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Critiques de Sabrina Calvo (205)
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Melmoth furieux

Melmoth Furieux c'est d'abord une écriture, un souffle. L'espèce de poésie punk en prose de Sabrina Calvo qui décape, chamboule, et qui va vite. Mais qui sait aussi, les matins de cuite, prendre son temps et supporter ses personnages tout en douceur.

C'est l'histoire un peu folle de Fi, qui veut aller brûler / raser Eurodisney.

C'est l'histoire de la Commune de Belleville, barricadée, qui résiste aux assauts des fafs et des agents de la Métrique, cette société qui a remplacé le pouvoir parisien.

C'est l'histoire de ces jeunes autour de Fi – Lou, bz, Pifou, Farah et les autres – qui vont l'aider dans sa dangereuse tâche : venger son frère. Mehdi, qui travaillait pour Disney, cousant les costumes et qui, détruit par le capitalisme transphobe et tueur de rêves de l'entreprise américaine, s'est immolé lors de l'inauguration du parc.

C'est aussi l'histoire de l'eidolon François Villon, le poète / créature étrange phosphorescente qui va donner à Fi la force et la matière pour créer des robes stylées incroyables et lancer sa croisade vers Marne-la-Vallée.

Bref, Melmoth Furieux c'est quelque chose ! Et si vous n'avez pas peur de vous embarquer dans un livre décalé et déjanté, si vous ne craignez pas la baston, alors lancez-vous. Vous vivrez une expérience de lecture assez incroyable !
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Melmoth furieux

"Melmoth furieux" est un roman paru en 2021 aux éditions La Volte et écrit par Sabrina Calvo. De Sabrina Calvo, je n'ai entendu que du bien (notamment, comme toujours, par la salle 101). Je m'étais déjà procuré Toxoplasma, sur lequel je ne m'étais pas penché outre mesure pour le moment. Ayant reçu Melmoth par l'opération Masse Critique (merci mille fois!), le pas a été franchi.

Et la principale difficulté de cette critique sera de ne pas me faire passer pour un c**.



On suit Fi, une couturière d'environ la trentaine, qui mène une sorte de rébellion sourde contre Eurodisney depuis que son frère s'est (mystérieusement) immolé devant le jour de l'inauguration. Fi évolue à Belleville, transformée en ZAD où ça zone dans tous les sens, mêlant défonce et chocapic.



J'aimerais tout d'abord souligner la qualité d'écriture de Sabrina Calvo. C'est vraiment très bien écrit. Sa puissance d'évocation est impactante, à chaque ligne. La poésie est omniprésente (on a parfois l'impression de lire un poème en prose (bon c'est pas une impression, c'en est un)) et le toux est très agréable à suivre.



Mais alors, que s'est-il passé?

Eh bien... Cette histoire, si justifiée soit-elle, m'insupporte. Cette espèce de verve anti-capitaliste, anti-contrôle, anti-flic me dérange franchement (rien que dans le fait qu'on a bien du mal à se bander les yeux devant un quelconque concept de responsabilité individuelle). Passons sur le fait que l'effort d'identification était insurmontable (franchement, ça a beau être de "belles personnes", pleines de "belles valeurs", j'arrive pas à me dire que des ado qui se démonte la gueule à coup de taz en sentant la croquette est une perspective sociale d'avenir).

Là où on a de grande chance de passer pour un c**, c'est qu'en disant ça on se retrouve dans la peau des anti-Belleville parfois décrits dans le bouquin. Mais honnêtement: il est de quel côté, le stéréotype?

Par honnêteté intellectuelle, je précise que j'ai abandonné le livre à environ la moitié. Je garde donc la réserve de ne pas avoir lu l'œuvre en entier.



Bon, après, je suis pas malin. C'est ouvertement engagé, j'imagine que lire quelques critiques avant m'aurait épargné beaucoup de peine.

C'est pas un drame. Je tenterai peut-être un jour Toxoplasma, ne serait-ce que pour retrouver la plume de Sabrina Calvo. Mais j'émets quand même de gros doutes sur ma réaction à venir.

