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Critiques de Sabrina Calvo (205)
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Sunk

Voici le récit d'un naufrage, complètement barré, qui mêle avec fantaisie réflexion philosophique et conte dramatique teinté d'humour, le tout agrémenté de quelques illustrations délurées. Un naufrage oui, dans son acception la plus large, car il ne s'agit pas d'un bateau qui coule, mais d'une île qui coule, ou bien d'une île engloutie, va savoir si l'eau monte ou si c'est la terre qui sombre… Le résultat est le même et une poignée de pauvres hères partent chercher de l'aide. Oui mais où peut-on trouver de l'aide quand les gens se noient ? Toujours plus haut, voici la réponse.



Entre rencontres en tout genre autour d'un Picon bière, et sauve-qui-peut qui finit en tragédie et en mort certaine, il faut avouer que le sujet n'est pas gaie. Le récit tourne autour de la relation entre deux frères, l'aîné qui se veut fort et un poil violent, le cadet qui semble faible mais bien plus lucide qu'on ne croit, sur une valse de je-t'aime-moi-non-plus savamment rythmée, et qui conduit à une fin que je tairais, pour ne pas en dévoiler plus. Je ne peux cependant m'empêcher de conclure que cette fin m'a enchantée : elle est surprenante, originale, et conclut bien l'histoire. Elle nous secoue un peu, et nous fait prendre le recul qu'il faut pour bien garder en mémoire ce naufrage, conservant le ressac de l'eau, ce petit mouvement qui nous a porté tout au long de cette lecture.



Je ne pense pas avoir vraisemblablement compris tout ce qu'il fallait saisir dans ce court roman, loin de là, mais toute l'originalité de l'histoire m'a donné suffisamment de plaisir pour le conseiller à n'importe qui (oui, n'importe qui, pourvu qu'il sache lire et apprécie le Picon). Un peu triste, oui, mais pas ordinaire du tout et ça, ça compte !
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Elliot du néant

« Je sais qu’il ne s’agit pas d’un rêve, car je ne rêve pas, et pourtant : si je n’ai jamais rêvé, comment savoir si ce que j’expérimente à l’instant n’est pas le produit d’un sommeil profond ? Comment trouver quelque chose dont on ignore l’existence ? Si l’apprentissage suppose l’aide d’un maître, où vais-je trouver la sagesse nécessaire pour sortir de ce dédale onirique où se retire notre âme le sommeil venu ? »



Terre d’Islande « déchirée entre deux continents », 1986. Une petite école est en émoi : Elliot, le concierge autiste, a disparu. Bracken, professeur de dessin déchu, les mains muselées dans des moufles, est appelé à la rescousse : parviendra-t-il à retrouver Elliot ? Il lui faudra affronter bien des paradoxes, quitter un monde plein pour gagner un antre vide, le Néant. D’ailleurs, est-il possible de le nommer par un mot qui d’emblée lui dessine un contour ? Au creux de ce Néant paradoxal, au fond de ses détours, se niche peut-être la poésie, et son paradoxe suprême : le trésor des signifiants qui tranchent dans le vif du réel.



« Elliot du Néant » est une œuvre déroutante, comme les lignes qu’elle porte, qu’elle célèbre, les lignes que Bracken, dessinateur talentueux, va manier, remanier, jusqu’à en tordre les contours, les interstices, pour essayer de redonner forme au réel. Quand on accepte de se laisser porter par cette intrigue qui semble n’avoir ni queue ni tête, alors le voyage est sublime et un sens se donne au milieu du chaos… Voyage au bout des paradoxes que portent les mots, voyage dans un monde poétique, féérique, où les tensions dialectiques se gèrent de manière inattendue, insolite, décalée.

L’humour est présent, en toile de fond, et l’on sympathise avec Bracken qui essaie, tant bien que mal, de composer avec ses doutes, d’opérer des choix… jusqu’au final où les certitudes se figent, se cristallisent, annonçant, déjà, la fin d’un monde bien instable…

Une œuvre qui, au final, me laisse un goût empli d’ambivalence, entre sentiment de déroute et fascination pour la puissance créatrice qui se dégage des mots posés là, entre les lignes, les interstices du réel…



« Je suis la dernière marche avant la chute, l’escalier qui devient bâtiment. Je suis entre deux pensées, où se niche la nuance des paradoxes, réunies pour toujours, liées pour dire ce que je suis, composées par le défaut, pour dire qui a le mot qui dit et le trait qui fait. »
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Utopiales 2011 : Anthologie

Publié en extension au festival de Sciences-Fiction de Nantes, portant le même nom, ce recueil de 7 nouvelles, certaines assez brèves, nous emporte dans des univers hétéroclites.

Le thème de base, "histoire(s)", est ici pris au sens très large, et on y retrouve un peu à boire et à manger. Chacun y trouvera, sans doute, son compte à un moment ou un autre, le "défaut" étant qu'on risque de ne pas accrocher à toutes les histoires. Ce fut mon cas.

J'ai lu avec un vrai bonheur l'uchronie de James Morrow, bien écrite, amusante et teintée de nostalgie. Où l'art de faire survivre les passagers du Titanic avec brio.

J'ai apprécié le récit de David Calvo, sur la procrastination, même si ça ressemble un peu à un exercice de style.

J'ai été interpellé par le récit étrange de Lucius Shepard sur la guerre au Salvador.

