AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

3.2/5 (sur 815 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : Nanterre , le 9/09/1966
Biographie :

Auteure d'ouvrages pour la jeunesse ainsi que de scénarios pour le cinéma, Nathalie Azoulai travaille actuellement dans l'édition. Elle a deux enfants.

En 2002, son roman "Mère agitée" lui vaut une première reconnaissance suivie d'un intérêt grandissant, notamment à l'occasion de la parution des "Manifestations" en 2005, roman politique qui relate la montée de l'antisémitisme en France à la fin du XXème siècle.

Elle est l'auteure de plusieurs romans et a également collaboré à plusieurs scénarios pour le cinéma et la télévision, avec, entre autres, Louis Gardel, Jacques Perrin, Jean-Xavier de L'Estrade et Yves Angelo.

Son roman "Titus n'aimait pas Bérénice" des éditions P.O.L et a été sélectionné pour les Prix Goncourt, Médicis et Femina 2015. Il obtient le prix Médicis 2015.

En 2018, elle publie "Les Spectateurs" aux éditions P.O.L. Suivront deux romans en 2019 : "Clic-clac" et "En découdre".
+ Voir plus
Source : editions.flammarion.com
Ajouter des informations
Bibliographie de Nathalie Azoulai   (29)Voir plus

étiquettes
Videos et interviews (46) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de

Rencontre avec Nathalie Azoulai à l'occasion de la parution de Python aux éditions P.O.L.Nathalie Azoulai est née en région parisienne. École Normale Supérieure et agrégation de lettres. Vit et travaille à Paris. Elle a notamment publié chez P.O.L La fille parfaite (2022), Clic-clac (2019), En découdre (2019), Les spectateurs (2018) et Titus n'aimait pas Bérénice (2015, prix Médicis). -- 05/03/2024 - Réalisation et mise en ondes Radio Radio, RR+, Radio TER Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite (https://ausha.co/politique-de-confidentialite) pour plus d'informations.

+ Lire la suite
Podcasts (7) Voir tous


Citations et extraits (283) Voir plus Ajouter une citation
Mais j’ai lâché Anna Karénine, je l’ai lu avidement jusqu’à la page 350 et je me suis arrêtée tout net. Je n’arrive pas à le reprendre, je ne peux plus lire que la moitié d’un roman épais. J’entends souvent que les gens n’ont plus le temps pour ça mais si on fait le calcul, ils passent des heures devant des séries, à commencer par moi qui cède à ce loisir paresseux. C’est une question de cerveau, pas de temps, et de motivation, comme si l’idée que les romans ne disent plus le monde s’installait dans nos esprits. C’est une malédiction car le désir d’écrire, lui, ne disparaît pas et augmente même avec l’espérance de vie (après la retraite, les gens ont du temps pour ça). Mais la littérature, elle, a peut-être l’avenir d’un artisanat très rare comme la glyptique ou la plumasserie, bonne à ne plus fournir qu’une clientèle triée sur e volet. Si au moins elle avait le savoir-faire des luthiers, indémodable, indispensable et modeste, mais non, même pas.
Commenter  J’apprécie          401
Sur l’un des murs de mon bureau, il y a un grand tableau magnétique. Je l’ai installé après avoir vu la série Homeland, mais jusque-là, je n’y ai accroché que des pense-bêtes, des photos de mes filles, des numéros de téléphone que je n’ai jamais composés. J’enlève tout. Je cherche un portrait de Grace Hopper (avec vernis à ongles), je l’imprime et je l’accroche au centre du tableau. Juste à côté, je mets une photo de Boris, puis des images de jeunes hommes entre eux, dans la guerre, le rock, un vestiaire, une boîte, une chambrée, une salle de garde, un bar, une cité.
Je sais bien que je n’ai ni meurtre ni coupable à trouver mais j’ai un mystère à élucider. Je me prends pour Carrie Mathison (l’héroïne de Homeland), j’espère voir à force de regarder. J’adopte des poses de profileur, jambes légèrement écartées, bras croisés, tantôt concentrée tantôt distraite. Son tableau à elle est en liège et je lui envie le geste de punaiser rageusement de nouveaux éléments ; c’est plus vif que de faire glisser des aimants. Plus silencieux aussi.

