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Critiques de Vladimir Jankélévitch (44)
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L'imprescriptible

"Si nous cessions d'y penser, (déportés, fusillés, massacrés, torturés, piétinés, offensés), nous achèverions de les exterminer, et ils seraient anéantis définitivement."
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Penser la mort ?

Quand on lit des synthèses de la pensée de Jankélévitch, le bonhomme apparaît comme une torpille qu’il faut à tout prix découvrir. On se dit qu’on va essayer de lire un de ses bouquins et là, c’est la grosse désillusion. Jankélévitch écrit avec ce ton austère caractéristique des intellectuels des années 60/70, force le style à base de déconstruction, joue à coco-bel-œil qu’on n’embobine pas, entoure ses phrases de mots compliqués, exprès pour qu’on le comprenne mal. Pour ma part, je suis d’accord avec Karl Kraus qui a écrit : « Employer des mots inusités est une inconvenance littéraire. On ne doit présenter au public que des embûches intellectuelles ». Alors le mec, quand il nous embobine sur quinze pages consacrées à l’euthanasie pour finalement conclure : « En définitive, je suis pour l’euthanasie en fonction de la situation historique de malades à une époque donnée de la médecine, du médecin, du mal et du malade », on se demande s’il était bien utile de faire tant de bruit pour en raconter si peu.





Jankélévitch a quand même compris un truc, c’est que la mort est un phénomène bizarre qu’on ne peut pas appréhender du point de vue de la vie, qu’on peut à la limite soupçonner, et là c’est le pire des cas parce qu’on se retrouve avec une envie de dire quelque chose qui ne s’exprime pas. Au lieu de reconnaître son incapacité provisoire, comme Wittgenstein (« Ce dont on ne peut parler, il faut le taire »), Jankélévitch s’étouffe sous les mots et il s’énerve contre les religieux qu’il désigne comme les coupables des incompréhensions que suscite la mort chez nous : « Ce sont les gens d’en face, les croyants des religions, qui ne sont pas sérieux, qui ravalent la mort au rang d’un événement ».





Cet abrégé constitue sans doute la première étape de rédaction qui conduisit Jankélévitch à publier son ouvrage ultime, de près de 500 pages, sobrement intitulé « La Mort ». Il semblerait que du minus au géant, peu de nouveaux éléments aptes à éclaircir le fouillis du trépas n’aient été révélés. Le problème est si gros, tellement insoluble, que plus Jankélévitch écrit pour ne rien dire à propos de la mort, plus il semble cerner au plus près ce qui dérange, ce qui gratte et ce qui énerve dans cet étrange phénomène.





Mais au final, je me suis largement emmerdée, mes idées n’ont connu aucune révolution et je me suis à peine fait plaisir, sauf à rigoler lorsque Jankélévitch, du haut de tout le sérieux qu’exige sa position intellectuelle, renonce enfin à vouloir déconstruire le monde à tout va : « La vie humaine commence par la naissance et finit par la mort ». Nous sommes d’accord.

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L'ironie

Dans les années Trente, Janké sort « L’ironie » ; dans les années cinquante, il modifie un peu son livre et sort « L’ironie ou la bonne conscience » : c’est celui que j’ai lu.

L’auteur écrit : « L’ironie, comme Eros, est une créature démonique »

C’est faux puisque l’ironie emmène l’ironisé vers des valeurs positives…. A moins que…

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L’ironie n’est-elle pas la liberté ?

Ironie / humour / sarcasme / pamphlet / pique / moquerie / persiflage / raillerie / plaisanterie / cynisme / satire : il y a tellement de nuances !

Quel est le rapport entre l’ironie et la conscience ?

Et existe-t-il une bonne et une mauvaise conscience ?

Mais qu’est-ce que l’ironie ? Qu’est-ce que la conscience ?

L’ironie, c’est comme un puzzle démarré, et… à toi, maintenant !

L’ironie, c’est souffler la réflexion par allusions profondément pensées, sur lesquelles on a pris du recul, et qu’on distille avec détachement ;

L’ironie, c’est un psaume de l’ancien testament, un signal qui conduit à un signe si le lecteur réfléchit ;

L’ironie, c’est Socrate buvant la ciguë avec indifférence, et des silences qui en disent long… pour la postérité ;

L’ironie, c’est Robin Williams qui monte sur la table pour montrer aux élèves un autre point de vue, afin qu’ils en tirent leurs propres réflexions, et cassent leurs routines ;

L’ironie, c’est Voltaire qui, par piques et allusions montre aux lecteurs les dégâts de la religion…

Voilà mes pensées propres que je tire de ce livre de Vladimir Jankélévitch.

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Jankélévitch est « une tête », pas seulement en philosophie, mais aussi en musique. Il est même possible que ce soit un surdoué.

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MAIS ce livre est difficile à lire. Janké « plane » au-dessus de nous, c’est une superbe analyse, mais où est la synthèse ? Et ça part dans tous les sens. Pour moi, ce livre est une belle recherche, mais n’est pas abouti, si bien que je n’aime pas son style, et je suis d’accord avec COLIMASSON. Qu’ont-ils donc, ces philosophes du XXè siècle à être dans l’entre-soi ?

