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Critiques de Umberto Eco (1117)
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Le cimetière de Prague

Alors, moi, pour partir en voyage à Prague, je me dis que c'est le livre idéal...

Oui, c'est un livre magnifique, mais il se passe très très peu à Prague. On y voyage beaucoup, de Turin à Palerme, et surtout à Paris.

Notre héros, puisqu'il faut bien l'appeler ainsi, ne sait plus bien qui il est : un faussaire italien de talent ou un prêtre, à moins qu'il soit tantôt l'un, tantôt l'autre. Sur les conseils d'un certain docteur Froïde, il tente d'écrire son histoire afin d'y voir plus clair.

Avec l'érudition qu'on lui connaît, Umberto Eco nous emmène dans les secrets des loges maçonniques, de l'unification italienne par Garibaldi, et de la rédaction des protocoles de Sion, à la base de l'antisémitisme qui conduira, à terme, à la solution finale des nazis. C'est un livre passionnant qui revisite tout le 19ème siècle et ses folies.
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Le cimetière de Prague

Le cimetière de Prague n’a pas vraiment une thématique très grand public, et j’imagine que bon nombre de lecteurs se lasseront rapidement du roman.



Heureusement pour moi, je me suis toujours délecté, avec un sentiment de supériorité un peu vain, des récits, vidéos et blogs racontant comment les juifs détiennent le monde de la presse et de la finance, que Sarkozy est une créature des franc-maçons déterminé à imposer un gouvernement mondial, et qu’Obama est en réalité une créature extraterrestre reptilienne qui a sournoisement pris le contrôle du monde. Outre la créativité et l’imagination débordante qu’on ne peut qu’applaudir, il me semble essentiel de comprendre comment l’esprit humain peut absorber aussi aisément de telles âneries. J’ai eu également une courte période ésotérique à la fin de l’adolescence (sur l’interprétation des rêves) qui s’est rapidement terminée, mais je suis toujours ébahi de voir des adultes à la tête apparemment solidement installée sur les épaules à adhérer à ces thèses. J’ai perdu d’innombrables heures à lire des histoires de ce type, et je n’en étais pas très fier ; aussi, savoir que quelqu’un comme Umberto Eco l’a visiblement fait aussi me met un peu de baume au cœur.



L’écrivain met un scène un homme, Simonini, faussaire de génie et nourri aux thèses antisémites par son grand-père, qui va forger à lui tout seul une bonne partie de la littérature complotiste qui a fleuri au XIXe siècle : protocoles des sages de Sion, complots jésuites, dénonciations d’adorateurs du diable, rituels de la franc-maçonnerie, … La littérature a été particulièrement abondante sur le sujet.



À la manière d’un Forest Gump des siècles passés, Simonini va toujours se retrouver au bon (ou mauvais?) endroit au bon moment, et sera chargé de réaliser quelques textes inspirés pour les services secrets de divers pays. Il croisera de nombreux personnages qui ont croisé l’histoire du siècle : Garibaldi, les participants de la Commune de Paris, l’affaire Dreyfus, Drumont, … et d’autres faussaires qui ont à leur époque défrayés la chronique : Léo Taxil, l’abbé Boullan, …



Si on a déjà goûté à cette curieuse littérature, on appréciera certainement de voir tous ces noms connus inspiré par une seule et même personne, d’autant que Simonini est assez pittoresque et attire facilement la sympathie. Dans le cas contraire, j’imagine que l’accumulation de ces complots sans queue ni tête irritera bien vite le lecteur, et même l’écriture d’Eco ne suffira pas à les retenir longtemps dans ces pages.
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Le Nom de la rose

Une fois la dernière page de ce chef-d’œuvre de la littérature moderne refermée, on comprends mieux pourquoi l’écrivain italien a passé dix ans de sa vie à écrire et peaufiner ce joyau, qui sous la forme d’un thriller médiéval, abrite en réalité une foisonnante réflexion théologique sur l’origine et le sens de la Foi. Le Nom de la Rose doit être absolument redécouvert en roman pour tous celles et ceux qui n’ont connu que l’adaptation cinématographique de Jean-Jacques Annaud, certes excellente et toujours aussi passionnante à regarder, mais qui ne soutient pas une seconde la comparaison avec la profondeur mystique et historique de l’œuvre d’Umberto Eco.