Les écrivains ont déjà bien à faire comme ça pour ne pas en plus se mêler de technique et de science. Flaubert n’écrit pas sur la machine à vapeur, Proust ne cherche à comprendre ni l’électricité ni le téléphone. J’aime les métiers, j’aime les expertises (sans doute ai-je le sentiment de n’en avoir aucune). J’imagine ma grand-mère débarquer dans une usine de téléviseurs, exiger qu’on lui explique comment ça marche, et menacer de ne pas bouger tant qu’on ne le lui aura pas expliqué. Mais là, c’est différent. Ni la machine à vapeur ni le téléphone ne produisent de signes, aucune de ces inventions ne vient grossir la flotte graphique sur laquelle les humains transportent leur savoir, leur pensée, leur langage. Le code, ce sont des signes sous les signes, du langage avant, sous le langage, proto, infra, méta, comme on voudra. Une écriture qui précède l’écriture. Sous les claviers qui cliquettent, les doigts virtuoses, jaillissent une algèbre véloce, une grammaire multicolore, de vieilles polices de machine à écrire comme d’avant l’ordinateur, des signes de ponctuation, des caractères spéciaux, une langue vivante qui pourtant ne se parle pas. Une écriture qui succède à toutes les écritures au sens où elle les utilise toutes, les mélange, les combine, lettres, chiffres, tout.
On ne dirait pas comme ça mais le code fait la synthèse, c’est la troisième révolution graphique. Des révolutions, il y en a une tous les deux mille ans à peu près : la première invente l’écriture des langues (en – 3300), la deuxième celle de la monnaie frappée en – 620 (les nombres), et la troisième date de 1936, c’est le code qui traduit les lettres en nombres (même si c’est plus compliqué que ça). Tous les deux mille ans, c’est une scansion anthropologique qui balaie tout sur son passage, accroît la civilisation, la propulse en avant.
Commenter  J’apprécie          00
Primo, dans ma classe, il y avait trop de filles, des filles partout, des filles tout le temps. Avec leurs drames permanents, leurs dialogues maniaques, il m’a dit, je lui ai dit – pourquoi les filles restituent-elles les échanges avec un tel détail quand les garçons les résument ? – leurs allures de grappes sur les marches, les bancs dans la rue, leurs voix aiguës.
Commenter  J’apprécie          140
Les écrivains écrivent, les codeurs écrivent. Selon les jours, je les vois jouer un morceau à quatre mains, harmonieux, paisible, ou disputer un match enragé. Je vois le codeur plus inspiré que l’écrivain ne le sera jamais, obsessionnel, rivé à son ouvrage, promis à une nuit de feu perpétuelle qui produira des actions utiles au reste de l’humanité. Je vois l’écrivain accepter que son texte se fasse encoder (sertir dans des chaînes de caractères puis traduire, diviser, subdiviser), que ce qu’il soigne et compose devienne sous les doigts du codeur une sorte de logorrhée, de coulée numérique sans odeur ni saveur ni beauté particulière.
On me trouve naïve, trop sensible aux images, aux clichés des films américains, ce à quoi je réponds, mais c’est vous qui ne les voyez pas ces jeunes hommes qui communiquent avec un puits sans fond, outre-monde, au-delà, dark web, outre-tombe, ou avec Dieu, comme les membres fanatiques d’une yeshiva sans fenêtres (où on ne lirait pas mais où on écrirait) qui chercheraient à refonder les écritures pour verrouiller leur dialogue muet, inverser l’ordre des choses, qui sait, que Dieu fasse enfin ce qu’on lui demande. Deus in machina.
(…)
Les gens du pont ne savent pas ce qui se passe dans la soute quand les soutiers, eux, savent bien ce qui se passe sur le pont, mais les soutiers préfèrent rester dans le noir, faire avancer le bateau et laisser les autres deviser sur le paysage. Mais alors si tout le monde est content, quel est le problème ?
Je suis une femme, j’ai plus de cinquante ans, je suis écrivain et je veux apprendre à coder. Mes proches se moquent de moi, me rappellent que je panique au moindre bug. C’est vrai. j’ai toujours peur que la machine chauffe, implose, s’éteigne, et que dans cette extinction, elle emporte ma mémoire, mes textes, qu’elle me laisse en carafe avec des souvenirs foudroyés. C’est un syndrome récent chez moi, je m’attends toujours à ce que quelque chose explose et, quand je suis en voiture, qu’un choc terrible me percute, même sur une route tranquille. Soudain, l’air, le temps se compressent, avec toute mon existence dedans. En quelques secondes, je visualise mon corps qui s’écrase, s’enroule jusqu’à s’étrangler. Par où commencer ?
Commenter  J’apprécie          00
Nous nous apprêtons à déjeuner sur la terrasse de notre ami Pierre, nous sommes une dizaine de convives. C’est un beau jour de juin, ensoleillé, pas trop chaud, un jour qui donne envie de vivre longtemps. Un jour qui ressemble à celui vers lequel s’élance Clarissa, l’héroïne de Virginia Woolf, au début de Mrs Dalloway, avec juste ce qu’il faut de fraîcheur à des enfants sur une plage, comme elle dit.
Dans un coin de la terrasse, j’aperçois le fils de Pierre, Boris. Il est attablé devant un ordinateur, casque sur les oreilles. C’est un garçon vif et affable d’habitude, mais là, il nous sourit à peine, ne nous rejoint pas, ne fait même pas mine de vouloir se lever. Je me demande pourquoi il reste sur la terrasse et ne va pas s’enfermer dans une pièce de la maison s’il a tant à faire, mais peut-être qu’il reste là pour avoir juste ce qu’il lui faut de fraîcheur, comme des des enfants sur une plage.
Son père le dédouane. Il nous explique que Boris vient de se réveiller car il a passé la nuit à coder, il ne déjeunera pas avec nous. D’ailleurs, il ne déjeune jamais ces temps-ci. Il avale des barres de céréales et des pommes toute la journée devant son écran. Son clavier doit être tout collant, s’esclaffe Pierre, je n’arrête pas de lui dire d’aller courir, de bouger, mais que voulez-vous ? Il code il code il code. Pierre dit ça sans ponctuation, avec une pointe de fierté.
Commenter  J’apprécie          00
Sa mort a déclenché en moi un vrai siège à l’intérieur duquel le chagrin sinuait à peine. J’ai pensé que c’était l’affairement, toutes ces choses à organiser sous le choc, les membres gourds, l’œil perpétuellement rivé sur tout ce qui avait pu m’échapper : je bougeais, je parlais, mais tout était ralenti, mes pieds étaient pris dans la glace, ça ramait, ça n’avançait pas.
Commenter  J’apprécie          180
Mais au-delà de ces tautologies de salon, Jean éprouve d'autres sensations lorsqu'il compose; parfois entre les paquets de vers galants qui lui viennent ensemble, la mécanique ralentit et laisse arriver un alexandrin plus singulier, plus libre, tête nue dans le vent.

