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Critiques de R.J. Ellory (2783)
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Seul le silence

Un "petit" polar mais un grand roman…



« Seul le silence », un roman d’Ellroy en tête de gondole, une critique élogieuse épinglée! Un peu pressé, je l’attrape et je l’achète illico. Arrivé à la maison, le coup de massue, je me suis bien fait avoir, six cent pages à lire d'un auteur, inconnu au bataillon : Ellory!



Après une petite recherche, Ellory, auteur anglais, trompe bien son monde en plantant son décor aux Etats-Unis, plus précisément en Georgie. Et c’est seulement son premier roman traduit en français; ses précédents livres ont bien entendus été traduits par la suite, grâce au succès de « Seul le Silence ».



L’histoire débute par l’enfance de Joseph, 10 ans, vivant à Augusta Falls dans les années 40. Son père mort, il vit seul avec sa mère et adore lire par-dessus tout en compagnie de son institutrice, alexandra Webber.

C’est alors qu’une petite fille de sa classe est découverte morte et que la vie à Augusta Falls va virer au cauchemar suite au décès d’autres victimes toutes âgées autour de 10 ans. Avec sa bande de camarades d’école, Joseph va tenter, en vain, de traquer l’assassin, se procurant au passage de belles frayeurs. On comprend alors que cette série de meurtres va le poursuivre longtemps, très longtemps…



Comme on s’attend à lire un polar des plus excitants, avec tous ces meurtres de fillettes inexpliqués, la première partie parait très descriptive à la longue et on espère rapidement des rebondissements des plus étonnants …

Eh bien, non. Le cœur du roman se situe bien ailleurs ; l’intrigue, les policiers, les meurtres ne sont que secondaires par rapport à la description de l’état psychologique de Joseph Vaughan, tout cela sur une période de 30 ans au moins. Amitiés, amours, chagrins vont s’enchainer comme autant d’étapes à franchir pour « gagner » le droit de continuer à vivre.



En fin de compte, la narration de ces épisodes m'a énormément touchée, bouleversée par moment, sachant, désormais, que l'intrigue n'était plus l'objectif principal du livre. La plume d’Ellory vous fait ressentir toutes les émotions des personnages avec une intensité rare, ayant l’impression d’aimer et de souffrir comme Joseph. Il faut dire également que l'écriture d'Ellory est magnifique (voir les citations sublimes sur la mort de son père).



Le parcours de cet homme, si vous rentrez dans cet ouvrage comme j’ai réussi à le faire, vous hante pour un bon moment. Pas un bon polar bien classique mais un coup de cœur, plein de tendresse.



Si la toute fin avait été mieux traitée, on aurait pu parler de chef d’œuvre. A ne surtout pas manquer tout de même. Bonne lecture…en abordant ce récit comme un roman d’une vie extraordinaire.

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Une saison pour les ombres

Oui, mais finalement non.

Après avoir fui son patelin du Nord-Est canadien 25 ans auparavant, Jack vit peinard à Montréal, sans femme, sans enfants, sans chien, se satisfaisant de son boulot et de son meilleur pote. Mais lorsqu'il apprend que son jeune frère est en prison dans leur ville natale pour avoir tenté de tuer un homme, il se voit contraint d'y retourner pour affronter son passé -et aussi pour comprendre le geste de son frère, persuadé d'avoir trouvé le meurtrier de toutes ces jeunes filles assassinées pendant leur enfance.



Gros drame familial, donc, doublé d'une intrigue policière sur deux époques, mais d'abord roman d'ambiance.

Car il fait très froid dans ce coin du Québec où le soleil ne se couche ou ne se lève jamais selon les saisons. C'est l'exploitation du fer qui est à l'origine de la création de Jasperville (aka Despairville), ville minière où personne de sensé ne se serait spontanément installé. Et c'est dans cette atmosphère industrielle, obscure et glaciale, que des crimes sont commis sur des adolescentes sans que de véritables enquêtes soient ouvertes ; les morts sont simplement imputées aux bêtes sauvages ou à un esprit indien. Le description de cette communauté repliée sur elle-même et de vieilles légendes m'a bien plu, R.J. Ellory sait créer avec soin des univers que l'on a l'impression de connaître depuis toujours, tant il y injecte de l'humanité.

C'est dans ce contexte que grandit Jack, qui finira par quitter cette ville en y abandonnant ceux qu'il aimait et en rompant les promesses faites. Et c'est rongé de culpabilité qu'il y revient finalement. J'ai bien aimé les problèmes de conscience de Jack, son incapacité à décider de sa vie et sa propension à l'autoflagellation -ça change des héros sans peur et sans reproches. J'ai aimé aussi l'histoire de sa famille, que l'auteur rend attachante.

Reste le mystère des meurtres en série, et c'est là où le roman m'a déçue, à force d'étirer l'intrigue sur autant de pages, pour finalement hâter sa résolution sans clarifier tous les faits. Je ne suis même pas sûre d'avoir tout compris. L'auteur me semble avoir privilégié la chronique familiale et communautaire, et les tourments de Jack, au détriment de l'enquête, et c'est dommage.



Pas grave, je continuerai de lire Ellory, parce qu'à l'instar de Stephen King, il aime et fait aimer ses personnages. Et c'est suffisamment rare et précieux pour donner le goût d'y retourner.
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Proof of Life

+++++++ SIGNE DE VIE +++++++



Le dernier thriller de Roger Jon Ellory, auteur britannique de plusieurs livres à succès, est paru le 5 août dernier et constitue un roman d’espionnage dans le genre cher à son compatriote John le Carré. Peut-être même un hommage au grand maître du genre décédé il y a tout juste un an, en décembre 2020 ?



Stroud, un journaliste de guerre de 37 ans, est invité à Londres par son ancien collègue Marcus Haig, actuellement rédacteur extérieur du quotidien "The Times", qui lui propose une mission : vérifier si le reporter Vincent Raphael vit toujours et pourquoi il n’a pas donné signe de vie depuis 6 ans.



Raphael a été à la fois le mentor et le meilleur ami de Stroud avec qui il a roulé sa bosse un peu partout dans le monde où il y avait guerre ou conflit armé, le Congo Belge, le Biafra, le Vietnam ... pour tomber victime d’un attentat à la bombe en Jordanie en 1970. Par une indélicatesse de la part du MI6, le service des renseignements britanniques, Haig a appris qu’il serait encore en vie et que la DGSE, Direction Générale de la Sécurité Extérieure française le cherche à Istanbul.



Sans grand enthousiasme, mais curieux et moyennant 2.200 £, tous frais couverts, Stroud se met en route pour Byzance-Constantinople- Istanbul.



Déplacement sans résultats, mais une rencontre avec des officiers du MIT, le service turc de sécurité, qui le mettent dans un avion pour Londres et avec un certain Jean-Michel Fournier, assistant de l’ambassadeur de France en Turquie et en charge des questions de sécurité.



Sur une photo récente mais très floue, Haig et Stroud pensent pouvoir distinguer Raphael et la jolie archiviste du Times, Nina Benson, trouve une autre photo du disparu mais avec la mention Hendrik Dekker dans un dossier relatif à l’enlèvement d’un homme politique allemand.



Est ce que Raphael et ce Hendrik Dekker serait la même personne ?

Stroud et Nina partent en Hollande où vivent 3 hommes avec ce nom. Celui qui réside à Leyde, non loin du IDB, le service des renseignements des Pays-Bas, pourrait être le bon mais est absent.



Stroud s’introduit dans son appartement et y trouve bien cachée une petite clé de consigne de l’aéroport de Berlin. Prochaine escale de Stroud, mais avant qu’il n’arrive à ouvrir la consigne, il est arrêté et soumis à un interrogatoire pénible sur Dekker et l’origine de la petite clé par des gars qui appartiennent apparemment au BND, le service fédéral allemand des renseignements.



Remis sur l’avion direction Londres, Stroud décide de continuer son enquête malgré tout et se rend à Paris en vue d’un entretien avec Jean-Michel Fournier.



