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Critiques de Sidonie-Gabrielle Colette (1164)
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Le Blé en herbe

Le monde de l'adolescence, cette période intermédiaire où l'impatience de devenir enfin quelqu'un est confrontée avec l'indécision quant à l'avenir et à la nécessité de temporiser, aux divers devenirs qui ne dépendent pas d'une décision quelconque, mais du hasard et des parents, , est une situation tourmentée, nous dit Colette, dans « le blé en herbe. »



C'est quoi, le blé en herbe ? c'est justement ce que vivent Phil, 16 ans et demi, et Vinca, quinze ans et demi : le moment où les épis ne sont pas mûrs, rien ne sert de les couper avant terme.

Philippe est jaloux lorsque Vinca, qu'il considère infantilement comme « à lui », plait à un homme plus vieux, et qu'elle jouit de ses compliments sur sa beauté, comme si , pleine d'insolence voluptueuse, elle devenait une idole, un tanagra…

Mais elle est trop amoureuse de lui, et s'écrase comme « une squaw »au lieu de triompher, alors, autant elle l'énervait avec son simulacre de séduction, autant elle l'horripile quand elle revient, humble et moche, une biche , une esclave, vers lui, le coq.

Et puis elle ne comprend jamais rien, elle parle comme sa mère, et elle attend que jeunesse se passe. Elle l'énerve et en même temps il ne voit qu'elle.



Passe une dame en blanc. C'est elle, garçonne des années 20, qui prend l'initiative.





Est ce une ironie de la part de Colette ? est ce même une satire, de ces adolescents qui se croient les rois, et qui font l'amour sans vraiment choisir ,l'un , avec une femme le double de son âge, l'autre, par dépit amoureux ?

Mauvaise piste, je crois, car Colette insiste sur le plaisir pris. Celui du jeune homme, avec son maitre, enfin sa maitresse masculine, qui lui apprend, quoi, le plaisir, l'art d'y arriver, l'abandon à la jouissance, et cela, même s'il est troublé de mendier les caresses, et que ses prérogatives de mâle ne soient pas reconnues.

Il ressent de l'angoisse à chuter dans l'âge adulte. Mais il y va.





Comment dire ces choses sans les dire ? c'est tout l'art de Colette, qui entoure ces premiers émois avec l'évocation de la nature bretonne, les coquillages, les graminées, les rochers, les goémons. Elle sait parfaitement qu'elle va choquer, alors, pas la peine d'en rajouter avec des détails inutiles, puisque nous comprenons. le monde de la dame en blanc, avec le ara rouge et bleu, le rouge et le blanc d'une tenture, le noir et l'or des rideaux, le rouge du melon, et le rouge de la bouche éblouissent le jeune homme ;Il lui avait apporté des chardons bleus du même bleu que les yeux de Vinca; il retire le bras qu'elle lui prend, puis redonne son bras. Tout est dit.



Comment. à notre époque, pourrions nous écrire une telle histoire ? Une femme plus âgée qui « déniaise » un adolescent, ce n'est pas très correct, non, et cela s'appelle : pédophilie.

A moins qu'il n'y ait 2 poids et 2 mesures, et que l'on ne parle de viol, de harcèlement, de non consentement, que lorsque c'est une jeune fille, et que pour les adolescents, ce serait une éducation vers le plaisir ?





Mauvaise piste, car Colette a voulu choquer, pour faire comprendre, pour faire accepter, cette situation, tout en racontant son histoire incestueuse avec le fils de son second mari, Henri de Jouvenel, dont elle divorcera en 1923 au moment d'écrire le blé en herbe, histoire qui a quand même duré 5 ans , plus donc que dans son roman.

Elle choque, et à la fois elle enchante par son écriture pudique , émotive, ouverte.

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La Chatte

Je m'appelle Saha, je suis une chatte de la race des Chartreux, et j'adore mon maître: Alain. Jusqu'ici, je coulais des jours heureux dans sa maison d'enfance , je vagabondais dans le jardin, et nous nous retrouvions , complices, je dormais la nuit dans sa chambre. J'étais " son pigeon bleu", " son démon couleur de perle"...



Mais " elle", l'étrangère , est venue troubler notre beau lien, cette Camille qu'il va épouser. Je sais qu'il ne l'aime pas vraiment, il n'aime que moi. Il comprend mon langage, et il m'admire , moi, " une petite créature sans reproche, bleue comme les meilleurs rêves, une petite âme." Mais pourtant, mon maitre m'a abandonnée, pour aller vivre ailleurs....



