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Critiques les plus appréciées

Un long, si long après-midi

« Un long, si long après-midi » d’Inga Vesper m’avait fait de l’œil dès sa parution en 2022 en broché. Quelle joie donc quand il s’est avéré qu’il faisait partie de la sélection en lice pour le Prix du Meilleur Roman des Editions Points ! Et bien, j’ai vraiment bien fait d’attendre car je n’ai pas du tout été déçue. Il est un de mes coups de cœur de l’année 2024 !

Pour les nostalgiques de Desperates Housewives mais avec en prime une disparition mystérieuse et l’enquête en découlant, ce livre est parfait pour vous ! Décollage pour les Etats-Unis…

Bienvenue à Sunnylakes, une banlieue de Santa Monica, au cœur de la Californie. Des maisons chics, des gazons parfaitement entretenus, des habitants riches, bref, un petit paradis à première vue. C’est là que vit Joyce, une trentenaire, femme au foyer et mère de deux adorables petites filles. Un après-midi ensoleillé, Joyce disparait et des traces de sang sont retrouvées dans la cuisine par la femme de ménage, une noire-américaine, en charge de plusieurs maisons dans le quartier. Mais où est donc passée Joyce ? L’enquête démarre alors.

Le décor vous fera directement penser à plusieurs séries ou films américains, où tout semble être parfait. Pourtant, si on gratte un peu le vernis, on se rend compte que la vie n’y est pas forcément toute rose…. Les apparences sont souvent trompeuses et les coups bas ne sont pas en reste…

Inga Vesper signe ici un premier roman extrêmement riche en qualités. Son écriture est très fluide et agréable à lire. Le décor de son récit placé en 1959, c’est un bond dans le passé que le lecteur fait où aucun élément n’est oublié. J’ai vraiment eu l’impression de me retrouver tant dans les lieux que dans le temps. La minutie des descriptions va jusque dans les détails et c’est comme si l’autrice y avait elle-même vécu alors qu’elle est allemande, vit en Ecosse et surtout bien trop jeune pour avoir connu les années 50 !

C’était le temps où les noirs-américains étaient traités comme des gens inférieurs, où les ghettos selon les origines étaient encore plus marqués, où la police avait encore plus la gâchette et les coups faciles, où la femme était d’office un être inférieur par rapport à l’homme, … Bref, toute l’histoire a été parfaitement recherchée et travaillée.

Ce livre se dévore en peu de temps, tellement il tient son lecteur en haleine. Les pistes sont nombreuses quant à la disparition de Joyce et pourtant, on peut se tromper à chaque fois qu’une porte se ferme pour en ouvrir une autre.

Comme vous l’aurez compris, j’ai littéralement adoré ce livre et il me tarde de découvrir le second roman de cette autrice : « Un destin sauvage, si sauvage » paru également aux Editions de La Martinière.

Lien : https://www.musemaniasbooks...
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Mont-Oriol

Cela vous dirait, une petite cure thermale ? Un petit verre quotidien d'eau minérale pour soulager cette rate qui se dilate ?
Mont-Oriol, troisième roman de Guy de Maupassant, démarre avec ce charme désuet des stations thermales du XIXème siècle.
La légende dit que ce serait lors d'une cure thermale à Château-Guyon où il était venu soigner une syphilis, - rien que ça, que l'auteur aurait imaginé la trame de ce roman.
Il est vrai que ces villes d'eaux sont des pays de féerie propices à l'univers romanesque, aux rencontres inouïes et aux histoires d'amour improbables, mais aussi à la cupidité de financiers et de médecins peu scrupuleux. Pour peu que l'imaginaire diabolique s'en mêle, alors ces sources ne sont plus seulement minéralisées, mais deviennent brusquement ensorcelées.
Ne cherchez pas plus longtemps sur une quelconque carte de la région D Auvergne, Mont-Oriol est un lieu fictif, tout comme la station thermale d'Enval où nous faisons la connaissance de quelques curistes venus ici prendre les eaux : le marquis de Ravenel accompagné de sa fille Christiane jeune épouse de William Andermatt, banquier prospère, de son fils le comte Gontran couvert de dettes.
Le couple désespère d'avoir un enfant, aussi tout ce beau petit monde compte sur la vertu de ces eaux thermales pour résoudre le problème de stérilité de la jeune femme, car cela tombe sous le coup du bon sens : c'est forcément Christiane qui ne peut avoir d'enfant, que diable ! Un ami de la famille les accompagne dans cette cure, Paul Brétigny, jeune homme au coeur ardent, au tempérament enflammé, passionné de poésie... Dans la campagne environnante où les promenades égayent l'ennui lié au rythme quotidien propre à une cure, Paul Brétigny et Christiane Andermatt découvrent dans ces instants bucoliques que leurs solitudes ont quelque chose à se dire...
Tout ceci est bien gentil, de magnifiques descriptions de la nature viennent enchanter la rencontre de deux coeurs qui s'éprennent l'un pour l'autre, ces pages parfois d'une grande sensualité sont l'occasion pour Maupassant d'exprimer un esthétique que j'aime chez cet auteur et qui n'a pas pris une ride.
L'intrigue va toutefois rebondir à la faveur de la découverte d'une nouvelle source qui va susciter toutes les convoitises et en particulier celle du peu scrupuleux William Andermatt qui se saisit de l'événement pour lancer un grand projet de construction d'une nouvelle station thermale. Mont-Oriol est ainsi créé !
Le décor est en place, il suffit dès lors de convoquer de nouveaux personnages, des paysans roublards aux filles à marier, des banquiers spéculateurs, des médecins charlatans, des curistes naïfs... Tout le monde entre dans une danse joyeuse et frénétique où les préoccupations tournent vite à l'affrontement autour de la spéculation foncière, des dots des jeunes filles qui vont servir de monnaie d'échange, - je vous assure qu'on parle peu des vertus de l'eau minérale dans ces cas-là, tandis que Paul Brétigny et Christiane Andermatt continuent de se promener au gré des chemins jalonnés de fleurs et de papillons grisés par la sève du printemps...
J'ai aimé me glisser dans ces pages savoureuses, observer comment peu à peu cette station thermale presque ordinaire n'est plus un simple décor, mais devient la scène de théâtre d'une véritable comédie humaine où Maupassant s'en donne à coeur joie pour nous peindre avec ironie et jubilation une satire cruelle de ce petit microcosme d'une vie mondaine sans foi ni loi.
Je me suis laissé griser peu à peu par cette puissance d'évocation que possède l'écrivain pour évoquer les passions de l'âme humaine, ses désirs, ses envies, ses convoitises, ses illusions, ses tourments,... En ce sens, Mont-Oriol est une grande histoire d'amour.
Du grand Maupassant !
Vous reprendrez bien encore un petit verre d'eau minérale ?
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La bombe (BD)