Chères lectrices et chers lecteurs, je vous laisse découvrir comment notre journaliste se débrouille avec tous ces beaux services : MI6, MIT, DGSE, IDB, BND et l’agence de renseignements Mossad israélien.



Dans cette histoire sur arrière-fond de guerres et terrorisme, rien n’est ce qu’il paraît et Stroud ne rencontre que des gens qui ne sont pas ce qu’ils prétendent être.



Avec sa virtuosité habituelle de conteur né , R.J. Ellory vous guidera à travers ce labyrinthe où son héros se trouve, dans sa recherche d’un ami, confronté à une réalité à facettes multiples.

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Regarder le noir

Comment résister à l'appel de la lecture quand Yvan Fauth, directeur de l'ouvrage, l'ouvre sur deux nouvelles, l'une de Olivier Norek (Regarder les voitures s'envoler), l'autre de Julie Ewa (Nuit d'acide), qu'un Stephen King ne renierait sans doute pas, suivies d'une troisième de Fred Marc (The Ox) qu'Agatha Christie aurait pu écrire...



Ça commence très fort ! Et ça continue un peu dans la même veine, bien qu'il y ait quelques textes que j'ai un peu moins appréciés.



Au final, un recueil que j'ai trouvé très intéressant beaucoup plus réussi que le précédent, Écouter le noir.



- J'ai beaucoup aimé : Regarder les voitures s'envoler de Olivier Norek ; Nuit d'acide de Julie Ewa ; The Ox de Fred Mars ; Demain de René Manzor ; Darkness de Barbara Abel et Karine Giebel ;

- J'ai bien aimé : Transparente de Amélie Antoine ; Anaïs de Fabrice Papillon ; Private eye de R. J. Ellory ;

- J'ai moins aimé : Le mur de Claire Favan ; La tache de Gaëlle Perrin-Guillet ; Tout contre moi de Johana Gustawsson.
Lien : http://michelgiraud.fr/2020/..
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Une saison pour les ombres

Atmosphère, huis-clos, vieux mythe, voilà ce qui m'a fait apprécier ce roman de R.J.Ellory.

Un roman policier qui flirte avec le fantastique.

Bien souvent il est préférable de croire que seule un mythe comme le wendigo ou une bête sont capables de telles abominations.

À Jasperville, ne devrait-on pas plutôt dire Despairville, le froid, la nuit, les légendes qui effraient tant les enfants et la mort pèsent sur les esprits.

Des jeunes filles sont sauvagement assassinées, leur mort entraînera de nombreux malheurs.

Les enquêteurs se succèderont sans aucune aide extérieure, la ville est isolée et ne compte que sur ses habitants.

Des années plus tard, le passé rattrapera Jack Deveraux aura vécu sans le réaliser ces années loin de Jasperville à se donner les armes qui lui permettront de confondre et faire prendre le meurtrier.

Si la charge émotionnelle était trop forte pour rester, la culpabilité et les remords n'ont pas cessés. Son esprit n'a pas quitté les lieux.

Cette fois-ci, pas d'échappatoire : il a abandonné sa petite amie et sa famille (du moins ce qu'il en reste) mais là il va faire face.

C'est ma deuxième lecture de R.J. Ellory dont j'aime particulièrement la plume. Ici il s'agit de l'atmosphère d'une ville isolée du Canada excellemment reconstituée. C'est anxiogène, prenant, on croirait presque au fantastique. C'est habilement mené. Encore une lecture que je vous conseille.

Merci aux éditions Sonatine

#Unesaisonpourlesombres #NetGalleyFrance

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Le jour où Kennedy n'est pas mort

L’histoire politique américaine est un sujet qui m’intéresse beaucoup. Cette année, j’ai déjà été bien gâtée. La vie et la fin tragique de John Fitzgerald Kennedy est un sujet qui a déjà été abordé de nombreuses fois en livres et même en séries ou films. Pourtant, je ne m’en lasse jamais. Le dernier livre de R.J. Ellory a l’originalité d’imaginer que Lee Harvey Oswald n’aurait pas assassiné le 35ème président des Etats-Unis lors de sa visite à Dallas, le 22 novembre 1963.



Cette idée constitue le point de départ d’une enquête qui semble ne pas avoir de lien direct avec la dynastie des Kennedy. On accompagne Mitch Newman, un photo-reporter qui ne peut croire au suicide de son ancienne fiancée, Jean. Ceci étant la plus grande déception de sa vie, ce trentenaire ne peut expliquer que cet amour de jeunesse ait décidé de mettre fin à ses jours. Mais alors qu’il cherche la vérité, il va se retrouver projeter au sein d’un milieu où l’on ne fait pas de cadeau : la politique américaine.



Dans ce thriller politique, les personnages de fiction côtoient les Grands de ce monde. L’auteur parvient à donner corps à cette ribambelle de protagonistes comme s’ils avaient tous réellement existés. Il est souvent étonnant comme les dialogues, pourtant imaginés, auraient très bien pu s’échanger entre les Kennedy eux-mêmes par exemple, comme si R.J. Ellory y avait lui-même assisté. Tant les descriptions semblent réalistes, j’ai moi-même eu l’impression de me trouver dans le bureau ovale en compagnie des hauts-dignitaires américains ou dans les couloirs de la Maison Blanche en compagnie de John et de son frère Bobby Kennedy.



Je n’ai pas l’occasion de souvent lire des thrillers politiques mais celui-ci m’a vraiment transportée au cours de la décennie des sixties qui a vu la crise des missiles soviétiques à Cuba, la construction du mur de Berlin, la course à la lune, … Même si je suis loin de l’avoir connue vu que je ne suis née plus de 20 ans après ! On y apprend plein de choses quant à la géopolitique mondiale et cela n’est pas pour me déplaire.



C’est toute une atmosphère qui entoure cette enquête originale tant par ses sujets que dans le milieu où elle se déroule, intelligemment construit par l’auteur. Il est aisé de faire des parallèles avec certains événements et ce n’est qu’à la toute fin, quand le puzzle est terminé, que le lecteur pourra se forger son propre avis quant aux sous-entendus mis en place, quant à certaines conjonctures qui découlent alors comme des évidences.



Un petit conseil est que, dès le début, il est important de bien garder à l’esprit les différents personnages et leur rôle afin de ne pas en perdre le fil. Ensuite, vous ne pourrez que vous immerger dans cette histoire inventée mais qui finalement n’est peut-être pas si éloignée que ça de la réalité….



Je remercie les éditions Sonatine ainsi que Muriel Poletti-Arlès pour leur confiance.
Lien : https://www.musemaniasbooks...
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Les Neuf Cercles

La publication en France d’un nouveau roman de R.J. Ellory est toujours un événement. Une fois de plus, celui-ci est à la croisée des genres, entre roman noir et thriller, pour un résultat qui ne ressemble pas à ses précédents romans et qui est pourtant du Ellory pur jus.



L’auteur n’a pas son pareil pour nous plonger dans une part de l’Amérique et fouiller à ce point la psychologie humaine. A ce stade, c’en devient un art !



1974, sud des États-Unis. Un pays qui peine à se remettre de la guerre au Vietnam et une région où tensions raciales et ségrégation sont encore totalement ancrées dans les mœurs.



John Gaines, shérif de son état, est surtout un jeune vétéran de cette guerre lointaine qui a renvoyé des hommes détruits à la maison.



Dans l'interview qu'il a accordé sur mon blog, Ellory explique avoir présenté son projet de roman à son éditeur comme un mélange des films Angel heart et Apocalypse Now. Je dois dire que c’est plutôt bien vu.



Avec ces personnages qui souffrent de stress post-traumatique (même si le terme n’était pas encore usité à l’époque), et ce récit sur la difficulté de survivre (à la perte de l’être cher ou bien à la violence du monde), Ellory construit pas à pas une intrigue forte, une vraie enquête policière avec de puissantes thématiques (sur la culpabilité du survivant ou encore la persévérance…).