Cette immersion dantesque dans les secrets d’une abbaye oubliée de tous nous sera contée par Adso, secrétaire docile et inquiet de Guillaume de Baskerville, un mentor qui refuse d’opposer la science et la Foi. Chaque découverte de ce duo sera une nouvelle épreuve spirituelle qui ébranlera chaque fois un peu plus les fondations de la Foi naissante ou bien installée dans le cœur de ces hommes d’église. Ce labyrinthe littéraire pétri d’érudition nous fera passer par tous les cercles de l’enfer, dénonçant les postures intellectuelles passéistes qui sous prétexte de préserver les antiques traditions plongent les esprits dans une eau spirituelle stagnante, croupissante, et peut-être même empoisonnée…
Lien : https://cestarrivepresdechez..
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Le Pendule De Foucault

Casaubon, étudiant italien de la fin des années 60, rédige sa thèse sur les Templiers. Il fait la connaissance dans la brasserie du coin de Jacopo Belbo, qui travaille pour les éditions Garamond : et chez les éditeurs, la foule d'écrivains qui ont des « révélations » à faire sur les chevaliers ne diminue jamais. À force d'entendre les élucubrations de tous ces illuminés, les deux amis décident de refaire l'histoire du monde en y mêlant tous les savoirs ésotériques possibles et imaginables.



Si je suis tombé sous le charme d'Eco pendant le premier quart du livre, dans l'ambiance italienne post-mai 68, je me suis complètement noyé dans toutes les théories du complot qui s'enchaînent à n'en plus finir : Templiers, franc-maçonnerie, rose-croix, kabbale, protocoles des sages de Sion, jésuites, le graal, Stonehenge, l'alchimie, théorie de la Terre creuse, druides celtiques, … Tout ça finit par donner le vertige, d'autant plus que chacune des théories est donnée dans les détails avec toutes les spéculations qui les relient aux autres.



J'ai rapidement atteint le point de saturation : l'ésotérisme, même si c'est pour s'en moquer, même en décortiquant les mécanismes qui font qu'une foule de gens puissent adhérer à ces théories, ça m'en... nuie profondément.
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Le Nom de la rose

Je découvre la plume de l'auteur avec ce récit et au début de ma lecture j'ai avancé plutôt rapidement aimant beaucoup lire actuellement des policiers historiques.



J'ai lu les 2/3 du récit en deux jours cependant mon rythme s'est ralenti par la suite, j'ai trouvé que la plume de l'auteur n'est pas la plus accessible que j'ai lu et pourtant j'ai tout de même lu un certain nombre de récit de ce genre mais ici on est loin de la fluidité de la plume d'un Ken Follet par exemple. Les passages fréquents en latin m'ont souvent perdus de même que dans ma vieille édition ceux-ci ne sont pas traduits et l'écriture était vraiment toute petite et bien serré.



Dans ce récit il est pourtant question de meurtre dans une abbaye avec une enquête qui en découle de la part de deux protagonistes Guillaume de Baskerville un peu âgé aidé de Adso de Melk qui lui sert d'aide sur cette enquête. Malheureusement j'ai trouvé celle-ci peu rythmé de ce fait les morts s'enchainent, même si cette enquête se passe dans un temps très lointain celle-ci aurait pu me plaire car il y a un huis-clos mais ici on est loin d'un page turner.



Je ne peux pas dire que je n'ai pas aimé cette lecture mais celle-ci a été plus difficile que ce que j'aurais pensé, je n'ai cependant pas vu le film mais je pense que celui-ci pourrait peut-être me plaire.
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Le Nom de la rose

J’ai déjà commencé à lire ce livre. Mais je l’ai abandonné devant sa complexité, j’ai abandonné sa lecture. Elle est mystérieuse, cette rose. Entre Provence et Ligurie henaurme. Traduit par Stephane Schifano. Sur les rives du Mondsee. Des visions de livres non encore écrit. Le grand et le petit Albert, une épopée de nos crimes quotidiens. C’est le 2ème livre d’ Eco que je lis completement.
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Le Nom de la rose

Il s’agit avant tout d’un roman historique, reconstituant scrupuleusement les controverses religieuses de l’époque. Sa forme, roman policier, est amusante. C’est bien un moine qui enquête, ce qui peut rappeler Ellis Peters. Sont dénoncés les excès (Inquisition), les erreurs (cf. les théologiens), la pureté trop hâtive, donc dangereuse de la religion.

