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Citations de Valérie Zenatti (411)


Les visions se bousculent en lui le remplissent d'une excitation presque insupportable, la beauté grave du lieu dilate sa poitrine, il court sur la passerelle métallique en direction du pylone ouest, un camion passe en soulevant sous ses roues un vacarme de tôle entrechoquée, transmettant un deuxième frisson à Jacob, qui descend vers la ville, foulées régulières accordées à sa respiration, les mots martèlent ses tempes, quand les résultats du baccalauréat, arriveront, je serai, déjà, parti, l'entrainement, les classes, ils appellent ça, les classes, à dix-huit ans, on passe, d'une classe aux classes, mais ça n'a rien à voir, plus jamais, assis, à écouter monsieur Baumert, lire Hugo, balzac, Flaubert, plus jamais, le latin, dominus, domine, dominum, domini, domino, domino, le latin, comme un jeu, comme une langue qui s'amuse, qui étonne mon père, fait sourira ma mère, à quoi ça sert le latin, à être instruit, à comprendre le français, autrement, il est la loupe, qui permet de distinguer, les subtilités de la langue, dit monsieur baumert, il est le soleil, qui fait miroiter, les éclats de la langue, il est une autre façon de dire le monde, que l'arabe, la langue de ma mère, la langue de mon père, que le français, la langue venue parler ici, depuis bientôt cents ans... (p. 12-13)
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Tourne toi vers le soleil et l'ombre s'écrasera toujours derrière toi
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Depuis des années je traverse le temps avec mes élèves et le fait miroiter pour eux, je leur dis, Au lieu de faire une frise chronologique de gauche à droite bien horizontale, c'est plutôt sur une boule à facettes qu'on devrait inscrire les événements, ce serait une forme plus juste, n'oubliez jamais que l'Histoire brille et s'éteint dans nos vies de manière anarchique.
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Le sentiment que ce qui s’effondre entraîne tout à sa suite a un point commun avec l’amour : on croit toujours que c’est la première fois que cela arrive, que l’on n’a jamais rien connu de tel et, surtout, que rien ne sera plus jamais comme avant.
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Chère toi,

Si un jour tu lis cette lettre, tu sauras déjà certaines choses sur moi. Tu connaîtras mon nom, mon âge, la profession de mon père, le nom de ma meilleure amie, et même le surnom de mon professeur d'histoire.
Moi, j'ignore tout de toi.
J'imagine que tu as de longs cheveux bruns, des yeux noisette et - j'ignore pourquoi - un air rêveur.
J'imagine que tu es souvent triste.
J'imagine que tu as le même âge que moi, mais j'ignore si, à dix-sept ans, tu te sens très vieille ou très jeune.
J'imagine que les battements de ton coeur s'accélèrent parfois, mais quand, pour qui?
J'imagine que tu te demandes comme moi qui tu seras dans dix ans et que tu ne peux rien voir de précis.
J'imagine que tu as des petits frères qui t'embêtent, mais que tu aimes bien quand même.
Et tu as peut-être un grand frère que tu adores, comme moi.
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... l'eau du fleuve se fiche du temps qui passe, elle est le temps, se moque de savoir que le pont l'enjambe, il n'existe que pour les hommes qu'il faut mener du départ vers l'arrivée, sans cesse, la traversée dure dix minutes ou une vie.
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Valérie Zenatti

Toute la nuit, comme dans la cale d'un bateau,bercés, endormis, réveillés,baisers, caresses, phrases sans début, sans fin, ils ne se souviendront pas de ce qu'ils se sont dits, ce sont des paroles de rêve, de fièvre, mais les gestes impriment en eux une tendresse indélébile, modèlent leurs corps, creusent leur empreinte.

( Jacob, Jacob.)
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Toi et moi, nous ne sommes pas très chanceux : nous sommes nés au XXe siècle, le siècle le plus sanglant de l'histoire, comme nous l'a répété hier encore le Rosier (note : le prof d'histoire de Tal s'appelle Rosenbaum).

Deux guerres mondiales, la domination de l'empire soviétique sur une partie du monde + des conflits un peu partout avec des armes de plus en plus sophistiquées = des centaines de millions de morts.
"C'est mathématique", a-t-il ajouté avec un sourire presque sadique.
Nous étions très déprimés en sortant de son cours. (...)

Madame Feldman (la prof de bio, pour mémoire) nous a consolés en disant que c'était aussi le siècle des antibiotiques et des vaccins, donc de millions de vies sauvées. En y réfléchissant bien, ca équilibrait certainement les morts dues aux guerres.

Après son cours, on a eu informatique avec Sam, médaille d'or olympique des profs. (Il est jeune. Il est beau. Il a des yeux bleus comme le ciel de Jérusalem à six heures du matin. Il est drôle.) Shlomi lui a demandé ce qu'il pensait du XXe siècle.
- Beaucoup de mal, bien sûr. Mais c'est le siècle où, nous, les Israéliens, avons eu une terre, un drapeau, un hymne.
Et puis, les ordinateurs ont été inventés et ca, c'est bien pour moi, personnellement : autrement, je suis sûr que je serais au chômage à l'heure qu'il est.

