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Critiques de Will Eisner (196)
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New York - Intégrale

Beau graphisme, un sujet que j'aime, mais un dernier tome vraiment sordide consacré plus aux humains qu'à la ville géante.
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Le Complot : L'histoire secrète des Protocole..

Drôle d'impression en refermant ce roman graphique...



Je n'avais jamais lu le travail de Will Eisner jusqu'à présent et je me suis décidée à lire celui-ci car il faut bien l'avouer, parler du Protocole des Sages de Sion, en dehors des Nazis et des spécialistes des complots, peu le font.



C'est un sujet très personnel, qui touche son auteur de très près, et cela se ressent sur chaque planche. Ambiance presque film noir. Will Eisner a une façon très américaine d'aborder l'histoire de cette supercherie, l'une de celle qui a le mieux marché dans l'Histoire et alimente toujours les conflits religieux - la fin de la Seconde Guerre mondiale n'y a rien changé, c'est dire que c'est fort !

Le lecteur suit les évènements de manière chronologique, ce qui permet de voir la naissance de ce texte à des fins stratégiques : manipuler le tsar (déjà pro-pogroms!) afin qu'il prenne l'ampleur de la menace révolutionnaire qui plane sur la Russie au tournant du siècle. Heureusement une poignée de petits malins plus zélés que d'autres trouvent un super textes à plagier (Dialogues aux Enfers entre Machiavel et Montesquieu), changent deux trois petits détails histoire de laisser leur patte et assaisonne le tout à coup de Juifs qui dans leur QG (un cimetière) planifient comment ils vont conquérir le monde. C'est tellement énorme qu'on se demande comment des êtres humains censés et (techniquement) dotés d'un cerveau on pu croire à une chose pareille. Et pourtant si ... et ils y croient encore !



Au final je ne sais pas ce qui est le plus désolant dans cette affaire. Difficile en tout cas d'avoir une vision optimiste de l'être humain et de sa capacité à transcender sa peur primaire de l'Autre et de l'avenir dans une société moderne dont il se sent exclut...
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Jacob le cafard

Jacob est un vieux juif qui vit dans ce vieil immeuble de la rue Dropsie dans le Bronx - ce même vieil immeuble qui est le centre des histoires de Will Eisner, et que l'on retrouve dans "Un pacte avec Dieu"-.

Cet immeuble, entouré d'autres comme lui, où il est impossible d'avoir une vie privée, tant les cloisons sont minces et les murs rapprochés. Ce quartier où tout le monde connait tout le monde, comme dans un village. Et tout le monde connait Jacob l'ébéniste, qui pendant des années a construit de ses mains l'école juive, la shule, et qui se voit remercier avec ingratitude quand celle-ci est terminée. Jacob se retrouve donc sans emploi au plus fort de la crise - on est à New-York en 1930...

Alors Jacob, comparant sans cesse son existence avec celle d'un cafard, Jacob va tenter de prendre sa vie en main, car même à 60 ans, il n'est pas trop tard pour tout recommencer, si ?

C'est ce qu'on va découvrir avec cette chronique de la vie des gens dans les années 30, la vie des petites gens du Bronx, avec ses immigrés italiens, juifs, allemands, à l'aube de la guerre qui ravage l'Europe, Will Eisner nous délivre malgré tout un message de fraternité et de possible entente entres les peuples... C'est la mémoire d'une époque, un morceau d'Histoire, d'anthologie, celle des petites gens, "des cafards", avec leur incroyable instinct de survie et de perpétuation de l'espèce...

A lire sans modération toute la série de Will Eisner sur New-York.
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New York Trilogie, Tome 1 : La Ville

Par sa façon de capturer de drôles de moments de vie, par l'hyper-expressivité de ses personnages, Will Eisner rappelle un peu Sempé.

Quelques unes des histoires proposées sont des petits bijoux dignes des plus belles fables de Dickens, la surenchère misérabiliste en moins. On retiendra ainsi les quatre fantômes de l'immeuble ou encore l'histoire de l'homme qui apprit sa mort dans le journal...

Mais ce qu'il faudra surtout retenir c'est la puissance du trait d'un des plus grands génies graphiques que l'histoire ait comptés !