Autant son précédent et magnifique roman (Mauvaise étoile) faisait briller quelques lueurs dans l’obscurité, autant Les neuf cercles (The devil and the river en VO, j’aime beaucoup le titre original) est un récit profondément ténébreux.



La mort y rode à chaque page, pas un chapitre sans que la Fossoyeuse n’y fasse planer son ombre.



Cette ambiance pesante en devient quasi-hypnotique, tant l’auteur prend le temps de sonder l’âme humaine à travers ces 575 pages. Très vite, nous ne sommes plus simplement là à suivre le personnage de Gaines, nous devenons Gaines ! Nous plonger avec un tel réalisme au plus profond de ses pensées, de ses meurtrissures psychologiques, est l’une des grandes réussites de ce roman. Un tel degré de rapprochement, alors que le récit est écrit à la troisième personne, démontre une fois de plus que l’auteur fait preuve d’un talent hors normes.



Par sa sublime plume, Ellory invoque les esprits (le terme n’a jamais été aussi bien choisi, vous le verrez), ils prennent vie devant nos yeux, pénètrent notre âme. Le rythme est lent, ce qui permet de s’imprégner de l’atmosphère de cette période. Et pourtant il sait donner des coups d’accélérateurs et nous asséner des coups de bambous avec des scènes assez violentes (mais jamais gratuites).



J’ai pu trouver quelques rares longueurs et répétitions en cours de ma lecture. Avec le recul pourtant, c’est aussi ce qui rend ce récit si immersif et donne d’autant plus de force au magnifique et inattendu final. Impression fugace totalement balayée une fois la dernière page tournée, donc.



Qui d’autre qu’Ellory possède un telle talent incantatoire et une telle puissance pour décrire la psyché humaine ? A chaque roman, il s’impose davantage encore comme un auteur incontournable. Avec ce récit sur la mort, la perte, la culpabilité et la damnation, Les neuf cercles en sont une nouvelle preuve éclatante.



R.J. Ellory is the king of Roman Noir !
Lien : http://gruznamur.wordpress.c..
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Au nord de la frontière

S’il y a bien un auteur a qui on peut faire une confiance aveugle, c’est R.J. Ellory, quelle que soit la nuance de Noir qu’il utilisera. Au nord de la frontière est un polar avec flics et enquêtes, mais il est tellement plus que ça. Du Roman Noir dans sa plus belle des expressions.



500 pages qu’il éclabousse de son immense talent, toujours à raconter ses personnages avec une empathie déchirante.



Début des années 90, les investigations se font encore un peu à l’ancienne, internet n’est pas encore arrivé pour révolutionner le travail de terrain et les communications. Il faut se rencontrer pour se parler et avancer dans les recherches.



L’auteur nous emmène en Géorgie, à la frontière du Tennessee, dans les toutes petites villes, clairement pas le coin le plus argenté des États-Unis. Encore moins quand on s’éloigne pour aller se frotter aux communautés qui vivent dans les Appalaches.



Ellory le fait dire très vite à l’un de ses personnages, n’attendez pas une ambiance à la Délivrance (qui se déroulait dans le coin), les gens y sont pauvres mais ouverts.



Il n’empêche que c’est une mentalité particulière de communauté, où la notion de famille est primordiale. Ce n’est donc pas un hasard que ce sujet soit au centre de l’histoire du roman.



Soudée, dysfonctionnelle, brisée, ou réconciliée, la famille se raconte ici sous différents prismes. Le cœur palpitant en est Victor Landis, flic solitaire, sa femme décédée d’une maladie, fâché à mort avec son frère séjournant à une centaine de kilomètres. Les deux sont shérifs de leur comté.



Victor va devoir remettre son frère dans sa vie, le jour où celui-ci est retrouvé tué, écrasé à plusieurs reprises. Il va apprendre qu’il avait une femme et une fille de 11 ans. En parallèle, plusieurs cadavres d’adolescentes sont découverts…



Victor se sent donc personnellement impliqué dans une partie des enquêtes. Au point de devoir mettre de côté son tempérament solitaire pour apprendre à collaborer, à échanger. Avec ses collègues shérifs des environs, avec sa nièce sortie de nulle part.



L’intrigue est globalement assez classique certes, mais ce roman va tellement plus loin. Au-delà d’une histoire sacrément bien pensée, traitée, menée – un modèle du genre – il y a les émotions.



Depuis plusieurs mois, je sature des histoires de flics et d’enquêtes. Pourtant, Ellory a réussi à me faire vibrer. C’est parce qu’avant tout, il raconte des hommes et des femmes, avec une humanité déchirante qui m’a touché au cœur.



Les personnages sont d’une épaisseur rare, complexes, mais sans en rajouter des tonnes. On croit à ces gens, on croit à leurs relations, on est ému par ce qu’ils vivent, Victor en premier.



Et il y a toujours cette écriture au diapason, tellement belle, sensible, juste. L’écrivain anglais est un génie du Noir, d’une ambiance à l’autre, d’un roman à l’autre.



Je tiens à souligner que ce roman est la dernière collaboration entre l’auteur et son traducteur Fabrice Pointeau, décédé en 2023. Il aura traduit dix romans de R.J. Ellory. Son travail et sa sensibilité narrative auront clairement contribué au succès de ses livres en France. L’auteur le remercie avec chaleur à la fin du livre.



Cette virée Au nord de la frontière marque pas sa noirceur autant que par son humanité poignante. R.J. Ellory sublime une nouvelle fois ce texte par la grâce de son talent unique. Toujours aussi indispensable.
Lien : https://gruznamur.com/2024/0..
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Seul le silence (BD)

" Seul le silence" de R.J Ellory m'avait bouleversée, il y a de cela une dizaine d'années, je n'ai donc pas hésité une seconde à emprunter l'album de Fabrice Colin et Richard

Guérineau même s'il y a toujours le risque d'être déçu lorsque c'est une adaptation d'un Best seller.Mais ce n'est absolument pas le cas, cet album ne trahit pas la qualité du roman.

Le graphisme est la coloration rendent parfaitement compte de l'atmosphère de l'histoire. C'est vraiment une réussite. Mettre en images le climat ambiant de ce roman n'était sans doute pas évident et c'est vraiment parfait, j'y ai retrouvé tout ce que j'ai adoré dans le roman.

Les scènes violentes ont été judicieusement dessinées pour que cela ne soit pas gore, je suis vraiment conquise.

Cet album me donne envie de me replonger dans un R.J Ellory que j'ai délaissé depuis un certain temps.

Bravo aux deux auteurs.
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Le carnaval des ombres

Une belle surprise que « Le Carnaval des Ombres ». Rien a voir avec le banal roman policier où ça tombe comme des mouches : c’est bien plus subtil. Conspiration et jeu de dupe sont au rendez-vous.

C’est trop court, j’ai aimé l’histoire, le contexte, les personnages.

C’est trop long, j’avais hâte de connaître la fin.

Quand Mickaël Travis par enquêter dans un cirque, il est loin de se douter qu’il va se trouver tiraillé entre le bureau et le cirque.

Travis est un agent sénior psycho-rigide, qui s’est mis au service du bureau, de son ordre, de sa discipline, c’est sa croyance, cette organisation ne peut ni mentir, ni cacher, ni abuser. C’est son équilibre car il est hanté par le spectre d’une hérédité qui l’effraie, le paralyse. Il est tellement lisse.

De l’autre côté se trouve le cirque , ses artistes au physique particulier pour certains, aux vies peu ordinaires beaucoup viennent d’autres pays soit communistes , soit en guerre. Le cirque c’est la fantaisie, l’illusion, l’aventure. Les gens les rejettent, les craignent, ils traînent une mauvaise réputation.

Et par-dessus tout, nous sommes en 1958, la chasse aux sorcières, la peur du communisme, la raison d’état ne fait pas dans la dentelle. Hoover est au commande. Des dossiers sur tout le monde, du chantage et la peur, on est vite suicidé.