Mon âme loin de vous languira solitaire.
Commenter  J’apprécie          182
"Des petits sons, des mots, des gestes agacés, des mouvements de tête erratiques puis soudain, une impulsion plus longue, ample, balancée, qui déroule la question: De quelle patrie sont- ils vraiment les patriotes ?"
Commenter  J’apprécie          180
Titus mange goulûment. Il a une faim proportionnelle à l'énergie que lui demande ce moment. Bérénice ne touche pas à son plat. Elle reste immobile, le regard fixé sur son assiette. Puis elle pleure.
Commenter  J’apprécie          180
Les plus belles femmes le pressent (Jean Racine) de confidences. Parfois crues, comme celle qui lui dit que les séparations sont bien moins majestueuses dans la vie que dans sa pièce, qu'elles n'ont pas cette harmonie grave, qu'elles sont stridentes, crèvent les tympans, une personne qu'on quitte est une personne qu'on désosse et qui couine de toutes parts, dont on déchire les plus tendres cartilages, sans ordre ni méthode.
N'est-ce pas plutôt le cœur qu'on nous arrache suggère-t-il
Non...non... ce sont les os répond-elle.
Commenter  J’apprécie          160

Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Nathalie Azoulai (1198)Voir plus

Quiz Voir plus

QUIZZ SUR NO ET MOI

Qui est le personnage principal?

No
Lucas
Lou
Loïc

21 questions
2484 lecteurs ont répondu
Thème : No et moi de Delphine de ViganCréer un quiz sur cet auteur
¤¤

{* *} .._..