Je n'ai, par contre, pas accroché du tout à l'histoire de Roland C. Wagner, avec son écriture parlé des 60's assez insupportable à mes yeux (pourtant j'aime en général quand on joue avec la langue), ni à celle de Norbert Merjagnan beaucoup trop décousue à mon goût.

Les 2 autres histoires m'ont été sympathiques, mais vite oubliées.

Au final, une expérience à tenter, chacun réagira selon sa sensibilité, vu l'étendue des univers proposés.
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Elliot du néant

Ce roman réussit à allier l'Islande, Stéphane Mallarmé, Nick Kershaw et la mythologie pour nous embarquer dans une aventure féérique et loufoque, parfois teinté d'horreur !



J'ai pensé un moment à un Alice au Pays des Merveilles pour adulte car le héros part à la poursuite d'un "lapin blanc" -Elliot- et qu'il passe de notre monde à un autre et y rencontre des personnages extravagants mais ensuite... c'est tout autre chose.



J'ai trouvé particulièrement audacieux de partir d'un poème et d'une chanson pour imaginer tout un univers qui en découlerait. Cela donne une réalité et un relief bluffant à une histoire à priori impossible à faire tenir debout.



Ces pages nous offrent une réflexion profonde sur l'acte imaginateur de l'artiste : poète, dessinateur, joueur...



De la poésie brut dans un écrin de lave.



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Wonderful

Wonderful de David Calvo est un roman pré-apocalyptique. Le monde est sur le point d'être détruit. C'est pas la faute au calendrier maya, au réchauffement de la planète ou à une guerre nucléaire, c'est la Lune qui est en train de se fissurer et qui va tomber sur Terre en faisant un sacré boucan. Quelques jours avant la catastrophe finale, le lecteur suit la trajectoire de plusieurs personnages dans Londres. Une Londres irréelle où un mystérieux animateur de radio fait jouer sa playlist personnelle, où des rôlistes/GNistes nient la réalité en revivant la grandeur victorienne, où un grand marathon de danse est sur le point de débuter...



Il y a de la chimérie dans ce livre de David Calvo. C'est un rêve éveillé, avec ce que ça comporte d'incompréhensible, de symbolique, d'allusif. C'est par moment décousu, comme tout bon rêve, mais la logique interne du bidule est bien là, palpable pour peu qu'on se laisse flotter sur l'écriture du monsieur. Une narration au présent, d'ailleurs, un style que j'affectionne.



Par moment, j'ai eu l'impression de lire un hommage à Neil Gaiman. La faute au décor londonien et aux tribulations des personnages, qui m'ont énormément fait penser à Neverwhere, surtout quand on passe à travers les différentes strates sociales de cette Londres qui est sur le bord du précipice. Et puis le Mobile m'a beaucoup fait penser aux Endless de Sandman. C'est pas un reproche, ceci dit, car l'auteur a son propre univers, ces marottes à lui. Ce n'est pas une pâle copie gaimanienne, c'est avant tout du Calvo.



J'en dis volontairement pas plus sur l'intrigue et le genre du roman, car le plaisir vient aussi de la surprise de la découverte, non mais.
Lien : http://hu-mu.blogspot.com/20..
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Maraude

Maraude(s) est un court récit de traversée qui questionne la résistance d’une société utopique dans un environnement répressif. On y retrouve l’imaginaire de Sabrina Calvo et l’écriture poétique et engagée mais légèrement atténuée ici par l’aspect presque documentaire de ce texte. J’aurai aimé plus d’intensité et d’immersion mais j’ai néanmoins aimé la beauté d’une conclusion où l’espoir flotte, fragile mais superbe.
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Toxoplasma

Un roman déjanté, difficile de lâcher cependant, une enquête loufoque, sans fils conducteurs. Des protagonistes anarchistes vivant barricadés dans une ville telle la Commune de Paris.

Montréal est une bombe à retardement. La ville menace d'être détruite sous peu mais ses habitants, résistants, refuse de lâcher leurS existences et sont prêts à tout pour détruite leurs assaillants.

Des hackeur.ses, une femme Ventriloque, une Mommy au passé étrange, des drones assassins, des Japs, mais surtout, Nikki et Kim.

La pair indissociable du roman qui rejoindra le ciel.



Un récit à lire comme il se déroule, à l'arraché, sans se poser trop de questions, sans chercher trop de sens aux mots. Rejoindre la rébellion et s'envoler tout simplement.
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Melmoth furieux

La douceur combattante d’une épopée de proximité, dans la grande guerre du contrôle marchand des imaginaires. Gorgé de paradoxes et de surprises, un chef-d’œuvre, cousu main bien entendu.



Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2021/10/05/note-de-lecture-melmoth-furieux-sabrina-calvo/



À l’inauguration de Disneyland Paris, en 1992, un jeune homme s’est immolé devant les grilles du plus grand parc de loisirs du monde, entraînant dans sa mort le dérapage technique et financier du plus gigantesque alors des projets du capitalisme spectaculaire marchand. Que vous n’en ayiez pas entendu parler, ou l’ayiez oublié, ne prouve rien au fond, bien au contraire. Toujours est-il que dans ce sublime glissement de temps sur Terre, bien des années plus tard, sa sœur, qui vient de passer les trente-cinq ans avec une rupture sentimentale, est bien décidée à obtenir une vengeance symbolique et libératrice, en trouvant le moyen d’incendier pour de bon le mélange de parc d’attractions et de citadelle dépravée de l’imaginaire qu’est devenue la zone à fiscalité aménagée pour les investisseurs de Marne-la-Vallée, autrement dit de faire flamber le Mickey de plastique et de carton-pâte, ses amis richissimes et ses valeurs attachées. Que cette volonté de vengeance coïncide avec la réinsertion cahoteuse de la protagoniste principale dans l’environnement hautement spécifique de la Commune de Belleville (cousine empathique de celle de Montréal, qui constituait la toile de fond de « Toxoplasma« ), cernée de toutes parts par les forces variées de l’ordo-libéralisme marchand, aurait pu être au fond presque anecdotique, mais Sabrina Calvo , dans ce « Melmoth furieux » publié à La Volte en septembre 2021, use de cette conjonction magnifique pour nous offrir une incroyable épopée de proximité, où le très intime et le très politique sont indissociablement mêlés pour atteindre une rare puissance d’évocation et de perforation.



Disneyland, donc. Et plutôt que celui, machiavélique à souhait, d’Antoine Chainas et de son « Empire des chimères » (2018), ou que celui, illusionniste en diable, de Cory Doctorow et de son « Dans la dèche au Royaume Enchanté » (2003), celui, redoutable de noirceur tortionnaire et voyeuriste, de Bruce Bégout et de son « ParK » (2010). Une quintessence du spectacle industriel cher à Éric Vuillard (« Tristesse de la terre », 2014) et à Patrick Bouvet (« Petite histoire du spectacle industriel », 2017), mais mâtinée, déjà, d’une solide dose d’horreur lovecraftienne (dès les premières pages : « un marcheur sur le seuil, toutes dents dehors ») rendue encore plus mutante par un discret humour noir comme en écho à celui de la Catherine Dufour de « Entends la nuit« (lorsque l’héroïne se découvre d’abord « anesthésiée par des années de shit et de bullshit jobs », par exemple). Un Disneyland dont les couloirs temporels secrets seraient aussi hantés par des figures costumées dignes de l’homme à la cigarette de « X-Files », figures armées de non-disclosure agreements que l’on signe sans le savoir avec son propre sang (« On te fait signer un contrat de silence »).



La Commune de Paris, ensuite, celle dont la floraison imaginaire recensée avec brio par Kristin Ross (« L’imaginaire de la Commune », 2015) apparaît ici condensée, comme une immersion profonde dans le chaos libertaire et populaire mis en scène avec tant d’inventivité par le cinéaste Peter Watkins (on ne peut que noter au passage, trente ans avant les incroyables 345 minutes de son « La Commune » de 2000, que l’on trouvait déjà pas si curieusement un « Punishment Park » dans sa filmographie totalement à rebours, justement, de la « monoforme » et de son spectaculaire marchand, même lorsqu’elle se pare de déguisements pseudo-contre-culturels) : une activité fourmillante (qui n’exclut aucunement un véritable droit à la paresse), totalement à l’opposé naturellement des clichés d’oisiveté complaisamment véhiculés au quotidien par tous les exploiteurs jamais rassasiés, un ancrage géographique volontiers miniaturisé et éventuellement souterrain, une solidarité aux formes multiples qui ne confond pas bienveillance et naïveté. Et c’est bien aux accents chantés de « La Makhnovtchina » ou de « L’Estaca » que l’on se mettra en chemin.



Pour provoquer son explosion et lancer sa grande bataille (on verra tout à l’heure quel en est le véritable terrain), Sabrina Calvo a su fracasser l’un contre l’autre ces deux champs de force imaginaire, en usant de deux catalyseurs inattendus et salutaires : le motif de la croisade des enfants et le pas de côté de la couture artisanale.



« Espoir mon cul » : lorsque l’Antigone d’Anouilh épouse le langage de la Zazie de Queneau, la carte maîtresse paradoxale constituée par les enfants est en bonne voie, et leur croisade, si elle prendra des formes bien différentes de celle rappelée encore récemment par Léo Henry dans son « Hildegarde », pourra déployer son ingénue puissance de torsion du réel et des attentes. Leur redoutable affinité avec la fluidité queer, avec l’hybridation (certaines voies étranges résonnant avec les rats démineurs de « Bacchantes« ou avec les lichens génétiquement moteurs de « Plasmas« établissent aussi par instants une productive passerelle avec le travail de Céline Minard), avec le style re-personnalisé échappant à l’emprise marchande pour savourer le ludique sérieux et pur, feront merveille au moment du choc à venir. Choc il y aura en effet, et le pas de côté magique qui en détermine peut-être ici l’issue est celui que l’on jugerait de prime abord le plus surprenant. Si par les enfants on subodore bien que les « Figures stylées« ne sont peut-être pas neutres du tout (« Ici, le style c’est la substance », dira-t-on), et qu’il faut sans doute ce détour pour pouvoir affirmer que « Le roi est nu », c’est par la pratique de la couture que la force subversive trace son chemin décisif. Au prix de quelques paradoxes apparents, Charles Aznavour (« Comme ils disent », 1968) comme Carole Martinez (« Le cœur cousu« , 2007), maniant deux sorcelleries bien distinctes, nous rappellent la substance subversive du geste qui pique, qui coupe et qui ajuste. En nous apprenant à manier sans la détruire l’étoffe dont sont tissés les songes, après le Prospero de « La Tempête » shakespearienne, Fi, l’héroïne de Sabrina Calvo, nous rappelle que la mode peut ne pas être uniquement un luxe financier déconnecté, et qu’elle peut être un moteur d’imagination et d’émancipation d’une force métaphorique insoupçonnée. Car c’est bien sur le terrain des imaginaires que la bataille se joue.