... pas longtemps! Je dépérissais, il m'a emmenée chez lui. Et alors...terrible confrontation avec ma rivale. Rien ne se glissera jamais entre mon maitre et moi, rien ni personne!



Avec un sens aigu de l'observation, Colette livre une histoire intense, passionnelle et cruelle, où animalité et humanité se mêlent, Saha , la belle chatte orgueilleuse n'étant pas forcément la plus animale des deux ennemies!

Je garde l'image de Saha, tout en élégance, possessivité et mystère.







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Sido, suivi de Les vrilles de la vigne

Un tout petit bijou autobiographique,! C'est un bijou, non pas parce que l'histoire soit aussi pertinente, ou que des personnages aient été façonnés de toutes pièces avec une imagination débordante pour nous émouvoir. C'est une histoire ordinaire, avec des personnages ordinaires que la majestueuse écriture de Colette à rendu attachant, une mère hardie, un père placide, deux frères cocasses, une soeur misanthrope....Entre tous, seule la mère va marquer la vie de notre auteure, d'où le titre de Sido. .Et puis tous les détails cette femme attachée à sa campagne, à ses moeurs, à son jardin, ses goûts pour les fleurs, pour les petits soins ménagers, Colette nous en parle avec entrain, mais qu'elle sera un peu frustrée quand la voyante spirite lui dira ne voir que son père et son frère qui se soucient d'elle dans l'au-dela, mais qu'elle ne voyait pas sa mère, la résolue Sido...
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La seconde

Une larme roule sur la joue de Jane, scintille sur le bord duveté de la lèvre : Fanny l‘entrevoit avant de se rendormir, sieste après avoir trop mangé et chaleur de cette fin d’été à la campagne.

Chagrin, Jane ? Jalousie, Jane ? De ces petites qui cherchent autour du grand Farou un rôle, une aventure, ce qu’il leur donne de toute façon.

Fanny le sait, et a dépassé les premières crises pour arriver à comprendre les priorités : et la priorité, c’est son mariage depuis 12 ans avec Farou, homme de théâtre, l’éducation de son beau fils tout jeune le petit Farou, son amour pour les deux.



Sauf que le chagrin même caché, surtout caché, de Jane, sa manière de critiquer l’indulgence de Fanny et son absence d’inquiétude alors que « Farou s’applique n’importe quelle grue de théâtre » alertent Fanny quant à son amie.



Des termes crus ! Attention !



Autant il était facile d’accepter les incartades sans conséquence de Farou qui a besoin de s’aérer, autant Fanny se rebelle : « Mais c’est mon livre qu’elle prend ! C’est mon beau fils à qui elle donne des ordres ! C’est ma maison ! »



Car Jane vit avec eux, elles cousent, cuisinent ensemble, Jane la blonde prenant soin de Fanny au look d’Andalouse , peau très blanche et bandeaux de cheveux bruns ;la blonde remplit le rôle tout à la fois de secrétaire du mari, femme de chambre « et une demi –heure d’amour – par dessus le marché ! cette pensée ragaillardit Fanny . .



Farou, lui, lorsqu’il comprend que les deux femmes savent, est au dessous de tout, entre un déni, une stupeur que Fanny, cette fois –ci, fasse un drame de son infidélité, son refus de choisir entre les deux, sa muflerie envers Jane, sa revendication d’être un homme et d’être comme ça, et, plus que tout, son désir absolu de partir loin de cette pénible scène.



Magnifique analyse, car Jane ne se fait aucune illusion sur Farou, et cela choque

Fanny que l’autre disposât du seul mot « rancune pour nommer l’ingratitude, la sardonique rigueur dont la femelle paie, dans toutes les races, le mâle auquel, non sans mal, elle échappe ».

Fanny médite : la main de Jane, lui apportant son étole de vigogne, relevant le col de son manteau, cette main épouse de ma main pendant les promenades de vacances et sa présence depuis ces quatre années est une valeur plus sûre que ce Farou fuyant.



L’important, c’est cette amitié, pas la peine d’y mêler Farou.

Farou ne mérite pas qu’elle lui sacrifie Jane.

Selon moi, un des meilleurs livres de Colette, encore une fois, comme dit Sylviedoc, tout en nuances, en sentiments vrais, non conventionnels, en rapprochement de la féminité avec elle même.











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La Chatte

Elle est belle, bien sûr, cependant il lui trouve le cou un peu trop court, il n’aime pas le parfum qu’elle met et « qui la vieillit », et puis, la première nuit de noces, elle n’a aucune pudeur, on dirait qu’elle aime ça et qu’elle en redemande. Déjà, fiancés, elle mendiait des baisers-sur-la- bouche, pire, elle en tenait la comptabilité.