La folie humaine dans toute sa splendeur ! ...

C'est le cœur retourné et complètement dégoûtée que j'ai refermé ce très épais roman graphique, se consacrant à l'histoire de la bombe atomique, de sa création jusqu'à l'éradication des villes d'Hiroshima et de Nagasaki les 6 et 8 août 1945.

Tout commence par deux scientifiques : l'un juif hongrois, Leo Szilard, et l'autre italien, Enrico Fermi, s'exilant tous deux aux États-Unis à la fin des années 1930, fuyant l'un l'Allemagne nazie et l'autre l'Italie fasciste. C'est avec eux, et bon nombre d'autres scientifiques physiciens (de grande renommée, et prix Nobel pour certains), que commencera ce qu'on appelle aujourd'hui la course à la bombe. À savoir qui des États-Unis ou de l'Allemagne réussira à fabriquer la première bombe atomique ? Il est clair que pour les États-Unis et l'Angleterre, il faut impérativement y arriver avant l'Allemagne, Hitler étant déjà suffisamment incontrôlable.

Ce qui s'en suit après, je vous laisse le découvrir par vous-mêmes, tellement je ne trouve pas les mots pour en parler. Les injections de plutonium faits sur des êtres humains à leur insu, les milliers et milliers de morts et blessés suite au largage des bombes, le "patriotisme" de certains qui prend des dimensions très excessives, et encore plein d'autres horreurs... Comment y mettre des mots là-dessus, sans avoir la nausée ?

Inhumain. Innommable. Tels sont les seuls mots qui tournent en boucle dans ma tête...

Il y aurait pourtant de quoi dire, "La bombe" m'ayant tenu éveillée plusieurs heures. C'est bien la première fois que je passe autant de temps à venir à bout d'un livre graphique, autant qu'un roman en fait. Et non pas parce qu'il m'ennuyait, non juste parce qu'il est très complet et qu'il ne se lit pas comme une BD lambda. Les auteurs ont mis cinq ans pour mener à bien leur projet : complet et sacrément bien documenté, on ne peut que les féliciter pour leur travail, qu'ils ont tenté de rendre le plus réaliste et le plus véridique possible.

Et c'est très réussi. Les "acteurs" sont nombreux, les événements également, et j'imagine bien toute la difficulté à les encastrer les uns aux autres, tout en faisant en sorte de ne pas perdre le lecteur. Et ils y parviennent : le côté scientifique n'est pas rébarbatif, grâce aux explications simples ; on finit par s'habituer aux nombreux protagonistes ; les dessins en noir et blanc vont à l'essentiel pour n'en être que plus percutants ; et le texte, sous forme de dialogues principalement, rend la lecture très fluide. On y reste longtemps, mais le temps passe vite.

Il est fait un parallèle à la fin, que j'ai trouvé horrible et poignant en même temps. Américains ravis d'un côté. Ruines et "fantômes" d'Hiroshima de l'autre. Dialogues de félicitations chez les premiers pendant que les seconds se passent de tout texte. J'en avais des sueurs froides...

C'est une lecture à la fois enrichissante, dans laquelle j'ai beaucoup appris, et exceptionnelle quant au travail des auteurs, aussi percutante que monstrueuse et glaçante. Une lecture qui ne laisse pas indifférent et qui me marquera à jamais. Une lecture qui fait froid dans le dos, encore plus quand on sait qu'actuellement neuf pays possèdent l'arme nucléaire et que, maintenant perfectionnée (on n'arrête pas le progrès !), elle ferait beaucoup plus de dégâts...
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Hurlements