Travis va voir toutes ses croyances malmenées et devoir trouver sa vérité. Tout s’effondre autour de lui. Est-il entrain de devenir fou ? Va-t-il fermer les yeux comme les autres ?

Un roman où la manipulation, la déception, les illusions, la surveillance règne. Et au milieu ce jeune homme qui semble si seul, bien naïf et en danger. Un roman qui n’est pas sans me rappeler un autre membre du bureau et son poster : « La vérité est ailleurs ».

R.J. Ellory est un auteur qui va rejoindre ma PAL et je conseille à tous cette lecture époustouflante.

Merci aux éditions Sonatine

#Le Carnaval des Ombres#NetGalleyFrance

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Seul le silence

Joseph est un jeune garçon qui commence à découvrir le plaisir d’écrire des histoires dans ses cahiers d’écoliers. Mais il aurait aimé ne jamais croiser le chemin de cette effroyable histoire qui sème la terreur et l’angoisse dans les cœurs des villageois.



Quel est le visage de cet homme qui commet ces actes ignobles ? Que se passe-t-il dans la tête de ce monstre pour qu’il se transforme en bête féroce ? L’ange de la mort parcourt la campagne, son ombre géante s’abat sur d’innocentes créatures, fauche leurs vies, sans laisser aucun indice derrière elle. Comment démasquer cet homme qui a peut-être une figure d’ange ?



Joseph voudrait arrêter ce massacre. Il veut être l’ange gardien des petites filles. Il se sent coupable de ne pas agir et de ne pas avoir réalisé sa promesse. Ce fardeau le poursuivra toute sa vie. Il sera hanté par les voix cristallines de ses petites filles qui ne demandaient qu’à jouer et à voir la beauté du monde.



Là-bas, en Europe, d’autres auraient dû aussi réagir à la barbarie. Les coupables étaient nombreux et visibles, car ceux-là ne se cachaient pas. Ils n’étaient pas des ombres insaisissables. Ils étaient des démons qui n’avaient pas des allures d’anges. Il ne fallait pas détourner les yeux et se taire.



Puis la guerre a pris fin, mais pas les crimes d’enfants en Géorgie. Joseph, lui, ne peut pas oublier, même si l’homme ne sévit plus dans son village. Il ne peut pas faire comme s’il n’était plus concerné, baisser les yeux, se taire et continuer son chemin. Il sentira toujours le fantôme de cet homme peser sur ses épaules et les voix qui le supplient de les libérer, de les aider à retrouver la paix.



Tout comme Joseph, on est piégé dans la toile du monstre jusqu’à la fin du récit. L’émotion et l’effroi sont transmis par une écriture sublime. Seul le silence nous plonge dans de sombres abîmes, dans un tonnerre d’épouvante, pour enfin nous laisser dans un silence, un murmure apaisant, comme une plume d'ange qui nous frôle pour nous réconforter, pour nous faire desserrer les poings.

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Respirer le noir

Respirer.

Profondément.

Emplir d'air (et de tout ce qu'il contient) mes poumons, ouvrant mes narines, gorge envahie, torax déployé... Je respire.

Un bon coup.

Pour retrouver mon calme.

Pour ne plus trembler.

Pour tourner ma langue sept fois dans ma bouche.

Pour remettre mes mains dans mes poches.

Avant de faire des bêtises que je pourrais regretter.

Envie de meurtre!!!



Que c'est difficile d'être adolescent...

Plus difficile encore, c'est d'être maman d'une adolescente!

Je sais de quoi je parle: allez, debout, c'est l'heure de te lever!

Ramasse tes chausettes!

Lâche donc ton portable, il est presque minuit!

Non, à 14 ans, tu n'as pas besoin d'un compte sur Instagram (sur Babelio, d'accord... Tu ne parles pas français? Et après?).

Non, à 14 ans, tu n'as pas l'âge d'aller boire un coca avec tes copains après 20 heures....

Parles-moi sur un autre ton: je suis ta mère!

Grosse? Mais non, tu n'es pas grosse: 55 kilos pour 1,62 m. Tu es folle!



Respirer le noir. Encore un recueil de nouvelles qui accompagne ma pause-dejeûner (z'avez qu'a lire mon billet sur "Exils"... Je ne vais pas me répéter, tout de même!).

Après avoir "Écouter le noir" que j'avais apprecié malgré une nouvelle qui m'a completement échappée, j'ai mis un certain temps à me replonger dans ce genre de littérature "courte". Pause-dejeûner oblige, donc.

Bien qu'inégales, comme dans tout recueil de nouvelles, j'ai trouvé leur niveau excellent. Peut-être parce que le "Noir" a une odeur. le malheur et la mort se sentant à mille lieues à la ronde, il a semblé plus "simple" ou plus "évident" aux auteurs de créer une nouvelle "noire" tournant autour de la respiration et/ou de l'odorat.

Résultat: inspirées (c'est le cas de le dire, puisqu'elles s'y prêtent), chaque nouvelle se respire, se hume ou coupe le souffle! J'ai même retenu ma respiration...

Bravo à Adeline Dieudonné qui m'a rappelé "Le parfum". J'ai sentis les remugles décrits si nettement que j'ai eu du mal à avaler mon potage!

La nouvelle de Mesdames Karine Giebel / Barbara Abel, duo imbattable ne pouvait qu'être parfaite. Je l'ai lue le souffle court, "aspirant" (ben, oui...) à ce qu'elles épargnent les "gentils", sans savoir qui allait périr. J'aime déjà beaucoup la plûme de chacunes de ces dames séparément. En tandem, c'est formidable. Elles ne sauraient faire autrement. À noter: le talent de ce duo pour planter un décor, installer une ambiance et "parfumer" l'atmosphère d'angoisse, sur un format aussi court qu'une nouvelle, mais avec le brio dont elles usent et abusent quand elles écrivent des romans, textes beaucoup plus copieux. Bref, une réussite! Et la petite pique politique (aaaah...le nom de ce toutou!!). Impayable!



Et maintenant? Comment lier mon intro et mon envie de meurtre avec l'ado de mon deuxième paragraphe? Oui, c'est bien elle que j'ai envie d'étrangler. Et pourtant, c'est ma fille, la chair de ma chair, le fruit de mes entrailles (ma fille, ma bataille, j'voulais pas qu'elle s'en aille... Merci Balavoine...).

Mère indigne? Monstre-maman?

Noooon!

Je voudrais l'étouffer... de baisers, la serrer sur mon coeur à lui couper le souffle, la porter tout contre moi pour sentir son parfum de bébé devenu grand.

Elle est née au début d'une chaude nuit d'octobre, pendant un été indien comme il y en a souvent au Portugal. L'accouchement (très compliqué...) ne s'est pas du tout passé comme je l'avais imaginé pendant les mois de ma grossesse (mais ça, c'est encore une longue histoire...). Quand, vers trois heures du matin, la sage-femme nous a emmenées du bloc opératoire jusqu'a notre chambre, elle a pris soin de coucher ma princesse à mes côtés, tout près de mon coeur, au creux de mes bras... Et jusqu'au matin, j'ai caressé son petit nez retroussé pour sentir sa douce respiration et m'assurer qu'elle était bien vivante...



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Papillon de nuit

Quel beau roman, quelle belle histoire que celle contée par R.J. Ellory !

C'est pourtant une histoire triste : Daniel Ford, 36 ans, est dans le couloir de la mort d'une prison de Caroline du Sud pour avoir tué son ami d'enfance. Pendant les quelques jours qui lui restent, il va raconter sa vie à un prêtre, et ce faisant, retracer l'histoire de l'Amérique des années 60.

Attention ! La couverture indique que ce livre a reçu un prix "polar", mais la trame policière est quasi-inexistante : il s'agit avant tout d'un bon gros roman qui raconte une histoire d'amitié sur fond de racisme et de guerre du Vietnam. J'y ai trouvé un de peu de Stephen King et de John Irving dans le côté nostalgique et profondément humain de l'intrigue. R.J. Ellory réussit parfaitement à recréer l'ambiance de cette époque, et à rendre ses personnages terriblement réels et attachants ; je n'avais aucune envie de les quitter. Mais surtout, il instille un peu de mystère (quand même) dans la grande Histoire, celle qui s'étend de l'assassinat de JFK au Watergate. J'ai adoré cet aspect "complotiste", je l'ai dégusté comme un petit plaisir coupable.