À mettre entre toutes les mains d'amateurs d'art, quelque soit son âge. Un tel génie est intemporel.
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Un pacte avec Dieu

Le graphisme, le texte et les personnages sont touchants, Eisner est un maître en la matière. Cette bande dessinée me laisse un goût amer même si mon appréciation n'est guère bonne je lirai d' autres bande dessinées de cet auteur car elles sont authentiques et dépourvues de fioritures.
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L'appel de l'espace

Version courte: Eisner est un genie et "L'Appel de l'Espace" est son chef d'oeuvre. Je ne peux m'empecher d'etre dithyrambique quand il s'agit de Will Eisner. Sa maitrise de "l'art sequentiel" (plongez-vous dans "Big City" si ce n'est pas encore fait) conjuguee a son talent de conteur en font un des auteurs incontournables du 9e Art. Hormis les aventures du Spirit qu'il a cree a la fin des annees 30, l'essentiel de son oeuvre, depuis qu'il est revenu a la BD en 78 avec "Un contrat avec Dieu", se compose de recits psychologiques explorant les relations complexes qui s'instaurent entre les gens dans le contexte de la ville, la "Big City".

Mais au milieu d'ouvrages comme "Big City", "Dropsie Avenue" ou "Le Building", il y a ce veritable OVNI qu'est "L'Appel de l'Espace", ou Eisner s'essaye a la science-fiction. Non pas la SF facon Star Wars, mais une forme plus subtile, qui lui sert une fois de plus a etudier cet etrange animal qu'est l'Homme.

Tout commence par un etrange message venu de l'Espace. Un evenement d'une telle portee ne peut laisser personne indifferent, et l'agitation qui va s'emparer de l'Humanite va engendrer une confusion indescriptible. Politique, science, religion… tout le monde va vouloir mettre son petit grain de sel dans la situation, jusqu'a la rendre saumatre. Sans avoir l'air d'y toucher, Eisner reussit une analyse tres pertinente des travers de notre societe, ce signal venu de l'espace n'etant finalement qu'un catalyseur.

Patiemment, Eisner tisse sa toile, entrecroise le destin de ses personnages. Rien n'est laisse au hasard. Le resultat est une satire feroce et brillante, qui reste d'une brulante actualite, meme si ecrite il y a pres de 20 ans.

Philip K Dick aurait adore !
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Mon dernier jour au Vietnam

Ce recueil est un ouvrage semi-autobiographique dans lequel Will Eisner parle de son expérience en tant que journaliste pour le gouvernement. Les six nouvelles de cet album ne sont qu’une transposition de témoignages entendus durant ses missions ou tirés de sa propre expérience.



En préambule, il explique comment il est devenu rédacteur en chef d’une revue militaire. Il a fait son service militaire en 1942 et durant son incorporation, il travaille au journal du camp qu’il décrit comme une sorte de planque qui lui garantissait de ne pas être réaffecté ailleurs, et notamment sur une zone de conflit. De plus, cela lui permet de recueillir différents propos et/ou d’être le témoin de certains événements. Profitant de son poste au journal du camp et de son affectation au « programme de maintenance préventive » du matériel, Eisner parvient à imposer la BD comme un vecteur pertinent à la communication, LE medium qui convient à cette passation de connaissance.



La bande dessinée était le meilleur moyen de publier des informations quant aux réparations sur le terrain et d’enseigner les réparations de fortune en situation de combat.



En 1950 (début de la Guerre de Corée) Will Eisner est recontacté par l’Armée pour reprendre ses BD et notamment relancer le magazine Army Motors qu’il avait créé à l’époque de son service militaire. Le magazine change rapidement de nom pour devenir P.S. Magazine (qui sera publié jusque 1972). Le contrat qu’Eisner signe implique qu’il se rende sur le terrain. C’est ainsi qu’en 1954, il couvre un reportage à Séoul et en 1967 il va à Saïgon.



Passée la préface explicative de l’auteur qui contextualise le contenu de ce recueil de 6 nouvelles, l’ouvrage en lui-même contient photos d’époque et illustrations. Il n’oublie pas de faire hommage à l’humour vaseux des militaires, certains se pavanant comme des petits coqs virils face à ce « civil » qu’ils vont accompagner.



Les illustrations s’étalent en pleine page et s’affranchissent totalement des découpages habituels (cases). Le jeu de trames habillent les visuels et guident le regard durant la lecture.



Quant aux témoignages en présence, « loin de vanter des exploits guerriers, les six récits proposés sont avant tout des histoires humaines, avec leur cortège de lâcheté, d’aveuglement, de bêtise, de désespoir, d’humour et de courage… » (extrait de la présentation officielle sur le site Delcourt).



