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Citations de Valérie Zenatti (411)


J’entrepris de visiter la boîte des indésirables où je conservais les mails qui m’intriguaient depuis quelque temps, m’interpellant par mon prénom dans l’objet même. Le premier m’avait étonnée par son assurance performative, il disait, Mathilde, concrétisez vos rêves. Il avait été suivi des prometteurs Mathilde, ne doutez plus de vos capacités. Mathilde, revivez des moments exceptionnels de votre vie. Mathilde, faites-nous confiance pour vous apporter le meilleur du confort. Et quand il avait été bien établi que je savais qu’on se préoccupait personnellement de mon bien-être, mon prénom avait disparu, mes bienfaiteurs potentiels allaient droit au fait pour inonder ma vie de conseils impératifs et de promesses. À vos côtés pour vous aider à trouver la solution qui vous correspond le mieux. C’est aujourd’hui votre jour de chance. Consultez et utilisez vos droits. Augmentez votre capital. Faites pétiller vos soirées. Réservez maintenant, décidez plus tard. Changez d’avis jusqu’à 48 h avant le départ. Faites décoller vos projets. Soyez plus sereine avec votre santé. Ne craignez plus les fins de mois. C’est aujourd’hui que se prépare demain. Et, chaque nuit, je guettais la phrase qui avait l’ambition de m’ouvrir les yeux et de m’épauler, exprimant, comme dans un horoscope savamment rédigé, ce qui pouvait s’adresser à moi et à tous, ces phrases auxquelles je ne pouvais décemment croire mais je prenais du plaisir à les lire et j’en étais même fascinée. Je songeais, c’est dans ce léger déplacement que tout se joue, quand le désir de croire en quelque chose, quelqu’un, est plus fort que la raison. Et s’il n’y avait eu, des milliards de fois renouvelée et sur sept mille générations, cette puissance du désir parfois contre toute logique, aucun de nous ne serait là, aucun de nous ne s’acharnerait à percer l’énigme de nos existences.
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Je suis inquiet quand je me lève le matin. Mon inquiétude est de savoir si je suis en état de grâce. L'état de grâce, c'est une sorte d'équilibre qu'on éprouve en dépit du chaos qui nous entoure.
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Un désir confus et violent l'a mené là, au sommet de la montagne rocheuse, dans la poussière maculée de fientes d'oiseaux, parmi les cèdres et les cyprès noirs qui accrochent le regard, le retiennent une poignée de secondes avant de le libérer vers la plaine écrasée de soleil.
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Je voudrais mettre le silence à fond, mais comment fait-on ?
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Je suis une montre qui s'est arrêtée à l’heure du crime , un cœur qui continue de battre alors que le cerveau ne répond plus.
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Une vie ne lui suffirait pas, il le savait, le disait avec regret, notre passage sur terre est éphémère, et lui voulait marcher encore, arpenter ce passage entre la vie et la mort, la condition existentielle de l'homme.

Page 29
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Dans trois ans, c'est une promesse.
D'ici là, bonne route à toi.
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Constantine ocre et blanche, resserrée autour de son rocher, fière de son pont suspendu et des cinq autres ponts tendus autour d'elle, ville forteresse amoureuse des gorges qui la fendent en deux, disparaît brutalement au détour d'un virage, comme si elle n'avait jamais existé ailleurs que dans leurs jeux, leurs joies et leurs terreurs d'enfant.
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Pourtant, monsieur Baumert leur avait dit que la poésie résiste à tout, au temps, à la maladie, à la pauvreté, à la mémoire qui boite, elle s'inscrit en nous comme une encoche que l'on aime caresser, mais les vers, ici, ne trouvent pas leur place, ils jurent avec les uniformes, sont réduits au silence par les armes et le nouveau langage aux phrases brèves et criées qui est le leur
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Depuis toute petite, avant la mort de sa mère, mais bien plus encore après, son coeur avait appris à battre au rythme des pages tournées, et si sa vie ne lui semblait pas toujours digne de ses rêveries, si elle ne pouvait pas tout changer, tout abandonner, y compris elle même, elle pouvait au moins briser le carcan de ce travail insipide, prendre le temps de vivre, de regarder autour d'elle et en elle, de faire de la place pour ce qui lui tenait à coeur. Il lui fallait quelques semaines, quelques mois, pour accorder sa vie comme on accorde un instrument. Pour trouver ce qui la comblerait, lui permettrait de vivre et de faire vivre. Elle deviendrait libraire, peut être, ou bibliothécaire.