Mon choix s'est porté sur la lecture de ce roman lorsque j'ai appris qu'Alexis Laipsker serait le prochain invité d'honneur du troisième épisode du salon lecture de la Ferté Saint Aubin en septembre .Entre nous , suivez bien l'actualité concernant ce salon , il est génial et n'a pas fini de nous surprendre !!! Bon , ceci étant , notre invité d'honneur ? Et bien je crois qu'il prend de plus en plus place dans la longue liste des brillants auteurs de romans noirs et polars qui " égaient " nos soirées ou ...longues journées pluvieuses , particulièrement en verve en ce moment ..."En Mai , fais ce qu'il te plait " qu'il disait l'autre . Vas-y , toi, sur le transat , sur la pelouse ou la terrasse .
Moi , scotché au chaud sur mon fauteuil , j'ai passé un trés bon moment avec les deux héros récurrents , le Cow-Boy et Menthe à l'eau .Sans trop en dire , on remarquera avec amusement l'association de l'eau et du feu. Bons à marier , quoi .. Lui , c'est bon gros bourru mal léché et redouté de tous ...sauf de la dite menthe à l'eau , quelque peu insolente ...C'est drôle , souvent cocasse et , comme trés souvent , trés efficace .Et puis , dans cette aventure , ça swinge , ça virevolte , ça court , ça roule vite .Le rhytme est endiablé et nous sommes maintenus en haleine par des chapitres courts , des dialogues à la hauteur , des fausses pistes crédibles ...Bref , Alexis Laipsker passe , à mon avis , avec brio l'examen probatoire .Bon , ce n'est que mon avis , comme d'hab itude ." Hurlements " est un roman qui laisse sans voix !!! Un sacré challenge , non ?
Attention , c'est du lourd .L'auteur a le don de passer du tragique , presque indicible , au plus léger , voire trés drôle ...Bon , pas drôle pour tout le monde , je vous l'accorde, mais mon statut de lecteur ayant des limites , je m'en tiendrai à ce qui m'arrange .Les victimes ( oui , oui , il y en a ) ont, sans doute, un regard différent sur la situation , enfin regard ...Mortes ? J'en sais rien , moi , vous n'avez qu'à lire . Bon , je veux bien vous accorder qu'elles ne sont pas mortes de rire , mais ce sera tout .
Au fait , auriez - vous une voix grave , par hasard ? Oui ? Bon , ben , je vous conseille de prendre une autre voie , cette caractéristique pourrait " gravement nuire à votre santé " et vous porter grand tort . Oui , je sais , le Cow-Boy et Menthe à l'eau ...Mais quand même .
A bientôt , chers amis et amies prenez soin de vous .
Amitiés . JFL;
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Les thés meurtriers d'Oxford, tome 10 : Bûche..

Dixième tome des aventures de Gemma Rose, détective amateur, tenant un salon de thé dans la ville universitaire d'Oxford et ... j'ai l'impression d'enfiler un bon vieux pull confortable ! Je connais les lieux, les personnages, le ton , je n'ai plus qu'à me laisser porter.

Et mes pas vont me porter vers un manoir où Gemma s'est laissée persuader d'apporter quelques douceurs pour un goûter de Noël offert aux familles nécessiteuses. Hélas, le temps de tout ranger, elle et les vieilles chouettes ne pourront pas repartir après la fête, la neige a bloqué les routes. Qu'importe ! elle dormiront sur place, le manoir est grand et l'hôtesse aux petits soins... Mais dans la nuit, Gemma cherchant son chat, tombera sur un cadavre ...

Elle résoudra l'affaire toute seule comme une grande, un peu aidée par les vieilles chouettes, mais aussi par un huis-clos, empêchant toute mauvaise intention venue de l'extérieur.Forcément , ça llimite le nombre des coupables... On aura droit à la fin à une démonstration digne de Miss Marple, ou Poirot, dans la bibliothéque avec le ...
Bref, un bel hommage à la reine du crime (enfin, c'est ce que j'y ai vu !). Un bel hommage aussi à nos papilles gustatives. Quelques sourires , et un fou-rire plus tard, je referme ce tome, en me disant : Vivement le tome 11 !
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La Peur des barbares

C’est un texte terrible, une longue nouvelle plutôt qu’un véritable roman.
Il a obtenu le Prix Européens de la Littérature et son auteur est macédonien.
Retenez bien son nom (le prénom est rigolo) : Petar Andonovski

Il faut tout d’abord imaginer Gavdos, petite île au sud de la Crête. Pas la vraie Gavdos qui parait plutôt charmante, mais une île-prison impitoyable dont on s’échappe rarement et où on meurt beaucoup. Une île où les gens vivent oubliés.
Il y fait froid, c’est extrêmement venteux et tout concourt à l’étrangeté et parfois même à l’oppression.
Mais attention, attention : ce texte est très beau !
Nous allons nous intéresser au destin de deux femmes.
Oxana est une réfugiée ukrainienne. Réfugiée car ingénieure à Tchernobyl et donc contaminée. L’action se déroule quelques années après la catastrophe. Elle est venue avec Evguéni, qui est très malade, et avec Igor, le plus impétueux de ce trio maudit. Évidemment, personne ne leur parle.
Pinelopi est crétoise. C’est une orpheline qui a été recueillie dans un monastère de l’île. L’avenir est tracée : on devient religieuse ou bien on est promenée comme une bête de foire pour être vendue à un futur mari. Le sien est une brute épaisse et alcoolique.
L’originalité du récit tient surtout aux rêveries que chacune distille à une amie disparue. Et cette singularité onirique va rapprocher les deux femmes et les sauver du désespoir.
Les autochtones sont franchement hostiles comme le pope ou le médecin qui fait de petits aller-retour depuis la Crête.
Et puis il y a Stella, la femme du gardien du phare, folle à hurler au bord des falaises.

Les barbares donc…On pense évidemment au chef d’oeuvre de Coetzee, En attendant les barbares. On pense à Sophocle bien sur. Et moi je pense beaucoup à Camus car la révolte semble imminente dans cette situation aussi absurde que consentie. C’est là où surgit l’étrange beauté de ce texte stylé et évanescent.
C’est là où surgit enfin la vie grâce à…mais on ne va pas spoiler !

Mais personne ne m’a répondu : qui sont ces barbares ? Vous, moi, eux, les hommes (les mâles) ?
Et si on décidait que le barbare c’est le lecteur lui-même !
Vous me direz, l’affaire est en cours.

Le texte est formidablement bien traduit.

Je dois cette expérience littéraire à @isacom. Qu’elle en soit vivement remerciée.

Gageons qu’on reparlera très vite de ce Petar dont c’est le premier roman. Ce sera (je sais, c’est facile mais trop tentant) alors un véritable feux d’artifice !!!
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Les Sept Soeurs, tome 8 : Atlas, l'histoire..