Pour le premier reportage, l’auteur (jeune journaliste) est escorté par un G.I. qui vit son dernier jour au Vietnam. Sa mission touche enfin à son terme, s’il est encore là physiquement sur le terrain, ses pensées sont déjà reparties aux Etats-Unis. Il semble brillant, en bonne santé et est visiblement décontracté par cette mission d’accompagnement qu’il juge sans danger. Mais c’est oublier qu’il se trouve en zone de conflit… et le valeureux soldat devient l’ombre de lui-même. Vision rapide de combattants hagards et mutiques…



D’une richesse certaine quant au contenu des propos rapportés, la seconde nouvelle propose quant à elle un regard plus extérieur des journalistes qui – comme Eisner – se rendent en première ligne. Le cynisme affleure et leur manque d’objectivité sur cette guerre nous saute au visage. Un discours brut de la part de ces hommes censés respecter la neutralité de leur place d’observateur. Beau portrait des médias et de leur fichue hypocrisie. Cela vient-il écorner l’image que l’on pouvait avoir de ces hommes ? Pas sûre…



(Article complet à lire sur le blog)
Lien : https://chezmo.wordpress.com..
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Le Complot : L'histoire secrète des Protocole..

Il s'agit d'une histoire complète en 1 tome, parue la première fois en 2005. Elle bénéficie d'une introduction d'Umberto Eco.



En 1864, Maurice Joly (1829-1878), un citoyen français doté d'une conscience politique, écrit un ouvrage intitulé Dialogue aux enfers entre Machiavel et Montesquieu, un livre dirigé contre la politique de Napoléon III et qui dénonce les méfaits du pouvoir de la finance sur la société française de l'époque. Quelques années plus tard, Mathieu Golovinski (un russe exilé à Paris) rédige à la demande de ses supérieurs de l'Okhrana (police secrète tsariste) un ouvrage destiné à convaincre le tsar d'abandonner sa politique libérale. L'ouvrage s'intitule "Les protocoles des sages de Sion" (abrégé en "Protocoles" dans la suite de commentaire) et il est présenté comme contenant les secrets d'une réunion de chefs juifs pour subvertir les pouvoirs en place dans chaque état et pour gouverner le monde. Il s'agit d'un faux éhonté dont la véritable nature a été dévoilée dès 1921 par le quotidien anglais Times, mais qui continue d'être utilisé comme outil de propagande antisémite de nos jours.



Dans sa préface, Will Eisner indique qu'il recherchait des exemples de faux pour préparer une bande dessinée sur le sujet quand il a découvert ce texte et a décidé d'en faire l'objet de son récit. Eisner explique qu'il souhaite apporter sa contribution à la dénonciation de cette supercherie sous la forme d'une bande dessinée, ouvrage facile à lire et divertissant grâce aux images.



Il faut dire que Will Eisner est un illustrateur exceptionnel qui sait camper chaque personnage en quelques coups de crayons qui semblent presqu'une simple esquisse, et qui pourtant rend chaque individu unique. Le lecteur peut regarder n'importe quel individu et déduire de ses vêtements, de sa posture, de son expression du visage une quantité d'informations sur sa position sociale et ses traits de caractère. Pour cette bande dessinée très particulière, il a choisi une mise en scène théâtrale dans laquelle les personnages semblent souvent évoluer sur une scène et surjouent légèrement leurs émotions pour mieux les faire passer.



Il faut dire que Will Eisner a construit son récit comme un historien souhaitant donner un point de vue assez large sur les Protocoles. La rédaction effective du document n'intervient qu'en page 56 (sur 124). Il commence par expliquer le contexte de l'écriture des Dialogues aux enfers, puis il donne quelques éléments biographiques de la vie de Golovinsky. La suite du récit comprend 17 pages mettant cote à cote des extraits du Dialogue aux enfers et leur transcription dans les Protocoles, avec les réactions d'un journaliste du Times à chaque fois. La suite montre le processus de diffusion des Protocoles pendant le vingtième siècle, leur rôle dans la formalisation de la doctrine nazie, et les différents procès établissant qu'il s'agit d'une supercherie.



À un premier niveau de lecture, cet ouvrage démonte pas à pas la supercherie des Protocoles, les différentes utilisations qui en ont été faites (et donc son pouvoir de nuisance) et montre la nécessité de rappeler sans cesse la preuve du faux. Will Eisner effectue un travail d'historien, il cite ses sources, il utilise plusieurs angles d'approche pour rendre compte des différents points de vue. Dans le cas de ce texte incitant à la haine d'un peuple, tous les éléments sont évidemment à charge.



À un deuxième niveau de lecture, cette histoire est imprégnée de l'humanisme de l'auteur qui ne condamne que rarement les individus. Il les dépeint en train d'effectuer leur tâches quotidiennes, sans se rendre compte des conséquences à long terme de ce qu'ils font. Par contre, il met en évidence les conséquences de l'ignorance, de la bêtise et des intentions de nuire à autrui (de construire l'unité d'un peuple contre un ennemi plus faible, ici les juifs).