Et en plus de tout ce qui précède, R.J. Ellory écrit très bien : j'ai été happée par son style limpide et fluide, et emportée par la virtuosité de sa construction narrative. J'ai dévoré ses 500 pages en 2 jours.

Ce type est un conteur-né. Il m'avait déjà émue avec "Seul le silence" ; il réitère avec ce roman (son premier !). Je ne peux que chaudement vous le recommander, simplement pour le délice de lecture qu'il vous procurera.
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Le Chant de l'assassin

Titre : Le chant de l’assassin

Auteur : R.J Ellory

Editeur : Sonatine

Année : 2019

Résumé : Henry Quinn est incarcéré depuis plus de trois ans et est en passe d’être libéré. Son codétenu Evan Riggs est lui, condamné à la perpétuité pour un meurtre dont il se souvient à peine tant il était ivre. Les deux hommes sont amis et liés par l’amour de la musique et lorsqu’Evan confie une lettre à remettre à sa fille qu’il ne connait pas, Henry ne peut qu’obtempérer. Dès sa sortie, le jeune homme rejoint la ville de Calvary au Texas pour essayer de retrouver la trace de cette fille. L’accueil ne sera pas précisément celui escompté et le jeune musicien devra faire face à l’hostilité de toute une ville.

Mon humble avis : Roger Jon Ellory est un auteur à part, un surdoué du polar comme il y en a peu. Chaque année l’auteur nous livre un nouvel opus et chaque année, j’attends avec impatience d’avoir entre les mains la nouvelle production de l’auteur britannique. Mon histoire avec Ellory commença avec le superbe Seul le silence, un polar sombre et d’une beauté rare, puis ce fut Vendetta, papillon de nuit pour ne citer que les plus marquants. Certes tous les titres d’Ellory ne sont pas du niveau de ces trois ouvrages mais bien qu’inégale, sa production reste toujours extrêmement intéressante. Ce chant de l’assassin s’annonçait comme un roman majeur je le pressentais, une histoire de rivalité, un décor grandiose – le Texas -, tous les ingrédients semblaient réunis pour que ce titre rejoigne ma liste de favoris. Ce ne fut qu’en partie le cas et je vais tenter de vous en expliquer les raisons. Le chant de l’assassin commence tambours battants, Henry et Evan sont incarcérés, Evan protège Henry, les deux sont musiciens, ils portent une histoire qu’on devine lourde et tout le savoir faire d’Ellory est bien présent lors de ce préambule. Les phrases sont simples, le récit est fluide et le lecteur est happé par le rythme et les promesses d’un récit palpitant. Puis Henry est libéré et le texte se scinde en deux époques distinctes : l’une relatant le passé et les actions qui ont mené à la situation actuelle et l’autre narrant la recherche de la fille d’Evan. Si l’histoire passée tient toutes ses promesses, je dois avouer que l’enquête contemporaine m’a laissé sur ma faim. Ellory parvient à merveille à relater la rivalité entre Evan et son frère, la situation familiale électrique et les grands espaces texans mais que de poncifs et de clichés dans l’enquête ! Malgré cela et malgré une hésitation flagrante de l’auteur entre un récit d’enquête, une saga familiale et une romance, j’ai pris un vrai plaisir à la lecture de ce roman. Comme dans une tragédie antique, l’auteur n’a pas son pareil pour décrire des personnages tourmentés, la rivalité de deux frères que tout oppose, l’amour d’une femme pour deux hommes si différents. Certains passages sont superbes, admirables et même si ce roman n’atteint pas les sommets escomptés pour les raisons évoquées plus haut, restera dans ma mémoire la langueur des paysages texans, les âmes tourmentées des quatre protagonistes principaux et la musique, toujours la musique omniprésente dans les ouvrages de Roger Jon Ellory.

J’achète ? : Sans hésitation, même si ce n’est surement pas le meilleur Ellory, le chant de l’assassin reste un polar solide, habité et passionnant.


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Les anonymes

Je viens de remonter péniblement à la surface après ma plongée dans plus de 700 pages d'eaux troubles et profondes.



Pantelante, j'en suis encore à me demander pourquoi je n'ai pas eu connaissance de ce magnifique thriller avant mon inscription à Babelio.



"Bienvenue au pays du mensonge"... Voilà comment je titrerais ma critique si j'en avais la possibilité.



J'ai toujours considéré l'Amérique avec des yeux rêveurs pour ses grandes étendues sauvages que j'imaginais sillonner sur un cheval fougueux...



Mais de l'autre côté, je sais que bien des "crasses" nous viennent de chez eux, et je ne parle même pas de la nourriture, mais de produits bancaires puants.



Bref, l'Amérique, ce n'est ni tout blanc, ni tout noir, mais plutôt gris (comme Michael Jackson).



Allez, je vous parle du livre que je viens de plus que dévorer (200 pages durant une journée de travail, on va encore dire que je ne fou rien, mais les chats partis, les souris dansent).



Nous sommes dans la ville de Washington DC et l'inspecteur Robert Miller (qui reprend après une suspension de quelques mois pour une bavure dont il a été innocenté) est appelé sur les lieux d'un crime atroce : Catherine Shéridan a été battue, mutilée, assassinée.



Particularités de ce meurtre ? Elle porte une étiquette à bagage sans nom autour du cou et une étrange odeur de lavande flotte autour du cadavre.



Il s'agit de la quatrième femme retrouvée ainsi, tout laisse croire qu'il s'agit d'un serial killer. Mais ce meurtre semble différent : l'assassin a laissé des indices. Fanfaronnades ? Plagiaire bien informé ?



Pour l'inspecteur Miller, l'enquête commence et elle ne va pas être de tout repos...



Pour le lecteur non plus. A croire que les flics m'avaient alpagué par la peau du dos et entraîné de force dans le roman. Première lecture de Ellory et je sens que je vais me faire ses autres romans.



Qu'est-ce que j'ai aimé ? L'écriture, riche, recherchée et en même temps tellement abordable. Sans oublier un sens du détail poussé qui nous fait voir, sentir, entendre... J'étais dans le bouquin !



Miller, cet inspecteur limite torturé, qui cherche, s'émeut encore devant la mort, se perd en conjoncture, dans les fausses pistes ou les vraies, et qui, quand il trouve la solution, c'est pour mieux y perdre sa tranquillité d'esprit... Dingue, tout simplement.



Un inspecteur qui à tout sous les yeux mais ne voit rien (je ne la ramène pas parce que TOUT était sous les miens aussi et je ne vis rien).



Non, ne vous attendez pas à un rythme trépidant ou à des courses-poursuites. Miller n'est pas le professeur Langdon (Da Vinci Code) qui court à chaque nouveau paragraphe et échappe à un piège à chaque alinéa.



La vitesse de croisière est plus lente, nous permettant de mieux nous imprégner de cette atmosphère particulière. Vitesse de croisière, oui, mais pas besoin d'enfiler vos gilets de sauvetage, nous ne naviguons pas dans les récifs, ni en rasant les côtes et le livre ne se terminera pas par un naufrage.



Savez-vous ce qu'il m'est venu à l'esprit lors de ma lecture alors que m'imprégnais des atmosphères, du rythme plus lent, des personnages taillé à la serpe, de l'inspecteur Miller torturé, seul, sans personne, ne tirant son coup qu'une fois par siècle, et cherchant à résoudre son énigme avec la ténacité d'un bouledogue ? Non ?



Et bien, j'ai pensé à Indridason, l'auteur Islandais et "père" du commissaire Erlendur. Même manière d'aller à son aise, de nous distiller le cheminement de l'intrigue tel un alambic séparant l'alcool et de l'eau pour nous restituer le produit de la distillation : le nectar ! J'ai vraiment eu cette impression.



