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Citations de Éric Pessan (510)


On perd des rêves à mesure que l'on gagne des libertés.
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PERDUE :
Ma confiance en moi.
Forte récompense
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Elle colle son oreille contre la gorge de sa mère pour mieux l'entendre chantonner de l'intérieur. La mélodie est une vibration de basses, Muette se relâche, se détend, jure à sa mère qu'elle l'aimera toujours et sa mère jure en retour qu'elle la protégera toute sa vie, elles sont bien [...]
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23h30, je descends ma visée vers le sud et me noie dans la contemplation de la Voie lactée.
Ça y est,
j'y suis,
chaque millimètre du ciel se déploie,
chaque éclat cache un éclat,
l’œil semble allumer les étoiles,
rien n'arrête mon regard,
je plonge dans l'immensité de l'espace et du temps,
je vois des lumières vieilles de millions d'années,
des rayonnements qui datent d'avant la création du monde,
certaines lumières ont commencé leur voyage lorsque les océans se sont formés,
d'autres le jour de la mort du dernier dinosaure,
d'autres le jour de ma propre naissance,
les lumières racontent l'histoire de l'Univers,
j'oublie tout le reste,
enfin.
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Je rentre après une fuite folle, j'ai voulu disparaitre, j'aimais cette idée : l'absence brusque, la ramification des destins possibles. Seulement, j'ai échoué à m'estomper. Je reviens. Si la fuite est un mystère excitant, le retour est un échec pathétique. Je rentre pour retrouver je ne sais quoi.
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plonge la phrase dans l'eau ; elle ne se délite pas. En empoigne une seconde et se trouve muni de rames. Peut diriger son embarcation.
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La mort, la vie, il ne faut pas croire que c'est si simple. C'est bien le problème avec vous autres, en Europe, vous aimez les choses binaires, oui/non, noir/blanc, mâle femelle, vie/mort.
Déjà, il faut arrêter d'imaginer une route qui irait en ligne droite de la vie à la mort, il faudrait plutôt voir un cercle. La mort et la vie se touchent, ce ne sont pas deux états éloignés.
Et puis, ce ne sont pas les deux seuls états possibles. Entre la mort et la vie, il existe une infinité de conditions intermédiaires.
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Les mots nous font, nous fondent, nous forment.

( p.21)
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Shakespeare a été Shakespeare, un homme qui a fait passer sa carrière et son désir de gloire avant sa famille, qui a jalousement préservé sa vie privée pour mieux exhiber sa vie publique. Il a suivi les modes pour mieux les devancer. Shakespeare est un puzzle vieux de 400 ans dont de nombreuses pièces ont été égarées. Il faut prendre garde à ne pas demander aux auteurs classiques une cohérence que nous sommes incapables d'exiger de nos propres vies.
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On sait.
Il s'en trouve pour nier, pour douter. Il s'en trouve pour dire que le World Trade Center n'a pas été percuté par des avions, que l'on n'est jamais allé sur la lune ou que les extraterrestres ont construit les pyramides d'Égypte. Ceux-là, je ne veux pas y penser. En vérité, on sait. Mais ce que l'on ressent ? La part d'émotion contenue dans le savoir ? C'est où en nous ?
Dans la tête ?
Dans le cœur ?
Dans le ventre ?

Ma grand-mère m'a dit que mon grand-père et deux de ses cousins ont été pris et que c'était injuste parce qu'ils ne pratiquaient pas. Ils n'étaient même pas croyants.

J'ai demandé s'il aurait été juste qu'ils soient pris s'ils avaient été pratiquants. Elle m'a ordonné de me taire et de ne plus jamais parler de ça.

Le passé, disent les vieux, à table, c'est très bien de le laisser où il est.
Je crois qu'on sait trop de choses et que l'on n'en ressent pas assez.
Écoute. Écoutez. Un mort. Dix morts. Cent morts. Mille morts. Dix mille morts. Cent mille morts. Un million de morts. Six millions. Comment on fait pour comprendre ces chiffres? Comment on peut écouter ce qu'ils nous disent?
Si un chiffre reste un chiffre, on est foutu. Il faudrait apprendre un nom, dix noms, mille noms, un million de noms, six millions peut-être. Il faudrait con naitre six millions de visages. Et encore, ça ne dirait rien. (p.36-37)
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L'uniforme quand même.
On a beau dire.
Ça change un homme.
Ils ont beau avoir commis des horreurs, ils savaient s'habiller.
Tu as vu la coupe ?
Tiens-toi droit.
Voilà, tu es splendide.

