Marie G., Lucie L. et Henri D.. Trois personnages qui, à première vue, n’ont pas grand-chose en commun. Mais la vie va les rapprocher de la manière la plus sordide. Lucie L. est enceinte. Mais souhaite se faire avorter. Dans une France du milieu du XX siècle, elle s’en remet à une faiseuse d’anges (l’avortement à l’époque étant totalement proscrit). Entre en scène alors Marie G.. Mère de deux enfants et épouse d’un marie ivrogne, elle pratique les avortements à l’abri des regards, pour le bien-être de ses patientes selon elle. Mais cette dernière est arrêtée, dénoncée par son mari. Rentre alors dans le tableau Henri D., l’exécuteur, le bourreau. Marie G. est condamné à la guillotine.
J’ai été très surpris par ce livre. Tellement qu’à la fin de ma lecture, je ne savais quoi trop en penser. Le style d’écriture est très particulier mais cohérent avec le fond du travail de Valentine Goby. Des phrases rapides, courtes, mélangées presque de manière aléatoire avec des phrases beaucoup plus longues, d’une éternelle longueur, menues hachées par des virgules. La lecture est le reflet de l’ambiance générale de l’oeuvre. L’angoisse, la détresse et l’esprit chaotique règnent dans ce roman.
L’originalité réside dans le fait que les 136 pages traitent de la dernière journée des trois personnages, chacun de leur point de vue. A tel point qu’il n’y a pas vraiment de chapitre. A la place, vous avez seulement en plein milieu de la page, le moment de la journée. Comme si nous attendions inévitablement la fin avec eux. Et c’est ce qui m’a fait poursuivre la lecture jusqu’au bout ! Et heureusement.
En effet, Qui touche à mon corps je le tue est un roman ultra structuré bien qu’un certain chaos y règne. Au départ, on ne sait pas trop où l’on va. Valentine Goby nous présente au fur et à mesure des pages les trois protagonistes. S’ils viennent d’univers différents, ils ont cependant tous le même sentiment que la vie n’est pas tendre avec eux. Qu’ils sont pourchassés chacun à leur manière par la mort, la faucheuse est sans cesse leur compagnon. Et dans un tel cas, comment faire pour avoir une vie avec un soupçon de bonheur? Un soupçon de jouissance? Afin de laisser quelque chose après sa mort.
Enfin, je terminerai par dire que le sujet de l’avortement est traité de manière intéressante. A l’heure actuelle où beaucoup de polémiques fusent sur le sujet, Valentine Goby nous le présente par le témoignage d’une femme contraint d’y recourir, et celui de la faiseuse d’anges pour qui cela n’est pas forcément un plaisir non plus.
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