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Critiques de Toine Heijmans (96)
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En mer

Ne vous fiez pas à la belle mer étale en couverture du livre de Toine Heijmans, le roman annonce plutôt un fort avis de tempête.

La traversée ne sera pas de tout repos, alors gare au roulis !



Depuis trois mois, Donald voyage en solitaire sur la mer du Nord. Loin des problèmes de bureau, loin des promotions espérées en vain, loin des regards pesants des collègues, rien d’autre que lui, ses pensées, son voilier et la mer. La croisière s’achève dans quelques jours et pour la circonstance, Hagar, la femme de Donald, a accepté que Maria, leur fille de 7 ans, accompagne son père pour la dernière étape du voyage. Pour Donald, qui est resté éloigné de sa famille durant de longues semaines, c’est une joie d’accueillir Maria à bord du voilier. Deux jours pendant lesquels, unis, complices, père et fille vont partager les bonheurs de la navigation avant de rentrer aux Pays-Bas où les attend Hagar. La traversée s’annonce donc idyllique. Mais lors de la seconde nuit, le temps change brusquement. Les nuages se sont rassemblés et « voguent en rangs serrés autour de l’étrave ». Bientôt la tempête se déchaîne autour du petit bateau et Donald semble totalement perdre le contrôle de la situation.

Le voilà qui descend dans la petite cale pour voir si l’orage n’a pas réveillé Maria. Il touche le matelas mais ne sent rien…Il balaie du bras les couvertures, les fouille, les tire, met à sac le petit lit. Rien ! Maria n’est pas là ! Maria a disparu…



La sentez-vous la tension dramatique monter au creux de vos reins ? Celle qui fige les nerfs et glace les sangs à l’idée du malheur qui a pu frapper cette frêle embarcation malmenée par une mer déchaînée ? Elle vous accompagne tout le long du récit cette tension sournoise et électrique, d’autant plus accrue à mesure que la psychologie de Donald se révèle dans toute son impuissance à faire face aux évènements.



Car Donald est le genre de personnage qui met d’emblée mal à l’aise. Ce type, on ne le sent pas, il n’est pas net. Et quand on sait que sa fille de 7 ans est seule avec lui sur ce bateau en pleine mer, le malaise au début imperceptible devient de plus en plus envahissant, oppressant, d’abord comme une toute petite bulle qui se forme à la lisière de la conscience et qui grossit, grossit, grossit jusqu’à éclater dans un trop-plein de panique, de peur, de colère, mais aussi d’espoir malgré tout.



Tout le long de ces interminables petites 150 pages qui ne ménagent guère de détente, dans un état de contraction allant crescendo, l’on garde sur la rétine l’image de cette petite fille dans son pyjama rose et de cette mer du Nord démontée, froide, meurtrière, capable de réduire à néant n’importe quel bateau d’un seul mouvement de lame.

Et plus on découvre Donald, plus on perd confiance. Le bonhomme, de nature introverti, nous apparaît comme un être fragile et désemparé, frôlant l’abattement moral. Sa déprime nous inquiète, son désir de bien faire aussi.

A trop vouloir être un mec bien, un bon père, un bon mari, un bon employé, celui sur qui l’on peut compter en toutes circonstances, Donald finit par se noyer dans un océan de doutes. Si bien que la peur de l’échec le fait souvent agir en dépit du bon sens et prendre de mauvaises décisions. L’image qu’il renvoie est alors celle d’un homme aux failles profondes, et malgré la compassion qu’il inspire, sa chétive condition n’est que plus évidente au milieu des flots, dans cet encerclement bleu où se débat sa pensée chaotique.



Louvoyant dans les eaux troubles de nos angoisses, l’auteur néerlandais Toine Heijmans joue avec nos nerfs, fait monter la pression et nous maintient dans une cabine de pressurisation morale avec une très efficace façon de créer le suspense dans le pressentiment plutôt que dans le rythme.

Peu d’actions en fin de compte mais un récit bâti sur ce que le lecteur tend à s’imaginer, sur les tragiques représentations mentales qu’il se forge. Ainsi, c’est lui-même qui va échafauder ce suspense au cordeau en projetant dans le roman ses propres appréhensions du drame absolu - qui plus est pour des parents – qu’est la perte d’un enfant.



Dans un contexte maritime, c’est un peu la même étreinte affolante que l’on pouvait ressentir à la lecture de « Sukkwan Island » de l’auteur américain David Vann. Les mêmes émotions gouvernent la lecture de « En mer » : le sentiment de malaise irrépressible devant un danger potentiel, la peur-panique qu’un drame affreux ne se produise et pour couronner le tout, le cadre majestueux d’une nature imprévisible et hostile qui vient conforter l’anxiété s’amplifiant au fil des pages.