Ce livre est aussi définitivement archi-progressiste.

Le rire est essentiel pour Eco (et pour Aristote ?) : il caractérise l’homme, le différencie de l’animal, lui est indispensable. Beaucoup de références littéraires, et de la littérature d’universitaire pour universitaire, prise de tête parfois, mais globalement un bon souvenir de lecture après tout ce temps (lu fin des années ‘90, en roumain).
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Le Nom de la rose

J’hésite entre chef-d’œuvre parfait ou bien chef-d’œuvre quasi parfait.

Je vais me décider pour quasi parfait car je pense que l’ont atteint jamais la perfection. De plus, certaine partie de ce roman m’ont semblé un peu trop longue et trainante. Mais bon, c’est quand même du très haut niveau littéraire, une œuvre unique à découvrir ou redécouvrir de toute urgence.

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La Guerre du faux

À travers une série de chroniques, Umberto Eco dresse un triste constat de notre monde : non seulement le faux s’insinue partout, mais il est désormais préféré au vrai dans des domaines toujours plus nombreux. Quand on a la possibilité de voir une reproduction en 3D grandeur nature d’un tableau d’un grand maître, quel est l’intérêt de faire une heure de file pour aller admirer la Joconde format A4 ? Et pourquoi regarder quelques vieilles pierres dans leur vitrine alors que les reproductions en plâtre ou en plastique vous permettent maintenant de vous balader dans le temple tout entier ?



Eco nous pousse ainsi à nous interroger sur la notion même de « vrai » et sur ce que l’authentique apporte de plus que sa copie. Les sujets qui provoquent ces interrogations sont de nature très variée : des commentaires de faits divers, des réflexions politiques, des notions philosophiques plus pointues. Le ton est parfois grave, parfois plein d’humour et d’ironie (la chronique « Comment présenter un catalogue d’œuvres d'art » vaut à elle seule le détour).



L’auteur est connu pour l’étendue de son savoir, et force est de constater qu’il n’usurpe pas sa réputation. Il peut parler avec la même aisance d’un jeu télévisé et d’un concept philosophique pointu. C’est parfois au détriment du lecteur, puisque certaines chroniques sont incompréhensibles faute d’avoir les bases nécessaires dans un domaine précis. Dans l’ensemble, j’ai préféré les chroniques concernant la vie quotidienne : en posant les bonnes questions, Eco nous montre qu’il ne faut pas chercher bien loin pour pouvoir se casser la tête sur des questions complexes.
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N'espérez pas vous débarrasser des livres

La question principale est de savoir si le net et le livre numérique vont détrôner le livre papier. D'où l' échange entre deux écrivains Umberto Eco et Jean-Claude Carrière. Des questions intéressantes sont soulevées. Un bon livre qui ouvre des perspectives.
Lien : http://araucaria.20six.fr/
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Reconnaître le faux

Depuis que j'ai découvert Netgalley France il y a quelques mois, je prends plaisir à découvrir des essais culturels, plus particulièrement ceux traitant de l'art. C'est donc tout naturellement que je me suis tournée vers "reconnaître le faux : Dire le faux, mentir, falsifier" d'Umberto Eco, auteur connu pour son célèbre roman "Le nom de la Rose".

Les Éditions Grasset nous propose ici un texte d'une trentaine de pages qui reprend les propos introduits par Umberto Eco en 2011 lors un festival culturel à Milan portant sur le thème du mensonge et de la vérité. Même s'il s'agit d'un texte relativement court, celui-ci est très riche et extrêmement bien documenté.

J'ai beaucoup apprécié le plan suivi par l'auteur pour introduire ses propos qui structure bien l'essai ainsi que ses anecdotes qui rendent plus vivant le récit.