En inscrivant soigneusement le flot qui rugit depuis Belleville dans la vie la plus matérielle à travers la main qui coud et sublime, Sabrina Calvo constitue « Melmoth furieux » en cri de ralliement prolongé d’une guerre sans merci des imaginaires, ceux-là même dont l’ennemi doit maintenant achever la capture et la marchandisation terminale (ceux-là même dont Norman Spinrad faisait la proie des cartes de crédit et des bugs dans son « Temps du rêve« de 2012).



Après de longues années laissées à vau-l’eau, les injonctions gramsciennes ayant été soigneusement récupérées par l’aile marchante du capitalisme et au-delà (le tout récent concert presque unanime de louanges autour du décès d’un ancien affairiste interlope n’en étant qu’une évidente piqûre de rappel), au côté des appels à la reprise des armes de l’imaginaire lancés par les Wu Ming de « Q« et du « Nouvel Épique Italien« , des démontages d’instincts lexicaux mortifères n’ayant rien d’innocent mis en évidence par Sandra Lucbert (« Personne ne sort les fusils« et « Le ministère des contes publics »), de la condensation rusée conduite par Hugues Jallon (« Zone de combat« et « La conquête des cœurs et des esprits« ), ou de la mise en pratique déterminée menée par l’EZLN et par le sous-commandant Marcos et ses émules (« Don Durito de la Forêt Lacandone« ), Sabrina Calvo nous offre tout en douceur un étendard littéraire d’une puissance peu commune. Comme le souligne la très pertinente lecture signée X dans lundimatin à lire ici), un affrontement majeur se déroule aujourd’hui sur le terrain du bloom (en référence bien sûr au travail du collectif Tiqqun et de celui du Comité invisible) : au cœur d’une géographie politique des barricades réelles et métaphoriques (oui, des « gestes barricades » à inventer plutôt que les seuls gestes barrières !), avec l’aide aussi d’une poésie des rues et des chemins (le François Villon d’« Esquisse d’un pendu« , chez Michel Jullien, hante aussi, très naturellement, ce « Melmoth furieux »), il s’agit bien de rendre à la rime et au rythme ce qui a été confisqué par la marchandise, celle de la Métrique, qui n’a rien ici d’une scansion littéraire mais tout du règne de la mesure chiffrée et obligatoire de la performance en tous domaines.



En ce moment de prise de parti, où soin radical et communisme de l’attention se révèlent essentiels (selon les heureuses expressions de X cité plus haut), en une trace plus directe sans doute que les somptueux rébus de « Elliot du Néant« , de « Sous la colline« ou de « Toxoplasma« , pour tenir la ZAD de nos imaginaires si menacés, Sabrina Calvo nous indique un chemin indispensable, semé d’embûches mais d’une douceur brûlante.
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La nuit des labyrinthes

Second volet de la trilogie de Sabrina Calvo, La nuit des labyrinthes est… un labyrinthe géant.



On retrouve les personnages Lacejambe et Fenby de Delius… 8 ans après les événements qui s'y sont déroulés. Nous sommes à Marseille, en 1905. Lors d'une grande soirée donnée à l'occasion de l'inauguration du pont Transbordeur, Lacejambe doit enquêter sur la disparition d'une petite fleur, pourtant commune. Mais cette disparition cache une conspiration plus vaste, plus profonde, qui va remuer les entrailles de la ville…



Très difficile de noter cette œuvre, car je l'ai trouvée époustouflante sur certains plans, carrément géniale même. Elle recèle évidemment quelques défauts, qui découlent paradoxalement des qualités qui la constituent (je l'ai dit, c'est labyrinthique). Et puis cette œuvre m'a beaucoup atteinte, par sa noirceur. j'ai trouvé cette œuvre géniale, mais je n'aurais pas dû la lire maintenant.



Œuvre à mon sens géniale, donc, par ce labyrinthe (j'aime les labyrinthes). Le récit est labyrinthique, les personnages le sont tout autant, l'intrigue aussi. C'est un dédale, majestueusement rendu. Mais… mais peut-être un peu trop. Tellement sinueux, tellement de chemins, tellement de sens… que je me suis perdue. Je ne suis pas certaine d'avoir tout saisi. C'est peut-être le risque, d'aller trop loin, atteindre un point de non-retour, là où un certain nombre de lecteurs peuvent se perdre définitivement. Le risque est de lâcher cette œuvre qui peut paraître absconse. Pour ma part, j'ai continué, car j'ai vraiment trouvé ça époustouflant, même si je suis passée à côté de certaines choses.



Par ailleurs, le récit est imprégné d'absurde. Mélancolie, incompréhension, résignation, abattement… autant de postures et d'états par lesquels passent les personnages devant ce monde qui change, et qu'ils ne comprennent pas. Les événements sont un non sens complet.