Le décalage entre une narration terre-à-terre et des éléments extérieurs déchaînés scande le trouble en incessant ressac. L’écriture âpre et sans apprêt de Toine Heijmans, la frugalité de ses mots face aux tumultes de l’océan, jouent un rôle d’accélérateur de tension, et l’on ne goûte l’air frais du grand large qu’avec le relent âcre de l’inquiétude au fond de la gorge.

Si le roman nous submerge habilement par son climat pesant et irritant dans une description plutôt alarmante de l'intimité masculine, le style mesuré de l’auteur néerlandais, d’une simplicité concise et réfléchie, recèlent de belles fulgurances marines ainsi qu’une réflexion judicieuse sur la solitude, la dépression, la paternité, les relations de couple, les aléas du monde du travail…tout ce que nos sociétés modernes produisent de tracas et que l’océan, dans toute son auguste puissance, balaie d’un revers de vague.

«En mer » : Prix Médicis 2013 du roman étranger…Attention ça va gîter !

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Dette d'oxygène

Dette d'oxygène s'ouvre sur l'ascension d'un 8000m himalayen pour Walter, mais sur cette voie maintes fois parcourue ce n'est pas un désir de conquête qui anime cet alpiniste aguerri. Usant ses forces déclinantes, le vieil homme emprunte un autre chemin, plus intérieur, pas forcément plus simple à accomplir la trajectoire se révélant parsemée d'ombres.

Celle de son ami Lenny, qui a marché une bonne partie de sa vie à ses côtés même s'ils n'ont pas réussi à poursuivre leur route ensemble, celle aussi des mythes et gloires passées qui ont façonné ses rêves, les Rebuffat, Tenzing, Bonatti, Messner, celle encore des tragédies qui ont laissé leur empreinte dans les montagnes.



Posant son ultime regard sur le paysage, c'est en quelque sorte un récit crépusculaire auquel se livre notre héros, un récit où l'émotion et la réflexion s'assistent réciproquement et dont il émane une grande solitude qui n'aura de cesse d'exprimer l'amertume.

C'est donc avec un sac un peu plus lourd, chargé du poids des années et d'un tas d'histoires que Walter nous offre de belles pages sur la mélancolie. Une tristesse muette nous envahit dans ce roman sur les choses qui ne sont plus mais dont le spectre demeure, sans toutefois nous enfermer dans un récit morose. D'abord parce que le chagrin peine à s'avouer et à s'exposer au grand jour. Mais surtout parce que la narration est vivifiée par une construction ancrée autant dans le réel que dans le méditatif : le roman brasse des figures héroïques lointaines, explore des crevasses intimes mais ne manque pas d'éprouver la conscience et l'assurance de Walter dans cette dernière ascension. On pourrait parler de justesse mais il semble que ce serait trop peu en dire avec un auteur ancien alpiniste, doté d'une écriture capable de décrire le geste de manière assurée et de saisir les pensées reculées, les histoires scellées au fond de gens passablement désenchantés.

Avec cette histoire habilement racontée, je redécouvre Toine Heijmans et ses héros de littérature que j'aime, toujours en quête de liberté. Son style a gagné en fermeté, son sens de la métaphore en résonance rendant le livre captivant jusqu'au point final, mais laisse désemparé dans les deux dernières pages.
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En mer

Voilà un roman qui à le mérite de vous embarqué de façon pernicieuse. Toine Heijmans se glisse dans les pensées de Donald, qui a décidé de partir trois mois en mer après avoir obtenu un congé sabbatique et le oui de son épouse. Pour sa dernière étape qui le ramène au bercail, il retrouve Maria sa fille de sept ans, pour effectuer les derniers miles. Mais une météo peu clémente se profile. Ces dernières quarante huit heures seront les plus difficiles de sa parenthèse solitaire. Angoissant à souhait, ce jeune auteur Hollandais nous glisse dans les pensées de Donald, qui trouve le besoin de se ressourcer à travers ce voyage. Le roman devient très vite addictif, Heijmans installant des situations anxiogènes. Difficile de lâcher ce court roman. Privé de sommeil, le cerveau de Donald mouline à plein régime. Une façon très originale de parler de la place d’un homme tant dans sa vie privée que professionnelle. Le récit de Heijmans trouve toujours le ton juste, angoisse et quiétude se chevauchant avec un bel équilibre. Ce huis-clos maritime ne perd jamais le cap. Un auteur à suivre indiscutablement, couronné par le Médicis étranger.
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En mer

Ismaël est son voilier, la mer son terrain de jeu.