Je tiens à remercier les Éditions Grasset et Netgalley pour la découverte de ce texte qui pousse à la réflexion. Même si Umberto Eco nous a quitté il y a quelques années, la maison d'édition Grasset offre un bel hommage à l'auteur dont elle a publié tous les romans en proposant en 2022 dans son catalogue "reconnaître le faux"...
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Reconnaître le fascisme

Comme tout jeune Italien de sa génération, Umberto Eco a vécu le fascisme. Pas le choix ! Il a porté la chemise adéquate et a discouru pour célébrer le grand maître de l’Italie, Benito Mussolini.



A la libération, il découvre qu’il peut exister un autre système de gouvernement que celui du parti unique dirigé par un « Duce », qu’il peut y avoir plusieurs « couleurs » en politique.



L’auteur précise ce qui différencie le fascisme italien de pouvoirs totalitaires tels que ceux d’Hitler ou de Staline.



Il relève toutes les contradictions : un pouvoir qui se veut républicain et qui marche main dans la main avec la monarchie, Mussolini se dit athée et signe un concordat avec l’église qui vient bénir les fascistes, il se dit révolutionnaire et est financé par les gros propriétaires qui aspirent à une contre-révolution… Cependant Umberto Eco précise bien que le fascisme italien n’a rien à voir avec la tolérance : « c’était un exemple de désarticulation ordonnée, d’une confusion structurée », écrit-il.



Pour Umberto Eco, le fascisme primitif repose :



1. Sur la tradition : il ne peut y avoir d’avancée du savoir. La vérité a déjà été énoncée une fois pour toutes et l’on ne peut que continuer à interpréter son obscur message.

2. Le traditionalisme implique le refus du modernisme. Les fascistes comme les nazis adoraient la technologie, tandis qu’en général les penseurs traditionnalistes la refusent, la tenant pour la négation des valeurs spirituelles traditionnelles. Ce fascisme primitif peut être défini comme « irrationalisme ».

3. L’irrationalisme dépend aussi du culte de « l’action pour l’action ». Le fascisme primitif se méfie des intellectuels.

4. Pour le fascisme primitif, le désaccord est trahison.

5. Le fascisme primitif est raciste. Le désaccord signifie la diversité. Le fascisme a peur de la différence.

6. Le fascisme primitif naît de la frustration individuelle ou sociale. Il s’appuie sur les classes moyennes frustrées, défavorisées par une crise économique ou une humiliation politique et effrayées par les pressions des groupes sociaux inférieurs.

7. Ceux qui n’ont aucune identité sociale, le fascisme primitif leur dit qu’ils jouissent d’un privilège : être nés dans le même pays. C’est cela la source du nationalisme. Ce fascisme est obsédé par les complots, si possible internationaux, mais il en faut aussi à l’intérieur. Les juifs sont la cible idéale étant à la fois dehors et dedans.

8. Les disciples du fascisme doivent se sentir humiliés par la richesse visible et la force de l’ennemi. Les ennemis (tant de l’intérieur que de l’extérieur) s’appuient sur des réseaux secrets d’assistance mutuelle. Malgré cela, il faut persuader les disciples qu’ils vont vaincre les ennemis.

9. Le pacifisme est mauvais car la vie est une guerre permanente. Être pacifiste, c’est être de mèche avec l’ennemi. Mais il finira par y avoir une bataille finale que le fasciste emportera. Viendra alors une période de paix, un Âge d’or…

10. L’élitisme est réactionnaire et fondamentalement aristocratique. Le fascisme primitif prône l’élitisme populaire. Les masses étant faibles, elles ont besoin d’un dominateur qui a conquis le pouvoir par la force. Le groupe est organisé hiérarchiquement. Chaque leader subordonné méprise à son tour ses subalternes.

11. Chacun est éduqué pour devenir un héros. Le héros fasciste aspire à la mort, annoncée comme la pus belle récompense d’une vie héroïque. Ce héros-là est impatient de mourir. (Mais il préfère tout de même faire mourir les autres.)

12. Le fascisme primitif transfère sa volonté de puissance sur des questions sexuelles. Machisme : mépris des femmes, condamnation des mœurs sexuelles non conformistes, chasteté, homosexualité…

13. Pour le fascisme primitif, les individus en tant que tels n’ont pas de droits. Le peuple doit avoir « une volonté commune », et comme c’est impossible que le peuple y parvienne de lui-même, le Leader va « interpréter » cette volonté. Ce fascisme doit s’opposer aux gouvernements parlementaires « putrides ».