Vers le milieu, les intrigues géopolitiques prendront le pas sur la vie des personnage mais cela ne m'a pas empêché de vibrer avec, découvrant la suite en même temps que l'inspecteur.



J'ai également beaucoup apprécié les coupures explicatives, celles en italique, clôturant presque chaque chapitre. Au départ, on ne sait pas "Qui" nous raconte sa vie et cela augmente le suspense.



Je ne vous parlerai que très peu des révélations sombres et révoltantes sur les coulisses d'une CIA. Condamnable ? Oui, elle l'est, et ce, par un homme que l'on apprendra à connaître tout au long du roman, et qui, petit à petit, nous dévoilera son visage d'homme de main, humain, très humain mais non moins coupable... Je l'ai apprécié, ce personnage.



Le final est époustouflant et on en sort groggy.



Un excellent moment de lecture !
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Respirer le noir

S'il continue dans cette veine, Yvan Fauth (alias mon ami @Gruz sur Babelio) va vraiment me rendre accro aux nouvelles, moi qui n'en lisait presque jamais il y a deux ans à peine ! Mais depuis qu'il m'a fait découvrir cette collection autour des sens qu'il dirige avec brio, je viens réclamer ma dose à chaque nouvelle parution. Et pour mieux s'assurer de ma dépendance, ce diable d'homme a eu une idée imparable à l'occasion de la parution du quatrième opus : organiser un concours sur son blog EmOtionS, dont le gagnant remporterait un exemplaire de "Respirer le Noir" dédicacé par chacun des 13 auteurs, rien que ça ! Et devinez quoi : j'ai gagné ! Dès lors, j'étais foutue...



Ah, il faut que je m'interrompe ; je viens de sentir une délicieuse odeur, oubliée depuis des mois ici : la PLUIE ! Je vais respirer cette fragrance digne des meilleurs parfums, après tant de sécheresse, à plus tard.



(15 minutes plus tard) Voilà c'est déjà fini, mais je m'en suis mis plein les narines ! Mais revenons à d'autres effluves, plus ou moins ragoûtants selon les textes.



Premier invité : R.J. Ellory himself, dans "Le parfum du laurier-rose", cette fleur "à la fois belle et mortellement vénéneuse". Andersen était un bon policier. Mais il a tué. Et pendant 29 ans, c'est l'odeur du sang qui le poursuivra du fond de sa cellule. Sauf parfois en rêve, où une petite victime innocente lui enverra le doux parfum abricoté du laurier-rose. Mais Andersen a purgé sa peine... Une de mes nouvelles préférées, où l'empathie ne va pas nécessairement là où on l'attendrait.



Sophie Loubière vient ensuite nous faire "Respirer la mort". Pas très engageant, présenté comme ça ! Surtout que ça commence par la tête d'un gamin enfoncée dans une bouse par son grand frère... En grandissant, Willy (l'embousé) développe des capacités olfactives extraordinaires, et parfois très gênantes : "tu sens la sardine", dira-t-il un soir à son père rentré plus tard qu'à l'accoutumée. Las, c'était plutôt la morue, comme le comprendra la mère ! Mais ce sens surdéveloppé va peu à peu prendre une place bien trop importante dans l'existence de Willy... Excellent texte également, qui figure dans mon top 5.



Franck Bouysse va m'emmener en territoire plus connu, en évoquant la triste vie d'un individu atteint du Fish-Odor Syndrom dans "Je suis un poisson". Je connaissais déjà cette affection par le biais d'un roman jeunesse ("la fourmi rouge" d'Emilie Chazerand") et je m'attendais donc à ce que l'auteur nous décrit de la vie sociale plutôt limitée des victimes de ce syndrome. Par contre la conclusion...chapeau ! Elle résonne d'ailleurs avec la fin du texte précédent, et avec une actualité pas encore enterrée. Un peu court à mon sens, mais Franck Bouysse a eu du nez !



"Cristal qui sent" de Mo Malo (tiens : ça m'évoque un autre cristal, celui de Théodore Sturgeon pour les férus de SF, et le clin d'oeil est certainement voulu !). Je ne connais pas encore cet auteur, mais il semble que ses romans se déroulent souvent dans le Grand Nord. ce texte ne fait pas exception, nous y suivons une expédition cherchant à localiser la sépulture de Villmussen, dernier compagnon de route d'un explorateur dont la mission s'était achevée tragiquement. Au cours de leur périple, ils vont tomber sur un mystérieux rocher doté d'une propriété inédite : il "sent". Et après en avoir réalisé un prélèvement, leurs propres capacités olfactives vont se modifier d'une façon incroyable. Et justement, je n'y ai pas vraiment cru, je n'ai pas réussi à rentrer dans cette histoire, peut-être parce qu'il faisait environ 40° à l'extérieur quand je l'ai lue ?



Changeons de décor avec "Deux heures et trente minutes", et partons pour le palais de l'Elysée, avec Dominique Maisons, auteur encore inconnu pour moi. Il y fait bien plus confortable, l'atmosphère y est feutré, mais un drame vient de s'y produire, qui pourrait menacer la sécurité de la nation tout entière. Et notamment son jeune dirigeant, dont l'évocation m'a fait sourire. retenez votre respiration, sinon tant pis pour vous ! Une nouvelle un peu plus légère, plaisante, mais qui ne marquera pas durablement ma mémoire, olfactive ou autre.



Mais la suivante, attention, là on entre dans du lourd ! Et pourtant François-Xavier Dillard nous emmène dans son "Happy world", un parc d'attraction qui m'a rappelé "Europa-park", un endroit de rêve où comme le héros, j'aimais emmener ma petite famille lorsque nos enfants étaient plus jeunes. Le seul inconvénient de ces endroits, c'est qu'il faut faire d'interminables queues pour profiter des attractions les plus prisées. Et ça, Nicolas (le papa) ne le supporte pas. Samia (la maman) va donc se dévouer et poireauter dans la file d'accès du Speed Mountain, le dernier-né des manèges du parc. Pendant ce temps-là, Nico et les enfants vont faire un petit tour dans ces grosses bulles transparentes qui roulent sur l'eau, ça a l'air trop fun !

Pendant ce temps-là, un commando de sinistres individus s'apprête à diffuser le contenu de mystérieuses bonbonnes par le circuit d'irrigation du parc... Comme pour la plupart des lecteurs, cette histoire m'a prise à la gorge, je retenais mon souffle tout au long des 6 chapitres et de l'épilogue qui les conclut. C'est un texte élaboré malgré sa relative brièveté, il comporte tous les éléments que j'aime dans un roman. Dans le top 2 sans hésiter !



Après, la chute fut un peu brutale avec le "Glandy" d'Adeline Dieudonné que pourtant j'apprécie pour ses romans. Mais cette fois je n'ai pas accroché du tout. L'histoire serait tirée d'un fait divers, elle se passe juste avant la première guerre mondiale. Glandy est au service d'un petit notable, et supporte mal sa condition, surtout qu'il s'est amouraché de la fille de son patron. C'est Carnaval, et il s'imagine que sous un déguisement il pourra l'approcher et la séduire. Le rapport avec le thème ? Très lointain, quelques odeurs évoquées, notamment celle du vomi après la cuite, miam-miam ! J'ai passé très vite à la nouvelle suivante...



Et celle-ci m'a flanqué un uppercut, car elle est très réaliste et pourrait fort bien être lue dans la page fait-divers d'un quotidien régional. C'est "Le monde d'après", d'Hervé Commère, et ça se passe dans le monde de maintenant, celui que nous connaissons depuis l'apparition d'un sale petit virus. Un village très tranquille, surtout depuis que la carterie Bellegrand, unique entreprise du coin, a dû fermer ses portes face à la concurrence étrangère. Le petit lotissement construit à l'époque de la prospérité a été déserté, les habitants s'en vont chercher du travail sous d'autres cieux. Mais un jour, un agent immobilier se met en tête de redonner vie à ces pavillons abandonnés. Ce qu'il ignore, c'est qu'il y a très longtemps, un jeune garçon avait volé une clé de chacun des pavillons. Je n'ai absolument pas trouvé de lien avec le sens de l'odorat, je n'ai pas compris ce que cette nouvelle faisait dans ce recueil, mais à part ça j'ai vraiment beaucoup aimé.