Un tome écrit à 4 mains. Lucinda Riley est décédée avant de finir la série des 7 soeurs. Son fils, Harry Whittaker a pris la suite pour clore cette série et révéler le passé de Pa Salt, le pourquoi, le comment, et nous révéler les derniers rebondissements.
A 4 mains car Lucinda Riley avait laissé des "consignes", une trame pour la suite, des explications. Son fils s'en est bien évidemment servi pour nous offrir cette fin.
Comme dans les tomes précédents, j'ai trouvé que certains évènements se déroulaient de façon trop faciles, que c'était parfois un peu "too much". J'avoue aussi m'être un peu emmêlé les pinceaux entre tous les personnages et les évènements.
Cela reste cependant une lecture agréable et prenante. On se laisse prendre au jeu et, au final, on a presque envie de faire partie de la famille d'Apliese.
Bref, pour conclure, 8 tomes qui forment un bel ensemble.
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La maison de jeu

Cette fiction aux allures d'allégorie fait immédiatement penser à L'homme-dé de Luke Rhinehardt, roman auquel il est fait allusion au cours du récit.

Charles Roux charge son personnage d'un bât d'addictions et l'homme, emprisonné par les mécanismes de son fonctionnement neurologique tente d'assouvir ses désirs en alimentant son circuit de la récompense. Malheureusement, l'addiction satisfaite s'auto-alimente dans un cercle infernal incontrôlable. du jeu à l'alcool, en passant par le sexe, l'homme tente de s'échapper pour mieux retomber.

Le jardin des délices côtoie l'enfer, sans issue possible.

Avec une écriture flamboyante, Charles Roux confirme son talent d'écrivain, dans un univers très personnel qu'il avait déjà bien campé dans Les monstres. le flux des mots construit un monde unique, très original, où transparait la nature humaine dans ce qu'elle a de plus complexe.

Beaucoup plus court, mais aussi plus concentré que le roman précédent, La maison de jeu se dévore avec une réelle addiction !

A suivre …sans modération !

176 pages Payot et rivages 3 avril 2024
Lien : https://kittylamouette.blogs..
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Jean Jacob, l'homme de 120 ans

Ce livre s'est lancé à la rencontre d'un vieil homme, un inconnu au destin pourtant exceptionnel.
Jean Jacob est venu à Paris.
Il a été présenté en octobre 1789 au roi, aux députés et montré aux parisiens comme une bête curieuse du fait de son grand âge.
Qui était Jean Jacob ?
Était-il le dernier serf opprimé par la barbarie féodale, un symbole politique judicieusement exhibé par la révolution française naissante ou tout bonnement un imposteur fabriqué par l'appât du gain de sa famille ?
"Jean Jacob, l'homme de 120 ans" est un essai historique d'Antoine de Baecque et de Jacques Berlioz.
Il a été publié en décembre 2019 aux éditions "Tallandier".
Mais le "Le centenaire du Mont Jura" n'est pas tout à fait un inconnu puisque déjà G. Lenotre avait raconté son histoire le 28 décembre 1927 dans le journal "Le Temps".
Cette chronique du grand historien de la "Petite Histoire" a d'ailleurs été ultérieurement reprise dans le sixième volume de la série "Vieilles maisons, vieux papiers" parue également autrefois aux éditions"Tallandier".
Né dans le bourg de la Charne, près de Clairvaux-les-Lacs, Jean Jacob aurait donc atteint l'âge canonique de 120 ans ...
C'est un journaliste qui, le premier, lui consacra un long article dans "Le journal de Paris".
Joseph-Antoine Cerutti, un homme de lettres de son temps, journaliste et écrivain aujourd'hui bien oublié, avait publié sur trois pages une "Lettre sur un vieillard âgé de 118 ans" dans le seul quotidien de l'Ancien Régime.
La gloire vint au veil homme, ainsi que la richesse et la renommée.
Il fût bringuebalé par sa famille jusqu'à Paris où fatalement il mourut ...
Cette enquête est menée de manière très rigoureuse.
Elle est est exposée de manière un peu austère mais sans toutefois être ennuyeuse.
Et finalement après tiré sur tous les fils de cette pelote de mystère, les deux auteurs se sont fait une opinion.
L'Histoire aura tranché ...
Mais ne comptez pas sur moi pour en dévoiler plus que ce qui l'a déjà été !
Que Dieu me savonne et que Mathusalem me pardonne, il aura vécu plus que centenaire celui qui me prendra en flagrant délit de divulgachage !
En postface, l'ouvrage est agréablement illustré et farci de notes, d'index de personnes et de lieux, d'une légende d'iconographie, d'une table des crédit, et même de quelques branches d'arbre généalogique.
On serait un solide et sérieux livre d'Histoire à bien moins que ça !
Y a peut-être manqué un peu de souffle de conteur pour que le compte y soit vraiment.
Pourtant la lecture est agréable et vivante, mais les deux plumes et les quatre mains ont un tantinet megotté sur l'ardeur et le bouillonnement.
Et peut-on vivre aussi longtemps sans ardeur, ni bouillonnement ? ...



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Mauvais genre

Cette BD raconte l'histoire vraie de Paul, déserteur de la Grande Guerre, devenu Suzanne pour échapper à la "justice". Paul/Suzanne peine à passer par dessus ses syndromes post-traumatique.

C'est aussi un connard de première.

Paul s'est marié à Louise juste avant la guerre et une grande partie de la BD explore la relation toxique du couple dans leurs défis qu'ils ne surmontent finalement pas.

Louise est réellement présentée comme la victime dans cette relation. Cela s'explique par le fait que c'est en quelque sorte elle la narratrice du livre.