14. Le fascisme primitif parle la « novlangue », inventée par Orwell dans « 1984 ». Elle se caractérise par un lexique pauvre et une syntaxe élémentaire, afin de limiter les raisonnements complexes et critiques.

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Le Nom de la rose

Un jeune novice bénédictin raconte son voyage avec un franciscain érudit Guillaume de Baskerville jusqu'à un monastère de son ordre. Celui-ci se révèle une arène de conflits et de secrets, cruelle et fermée. Les bénédictins vivent par et pour les livres. Six d'entre eux meurent successivement. Guillaume de Baskerville cherche à percer le secret de leur lutte intestine en trouvant et décryptant les signes de jalousie, désir et peur. Un passionnant polar médiéval .
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Le Nom de la rose

Mélangez Sherlock Holmes dans sa période "Baskerville" avec l'ambiance d'une abbaye bénédictine du XIVe siècle soumise aux turpitudes liées à l'Inquisition et à la crainte de la sorcellerie, vous obtiendrez de quoi créer un chef-d’œuvre littéraire. Incontestablement, Le Nom de la Rose répond à cette exigence !

Umberto Eco ne nous offre pas seulement un roman médiévo-policier ; non, il nous présente en plus un univers rempli de mystère et de personnages inquiétants. Toutefois, il ne tombe pas dans le stéréotype du Moyen Âge "moyenâgeux", obscurantiste et traditionnel : il nourrit son ouvrage de sa grande érudition sur le sujet et nous propose un nombre incalculable de phrases presque philosophiques détaillant à merveille la psychologie de l'époque.

Sans caricature, ni facilité, Le Nom de la Rose est une référence de suspense, de mystère et d'enquête pseudo-policière.
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Le Pendule De Foucault

Perdu, assommé, noyé dans cette logorrhée littéraire.



La quatrième de couverture m’avait interpellée, fait envie. J’avais lu, il y a longtemps, « le nom de la rose ». J’avais été emballé par l’enquête et le film avec Sean Connery n’avait qu’amplifié mon enthousiasme.

En toute logique, « le pendule de Foucault » devait me plaire.



Je suis vraiment désolé, confus, gêné même … mais j’abdique. J’ai tenu jusqu’à la page 150.



Les allusions mathématiques, les démonstrations de numérologie autour de 6 et de 9, la richesse du vocabulaire qu’il faudrait rechercher constamment le sens des mots dans le dictionnaire, la longueur des phrases qu’il faut relire plusieurs fois pour bien en saisir le sens et du coup lâcher le fil de l’intrigue, tout ça fait que j’ai perdu l’enthousiasme.



Dans « Amadeus » de Milos Foreman, l’empereur d’Autriche Francois Joseph dit à Mozart à propos de son opéra : Très bien, Monsieur Mozart, mais il y a … trop de notes ».

Oserais-je pousser le bouchon en disant : « Très bien, Monsieur Eco, mais il y a… trop de mots »



Bien sûr cela n’engage que moi qui ne suis qu’un petit lecteur lambda de campagne.

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Baudolino

Ce pendant cette fois c’est allé bien et les tudesques ne m’ont pas touché pas même un cheveu. Un nom de la rose laïcque traduit parde Schifano. Ce coquin ce menteur. Fils adoptif de l’empereur Frédéric Barberousse. Le royaume du prêtre jean ou Presbyter Johannes. A T’il une ame ? Greculet répugnant alexandrin. Sainte Sophie
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Le Nom de la rose

Comme beaucoup d'entre nous, lecteurs, j'ai adoré le Nom de la Rose, pour son dosage parfait des ingrédients : un scénario à couper le souffle, du suspense à revendre, des personnages hauts en couleur, un cadre historique savamment reconstitué, et moult réflexions érudites... tout cela au milieu des livres, dans une ambiance presque fantasy.



Je me suis ensuite attaqué au Pendule de Foucault, toujours intéressant et bien construit, mais déjà plus complexe à lire...

Et puis L'Ile du Jour d'Avant semblait m'avoir définitivement fâché avec Umberto Eco : trop abscons, même enjolivé d'humour et de voyages.