Alors parfois, on en rit : images, situations, personnages, dialogues… sont teintés d'un humour les rendant cocasses. Mais ce volet est beaucoup plus sombre que le premier, et la noirceur qui s'en dégage est étouffante. Le roman est sombre, violent même, avec des scènes d'horreur que j'ai trouvées difficiles. Ca m'a pesé de lire un tel sentiment d'impuissance, de solitude et de chagrin enfoui. Lire ça maintenant était difficile pour moi.



Alors, j'aimerais le relire, car je pense que c'est un roman qui se découvre en plusieurs fois, et qui à chaque lecture se révèle un peu plus. Mais là, je ne pourrai pas. Il faut de la force pour lire une telle noirceur, et la tête bien accrochée pour s'extirper de ce labyrinthe crasseux et collant que Sabrina Calvo a créé.






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Délius, une chanson d'été

J'ai eu beaucoup de mal à rentrer dans l'histoire. Si elle avait tous les ingrédients pour me plaire : fantasy, époque victorienne, une épopée de fleurs et de musique, l'intrigue, les mouvements de l'histoire et la narration ne m'ont pas plu. Difficile de saisir l'univers, de comprendre le loufoque. Puis je me suis lassée, j'ai peiné à finir, j'avais juste envie de connaître la fin.

Je me suis vraiment lassée, et je pense que c'est le style de narration qui m'a vraiment freiné. Dommage, ca avait l'air bien, la 4e de couverture est alléchante !
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Au bal des actifs : Demain le travail

Ah, le futur imaginé par nos chers auteurs de SF : des lendemains qui chantent, des voitures volantes, les villes sur la Lune ou Mars, le travail libéré... Un avenir espéré et attendu par nombre de lecteurs.



Mais nous ne sommes plus dans les années 50, fini la vie en rose, l'espoir a été douché, ratiboisé et passé au sanibroyeur. Reste des lendemains qui déchantent, des voitures uberisées, des villes gentrifiées et du travail oppressant et oppresseur.



Si vous avez encore espoir à des lendemains meilleurs, La Volte a demandé à douze auteurs francophones d'écrire sur le futur du travail de doucher toutes vos hypothétiques espérances.



Du bon, du moins bon, du très bon dont le Damasio qui vient de rafler le GPI pour sa nouvelle. Certains textes se répondent, le travail de coordination se fait sentir.

Certaines nouvelles sont agréables, même si elles restent assez classiques dans leur forme : on découvre peu à peu le monde, le hiatus advient par un des personnages qui s'interroge sur le monde et la dystopie survient... D'autres arrivent à dépasser leurs illustres précurseurs., comme Ketty Steward, Norbert Merjagnan ou Li Cam

Suit Serf-Made-Man ? ou la créativité discutable de Nolan Peskine d'Alain Damasio qui a reçu récemment le Grand Prix de l'Imaginaire pour cette nouvelle. Trois creative consultant insolent et cynique doivent unir leur force pour avoir la seile place disponible dans une entreprise. La sranxe pour les hôtels est du pur génie créatif, on s'y croirait et on a envie d'avoir un aussi bel accueil.

Relation homme robot, art et artisanat, idée et copie. Damasio souffle le chaud et le froid, nous fait aimer ses persos cyniques pour nous les montrer dans tout leur monstruosité la page d'après.

Des fulgurances, des petites notes d'humour noir et ce texte m'a même fait penser par moment aux plus beaux textes de Léo Ferré. Au vue de l'univers, j'ai l'impression qu'il se déroule dans le même que son futur roman Les furtifs. Seul ombre au tableau, un final décevant.



On finit par les nouvelles de Léo Henry et de Sabrina Calvo qui préfèrent s'attarder sur le travail de l'écrivain. Léo Henry nous fait partager son travail sur la correction de son texte, de la première ébauche au final. Une nouvelle qui intéressera les écrivains en herbe, ce qui n'est pas mon cas.

Sabrina Calvo prend le relais pour fournir ce texte à l'éditeur, une situation kafkaïenne au possible. Très drôle, mais pas assez pour me faire oublier le lien ténu avec la thématique du recueil.

Le tout se termine par une préface de Sophie Hiet.

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Toxoplasma

Je ne suis pas, loin s’en faut, ce que l’on appelle un geek. L’informatique reste pour moi une terra incognita sur laquelle je m’aventure avec beaucoup de prudence et les mots joystick, Game-Boy ou Play-Station ne m’évoquent aucun souvenirs. J’ai donc éprouvé quelques difficultés à m’immerger dans ce roman cyber punk où les nouvelles technologies tiennent une place importante. Les très nombreux passages consacré aux « runs » de Kim et de ses amis sur la toile (la grille) m’ont ainsi parus bien abscons et les nombreuses références aux films d’horreurs qui parsèment le roman ne m’ont pas toutes parlées. Je manque d’une certaine culture underground et il est très vraisemblable que certaines explications, certaines clés m’aient échappées. Pour autant, je n’ai pas été insensible à cet univers décalé, à l’ambiance générale du récit et à son ton si particulier.

Le cadre est en effet plaisant. Ce Montréal d’après-demain peuplée de hippies et de milices populaires fait penser à une nouvelle commune. Dans cette ville en état de siège qui ressemble à une cocotte-minute où mijotent les idées les plus folles, où l’on troque et où l’on s’autogère, chacun projette ses désirs et ses rêves les plus fous dans une utopie anarchisante, s’octroyant une petite parenthèse d’espoir avant la répression et le clap de fin.