C'est une histoire complexe, aux personnages peu attachants, avec un certain intérêt historique.
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Amy Whinehouse en BD

Cet album raconte la vie d’Amy Winehouse, en s’arrêtant plus particulièrement sur certains épisodes essentiels. Il alterne bandes dessinées (de dessinateurs différents) et textes documentaires illustrés de photos, au format double page. ● On lit avec un certain effroi l’histoire de la chanteuse qui, après sa rencontre avec Blake, n’aura de cesse de s’autodétruire, après une enfance et une adolescence anticonformistes en quête de reconnaissance et même de célébrité. ● En lisant ces pages, on se remémore sa voix extraordinaire et ses chansons les plus connues. ● Malheureusement, le montage entre les bandes dessinées et les textes est très maladroit ; il y a de nombreuses répétitions malvenues ou encore des anticipations malhabiles. A mon avis, il fallait faire un choix : soit l’un, soit l’autre, mais pas les deux. ● D’autre part, les dessins émanant de quatorze auteurs différents (sans compter celui de la superbe couverture), ils sont inégaux et manquent d’homogénéité. ● Quoi qu’il en soit, c’est un album que liront avec plaisir les fans de la chanteuse disparue en 2011. ● Je remercie Babelio et les éditions Petit à petit de m’avoir permis de le lire dans le cadre d’une opération Masse Critique.
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La Meute

Bonjour,
Voici « La meute » de Olivier Bal. Un thriller psychologique machiavélique, anxiogène et addictif. Nous suivons deux enquêtes distinctes, aussi complexes l’une que l’autre. D’un côté des notables sont assassinés de façon monstrueuse, de l’autre des migrants sont kidnappés et tués violemment. Les personnes principaux sont très attachants et leur psychologie parfaitement disséquée. Attendez-vous à plonger dans une atmosphère sombre, pesante, angoissante, glaçante et d’un réalisme profond. L’auteur nous manipule avec brio grâce à un récit maîtrisé et très documenté où des thèmes d’actualité sont abordés avec justesse (Manipulation des masses, extrémisme , fanatisme, racisme, intolérance, folie humaine…).Le récit se révèle oppressant et se nourrit de rebondissements multiples. Le rythme est trépidant et le final est explosif. L’auteur m’a à nouveau séduite, voici un thriller coup de poing et coup de coeur !
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Ilona vient avec la pluie

Le beau titre en espagnol « Ilona llega con la lluvia » rappelle qu'Alvaro Mutis est un poète tout autant qu'un conteur.
C'est le second tome des tribulations de Maqroll le Gabier (1988) mais il n'est pas nécessaire d'avoir lu la Neige de l'Amiral pour le comprendre. le Gabier est la représentation du poète, l'homme qui, solitaire tout en haut de son mât, voit et annonce tout au navire, le bon et le funeste.

Lorsqu'il a vu s'approcher l'embarcation grise des douaniers avec le pavillon du Panama flottant fièrement à sa poupe, Maqroll a su qu'ils étaient arrivés au bout d'une "tumultueuse traversée dans ce marécage gris plein d'ordures et d'oiseaux morts" qu'est la mer des Caraïbes. Et il nous raconte la destinée funeste de son ami Wito, le capitaine endetté du Hansa Stern. Fuyant Cristobal, Maqroll échoue ensuite à Panama city. Une ville de passage, de transit, « un couloir perpétuel où nul ne fait attention à personne ». Panama est pleine d'hôtels en tout genre, de boutiques à touristes, de casinos illusoires. Maqroll est bloqué là, il s'efforce d'y survivre et de tromper son ennui dans l'alcool et les femmes. Et puis soudain une après-midi, une averse s'abat sur la ville menaçant de tout emporter. Il s'abrite sous le porche d'un petit hôtel sans prétention. Il la voit de dos. Elle joue avec une machine à sous. Ilona c'est la joie, l'optimisme, la vie croquée à belles dents. Elle vient toujours avec la pluie.

Le roman est beau, riche, métaphorique. A mesure qu'il avance il est de moins en moins réaliste. Il oscillera entre réel et fantasme, entre deux univers parallèles. Il fera apparaître une autre femme, un autre bateau, une autre histoire. A Panama s'est échoué l'ancien monde, le monde de la vieille marine marchande, des solides amitiés au long cours. Et le monde nouveau, rapide, anonyme, celui du transport aérien et des hôtesses de l'air interchangeables, semble bien triste et bien illusoire.

Alvaro Mutis était un visionnaire.
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Taxi-Girl

"Cherchez le garçon" ; mais lequel ?
"Nous avons brisé le rêve hippie des années soixante-dix sans réaliser que c'était nous-mêmes que nous brisions." annonce Mirwais en préambule de ce récit qui retrace l'histoire de Taxi-Girl de 1978 à 1981.
Autant dire de l'or pur pour les fans de ce groupe de petites frappes provocatrices, de sales types faussement romantiques, mais porteurs de rythmes hypnotiques et mélancoliques aux paroles envoûtantes.

Mirwais Ahmadzaï, donc, fut d'abord un jeune Afghan réfugié en France, puis le guitariste de Taxi-Girl, et enfin la star de l'électro qui composa et produisit des albums pour Madonna, rien que ça.
Sans nostalgie, il raconte les années 70/80, la variété à la télévision française, l'invasion de l'Afghanistan par les chars soviétiques, et puis la vie à Paris, quand a 20 ans, une gueule de "bougnoule aryen", pas d'argent, peu de famille, peu d'amis, et une envie dévorante d'appartenir à un groupe et de jouer des solos de guitare parfaits. Car Mirwais est un obsédé de la musique, un bosseur en quête d'excellence -pas pour la gloire, mais pour la beauté. Sauf que la période est au punk, et au No Future que les autres membres du groupe s'injectent dans les veines. Ces gars-là se haïssent, se bastonnent, se truandent, et pourtant ils rencontrent le succès et la reconnaissance. Forcément, ça ne dure pas.
Mirwais raconte cette épopée avec une compassion amère de sexagénaire. Seul survivant du groupe, il ne s'abaisse pas à régler ses comptes avec les autres membres, mais il les raconte tels qu'ils étaient, avec la distance qu'ils ont toujours maintenue entre eux et lui. Et feu Daniel Darc est rhabillé pour l'éternité (et ma déception est immense, tant je l'admirais. Mais je crois en l'intégrité de l'auteur). Surtout, Mirwais apparaît comme le personnage le plus intéressant du groupe, animé par une grande force de caractère et un réel amour de la musique, et doté d'une grande lucidité.
Esthète, il l'est également dans son écriture syncopée, ponctuée de mots inventés et agencés en un rythme dyspnéique, mélange de furie punk et de froideur new wave. C'est très bizarre, mais j'ai adoré. Une fois ma lecture commencée, je n'ai pas pu refermer ce livre.

