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EAN : 9782073048936
176 pages
Verticales (04/01/2024)
3.85/5   41 notes
Résumé :
« Tu te trompes souvent. Tu remplaces très par grave dans une phrase au registre soutenu et tu dis bien à toi à tes voisins de palier. À la place de récépissé tu comprends laissez-pisser, et tu confonds radié et irradié ainsi que sentier et sentinelle. Tu es littérale et hésitante, alors que dans ton pays tes blagues avaient de l’allure. Parfois tu fais exprès, c’est la seule manière que tu as trouvée d’être drôle. Quand tes erreurs sont volontaires, ça te donne un ... >Voir plus
Que lire après Odyssée des filles de l'EstVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique

« La France est le pays de la liberté, du fromage et des tramways qui parlent, un pays où la mode est intemporelle et où on ne lèche pas son pouce pour décoller et compter les billets de banque, par exemple. […]
En somme, la France n'est pas comme la Bulgarie, c'est un pays où tout est fabuleux comme Amélie Poulain, et en plus ta mère n'est pas là, et on ne travaille que 35 heures par semaine et personne ne jette sa poubelle par la fenêtre, c'est pourtant le hasard ou une erreur administrative qui t'ont propulsée dans ce pays merveilleux, comme une fusée chanceuse tu as obtenu ton inscription à l'Université Phare. »

Odyssée des filles de l'Est, Elitza Gueorguieva @editionsverticales #paldeprintemps #voixdesfemmes

Un roman inénarrable, à l'humour décapant et au texte tranchant!

Il démystifie les clichés qui circulent au sujet des filles de l'Est et remet les points sur les i, avec beaucoup de talent et d'esprit.

« Parfois tu fais exprès, c'est la seule manière que tu as trouvée d'être drôle. Quand tes erreurs sont volontaires, ça te donne un sentiment d'égalité, vous pouvez, ensemble et au même titre, vous foutre de ta gueule bien à toi. »

Ce roman, c'est l'histoire d'une jeune Bulgare qui arrive en France pour étudier le cinéma à Lyon et qui se retrouve confrontée à l'image qu'ont les Français des « filles de l'Est ».

En parallèle, il y a l'histoire d'une autre Bulgare, Dora, qui débarque à Lyon également, mais dans un autre cadre: la prostitution… ce qui n'était pas son objectif premier!

À travers leurs tribulations, l'autrice raconte l'odyssée des filles de l'Est, ce qu'elles doivent affronter au quotidien en raison des idées reçues… et son esprit résolument féministe nous fait bien rire!

« Tu repostes une annonce dans le journal, en enlevant slave, et cela se passe beaucoup mieux, tu as dorénavant une montagne de chemises à repasser, plusieurs cuvettes de toilettes à récurer, et même le sol d'une bijouterie située place d'Hétéros où il ne faut pas jeter la poussière car elle est peut-être pleine d'or. À la fin de ce mois magique, tu as un terrible mal de dos et une somme d'argent assez maigrichonne. Quant à Lili, tu apprends qu'elle a donné ses mensurations. Par conséquent, elle travaille dans une boîte à champagne où elle gagne cinq fois plus d'argent que toi et finit régulièrement soûle. »

Le texte est émaillé de situations cocasses qui portent à rire: les listes d'objectifs que la protagoniste se fixe et qui évoluent au fur et à mesure du récit, la manière dont elle rapporte les réactions des hommes à son égard, ses tentatives pour se fondre dans son nouvel environnement, autant de situations qui semblent inspirées de sa propre expérience.

Truculent et rafraîchissant!
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L'une est étudiante en cinéma, l'autre travailleuse du sexe à Perrache.
L'une est consentante libre et éclairée, l'autre est non-consentante, non-libre quoiqu'éclairée.
L'une n'a pas de prénom, l'autre si : Dora.
L'une est bulgare... L'autre aussi.

Au pays des pieds-qui-puent et des petites-bites (comprendre : la France), deux femmes se démènent, entre rires et larmes, quiproquos langagiers et contes de fées ratés, à l'assaut d'une certaine liberté et en butte contre plus d'une mentalité. Des épopées à savourer !
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Ah, les Filles de l'Est. Elles sont blondes. Elles sont jeunes et jolies, puis vieilles et moches. Elles sont proches de leurs mères. Elles font de bonnes prostituées. C'est ce que nos deux héroïnes bulgares et ignorantes apprennent en arrivant en France, l'endroit idéal pour en savoir plus sur ces fameuses Filles de l'Est qu'elles connaissent si mal.

L'une fait des études de cinéma. L'autre fait le trottoir malgré elle. Les deux ont en commun d'habiter à Lyon depuis peu, de ne pas maîtriser complètement la langue française et d'être parfois prises pour des putes. Elles partagent également la menace d'un retour au pays “tel un Ulysse ultra rapide.”

Comment trouver une place en tant que Fille de l'Est dans “le pays de la liberté, du fromage et des tramways qui parlent” ? Surtout que “la France n'est pas comme la Bulgarie, c'est un pays où tout est fabuleux comme Amélie Poulain, et en plus ta mère n'est pas là, et on ne travaille que 35 heures par semaine et personne ne jette sa poubelle par la fenêtre.”

Tout se mélange dans ce petit livre. Les mythes, la réalité, les préjugés, les origines, les mots “récépissé” et “laissez-pisser”, les histoires parallèles d'une étudiante et d'une prostituée, les consignes du Petit Larousse du savoir-vivre, les listes d'objectifs et de merveilles, les extraits de journaux très sérieux et les articles plus que douteux, l'absence d'une mère tellement jamais là qu'on ne sait plus si on en jubile ou si on s'en lamente.