Ce récit vaut aussi par d'autres thèmes abordés en filigrane. La mise en images d'événements historiques provoque à chaque fois la même interrogation : par rapport à ce que je contemple, quelle est la part de "réel" et quelle est la part romancée ? Au fur et à mesure des procès ayant pour objet d'établir officiellement et publiquement la nature de contrefaçon, le lecteur s'interroge également sur les caractéristiques qui permettent de reconnaître une source fiable, une autorité légitime en matière de savoir. Enfin, la barrière morale en matière de désinformation devient difficile à cerner. Finalement Maurice Joly écrivait un dialogue fictif mettant en cause Napoléon III, sous couvert d'une satire ayant la forme d'une fiction politique. Il critiquait les intentions du monarque et ses actions politiques avec un outil à cheval entre l'information et une anticipation des conséquences probables. Son ouvrage s'attaquait à un individu à une époque. Les Protocoles font croire à l'existence d'un complot juif pour dominer le monde, dans lequel les comploteurs s'expriment comme des méchants d'opérette. Ils attaquent le peuple juif d'une manière plus général. À travers l'histoire des Protocoles, Will Eisner aborde également l'existence d'une haine des juifs (Judenhass) d'envergure mondiale. Et sa conclusion est d'une terrible noirceur devant le retour de l'antisémitisme et la rémanence des Protocoles, alors que la preuve du faux est accessible partout et à tout le monde (Calomniez, calomniez, il en restera toujours quelque chose.).



Cet ouvrage constitue une vulgarisation admirable de la supercherie des Protocoles des sages de Sion. Il aborde également bien d'autres thèmes complexes. Will Eisner a mis ses techniques narratives au service de son récit, il subsiste quelques passages où le texte prend le pas sur la narration séquentielle en images.
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Petits Miracles

Sincèrement, je suis persuadé que Will Eisner ne jouit pas totalement de la célébrité qui lui revient. Bien entendu, son personnage fétiche, The Spirit, sorte de détective masqué, est bien connu des aficionados de la bande dessinée américaine. Mais au-delà de ces aventures-là, qu’en est-il de tous ces petits récits courts ayant New York pour toile de fond ? Et tout particulièrement, le Brooklyn des années 1920, les années de son enfance … Eisner nous parle d’un temps où la vie de quartier avait encore une importance, quelques rues où tout le monde se connaissait, quelques pâtés d’immeubles habités par des tailleurs, des commerçants, de petits diamantaires, des rabbins (et d’un curé pour la communauté italienne). Sans oublier les enfants vagabonds, les veuves éplorées, les voisins susceptibles, les couples au bord de l’implosion… car, bien sûr, dans ce quartier, tout se sait, pas moyen d’avoir une vie sans le regard des autres braqué sur soi.

Eisner nous présente quatre contes à portée plus ou moins philosophique, en tout cas, avec une réelle bienveillance pour les divers protagonistes. Il nous présente la vie de son Brooklyn natal, sans occulter les mesquineries, la tromperie, la violence, la folie qui s’y trouvent mais il parvient presque toujours à positiver : ces gens-là vivent en dépit de tout cela. L’histoire avec les deux petits garçons en butte aux tracasseries d’adultes m’a particulièrement touché et m’a bien fait rire par sa chute. L’intelligence n’est pas question d’âge ou de peuple.

Le graphisme de Will Eisner est sous influence cinématographique, avec ses cadrages et ses mises en pages si particulières. Ainsi les images en noir et blanc, sans véritable cadre, se succèdent sous l’éclairage si particulier des films expressionnistes européens, comme ceux de Fritz Lang ou de Friedrich Wilhelm Murnau. Cette esthétique est au service d’histoires (les petits miracles, du titre) où se rencontrent intrigue et merveilleux, morale et humour, mais surtout l’émotion.

Will Eisner était non seulement un excellent dessinateur, un parfait conteur, mais il était également un « être humain ». N’hésitez pas à découvrir son univers !
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La Valse des alliances

Le rythme d’une valse serait presque trop lent pour décrire les combinaisons maritales qui relient les familles Arnheim, Ober et Kayn. Toutes immigrantes juives, la qualité de leur statut social dépend moins de caractéristiques intrinsèques que d’un contexte d’installation plus ou moins favorable. Les juifs allemands se considèrent d’élection plus noble que les juifs polonais et parmi les juifs allemands, ceux arrivés lors de la première vague, deux décennies avant la Guerre civile, ont généralement pu bénéficier d’opportunités que n’ont pas connues les émigrants de la deuxième vague.





Dans ce roman graphique qui mêle textes et planches classiques, Will Eisner semble vouloir nous démontrer que l’ascension sociale est clairement liée à la détention du capital. Et le capital ne s’acquière pas encore majoritairement par l’acharnement d’un self-made-man mais en réalisant de bons mariages –dans tout le sens lucratif du terme. Les contraintes de succession des lignées royales semblent s’être étendues à toute la petite bourgeoisie mais parce que le maintien du couple ne met pas en jeu l’avenir d’un royaume, les formations liées de gré ou de force au cours de ces valses ploient devant l’adultère, l’alcoolisme, la paresse ou l’égoïsme.