Et que je te balance des mots en grec ;

Et que je t’utilise des mots qui me sont inconnus comme amphibolie, colligation, hyperesthésie, sorite, parthénogénèse, haeccéité, etc…pédanteries qui méritent les paires de claques, et je pense aux Inconnus dans « Le langage hermétique » :

https://www.youtube.com/watch?v=7w2VbOoXE2k



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De plus, ce livre est rempli de références de Socrate, Pascal, Stelling, Bergson son prof, Schlegen, Gracian, Jean-Paul, Hegel, etc…Brillantes connaissances du cerveau de V. Jankélévitch, qui déborde en outre dans beaucoup de hors sujets ( pourquoi le romantisme ? le chaos ? Eros ? Ulysse ? ). Il y a cinquante pages de trop….MAIS aussi brillant soit-il, le cerveau ne suffit pas pour écrire, et contrairement à Proudhon que tu cites à la fin, où sont tes tripes, Vladimir ?

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CEPENDANT, cette écriture soporifique est parfois semée d’étoiles brillantes, de belles définitions, d’idées intéressantes, qui me permettent d’élaborer un modèle conceptuel de l’ironie. Je relève plusieurs remarques intéressantes, noyées, bien sûr, au milieu de son langage abscons.

Je ne vais pas vous « présenter le livre », mais vous livrer ce que j’en ai retenu, car, avec ce genre de livre planant, chacun peut interpréter Janké à sa façon.

L’ironie, d’après ce que j’ai compris, est un art de convaincre, en allant d’abord dans le sens du poil de l’autre, avec frivolité pour l’intéresser, puis déconstruire cela, en démontrer l’absurdité afin d’amener l’autre vers la vraie vérité et les valeurs, comme Socrate, avec sa maïeutique, amène Alcibiade à dégonfler son orgueil ; comme Voltaire montre l’absurde

D’abord, il n’y a pas besoin d’ironie au pays des anges. Pourquoi ? Parce qu’il n’y en a pas besoin, il n’y a pas de méchants.

L’ironie, c’est conduire l’esprit de quelqu’un qu’on estime dans l’erreur, en biaisant par la litote pour ne pas le blesser, souffler la réflexion par des allusions pensées sur lesquelles on a pris du recul ;

Ironiser, c’est faire l’avocat du diable, l’antithèse, pour mieux faire éclater l’absurdité dans laquelle s’est enfoncé l’ironisé ;

Ironiser, c’est faire le roseau face au chêne ;

Ironiser, c’est éveiller la conscience ;

Ironiser, c’est, par des allusions, envoyer des signes à l’ironisé pour qu’il poursuive la réflexion et en trouve le sens, c’est la maïeutique de Socrate ;

Mais c’est aussi l’ensemble des piques de Voltaire, qui avec les philosophes des Lumières, font prendre conscience des excès et des suffisances de l’Eglise.

L’ironique essaie de convaincre, le cynique est au-delà car il a perdu toute illusion.

L’ironique est un simulateur, un charmeur, un joueur de flûte ;

Caméléon, il tend des guet-apens sournois.



Mais l’ironique est aussi un funambule, qui peut tomber à tout instant.

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Bref, malgré ses défauts de pédantisme et de hors sujets, ce livre est intéressant, car l’analyse de l’ironie est très fine.

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La conscience juive

Les textes de ce recueil sont issus de plusieurs discours tenus par Vladimir Jankélévitch lors de colloques regroupant des intellectuels juifs de langue française entre 1957 et 1963. La question qui servait de base et de prétexte aux débats concernait l’existence d’une identité juive.





Evidemment, celle-ci existe, nous disent les principaux concerés, mais, pour échapper au risque d’une réponse trop simple, Jankélévitch précise que cette identité est oscillation entre deux positions antagonistes : désir de se fondre dans la foule indifférenciée comme désir de se distinguer d’autrui ; désir de s’installer enfin en terre promise mais crainte de voir ainsi le confort dévorer l’inquiétude, contre le désir de poursuivre l’éternelle errance en arrachant ses préoccupations des contingences terrestres. Ayant eu envie de lire cet essai dans la perspective de mieux comprendre la tendance à l’origine de l’édification d’une œuvre comme celle de Freud, par exemple et à tout hasard, Jankélévitch me permet d’en peut-être mieux deviner les origines puisque, finalement, le déchirement qu’il associe au judaïsme serait celui de devoir choisir entre satisfaire le désir ou le décevoir pour continuer de nourrir infiniment le désir lui-même. Désir réduit au niveau humain ou désir de désir éternellement reporté.