Ils sont d'époque ?
C'est un costumier qui les a faits d'après les vrais ?
Un tailleur juif ?
T'es con.
Non, ils sont d'époque.
Il en reste tellement.
Ça coûte plus cher d'en refaire que d'acheter des vrais.
Ils ont été ajustés à nos mensurations.

Des vrais ?
Quelle horreur.
Mais ils sont vraiment magnifiques.
Regarde.
Regarde quand je marche.
Rentre le ventre.
Redresse la tête.
Mets la casquette.
Voilà.
On y croit. (p.11)
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Rien dans mon enfance



extrait 3

Rien dans mon enfance ne m’a mis en garde contre l’éventualité de retourner les mots comme des gants, qu’un terme puisse signifier une chose et son inverse, que les mots changent de sens en fonction de qui les prononce, qu’ils ne favorisent plus à penser une réalité, que le politique dise transition pour justifier que rien ne change, qu’il parle d’aménagement là où il faudrait dire destruction, que la croissance soit une arme à réduire les salaires et les avantages sociaux, que l’armée pacifie pour justifier qu’elle massacre ou bien qu’elle neutralise quand elle tue, qu’un plan social signifie des licenciements tout comme une restructuration ou la sauvegarde de l’emploi et que remercier une personne signifie la virer, que le mot sécurité soit brandi dès qu’il s’agit de justifier la répression, qu’encore et toujours les mots soient mâchés et crachés et vomis jusqu’à ne plus être qu’une bouillie dénuée d’intelligence.
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Le ciel, tout là-haut, m'attend, magnifique, scintillant, il lutte à armes inégales contre les lueurs de la ville. Là où je vais, le ciel gagnera le bras de fer, il étincellera pour moi seul.
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Une fille doit être transparente, calme, incolore, silencieuse, les yeux au sol pour éviter que les garçons (certains garçons) ne la prennent pour cible.
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Muette franchit un fossé et chasse les images, chasse tout souvenir, elle aimerait perdre la mémoire, effacer, creuser et enfouir, redevenir le lapin qui sait vivre sous terre. Ou bien elle ouvrirait le contenu de son crâne, saisirait avec une petite flèche les éléments indésirables, les glisserait au dessus de la poubelle et hop, disparus. Videz la corbeille.
- Voulez vous vraiment supprimer ces éléments ?
Oui. Et enfin, la paix, tout simplement la paix.
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Un journaliste un jour m´a demandé si j´écrivais pour changer le monde, et j´ai répondu : oui, bien sûr. Le monde change entre les pages d´un livre, quelque chose qui n´était pas là arrive peu à peu. Je crois en la littérature. J´insiste sur ce verbe : je crois. Elle m´a offert de si beaux moments de lecture, elle m´a offert des pensées, des inquiétudes, des regards obliques sur la société, elle m´a offert de la beauté et de la compréhension, elle m´a offert cette vibration qui partout me saisit (…). Je n´ai aucune autre certitude, je ne sais jamais si le texte que j´écris deviendra un livre.
Il était une fois un vieil homme qui s´est cru chevalier d´avoir lu des livres de chevalerie.
Il était une fois un adolescent qui s´est voulu écrivain d´avoir lu des romans et des poèmes, des pièces de théâtre et des récits.
La preuve est faite que la littérature change le monde. Elle a changé et orienté ma vie. (…)
page 386
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À force de ne pas bouger, on finit écrasé par le poids du peu que l'on possède.
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Hier, pour la première fois, j'ai réussi à faire bouger un crayon sans le toucher. Il m'a suffi de le fixer longuement et il a roulé sur mon bureau. Ce n'était pas spectaculaire, il n'est pas parti se planter dans un mur pas plus qu'il n'a accompli des loopings dans les airs. Il a dû se déplacer de deux centimètres.
Un jour, je comprendrai tout ça.
Pour l'instant, je danse, tourne, vole, virevolte, et la joie est la plus belle des réponses aux questions inquiètes que pose le monde.
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On ne sait certaines choses que si on les expérimente. Avant, on en a juste une représentation.
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Des fois, elle raconte des choses étranges, maman. Je l'ai entendue répéter qu'elle aurait aimé avoir plus d'enfants, mais qu'elle n'a pas pu parce que papa s'était retrouvé au chômage. Je n'aime pas quand elle se laisse aller à ce genre de confidence. Sa voix est triste, lourde. J'ai toujours l'impression que maman ne vit pas la vie qu'elle aimerait vivre.
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