Le rythme ne faiblit pas une fois. Will Eisner choisit de mener sa saga familiale sur trois générations en avançant plusieurs contextes différents : la réussite, la déchéance, l’envie de faire mieux. Le processus ressemble méchamment aux balbutiements d’une humanité qui tantôt se repose, tantôt cherche à s’améliorer. Peut-on vraiment échapper à son déterminisme ? Il semblerait que non. D’une génération à l’autre, les évolutions sont plus imputables aux changements sociétaux qu’à une véritable libération des individus vis-à-vis de leur milieu d’extraction. La Valse des alliances aurait pu se poursuivre encore longtemps, mais on se délecte déjà de la représentativité de ces trois générations.
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Mon dernier jour au Vietnam

Ici, le sous-titre est important : "Mémoires".

Toute la présentation suggère une prise de notes rapides : des dessins crayonnés sur un coin de nappe ou mouchoir papier dont on aperçoit la trame en fond ; la police, est celle des vieilles machines à écrire. Et le trait est puissant, élégant et quel coup d'oeil et coup de patte pour saisir le bonhomme, l'ambiance. Des photos prises sur les lieux de combat, couleur sépia, sont intercalées entre chaque histoire, renforçant cette sensation de feuilleter un carnet de guerre.



Dans l'introduction Will Eisner explique qu'il s'agit ici de rassembler des rencontres, qui l'ont à jamais marqué au cours de son travail au sein de l'armée américaine. Toutes et chacune entre esprit blagueur et tragédies humaines. Juste esquissées, comme une parenthèse de vie, qui ne peut se refermer.
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New York Trilogie, Tome 1 : La Ville

Ce premier volume est l’oeuvre d’un fin observateur des habitants de New York et de la ville qui les entoure.



Les murs, les blocs, les égouts, le métro sont des acteurs à part entière de la ville. Les personnes semblent être dépendantes de leur état décrépit ou pas, de leur évolution ou de leur transformation.



Les courtes histoires sont rarement joyeuses, il y a quelques fois de l’humour mais cela vire souvent à l’humour noir et au cynisme. Le côté réaliste des récits fait que ce sont fréquemment de petits drames qui nous sont racontés, certains plus tragiques que d’autres : comme la mort d’une immigrée mexicaine qui meurt dans un incendie et dont la colocataire se jette avec son bébé du troisième étage pour échapper aux flammes ou comme la condamnation d’une bouche incendie qui était la seule source d’eau d’une femme noire.



Les dessins ont peut être vieillis mais la description des habitudes et des comportements reste toujous d’actualité et très pertinente.
Lien : http://lecturesdechiwi.wordp..
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Une Affaire de famille

Famille je te hais. Voici en substance le message que semble avoir voulu délivrer l'auteur dans cet album. Will Eisner est un grand nom de la bande dessinée américaine, connu pour son personnage du Spirit. Il montre, avec une Affaire de Famille, une autre facette de son talent, plus intimiste.



Ce comic est d'abord une réussite graphique, nous proposant un dessin d'une grande précision anatomique, avec des représentations parfaites des mouvements. Le rendu des expressions des personnages est parfois proche de la caricature, mais sans nuire au réalisme de l'ensemble. Par ailleurs le contraste entre les deux couleurs dominantes, beige clair pour le fond et gris et noir pour les personnages, met ces derniers en valeur, par un effet de lumière tout à fait intéressant. Les décors, à peine suggérer, nous fond comprendre qu' Eisner met avant tout l'accent sur la dynamique familiale et place le lecteur en son sein, presque comme un membre à part entière. Peut-être est-ce sa façon de nous dire que, si nous pouvions voir derrières les apparences, nous ne trouverions rien de très glorieux. La famille est une mécanique de rapports hypocrites et une source de souffrance pour les individus, tout autant qu'elle les formate.



L'histoire est brève, sans détours et met simplement en scène les retrouvailles de trois sœurs et deux frères, à l'occasion de l'anniversaire des 90 ans de leur père. Bien sur le père possède des économies conséquentes et la descendance se demande beaucoup comment sera répartie l'héritage. Les membres de la fratrie sont tous aussi navrants les uns que les autres, chacun à leur manière. Si les personnage sont plutôt bien sentis (chercher bien dans votre propre famille, vous en trouverez surement de semblables), l'histoire est un peu vite expédiée et la fin est, somme toute, assez prévisible. Ce comic vaut néanmoins le détour, ne serait-ce que pour son aspect graphique.
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New York Trilogie, Tome 2 : L'Immeuble

http://lacasebd.overblog.com/2014/04/the-building-will-eisner.html



Hello les amis,



Aujourd’hui j’ai l’esprit léger et le pas guilleret, un peu comme la floraison des cerisiers au Japon, car j’ai déterré pour vous un auteur figure de proue d’un renouveau bd aux US, j’ai nommé Will Eisner (ouais, rien que ça !).