Tous les hommes, après tout, sont confrontés à ce dilemme. Les juifs cultiveraient cependant, selon Jankélévitch, ce goût de l’impossible, cet amour de la tragédie, porté à la plus haute conscience. La décision de choisir l’incarnation du désir, comme le fut par exemple Israël, devient ainsi presque plus douloureux que de continuer de penser : ce n’est pas cela. « Le problème, presque métaphysique, qui se pose lorsqu’on médite sur l’existence de cet État, et qui est déjà immanent à la position même de ce problème, c’est de savoir comment se comportera la Terre sainte lorsque la Terre sainte deviendra la réalité du présent. Comment l’extrême passé fabuleux, à peine croyable, l’incroyable passé millénaire, et d’autre part l’extrême futur de l’espérance eschatologique, évolueront-ils dans la conscience de l’homme quand ils deviendront un présent tangible et visible ? Quand Israël invisible deviendra un Israël visible ? Est-ce qu’à ce moment-là ne naîtra pas une déception métaphysique [...] ? »





Le juif représenterait le principe de l’intranquillité, le principe anti-bourgeois qui se refuse à la satisfaction éphémère et illusoire, à l’avachissement décevant, aux compromis, ainsi peut-être devenant source d’animosité. De l’antisémitisme, Jankélévitch tient d’ailleurs un discours qui ne s’entend pas à tous les coins de rue puisqu’il déclare que sans les persécutions subies par les juifs au cours de la seconde guerre mondiale, lui comme de nombreux autres juifs n’auraient peut-être pas pris conscience de l’inclination de la pensée propre au judaïsme. Jankélévitch reconnaît en quelque sorte l’utilité maïeutique pour les juifs de l’antisémitisme comme persécution. Le véritable antisémitisme, la manière la plus virulente qu’un goy aurait de haïr un juif, serait selon lui de lui demander de choisir définitivement, de cesser son oscillation d’inquiétude, et de cesser aussitôt également de développer toute circonvolution mentale autour de ce balancement.





Si le christianisme est également, originairement, intranquillité, il est certes d’une autre forme : non plus inconfort de la tension entre possible et manifeste, puisque le christianisme est après tout choix du Christ et acceptation d’un destin terrestre clos, mais inconfort de la tension entre bien et mal dans le sens où le bien serait adéquation du désir à l’être. Alors que les colloques qui virent la participation de Jankélévitch et d’autres intellectuels juifs se soutenaient initialement de l’interrogation à propos de l’existence d’une identité juive, Jankélévitch constate, dans son discours de clôture que « de nos entretiens, s’est dégagée une idée dominante, l’idée d’une dilution de la messianité ». Le juif serait donc celui qui ne peut pas accepter de céder sur son désir pour l’avènement d’un Messie. « Notre attente vise l’accomplissement plus général d’un processus qui n’a pas de fin, un processus de transfiguration infinie, qui n'atteindra jamais son plérôme mais qui atteindra peut-être une plénitude ».

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Penser la mort ?

Quatre interviews sont réunies dans ce livre dans lequel Jankélévitch aborde le mystère de l'instant de la mort : l'expérience de la mort et son incertitude métaphysique, les pratiques religieuses, la mort et l'éthique, la violence et le fanatisme et enfin l'angoisse humaine fasse à son inéluctable finitude.

Ecrire sur la mort pour ne plus avoir y penser parce que c'est la grande question, selon Jankélévitch, celle dont découle toutes les autres questions. Mort implacable, absurde interruption, inattendue toujours, violente toujours, parce qu'il est violent de ne plus être.

Comment la définir et en percer le secret quand les mots seuls peuvent relever ce défi de déterminer ce qu'est la mort et donc la penser. C'est pourtant la mort qui fait l'homme homme, le limite, le finit et par la même implique une urgence de vivre, de réaliser l'existence, d'en faire un temps de mouvement et d'ardeur : ainsi ce qui vit est ce qui meurt un jour.



L'homme est et prend conscience qu'il est ; pour se voir vivre il prend distance avec lui-même en même temps qu'il est dans cette existence, d'où une tension (ou "collision" selon Jankélévitch) générant l'angoisse de la mort : l'homme sait qu'il meurt et il n'en meurt pas moins.

Penser la mort impensable pose au moins une chose : la finitude de l'intelligence humaine.
Lien : https://tandisquemoiquatrenu..
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Quelque part dans l'inachevé

Ce livre nous amène plus loin que des entretiens philosophiques, il nous offre des coups de cœurs, des réflexions sur différents de thèmes,dont de beaux éloges notamment a propos de la philosophie ou de la musique. Une excellente manière de découvrir ce grand philosophe dont on ne parle que trop peu.
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Philosophie morale

Il paraît que cet ouvrage est épuisé. C'est bien dommage. Quand j'ai acheté ce livre, c'est à peine si je connaissais Jankélévitch. S'il avait ma faveur, c'était surtout parce qu'il traitait des sujets qui m'intéressaient. Les titres de ses livres parlaient pour lui, particulièrement L'Ironie et La Mort. Les œuvres regroupées dans La Philosophie morale ont des titres tout aussi alléchants, si je puis dire : Le Mal, Le Pardon, L'Aventure, l'Ennui, le Sérieux, pour ne citer que ceux-là. Cependant, il serait bien futile de s'arrêter aux titres.

