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Citations de René Char (1439)


René Char
Nous vivons avec quelques arpents du passé, les gais mensonges du présent et la cascade furieuse de l'avenir.
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René Char
Un homme sans défaut est une montagne sans crevasse. Il ne m'intéresse pas.
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René Char
Vivre c'est s'obstiner à achever un souvenir.
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Seul puissant et bien en place: le Temps. Je me suis heurté à lui dans mon éclat, dans mon effroi, parmi les ruines où crisse encore mon obstination.
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ALLÉGEANCE

Dans les rues de la ville il y a mon amour. Peu importe où il va dans le temps divisé. Il n'est plus mon amour, chacun peut lui parler. Il ne se souvient plus : qui au juste l'aima ?

Il cherche son pareil dans le vœu des regards. L'espace qu'il parcourt est ma fidélité. Il dessine l'espoir et léger l'éconduit. Il est prépondérant sans qu'il y prenne part.

Je vis au fond de lui comme une épave heureuse. A son insu, ma solitude est son trésor. Dans le grand méridien où s'inscrit son essor, ma liberté le creuse.

Dans les rues de la ville il y a mon amour. Peu importe où il va dans le temps divisé. Il n'est plus mon amour, chacun peut lui parler. Il ne se souvient plus ; qui au juste l'aima et l'éclaire de loin pour qu'il ne tombe pas ?
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Les poèmes sont des bouts d'existence incorruptibles que nous lançons à la gueule répugnante de la mort, mais assez haut pour que, ricochant sur elle, ils tombent dans le monde nominateur de l'unité.
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L'ETERNITE A LOURMARIN
Albert Camus

Il n'y a plus de ligne droite ni de route éclairée avec un être qui nous a quittés. Où s'étourdit notre affection ? Cerne après cerne, s'il approche c'est pour aussitôt s'enfouir. Son visage parfois vient s'appliquer contre le nôtre, ne produisant qu'un éclair glacé. Le jour qui allongeait le bonheur entre lui et nous n'est nulle part. Toutes les parties - presque excessives - d'une présence se sont d'un coup disloquées. Routine de notre vigilance... Pourtant cet être supprimé se tient dans quelque chose de rigide, de désert, d'essentiel en nous, où nos millénaires ensemble font juste l'épaisseur d'une paupière tirée.
Avec celui que nous aimons, nous avons cessé de parler, et ce n'est pas le silence. Qu'en est-il alors ? Nous savons, ou croyons savoir. Mais seulement quand le passé qui signifie s'ouvre pour lui livrer passage. Le voici à notre hauteur, puis loin, devant.
A l'heure de nouveau contenue où nous questionnons tout le poids d'énigme, soudain commence la douleur, celle de compagnon à compagnon, que l'archer, cette fois, ne transperce pas.
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L’Absent

Ce frère brutal mais dont la parole était sûre, patient au sacrifice, diamant et sanglier, ingénieux et secourable, se tenait au centre de tous les malentendus tel un arbre de résine dans le froid inalliable. Au bestiaire de mensonges qui le tourmentait de ses gobelins et de ses trombes il opposait son dos perdu dans le temps. Il venait à vous par des sentiers invisibles, favorisait l’audace écarlate, ne vous contrariait pas, savait sourire. Comme l’abeille quitte le verger pour le fruit déjà noir, les femmes soutenaient sans le trahir le paradoxe de ce visage qui n’avait pas des traits d’otage.
J’ai essayé de vous décrire ce compère indélébile que nous sommes quelques-uns à avoir fréquenté. Nous dormirons dans l’espérance, nous dormirons en son absence, puisque la raison ne soupçonne pas que ce qu’elle nomme, à la légère, absence, occupe le fourneau dans l’unité.

