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Citations de Éric Pessan (510)


Je chercher à retrouver l'humain en lui [Youri Gargarine], le type ordinaire, celui qui se trompe, qui doute, qui balbutie ou qui foire. Je n'ai aucune empathie pour les surhommes, seules leurs faiblesses m'émeuvent.
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Julie parle peu. Très très peu. Et son silence n'est jamais vide.
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[Pour Muette] la vraie vie, ce sont des parents qui se plaignent que la vie coûte trop cher, qu'élever une enfant coûte trop cher,
'misère, misère'
qu'ils travaillent comme des cons pour maintenir la tête hors de l'eau mais qu'ils n'arriveront jamais à relâcher la pression.
La vraie vie, c'est la mère de Muette qui conclut les soirées employées à faire les comptes par la même phrase
'si seulement Muette n'était pas arrivée, j'aurais continué mes études et nous n'en serions pas là',
et dans la vraie vie, on classe soigneusement les papiers, on les range dans le grand tiroir du meuble de la télévision, on maudit la cherté des prix, on va se coucher résigné, de mauvaise humeur, lourd de fatigue. Et on joue au loto parce qu'on ne voit pas comment on pourrait s'en sortir autrement. Il faudrait un miracle et le loto pourrait bien être ce miracle.
(p. 103)
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C'est une chose que je ne peux pas envisager : que l'on puisse prendre place dans un train pour un trajet de deux heures sans prévoir de lecture.
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Quand j'étais enfant, j'adorais le brouillard, je m'étais inventé une petite histoire comme quoi le monde était fatigué de toujours apparaitre, qu'il avait vesoin de se reposer de temps en temps et que, pour cela, il avait inventé le brouillard.