Ne prenant que mon courage à deux mains je suis parti tirer les vers du nez de mon libraire, ce qui n’était pas une mince affaire vu son rhume, et j’ai déniché un « pas si vieux que cela » (1987) bouquin portant le nom de « Building ».



Pour la petite anecdote, Will Eisner est un gars genre bien mort (1917-2005) mais qui est devenu avec les années un pilier de l’art visuel de la BD américaine grâce notamment à une inventivité graphique en avance sur son temps, un style narratif unique et une vision des choses différente des us et coutumes de l’époque ; du coup il a été une inspiration pour pas mal d’auteurs underground et estampillé « bête de guerre » dans son genre. Il a même défini le concept du « roman graphique » tel qu’on le connait aujourd’hui c’est-à-dire des histoires bd sérieuses et pas forcément chiantes. Alors oui, aujourd’hui c’est presque du petit lait mais à l’époque les comics et bd avaient une connotation infantile et ça faisait un peu rétrograde quand un adulte un poil sérieux en lisait une (pointage du doigt, bonnet d’âne, ricanement, plumes et goudron, etc.). Bref, un auteur des plus célèbres outre-Atlantique à tel point que l’Oscar de la bande dessinée porte son nom.



On ne va pas se repasser tout son curriculum en vue mais si l’on doit retenir quelques œuvres notables du gaillard, je ne citerais que The Spirit, A contract with God, Fagin le Juif, The building et j’en passe.



The Building va nous téléporter à une époque où la longueur des jupes commençait à rétrécir et les pantalons à pinces étaient toujours à la mode ; nous voilà en plein sixties ! Quatre personnages complètement atypiques vont nous faire découvrir la vie d’un immeuble new-yorkais : un violoncelliste passionné, une femme infidèle éprise d’un poète, un homme aigri par l’argent ainsi qu’une personne ayant eu un traumatisme et qui s’est donné pour mission d’aider les enfants, voilà pour nos guides attitrés. Tous vont partager une histoire, leurs histoires ; parfois triste, mélancolique et avec des sursauts de joies ayant pour lieu commun : l’immeuble (The Building en VO) ; cet immeuble qui est justement l’élément central, et qui sera le témoin de cette tranche de vie, du temps qui passe et des liens entre les hommes. Un immeuble peut-il avoir une âme ?



Vous l’aurez compris, ici on ne cogne pas, pas de communistes en mal de destructions massives ni de terroristes palestino-indiens, et encore moins de tripes virevoltantes ne vous laissant pas le temps de faire marcher vos neurones. Au contraire, décapsulez une boisson gazeuse, respirez un bon coup et mettez-vous plutôt à l’aise sous la couette.



Visuellement c’est beau, sobre, agréable à lire et est un vrai plaisir à regarder avec sa mise en page hors-norme remplie d’audace graphique et au dessin épuré ; chaque planche est émouvante et emplie d’émotions et vous plongera dans le gris de l’existence comme un bon coup de pelle projetant du mortier dans les dents (désolé, c’est mon côté maçon qui ressort). Mitonné de second degré et d’un double niveau de lecture, vous verrez au fil de la lecture les cases s’effacer pour donner vie à cette histoire au thème humaniste et qui étudie le comportement humain et social sans pour autant porter un quelconque jugement, ni être moralisateur.



Non content d’être un excellent album se suffisant à lui-même, celui-ci fait partie d’une trilogie (The building est en fait le tome 2), et est composé de 80 pages nous montrant un instantané de la vie raconté avec une finesse poétique assez rare, à tel point qu’on le termine sans s’en apercevoir. Bref, c’est une lecture un poil étrange, qui sort des sentiers battus et qui est rafraichissante.



Au final, voici une œuvre intemporelle, originale et même novatrice vis-à-vis de tout ce qui sort actuellement et qui se résume trop souvent à un gros méchant, un complot et des boy-scouts qui sauvent la princesse à coup de semelle cloutée pointure 44. Alors, pardonnez mon hardiesse, somme toute pas subtile du tout, de vous suggérer la lecture de cette bd sous peine de passer à côté de quelque chose.



Si vous aimez les bonnes et belles BD avec une histoire intelligente qui vous ouvrira l’esprit, celle-ci est clairement pour vous !
Lien : http://lacasebd.overblog.com..
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Petits Miracles

On aime ou on n'aime pas le style graphique, l'esthétique noir et blanc de Will Eisner. De même, on est plus ou moins sensible aux thèmes qu'il affectionne : tissu urbain new-yorkais, envers du rêve américain, communautarisme, déviances humaines, etc.