Même constat côté style. L’écriture de David Calvo est novatrice. Abrupte, changeante avec un recours intéressant à différentes techniques de langages - les « clavardages » de Meï, la ventriloquie de Nikki – elle est en parfaite concordance avec l’ambiance. L’auteur innove, essaye, ose. Il donne à son roman un rythme trépidant, très visuel malgré quelques passages un peu chiants dont le long chapitre central qui alterne à chaque paragraphe les aventures de Kim et celles de Nikki nous imposant des aller/retours un peu fastidieux. Les conversations techniques entre Meï et Kim m’ont également un peu lassé mais elles étaient sans doute nécessaires compte tenu du sujet.

Heureusement, le trio d’héroïnes évite, lui, tout ennui. Entre le sale caractère de Meï, le culte que Nikki voue à l’informatique et la culture vidéo de Nikki on a largement de quoi faire. Elles ne sont pas forcément sympathiques ces trois nanas mais elles sont entières et sans tabous, décidées à tirer leur épingle du jeu dans un monde bien pourri qui ressemble un peu au notre, juste un peu plus libéral, un peu plus égoïste, un peu plus dangereux. Elles n’ont pas totalement abdiqué leur joie de vivre et conservent l’espoir d’un avenir meilleur dans une Islande fantasmée où vivre libre et heureux est paraît-il encore possible…

Auparavant, il leur faudra résoudre une énigme tortueuse où il question d’expériences sur les rêves, de meurtres d’animaux et des sombres visées d’une multinationale. Une intrigue assez touffue qui met longtemps à se dessiner mais qui est joliement portée par l’atmosphère d’urgence et de no future qui imprègne tout le récit. Le tout se conclue sur une fin ouverte qui nous laisse libre de choisir la chute qui nous arrange même si on sait bien tout au fond de nous que ce sont toujours les méchants qui ont le dernier mot.


Lien : http://sfemoi.canalblog.com/..
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Toxoplasma

Dans une utopie uchronique où l'île de Montréal se révèle l'un des derniers bastions encore libres d'un futur proche parallèle, David Calvo tisse un roman cyberpunk sans l'être (le net s'est effondré, il a été remplacé par l'alternative de La Grille où tous les termes informatiques d'un passé encore chaud sont remplacés par des dénominations mythologiques).



L'écrivain y superpose enquête policière riche (on part de petits cadavres mutilés d'animaux pour déboucher sur du plus vaste), quête initiatique et références cinéphiliques d'autant plus exactes qu'elles transpirent une authentique tendresse du fantastique et de l'horreur, de la série B comme des productions plus fauchées mais non sans idées.



Et ça marche puisqu'on se retrouve littéralement transporté de bout en bout. Le dépaysement du Québécois mêlé souvent à des termes techniques, la description de cette Commune qui fait singulièrement écho à celle de 1871, les nombreuses pistes scientifiques (voires mystiques) qui fonctionnent par couches sans jamais altérer la portée du roman, laissant le lecteur choisir suivant son humeur (même la fin reste d'ailleurs volontairement ambigüe pour ça), un certain sens de l'action et du rythme, un mystère soigneusement entretenu (non pas un, plusieurs même vu la richesse de ce gros livre), de l'humour, de l'onirisme (tous les rêves de Nikki) et un certain bestiaire allant du raton-laveur au ouaouaron font le reste.



Le titre Toxoplasma en lui-même est une nouvelle piste narrative soutenant l'un des mystères du livre que Calvo n'explicite qu'à moitié, évoquant la Toxoplasmose causée par le parasite Toxoplasma Gondii. Cette dernière, propagée le plus souvent par les chats (hôte final) peut toucher les humains tout en restant bénin. Les cas les plus dangereux restent toutefois pour les femmes enceintes, les personnes séropositives ainsi que celle dont le système immunitaire s'avère affaibli. Dans le roman, la toxoplasmose participe d'un système de transmission dont les chats seraient le vecteur. Mais on n'évoque pas tant que ça de chats dans cette commune qui verse lentement en fin du monde, curieusement.

Ou plutôt fin d'un monde.

Ou sa renaissance en bout de course ?



Au lecteur justement de se faire une idée !



Très vivement recommendé, surtout si vous êtes cinéphile et mordu de SF et d'horreur : là vous allez y reconnaître vos petits.
Lien : http://dvdtator.canalblog.co..
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La clef d'argent des contrées du rêve

J’ai passé de bons (voire très bons) moments de lecture avec cet ouvrage. J’ai aimé découvrir le monde de Lovecraft et la façon dont les différents auteurs se le réappropriaient. Étant néophyte de cet univers littéraire (j’ai à peine lu Les Contrées du Rêve), j’ai pu apprécier la plupart des nouvelles sans problème de compréhension. J’ai cependant regretté l’inégalité dans la longueur des nouvelles. Je l’ai surtout ressentie, je pense, parce que je me limitais à une nouvelle par semaine, mais avoir des nouvelles de 3 ou 5 pages me semblait vraiment trop court pour entrer dans l’univers et découvrir le style de l’auteur.