(p. 140)
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René Char
Si tu rencontres la mort durant ton labeur
Reçois-la comme la nuque en sueur trouve bon le mouchoir aride
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Le poète, conservateur des infinis visages du vivant.
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Comme le monde était beau lorsqu'il n'avait que la largeur d'un visage et, pour l'assister, l'escorte du chant d'un oiseau ! Il y avait une fraternité de dessin et de distance entre les choses, une égalité de traitement entre les êtres, qui comblaient le jour en vue du lendemain. Qu'une silhouette amoureusement suivie s'égarât dans le soir tiède, son contour inusité, sa couleur inconnue n'étaient pas perdus pour autant. Le cauchemar existait, la douleur n'avait pas d'abri, des étoiles mouraient de faim chaque nuit.

1948.
(extrait de Alliés substantiels / Jean Villeri - II) - p. 85
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EN 1871
Arthur Rimbaud jaillit en 1871 d'un monde en agonie, qui ignore son agonie et se mystifie, car il s'obstine à parer son crépuscule des teintes de l'aube de l'âge d'or. Le progrès matériel déjà agit comme brouillard et comme auxiliaire du monstrueux bélier qui va, quarante ans plus tard, entreprendre la destruction des tours orgueilleuses de la civilisation de l'Occident.
Le romantisme s'est assoupi et rêve à haute voix : Baudelaire, l'entier Baudelaire, vient de mourir après avoir gémi, lui, de vraie douleur ; Nerval s'est tué ; le nom de Hölderlin est ignoré ; Nietzsche s'apprête, mais il devra revenir chaque jour un peu plus déchiqueté de ses sublimes ascensions (Hugo, le ramoneur sénestre, ivre de génie autant que de fumée, sera demain massivement froid comme une planète de suie) ; soudain, les cris de la terre, la couleur du ciel, la ligne des pas, sont modifiés, cependant que les nations paradoxalement ballonnent, et que les océans sont sillonnés par les hommes-requins que Sade a prédits et que Lautréamont est en train de décrire.

L'enfant de Charleville se dirige à pied vers Paris. Contemporain de la Commune, et avec d'analogues représailles, il troue de part en part comme une balle l'horizon de la poésie et de la sensibilité. Il voit, relate et disparaît, après quatre ans d'existence, au bras d'une Pythie qui n'est autre que le Minotaure. Mais il ne fera que varier de lieu mental en abdiquant l'usage de la parole, en échangeant la tornade de son génie contre le trimard du dieu déchu.

Il n'a rien manqué à Rimbaud, probablement rien. Jusqu'à la dernière goutte de sang hurlé, et jusqu'au sel de la splendeur.

(1951)

III. GRANDS ASTREIGNANTS
OU
LA CONVERSATION SOUVERAINE
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Aucun oiseau n’a le cœur de chanter dans un buisson de questions.
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René Char
La terre nous aimait un peu je me souviens.
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Olivier le Noir m'a demandé une bassine d'eau pour nettoyer son revolver. Je suggérai une graisse d'arme. Mais c'est bien l'eau qui convenait. Le sang sur les parois de la cuvette demeurait hors de portée de mon imagination.
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René Char
Le fruit est aveugle. C’est l’arbre qui voit
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René Char
La terre qui reçoit la graine est triste.
La graine qui va tout risquer est heureuse.
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j'entrevois le jour où quelques hommes entreprendront sans ruse le voyage de l'énergie de l'univers. Et comme la fragilité et l'inquiétude s'alimentent de poésie, au retour il sera demandé à ces hauts voyageurs de vouloir bien se souvenir.
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Grâce à Max Ernst et a Chirico, la mort surréaliste, entre tous les suicides, n'a pas été hideuse. Elle a éclos sur les lèvres d'une jeunesse imputrescible au lieu de finir au bout d'un chemin noirci. (p. 706)
II. Alliés substantiels
15 août 1970
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René Char
Au plus fort de l'orage, il y a toujours un oiseau pour nous rassurer. C'est l'oiseau inconnu. Il chante avant de s'envoler.

Les matinaux
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