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Citations de Émile Zola (7503)


Le lendemain, vers quatre heures, Lisa se rendit à Saint Eustache. Elle avait fait, pour traverser la place, une toilette sérieuse, toute en soie noire avec son châle tapis. La belle Normande, qui, de la poissonnerie, la suivit des yeux jusque sous la porte de l’église, en resta suffoquée. – Ah bien ! merci ! dit-elle méchamment, la grosse donne dans les curés maintenant… Ça la calmera, cette femme, de se tremper le derrière dans l’eau bénite.
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- [...] En France, dès qu’il y a cinq messieurs dans un salon, il y a cinq gouvernements en présence. Ça n’empêche personne de servir le gouvernement reconnu. Hein, n’est-ce pas ? c’est histoire de causer.
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On l’eût dite enveloppée d’une odeur de frai, d’une de ces odeurs épaisses qui montent des joncs et des nénuphars vaseux, quand les œufs font éclater les ventres des poissons, pâmés d’amour au soleil. Elle s’essuya les mains à son tablier, souriant toujours, de son air tranquille de grande fille au sang glacé, dans ce frisson des voluptés froides et affadies des rivières.
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Émile Zola
Les gouvernements suspectent la littérature parce qu'elle est une force qui leur échappe.
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Émile Zola
Shakespeare seul a enfanté une humanité aussi large et aussi vivante.
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Ils restaient, la main dans la main, face à face, sans pouvoir détourner les yeux ; et leurs mains se glaçaient, et leurs yeux s’avouaient l’ordure de leur liaison, l’infirmité des maîtres étalée dans la haine de la domesticité. C’était ça leurs amours, cette fornication sous une pluie battante de viande gâtée et de légumes aigres !

Chapitre XIII.
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Ah ! les garces ! Le mère et la fille, ça fait la paire. Et c'est du propre d'aller manger le Bon Dieu en guignant les hommes. Ose donc dire le contraire, petite salope ! Je vas t'habiller avec un sac, nous verrons si ça te grattera la peau. Oui, avec un sac, pour vous dégoûter, toi et tes curés. Est-ce que j'ai besoin qu'on te donne du vice? Nom de Dieu ! voulez-vous m'écouter, toutes les deux !
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Et c'étaient surtout les brancardiers qui faisaient preuve d'un héroïsme têtu et sans gloire. On les voyait, vêtus de gris, avec la croix rouge de leur casquette et de leur brassard, se risquer lentement, tranquillement, sous les projectiles, jusqu'aux endroits où étaient tombés des hommes. Ils se traînaient sur les genoux, tâchaient de profiter des fossés, des haies, de tous les accidents de terrain, sans mettre de la vantardise à s'exposer inutilement. Puis, dès qu'ils trouvaient des hommes par terre, leur dure besogne commençait, car beaucoup étaient évanouis, et il fallait reconnaître les blessés des morts. Les uns étaient restés sur la face, la bouche dans une mare de sang, en train d'étouffer ; les autres avaient la gorge pleine de boue, comme s'ils venaient de mordre la terre ; d'autres gisaient, jetés pêle-mêle, en tas, les bras et les jambes contractés, la poitrine écrasée à demi. Soigneusement, les brancardiers dégageaient, ramassaient ceux qui respiraient encore, allongeant leurs membres, leur soulevant la tête, qu'ils nettoyaient le mieux possible. Chacun d'eux avait un bidon d'eau fraîche, dont il était très avare. Et souvent on pouvait ainsi les voir à genoux, pendant de longues minutes, s'efforçant de ranimer un blessé, attendant qu'il eût rouvert les yeux.