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Elliot du néant

Extrait de ma chronique :



"Si ce roman brillant a indéniablement un aspect "prémonitoire" dans le travail de Sabrina Calvo (au moins autant que la nouvelle "Effondrement des colonies" dans "le Jardin schizologique"), c'est surtout en ce qu'il délimite le territoire qu'explorera l'autrice dans sa trilogie ; on y retrouve donc, comme dans "Sous la colline" et "Toxoplasma" :



– un personnage engagé tout à la fois dans une "enquête" (page 78), une "quête" (pages 205, 244 ou 295), et un "voyage" intérieur (page 236), soit une trajectoire tournant vite au cosmique, pour laquelle il mobilisera des connaissances plus mythologiques que scientifiques (ici, Bracken ; plus tard, Colline ou Nikki ; autant de "marginaux sensibles au merveilleux, à l'impossible et capables de transcendance", dixit Nicolas Winter) ;



– son "double", qui entreprendra peu ou prou la même quête que lui, mais avec des moyens technologiques, et souvent des résultats moins probants (ici, Bram ; plus tard, Toufik ou Kim et Mei), suivant le modèle du "Neuromancien" de William Gibson (ici évoqué page 13 par le début de phrase "Le ciel noir noir noir au-dessus du port") ;



– un décor moderniste (ici, l'école d'Hamarinn ; plus tard, le Corbu ou le Montréal des années 80) qui dissimule en son sein une faille vers un autre monde, sur le modèle aussi bien des espaces courbes de Howard Phillips Lovecraft que du terrier de Lewis Carroll ;



– un bestiaire improbable et néanmoins parfaitement fonctionnel (ici, deux tortues, un morse et un macareux, empruntés eux aussi à Lewis Carroll ; plus tard, des Castors Juniors ou des ouaouarons, pour le dire vite)."
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Toxoplasma

J'avoue ne pas avoir compris grand chose à ce livre qui me semble toutefois très intéressant. Je n'avais pas du tout les références des nanars qui passionnent tant Nikki, l'une des héroïnes de Toxoplasma. Pourtant, je me suis laissée embarquer dans les rues sombres de Montréal, j'ai été transportée par l'intrigue, je me suis accrochée à ce qui m'était familier, j'ai adoré Finn, j'ai surkiffé l'humour et surtout le rythme de la narration. J'ai adoré lâcher prise et accepter de ne pas tout comprendre, de ne pas tout saisir. Il s'agit d'un livre riche et dense qu'il faut sans doute lire et relire pour pouvoir en comprendre les tenants et les aboutissants. Malgré mes a priori sur la SF, ce livre fut une très grande et belle découverte !
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La nuit des labyrinthes

Étrange roman que celui-ci, qui commence comme une banale enquête un soir de réveillon et se termine en fantasmagorie échevelée où se mêlent folie et ésotérisme.

Nous retrouvons Lacejambe et Fenby, huit ans après les événements de Délius, une chanson d’été. Profondément traumatisés par leur rencontre avec le fleuriste et tout ce qui en a découlé, ils vivent en reclus mais se sont pour un soir décidés à répondre à une invitation. Au chevet d’une vieille connaissance, Lacejambe se voit investi d’une mission qui pourrait soit lui rappeler l’homme qu’il était autrefois, soit le perdre définitivement. À la poursuite d’une fleur, nos compères nous entraînent dans un nouvel imbroglio hallucinatoire dans les rues de Marseille.

On rencontre entre ces pages des personnages historiques, des francs-maçons, des anarchistes et des fleurs, bien sûr. Mais qui est qui ? Vous retrouverez dans ce roman la même ambiance onirique que dans Délius, peut-être bien un peu plus dense encore.



La suite sur mon blog...
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Sauve qui peut : Demain la santé

Après avoir imaginé les conditions de travail du futur dans un précédent volume, les éditions La Volte s'interrogent cette fois-ci sur l'avenir de la santé. S'interrogent ? Pas vraiment : les nouvelles qui composent ce recueil cherchent plus à dénoncer le système actuel – voire à tirer dessus à boulets rouges – qu'à en extrapoler un avenir possible. Et pour cause, les auteur(e)s qui ont répondu à cet appel à textes semblent, pour la majorité, avoir confondu activisme et réflexion. Et cela se ressent dans le caractère résolument affirmatif des nouvelles qui, de fait, ne s'adresseront réellement qu'à un public convaincu d'avance.