C'est donc un témoignage passionnant et intelligent sur Taxi-Girl, qui ravira et/ou décevra les fans, mais qui apporte un éclairage impitoyable et sincère sur ce groupe, et permet de découvrir une belle personnalité qui n'en demande pas tant (il s'en fout).
Deux autres volumes sont prévus, et j'ai déjà hâte de les lire.
"Trouvez son nom" : Ahmadzaï.
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Le Pays de Cocagne

Voici un space opera anglais coincé entre la limite du Pulp space opéra et celle de l'âge d'or,avec celle située juste au début du New space opera.
Le côté âge d'or transparait dans un agencement de rebondissements cumulatifs effrénés et dans la mobilisation d'aliens de derrière les fagots le tout dans un système solaire à l'aise dans la toile du merveilleux scientifique du début des années soixante,Venus et Mars sont ainsi rendues aussi habitables que fantasques au passage mais le roman va beaucoup plus loin dans l'espace proffond.
C'est un texte très contemporain en même temps, avec un univers de SF Old school (années 90) qui est infiniment crédible et parlant.
Le personnage principal concerne le lecteur par le drame qui le menace, autour d'une misère potentielle qui planne et qui génère de belles aventures pour y échapper. Des virées posées dans un environnement fonctionnel et crédible pour le lecteur.
C'est du bon space op des années 80 -90 où le lecteur à les mains dans le cambouis de la machinerie ,ou l'espace glacé et noir est juste là-dehors ,tout près et où les aliens sont biens embêtants parceque les différences c'est compliqué ,surtout quand le Haut du pavé technologique c'est eux ,les autres et pas vous.
La fin est surprenante et de grande amplitude.
C'est un long texte de 500 pages à l'intrigue assez sur-lignée mais pas plus que chez Vance par exemple. Certains trouverons que c'est un vilain défaut mais cela fait de ce roman attachant un texte accessible aussi à l'amateur de SF en culottes courtes...
Voici une lecture agréable et pi sé tout !
Un voyage loin dans le grand noir profond dans un univers fonctionnel qui est agréablement le reflet de l'époque de transition dans le genre SF qu'est l'époque de sa rédaction.
Le vaisseau par ailleurs n'est pas idiot et il est aussi de bonne compagnie et de bon conseil.

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Dracula

[ Journal inachevé de Berni_29, Bistritz, 2 mai ]