Il lui en veut du plaisir qu’il lui donne.



Colette le dit avec des mots beaucoup plus fins, mais elle le dit. Camille n’émeut pas Alain, ce qu’elle affirme ne le touche pas, il est révulsé à la vue d’un cheveu noir laissé sur le lavabo, quand elle prétend le connaître, il sait que non, il s’efforce, pourtant, il essaie, il se tempère, évite les éclats et les disputes…

Et puis il y a Saha, la chatte, son amour de chatte, avec qui il communique et dont il comprend tous les Me-rroin. Elle, il l’aime, et son amour est partagé, au point que Saha se laisse mourir quand il part dans un autre appartement avec Camille. Elle reste dans le jardin où elle chasse, petite lionne féroce qui s’oublie à son animalité. Et qui essaie pourtant de se maitriser pour se rapprocher le plus possible de l’humain (comprenons : d’ Alain). Elle chasse une mésange, “ Assise, les pattes jointes, son jabot de belle femme tendu » Alain la caresse au moment où elle va maitriser son instinct félin, alors la chatte le mord brusquement « pour dépenser son courroux ».

Mais contre toute attente, cet accès de sauvagerie contribue moins à ravaler Saha au rang d’animal qu’à rapprocher, par le biais de la sexualité, l’homme de la bête. « Il regarda sur sa paume deux petites perles de sang, avec l’émoi coléreux d’un homme que sa femelle a mordu en plein plaisir ».

C’est elle, la femme, depuis le début, et Camille, l’intruse, l’étrangère. Lorsque Camille parle du futur « nid » (essai de se rattraper en animalité ?) Alain et Saha préfèrent fermer les yeux, ensemble. C’est Saha, la pudique, qui essaie de cacher sa propre passion pour Alain, discrète, digne, aimant inconditionnellement, exclusivement, patiente, empressée à ne pas lui déplaire. Il souffre en pensant à la brièveté d’un si grand amour», il lui répète des litanies passionnées « Mon petit ours à grosses joues », « mon pigeon bleu », « démon couleur de perles » ou bien : « mon petit puma, ma chatte des cimes, ma chatte des lilas ».





Entre Camille et Alain, les non dits s’accumulent : il lui préfère son ombre, il la juge, et se repait des critiques qu’il entend sans être vu de la part des domestiques. Le parfum ! Entêtant !Et puis l’impudeur ! Rédhibitoire ! Quand on sait combien l’odorat des chats est développé !



L’incompatibilité, à défaut de guerre, est déclarée, seuls des mots échappés et regrettés surnagent du silence. Le joli couple, uni par le désir, fondu dans le plaisir, cache des sentiments plus noirs. Elle s’habille de blanc pour susciter le compliment : « ma petite mouche dans du lait », oublieuse du fait que le lait, oui, Saha boit le lait.





Colette partageant elle aussi la complicité avec les chats, sait que les paroles humaines ne sont pas nécessaires lorsqu’une entente supérieure, une transmission de pensée presque divine lie deux êtres. Alain, comme Colette, « parle » chat, il savoure la beauté du silence, aussi.

Elle a écrit « La chatte » en compagnie de la « chatte dernière », irremplaçable et pas remplacée, comme dit Alain à Saha : jamais un autre chat que toi »Camile est trop « normale », presque quelconque, elle ne comprend rien, elle se croit supérieure, elle se rebiffe: sa naïveté aveugle la condamne, sa jeunesse ne l’aide pas. Pire, elle évoque le peu de fortune de son fiancé, matérialisme impardonnable.

On souffre quand on ne comprend pas pourquoi on souffre.



Normal qu’elle soit jalouse, dans ce trio où elle n’occupe pas la bonne place, dans cet appartement triangulaire, comme dans leur triangle amoureux, d’où elle veut déloger la chatte.

« Assis, tous les deux… vous ne m’avez même pas entendue ! Vous étiez comme ça, la joue contre la joue… »

Si lui, en rêvant, pense qu’il ronronne, si Camille le voit sursauter quand elle le touche « nerveux comme un chat » lui dit-elle, la dernière phrase du roman confirme avec génie l’interaction animal-humain, car « Saha, aux aguets, suivait humainement le départ de Camille »et Alain joue comme un chat, « d’une paume adroite et creusée en patte, »avec des marrons d’Inde.

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L'Entrave

Une fois n'est pas coutume, moi qui suis admirative de Colette, je n'ai pas été enthousiasmée par ce livre...