L'article complet sur Touchez mon blog, Monseigneur...
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Délius, une chanson d'été

Il est des aventures qui ne sont pas faites pour nous, y compris parmi celles que l’on fait au travers des pages d’un roman. On tente quand même, attiré par un parfum de fleur ou une splendide couverture de Cindy Canévet, mais la découverte est laborieuse, interminable et il faut parfois même se résoudre à renoncer. Cela n’a pas été le cas ici, mais on n’est vraiment pas passé loin. Délius, une chanson d’été de Sabrina Calvo et moi n’étions sans doute pas faits pour nous apprécier.



C’est l’histoire de Lacejambe, un botaniste, et de son acolyte B. Fenby, un duo à la Holmes et Watson en bien plus loufoques, qui vont se retrouver à enquêter sur une sombre affaire de meurtres perpétrés par le Fleuriste, ainsi nommé parce qu’il remplit les entrailles de ses victimes de fleurs. Si le point de départ semble original et intéressant, j’ai malheureusement très vite déchanté et ce, pour plusieurs raisons.



Les personnages pour commencer. Lacejambe et Fenby sont deux héros atypiques. J’ai le sentiment que l’autrice a cherché à les rapprocher au maximum de leurs homologues mais en appuyant trop le côté loufoque, ce qui les a rendus à mes yeux extrêmement agaçants. Certains de leurs échanges donnent l’impression de n’avoir ni queue ni tête et les affirmations de Lacejambe tombent souvent de nulle part. Tout comme les déductions qu’il fait tout au long de son enquête, déductions qui finissent par le conduire au tueur, on se demande bien comment.



L’univers ensuite. La mise en situation est inexistante ou pas assez développée à mon goût. Si dans certains romans contemporains, ce n’est pas spécialement gênant, quand il est question de rêves, de musique, de fleurs qui parlent, de fées disparues auprès desquelles l’écoulement du temps est différent et autres drôles de créatures, ça l’est davantage. A tel point qu’on ne sait plus distinguer ce qui relève du rêve de ce qui relève de la réalité de ce monde étrange. C’est pour le moins perturbant.



L’intrigue enfin, à mes yeux extrêmement confuse. Je ne sais si mon côté terre à terre est en cause, mais je ne suis pas sûre d’avoir tout compris. J’ai trouvé ça long, confus et pour finir carrément ennuyeux. Bref, vous l’aurez compris, je suis complètement passée à côté de ce bouquin. J’ai passé des jours à essayer de me convaincre de le reprendre alors que je n’en avais aucune envie. Alors sans doute que les amateurs d’onirisme apprécieront davantage la plume de Sabrina Calvo, mais en ce qui me concerne, je vais juste m’empresser de l’oublier et passer à autre chose.



Cela n'a rien d'un jugement de valeur, juste un ressenti sur une lecture qui n’était pas faite pour moi. Dommage...
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Délius, une chanson d'été

Un mystérieux tueur, que la presse surnomme le fleuriste, abandonne sur son passage des cadavres et des fleurs. Une bande de bras cassés est à ses trousses, cependant, malgré toute la bonne volonté de ces gens, aucune piste valable ne se révèle. Ces fleurs inconnues que laisse le meurtrier les poussent à consulter un botaniste, l’excentrique Lacejambe qui saura peut-être démêler cette affaire.

Étrange roman que celui-ci. Délius, une chanson d’été est une histoire de fées, de musique et de meurtres... Ici, un botaniste est détective, un enfant possède une science féerique qui fait défaut à tous les autres et un assassin poursuit une quête obscure. Dans ce polar onirique, on se balade comme entre deux songes, à la lisière de la folie et de l’absurde. Le Merveilleux imprègne le récit. Un élan emporte le lecteur de scène en scène et la narration semble hachée au début alors que toutes ces pistes se télescopent. Des événements que l’on ne peut pas tout de suite relier, mais que l’on devine interdépendants, se succèdent et le récit nous ramène à chaque piste, chaque personnage, de plus en plus rapidement jusqu’à ce que tout s’éclaire et que les intrigues se rejoignent. Le roman forme en fait une spirale qui entraîne le lecteur en lui donnant l’impression de l’égarer, alors qu’il acquiert une conscience de plus en plus aiguë de là où l’on veut le conduire.