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Tu cliques et tu es ailleurs. Tu es le maître du monde, tu possèdes tout. De la musique étrangère. Des joueurs de foot. Des jolies filles aux cheveux lisses et en maillots de bain qui te sourient. Des jeux de stratégie, de réflexion, de combat. Le soleil en train de se coucher à Sydney. Les catalogues des bibliothèques du monde entier. Les films qui viennent de sortir aux Etats-Unis. Des gens qui racontent leur vie sur un site perso (leur première nuit d'amour, leur premier chagrin, leur accouchement). La météo à Bombay. Des sites de lycées très chers, d'universités très belles, d'associations pour la protection des escargots, d'associations contre le tabagisme, pour le tabagisme, contre les voitures, pour la généralisation de la trottinette, (avec présentation d'un prototype spécial troisième âge, et un autre avec porte-bébé intégré). Des parfums, des voitures, des fringues. Des sites porno, bien sûr. Le journal télévisé suisse. Des "chats" avec des pseudos rigolos. Des "chats" avec des pseudos idiots. Toutes la connerie et la richesse du monde là, sur la Toile.
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Mais tu vois, Tal, au lieu d'aimer cette ville comme elle le mérite et de s'entendre , ils se sont battus pour elle depuis plus de cinquante ans, comme des hommes pouvaient naguère se battre pour une femme, avec passion, avec un peu plus de haine au coeur chaque jour pour leur rival. Ils ne s'aperçoivent même plus que leurs guerres blessent, chaque fois plus violemment, celle qu'ils prétendent aimer, et qu'ils la détruisent, d'une certaine façon.
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Ils ont bu des litres de café une fois leur campement installé mais ça ne les empêche pas de dormir. Une neige précoce tombe sur les Français et les Allemands, sur tous ceux qui aimeraient que le jour ne se lève jamais pour ne pas avoir à se battre, sur tous ceux qui espèrent en finir vite, retrouver leur lit, le rythme régulier d'une journée, et qui savent au fond d'eux que demain, la semaine prochaine, dans un mois, ils devront encore tuer pour rester vivant, pour libérer la France, l'Europe, territoires si vastes lorsqu'on les parcourt à pied en grelottant.
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Ce silence, comme un abri vital, seul lieu possible pour celui qui est blessé, il a su un jour que c'était lui qu'il voulait habiter, il ne voulait pas lutter contre ce qui le traversait, il lui fallait tendre l'oreille à ce qu'avait emmagasiné le petit garçon né à Czernowitz qui avait entendu le cri de sa mère assassinée par les nazis, et la résonnance de la Catastrophe était si grande qu'il lui fallait bien quarante-cinq livres et une vie vouée à ce silence pour lui permettre d'être avec les siens, avec lui-même, pour chercher en lui le monde englouti, lui donner présence, forme, visage, voix, vie et je sens trembler dans mon corps l'écho de cette nécessité, (..) taisez vous, taisez-vous tous, je veux sentir l'onde de choc de la déflagration et tenter de saisir ce qui a été construit, détruit, ce qui est encore là.
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Le temps est notre préoccupation principale,de la naissance à la mort.Mais la plupart des gens n'en ont pas conscience.Sauf dans un taxi.Là le temps s'incarne en chiffres rouges ,en somme d'argent qu'il faudra payer et plus le temps passe,plus il devient précieux .Vous avancez en âge,vous tenez aux années de plus en plus , et elles ne font que rétrécir.
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« Il ignorait que son nom jaillirait de nouveau, Jacob, Jacob »
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Nous sommes les Roméo et Juliette du troisième millénaire mais personne n'est là pour écrire notre histoire.
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Qu'est-ce que ça apportait de toute façon de savoir comment on s'appelle et à quelle date on est né, ici, les gens avaient tous au moins trois noms, français pour l'état civil, hébreu pour la tradition, arabe pour la vie de tous les jours, et leur date de naissance n'était jamais la bonne. Parfois ce n'était pas le jour où ils étaient nés mais le jour où on les avait déclarés à la mairie, parfois on ne se souvenait plus très bien si c'était un mardi ou un mercredi, avant ou après minuit, alors on disait samedi parce que c'était un jour sanctifié, ou on disait le jour de Kippour, de Rosh Hashana, quand Dieu se penche sur les hommes avec plus d'attention, décide qui vivra, qui mourra, et tous implorent de vivre.
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On a fait de lui un soldat, le mot contient une autre façon de bouger, s'habiller, manger et dormir, utiliser son corps et ses forces, et bientôt, il voudra dire tuer ou être tué.
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J'aimerais mettre le silence à fond, mais comment fait-on ?
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