"Miracle" de Vincent Hauuy, que je ne connaissais pas, et qui ne m'a vraiment pas transcendé avec son polar d'anticipation où il nous convie à une plongée neuronale dans la psyché d'un tueur comateux. Je me suis un peu perdue dans cette sombre histoire où le parfum" Miracle" de Lancôme tient un rôle essentiel. Sans plus, une des nouvelles que j'ai le moins aimée.



Jérôme Loubry, par contre, m'a énormément touchée avec "Les doux parfums du cimetière", l'histoire de Pierre qui a perdu sa mère et vient régulièrement lui parler sur sa tombe, lui raconter les autres visiteurs du lieu qu'il caractérise chacun par une odeur. On croise Monsieur Gâteau, ainsi nommé parce que le tabac de sa pipe rappelle à Pierre l'odeur des gâteaux que sa mère lui confectionnait. Madame Cerise et Patchouli, à cause de son parfum capiteux, qui vient "visiter" son mari et lui montrer sa poitrine opulente (ce que Pierre, caché derrière un arbre, ne manque jamais de guetter). Benoît, un joggeur qui passe par le cimetière pour raconter ses performances sportives à ses grands-parents devient Monsieur Vinaigre. Et bien d'autres encore, dont il épie les conversations avec leurs défunts. A cause de sa sensibilité particulière aux fragrances de chacun, il va devenir "le Nez de la Mort". Une histoire délicate, qui pourrait être triste mais que j'ai trouvée au contraire pleine de fraîcheur et très émouvante.



Place à Chrystel Duchamp, avec "L'amour à mort" qui nous mènera du paradis à l'enfer avec un passage par le purgatoire. En trois brefs chapitres, une histoire qui au départ paraissait banale va se transformer en un pur cauchemar. Très efficace, et bouchez-vous le nez, l'enfer ça ne sent pas bon !



Et enfin, pour clore ce festival dédié à notre sens de l'odorat, le duo de choc déjà présent dans les autres opus, isolément ou ensemble, j'ai nommé Barbara Abel et Karine Giebel, qui nous ont concocté "Petit nouveau", un titre dont nous comprendrons le sens à la toute fin du récit. On y retrouve un thème traité dans une autre des nouvelles présentées ici, mais cela n'a n' absolument pas nui à l'intérêt que j'y ai porté. je préfère ne pas trop en dire, mais si vous connaissez un peu ces deux auteures, vous vous douterez qu'il y aura de la noirceur, du suspense, plusieurs histoires qui s'imbriqueront, et un talent extraordinaire pour emporter le lecteur. Et tout ça en partant également d'un fait réel... Sans conteste, la meilleure histoire en cerise sur le gâteau bien odorant que nous a cuisiné Yvan !



Je me rends compte que ma critique est devenue aussi longue que mon nez, et qu'il faut que je reprenne mon souffle, que je respire une bonne bouffée d'air frais, et vous aussi sans doute. Comme entretemps la nuit est tombée, je vous invite à m'accompagner dans mon jardin, où enfin l'odeur piquante de l'herbe desséchée a cédé la place aux doux effluves de la terre mouillée.

Mais, c'est étrange, une odeur inconnue vient agresser mes narines...















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Omerta

Les histoires de mafia ne sont pas ma tasse de thé. Il fallait donc bien un anglais pour me faire changer d’avis !



Quatorzième roman publié en français, Omerta est en fait le quatrième de Roger Jon Ellory, publié en 2006 un an avant son plus grand succès Seul le silence. Et une année après un premier roman qui mettait déjà les pieds dans le milieu mafieux, Vendetta.



Même si c’est une donnée à prendre en considération, l’écrivain anglais éclaboussait le Roman Noir de son talent unique dès ses débuts. Autant dire que ce gros pavé – 590 pages – laisse des traces en mémoire et fait vibrer les émotions.



Ne vous y trompez pas, Omerta n’est pas une histoire sur la mafia. S’en est le cadre, mais c’est avant tout le récit d’un homme à la recherche d’un passé dont il ne sait rien, et qui se retrouve plongé dans un milieu de gangsters sans n’avoir rien demandé.



C’est avant tout la recherche de ses origines qui est le vrai centre de l’histoire, avec un père qu’il croyait mort peu après sa naissance. Une quête de ses racines, même si elles doivent passer par celles du Mal. Quand on connaît l’histoire personnelle de Ellory, ce sujet prend beaucoup de signification.



Pour le personnage principal, le grand écart est brutal quand on passe d’une carrière mort-née de romancier (un seul roman et depuis plus rien), et d’un poste alimentaire de journaliste habitué à relater les parties de pêche, à se retrouver face à des mafieux.



L’hameçon qui le tirera brutalement de sa vie quiète en Floride, c’est un coup de fil de sa tante qui l’a élevé. Lui qui ne voulait plus jamais retourner dans la Grande Pomme se retrouve dans un avion sans même y avoir réfléchi. Pour découvrir sur place que son père mort est bien vivant mais en train de mourir…



C’est l’histoire d’un homme solitaire qui se retrouve avec une famille qu’il n’a pas voulue, même jamais fantasmée.



C’est le récit, sur quelques jours, d’une plongée lente et inexorable dans les méandres du crime organisé, avec une grande opération qui se prépare. Par une mafia new-yorkaise old school, en train de perdre inéluctablement la main (noire) au début des années 2000.



John, se voilant la face, en devient peu à peu acteur sans le vouloir. Immergé dans ces rues de NYC qui sentent la fumée et le sang, il teste la loyauté du sang à l’aune de ses propres valeurs.



Le titre original est bien plus révélateur de ce qui caractérise ce récit, City of lies, la ville des mensonges. Le héros malgré lui va devoir tout du long démêler le vrai du faux, entre tromperies, non-dits et illusions. Jusqu’à la révélation du grand tout. Vincit omnia veritas, la vérité triomphe toujours, comme le dit l’un des mafieux au début du livre.



Mis à part un final tendu et formidablement réussi, avec nombre de surprises à la clé, Ellory a davantage fait le choix de la psychologie.



Se jouant des clichés du genre, il se focalise sur le parcours d’un homme qui perd sa naïveté et se cherche une place. Les dialogues sont nombreux et diablement bien sentis, la prose se veut aussi poétique et joue la carte de l’introspection.



L’auteur laisse avancer « tranquillement » le cheminement mental de John, jusqu’au point de rupture. Parce que, baigner ainsi dans les secrets, la trahison et une atmosphère vengeresse ne peut que vous faire flirter avec la catastrophe.



Omerta est un roman dense qui est bien davantage qu’une énième plongée dans le crime organisé. C’est un magnifique roman autour de la quête de soi.



R.J. Ellory se tient aux cotés de ses personnages, au plus près. Avec tout le talent qu’on lui connaît pour faire jaillir les émotions et bouleverser les acquis. Un Maître du Roman Noir, même à ses débuts.
Lien : https://gruznamur.com/2022/0..
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Les Anges de New York

Être flic à New York quand on est le fils d'une légende de la police est un lourd héritage que Frank Parish porte dans la douleur. Il a raté son mariage, entretient des rapports conflictuels avec ses enfants et n'est qu'à un pas du renvoi tant ses excès, son alcoolisme et son refus de l'autorité l'ont conduit au bord du gouffre. Pourtant, Frank est un bon flic, pugnace, obstiné, jusqu'au-boutiste et doté d'un flair infaillible. Depuis la mort de son coéquipier, on lui a retiré son permis de conduire et une partie de son salaire et on l'oblige à suivre une thérapie. Mais cela ne l'empêche pas de s'investir à fond dans sa dernière enquête : le meurtre par strangulation d'une adolescente de seize ans.