En navigateur averti, Donald sait que les moments qu'il partage au quotidien avec sa fille Maria sont privilégiés.

La maman, assise sur une bitte d'amarrage, guette le retour de ses héros.

Tirant tribord sur le grand foc à près de 12 noeuds direction plein Est - astuce, il suffit de repérer la mousse au pied des arbres - la balade s'avère idyllique, la mer d'huile, l'ambiance digne des plus grandes soirées mousse sur la croisette. Bref, tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes.

Mais ne dit-on pas que c'est pas l'homme qui prend l'amer, c'est la mère qui prend l'ohm. Si, on le dit, avec juste raison.

Ce qui ne devait être que bidonnage et barres de lol va très rapidement virer au cauchemar...



La balade est agréable, pas inoubliable.

Retraçant le parcours de nos deux moussaillons de A à Z, l'auteur n'aura pas su insuffler la tension nécessaire à un tel récit. Introspections poussées à leur paroxysme, soit, mais toujours ce sentiment persistant de déjà vu.



A sa décharge, Heijmans parle de la mer avec une passion communicative. Le bateau et ses moult manoeuvres sur terrain gras, voire pentu, n'auront plus aucun secret pour vous. Le bonhomme connait son affaire et la dispense sans jamais saouler le néophyte, chapeau pour la perf'.

Là où le bât blesse, c'est l'anticipation d'un final à 1000 miles nautique à la ronde.

Zéro surprise, juste la confirmation d'une évidence et ce dès le tout premier quart de la moitié et je retiens 2, c'est dire.



En mer vous dépaysera, de là à vous submerger...







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En mer

Voila longtemps que je voulais lire En mer et je dois dire que je ne suis pas déçue, bien au contraire. Toine Heijmans nous livre ici un roman très court mais tellement intense qu'on le dévore d'une traite.



On fait la connaissance de Donald, qui prend trois mois pour partir réaliser un rêve de longue date : naviguer en solitaire sur un voilier. Pour conclure cette aventure, il embarque sa fille de sept ans pour une dernière escale : "Elle comprenait ce qui allait se passer. D'après moi, elle en avait même envie. Quelques jours seule avec son père, le pirate. Oui, elle se sentirait comme Fifi Brindacier. une enfant qui ne recule devant rien. Dans les bras de son père, et dans les bras de la mer."

Mais tout ne se passe pas vraiment comme prévu...

"Ce fut mon choix à moi. Je voulais l'aventure. Quand on lit des livres d'aventure, on lit des récits de héros. L'homme contre l'eau. L'homme contre la montagne. L'homme contre la jungle, contre la nature. Mais maintenant que moi-même je me retrouve dans une aventure, ça n'a rien de romantique. Ici règne un froid de pierre.

Les gens normaux évitent l'aventure - ils ont raison. Quand tu escalades une montagne, ton sort est entre les mains de la montagne. Qu'est-ce que ça peut lui faire, à la montagne, si tu tombes?"



Le suspense monte progressivement et la construction du roman est habile : des le départ on sait qu'il se passe quelque chose de grave mais l'auteur choisit un flashback pour nous faire doucement patienter. Il joue avec ses lecteurs avec cette fin qui bouscule toutes nos certitudes de lecture. J'ai vraiment beaucoup aimé ce roman et cette première rencontre avec l'auteur. Le personnage de Donald est lui aussi attachant même si au final, il reste un grand mystère. Je reste sur ma fin et je suis curieuse de savoir ce qu'il est devenu après son arrivée au port....
Lien : https://missmolko1.blogspot...
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En mer

Il voulait emmener Maria en mer. Seuls, tous les deux, père et fille.

Et quand il voulait quelque chose, il le faisait !

Hagar a accepté pour ne pas jouer les emmerdeuses, pour ne pas faire de peine à sa fille.

La fillette rejoignit son père pour la dernière étape d’un périple qui a duré trois mois.

Ils sont heureux de se retrouver pour partager la grande aventure.

Puis le ciel s’obscurcit, les vagues battent la coque du bateau, le vent se lève et la grêle se met à tomber comme des billes sur le pont. Et brusquement, Maria est introuvable !

Le lecteur tout comme le bateau est balloté dans un suspens allant crescendo dans l’angoisse.