Moi, j'aime plutôt bien, sans être toutefois une inconditionnelle. Cet album, Petits Miracles, m'a beaucoup rappelé l'esprit de son Dropsie Avenue mais appliqué à une tout autre fin.



Ici, il n'est nullement question de dresser un panorama ni une séquence historique mais bien plutôt, d'écrire des nouvelles graphiques, exactement de la même manière que son auteur fut l'initiateur du roman graphique.



On va donc voir le quartier par le petit bout de la lorgnette et à travers le prisme de trois ou quatre histoires particulières — singulières, même, devrais-je écrire — qui nous plongent dans le Bronx de l'entre-deux guerres ou de la fraîche après guerre, au sein de la communauté juive qu'Eisner connaît si bien.



L'album se présente sous forme de quatre histoires courtes (dont une très, très courte) où il est question d'un revirement du sort, d'un petit truc inattendu, qui en dit long sur l'état d'esprit, la température ambiante dans le New York de cette époque-là et de ce quartier-là.



C'est tout sauf le strass et les paillettes du rêve américain, mais c'est également tout sauf déprimant. On sent le réel attachement de l'auteur pour ces gens qu'il nous dessine et qu'il nous raconte au travers d'anecdotes surprenantes.



Le message pourrait en être : croyons en la vie, croyons en nous, sans trop rêver non plus.



Dans la première nouvelle, intitulée Le Miracle De La Dignité, Will Eisner nous dépeint les fortunes et infortunes successives de l'oncle Amos et de certains de ses proches. Successivement quasi clochard et chef d'entreprise, on y retrouve tout l'esprit et l'humour juif des films de Woody Allen.



Dans Magie De La Rue, l'auteur traite, en une minuscule histoire, des stratégies développées par les immigrants pour éviter les lynchages communautaires.



Avec, Un Nouveau Dans Le Bloc, il revisite le mythe de l'enfant-sauvage mais à la sauce des bas-fonds de l'Amérique...



Enfin, dans Une Bague De Fiançailles Spéciale, il nous offre sa nouvelle la plus ambiguë, celle qui doit nous questionner le plus également. Il y est question de croyance populaire et du " pouvoir " prétendument magique d'une bague et de l'impact que cela aura tant sur les récipiendaires de l'anneau que sur le donateur. Une très étrange nouvelle, mais assurément celle qui a le plus suscité mon intérêt avec la première.



Au final, un album peut-être pas miraculeux mais très sympa à lire et qui fait revivre un New York probablement déjà mort sous cette forme depuis des lustres. C'est donc aussi un ouvrage de mémoire qu'il convient de chérir pour nos générations futures.



Mais ceci n'est que mon avis, qui, ne rêvez pas, ne fera pas de miracles aujourd'hui, car il n'est, tout bien pesé, pas grand-chose.
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Petits Miracles

Si vous êtes un amateur de couleurs bariolées, de récits fantastiques, de super-héros ; si vous n’aimez pas l’humour juif, le réalisme et si vous ne croyez pas aux petits miracles du quotidien, cet album pourrait ne pas vous plaire. Mais ça serait néanmoins dommage de ne pas vous pencher dessus.



La suite sur mon blog :
Lien : http://tagrawlaineqqiqi.word..
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New York - Intégrale

Plusieurs personnes dans mon entourage sont fascinées par les Etats-Unis et notamment par la ville de New York… ce qui n’est absolument pas mon cas. Trop de monde, trop de bruit, trop de pollution, trop de stress, trop de trop. Alors pourquoi avoir emprunté cette trilogie ? Ce sont les illustrations des trois couvertures qui m’ont intriguée et séduite. Et j’ai bien fait de sauter le pas car j’envisage maintenant d’acquérir l’intégrale pour l’ajouter à ma propre collection.

Will Eisner revient sur le quotidien de cette grande ville, véritable fourmilière sans cesse en activité. Il choisit quelques personnages et dépeint tantôt rapidement un mini-épisode du quotidien, tantôt l’aventure d’une vie résumée sur une poignée de planches. Qu’elles m’aient fait sourire ou m’aient émue, chacune de ces – plus ou moins longues – aventures a su me toucher. Pendant quelques (dizaines) de minutes, chaque individu sort de la masse pour devenir un personnage unique. J’ai franchement ri aux mésaventures subies dans le métro bondé (même si Lyon ne peut être comparé à New York, les métros bondés et toute la faune qui y évolue, on connait !), j’ai aimé découvrir les quatre vies qui ont gravité autour d’un vieil immeuble avant (et après) sa démolition, j’ai été touchée par le devenir de ces deux jeunes couturières prisonnières du feu… Autant d’histoires, de peintures, de souvenirs… que de personnages.