Alors tu vois, entre les guerres, les morts, les antibiotiques et les ordinateurs, le XXe siècle a été bien rempli. Mais le XXIe siècle, Gazaman, tu en fais quoi ?
L'avenir, ton peuple, le mien, notre guerre, tu ne crois pas qu'on peut en parler, toi et moi ?
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(...) je n’ai pas besoin de chercher très loin dans mes connaissances géographiques pour demander à ce garçon s’il pense qu’il n’y a aucun problème ici, et à combien de kilomètres de la frontière syrienne il vit, dans un rire il répond Trois. Ouais, d’accord, je te vois venir, t’es une maligne toi, c’est vrai qu’on peut distinguer leurs soldats campés sur leurs miradors simplement en plissant les yeux, on entend des explosions, et parfois on entend vrombir nos avions qui vont bombarder là-bas, mais c’est pas pareil, ça se passe de l’autre côté de la frontière, c’est comme si ça n’existait pas.
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Nous attendons toutes impatiemment, ce qui a alimenté les conversations durant les derniers mois, avec les copines : l’uniforme.
Je crois que nous espérions toutes une métamorphose grâce à lui, un plus de séduction, d’assurance, d’identité. Les mains s’impatient sur les paquets. A l’intérieur : un énorme sac en toile de jute, le baluchon du soldat, deux chemises à manches longues, une chemisette en coton rigide, un gros pull qui gratte, deux pantalons, un jupe coupée comme un sac à pommes de terre, un calot noir avec l’insigne Tshal, un sac à bandoulière, avec deux bandes phosphorescentes pour être repérée la nuit, et des chaussures incroyablement années 50, que l’on appelle communément « Golda » en référence à Golda Meir (Premier ministre de l’Etat d’Israël de 1969 à 1974) qui en usa quatre-vingt-deux paires dans sa vie, et qui s’intéressait autant à la mode qu’une paysanne ukrainienne du XIX -ème siècle.
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Un paysage peut nous apaiser, être plus fort que nos tourments parce qu'il est vaste, et que nous retournerons à notre minuscule dimension face à lui.
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Mes parents font partie de ces gens qui ne pensent que du bien de l’école, quoiqu’il arrive. Ils auraient peut-être réagi si je leur avais dit que le nouveau directeur nous battait, mais ce n’était pas le cas. Sauf que ce n’est pas parce que quelqu’un ne frappe pas qu’il est gentil pour autant.
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[...] j'ai tué beaucoup d'Allemands aujourd'hui, Louise, je n'ai pas eu pitié, c'était eux ou moi, c'était eux ou toi, alors je les ai abattus, un à un, je découvrais leurs visages au moment où ils mouraient et je les oubliais aussitôt, il faut déjà tant lutter pour garder en tête les traits des êtres aimés.
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Tu sais bien qu'on ne choisit rien de ce qui détermine nos vies : ni notre tête, ni notre lieu de naissance, ni nos parents. Rien. Il faut se débrouiller avec tout ce qu'on n'a pas choisi et qui est nous.
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Je ne quittais plus mon Leica, je ne regardais plus autour de moi qu'à travers l'objectif et la douleur a reflué, ou s'est concentrée en un point minuscule derrière ma pupille. L'appareil photo est une projection extraordinaire. Tout votre être se condense en lui avant de se dilater dans la lumière, d'épouser les contours de ce que saisit l'objectif. C'est un détachement, un bond à l'extérieur de soi. On s'oublie tout en existant intensément.
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On ne parle pas à un soldat comme à un adolescent. Personne ne lui demande de ranger sa chambre, de baisser le volume de la musique, de libérer la ligne téléphonique. Ces phrase, qui rythmaient ma vie avec mes parents il y a quelques semaines encore, je ne les entendrai plus.
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Elle avait convoqué Emmanuelle à deux reprises depuis la naissance de Tim pour faire le point sur sa nouvelle vie, selon ses propres termes, glissant qu’avec trois enfants il était très difficile de travailler avec la même énergie dans une entreprise comme Adanxia. Les enfants aspiraient les forces de leur mère comme des sangsues, elle savait ce que c’était, d’ailleurs elle-même n’avait eu qu’une fille et c’était bien suffisant mais bon, il faut de tout pour faire un monde, avait-elle conclu dans un sourire, et Emmanuelle s’était retenue de lui rétorquer : oui, même des cons.
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Il la quitta. Elle en eut les jambes coupées.
Elle avait perdu son amour et son art, elle était presque morte.
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elle avait toujours cru que les évènements terribles se produisaient dans des lieux effrayants, pleins de recoins obscurs et de bruits qui faisaient sursauter. Et manifestement, non. Un crime comme celui que son grand-père avait commis avait eu lieu dans un endroit agréable et chaleureux.
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J'ai commencé à écrire il y a quatre mois. Après l'explosion au café Hillel, j'ai pensé que la mort nous avait frôlés une fois en passant son chemin, et qu'elle irait voir ailleurs désormais.
Mais les probabilités, les statistiques, c'est bon pour les maths, la biologie, ce sont des chiffres sur du papier.
Dans la vie, qu'est-ce que ca signifie de savoir que j'ai une malchance sur trois cent mille de me trouver deux fois en quatre mois dans le périmètre d'un attentat ?
Alors la mort m'a encore frôlée, de plus près cette fois, j'ai senti son souffle chaud qui m'a soulevée puis fait retomber sur le trottoir. (J'ai toujours lu que le souffle de la mort était froid, mais ce n'était pas le cas rue Gaza. Il était chaud, il m'a même semblé brûlant parce que l'air était si froid.)
La caméra de Papa est foutue.
La cassette qui était à l'intérieur semble intacte, comme moi.
J'ai refusé de la regarder. Efrat et Ouri (note : Efrat est la meilleure amie de Tal, et Ouri le petit ami de Tal) m'ont dit que je pouvais la proposer à une chaîne de télé, que j'étais certainement la seule à avoir filmé l'explosion en direct.
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