Pendant longtemps, j'étais parvenu à me tenir à distance de l'histoire de Dracula, je ne sais pas pourquoi, je m'en faisais sans doute une représentation erronée, je le reconnais bien volontiers aujourd'hui. Sans doute m'en faisais-je l'image d'une histoire fantastique totalement abracadabrantesque, cousue de fils blancs, si invraisemblable qu'elle pourrait en paraître risible et grotesque aux yeux de quelqu'un censé être empli de bon sens. Une histoire de vampire incarné par un homme au visage de craie, à la silhouette mortifère, qui se passe en Transylvanie, pensez donc !
Je m'aperçois aujourd'hui de ma stupide erreur et je ne sais d'où vient ce malaise ce soir à l'approche d'écrire quelques mots sur cette lecture. Je ne sais si mon erreur ne va pas me jouer un tour pendable, comme l'idée d'une malédiction qui me poursuivrait désormais.
Allons, je n'ai jamais été superstitieux...
Il me faut à présent poser un ressenti sur cette lecture que je viens de terminer. Ne croyez pas que l'exercice soit simple.
L'histoire à peine terminée, je me pose seulement cette question lancinante : et si tout ceci était bien réel ? Et si tout cette histoire n'était pas totalement achevée, comme le laissait croire la fin du récit ?
Je viens de m'enfermer dans mon bureau afin de trouver la quiétude nécessaire pour commencer à rédiger mon billet. Dehors, le vent s'est levé, ils annoncent une tempête terrible pour la nuit, j'ai pris soin de fermer tous les volets de la maison.
Une de mes chères amies dont j'apprécie tout particulièrement la compagnie, une certaine Mina Murray, est passée me rendre visite ce soir. Elle a cru bon vouloir me déposer quelques gousses d'ail, un crucifix, un pieu et une brouette. « On n'est jamais trop prudent », m'a-t-elle dit d'un sourire craquant qui laissait entrevoir deux magnifiques canines bien acérées. « Je comprends l'ail, le crucifix et le pieu, lui ai-je dit, mais pourquoi la brouette ? » « Il faudra bien un moyen pour transporter le cadavre », me dit-elle sur un ton d'une évidence désarmante.
Je dois reconnaître que ce Bram Stoker m'a totalement bluffé, le bougre. Quelle puissance d'évocation dans le récit ! Quelle ingéniosité dans la construction du schéma narratif ! Quel sens du suspense ! J'y repense encore en commençant ce journal.
Ce récit est construit comme un puzzle, reliant les différentes pièces qui égrènent le rythme des pages et viennent peu à peu couturer le récit : des missives, des journaux intimes, des articles extraits de journaux... Elles émanent des protagonistes du récit et leurs voix nous invitent à plonger dans leurs ressentis et émotions intimes, à vivre sous nos yeux les événements sidérants qu'ils ont vécus...
Dans cette art de raconter une histoire qui tient en haleine, l'écriture de Bram Stoker certes classique, ciselée à merveille, joue pleinement son rôle : elle est désuète à souhait, ce qui lui donne une manière de mieux coller à l'esprit envoûtant de l'histoire en l'enrobant du halo de son époque.
Mais surtout, ce qui est la force du roman, c'est que son protagoniste principal, le fameux compte Dracula, est quasiment invisible presque tout au long du récit.
Invisible, j'entends par ce mot qu'il est invisible sous nos yeux, mais pas dans l'imaginaire de celles et ceux qui racontent l'histoire, qui lui donnent ainsi peu à peu une réalité folle, vertigineuse, une forme qu'il va peu à peu incarner et se révéler dans cette longue attente insoutenable, de sorte qu'il occupe tout l'espace dans cet abîme d'un temps abyssal qui nous mène à lui ou plutôt qui le mène à nous .
Alors, bien sûr, c'est un roman du XIXème siècle écrit par un homme du XIXème siècle, mon amie Mina Murray n'a cessé de me le dire et répéter ce soir : « Tu écriras quelque chose là-dessus, n'est-ce pas ? » Je le lui ai promis. Elle a raison, ce récit a un charme gothique qui lui donne une résonance furieusement romantique, mais force est de constater que l'ami Bram Stoker ne donne pas forcément la part belle aux héroïnes de son histoire. D'aucuns diront qu'il faut remettre tout ceci dans le contexte de l'époque...
J'espère que Mina Murray me sera reconnaissante lorsqu'elle lira ce détail dans mon journal.
En me quittant ce soir pour rejoindre son fiancé Jonathan Harker qu'elle s'apprête à épouser et qui fut tout d'abord notre ami commun, elle m'a glissé un baiser mordant dans le cou, je n'y ai pas prêté attention sur le moment, Mina Murray a toujours des gestes très affectueux... C'est machinalement en allant vérifier tout-à-l'heure un des volets qui faisait du bruit que je suis passé devant le grand miroir du couloir. J'ai examiné le côté gauche de mon cou d'où émanait une douleur encore insignifiante, il y a avait deux petites traces rouges, presque invisibles...
C'est alors que l'électricité s'est interrompue, plongeant la maison dans les ténèbres. À chaque tempête, c'est ainsi, j'ai l'habitude. Il y a des chandeliers et des boîtes d'allumettes répartis aux quatre coins des pièces de la maison. J'ai pu regagner sans peine mon bureau afin de poursuivre la rédaction de mon billet.
C'est alors qu'on frappa à la porte. Qui donc pouvait venir ce soir à pareille heure et sous un pareil déluge ? J'ai pensé que quelqu'un était en perdition, égaré, en difficulté sur son chemin tout près. Je suis allé ouvrir mais il n'y avait personne. En revenant à mon bureau, les feuilles sur lesquelles j'avais commencé à poser ces premiers mots étaient dispersées, tombée au sol, sans doute à cause du vent qui s'était engouffré dans la maison.
Il me faut reprendre le cours de mon billet, l'écrire à la lueur du chandelier.
Je disais donc que l'esprit du texte est ancré dans la tête d'un écrivain du XIXème siècle, cependant voyez-vous, j'aurais bien aimé lire une version enrichie de Dracula écrite par Jane Austen, cela aurait ajouté une saveur supplémentaire à l'histoire et peut-être en définitive une fin bien moins conventionnelle que celle qui vint sceller le récit à mon grand regret.
Mes pensées se mêlent au bruit du vent, tandis que des papillons de nuit viennent s'enivrer dans le faisceau des chandelles. J'étais en train d'imaginer justement une autre fin lorsqu'on vint de nouveau frapper à la porte. J'hésitai cette fois à me lever pour répondre à cet appel. Mais les coups redoublèrent d'intensité.
Allons, je dois aller voir qui s'acharne sur cette pauvre porte, cela ne prendra que quelques minutes et je pourrai enfin revenir clore ce billet où j'ai encore tant de choses à dire. À tout de suite...
...
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Odyssée des filles de l'Est

Bienvenue au pays des pieds qui puent, des petites 'queues' et des tramways qui parlent, la France. Voilà la vision de notre pays par deux jeunes Bulgares qui tentent de se faire une place à Lyon. Elles vont croiser Dora, venue chercher la liberté et qui va trouver un arbre où poser ses mains pour mieux soulager les hommes .
C'est un très bon roman; comme beaucoup des romans de l'est qui me sont tombés entre les mains. Il y a ici en plus l' humour corrosif de la jeune auteure qui avec beaucoup de tact et de finesse pointe du doigt la traite des filles de l'est mais aussi leur faculté de débrouille et leur résilience .
Une histoire très sympa à lire , avec beaucoup de rythme et beaucoup de thèmes abordés, la prostitution donc , l'intégration , l'accueil par la France mais aussi le sort réservé aux familles turques vivant en Bulgarie à la fin du communisme .Et pour l'humour, la vision de la France par ces jeunes filles !
Un très bon moment de lecture .
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Le Clan Snaeberg

Dans un hôtel d'Islande, réalisé par un architecte, au milieu de nulle part, très froid, très épuré, très désign, se réunit pour le week-end , la famille Snaeberg. Ils ont réservé tout l'établissement pour eux, il faut dire qu'ils en ont les moyens, c'est sûrement la famille la plus riche d'Islande. Presque chaque visage est connu du grand public, chacun occupant soit un poste dans une de leurs entreprises, soit ayant réussi " par lui-même". Petra est une décoratrice très connue, sa fille poste régulièrement sur Insta , ainsi que son cousin, il faut dire qu'entre leurs vêtements, leurs voyages, leurs soirées, il y a de quoi alimenter la machine infernale..
Mais pour l'heure, on fait leur connaissance, et le moins qu'on puisse dire, c'est qu'ils ont tous un problème que je vous laisse découvrir, seule une employée semble les avoir cernés. Mais peut-être , dépasse t-elle ses prérogatives, peut-être les connait-elle un peu trop bien ... Et puis, tout cet alcool, ces drogues, est-ce que cela ne va pas empirer les choses ?