(Chaque nouvelle est chroniquée séparément sur le blog dans le rendez-vous "Livres et Gourmandises" )
Lien : https://livraisonslitteraire..
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Au bal des actifs : Demain le travail

Cette anthologie de 12 nouvelles est une tuerie. En même temps, avec les noms au sommaire, on ne pouvait pas s’attendre à moins. D’autant plus, chez l’éditeur La Volte qui nous a habitués à beaucoup de belles et percutantes lectures.



On se situe évidemment dans de la science-fiction, de la SF qui fait cogiter, de la SF qui fait vibrer notre système limbique, de la SF sociale et humaniste… de la bonne science-fiction tout simplement.

Dès les premières pages, ça envoie du lourd et ça ne s’arrête pas avant la 600ième et quelque.

S’il y a de l’humour par ci par là, il y aussi beaucoup de noirceur dans ce laborieux avenir. La plupart des récits décrivent un paysage professionnel bien sombre, avec un final souvent sordide pour les héros travailleurs. Certaines histoires laissent cependant passer davantage de lumière, d’espoir, tandis que l’une d’entre elles montre un monde du travail conçu pour le bien-être des humains dans une organisation sociale toutefois sous-tendu par le mensonge.

Le secret et la manipulation sont d’ailleurs des thèmes récurrents. La problématique du sens du travail qui revêt un rôle de paix sociale en est un autre. Et cette question du travail est envisagée autant sous l’angle de la question de société que sous celui de l’identité individuelle.

On pourrait parler des heures des thématiques abordées dans cette anthologie et creuser bien des aspects à la lumière des sciences économiques et sociales, ainsi que des sciences humaines.

Mais je vais m’arrêter là et juste préciser qu’il s’agit d’une lecture plutôt complexe, même pour quelqu’un qui travaille dans le domaine de l’orientation scolaire et professionnelle et détenant une certaine maîtrise du jargon des ressources humaines, de l’évolution du travail, de ses formes émergentes, etc. Autant dire que les auteurs sont vraiment bien documentés et savent de quoi ils parlent. Je me demande même si un glossaire n’aurait pas été utile…



N’ayez toutefois pas peur d’aborder cet ouvrage car, à n’en pas douter, chacun pourra tirer parti de cette réflexion, parfois ardue, mais nécessaire voire salutaire, qui sous-tend ces fictions sur le futur du travail.



La créativité est largement au rendez-vous, aussi bien sur le fond que sur la forme. Les nouvelles présentent des structures variées. On y trouve par exemple des codes, des tableaux, des pages de blog, des échanges de courriers, et même différentes versions d’une nouvelle avec les corrections proposées par des auteurs, éditeurs ou encore membres de la famille. Attendez-vous donc à être surpris de pages en pages !



Enfin, que dire de la prose, sinon que chaque plume est singulière, admirable, puissante.



La chronique complète en vidéo avec des lectures en cliquant sur le lien ci-dessous :


Lien : https://youtu.be/Gag7AHV0B_Q
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Sous la colline

Sous la colline est au croisement du roman policier, horrifique et fantastique. Il prend pour cadre et sujet l'Unité d'Habitation du Corbusier à Marseille.



Son histoire prend ses sources dans les mythes, les légendes, l'Histoire de Marseille et puise sa profondeur dans les "dérives" de l'auteur et dans ce qu'est Marseille aujourd'hui. Très documenté mais aussi instinctif, le récit se construit comme une mosaïque.



On passe du réel à l'onirique par paliers. On est pris par la beauté des lieux, les énigmes. On se prend pour un enquêteur halluciné. On essaye de mettre en lien l'improbable. Comme les personnages, on se noie dans les mystères mais on continue à nager.



C'est aussi un roman qui met en scène un personnage complexe et atypique puisque c'est une femme transexuel. Le lecteur mute avec l'héroïne, s'en détache, fusionne pour la laisser finalement partir. Il faut se détacher à la fin, toujours cet arrachement rendu possible et acceptable par l'apothéose échevelée.



C'est un livre pour les amoureux de Marseille, du Corbu, de mythes et de fantasy contemporaine.
Lien : http://baobabcity.over-blog...
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Wonderful

On y est: la fin du monde sonnera dans quelques heures. Et Loomis, le docteur, tente de conserver sur cette Terre qui fuit un semblant de sens à sa vie, pensant sans cesse à sa femme, Pooh, qu'il aime tant et qui dans son coin meurt de chagrin.

Entre un bal gigantesque, dernier baroud d'une population perdue, et des enlévements commis par un mystérieux groupe de personnes habillées de noir, cette fantasy urbaine hautement originale nous plonge dans une atmosphère onirique où chacun essaie de rattraper ce temps qui s'en va inexorablement, ne sachant pas trop comment occuper ces derniers instants.

Un très curieux roman peuplé de fées, de créatures perdues, d'une quête folle pour un film qui doit tout résoudre, et qui laisse une empreinte indélébile dans l'esprit du lecteur qui se dit que décidément il n'avait jamais rien lu de semblable.
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Délius, une chanson d'été

Rêveur, Bertrand Lacejambe est un célèbre botaniste dont la particularité est de manger des fleurs. Cette bizarrerie culinaire lui vaut de de changer de couleur de cheveux au rythme de ses humeurs. Tel Sherlock Holmes, Bertrand est toujours accompagné de son fidèle ami Fenby. Ensemble, ils vont braver les dangers pour démasquer un tueur dont le rituel consiste à tapisser le ventre des cadavres avec des fleurs.