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Depuis une minute, Saccard était là, à regarder tomber l'averse, lorsque, dominant le roulement de l'eau, une claire sonnerie de pièces d'or lui fit dresser l'oreille. Cela semblait sortir des entrailles de la terre, continu, léger et musical, comme dans un conte des Mille et une Nuits. Il tourna la tête, se reconnut, vit qu'il se trouvait sous la porte de la maison Kolb, un banquier qui s'occupait surtout d'arbitrages sur l'or, achetant le numéraire dans les États où il était à bas cours, puis le fondant, pour vendre les lingots ailleurs, dans les pays où l'or était en hausse ; et, du matin au soir, les jours de fonte, montait du sous-sol ce bruit cristallin des pièces d'or, remuées à la pelle, prises dans des caisses, jetées dans le creuset. Les passants du trottoir en ont les oreilles qui tintent, d'un bout de l'année à l'autre. Maintenant, Saccard souriait complaisamment à cette musique, qui était comme la souterraine de ce quartier de la Bourse. Il y vit un heureux présage.
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À son tour, elle souffrait. N’était-ce point assez déjà d’avoir à se défendre contre lui ? aurait-elle encore à se défendre contre elle, contre les souffles de tendresse qui lui ôtaient par moments tout courage ? Quand il lui parlait ainsi, quand elle le voyait si ému, si bouleversé, elle ne savait plus pourquoi elle se refusait ; et elle ne retrouvait qu’ensuite, au fond même de sa nature de fille bien portante, la fierté et la raison qui la tenaient debout, dans son obstination de vierge. C’était par un instinct du bonheur qu’elle s’entêtait, pour satisfaire son besoin d’une vie tranquille, et non pour obéir à l’idée de la vertu. Elle serait tombée aux bras de cet homme, la chair prise, le cœur séduit, si elle n’avait éprouvé une révolte, presque une répulsion devant le don définitif de son être, jeté à l’inconnu du lendemain. L’amant lui faisait peur, cette peur folle qui blêmit la femme à l’approche du mâle.
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Et ce qui l’inquiétait surtout, devant cette petite vendeuse devenue peu à peu si redoutable, c’était qu’il ne croyait point à son désintéressement, à la franchise de ses refus. Pour lui, elle jouait un rôle, le plus habile des rôles ; car, si elle s’était livrée le premier jour, Mouret sans doute l’aurait oubliée le lendemain ; tandis que, en se refusant, elle avait fouetté son désir, elle le rendait fou, capable de toutes les sottises. Une rouée, une fille de vice savant, n’aurait pas agi d’une autre façon que cette innocente.
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S'il était vrai que Rome menaçât de tomber en poudre, tous les raccommodages, tous les replâtrages n'auraient pour résultat que de hâter l'inévitable catastrophe. Et, au lieu de la mort grande, immobile, ce serait la plus misérable des agonies, la fin d'un lâche qui se débat et demande grâce... Moi j'attends.
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Mouret se répandit en paroles cordiales : il ferait tout pour le bien-être de ses employés, il était leur père, il préférait manger du pain sec que de les savoir mal nourris.
- Je vous promets d’étudier la question, finit-il par conclure, en haussant le ton, de manière à être entendu d’un bout du couloir à l’autre.
L’enquête de la direction était terminée, le bruit des fourchettes recommença. Hutin murmurait :
- Oui, compte là-dessus, et bois de l’eau !… Ah ! ils ne sont pas chiches de bonnes paroles. Veux-tu des promesses, en voilà ! Et ils vous nourrissent de vieilles semelles, et ils vous flanquent à la porte comme des chiens !

Chapitre VI.
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Alors, dans le jour pâle de la pièce, il la vit, d'une ressemblance frappante avec Maurice, de cette extraordinaire ressemblance des jumeaux qui est comme un dédoublement des visages. Pourtant, elle était plus petite, plus mince encore, d'apparence plus frêle, avec sa bouche un peu grande, ses traits menus, sous son admirable chevelure blonde, d'un blond clair d'avoine mûre. Et ce qui la différenciait surtout de lui, c'étaient ses yeux gris, calmes et braves où revivait toute l'âme héroïque du grand-père, le héros de la Grande Armée. Elle parlait peu, marchait sans bruit, d'une activité si adroite, d'une douceur si riante, qu'on la sentait comme une caresse dans l'air où elle passait.
