auteur creuse un peu plus de ce côté-là. Car s'il joue énormément la carte du huis clos pour donner une ambiance très singulière à son récit, il passe à côté de l'écriture des personnages à quelques exceptions près. La plupart sont des êtres assez transparents qu'on n'apprend jamais à connaitre et c'est fort dommage dans ce type de récit.



Je pense que Poul Anderson s'est surtout concentré sur son concept autour de la vitesse de voyage de son vaisseau, en parallèle du temps passé à bord et du temps passé à l'extérieur, ainsi que sur les coins de l'univers traversé. Du coup, il en a oublié l'humain. Alors oui, ces concepts sont fascinants et laisse place à une imagination galopante pour nous lecteurs, mais ça reste quand même frustrant d'avoir au final une histoire un peu froide et détachée du commun des mortels. La plus belle preuve de cela est peut-être la conclusion de l'histoire où l'auteur met très bien en scène le dénouement ultime de ses théories sur l'espace-temps et la dynamique de l'univers lors d'un moment magique, mais oublie complètement les hommes et femmes à bord du vaisseau, pour leur donner à eux une conclusion peu satisfaisante et trop facile à mon goût.



En conclusion, je suis partagée après cette lecture. J'ai été complètement emportée par la plume de l'auteur et sa facilité à mettre en scène des concepts scientifiques complexes. Mais je reste frustrée par la part humaine de son récit qui est mal maîtrisée en dépit des belles promesses des débuts. J'ai adoré regarder le voyage. J'ai été fasciné par les phénomènes extraordinaires qui sont arrivés à l'équipage. J'ai aimé les dynamiques esquissées à bord. Mais je suis restée sur ma faim. Il ne me reste plus qu'à trouver un autre roman de SF du bonhomme pour infirmer ou confirmer mes impressions.
Lien : https://lesblablasdetachan.w..
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Le Roi d'Ys, tome 1 : Roma Mater

« Ys, je te maudis. Que la mer dont tu te dis la reine dérobe à ton Roi son amour le plus cher, et que son nouvel amour se retourne contre lui pour le détruire. Que la mer te reprenne alors en son sein, de par la colère de tes Dieux. Et que ce soit moi, ô étranges et terribles Dieux, qui déclenche sur toi cette malédiction. Pour exercer ma vengeance, je suis prêt à payer n'importe quel prix. J'ai dit. »

Quand Poul Anderson s'approprie un récit légendaire, qu'il soit issu d'une saga héroïque scandinave, du cycle carolingien ou comme ici d'un mythe breton, le construit et le conte avec force détails et cohérence (et notes explicatives en fin d'ouvrage), on aime à croire que toutes ces histoires soient l'Histoire, que toutes les légendes qui auront inspirées ses oeuvres soient vraies… on aime aussi connaître l'intégralité de sa version de l'histoire…

Dans sa tétralogie le Roi d'Ys, qui relève plus de l'Histoire spéculative que de la Fantasy, Poul Anderson nous conte, avec son épouse, ce qui serait la plus célèbre légende bretonne : celle de la ville engloutie d'Ys. Ce cycle montre encore et toujours la « familiarité avec l'Histoire » de l'auteur. Et c'est encore et toujours avec un indéniable génie qu'il intègre sa version du mythe, bien loin des versions hagiographiques, dans un contexte historique approprié pour que sa symbolique prenne tout son sens.

La mythique cité matriarcale d'Ys devra à la fois faire face aux ambitions de l'empereur Maxime (et Théodose ???) de la déclinante « Roma Mater » (titre du premier tome) et lutter contre un ennemi qui l'a maudit ; « Les neuf Sorcières » (titre du deuxième tome) devront alors choisir le nouveau Roi de la cité pour la protéger… ou la conduire vers son sort funeste par l'entremise de Dahu (titre du troisième tome)… le quatrième tome The dog and the wolf verra peut-être Brest et Ouessant abîmées, Quimper et Paris submergées… qui sait… pas quelqu'un comme moi, intellectuellement inapte à lire en VO, car seuls les deux premiers tomes ont été traduits. Calmann-Lévy, je te maudis. J'ai dit.



Je te maudis car quand on ferme la dernière de ces 700 pages qui composent les deux premiers tomes on est englouti par un océan de frustration. 700 pages où l'intrigue se met doucement en place, où on apprend pas à pas à connaître et aimer chacun des personnages et Fin de l'Histoire.