L'ambition de Jankélévitch a été d'exprimer l'inexprimable, de toucher à l'essence de ce qui ne se laisse pas saisir, de comprendre ce qui se dérobe. Les paradoxes de la conscience sont l'un de ses sujets préférés, tout comme l'irrémédiable et l'unicité. Qu'est-ce qui fait la valeur d'un moment, la beauté d'une musique, la singularité, l'importance d'une vie ? Telles sont les questions qu'il se pose. Platon, Gracian, Fénelon et bien d'autres l'aident à y répondre. L'écriture est précise, vivante, émaillée de nombreuses métaphores toujours choisies à bon escient, mais surtout la réflexion, vertigineuse, conduit à reconsidérer bien des choses, à démêler les mensonges des apparences, le vrai dans le faux et le faux dans le vrai. Ce n'est pas seulement une recherche de la vérité, car cet objectif est poursuivi par tous les philosophes ; c'est une mise à l'épreuve de la pureté : existe-t-elle ? peut-elle être atteinte ? Je ne connais rien de plus enrichissant pour l'esprit que la lecture de cet ouvrage.
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L'ironie

L’ironie semble avoir de plus en plus pignon sur rue au fur et à mesure qu’on ne la comprend plus.



Ce livre essaie d’en dessiner la forme, d’en dégager le sens et de nous prévenir contre les pièges qui la traquent.



D’abord, ironie ne signifie pas mensonge. Il ne s’agit pas de tromper l’adversaire, il s’agit d’en mimer les paradoxes pour le remettre sur le droit chemin, qui, grâce à l’ironie, s’égare un peu dans des méandres à qui il ne fait perdre le nord que parce qu’il les prend aux sérieux.



L’ironie, ce n’est pas non plus – et c’est cela en fait qui a pignon sur rue aujourd’hui – le cynisme. L’ironie est bienveillante. Elle se moque, certes, mais pour le bien de l’autre.



Bref, l’ironie, si elle sait ne pas se laisser dévorer par le discours qu’elle imite, permet de lutter contre les dérives de la pensée unique d’une manière à la fois plus efficace et plus joyeuse que la colère, la correction ou la déconstruction savante.
Lien : http://www.lie-tes-ratures.c..
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L'imprescriptible

Relecture



Ce livre contient deux textes : "Pardonner" (1971) et "Dans l'honneur et la dignité" (1948) - deux textes assez courts au sujet de l'après de la Shoah et de l'Occupation. Deux, disons, "coups de gueule".



Dans le premier texte, Pardonner, Jankélévitch s'insurge contre l'idée de pardon. 25 ans après la fin de la guerre il constate que la plupart des bourreaux et ceux qui ont soutenu le hitlérisme n'ont jamais été inquiétés, pour les raisons les plus diverses. Au moment de la sortie de ce livre il y a une impunité déjà bien établie définitivement.



Certains criminels, comme Mengele ou Barbie vivaient tranquillement à l'étranger. La totalité des Allemands, même s'ils ne s'étaient pas directement impliqués dans les crimes, ils étaient parfaitement au courant de la politique de dé-judaïsation de l'Allemagne et de l'Europe : ils avaient écouté et acclamé les discours haineux de Hitler.



Et maintenant, au XXIème siècle ? Les vrais bourreaux de l'époque sont quasiment tous déjà morts. Mais il reste encore quelques descendants notables des nazis qui insistent dans l'innocence et les bonnes intentions de leurs parents : Edda Goering ou Gudrun Himmler. Sauf quelques exceptions, les familles de Reinhard Heidrich ou Rudof Höss. Gudrun Himmler a, pendant toute sa vie, oeuvré pour la protection des bourreaux et a participé à la vie des groupuscules néo-nazis.



L'Allemagne fait beaucoup d'efforts pour informer le peuple allemand de ce qui a été cette époque sombre. On peut penser que maintenant, plusieurs décennies après la fin de la guerre, il pourra avoir non un pardon aux Allemands de l'époque mais au moins un apaisement avec les Allemands de nos temps.



Le deuxième texte, "Dans l'honneur et la dignité" a écrit en 1948, juste après la fin de la guerre et à un moment où l'épuration en France diminuait son activité. Jankélévitch dénonce une épuration plus que partielle n'atteignant pas ceux qui méritaient vraiment d'être inquiétés. Selon Jankélévitch, il s'agit d'une certaine bourgeoisie, des fonctionnaires, magistrats ou des intellectuels qui ont bien vécu pendant l'Occupation et dont beaucoup ont partagé la vie sociale de l'occupant. Certains étaient trop visibles pour ne pas être inquiétés : Robert Brasillach, par exemple. D'autres avaient de très bons avocats. Mais on voit bien dans les documentaires que la plupart des épurations, surtout celles publiques, concernaient des personnes des classes inférieures telles les femmes qui avaient couché avec des Allemands (comme si elles étaient les seules).



Finalement, c'est un livre intéressant qui montre ce qui était à des années proches de la fin de la guerre et qui suggère une réflexion sur où on en est actuellement.



On peut faire abstraction de la colère, justifiée de Jankélévitch. Il ne fait pas des efforts pour la cacher.