Toine Heijmans parvient à créer cette ambiance terrible qui ne laisse rien présager de bon, il conserve le mystère jusqu'à l'ultime page, qui éclaire enfin l'ensemble de l'intrigue !

J’ai adoré ce roman impressionnant d’un auteur incroyable qui joue avec les mots autant qu'avec les sentiments pour berner le lecteur du début à la fin...

Je vous conseille vivement de larguer les amarres et… bon vent !



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Pristina

Toine Heijmans a écrit un roman d’aujourd’hui, un roman qui met en lumière les immigrés, les clandestins, les illégaux. Mais derrière ces mots souvent utilisés dans les débats fortement polarisés, T. Heijmans a voulu raconter une autre histoire. Celle d’un village néerlandais de solitaires bougons battu par les vents de la Mer du Nord, qui après le reflux des vacanciers, voit débarquer un homme en costume avec une valise à roulettes. Sur une île où tout le monde se connaît, on ne peut l’ignorer, surtout lorsqu’on découvre qu’il est missionné par le gouvernement pour rapatrier dans son pays d’origine une étrangère qui serait réfugiée au sein de la petite communauté…

Entre Albert, ce fonctionnaire déterminé et minutieux jusqu’à l’obsession, des villageois hostiles et Irin Past cette étrangère à l’identité trouble, on observe tout ce petit monde comme un iceberg : ils ne cessent de vouloir nous montrer la partie émergée d’eux-mêmes, conservant leur part de mystère. Et en premier lieu Irin, condamnée à être invisible car « une vie sans histoire est précieuse pour les étrangers : aussi longtemps que personne ne sait d’où tu viens, tu es partout chez toi. La première chose que les nouveaux étrangers font lorsqu’ils passent la frontière, c’est s’oublier. » L’auteur dessine alors le récit comme on tente de reconstituer un itinéraire, un long voyage chaotique pour remonter aux sources, accéder aux origines, à la mémoire, aussi confuses soient-elles.

Très habile dans les dialogues, attentif aux détails, Toine Heijmans nous livre un roman rayonnant de lucidité, les discours politiques se heurtent sans cesse à un réalisme acéré. Il n’y a donc ni démonstration pédante ni discours qui fige la condition de l’exilé. Loin de poser un regard d’esthète sur la question du passé, de l’identité, ou de notre rapport à l’étranger, l’auteur néerlandais n’a cependant pas écarté quelques anecdotes poétiques.

Lecture agréable malgré quelques longueurs qui affectent l’intérêt pour ce livre dans sa deuxième partie.

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En mer

Donald est passionné de voile. Las de son travail et de sa famille, il est parti pour une longue traversée dans le Nord de l'Europe. Il a passé trois mois seul sur son voilier, thérapie idéale pour évacuer son malaise existentiel. Maria, sa fille de sept ans, le rejoint pour la dernière étape, entre le Danemark et les Pays-Bas. La traversée ne sera pas de tout repos car Donald doit rester éveillé pour éviter toute collision. A l’aube, le navigateur, assommé de fatigue, constate que sa fille n’est plus dans la cale. Elle a dû tomber à l’eau au cours de la nuit. Débute alors une recherche désespérée au milieu des flots. L’histoire prend ce tournant angoissant qui sauve un roman enfoncé par une écriture trop plate. Il y en que la mer inspire et qui rédigent des pages chargées d’embruns et de lyrisme, d’autres non. Le narrateur déclare deux fois : « Le pilote automatique pilotait. » Merci ! Il nous livre aussi son ressenti qu’il exprime à travers de vagues considérations sur les différences entre un père et une mère ou sur la vie professionnelle. Rien de trop percutant, ses propos pourraient être ceux tenus par un collègue de la compta à la machine à café. L’entame insipide est balayée par un suspens subtilement amené. Les autres Babéliotes ont déclaré avoir deviné le fin mot de l’histoire rapidement mais ce n’est pas mon cas. A défaut d’être clairvoyant, j’ai pu savourer le coup de théâtre. Comme dirait l’Autre… Heureux sont les simples d’esprit !
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En mer

"Je n'avais pas vu les nuages. Ils ont dû se rassembler dans mon dos. Ils ont dû s'avancer sur ordre de Dieu sait quoi". Cette première phrase du roman met tout de suite dans l'ambiance et je me suis dit que je n'étais pas partie pour un voyage en mer du style "la croisière s'amuse".