Rien d'exceptionnel dans ce polar de R.J. Ellory qui aligne les stéréotypes du genre :

- Un flic borderline, désabusé, alcoolique, qui cumule les problèmes (avec sa hiérarchie, ses enfants, son ex-femme) et entretient une liaison avec une prostituée

- Une chasse au tueur en série…

Rien d'exceptionnel non plus dans le style (linéaire) ni dans la construction (alternance entre l'enquête et les séances du flic chez la psychologue de la police), ni dans l'intrigue (les dites séances se passent étonnamment bien et le policier se livre avec facilité sur des évènements qu'il avait tus depuis presque vingt ans, l'enquête est lente mais les indices abondent)

Et pourtant, ça marche ! Ellory connait la recette et on se laisse prendre à son jeu. Il nous emmène dans les bas-fonds de New York, nous entraîne dans le monde des snuff-movies, de la drogue, des ados à la dérive, de la déchéance humaine et dresse un portrait peu flatteur de la corruption au sein de la police new yorkaise. On finit par s'attacher à ce flic parfois exaspérant et on se laisse porter ses maladresses, ses blessures intimes et son besoin féroce de rendre justice aux victimes.

Un polar à l'ancienne qui se lit bien.

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Le Chant de l'assassin

Le chant de l'assassin de J.R Ellory est incontestablement un roman noir par bien des aspects. Noirceur de la réalité sociale : les années 50, dans le West Texas, plus précisément à Calgary "un de ces endroits que Dieu a oubliés, ou carrément jugé irrécupérables". Noirceur de l'univers carcéral que l'auteur évoque avec beaucoup de justesse et de réalisme, notamment au niveau de ses codes, ses rites, sa violence et des séquelles irréversibles qu'il laisse dans la psyché de ceux qui l'ont connu. Noirceur des destins aussi pour ceux qui cumulent la malchance d'être nés dans le West Texas et celle d'avoir été ou d'être incarcérés à la prison de Reeves.

C'est ce double handicap qui pèse sur les deux principaux héros de cette histoire : Evan Riggs et Henry Quinn, presque "deux frères de sang" tant sont forts les liens qui se sont tissés entre eux ; si forts d'ailleurs que Evan, condamné à perpet, va confier à Henry qui doit sortir de prison, une lettre pour sa fille Sarah qu'il ne connaît pas et dont il charge Henry de retrouver la trace.

Commence alors un long road-movie jusqu'à Calgary où Henry retrouve le frère de Evan, Carson Riggs, le "méchant" de l'histoire. Si je suis un peu ironique c'est parce que j'ai trouvé qu'en dépit de certaines qualités, ce roman pêchait parfois par manque de complexité, notamment au niveau des personnages. Si ceux de Evan et Henry sont fort présents et attachants, en raison de leur trajectoire tragique alors qu'à leur naissance "les bonnes fées" s'étaient penchées sur leur berceau et qu'ils avaient tout pour réussir, le personnage de Carson n'a rien - du moins à mes yeux - qui permette à la fois de le détester tout en se disant en son for intérieur qu'il n'est pas aussi salaud qu'il y paraît !

Même bémol pour les dialogues, nombreux dans le roman. Ils sont tantôt criants de vérité, tantôt surfaits ou déficients au niveau de l'intensité dramatique dont ils sont porteurs. Enfin si certaines scènes sont très riches en émotions fortes, notamment celle où Evan retrouve sa compagne du moment, suicidée dans sa baignoire, d'autres manquent de panache, comme celles où Evan et Carson s'affrontent à propos de la femme qu'ils aiment tous les deux, Rebecca ou à propos du devenir de la ferme de leurs parents.

Toutes ces remarques expliquent la sévérité de ma note par rapport à celles bien plus généreuses attribuées au roman et dont je ne conteste pas le bien-fondé.

Simplement je pense que j'avais mis la barre trop haut ou que j'attendais autre chose que ce livre ne m'a pas donné. J'ai sans doute trop souvent pensé en le lisant à un roman de Steinbeck : A l'est d'Eden et bien sûr je me suis sentie nostalgique en pensant aux émotions fortes que j'avais ressenties à la lecture de celui-ci...
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Le jour où Kennedy n'est pas mort

Dallas, novembre 1963. Lee Oswald va rater sa cible, et Kennedy ne sera pas assassiné.



Washington, juillet 1964. Alors que pour Kennedy la course électorale afin de se faire réélire pour un deuxième mandat fait rage, Mitch, un jeune journaliste-photographe free-lance va apprendre une terrible nouvelle. Son ex-compagne Jean, celle-la même qu’il devait épouser il y a dix ans, est retrouvée morte. Elle se serait suicidée. Mitch, qui a bien du mal à y croire, va débuter une enquête qui le fera marcher sur les pas de Jean. Cette dernière était aussi journaliste et semblait s’intéresser de près à Kennedy. Que s’est-il réellement passé ?



Sous forme d’uchronie, qui n’est pas sans rappeler celle de Stephen King et son fameux « 22/11/63 », Ellory nous propose une véritable petite pépite sous fond d’intrigues politiques, de disparitions mystérieuses et de noirceur.



Je ressors essoufflée de ce thriller mené tambour battant. Je n’ai décelé aucune fausse note à un postulat de départ qui peut sembler avoir été revisité maintes fois. Pourtant, Ellory fait ressortir son récit de manière indéniable, puisqu’il en maîtrise tous les tenants et aboutissants et tous les codes de ce genre littéraire qu’est le roman noir.



J’y ai retrouvé une originalité époustouflante durant tout le récit. Bien évidemment, Ellory prendra des libertés, puisque pendant toute la fin de l’année 1963 et la moitié de l’année 1964, il va imaginer ce qu’aurait été le quotidien de Kennedy pendant sa présidence et comment se serait déroulée la campagne électorale. Ellory ne nous rend pas forcément la figure de Kennedy sous un jour très favorable, bien au contraire. Il la fait plutôt évoluer sous bien des travers, tels que trahisons et complots.



L’enquête de Mitch est des plus réussies. Elle m’a tenue en haleine tout au fil des pages, et j’ai été en immersion totale. Ellory s’est rénové avec ce récit, que j’ai trouvé être l’un de ses meilleurs opus, mais a gardé ce qui fait la force de ses romans, à savoir les personnages torturés. C’est le cas ici avec Mitch. Je l’ai trouvé très attachant et son parcours et ses méandres intérieurs m’ont beaucoup émue. J’ai eu une grande empathie pour lui. C’est l’un des personnages qui m’ a le plus touchée dernièrement.



Tout au fil des pages, la famille de Kennedy va faire son apparition, que ce soit son frère Bobby, sa femme Jackie , ou même sa fille Caroline. Ellory a su romancer le tout et tisser des intrigues au sein de ce clan si mythique. Ce ne sera pas le point central de ce roman, malgré tout, puisqu’il se concentre davantage sur les recherches de Mitch.



La plume est toujours aussi particulière. Le style de l’auteur est puissant et empli de noirceur. Lorsque je lis un roman d’Ellory, je sais que l’auteur ne se contentera pas de rester en surface. Il apporte une densité unique et un relief impressionnant à son récit. Cependant, à la différence de ses autres romans, j’y ai retrouvé davantage de rythme et beaucoup moins de langueur dans le déroulé de l’histoire. J’ai du coup encore plus apprécié cette lecture, les pages ayant défilé sans même m’en rendre compte.



Une uchronie où l’auteur revisite l’un des événements les plus marquants de l’histoire politique, et où sous fond d’intrigues, de disparitions, de mystères, un personnage principal torturé devra mener une enquête haletante. C’est une réussite totale et c’est un roman à ne pas manquer.
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R.J. Ellory en 10 questions

De quelle nationalité est RJ Ellory ?

américaine
britannique
sud-africaine
néo-zélandaise

10 questions
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