Certes on a une vague idée de ce que deviendra Ys et comment, la malédiction est dite dès le premier tome, mais qu'adviendra-il de ces neuf sorcières qui ont tous les visages de la Sorcière de Jules Michelet, de Dahu (usera-t-elle de la méthode dite de la chasse au sifflet pour ouvrir les portes de la cité - euh non ça c'est une autre légende de bien chez nous : : http://locmeribel-le72.e-monsite.com/medias/images/la-chasse-au-dahut-1.jpg), Gratillonius et de Corentin qui auront fait la légende, des Nautoniers des morts, de ceux qui se battront contre la fin d'une civilisation et d'une culture ?

Quelle est la « véritable histoire » de la cité engloutie d'Ys ?

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La Patrouille du temps, Tome 2 : Le Patroui..

Un second tome bâti sur le modèle du premier et tout aussi bien raconté. Nous passons de la Tyr antique aux Goths puis aux Templiers: le passé évoqué est toujours vivant, vibrant.

La description de Tyr et ses habitants est prenante. On sent toute la vie d'un port en plein développement avec des échanges tous azimuts. L'intrigue m'a moins accrochée avec ses terroristes temporels à abattre.

Le chagrin d'Odin le Goth est un petit joyau de roman. Il met en scène Wodan le voyageur et une famille au destin tragique que ni les dieux ni les voyageurs temporels ne peuvent contrer. Le Destin et le passé sont donnés et ne peuvent être évités. Il y a là en plus une beau jeu sur les paradoxes temporels et la nécessité de protéger le passé.

La dernière partie sur les Templiers est très - trop - courte et d'une ambiance grave elle aussi.
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La patrouille du temps, tome 1

Le voyage dans le temps! Une notion intéressante pouvant donner lieu à des intrigues et des réflexions surprenantes, profondes. Malheureusement, ici, même si les nouvelles que nous présente l'auteur ne sont pas dénuées d'intérêt, je peine à m'attacher au personnage principal, seul élément commun avec la patrouille, des quatre. Les histoires sont intéressantes et diversifiées, et l'auteur nous livre une relecture personnelle, virtuose et bien fouillée de notre propre histoire sans jamais nous permettre d'aller au delà que du simple récit d'aventure ou de l'enquête policière. Pourtant un sujet aussi vaste aurait pu donner lieu sur d'intéressantes interrogations sur la place de l'homme dans sa propre histoire, sur le pouvoir de manipuler le temps, son propre passé, son avenir et donc sa propre existence, et sur les conséquences à l'échelle planétaire. Tout est abordé mais de manière superficielle, en surface. Le propos de l'auteur se situait sans doute ailleurs. Et je suis passé à côté. Néanmoins, son style fluide et sa facilité à nous raconter de belles histoires exotiques, ancrées dans une réalité qui pourrait être la nôtre, m'incite à découvrir d'autres romans de Poul Anderson.
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Tau Zéro

Voici un roman de science-fiction, un space-opera, totalement captivant pour tout ceux qui seraient intéressés par les voyages spatiaux, la vitesse de la lumière et ses conséquences sur le Temps.



Nous sommes dans le futur.



Un équipage : 25 hommes et 25 femmes, embarque sur un astronef, le Leonora Christina. La destination : une planète potentiellement habitable située à une trentaine d’années-lumière de la Terre. Si celle-ci ne tient pas ses promesses, le vaisseau reviendra sur Terre dans une trentaine d’années. Si la planète est habitable, l’équipage se transformera en colons et le voyage aura été un allée simple.



Mais voilà : une avarie provoquée par le passage dans un amas stellaire, endommage le système de décélération du vaisseau. Celui-ci est condamné à accélérer indéfiniment… Tout va être compromis et emmener nos protagonistes dans un voyage bien au-delà de ce qui était prévu.



Ce roman est extrêmement bien documenté et se base sur des théories scientifiques réalistes. Le lecteur se retrouve littéralement perdu dans l’espace, filant a quasi la vitesse de la lumière (la valeur Tau) avec cet équipage auquel on ne peut que s’attacher.



C’est un huis-clos captivant où, au-delà du voyage spatial, les comportements humains en milieu confiné sont décrits avec sensibilité et justesse.



On peut regretter que les personnages soient quelque peu caricaturaux mais c’est peut-être le reflet d’une époque, n’oublions pas que ce roman a été écrit dans les années 70.



J’ai été captivée par le voyage proposé aux confins de l’espace et du temps. Je vous recommande vivement d’embarquer sur le Leonora Christina à la condition que vous n’ayez pas peur des destinations lointaines …

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