J'ai pourtant un souvenir agréable de " La Vagabonde", dont l'héroïne, Renée, artiste de Music-Hall , se retrouve ici, désoeuvrée, un peu plus âgée. Ayant touché un héritage, elle ne travaille plus. Je n'ai pas réussi à m'intéresser aux états d'âme de cette femme oisive, qui traîne, de Nice à Genève, dans le sillage d'autres artistes, sans véritable envie.



C'est l'amour qui va la révéler à elle-même, la tourmenter, lui faire accepter les entraves sentimentales que jusqu'ici elle refusait, par orgueil, par désir de préserver sa liberté.



Je ne l'ai trouvée émouvante qu'à la fin, lorsqu'elle cède, s'abandonne à ses sentiments. Mais je me suis assez ennuyée par ailleurs.



Cependant, comme toujours, la plume expressive, l'acuité psychologique, la justesse dans le choix des mots, les descriptions imagées et poétiques de la nature m'ont enchantée. Néanmoins, le style seul ne suffit pas ...
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La retraite sentimentale

Claudine a trouvé refuge à Casamène, la maison de son amie Annie, où elle patiente en attendant le retour de son mari du sanatorium. Sa vie est rythmée par les confidences d’Annie, les lettres de Renaud et les obligations liées à la propriété, obligations que lui cède son amie avec plaisir. Quand Marcel, le fils de Renaud les rejoint, Annie sort ses jolies robes.

Claudine se languit de Renaud, s’étonne de découvrir une Annie différente, réfléchit, bouscule un peu Annie et beaucoup Marcel.



Lire La retraite sentimentale, c’est entrer dans un monde où les jours s’étirent pour laisser la place à des descriptions vivantes et sensuelles, d’un sous-bois, d’un feu de cheminée ou de comportements animaliers.




Lien : https://dequoilire.com/la-re..
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La Naissance du jour

Une éternelle amoureuse qui n'a vécu que par et pour l'amour peut-elle s'assagir ? Colette y croit, elle qui, la cinquantaine aidant, n'aspire plus qu'au calme dans sa maison des hauteurs de Saint-Tropez. Promenades, baignades, jardinage, repas entre amis, siestes réparatrices...les chaudes journées provençales sont propices à un retour à la nature. Le jardin florissant, les vignes gorgées de soleil, les chats alanguis, la chienne fidèle, des amis attentionnés, voilà la recette du bonheur pour une Colette mature et libérée des exigences de l'amour. Pourtant, parfois ce dernier frappe encore à la porte, dans sa retraite estivale, il prend les traits de Valère Vial, un ''homme ordinaire'' de quinze ans son cadet. Faut-il s'en embarrasser ou le jeter dans les bras d'une jeune peintre qui semble tenir à lui ?





Que dire... ? La langue française est joliment maniée, les descriptions de la nature sensuelles à souhait, l'attachement à une mère adorée presque émouvant, mais, mais, mais... Quelle emphase ! Quel manque de simplicité, et dans l'écriture et dans ses sentiments. Comme tout récit autobiographie, La naissance du jour est une mise en scène de soi-même, et Colette excelle à se dévoiler tout en se cachant derrière les non-dits. Par souci de se donner le beau rôle ? Pas forcément, puisqu'elle n'apparaît pas toujours sous son meilleur jour dans les traits de cette femme mûre qui se voudrait détachée de tout et joue, hypocritement, les entremetteuses.

Un texte assez ennuyeux, plombé par une grandiloquence agaçante. Rendez-vous manqué avec Colette...
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La Naissance du jour



Colette dans « la Naissance du jour » veut glorifier sa mère Sido, morte il y a 10 ans, et reprend les lettres de celle ci.

Glorifier sa mère Sido? étrangement, dans la première lettre écrite à Maurice Goudeket, Sido décline son invitation de venir rejoindre sa fille, car un cactus ( ouiiii) va donner une fleur rose. Elles ne se reverront donc jamais, et sa fille d’ailleurs n’ira pas à son enterrement.

Pire, à la fin du livre, on apprend que Sido n’a jamais refusé d’aller voir sa fille, elle a encore bon pied bon œil à soixante seize ans.