Car c'est bien d'un véritable thriller maritime qu'il s'agit. Et Toine Heijman nous livre une histoire dont le suspense va crescendo via le récit du personnage principal Donald, homme de mer averti, parti pour naviguer avec sa fille Maria, de Thyboron au Danemark jusqu'à Harlingen aux Pays-Bas. Jusqu'au jour où, panique à bord, Donald ne trouve plus Maria dans sa couchette sur le bateau.

Mais qui se cache derrière le marin expérimenté que paraît être Donald ? Très vite ses longs monologues intriguent, dérangent. Et j'ai bien vite senti que Toine Heijman, via de petites phrases apparemment anodines, se plaisait à semer le doute dans l'esprit du lecteur et que Donald était un homme en perte de contact avec la réalité, oscillant constamment entre des pensées euphoriques conjurant le mauvais sort et des scénarios catastrophes générateurs de véritables crises de panique.

Dès lors, même si la ligne directrice du roman se dessine assez vite, je me suis laissée assaillir de questions.

Quid de Maria, petite fille très attachante et qui, dans le couple père /fille, joue le rôle d'adulte ?

Quid des dangers réels de la mer qui planent sur tout le roman, via de superbes descriptions, avec le thème récurrent des vagues, véritables actrices de ce drame maritime.

Quid des scènes hallucinatoires où Donald, en proie à des crises de panique, va apparemment braver tous les dangers pour retrouver Maria, seul face aux éléments déchaînés. Ce sont des passages où la plume d'Heijman sait admirablement bien caler la dislocation de la phrase sur celle de la pensée, entraînant ainsi son lecteur dans la spirale de l'angoisse.

Toutes ces questions sont pressantes, oppressantes et l'art d'Heijman vient de cette zone d'incertitude qu'il crée autour des propos de son narrateur et qui ne laisse pas d'autre choix au lecteur que celui de se livrer à un décryptage subtil, aléatoire, de ce que fait ou dit Donald, sans être sûr d'être sur la bonne piste. C'est là que réside le suspense du roman plus que dans le dénouement un peu attendu et somme toute pas très original.

Dernière remarque sur ce livre que j'ai lu d'une seule traite : les superbes évocations de la mer qu'elle soit déchaînée ou porteuse de ces moments de bonheur immobile que ressentent, paraît-il, les navigateurs de haute mer...

Heureuses digressions dans ce roman tout en tensions, en noirceur supposée ou avérée.

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En mer

Je pense que tout le monde, sans exception, tente un jour d'imaginer ce qui pourrait arriver de pire, à lui-même, son enfant, son compagnon. C'est à ce jeu dangereux que s'est livré Toine Heijmans. Un homme prend un congé sabbatique et part trois mois en mer sur son vieux voilier Ismaël, d'après le héros de Moby Dick. Sa fille de sept ans, Maria, le rejoint au Danemark, dernière destination, et ensemble, ils parcourent la distance qui le sépare de son point de départ, les Pays-Bas.

Mais, par un matin de mer agitée, elle n'est plus dans son lit. Disparue.



Heijmans prend le parti de commencer son roman par ce moment-clé, puis revient en arrière, relatant les jours qui ont précédés ce moment tragique et nous laisse ainsi dans une attente fébrile.



Donald, le père, est un homme qui doute, un homme qui fait ce voyage pour garder la tête hors de l'eau et prouver à sa femme et ses collègues de quoi il est capable. Peut-être est-ce d'ailleurs pour cette raison qu'il embarque sa petite fille de 7 ans sur la Mer du Nord, seuls tous les deux, et tente de se convaincre que tout se passera merveilleusement bien? Oui mais voilà, avant d'embarquer, il rencontre un oiseau de malheur: "Il avait bu. Il me rappelait le prophète qui apparaît au début de Moby Dick. Un clochard ivre qui prévient Ismaël dene pas embarquer sur la baleinière, parce que le bateau court un danger. Dans le livre, le prophète a raison. Mais ce voyage-ci n'était pas un livre. Jusqu'à présent, tout s'était bien passé, et tout allait bien se passer."

Toine Heijmans, qui a reçu le prix Médicis du roman étranger en 2013, écrit avec économie et précision. Navigateur confirmé, il donne force détails sur la navigation et semble avoir inventé une nouvelle manière de parler de la mer et du ciel, ses descriptions sont un délice à lire. Le livre, relativement court, est entraînant au début, mais un peu plus confus par la suite et déroutant; il aurait mérité un récit un peu plus développé, pour nous permettre de mieux nous accaparer le personnage.
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En mer

Donald a pris, en accord avec sa direction d'entreprise, un congé sabbatique de 3 mois pour partir sur son bateau en solitaire.