Pour faire une comparaison qui siérait à Lacejambe, ce roman tient plus du jardin à l’anglaise que de la forme française ordonnée et géométrique. On s’y perd volontiers, on découvre des secrets dans des recoins faussement laissés au hasard. Il est une expérience synesthésique où les sens se mélangent, on voit la musique, on sent les couleurs…

On est submergé par le nombre de personnages, entre autres un botaniste qui entend les fleurs, un compositeur qui voit les notes, un elficologue qui mélange rêve et réalité, le tueur et les gens qui le poursuivent, une jeune aristocrate à l’esprit acéré et même Arthur Conan Doyle. Fous, intrigants, lourdauds ou brillants et débonnaires ces personnages, qu’ils soient là tout du long ou fassent juste une apparition remarquée, volent en tous sens, comme attirés par une lumière dont on ne perçoit pas l’origine.

Lacejambe et Fenby, avatars de Sherlock et Watson sont deux personnages très intéressants. L’un obsédé par les plantes, l’autre par les fées, vous verrez qu’ils se sont bien trouvés et que leurs intérêts personnels ont plus en commun qu’il n’y paraît. Ils forment un duo attachant, la douceur de l’un contrebalance l’égocentrisme de l’autre. Le tueur, lui aussi, est un personnage fascinant, perdu, désespéré. On se surprend à tenter de le comprendre.

J’ai également apprécié les quelques apparitions de Doyle, qui ne sait pas qu’il est lié, même de loin, à un écho de son œuvre, de ce personnage qui a fait sa renommée mais qu’il déteste pourtant. Bien que présent par touches légères, l’écrivain a une grande importance dans ce roman.

Lire ce livre a été une aventure en soi, exaltante parfois, perturbante souvent. Il est difficile de savoir quoi en penser au final, quand ce qu’il en reste paraît si éthéré. Délius, une chanson d’été est un roman très poétique, tissé de la matière même des rêves. Il l’est également dans sa forme. Les épisodes s’entremêlent comme les tableaux d’un monde onirique, fantasque et merveilleux, ce qui laisse l’impression de l’avoir rêvé plutôt que lu.
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Délius, une chanson d'été

Amis lecteurs, un petit conseil avant que vous ne débutiez la lecture de "Délius, une chanson d'été" : munissez-vous d'un gigantesque filet à papillons, tapissez-vous derrière un rocher qui vous servira de poste d'observation sur la vaste plaine de votre esprit, et attendez que votre esprit cartésien et votre logique passent près de vous. Soyez vifs et capturez-les avant de les enfermer dans une boîte confortable que vous n'ouvrirez seulement la dernière page tournée. Puis installez-vous confortablement et laissez-vous entraîner dans l'univers rock victorien et déjanté du roman de Sabrina Calvo.

Classer "Delius, une chanson d'été" dans un style littéraire bien précis me paraît tâche impossible. En voici un résumé. Dans un univers victorien où les hommes sont hantés à leur insu par une entité destructrice et où la féerie a dû se lier à leur seul imaginaire pour survivre, surviennent des crimes odieux des deux côtés de l'Atlantique. Des corps sont retrouvés, hommes, femmes, enfants, le visage béat et le ventre rempli de fleurs. Le Fleuriste, ainsi est son nom, laisse les forces de l'ordre perplexes et désemparées, à tel point qu'en Angleterre on en vient à demander l'aide de Sherlock Holmes ! C'est finalement un français, Bertrand Lacejambe, botaniste de son état, et son fidèle acolyte B. Fenby, qui vont se lancer sur les traces de ce tueur poétique. Mais ils sont loin d'imaginer jusqu'où leur quête les entraînera...

J'avoue avoir eu de prime abord quelques difficultés à entrer dans ce récit loufoque et mystique (je soupçonne mon esprit logique d'avoir dissimulé quelques-uns de ses rejetons dans des cachettes inaccessibles pour ma taille). "Délius, une chanson d'été" débute comme un thriller, mais bien vite l'on verse plutôt vers le conte fantastique, peuplé de personnages étranges, inquiétants mais aussi beaux et sensibles. La poésie se mêle à la musique, la botanique au combat contre des monstres, et l'humour so british aux velléités énigmatiques d'un tueur en série qui se donne le masque d'un sauveur.