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Si vous saviez quelle abominable torture ! Je n'avais jamais souffert ainsi, l'unique douleur est de ne se croire pas aimé... Je veux bien tout perdre, être un misérable, mourant de faim, tordu par la maladie. Mais je ne veux plus passer une journée, avec ce mal dévorant dans le cœur, de me dire que vous ne m'aimez pas... Soyez bonne, épargnez-moi... [...] Ne m'aimez pas, mais laissez-moi vous aimer. Soyez froide, soyez méchante, je vous aimerai comme vous serez. Je ne vous demande que de vous voir, sans espoir aucun, pour l'unique joie d'être ainsi, à vos genoux.
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Il y eut un silence. Les quatre bougies brûlaient avec des flammes hautes, et l'on entendit la mer, la gueuse, qui battait les falaises. À cette heure, elle se trouvait dans son plein, chaque flot en s'écroulant ébranlait la maison. C'étaient comme des détonations d'artillerie géante, des coups profonds et réguliers au milieu de la déchirure des galets roulés sur les roches, qui ressemblait à un craquement continu de fusillade. Et, dans ce vacarme, le vent jetait le rugissement de sa plainte, la pluie par moments redoublait de violence, semblait fouetter les murs d'une grêle de plomb.
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L'eau reparut, il fallut se hisser de nouveau. Et , durant des heures, cette montée continua, la crue les chassait de voie en voie, les obligeait à s'élever toujours. (...) Une seule restait, et quand ils y furent, ils regardèrent anxieusement chaque centimètre que l'eau gagnait. Si elle ne s'arrêtait pas, ils allaient donc mourir, comme le vieux cheval, écrasés contre le toit, la gorge emplie par le flot?
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Un paysan serait mort de faim, plutôt que de ramasser dans son champ une poignée de terre et de la porter à l’analyse d’un chimiste, qui lui aurait dit ce qu’elle avait de trop ou de pas assez, la fumure qu’elle demandait, la culture appelée à y réussir. Depuis des siècles, le paysan prenait au sol, sans jamais songer à lui rendre, ne connaissant que le fumier de ses deux vaches et de son cheval, dont il était avare ; puis, le reste allait au petit bonheur, la semence jetée dans n’importe quel terrain, germant au hasard, et le ciel injurié si elle ne germait pas.
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Une heure, une minute suffit pour que le destin agisse et change les défaites en victoires.
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Depuis l’entrée de Baudu dans une maison de retraite, le Vieil Elbeuf était fermé, muré ainsi qu’une tombe, derrière les volets qu’on n’enlevait plus ; peu à peu, les roues de fiacres les éclaboussaient, des affiches les noyaient, les collaient ensemble, flot montant de la publicité, qui semblait la dernière pelletée de terre jetée sur le vieux commerce ; et, au milieu de cette devanture morte, salie des crachats de la rue, bariolée des guenilles du vacarme parisien, s’étalait, comme un drapeau planté sur un empire conquis, une immense affiche jaune, toute fraîche, annonçant en lettres de deux pieds la grande mise en vente du Bonheur des Dames. [...] Depuis le matin, la cohue augmentait. Aucun magasin n’avait encore remué la ville d’un tel fracas de publicité. Maintenant, le Bonheur dépensait chaque année près de six cent mille francs en affiches, en annonces, en appels de toutes sortes ; le nombre des catalogues envoyés allait à quatre cent mille, on déchiquetait plus de cent mille francs d’étoffes pour les échantillons. C’était l’envahissement définitif des journaux, des murs, des oreilles du public, comme une monstrueuse trompette d’airain, qui, sans relâche, soufflait aux quatre coins de la terre le vacarme des grandes mises en vente.

Chapitre XIV.
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