( p.96)
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L'époque moderne voudrait des écrivains libres et guidés par leur seule volonté créative, ils ont toujours été les vassaux, obéissant à mille maîtres : les commanditaires, les rois, les mécènes, l'air du temps, l'époque, la censure, le goût, la faiblesse, l'impératif besoin d'un repas, les subventions, le bon vouloir des metteurs en scène, les bourses des institutions, jamais nulle part l'écrivain n'a été libre, c'est ainsi, et cela ne l’a pas empêché de construire des chefs-d’œuvre.
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Je dois me contrôler, je suis un peu trop vieux pour me mettre à croire aux fables de l'enfance. En passant au travers d'un miroir, on se coupe. On ne change pas d'univers.
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Ce retour adolescent a coïncidé avec ma découverte de la science-fiction. J'ai lu les classiques de l'âge d'or américain. Isaac Asimov, Ray Bradbury ou Arthur C. Clarke, des romans écrits par des auteurs qui étaient souvent des scientifiques de formation, qui inventainet des histoires étranges au très fort principe de réalité.
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Dans le rêve, j'entendais décroître le bruit du moteur de la voiture, et le silence s'installait. Le faux silence de la forêt composé de mille bruits inquiétants ou banals : le vent dans les branches, des craquements, des choses qui tombent et roulent au sol, des bourdonnements, des vrombissements, des mouvements dans les broussailles, des reptations, des affûts, des cris, des feulements. Le silence de la forêt est un vacarme feutré, tendu, qui naît de la joie des aigles autant que de la mastication des chenilles, du balancement des feuilles, comme de la brusque détente d'un prédateur vers la gorge d'une proie.
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Les adultes donnent le change, font ce qu'ils peuvent pour avancer sur le chemin de leur vie, mais certains ont des poids invisibles accrochés aux chevilles.
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Avec lui, je tresse un nous.
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Avec sa délicatesse habituelle, il trouve que j'ai une tête à faire peur. Une mine horrible. Une face de deterrée avec des yeux de zombie.
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J'ai poussé un long cri,
très long,
un cri terrible qui n'en finissait plus de jaillir de ma gorge,
de monter de mon ventre,
de naître de ma peur,
un cri qui charriait la douleur,
la terreur et l'incompréhension,
un cri d'impuissance aussi,
comme un appel au secours,
comme quelque chose qui se casse et qui ne pourra pas se réparer.
Jamais de ma vie je n'ai poussé un tel cri, jamais.
Aucune tristesse, aucune blessure, aucune peine ne m'avait conduite aussi loin dans la souffrance. Je crois bien que si je n'avais pas crié j'aurais explosé.
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Les retraités, ils n'ont rien à faire, alors ils passent leur vie à la fenêtre, à regarder qui entre et qui sort de l'immeuble, à surveiller le parking. De vrais espions, des agents de la Stasi. Le prof d'histoire-géo a fait un cours sur les polices politiques. En Allemagne de l'Est, avant la chute du mur de Berlin, tout le monde surveillaient tout le monde.
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Depuis le temps que l'on écrit des livres, continue-t-il, on se demande bien à quoi cela sert. Si les livres pouvaient empêcher les gens d'être cons, si les livres pouvaient donner l'exemple, ça fait longtemps qu'on le saurait. Soit personne ne lit de livres, soit ceux qui devraient les lire ne les lisent pas, soit personne ne comprend vraiment ce qui est écrit dans les livres. Si on lisait vraiment, vous m'entendez ?, vraiment, il n'y aurait plus de violence, ni d'assassinat, ni de guerre. Cette nuit n'aurait pas eu lieu. La vie n'est pas possible sans littérature, crie-t-il.
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Les véritables raisons de notre course, on ne les a pas comprises sur le moment. Parfois, on fait des choses sans réfléchir et on en voit le sens bien plus tard.
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il a raté l'école,
il le savait, en se réveillant il a su qu'il était déjà tard,
il a été étonné par le silence de l'appartement d'habitude si bruyant. Dans une version sonore du jeu des sept différences, il faudrait noter que la radio est éteinte, que la douche ne coule pas, que la cafetière ne siffle pas, qu'aucune porte ne s'ouvre, qu'aucune chaise ne ripe sur le carrelage de la cuisine, qu'aucune cuillère ne touille aucun liquide et qu'aucune voix ne lui demande de se dépêcher. Les sept différences, le garçon pourrait les décliner sens par sens. Son nez lui raconterait la même évidence que ses yeux ou ses oreilles : pas d'odeur de vapeur chaude en provenance de la salle de bain, pas de mélange entre l'odeur du café et le parfum dont s'inonde sa mère, pas de pain grillé, de laque pour faire durer la mise en plis, d'après-rasage, de chocolat chaud. L'absence de ses parents, ce matin, contamine toutes ses perceptions. L'appartement est silencieux inodore insensible creux, l'appartement est un trou. Le garçon ferme une seconde les yeux de peur de basculer dans le trou,
c'est comme un vertige, l'appel du vide, puis ça passe,
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Il a entendu parler pour la première fois de désobéissance civile: on peut être hors-la- loi et accomplir des actions justes.

( p.57)
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La fatigue des gestes, la fatigue de faire, et celle plus radicale d'être.

( p.107)
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Souvent, quand il rencontre de nouvelles personnes et qu'il leur explique quel métier il exerce, David peut lire dans leur regard un amusement, ou une petite condescendance. Soit qu'ils pensent qu'un comédien dont on ne connait pas le nom et que l'on ne voit pas dans les films ou à la télé est un comédien raté, soit qu'ils se disent que pour être comédien il faut être un peu mégalo.
Peut-être ont-ils raison de se moquer? Peut-être a-t-il échoué là aussi ? il n'est plus comédien de toute façon, trois ans à préparer une création pour finir par voir le projet s'effondrer. Shakespeare est trop élitiste, lui a-t-on répondu. Baisse des budgets. Baisse des subventions. Baisse des ambitions. Baisse des prétentions. Une fermeture des théâtres là-dessus, un embouteillage de production une fois la pandémie jugulée, une guerre au loin, une crise énergétique, une crise financière, et fin du rêve dont l'étoffe est définitivement déchirée.
La rancœur et l'amertume toujours remontent des tréfonds, David doit se protéger de lui-même, se retrancher dans l'instant présent pour éviter d'être assiégé par la monumentale vague de l'échec.
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