Un roman à part, donc, qui mériterait sûrement une seconde lecture maintenant que mon esprit s'est habitué à son étrangeté, afin de mieux apprécier l'écriture déliée et les chausse-trappes constants de Sabrina Calvo, qui donnent à ce récit une touche unique et, avec le recul, brillantissime.
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Délius, une chanson d'été

Well, passer du déjanté rock'n roll Que le diable l'emporte au déjanté onirique Délius, une chanson d'été n'était peut-être pas la plus judicieuse des façons d'attaquer ce roman de Sabrina Calvo... J'avoue avoir eu beaucoup de mal au début de ma lecture, n'arrivant pas à m'imprégner du joyeux bazar que je lisais.







Entre, d'une part une série de meurtres des deux côtés de l'Atlantique qui laisse une équipe d'enquêteurs dans le flou, l'angoisse, et un botaniste marseillais excentrique allant à la cueillette d'un edelweiss sur les toits de sa ville, un seul point commun, les fleurs. En effet, le tueur surnommé alors le Fleuriste, abandonnait des cadavres souriants et fourrés aux fleurs, façon cailles au foie gras (et vin jaune)(non, pas à propos du tout)(désolée).







Mais voilà, au début toujours, ce contraste entre ces histoires que l'on suit, en rajoutant au milieu Délius, un compositeur décalé, planant, cherchant sa muse, et bien c'était une Dup déboussolée elle aussi par ce récit fantasque et il faut bien le dire, sans queue ni tête. Il faut vraiment lâcher prise devant ce tourbillon halluciné que nous propose l'autrice (ou partager avec elle son herbe 😃), sous peine de rater un pas de cette valse féerique et se vautrer au milieu de la piste de danse de la lecture...







Il faut quand même que je vous présente Lacejambe, notre botaniste aux cheveux changeants de couleurs suivants ses émotions et aux ciseaux d'argent pour cueillir des fleurs. Il héberge un koala d'appartement, un mainate-répondeur (au point sur le dernier message uniquement) et un ami elficologue anglais, Fenby. Leurs échanges sont parfois décalés, parfois absurdes, très souvent drôles. Lacejambe est donc botaniste, mais également chasseur de monstres et c'est lui que les enquêteurs vont mettre sur la piste du Fleuriste, n'ayant pu contacter Sherlock Holmes, Arthur Conan Doyle hilare refusant de leur donner ses coordonnées.







L'enquête de nos deux compères est... indescriptible et passe d'une cuite au vin de Comètes dans un vignoble bordelais qui les propulse sur un paquebot direction New-York, puis Newport au pied de la tombe -ou plutôt du cénopathe- de la poétesse P.D. Finn. Quelques poèmes parsèment cette Fantasy victorienne loufoque.







L'univers dans lequel nous plonge Sabrina Calvo est étrange et féerique (dans le sens littéral), mais attention, avec des fées qui sont loin du style de Clochette hein ! Il y a une dualité permanente dans cet univers, qui est à la fois beau et effroyable, sombre et lumineux. Complètement onirique en fait !







La seconde moitié du roman est devenu un page-turner pour moi alors que je me suis traînée sur la première (en râlant pis que pendre et en saoulant dame Phooka d'extraits). Elle est pourtant toute aussi barrée cette dernière partie, mention spéciale pour le sort réservé à Fenby ! Et je pleure sincèrement de ne pas avoir réussi à lâcher prise au début. Je ne regrette en aucun cas cette lecture et me demande même si je ne le relirai pas un jour, avec une bonne mise en condition. J'ai appris qu'il existait une suite, et bien ma foi, je suis prête, surtout avec un Fenby en l'état !!!







Je ne peux quitter cette chronique sans rendre hommage à Cindy Canévet pour cette somptueuse illustration de couverture qui fait de ce roman un bien bel objet que je suis fière de posséder dans ma bibliothèque.
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Territoires de l'imaginaire : Faites demi-t..

Ces nouvelles de science-fiction ou de fantasy, d'imaginaire en tout cas, sont classées par grandes régions françaises. Alors forcément, on retrouve des légendes bretonnes, des plages de sable immenses avec leur blockhaus, des montagnes abruptes... L'idée de départ est intéressante, les tons et la qualité sont variables.

Et puis, il y a la nouvelle d'Alain Damasio, que j'admire énormément. Ici, j'ai été touchée par le décor - ces si belles montagnes du Vercors, par le côté historique - la résistance, par cette histoire d'amour impossible, par ce portrait de femme forte et fragile qui pourrait me ressembler - une femme qui aime la montagne, la randonnée, qui veut être libre. L'écriture est toujours très belle, très poétique, les souvenirs se mêlant à la neige...
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Wonderful

Ne lisez pas ce livre sans avoir pris votre came. Et encore.