Mais non, finalement, nous nous sommes laissés une nouvelle chance, avec Baudolino. Pour moi, Eco y renoue malgré tout avec les scénarii imaginatifs du Pendule de Foucault et du Nom de la Rose ; mais pas au niveau du Nom de la Rose qui, seul, m'a semblé atteindre le point d'équilibre idéal entre le romancier à succès et le professeur de philo et de sémiologie.

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Le Nom de la rose

Guillaume de Baskerville, accompagné de son secrétaire Adso, se rend dans une abbaye italienne en vue d'organiser une rencontre entre les représentants du Pape et ceux de l'Empereur, qui soutient une doctrine de pauvreté menacée d'hérésie (bien plus pour motifs politiques que doctrinaux par ailleurs).



Mais à peine arrivé à l'abbaye, Guillaume se voit charger par l'abbé de résoudre une mort mystérieuse d'un des moines, retrouvé mort au pied d'un bâtiment. Personne ne croit vraiment au suicide, la thèse du crime est la plus plausible. L'enquête de Guillaume le mène rapidement vers la prestigieuse bibliothèque de l'abbaye, qui rassemble la plus grand collection de livres de l'Europe, dans laquelle se côtoient auteurs chrétiens et païens. Pour cette raison, l'accès aux livres est farouchement contrôlé par le bibliothécaire pour éviter que des idées «dangereuses» s'emparent des esprits.



Les morts se multiplient au fur et à mesure que l'enquête avance, et le vernis de vertu des moines s'effrite rapidement : amours interdites, relents d'hérésie, lutte pour le savoir et pour le pouvoir éclosent de tous côtés.



L'auteur est exigeant avec ses lecteurs, le livre requiert une certaine concentration, mais elle est très bien récompensée par la qualité du récit. Une petite déception cependant : que les phrases en latin n'aient pas été traduites, ne serait-ce qu'en notes de bas de page. Mon latin est lointain, et j'ai dû purement et simplement sauter les passages concernés, ce qui est un peu dommage.
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Le Nom de la rose

Une abbaye italienne perdue dans les contreforts alpins et secouée par les remous historiques et théologiques d'un 14ème siècle plus qu'agité. Guillaume de Baskerville, moine franciscain à l'esprit aiguisé, doté d'une culture écrasante, accompagné de son jeune secrétaire Adso de Melk, moine bénédictin, font route vers ce lieu étrange surgissant au milieu d'un paysage de montagnes.



Le monastère fortifié est niché sur un éperon rocheux bordé par un vertigineux précipice, le tout dominé par l'Edifice, tour octogonale colossale, véritable donjon écrasant les environs de sa massivité. C'est une tour-bibliothèque réputée dans tout l'occident chrétien pour les ouvrages inestimables qu'elle renferme. (cf Saint-Michel-de-la-Cluse)



Guillaume de Baskerville a pour mission principale et délicate de rencontrer dans cette abbaye une ambassade constituée d'une part des légats du pape Jean XXII et de l'autre de frères franciscains auquel il appartient.



Le but est de trancher une question théologique cruciale à l'origine d'une crise profonde au sein du monde chrétien : le christ possédait-il la tunique qu'il portait ?



Derrière la trivialité apparente de cette interrogation c'est le thème de la pauvreté du christ qui est évoquée. Elle est à l'origine de la fronde d'une partie des franciscains contre le pape et du jeu stratégique auquel ce dernier se livre face à l'empereur.



Adso sera nos yeux dans ce séjour. Narrateur à la naïveté adaptée à notre ressenti de novice face à la forêt de symboles et à l'horreur des crimes journaliers qui se commettent dans ce lieu.



Car très vite, Guillaume va être chargé par l'abbé d'une seconde tâche, celle d'élucider la mort d'un moine nommé Adelme d'Otrante, grand maître enlumineur retrouvé disloqué au bas de la tour est de l'Edifice.



Guillaume de Baskerville, tel le Sherlock Holmes vêtu de bure qu'il est, va parcourir tous les coins et recoins de ces bâtiments, interroger moines et paysans à la recherche des indices, des signes que sa sagacité et son embryon d'esprit scientifique vont tenter de lier en un récit crédible vers le mobile et le meurtrier.



Exigeant pour le lecteur. Foisonnant. Intriqué. C'est un lieu-monde où toute une époque se trouve précipitée par le génie d'Eco au sein de ce huis-clos monastique.