Que veut vraiment dire Colette, dans ce livre laborieusement écrit ?( et l’écriture hésitante, passant d’un thème à l’autre, oubliant carrément le thème de la lettre citée, en est la preuve)

Colette le revendique dès la deuxième page : « Puissè-je n’oublier jamais que je suis la fille d’une telle femme qui penchait, tremblante, toutes ses rides éblouies entre les sabres d’un cactus sur une promesse de fleur, une telle femme qui ne cessa elle –même d’éclore, infatigablement, pendant trois quart de siècle... »

Ce cactus a fini par fleurir, et la fille suppose que Sido dirait « Demeure, ne te cache pas, et qu’on vous laisse tous deux en repos, toi et lui que tu embrasses, car il est bien, en vérité, mon cactus rose, qui veut enfin fleurir . »



Le couple, le toi et lui, recouvre ironiquement le peu de valeur que celle qui lui a donné le jour, pleine de critique quant à sa vie de danseuse nue, à ses deux mariages/ deux divorces, a de la vie sentimentale de sa fille, comme si elle ne croyait plus qu’elle puisse aimer ou être aimée « en vrai ».

Et qu’elle ait peur de la voir une fois de plus blessée.

Alors, autant un couple Colette/ cactus rose.



D’ailleurs, la fille avoue ces heures où elle se sent inférieure. Sa mère est un modèle si parfait, que Colette soupire : « jamais je n’arriverai à sa hauteur. » ou « Je ne la rejoindrai donc jamais ? » Sido a eu 2 maris, comme sa fille, mais elle a été 2 fois veuve, pas divorcée. Et, elle, elle a aimé. Colette soupire « je me mis, ce jour –là à douter d’avoir jamais aimé d’amour. » Ce n’est pas un hasard si elle reproduit les lettres de sa mère, bien meilleure écrivain qu’elle même, dit elle avec coquetterie.



Culpabilité, complexe d’Œdipe, cordon autour du cou, infériorité ? ou, plus sûrement, admiration absolue pour cette mère qui lui a donné naissance ?



Quelle est la meilleure façon de glorifier celle avec qui elle a connu une enfance totalement heureuse et campagnarde ? En la gardant jeune dans sa mémoire, en refusant de l’avoir même vue vieillir : « je ne t’ai connue que jeune, ta mort te garde de vieillir, et même de périr, toi qui m’accompagnes. Ta dernière jeunesse, celle de tes soixante- quinze ans, dure toujours. »

Ceci, au moment où elle-même accepte de vieillir, d’accéder à ce moment de sagesse, sans désir : « relativement veuve, douce à mes souvenirs et pleine du vœu de demeurer telle ».

Personnelle Colette, touchante dans ses dénis, inventant que la fleur d’un cactus puisse la supplanter , pour mieux mesurer la distance entre sa mère modèle, et elle, liées par un amour de toujours.



( Lecture à l’évidence totalement personnelle, partiale et partielle)

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La Maison de Claudine

Petites bouchées littéraires au goût tendre et suave, à picorer et à savourer.

Chaque phrase de Colette révèle un travail d’orfèvre pour donner, dans sa construction et son vocabulaire, toute la puissance sensorielle et colorée de ses souvenirs. Une écriture poétique et exigeante, d’une précision éblouissante. Une lecture que l’on a envie de faire à voix haute pour en extraire toute l’harmonie qu’elle recèle. C’est presque dommage de la garder sous silence.



Dans un léger et joyeux désordre chronologique, Colette nous peint de brefs mais riches arrêts sur image de son enfance puis, plus tard, de celle de sa fille Bel-Gazou, sans oublier chiens et chats qui l’ont toujours accompagnée.

Elle redonne vie à sa chère Sido, sa mère tant aimée, si pleine d’amour et d’inquiétude maternelle pour ses quatre enfants. Colette, qu’elle appelle Minet-Chéri, est sa petite dernière. Sido, ceinte de son tablier, toujours en action dans la grande maison au double jardin dont elle taille amoureusement les fleurs et qu’elle embellit avec des boutures de pélargonium, fièrement quémandées chez M. le curé. Sido, impétueuse, dont Colette retranscrit les paroles dans de vifs dialogues qui cassent subtilement la monotonie de la narration.

Elle effleure les traces du temps avec les petites rides apparues chez ses parents, avec le déclin de sa mère malade.

Elle se fait curé sur un mur en jouant avec le mot presbytère. Elle éveille la nature printanière sous le soleil d’avril et ramène au gîte sa chienne Bellaude partie faire la belle, entourée de cinq prétendants.

Son regard s’attarde sur Bel-Gazou, appliquée et pensive sur ses points de chaînette.

Puis par le biais d’une noisette creuse qui chante à l’oreille de sa fille, elle termine sur une touche nostalgique de l’enfance qui s’enfuit trop vite.



Trente-cinq délicieuses et savoureuses mignardises à déguster en les laissant traîner sur sa table de nuit pour s’endormir, la tête emplie de jolis mots et de jolies images.