Sur la fin de son parcours en Mer du Nord, il a souhaité, malgré les quelques réticences de sa femme, emmener sa fille Maria. Ce périple (et donc le récit) nous emmène donc du Danemark vers les Pays Bas.

Tout a été prévu pour que cette petite croisière se passe sous les meilleures auspices ; Donald est quelqu'un de prévoyant, attentionné à sa fille; et prendre ce grand bain maritime doit être pour lui source de renaissance et de renouveau personnel.

Mais, Donald n'est pas aussi solide qu'il n'y paraît. La tempête qui arrive dans cette mer du Nord est annonciatrice de beaucoup d'angoisses chez lui. Sa fille n'est plus dans la cabine du bateau, et c'est la peur panique qui s'empare de notre navigateur.

Dans ce roman néerlandais, plusieurs thèmes sont abordés tels que la fuite par le voyage, la relation père/fille, la relation mari/femme, le rôle de l'homme dans ce petit monde...Du dense quoi.

Je n'ai pas envie de vous en dire plus sur cette histoire narrée de manière froide et quasi insoutenable, car chacun doit ressentir les émotions présentées.

Pour finir, c'est un livre dont on avale les pages sans avoir envie de s'arrêter.
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En mer

Bizarre, bizarre, vous avez dit bizarre ? tel est mon ressenti ! bizarre, étrange .....

Le père , la fille, en route pour rejoindre Hagar la mère qui va venir les attendre sur le quai du port de Harlingen. Trois mois qu'il est parti seul sur son voilier, il en a parcouru des miles en trois mois, trois mois de solitude , oubliée la pesanteur du travail au bureau, seules lui ont manquées Hagar sa femme et Maria, sa petite fille de sept ans. Alors imaginez un peu c'est la fête il a récupéré sa fille au Danemark et ils font route tous les deux sur Ismaël le petit voilier à la coque rouge. Tout démarre bien mais la tempête s'invite et moment d'inattention lié sûrement au manque de sommeil c'est la panique Maria a disparu ....

Commence alors une recherche désespérée de sa petite fille, recherche désespérée et désespérante Mais voilà je n'y ai pas cru , le Donald l'est vraiment bizarre je vous le disais en commençant, trois mois tout seul cela peut perturber ...

Dommage pour moi de n'avoir pu embarquer sans réserves sur Ismaël , de belles pages sur la tempête en mer du Nord mais au final une lecture décevante

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En mer

Le titre, la couverture, l'ambiance orageuse des premières pages me laissaient présager un roman haletant, nerveux et prenant.

Hélas, ce court roman est un méli-mélo de pensées bien trop prévisibles, de répétitions inutiles et de lenteur incompréhensible.

Certains crient au génie et lui attribuent le Prix Médicis.

Moi, je crie à l'ennui désoeuvrant.

J'ai entamé cette lecture avec beaucoup d'attentes. C'est peut-être ça le problème. Je recherchais le silence et la solitude de l'aventurier, l'immensité de la mer, l'attirance et l'inquiétude du grand large, le huis-clos glacial d'un drame marin...

Or, au contraire, je me suis frottée aux pensées troubles d'un père aux abois, d'un homme en recherche de relations familiales, d'un humain ayant besoin de se sentir vivant. Et je n'avais pas envie de cela. Pas maintenant.

Je suis passée à côté d'Ismaël et sa coque rouge usée. Je ne suis pas montée à bord. Je l'ai regardé dériver. Indifférente.

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En mer

Parfois, une lecture de hasard devient un moment fort de votre vie de lecteur. En mer est une perle qui restera en mémoire.
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En mer

En mer, l'angoisse monte graduellement lors d'une tempête et d'une disparition, au même titre que la mienne bien au sec sur le sol dur. Assurément, Toine Heijmans ne fait pas des noeuds qu'à l'intérieur d'un voilier, mais aussi à mon estomac qui subit les remous d'une pression qui fait son oeuvre, graduellement, page après page.

Je ne fais pas que suivre la traversée de Donald, je la vis, la vois, l'envie puis l'extrapole et la subis et c'est bien évidemment la force de son écriture qui en est l'entière responsable. Les mots prennent une dimension tantôt lumineuse tantôt de déluge à l'image de l'aurore rayonnante sur une mer d'huile ou de l'aube crépusculaire témoin de l'assaut des vagues acérées grandissantes. Deux mots pourtant martèlent mon esprit: quelle décision ?

Quelle decision va mener au drame ?

Reset!

Retour en arrière.