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La conscience juive

Ce livre contient la transcription de 7 conférences de Vladimir Jankélévitch lors des colloques des intellectuels juifs de France, entre 1957 et 1963. Ces conférences avaient pour but, entre autres choses, réveiller la judéité de ceux qui l'avaient un peu perdu avant la guerre.



Il est important de se remettre dans le contexte de l'époque et même de la vie de Vladimir Jankélévitch pour mieux apprécier ce contenu.



La deuxième guerre était finie depuis peu de temps et les Juifs étaient encore en train de digérer ce passé. Nombreux étaient les Juifs qui ont, obligés, découvert leur judéité lors de la guerre par la menace qui leur est tombé dessus.



C'était même le cas de Vladimir Jankélévitch, fils d'intellectuels juifs ayant fuit la Russie à cause des pogroms. Sa famille ne pratiquait aucune religion. Peut-être par "la tentation" dont il a parlé dans une de ces conférences. On en reviendra.



Les aspects philosophiques de la judéité ou du judaïsme ne faisaient pas partie, en principe, des sujets d'étude de Vladimir Jankélévitch mais la révélation de ses origines par la guerre l'a obligé à y réfléchir. Ces conférences sont le résultat de ses réflexions. Et peut-être, et ce n'est que mon impression, il est devenu "plus juif" que beaucoup de ceux qui étaient un perdus et c'est ce qui l'autorisait à présenter ses réflexions dans ces colloques. Je livre ici quelques points qui ont retenu mon attention.



Les Juifs étaient, avant la création de l'État de Israël, un peuple apatride mais pas nomade. de là, la situation instable entre se fondre complètement dans la société où ils vivent et garder ses particularités de peuple Juif. On voit bien que beaucoup de Juifs prennent partie de notre société, oeuvrant sans mettre en avant le fait d'être des Juifs. La "tentation" de pencher vers un ou l'autre côté. Ceci a peut-être du toucher sa famille puisque, fuyant la Russie, ils se sont établis en France et ont, peut-être, voulant s'intégrer dans leur nouveau pays d'accueil ont peut-être partiellement succombé à cette "tentation".



Encore, de cette situation de presque double personnalité, les Juifs sont, à la fois, des Juifs et des pas Juifs. L'antisémitisme, pour Vladimir Jankélévitch, a la caractéristique de vouloir enfermer les Juifs dans leur côté juif en les empêchant d'assumer leur autre côté, celui de l'intégration.



Vladimir Jankélévitch réfute l'idée parfois soutenu comme quoi les terres de l'État de Israël ait été donné aux Juifs comme compensation d'un supposé état de victimes. Il est vrai que la plupart des Juifs des pays de l'est ont du trouver où aller puisqu'ils ne pouvaient plus rester où ils étaient avant. Mais il est aussi vrai que cette terre était réclamée depuis longtemps, des Juifs y habitaient déjà depuis des millénaires.



Ce livre date déjà, mais la plupart des sujets restent d'actualité. Pour les autres, la lecture reste toujours valable pour comprendre le contexte d'après guerre et la pensée de celui que est un des philosophes remarquables du XXème siècle.



Un autre livre de Vladimir Jankélévitch est "L'imprescriptible", avec deux textes : "Pardonner ?" et "Dans l'honneur et la dignité", où il livre ses réflexions sur la Shoah. La lecture en vaut la peine.



Je remercie L'Herne et Babelio de m'avoir fait connaître ce texte très intéressant.
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L'ironie

Coup de cœur quand j'étais étudiante pour cette réflexion et ce regard porté sur la société et quelques-uns de ses travers.
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Le pur et l'impur

'Dans une eau trouble la réflexion de tout individu se trouble', c'est pourquoi la réflexion nous fait tous égaux.

On constate que partout c'est l'impur qui domine et il suffit une seule tache pour que toute la chemise soit sale.
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La mort

Disciple de Bergson, de Simmel et de Léon Chestov, Vladimir Jankélévitch offre avec ce livre son opus magnum. Toute sa philosophie s'y retrouve : liens entre l'éternel et le fugitif, entre la morale et l'action, entre la pensée et la musique. On est dans les parages de Léon Tolstoï et de sa Mort d'Ivan Illitch, mais aussi bien de Platon ou de Spinoza. Un grand livre qui est tout, sauf morbide. L'essentiel, redit Jankélévitch, ce n'est pas la mort, c'est la vie.
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Ravel

Philosophe engagé et musicologue, Jankélévitch a écrit sur les musiciens français du tournant du siècle — Satie, Debussy, Fauré, Ravel —, avec amour et humour, et il ne cache pas son admiration pour les deux derniers : « Ravel a vécu dans ce rayonnement de charme dont Fauré a été le centre pendant près d’un demi-siècle ; aussi convient-il d’associer dès les premiers pas le musicien du “Secret” au nom de l’artiste le plus secret lui-même, le mieux masqué, le plus jalousement pudique que la France ait connu depuis Racine ».