Loin de moi pour autant l'idée de dire que "Wonderful" est mauvais. C'est tout le contraire : il tient ses partis pris jusqu'au bout. Mais le problème, ce sont ses partis pris en eux-même.

David Calvo, pourtant, c'est un mec avec un humour génial, une imagination dingue et une poésie folle. Un peu trop, peut-être ? Non, même pas. De l'imagination, on n'en aura jamais assez. Mais il faut savoir la doser.

C'est pourtant pas ce que j'aurais aimé voir en ce livre. J'aurais aimé voir un enchevêtrement de situations de fin du monde, et voir comment les gens réagissaient, comment tout était lié sans pour autant qu'un élément piétine les autres. La lune meurt, OK ; les hommes en noir, le vent, OK. Le postulat auquel je m'attendais, c'est : "C'est la fin du monde, donc la lune mourante est une conséquence". Le postulat de l'auteur, c'est : "La lune meurt, donc la fin du monde est une conséquence".

Bon, c'est pas pour autant que le livre est mauvais. Tout est lié, oui, mais c'est centré autour de la lune, soit. Les relations humaines sont montrées, elles aussi. Seulement, ça va loin, très très loin. Et pas forcément dans la direction qu'on voudrait.

Car côté surréalisme, on s'y enfonce à pieds joints : les planètes sont des entités douées de conscience qui peuvent se matérialiser sous une forme humaine, on a un gros complot cosmico-cinglé avec une histoire de sanskrit qui ne sera jamais résolue, la neige sur la télévision est de la neige pour de vrai, les nains se mettent à exister et les détectives privés se transforment en galliminus. Bon, je sais, suspension d'incrédulité, mais ce n'est pas parce que le cosmos part en couille que les humains aussi. D'accord, c'est la fin du monde et ils n'ont aucune issue, donc ils auront donc un comportement inapproprié, mais ça ne justifie pas toutes leurs réactions parfois complètement cartoonesques.

Et puisqu'on parle d'humains, le livre pose sur eux une vision vraiment particulière : les humains sont petits et égoïstes, et les Planètes, les divinités, valent mieux qu'eux car leur monde est merveilleux et qu'elles sont bien plus âgées et expérimentées. Qu'un livre puisse nous délivrer une telle leçon d'humilité, pourquoi pas ? Des alternatives à l'humanisme ou au nihilisme, on n'en croise pas tant que ça. Mais les Planètes sont certes mystérieuses, il n'en reste pas moins que leurs réactions et leurs relations entre elles soient totalement humaines. Et les vrais humains sont montrés eux tels quels, ce qui fait qu'il n'y a aucun contraste. Vous savez à quel point j'ai horreur des clichés et je rejette le manichéisme simpliste (car il peut être complexe, à condition d'être atténué), mais là... il n'y a aucune raison de respecter la volonté des Planètes d'anéantir l'humanité. Ce n'est même pas à elle qu'elle en veut ! Et si le message, c'est "les dieux sont des ordures", alors strictement rien n'est orchestré pour nous faire penser ça.

Alors, qu'est-ce qu'a ce livre de si bon ? Eh bien, d'accord, il est totalement surréaliste et premier degré, mais il invente sa propre logique et il s'y tient. Ou du moins, il ne la brise pas sans une bonne raison. L'histoire est surréaliste, alors on pousse le bouchon jusqu'au bout. Son intrigue est décousue et improbable, alors on ne va pas chipoter sur des degrés d'une crédibilité quelconque. Le sense of wonder est présent, lui aussi, mais mêlé à du carton-pâte, du grand-guignol : toutes les extrémités qu'on pouvait expérimenter dans ce domaine-là sont poussées dans leurs derniers retranchements. On peut peut-être comparer ça à du David Lynch en un peu moins noir, mais je vois surtout dans ce déferlement créatif une envie de se défaire d'absolument tout ce que la littérature, spéculative ou non, a pu imposer. Mais des fois, c'est le trop-plein : la poésie qu'on désire tant apporter au roman ne prend pas, sauf dans les tout derniers chapitres. Pourtant, elle aussi sait en mettre plein les yeux.