Loin d'un bureau aliénant à l'instar d'une société que Donald ne supporte plus se déroule, le temps d'un congé sabbatique de trois mois, cette traversée tant désirée. Trouver un sens à la vie, une liberté tordant le cou aux injonctions de la terre ferme, à l'esclavage consumériste qui matérialise chaque instant de vie.

Voguer, seul, vers une spiritualité que l'on reconquiert. Initier sa fille récupérée lors d'une escale durant deux jours et deux nuits sur une fin de voyage.

Remplir son contrat auprès d'une mère qui attend un retour.



Donald et Maria sillonnent les flots en fendant les vagues, de bâbord à tribord tout est calme, une luminosité de cristal, rien d'anormal au milieu des éléments changeants, l'échelle de confiance est au beau fixe.

Dernier jour de sérénité... Semble-t-il...



Toine Heijmans m'a absorbée de la première page à la dernière, de ses pensées au milieu de la catastrophe nait comme un flottement sombre et effrayant. Il nous offre une trame qui tient les flots et manœuvre son bateau littéraire avec brio au beau milieu d'un climat tourmenté.

Aucune demi mesure à émettre , plutôt un grand enthousiasme qui campe dans mon esprit peut-être encore un peu dans la cabine au milieu des flots, comme si j'y étais..



"En mer", un roman écrit par un talent indéniable.









































































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Dette d'oxygène

Thriller en haute montagne ? Le titre du roman pourrait le laisser à penser. De sommet en sommet, des Alpes à l’Himalaya, on attend l’accident fatal. Sans dévoiler l’intrigue, il est surtout question d’une amitié entre deux adolescents, Wagner et Lenny, partageant une même passion de l’alpinisme. Premières sensations sur les piles d’un pont au Pays-Bas puis départ pour les Alpes en voiture qu’ils sillonnent, enchaînant les sommets, à l’image de leurs aînés, Walter Bonatti, Tony Kurz, Alison Hargreaves… Devenus des alpinistes chevronnés, les deux amis s’attaquent aux 8 000 m de l’Himalaya dont l’incontournable Everest. Hélas, le temps des héros est terminé, le libéralisme est passé par là. La montagne est devenue un produit de consommation, un record à battre, un selfie à ajouter à sa collection. Le camp de base ressemble plus à un club Med qu’à une étape d’acclimatation vers le sommet ; les sherpas équipent le parcours de cordes pour faciliter la montée à des hordes de touristes dont certains n’atteindront jamais le sommet en raison des goulots d’étranglement qui ralentissent leur progression.

Empreint de nostalgie, ce roman est un hommage à tous les alpinistes qui ont affronté la montagne à « mains nus » dans le respect de ce monde minéral où toute vie est absente et où l’homme n’est que de passage. Volonté de quitter les basses terres, soif de conquête et de célébrité, amour des cimes et des étendues vierges, leurs motivations sont diverses mais tous reviennent inlassablement vers ces sommets, prêts à risquer leur vie, et beaucoup ont péri, au prix parfois de grandes souffrances, pour revivre cette ivresse ineffable : dépasser ses limites et se sentir pleinement vivant.

Un livre intelligent et profond à mettre dans sa valise cet été ou à lire sur son canapé pendant les jours de canicule. Dépaysement garanti.

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En mer

La mer et l'angoisse sont deux éléments qui se marient très bien ensemble. Le héros d'En mer de Toine Heijmans a de quoi stresser. Sans expérience, il a navigué en solitaire sans trop de dommages avant d'embarquer sa fille pour une dernière étape en Mer du Nord. Jusqu'ici tout allait bien. Sauf quand la passagère devient introuvable sur le bateau. Huis clos liquide, le roman de Heijmans confronte son héros aux pires tourments psychologiques. D'autant que son état n'est pas réjouissant avec des problèmes de travail et de couple qui lui minent le moral. Il ne serait pas un peu sadique, l'auteur néerlandais, à ainsi torturer ce type dont la panique va l'emmener aux frontières de la démence ? Heijmans a un certain don pour créer un climat suffocant, quasi irrespirable. Il n'a pas cependant le talent d'une Laura Kasischke dont le dernier livre est cousin, non par l'environnement décrit mais par son atmosphère et son dénouement (laissons planer le mystère). Court et tendu, En mer se lit d'une traite comme un thriller. Bien construit même s'il n'est pas mémorable.
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En mer

Livre bref mais assez intense, qui touche à pas mal de questionnements assez actuels, sur la pression d'un travail insignifiant, sur la place et le rôle de père, tout cela face à la mer qui ne veut rien, qui est. Simplement. Et un constat douloureux qu'un père ne (équi-)vaudra jamais (à) une mère.