Ce livre ne peut être pris comme une biographie, pas plus que l’excellent « roman biographique » d’Echenoz aux Éditions de Minuit. Qui cherche une biographie au sens d’un CV informatif et factuel lira celle de David Sanson chez Actes Sud. Ici Jankélévitch témoigne de son émotion, il s’engage et choisit. Pour ma délectation, il commente le Quatuor en fa, Le Trio en la mineur, « radieux chef-d’œuvre de la maturité », la Sonate en duo pour violon et violoncelle, « peut-être la réussite la plus exceptionnelle de notre musicien », le Concerto en sol et celui pour la main gauche, écrits simultanément, et bien sûr l’œuvre pianistique avec au sommet Gaspard de la nuit. Il y ajoute les ballets et l’œuvre vocale que je ne pratique pas (une mention pour le Kaddish que je découvre). Il s’amuse comme Ravel lui-même de la popularité insensée du Boléro (« Créer un poncif, c’est le génie ! »). Voir aussi en annexe un texte extraordinaire de la main de Ravel, publié dans La Petite Gironde (!) du 12 juillet 1931, intitulé « L’art comme suprême imposture », qu’il faut lire intégralement.



Jankélévitch est un pianiste expert que je suis incapable de suivre dans les finesses de rythmes ou de tonalités, dans les portées qu’il recopie et à plus forte raison dans ses remarques sur les doigtés. Les données techniques abondent dans le chapitre « L’Industrie », mais « L’œuvre dans son devenir », « Appassionato » et la « Chronologie » suffisent à recommander la lecture. Il faut se garder de prendre cette dernière pour un résumé biographique : « 27 mai 1899 : Première audition, sous la conduite de l’auteur, de l’ouverture de Shéhérazade à la Société Nationale de Musique. Ravel est copieusement sifflé ».

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Philosophie première

Note de lecture:



"Si Hamlet avait été moins obsédé par la mythologie de la chose, dit Jankélévitch, peut-être aurait-il découvert ce tiers principe auquel l'activisme du XIXe siècle, par la bouche de Faust, trouvera son vrai nom: l'Action. Car justement, il y a un milieu entre prendre et laisser, être et non-être; non pas certes logiquement-vu que tout tiers est exclu entre ces contradictoires- mais irrationnellement et drastiquement. Entre l'être et le néant, il y a le faire, qui n'est ni être, ni non-être. "p179

Cette citation contient en elle-même une partie du vaste spectre de ce livre, à savoir, le respect de la logique en même temps que son dépassement par l'action.

Philosophie première est non seulement une définition de ce qui, aux yeux de Jankélévitch, constitue la philosophie première, mais aussi son développement de manière originale: l'action pleine par excellence c'est le Dieu qui fait l'être sans être lui-même de l'être.

Jankélévitch pose Dieu, non pas à la manière d'une preuve ontologique mais par le moyen d'une demi-gnose (la gnose est une spéculation à la Swendenborg, la demi-gnose est une spéculation qui a encore ses attaches avec l'empirie). Lorsque Jankélévitch parle du vrai don: celui où l'on n'a pas ce que l'on donne, où l'on garde ce que l'on a donné; il explicite là même l'idée de la création, si paradoxale à nôtre pensée finie. Mais si Chestov semble quitter l'empirie lorsqu'il affirme que seul l'homme vraiment libre est à même de déplacer des montagnes, Jankélévitch ne va pas aussi loin...Mais nous y reviendrons. Et en effet, Philosophie Ière, ouvre son exposé sur ce qui n'est pas transcendent, sur ce qui n'est pas Philosophie première, donc. Le chapitre s'intitule: de l'empirie à la métempirie, et si ni l'empirie, ni la métempirie ne constitue La Philosophie 1ère, la métempirie est cependant considérée comme un palier dans l'ascension vers le vrai savoir qu'est.... la philosophie première.

Il faut savoir que la pensée jankélévitchienne est alogique, c'est à dire qu'elle monte vers le haut, et, par ce trait de caractère, prend pour départ l'empirie en vu de s'élever à l'éternel de la logique, elle-même simple étape précédant l'accession ultime aux portes de la métalogique.

Il est donc trois niveaux sur lesquels se situe l'accès au vrai savoir: empirie, logique et métalogique. L'action, dont la citation précédente rappelle l'importance, se situe au delà de la logique.

Lorsque l'on s'oriente à partir du présupposé que nous sommes des êtres finis, nous sommes en droit de nous demander: l'homme n'est-il pas prisonnier de l'empirisme ?



Le second sous chapitre: Conductibilité de l'apparence, indique : "le régime amphibolique de l'apparence, est la raison d'être même de l'herméneutique. Aussi y a-t-il encore de beaux jours pour la dialectique..."

L'apparence est partitivement quelque chose de l'essence. C'est une nécessaire méfiance initiale vis à vis de l'empirique, requise pour se dégager de l'apparence et de l'empirie. Cette méfiance provient d'une mutation radicale: de mutation en mutation- s'opérant à chaque niveau de l'échelle du savoir- l'on parvient à la conversion ,qui, elle, est nécessaire pour saisir non seulement le suprasensible mais aussi le métalogique. Elle est étincelle qui transforme toute la vie humaine. Or, l'une des présuppositions de cette étincelle est l'intuition qui se place elle-même, dit Jankélévitch, au delà de la fiction du logos et du paralogisme" p95

C'est l'intuition qui produit aussi la fiction dans l'empirie au sein de quoi l'homme peut être enserré.