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Gigi

D'une écriture aisée, succulente et très riche, variant d'une nouvelle à une autre, Colette nous dresse, dans ce livre constitué de quatre nouvelles, le portrait intéressant de quatre personnages qui semblent vivre en parfaite harmonie avec leur environnement, alors qu'au fond d'eux sommeille une nature insoupçonnée, qui peut surprendre une fois révélée. Je me suis précisément régalée des deux premières nouvelles qui se fondent sur les rapports entre parents et enfants...

Gigi est une adolescente qui a l'air naïf, se laisse guidée par sa grand-mère et la tante Alicia pour devenir une femme mondaine, une courtisane coquette, d'autant plus sa mère est une actrice qui ne dispose pas de temps pour elle. Mais elle n'a pas encore dit son dernier, surtout quand l'oncle Gaston Lachaille se pointe devant elle avec des intentions de grandes personnes, elle va bouscouler les consignes reçues...

L'enfant malade est un texte poétique avec lequel, comme le titre l'indique, on s'attend à subir des tensions psychologiques d'un enfant privé de mobilité, dépendant entièrement de sa mère et de sa nounou, beuh non, le malade se crèe tout un monde d'espoir au dedans de lui, il se situe entre rêves et réalités, ça lui épargne de succomber de l'intérieur...



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La Naissance du jour

Comment oser "pondre " une critique sur ce texte inscrit au firmament de la littérature française ? Je ne m'aventurerais pas dans cette aventure.

Je noterais seulement que ce texte pour beaucoup autobiographique fut écrit en 1928 à Saint Tropez où Colette possédait une villa la "treille muscate".

Amour de la Provence, amour de ses bêtes , amour haine pour cette mère décédée Sido , amour amitié pour Vial cet homme ordinaire de 15 ans son cadet , amitiés pour ses amis peintres ...

Amour , amour tel est le mot clé de ce texte à l'écriture poétique où chaque ligne se transforme en image .un véritable régal pour un lecteur exigeant car revers de la médaille certaines phrases superbes m'ont demandé des relectures mais le jeu en valait la chandelle

merci au club de lecture de babelio sans lequel je n'aurait pas franchi le seuil de l'univers de Colette cela aurait été bien dommageable
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L'Étoile Vesper

C'est en lisant ce livre de souvenirs, et empreint de considérations bucoliques, que j'ai rencontré l'écrivain Colette.





Livre qui débute et se clôt par l'évocation des saisons, du printemps, emblème de renouveau, le coup de baguette magique dont il pare le décor faisant sortir bourgeons, feuilles toutes chiffonnées, fleurs sauvages et faisant entendre la musique du pépiement des oiseaux.

Un printemps qui renouvelle les couleurs du paysage que Colette, immobilisée à cause d'une arthrite de la hanche, ne peut qu'admirer de la fenêtre de son appartement . De sa place favorite, elle observe les métamorphoses des Jardins du Palais-Royal et les nuits étoilées avec pour compagnes lune et chauve-souris.



Si dans un premier temps, ce sont les couleurs de la nature en évolution qui la captivent, bientôt viennent en filigrane les souvenirs des quatre années de guerre qui viennent juste de se terminer, de l'occupation et des terreurs qu'elle a fait naître dans les coeurs, de la proximité de Compiègne, tristement célèbre par son camp de détention, lieu de départ vers les Camps nazis ( alors que je commençais ma lecture et que j'avais posté une citation pour évoquer Robert Desnos, je recroisais son ombre par l'évocation de ce camp de transit...)



Elle évoque son travail au journal Le Matin, ses travaux d'écrivain.



Et surtout, elle évoque les rencontres, les visages croisés, les amitiés passées, les connivences, tout un monde déjà bien loin pour cette Dame qui n'a pour compagne principale que la solitude désormais. Elle vit en couple mais semble s'ériger une tour d'où elle veille et revit dans les souvenirs du temps qui passe. Elle feuillette avec nous des albums de photographies, prétextes à évoquer tel ou tel moment de l'existence, tel ou tel compagnon de route, tel ou tel talent rencontré. Elle écrit également de très belles pages sur la période de sa grossesse, un questionnement tout en sincérité et un amour vrai qui grandit et se déplie petit à petit comme les feuilles des arbres qu'elle aime tant.



Enfin, que serait un récit de Colette si elle n'évoquait pas ses compagnons à quatre pattes et surtout le regret de ne plus partager les promenades d'un chien de par sa maladie. Partager la balade tranquille en accord avec le pas de l'autre pour humer senteurs et admirer les couleurs qui dessinent à nouveau les lieux connus.