Quand le roman démarre, on sait que la police est sur place, mais il faudra attendre la fin du roman pour connaître le nom de la victime.
Et Eva Björg Aegisdottir de jouer avec nous, en nous lançant sur de fausses pistes, puis en rajoute une couche avec un des membres présents qui, comme par hasard, a un rapport avec le passé de trois protagonistes... Mais si l'on passe sur ces "facilités " de narration, alors on savoure cette histoire, on découvre effarés l'étendue des problèmes de cette riche famille ( il vaut mieux être pauvres, tiens ! ) et l'on se fait délicieusement manipuler comme des bleus.
A la fin du roman , on percute que les flics , eh bien on en connait au moins un, et que tout se passe avant l'arrivée de la policière Elma ( le premier roman de l'auteure) et ça ,ce petit clin d'oeil aux "fans" : j'ai adoré.

Un huis-clos chic et froid, des personnages torturés et la nuit tout autour...


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Les démoniaques

Ce premier roman de l'auteur avant le formidable "Le manufacturier ", est tout comme ce dernier violent, cru, à ne pas mettre entre toute paire d'yeux ; le lecteur en est d'emblée prévenu, et le commencera en toute connaissance de cause. Il faut tout de même repréciser que des descriptions, des situations, concernant notamment de jeunes adolescentes, sont particulièrement dures.

Noir c'est noir...
La trame évoque un "Fantasia chez les ploucs" version trash et brutale, mêlant toutes sortes de perversions et trafics divers et variés dans une petite communauté de province française au taux impressionnant de tarés et dégénérés.

Les thèmes développés dans "Le manufacturier" se retrouvent, simplifiés, en gestation, dans "Les démoniaques", tels les suites de la guerre en ex-Yougoslavie, les trafics humains et de drogues, les mafias,donnant l'impression que cet ouvrage est en fait un "brouillon", du suivant, beaucoup plus intéressant.
Le roman, donc moins complexe que "Le manufacturier", est à mon goût un peu trop linéaire, se déroulant efficacement mais sans surprises selon un seul axe autour de la vengeance de Kimy, l'une des deux personnes avec une vraie conscience du roman.
Kimy, 18 ans, forte, dure, voulant échapper à son milieu, est la seule avec une personnalité un peu complexe ; les autres sont d'un bloc, peu nuancés, bourreaux comme victimes.
La fin est plutôt convenue, très "cinématographique" ; par contre le sujet semble plutôt inadaptable en l'espèce...

Je me doutais en le commençant qu'en tant que premier roman il serait sûrement moins aboutit que "Le manufacturier", ce qui est le cas, donc je ne peux pas franchement être déçu.
C'est tout le problème de revenir à un auteur en sachant qu'on l'a découvert par une œuvre forte et appréciée.
Pour ceux qui ont le cœur bien accroché et veulent s risquer sur le terrain de M Kőping, il vaut mieux commencer par celui-ci et poursuivre ensuite avec "Le manufacturier".

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Les Carnets de l'apothicaire, tome 1

J’ai vraiment mais alors vraiment beaucoup aimé ce premier tome des Carnets de l'apothicaire. Je sais que tout le monde en parle, et en bien depuis sa sortie, et le manga me faisait de l’œil mais je n’étais pas encore décidée à franchir le pas. Après avoir fini The Witch and the beast, je voulais me lancer dans quelque chose de totalement différent, et ce fut totalement le cas.

Je ne savais pas à quoi m’attendre en commençant Les carnets de l'apothicaire. Je savais que l’on suivait une jeune femme douée pour les potions, poisons, remèdes au sein de la cour impériale, mais sinon, rien de plus. Et je ne m’attendais pas à ce ton plutôt léger et drôle. J’espère que cette ambiance perdurera car c’est indéniable un atout de poids pour moi. Entre le fait que Mao Mao se moque bien de toutes les futilités qui l’entourent et son obsession pour ses expériences, Jinshi qui manigance à tout va et ne peut pas résister aux regards dégoutés de notre héroïne, je n’ai pas pu m’empêcher de sourire durant toute ma lecture. Et cela fait un bien fou.

J’aime aussi la bienveillance du groupe dans lequel Mao Mao a atterri. Alors que l’on se retrouve avec l’une des concubines préférées de l’empereur, j’avais un peu peur de tomber dans un milieu où les jeunes femmes allaient se tirer dans les pattes ou se montrer mesquines, mais il n’en est rien. Et là encore, je trouve cela aussi rafraîchissant qu’adorable. Et j’ai l’impression aussi que notre jeune héroïne pourra s’épanouir tout en apprenant énormément, et j’ai hâte.

D’ailleurs, parlons un peu de notre héroïne. Je l’adore. Mao Mao sort carrément des sentiers battus. Elle est un peu une nerd bien avant l’heure. Drôle à ses dépens, intelligente, observatrice, elle ne se laisse pas démonter et a un côté pas rentre dedans non… disons qu’elle fait attention à ne pas faire de vague, mais son naturel revient vite au gallot et elle est naturelle. Encore une fois, c’est rafraîchissant.

Pour ce qui est de l’histoire, pour l’instant je pense que les mangakas ont voulu poser les bases. Avec quelques petites aventures, on apprend à connaître les différents personnages, l’environnement particulier dans lequel ils se trouvent, et aussi la place que va prendre Mao Mao. C’est très bien fait, surtout qu’entre l’ambiance et les différents événements, on se prend au jeu rapidement.

Le premier tome des Carnets de l'apothicaire a donc su totalement me convaincre. J’avais une petite appréhension car je suis toujours prudente avec les œuvres qui cartonnent sur la toile, mais là, j’avoue que ce n’est pas volé du tout. Vivement la suite.
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