C'est donc un de ces livres maudits, à la fois bâtards et harmonieux, des fleurs du mal postmodernes complètement barrées et assumées ; c'est donc aussi un patchwork. Et très franchement, en voir de temps en temps, ça ne fait pas de mal. Et si on en faisait une adaptation, bordel ! qu'est-ce que j'aimerais la voir ! J'imagine tellement bien une Londres grise et glacée sous un éclairage bleu pâle, habitée seulement de la symphonie d'Yves Klein... Eh oui, parce que non seulement ce serait beau, mais en plus, le bleu a mine de rien un sacré rôle : c'est l'hiver, l'instant où le monde paraît délavé et le ciel plus azur que jamais ; et Blue FM, par son total non-sens, symbolise une humanité perdue, sur le chemin de l'extinction, décadente et obsolète. Quant aux autres Couleurs, elles se révèlent étrangères et donc hostiles à ce monde en perdition.

Donc, "Wonderful", c'est un peu de diversité (beaucoup, même), et une expérience à tenter. Et c'est encore mieux quand on écoute un morceau de tribecore totalement défoncé et tout aussi délirant.
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Toxoplasma

Roman proto-cyberpunk, chaînon manquant entre nous et un futur cyberpunk, Toxoplasma prend pour cadre un Montréal dans un futur en "limite de notre zone proximale de développement", dopé à l'utopie, l'anarchie et aux années 80.

Nikki nous emporte au fil d'une enquête improbable derrière le voile, essayant de débrouiller une intrigue où se mêlent meurtres rituels d'animaux, légendes autochtones, films d'horreur, histoire locale et technologie mystique.

S'entrecroisent le fil narratif de Nikki, d'un speaker radio, de Kim et de sa bande de hackeuses.

Des images sublimes, un thriller SF fantastique, burlesque, prenant qui suinte l'horreur et la violence sans jamais en être éclaboussé.
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Délius, une chanson d'été

Delius, une chanson d'été figure dans mon Top 6 sur Babelio, c'est dire que cette critique sera positive. Il ne s'agit pas du meilleur roman du monde mais, à ce jour, il est parmi ceux qui se rapproche de mon idéal littéraire. Idéal que j'ai bien du mal à définir tant il relève de la sensibilité ...

Procédons donc par mots-clés. Delius, une chanson d'été c'est avant tout de la poésie, de l'absurde, une pointe d'humour et de l'originalité dans les trouvailles de l'intrigue quasiment à chaque page. On ne s'ennuie jamais et l'imagination pédale à fond tandis qu'on lit essayant de compléter des morceaux du récit qui semblent oubliés alors même que les héros sont déjà partis ailleurs.

Lire Delius, une chanson d'été c'est un peu comme se promener à grande vitesse dans une forêt enchantée (d'ailleurs il y en a une dans le livre) en s'arrêtant de temps en temps mais en se délectant tout de même du paysage entre deux arrêts.

Delius, une chanson d'été semble nous dire : Regardez par ici ce qu'on peut encore faire en matière de littérature, voyez l'infini qui s'ouvre devant !
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Wonderful

Des failles étoilent la Lune. C’est certain : elle se meurt. Avec elle, la Terre va disparaître et tous ses habitants « et tous les enfants et les papas, et les mamans, les plages et le sable et le souffle blanc quand il fait froid, la sueur sur le front et la neige dans la télévision » (p. 295) C’est l’apocalypse, autrement nommée « fin du monde ». Ça a l’air terrifiant, ça a l’air très beau aussi, comme des feux d’artifice qui en éclatant révèlent leur superbe visage destructeur. La fin du monde se chante sur Blue FM au rythme des tubes aux titres suggestifs. Au milieu de tout cela, dans un Londres déboussolé, le Docteur Loom s’est lancé à la poursuite d’un film très convoité pour sauver sa femme qui se meurt de chagrin. Des hommes en noir vont faire barrage tandis que les couples se pressent pour s’inscrire au grand marathon de danse sur Trafalgar Square…