Une lecture à la fois poétique et ardue à certains moments mais qui donne bien envie de poursuivre la rencontre.
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Bêtes libres et prisonnières

Colette est connue pour sa grande liberté de pensée, son art de vivre, une passionnée, amoureuse de la nature.En relisant cet ouvrage, je me dis également qu 'elle est une pionnière en matière de cause animale..son esprit critique est lucide sur la question quand elle parle des animaux de cirque et le zoo, elle ne cautionne pas cette vie animale.



Cet ouvrage recense son bestiaire avec humour et intelligence, sa pertinence sur les conditions de vie des animaux de cirque est saisissante. Comme une belle fée qui n 'a de cesse de leur parler et de les choyer, la galerie de portraits est une ode à leur beauté et leur intelligence..tout en soulignant de sa subtile plume, les travers et le regard que leur porte l' espèce humaine ..

quel est le plus "bête " des deux? finalement...je vous laisse deviner et juge.



Quel bonheur de relire ces lignes, en écoutant les oiseaux s 'exprimer dans mon jardin!...Colette fait partie décidément de mes meilleures amies.

Je vous recommande de vous plonger dans ses écrits.. une belle promenade dans un jardin au bouquet enivrant...que vous n'oublierez pas.



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Oeuvres, tome 2

J'ai tout fait pour Colette, sans résultat.

J'ai ouvert du livre de poche à 1 francs, j'ai acheté des éditions originales numérotées sur Vélin ou Lafuma.

J'ai écouté des émissions sur France Culture, et lu des biographies.

J'ai fait mon service militaire avec "Le Képi" dans mon paquetage.

Ma fiancée se nommait Claudine.

A Noël j'ai offert ses œuvres complètes à ma belle mère et "Les Vrilles de la vigne" à mon jardinier.

Depuis que j'ai accroché à la maison son poster, mon chat ne mange plus ses croquettes.

Docteur, je suis dans le doute...
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Sido, suivi de Les vrilles de la vigne

Je suis un peu passée à côté de Sido, j’ai préféré certains textes du recueil Les Vrilles de la Vigne où j’ai davantage retrouvé l’écriture sensuelle de Colette. Pas un de mes livres préférés de l’autrice, donc.



Sido



Dans ce texte, Colette évoque son enfance, ses frères et sœurs, surtout sa mère « Sido ».



J’ai trouvé beaucoup de distance envers sa famille. Elle avoue ne pas avoir été proche ni de son père (pourtant personnage intéressant) ni de sa sœur aînée, très mystérieuse, et dont on devine les difficultés de vivre. Son amour pour sa mère est celui de son enfance, elle semble s’être détachée depuis. Quant à ses frères, pas d’affection démesurée non plus, ils étaient là, ils le sont toujours et c’est tout.



Les Vrilles de la Vigne



Il s’agit de vingt textes écrits entre 1905 et 1908. J’ai été davantage touchée par certaines nouvelles que par d’autres (La dame qui chante, Belles-de-jour, Le miroir, Le Nouvel An).


Lien : https://dequoilire.com/sido-..
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Claudine à l'école

Je croyais faire une relecture, mais, si je suis bien sûre d’avoir lu des Claudine…, je suis tout aussi sûre de ne jamais avoir lu celui-là auparavant. J’avais peur de trouver ce texte vieilli, mièvre et ennuyeux. Certes la prose de ce roman ne laisse guère présager les qualités ultérieures de l’écriture de Colette. Le thème de ce roman s’y prête peu d’ailleurs, le sujet est très banal a priori (une année d’école d’une adolescente). Dès les premières lignes j’ai compris mon erreur. Quel talent ! Quelle capacité à saisir l’essentiel pour camper une adolescente un peu délurée, un peu rebelle, mais pas trop (bonne élève, d’une bonne famille et futée) et pour semer son année scolaire de quelques péripéties (l’école en travaux y pourvoit aisément avec vraisemblance) pour maintenir l’attention du lecteur jusqu’au bout. Le ton et la psychologie des personnages sont d’une justesse incroyable et intemporelle, si bien que le lecteur passe outre sur ce qui a des allures d’un autre temps, en particulier les préparatifs de l’inauguration de l’école par un ministre. Cela m’a tellement fait penser au Comice agricole d’Emma Bovary que je pense qu’une bonne part de la situation faisait déjà un peu datée en 1900. On est très loin d’une grande littérature, mais en ajoutant le côté piquant et un peu sulfureux, en tout cas hautement transgressif pour l’époque de l’évocation de relations bisexuelles, le résultat est fort plaisant et très réussi . Le fait que Claudine soit mineure empêche par ailleurs le roman d’avoir trop vieilli. Au contraire c’est toujours agréable de passer un moment à s’immerger dans la France rurale du tout début du XXème siècle avec une lecture fraîche, légère et distrayante.
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Chéri

« Chéri » est le premier roman de Colette que je lis. Cette lacune s’explique par le fait que, sans savoir pourquoi, cette auteure ne m’attirait pas du tout. Mais mon mari ayant lu ce roman récemment, il m’a conseillé de dépasser mon a priori négatif et de le lire aussi. J’ai bien fait de suivre son conseil, « Chéri » est un très beau roman.