Ce que Jankélévitch veut montrer dans son livre c'est que l'être ne fait pas l'essentiel de l'homme car l'être est la matière pur et simple.

Si l'homme n'a pas conscience de sa naissance, il sait du moins qu'il doit mourir, et ce savoir de la mort certaine le distingue dans l'univers environnant. A cause de la mort, l'homme doit utiliser sa vie le mieux possible, la philosophie première de Jankélévitch n'est donc pas une invective contre tous ses prédécesseurs, mais une initiation à l'agir (c'est en dernière instance la mort qui permet de saisir la concrétude de la réalité, parce que l'homme est fini). C'est pour ça que vous auriez tout intérêt à compléter la lecture de ce livre; qui n'est pas un ouvrage de moral, par son Traité des vertus. Et preuve en est, il commence par le plaisir quand celui de la Philo prems' s'annonce sur l'empirie. Comme j'ai du le dire il y a quelques verstes de ça, la Philo Ier demeure un livre de métaphysique (si l'on prend ce mot dans son acception universitaire) et c'est en cette qualité que ce livre ne donne pas de préceptes moraux qui leur ouvre le chemin. La chance de la vie est, selon P1, de réaliser l'ipséité d'un chacun. Si le créateur opère hors catégorie (c'est le titre du 6ème sous-chapitre du chapitre 9: La création) l'homme est bien contraint de respecter l'être et de rester dans une certaine mesure dans les catégories alors que le Créateur ne participe pas Lui-Même de l'être. Créer est au delà de l'être, et c'est cet au delà qui postule entre autre la liberté selon Chestov. Mais si Jankélevitch ne va pas aussi loin en ce qui concerne la liberté humaine, il va autrement plus loin en nous montrant la manière dont l'homme peut réaliser par participation avec la bonté positive divine, un bon bout de cette liberté sur laquelle s'extasiait Chestov.

Si Chestov veut annihiler la mort de Socrate c'est qu'il admet une conception du temps qui n'est en quelque sorte pas linéaire, en revanche Jankélévitch admet quant à lui la nécessité de la mort et donc de la naissance. Il y a chez lui une certaine linéarité dans sa conception du temps. Il souligne que l'empirie est constituée par la pensée de l'intervalle alors que l'ascension vers l'ipséité absolu s'est faite par l'intermédiaire de l'intuition de l'instant unique, celui de la conversion (Maître Ekhart), qui est retour de la conscience vers son passé. Regard visionnaire vers le futur.



Par cette entre-vision du transcendant, l'homme change du tout au tout: il change de vie. Et c'est en cela que la Philosophie première parue en 1953 rejoint son ouvrage antérieur, à savoir le traité des vertus (1949).

Cependant, en garde ! le sous-titre du livre est Introduction à une philosophie du presque: l'homme ne peut pas tout à fait devenir divin. Ce presque distingue Jankélévitch des mystériologies:"L'homme est intermédiaire avec le divin; mixte de Faire et d'Etre".



Et Jankélévitch développe la logique de sa pensée jusqu'au point où se trouve un paradoxe qui est le tertium quid qui s'ouvre dans l'instant et qui se place dans un rien de pensée et une pensée restauratrice du Tout. C'est que Jankélévitch distingue entre la perspective de la première personne et celle de la troisième personne: "Redisons-le à nouveau, l'homme qui réalise sa mort propre, la mienne pour moi, la tienne pour toi, la votre pour chacun de vous respectivement, diffère du tout au tout de l'homme, qui, par raisonnement, applique une lois universelle à son cas particulier." p22

Toute la logique classique serait conçue sur la base de la troisième personne et c'est la raison pour laquelle la mort n'est en définitive pas responsable: car on ne touche pas au delà de la mort dans la troisième personne, mais seulement à ce qui lui précède et au néant qui la suit. Dans la première personne le scandale de la mort devient visible, mais nous ne pouvons penser notre propre mort sur le mode du présent et de l'indicatif. le rationalisme kantien, aurait fait escamoter le vrai moi dans le moi transcendantal, qui n'est qu'une synthèse imparfaite entre le Il et le moi. D'où le refus pour Jankélévitch du criticisme kantien et son adhérence à l'intuitionnisme bergsonien, adhérence qui l'accompagnera toute sa vie.



p169:

"Dans le rapport du logos aux vérités et aux essences, l'évidence est une possibilité implicite et permanente, mais le rapport de ces vérités elles-mêmes à l'insondable sur-vérité- le Dieu créateur de Descartes, qui le pose et pourrait le révoquer; ce rapport n'est plus à proprement parler un rapport-la position absolu étant un pur vide et un pur zéro pour une conscience finie."

