Voici un roman qui allie un style simple et élégant, des personnages attachants et une dimension historique originale.
Dans « La nuit du premier jour », Theresa Révay nous emmène dans le passé industriel de Lyon, dans le milieu des « soyeux », les producteurs de soie, au début du 20ème siècle. Ce n'est pas précisément un sujet auquel je me serais spontanément intéressée, mais l'autrice réussit à nous captiver sans que l'on tombe un instant dans l'ennui et c'est avec plaisir et curiosité que l'on avance dans cette lecture qui nous fait voyager jusqu'en Syrie, pays où la soie brute est produite avant d'être importée en Europe.
Nous suivons le destin de Blanche, épouse d'un riche patron lyonnais, issue elle-même du milieu de la soie, mais née dans une famille de modestes artisans français implantés au Liban. Sous les alcôves dorées de la bourgeoisie, déracinée, entre un mari amoureux mais qu'elle n'a pas choisi et une belle-mère pétrie de principes, austère veuve qui dirige son entourage d'une main de fer, elle ne trouve pas sa place.
L'acte radical qu'elle posera déploiera ses effets jusqu'à la génération suivante, tissant la toile de fond dramatique du récit qui s'entremêle inextricablement avec un contexte politique qui ne demande qu'à s'enflammer.
« La nuit du premier jour », est l'histoire d'une femme qui choisit la liberté et qui en assume avec panache les conséquences. Les caractères sont sensibles, nuancés, parfois surprenants dans leur évolution. On apprécie de passer du temps en leur compagnie. C'est beau, triste, vibrant. C'est souple et ça a du corps, c'est enveloppant comme une étole en velours de soie.
Un agréable moment de lecture. Délassant et intelligent, que demander de plus ?
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