Nous nous retrouvons engoncé dans une structure diaboliquement intelligente, entouré de toute part du tissu qu'Eco brode autour de nous.



Ce sont d'ailleurs plusieurs livres en un seul que nous avons sous les yeux : un roman policier, un roman historique, une somme médiévale où le savoir de l'époque est compilé. Et presque parfois au milieu de certains dialogues des ébauches d'essais philosophiques sur la limite entre bien et mal ou théologiques sur le rire, la métaphore.



Car dans ce livre clos de 535 pages nous sommes tout à fait au sein de ce qu'Umberto Eco nommait "l'oeuvre ouverte". Chaque lecteur peut y trouver ce qu'il cherche ou s'y perdre tant le matériau est riche. Les éléments saillants, les raisons d'aimer ce livre seront diverses et propres à chacun d'entre nous, les hypothèses également. Mais rien ne sera suffisant pour le résumer ou en limiter l'horizon interprétatif.



Ainsi, la participation du lecteur à la construction de ce roman dans son imagination et à chaque nouvelle page, ne peut être qu'active car il doit collaborer avec l'auteur ne serait-ce que pour ingurgiter la profusion de détails, la minutie des décors et les pans entier de culture médiévale livrés dans leur jus, c'est-à-dire en latin non traduit.



La structure de cette bibliothèque, véritable labyrinthe, et centre de l'intrigue se retrouve dans la structure même du roman qu'Eco transforme donc en dédale littéraire aux multiples portes interprétatives et aux miroirs déformants.



On arrive toutefois à suivre la piste d'Umberto Eco universitaire. Tout d'abord le thème de la traduction qui surgit dès la préface où Eco se présente comme l'humble découvreur du manuscrit d'Adso de Melk, lui-même partiellement repris dans des copies bénédictines du XVIIIème siècle. L'auteur n'est-il qu'un simple traducteur ? Moine copiste parmi tant d'autres ?



Puis la sémiologie, la quête du sens, partout présente avec ce Baskerville qui tente de lire les signes laissés dans la neige par le meurtrier et qui se retrouve confronté à la difficulté de traduire en une vérité unique la pluralité du vivant, la polysémie. L'échec de la rationalité. La chute.



Bref, le nom de la rose est un roman autant qu'il est un miroir où le professeur Eco fait surgir ses interrogations universitaires, ses sujets d'études. Il me fait penser à ces chefs-d'oeuvre que doivent livrer les compagnons du devoir à la fin de leur tour de France. Un objet d'une beauté complexe et harassante, que l'on n'a de cesse de redécouvrir en tournant autour, sous un angle toujours neuf..





















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Le Nom de la rose

Une enquête judiciaire dans l'abbaye du crime, au Moyen-Âge, oppose la logique rationnelle à l'obscurantisme. Il y a une tension palpable entre les dogmes, entre les systèmes de pensées. L'enquête se heurte au culte du secret au coeur du monastère mais à partir de quelques indices, on déduit, avec Guillaume de Baskerville, pour découvrir la vérité.



Le rôle de l'écrit est fondamental, la Bible est omniprésente et on se rend vite compte que toute connaissance nous échappe dès lors qu'on ne maîtrise pas les signes, qu'on ne sait pas son latin, qu'on ne sait pas ce que recèle une langue. La bibliothèque de l'abbaye est une telle source de savoir qu'on s'y perd comme dans un labyrinthe, comme dans la bibliothèque qui nourrit mes fantasmes les plus fous, celle de Borges. La bibliothèque de Babel n'ouvre ses portes que sous certaines conditions.



C'est un lieu réservé, scrupuleusement surveillé. L'abbaye est un monde clos ; cette architecture contrôle les âmes et les corps. Les cellules permettent le retour sur soi mais elles séparent aussi les individus les uns des autres. Il y a des règles strictes et on apprend petit à petit ce qui se passe dès qu'on y déroge.



L'Inquisition supplicie les corps, comme elle brûle les idées, telle est sa punition. Elle exhibe son pouvoir en marquant les hommes, par le spectacle de la démesure, surenchère du crime, du péché originel. Guillaume de Baskerville, qui n'est pas un homme de son temps, assiste à l'incendie, au feu qui brûle les coeurs.

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