La narration est prenante, avec ce point de vue subjectif du père avec qui on est de bout en bout, et dont on suit l'aventure avec ses rebondissements accrocheurs.

Ce qui est troublant, c'est que quasi en parallèle, je regardais des épisodes de The Office dans lesquels un personnage quitte temporairement son job de bureau pour trois mois d'escapade en voilier pour réfléchir entre autre à sa condition d'homme, avec la distance qui se met avec sa copine, même si nettement plus déconnant, il est intéressant de constater ces résonances ou ces synchronicités... Soit, je dérive.

Bon livre, touché-pas-coulé. Et bonne surprise.

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En mer

« La mer est prévisible, je l’ai appris. Encore plus prévisible que la terre, où l’on rencontre des tas de gens qui veulent un tas de choses auxquelles on ne s’attend pas »



« Je me disais que chaque être humain trimballe avec lui son histoire. Ainsi, personne n’est vraiment tout à fait soi-même »



Ce magnifique roman est une grande métaphore poétique dont le personnage principal n’est nul autre que la mer. Les vers sont tempête et les rimes une escale où vont s’échouer les âmes…



Donald part en voilier du Danemark aux Pays-Bas avec Maria, sa petite de 7 ans. Quarante-huit heures dans la vie d’un père et sa fille en ce monde hors du temps. Une envie irrépressible de fuir et de donner un sens à sa vie. Qui n’y a jamais songé au moins une fois? Il en est à un tournant où seules les eaux troubles et changeantes de la mer provoquent la remise en question. Il se dit qu’à travers les heures froides de la nuit, il recevra l’écho libérateur de ses propres pensées. Un face-à-face douloureux avec ses échecs, ses peurs, ses défaites et ses douleurs. Serait-ce la raison pour laquelle il amènera avec lui sa petite Maria, pour l’aider à survivre ou affronter ses propres démons? À moins que ce ne soit pour mieux se comprendre à travers elle? Ou encore d’éprouver ce besoin impératif de se sentir indispensable, responsable, un bon père? De la rendre fière de lui?



Durant la tempête, il faut s’accrocher comme on s’accroche à la vie. Lorsqu’on n’arrive plus à tenir les amarres, les remous intérieurs, qu’ils soient tourments ou incertitudes, se mêlent au sel marin pour laisser en bouche ce vieux goût d’amertume. Et quand on cesse de se battre, la mer nous emporte, mais est-ce que le monde nous tire à lui avec la même insistance? La ride et le vacarme des vagues seront-ils seulement là, dans l’usure du temps, pour venir apaiser ce mal de mer intenable inhérent à nos fractures?



Quand nous perdons nos repères avec la même peur au ventre que celle qu’a éprouvée ce jour-là Donald lorsque Maria a disparu, nous sommes en lieu de nous poser mille questions. Des vagues d’émotions se nouent et se dénouent, le brouillard s’infuse avec la lenteur d’une peur panique, angoisse, mal de ventre… La mer te noie, mais comme tu croyais avoir été vigilant et avoir veillé sur ton enfant à la mesure de la confiance qu’elle avait fait reposer sur toi, tu avais oublié que les eaux sont aussi imprévisibles que les hommes… Avais-tu seulement perdu la tête et tout imaginé?



Les pages de ce roman glissent au fil de l’eau. Non loin de toi, un journal de bord et ta petite fille. Les voiles sont hissées et le mât claque dans le vent. Tu prends le large et tu n’as envie que d’une chose, ne jamais revenir…



En mer, voyage initiatique ou quête de sens?


Lien : http://www.lamarreedesmots.c..
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En mer

"En mer" est un thriller psychologique dans lequel l’auteur m’a complètement menée en bateau (j'assume le mauvais jeu de mots).

D’emblée, on sent une certaine fébrilité chez Donald, le narrateur. En mer, il se sent libre, efficace et compétent. Son besoin de prouver ses qualités de père et de navigateur irrigue cependant ses monologues, créant une tension, de l'inquiétude voire de l'angoisse car on sent qu'il est fragile, ce qui ne pardonne pas lorsque les conditions en mer se compliquent.

Dans les vingt-trente dernières pages du roman, j'ai accéléré ma lecture car le suspense devenait insoutenable pour moi. Et là, bim, le twist que je n’avais absolument pas vu venir ! Pourtant, j’avais imaginé tout un tas de scénarios. L'auteur m’a bien eue, chapeau bas!
Lien : https://des-romans-mais-pas-..
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