Je m’attendais à une romance anodine. Il n’en est rien. « Chéri » est un roman à la fois subtil, cruel et émouvant. La peinture psychologique des personnages est remarquable de justesse. Chacun des protagonistes est finement ciselé. Ainsi, le récit est très vivant et très prenant. A ma grande surprise, je me suis véritablement passionnée pour l’histoire d’amour entre Léa, courtisane mûre, et Fred, jeune apollon un brin superficiel. Leur histoire, si elle est vouée à l’échec, n’en est pas moins terriblement belle. Triste et belle cette histoire d’amour, le premier pour lui, peut-être le dernier pour elle dont la beauté est de moins en moins éclatante. Les sentiments et émotions de Léa sont particulièrement bien dépeints et très émouvants. J’ai même trouvé certains passages douloureux à lire. Le regard cruel que porte Léa sur elle-même a quelque chose de bouleversant. Il y a une dureté à voir cette femme, autrefois très séduisante et fraîche, aujourd’hui encore assez belle mais qui a tout de même perdu de sa superbe, scruter les moindres traces de son vieillissement, l’apparition d’un double-menton, le cou qui s’épaissit, les mains qui flétrissent…

Pour autant « Chéri » n’est pas un roman triste. Il y a des notes d’humour plaisantes et l’écriture de Colette est très agréable de légèreté et d’élégance.



La lecture de « Chéri » a balayé tous les a priori que je pouvais avoir sur Colette. Je compte bien lire d’autres œuvres de cette auteure.



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Sido

Livre pendant à La Maison de Claudine; Colette, alias Bel-Gazou, signe ici la renaissance de la mère de son enfance. "Sido", aimée du capitaine Colette revenu estropié de la guerre. Évocation teintée d'une fine nostalgie qui jamais trop ne s'appesantit. Derrière la figure maternelle se dessinent le père, la soeur aînée lointaine quoique présente, les deux grands frères, la maison de l'Yonne. Ou plutôt son jardin dans lequel règne Sido, moderne Démeter que Colette esquisse redressant un tuteur, contemplant un merle dévorer les cerises, se dressant à l'écoute des vents pour déterminer les changements de temps. Quasi en guerre contre le vent d'Est, "l'ennemi", celui qui a déjà amené la neige en plein été.



Il y a une infinie poésie dans les souvenirs de Colette. La Nature y est célébrée avec tout un vocabulaire proche du paganisme. Entité grande et immuable - du moins par réminiscence - qui se retrouve également dans plusieurs des courts récits qui constituent Les Vrilles de la Vigne succédant aux chapitres de Sido. L'auteure y dépeint de petites tranches de sa vie adulte, scénettes parfois vues à travers le regard de ses animaux. Chiens et chats sont très présents dans ces textes. Tour à tour mélancolique et enjouée, contemplative ou pleine d'ironie,  Colette fait montre de son talent à recréer en quelques phrases des ambiances, des existences, des anecdotes. Parfois piquante sa plume ne devient jamais méchante. Elle offre à de petits riens un écrin somptueux par la grâce de son écriture vive et imagée.



Ce recueil est pour moi une nouvelle bonne trouvaille dans une boîte à livres. Il se déguste non pas d'une traite mais en prenant son temps; chaque récit pareil à un délectable chocolat dans la boîte d'un maître chocolatier.
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Duo

Un petit roman sur un couple fusionnel dont le mari découvre l'adultère de son épouse ; une passade dit-elle, rien de grave.

C'est un huis-clos, une presque pièce de théâtre.

Il est est questions d'une tromperie, de l'ambivalence d'une femme qui souhaite être pardonnée mais qui a besoin que la douleur de son époux se manifeste, explose.

D'une écriture élégante, détaillant paysages, objets et pensées des protagonistes, Colette rentre dans l'intimité du couple.

Le poids des apparences, la servante en toile de fond, les hypocrisie et la jalousie parsèment ce récit.

Et puis, la chute...

Un roman tout en délicatesse sur le paradoxe des relations humaines.
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