J’ai cru lire à plusieurs reprises que les critiques reprochaient à Will Eisner un aspect trop larmoyant. Ce n’est évidemment pas joyeux mais plus que larmoyant, j’ai trouvé l’ensemble très juste, authentique. Et particulièrement marquant. Je serais vraiment très heureuse de pouvoir relire l’intégrale, à l’occasion (d’où mon envie de la faire entrer dans ma bibliothèque).

Encore une fois, l’auteur-illustrateur fait le choix du noir et blanc. Et vraiment, j’adhère. J’ai trouvé les illustrations magnifiques, qu’elles soient de taille réduite dans les vignettes ou que l’on puisse en profiter en pleine page. Les jeux d’ombre et les détails sont sublimes. Un trait de génie, à mon humble avis !
Lien : http://bazardelalitterature...
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New York Trilogie, Tome 1 : La Ville

Bienvenue au coeur du New-York de Will Eisner, une ville qu'il a toujours aimé profondément et qui lui rend bien sous son crayon. Ce premier tome, La Ville de la trilogie New-York, le dessinateur nous emmène dans la grosse pomme de sa jeunesse.



Maniant avec talent son crayon, il dessine d'un trait certain et souple le quotidien de ces quartiers surpeuplés où règnent le bruits et les odeurs. L'amour d'un quartier ne veut pas dire que l'histoire sera remplie de bons et gentils sentiments. Car ici, il dépeint avec réalisme tout en noir et blanc que cela soit le viol, le vol, la solitude ou le malêtre. Mais bien entendu, il croque également l'amour, la tendresse et l'amitié. Un ensemble qui me berce dans une douce mélancolie.



Une surprenante première lecture de Will Eisner qui m'a donné envie de continuer de découvrir plus qu'un dessinateur mais un passionnée d'images et de sentiments à transmettre.
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New York Trilogie, Tome 1 : La Ville

Dans le premier tome (La Ville), on découvre la ville par des éléments insignifiants au premier abord : les perrons, une grille d’aération, le métro, les bouches à incendie, les détritus, etc. Le second (L’Immeuble) raconte d’abord l’histoire de quatre personnes liées par un immeuble : un homme hanté par les regrets qui échoue à sauver des enfants, une femme qui renonce à son amour, un violoniste qui dépérit simultanément à la destruction de l’immeuble, un promoteur immobilier hanté par ce bâtiment. Suivent ensuite le Carnet de notes sur les gens de la ville qui traite du temps, de l’odeur, du rythme et de l’espace de la ville. Le troisième enfin (Les Gens) est composé de l’histoire de trois personnes, trois invisibles.



Will Eisner, considéré comme le père des romans graphiques, porte un regard extrêmement sensible et acéré sur la ville dans cette trilogie. Ce n’est pas un éloge un peu guimauve de la ville, non, mais il dégage un amour très fort pour cet environnement. Mais la pauvreté est là, la cruauté aussi : morts, vols, viols se déroulent sous les yeux des gens indifférents ou, du moins, qui prétendent l’être pour se protéger. Tous des anonymes, des inconnus. Une femme et son bébé se jettent par la fenêtre pour échapper à l’incendie ; la huitième page du second tome est marquée par la mort d’un enfant. La ville est brutale et Will Eisner le montre tout au long de ces trois tomes.

Will Eisner possède un véritable don d’observation – peut-être aiguisé par les années – pour noter et croquer toutes ses vies, toutes ses nuances, toute cette différence qui se côtoie en ville. Sans aimer la ville, je reconnais que c’est quelque chose de fascinant, cette multitude de gens, de caractères, de styles qui vivent ensemble sans se regarder. Black City Parade : une ville, c’est vivant, c’est multiple, c’est des histoires qui cohabitent. Des histoires tristes et des histoires gaies que Will Eisner dessine. Certaines se racontent sur une seule planche, d’autres sur quelques pages. Certaines sont extrêmement bruyantes et bavardes, d’autres muettes.



Will Eisner rend le son de la ville, on entend les voix, les voitures, les klaxons en lisant ces livres. Je me suis sentie oppressée parfois : par la promiscuité, par ces murs qui enferment et bouchent tous les horizons.
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New York Trilogie, Tome 2 : L'Immeuble

Un immeuble New Yorkais est au coeur de l'histoire et la bande dessinée retrace le destin de quatre personnes qui vont toutes avoir en commun cet immeuble.

Les tranches de vie sont tellement réalistes et actuelles que l'on en oublie que cette bandes dessinée a été écrite il y a trente ans.
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