Voici qu'au centre de la profondissime ténèbre une très douteuse blancheur apparaît : cette lueur pâle est comme l'espérance de l'aube à minuit, la promesse d'un lointain printemps dans la nuit du solstice d'hiver ; ou si l'on préfère d'autres images : cette lueur est comme la première déchirure de ciel bleu et le premier espoir d'embellie à travers les nuages bas du souci : une issue est enfin offerte à l'éternelle mélancolie. Le gris, comme il est la première impureté après la blancheur candide, est aussi la première espérance après la noirceur de l'enfer.
L'homme est tout entier devenir, et n'est que cela; et comme le devenir lui-même est toute irreversibilité, il s'ensuit que l'homme entier est irréversibilité: l'homme est un irréversible en chair et en os!
Mais à un autre point de vue le voyageur revient appauvri, ayant laissé sur son chemin ce que nulle force au monde ne peut lui rendre : la jeunesse, les années perdues, les printemps perdus, les rencontres sans lendemain et toutes les premières-dernières fois perdues dont notre route est semée.
La coïncidence du point de départ et du point d'arrivée prouve au moins ceci : la gare est restée fidèle à un rendez-vous qu'elle n'a d'ailleurs jamais trahi ; la fidélité de la gare justifie la confiance du voyageur…
Le temps est irréversible de la même manière que l'homme est libre: essentiellement et totalement.
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En ces temps de crise, il nous faut résister à tout ce qui, chaque jour, nous entraîne vers le bas : la bêtise, les intégrismes divers, les compromis incessants, les lâchetés, les impostures… Mais comment apprendre à résister ?
« L'esprit de résistance » de Vladimir Jankélévitch, c'est à lire chez Albin Michel.
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