Cette œuvre a la douceur et l’amertume des bonbons d’antan : en fondant lentement sur la langue, les mots révèlent une nostalgie pleine d’une tendresse douce-amère. Dans ce passé-futur qu’invente David Calvo, le lecteur vogue parmi des personnages décalés, absurdes, attachants. « Wonderful » est une sorte d’« Alice au pays des merveilles », un conte fantastique, fantaisiste, labyrinthique, où l’on ne se perd pourtant jamais, si l’on accepte de lâcher la bride du sens pour s’ouvrir à la langue de l’au-delà des mots. Le sens est peut-être niché dans ce flocon de neige, le bel « Ornette » qui clignote dans le tube cathodique d’une télé remplie de neige ? La poésie coule à flot, côtoyant l’absurde, le révélant, l’embellissant. L’absurde d’un monde voué à une fin. Le point final est effrayant, dérangeant, on l’élude ou on le met en lumière, comme David Calvo, pour louer sa beauté terrifiante. En suspens, suspension d’espace. En attente, capitonnée, feutrée. Et finalement, la fin paraît bien belle, comme ce feu d’artifice qui en éclatant de lumière terrifie si sûrement.
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Wonderful

Scènes poétiques et burlesques montent sur la scène tour à tour. Tragédie & Comédie se succèdent. La forte sensibilité des personnages frôlera leur intense exaltation. Dans un Londres où Big Ben a cessé de sonner, dans un Londres où l’esprit baroque prime, dans un Londres où tout est possible, vous n’aurez qu’une envie : y entrer !

(chronique complète sur le blog)
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Elliot du néant

Elliot du néant est un livre opaque, et pourtant il vous laisse avec une impression de clarté. Les premières pages filent comme le vent et nous précipitent à toute allure dans cet univers où les gens croient aux fées, bercés par la culture Islandaise et sont donc prêt à croire en...

... A croire, tout simplement.

Et ils font bien, comme va vite le comprendre Bracken le personnage principal. Précipités comme lui dans un monde d'une paisible absurdité, il faut se laisser porter. Jusqu'à ce que la paix prenne la fuite, vers un final d'une Puissance Géniale !

Piqueté de poèsie d'une originalité rare Elliot du néant demande une certaine application pour s'imprégner de son univers, mais l'on n'y perd pas !


Lien : http://paamuna.blogourt.fr/
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Sunk

Sunk, c’est l’histoire de deux frères dans un monde qui coule.

Une quête - ou une fuite - initiatique, où absurde, humour et noirceur s’entremêlent, féroces.



On y croise un homme-armure, des Canards avec une majuscule, un gardien de sémaphore amateur de pizza, une Roue de la Fortune Tueuse, des requins au ventre rond, des mangeurs de cailloux, des flots de Picon bière et de coulées de boue.

Des deux frères, l’un a la rage au ventre et l’esprit qui divague, l’autre tente de retenir ses rêves avec les larmes aux yeux. Des larmes dans lesquelles il pourrait bien noyer le monde. Et finir par nous noyer, nous - lecteurs qui sans rien faire contemplons le naufrage.



Jusqu’aux vingt dernières pages, c’est un très chouette bouquin, original et servi par une écriture percutante. La fin, elle, est magnifique. De ces fins qui font d’un bon livre un livre inoubliable. Et coupent un peu toute envie de passer à autre chose.



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La nuit des labyrinthes

Plus sombre que le premier tome sans doute moins que le dernier -, pas encore écrit,- mais toujours absurde -dans le bon sens du terme-. On suit les héros dans leurs tribulations échevelées dans Marseille ; on se laisse envahir par leur monde étrange. On est surpris à toutes les pages. La série la plus fantastique jamais écrite !

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Sous la colline

Suite à l’incendie de 2012, dans l’immeuble Unité d’habitation (bâti par Le Corbusier à Marseille) un placard, qui n’avait pas été représenté sur le plan d’origine , est découvert. Colline, jeune archéologue, s’y rend et y découvre, dans une genre de grotte sous ce dit placard, les restes d’un bateau de la Grèce antique.



Eh oui, les grecs, venus de la côte ionienne (les Phocéens; aujourd’hui Phocée est en Turquie) avaient débarqué derrière le massif de MARSEILLEveyre. Ils avaient rencontré la tribu des Segobriges - tribu dite « celto-ligure » - et s’y étaient installés.



À partir de cette anecdote, le roman de type fantastique se construit. À travers de beaux personnages des plus attachants, et avec des références nombreuses aux dieux et à la mythologie grecque, on se promène à travers le site de l’immeuble qui voulu se nommer Cité radieuse.
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