Mais Délius, une chanson d’été, n’est pas uniquement un roman policier, c’est avant tout de la poésie et fantaisie à l’état pur où les fleurs se mettent à vous parler, vous chanter à l’oreille tandis que les mouettes vont vous montrer, l’entrée du royaume des fées. Voilà de quoi ravir les grands enfants que nous sommes. Cette enquête est parfois délirante, le ton souvent décalé mais une chose est sûre, avec David Calvo, vous allez voyager.



Du même auteur, j’ai déjà lu Wonderful, un livre qui m’a longtemps poursuivi pour la beauté et la poésie des mots.



David Calvo confirme ce que j’avais ressenti à l’époque. Ses livres sont comme des toiles de peintre ou comme une magnifique symphonie. Je ne peux que, si vous aimez la fantasy, vous inciter à le découvrir.

Pour en discuter, c'est par ici :
Lien : http://www.valunivers.fr/201..
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Nid de coucou

Tout ce que j'aime dans les bouquins de Calvo ! -Le format succession de nouvelles est moins confortable que le roman mais plus proche de l'effet je suis en plein rêve.- (Esotérique à souhait : Je comprends ce que je veux car mon point de vue d'optimiste biaise tout son pessimisme.) Le monde est fabuleux, terrifiant, plein d'humour et de fantasie ; tellement bien décrit qu'on sy croirait. Tellement proche de notre monde et tellement loin. On éprouve tout en lisant ce livre déroutant. Il est hanté par les personnages récurents au monde de Calvo : la Jabule, Casimir, les pirates... Un grand merci à l'auteur pour ce voyage en onirie.
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Maraude

Sous le signe du combat toujours recommencé, du bonheur de vivre différemment et de l’utopie radicale, une vigilante et joyeuse dérive à deux par les rues et les places de la Commune imaginaire de Belleville.



Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2023/01/05/note-de-lecture-maraudes-dilem-bri/



Retour à la Commune de Belleville, que l’on avait connu pleine de bruit et de fureur, au milieu des combats de rue, des menées souterraines, des vengeances et de la vindicte ordo-capitaliste, dans « Melmoth furieux » (2021). Avec ce « Maraude(s) », publié à La Volte en octobre 2022, concocté à deux voix par Sabrina Calvo (Bri) avec le poète urbain Dilem, nous voici conviés sur le même terrain à un périple en apparence plus apaisé, quasiment bucolique, par places et ruelles connaissant une forme de répit armé et toujours vigilant face à la domination qui rôde aux alentours. Parcours allègre d’un périmètre de défense (on verra à la lecture que Elsa Dorlin et son « Se défendre » ne sont pas être si loin), occasions de convivialité authentique glanées au fil du fortuit (mais qui sont d’autant plus significatives qu’elles émanent volontiers d’une lutte aux objectifs majoritairement partagés – malgré les ou grâce aux différences d’appréciation de la situation par toutes les composantes de la Commune), dérive placée d’emblée ou presque sous le signe debordien de la psychogéographie appliquée (les cercles concentriques et les pénétrantes tracées par le Iain Sinclair de « London Orbital », « London Overground » et « Quitter Londres » proposent bien ici leurs échos) : « Maraude(s) » – dont le titre renvoie aussi, naturellement, à cet élément permanent du paysage contemporain affligé que sont désormais les rondes conduites par les associations pour offrir leurs services de première nécessité aux sans domicile fixe, aux migrants, aux travailleuses et travailleurs du sexe, et à tout que la Cité capitaliste rejette et déclasse si volontiers à ses marges – nous offre tout cela. Mais cette novella le fait à sa manière bien personnelle, inscrivant dans la marche même parmi les paysages urbains des XIXème et XXème arrondissements parisiens ses traits d’humour noir, ses formules-chocs, ses pas de côté inattendus et ses slogans joyeusement multivoques.



Dans une échappée d’écriture devenue relativement rare dans la fiction contemporaine (on retiendra parmi les heureuses exceptions des textes d’Alain Damasio ou de Kim Stanley Robinson, d’Ursula K. Le Guin ou de Doris Lessing), « Maraude(s) » accepte, voire recherche le triple choc de la théorie, de la discussion et de la praxis, se refusant ainsi à céder sans résistance à la doxa du show don’t tell, mécanique littéraire si souvent dominatrice même lorsque la « règle » gagnerait à être mise de côté.



Dans cette collection Eutopia de La Volte qui s’efforce depuis maintenant quelques années de nous proposer des textes à la fois courts et roboratifs, contribuant à redonner du souffle utopique à nos principes espérance en jachère, à l’image du « Résolution » de Li-Cam, du « Collisions par temps calme » de Stéphane Beauverger ou même du « Un souvenir de Loti » de Philippe Curval (d’une tout autre manière), « Maraude(s) » se signale aussi par plusieurs phrases révélatrices (citons par exemple « Nous avons besoin d’un but, pas simplement de résister : l’imaginaire des cabanes ne suffit plus » ou « Comment inventer l’avenir si le passé nous échappe ? ») qui la placent résolument, davantage encore sans doute que « Toxoplasma » et « Melmoth furieux », du côté de cette utopie radicale qu’appelle de ses vœux Alice Carabédian dans son récent essai tonique, du même nom. Et cette convergence combative des imaginations littéraires et politiques à bien de quoi nous réjouir.


Lien : https://charybde2.wordpress...
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