"L'évidence et la vérité ne serait pas éclairante mais lumineuse, comme la clarté du grand jour, comme l'éclair d'une seconde qui s'allume dans la nuit." (Jean de la croix ou Denys l'Aréopagite spotted)



C'est en faisant intervenir la notion de temps qui lui permet

de relier l'évidence à l'exigence de la conversion que la moralité de la Philosophie première apparait. Et ce qui préside à cette démarche n'est pas une conversion spirituelle qui bannirait la réalité, loin de là. Vladimir Jankélévitch dirige l'attention du lecteur sur la nécessite de relier le sensible, l'empirie, à une exigence morale réalisable en valorisant et en décantant ces moment privilégiés que sont les illuminations subites qui nous font réfléchir et auxquelles il et nécessaire d'être fidèle.



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La musique et l'ineffable

Passionné par la musique, Jankélévitch analyse brillamment les aspects philosophiques et esthétiques de la musique. Variations et digressions au programme, avec des exemples qui vous feront courir à votre chaîne pour découvrir ou re-découvrir des morceaux.
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L'irréversible et la nostalgie

Chaque chapitre peut se lire dans n'importe quel ordre. Jankelevitch propose une analyse lumineuse de la souffrance que chaque humain éprouve dans sa confrontation à la temporalité
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La mort

1.penser sur la mort, autour de la mort, à propos de la mort

penser à autre chose qu’à la mort, et par exemple à la vie

" L’indicibilité tient évidemment au caractère vague, confus et diffus, à l’indétermination même de l’événement qui écourte notre temps vital. (…) Le caractère évasif de la finitude mortelle est comme un défi au logos, si la vocation du logos est de déterminer et de préciser. "
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Traité des vertus tome 1 : Le sérieux de l'inte..

Composition tout à fait arbitraire mais concise à partir de « Traité des vertus »



L'homme est, dans ses taches biologiques, le principe du commencement, de l'initiative, de la liberté.

Quand il est créateur, il peut être à la fois, artiste et guerrier, architecte et incendiaire , le dévastateur sacrilège et aussi l'ouvrier des oeuvres belles- cette amphibolie du Janus viril, positif par devant et négatif par derrière .



La femme, dont toute la fonction est de sauvegarder et de préserver , est (souvent) impuissante à édifier.

La femme trouve son expression dans une présence physique , dans son corps, un vêtement, l'insistante discrétion d'un parfum. La femme féminine coïncide avec son apparence.



L'homme est au delà de cette apparence : portant un costume où il est difficile de reconnaître le goût personnel et même la classe sociale , l'homme se devine plutôt à travers ce qu'il fait, dit, écrit, à travers l'aura qui estompe les contours de sa morphologie.

Si la forme est , essentiellement, l'image, le « masculin » est informe.



Les traits caractéristiques de la nature féminine sont la fidélité, attachement aux traditions, goût de détail. Même Pallas , qui, après tout, est femme, n'est-elle pas la patronne des tisserands et fileuses,et Sophia- sagesse- est tournée , elle aussi, vers « chez soi », vers l'intérieur .



La vérité de l'homme est infidélité qui résulte de son privilège et sa vertu de l'initiative, de sa fonction virile. Il est épris vite et vite dépris.



La vérité de la femme est celle de plaire: celle du charme qui, tel un glu, attire et fixe l'homme.

Le charme qui abandonne la satisfaction illusoire d'initiative pour commander en feignant d'obéir.

L :-))
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Le paradoxe de la morale

Toute perfection – si perfection il y a – s'inscrit fatalement dans le registre de l'immanence et des grandeurs moyennes. La chose parfaite est chose accomplie ou achevée, au sens statique du participe passé passif. Le dogmatique a décrété arbitrairement qu'il convenait de s'en tenir là : anagkê stênai ! L'idolâtre a désigné son idole comme le nec le plus ultra de toute comparaison et de toute recherche ; la recherche est donc finie avant d'avoir commencé ; et l'idolâtre se dit en contemplant l'idole : ne touchons plus à rien ; en voilà assez ! Au modèle lui-même, entre tous admiré, il ose dire, comme le photographe pendant la pose : surtout ne bougez plus, vous êtes parfait. Il est bien évident qu'un maximum ramené aux dimensions d'un quantum déterminé, assignable et univoque, n'a aucune signification morale ! Ce que nous cherchons n'est pas une totalité close, une totalité en acte au terme d'une totalisation : ce que nous cherchons est évasif à l'infini. Car notre point de mire est situé au-delà de tout horizon.

Vladimir Jankélévitch, Le Paradoxe de la Morale, II : L'évidence morale est à la fois équivoque et univoque. 1. Ambiguïté du maximalisme, excellence de l'intermédiarité.



Bondi en relisant ces lignes, car voilà : cette gêne quand on aligne les hyperboles, les seuils insurmontables, inclassables, infranchissables, Messie et Vierge sans péché, Prophète ou Imams ou immaculés, Buddhas, etc., et même, d'ailleurs, qu'est-ce qu'un Dieu "pur esprit, infiniment parfait", sinon une idole bien commode à envisager : d'accord, portons tous nos efforts sur le terrestre, l'ici-bas, l'humain, le face à face avec le prochain, car en haut du moins, tout est parfait, rien à redire, on signe une charte en blanc !



Mais …
Lien : http://sohrawardi.blogspot.c..
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