Elitza Gueorguieva effeuille une identité qui se décline, qui se déclare, qui se décode, mais qui jamais ne se décourage.
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Avec un recul déjanté, drôle et loufoque, la narratrice - qui parle d'elle à la deuxième personne – raconte sa migration et celle de Dora de la Bulgarie à la France.
Elitza Gueorguieva est étudiante en cinéma, elle a choisi librement de migrer en France dans les années 2000 avec son "grand Larouse illustré" et son "Petit Larousse du savoir-vivre". Elle veut devenir "libre", avoir son récépissé qu'elle nomme "laissez-pisser"
L'autre s'appelle Dora, elle qui "est de là d'où elle ne vient pas", n'a pas choisi son travail ni sa migration. Elle exerce le métier de prostituée "dans le quartier délabré de la gare de Perrache" pour gagner l'argent qu'elle envoie à ses enfants en Bulgarie, à moins que ce ne soit à son souteneur dont elle va finir par se débarrasser. Elles subit des "passe express (...) qui réveille des horreurs enfouies (...) qui fait mal au cul" parce qu'elle n'a pas trouvé d'adéquates techniques de "débarrassagement".
La narratrice fait des listes d'objectifs, de vocabulaire, de ce qu'elle voit de "merveilles", collectionne des articles de journaux, lit des citations du Grand Larousse pour apprendre à bien articuler le français. Elle fait souvent dans l'autodérision donnant "7 raisons de ne pas sortir avec une fille de l'Est".
L'étudiante en cinéma utilise sa caméra art pour décrypter la mythologie des "Filles de l'Est", pour montrer "celles qu'on ne montre pas (...) celles qu'on évite de voir". Elles ne sont pas ce que les hommes français ont transformé en choses virtuelles, elles ont une vraie réalité humaine. Elles sont des Bulgares qui parlent ou ne parlent pas le français, elles ont des turques forcées à devenir bulgares et à changer de nom, elles font des études ou ont un emploi, elles ont des amis et des ennemis, elles ont une vie bien à elles.
Ce petit roman plein de fantaisie mélange le mythe et la réalité. C'est un roman d'exilées à Lyon en 2001, qui joue avec les préjugés sur ces filles toutes jolies quand elles sont jeunes, qui vieillissent en devenant laides. Il mélange les origines et les langues, les conseils du Petit Larousse du savoir-vivre et les articles du journal le Monde, et bien d'autres choses, la nostalgie du pays et de la famille qui y reste vivre.
Derrière le burlesque, le loufoque et les quiproquos langagiers, ce roman quasi-documentaire met en scène des femmes qui veulent échapper à l'identité qu'on leur impose et qui marchent vers leur liberté.
Lien : https://lecturesdereves.word..
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« Tu te trompes souvent. Tu remplaces très par grave dans une phrase au registre soutenu et tu dis bien à toi à tes voisins de palier. À la place de récépissé tu comprends laissez-pisser, et tu confonds radié et irradié ainsi que sentier et sentinelle. Tu es littérale et hésitante, alors que dans ton pays tes blagues avaient de l'allure. Parfois tu fais exprès, c'est la seule manière que tu as trouvée d'être drôle. Quand tes erreurs sont volontaires, ça te donne un sentiment d'égalité, vous pouvez, ensemble et au même titre, vous foutre de ta gueule bien à toi. »

Les destins parallèles d'une étudiante et d'une prostituée bulgares, débarquées à Lyon en 2001. Entre tribulations burlesques et peinture sociale mordante, un roman d'exilées à la conquête de leur liberté.

J'ai adoré ce livre. Son style. Son humour ravageur. Découvert grâce à une chronique de Mathilde Serrell sur France Culture. J'ai téléchargé l'extrait qui m'a emballée et ht le reste sur Kobo. À present je vais ht un exemplaire papier pour le garder ds mon carré d'or 🤩
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critiques presse (5)
Bibliobs
07 février 2024
Dans ce roman picaresque enlevé, l'autrice retrace son propre parcours vers la France et celui de Dora, une autre fille de l'Est, travailleuse du sexe.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
Actualitte
02 février 2024
Conte en apparence léger, drôle et maitrisé, cette Odyssée des Filles de l'Est cache une critique sociale bien plus sombre et piquante ...
Lire la critique sur le site : Actualitte
LeFigaro
02 février 2024
L'élève d'Olivia Rosenthal livre un roman fracturé, hétérogène, cubiste, au burlesque appuyé, souvent grinçant.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
LaLibreBelgique
31 janvier 2024
La romancière Elitza Gueorguieva signe un roman aussi drolatique que percutant.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
LeMonde
09 janvier 2024
Sous nos yeux, ces fantômettes bulgares s’extirpent donc de leur enveloppe charnelle devenue expression lexicalisée (« filles de l’Est ») pour devenir insolemment réelles. Et ce roman facétieux de permettre à Elitza, Dora, Alina, et toutes les autres, d’arriver jusqu’à nous, fringantes et irréductibles.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (24) Voir plus Ajouter une citation
Rado Goranova te conseille de noter tous ces détails qui t'émerveillent tant car dans deux semaines grand max tu ne verras que la laideur de ce trou paumé plein de bourgeois prétentieux et coincés du cul, et tu auras envie de te transformer en vaisseau spatial et de te casser, sur Mars, ou au moins à Berlin ou à New-York, elle n'a pas encore décidé. Ici, à Lyon, on a l'impression que tous les jours c'est dimanche et, en outre, il pleut constamment, s'énerve Rada Goranova, piétinant sans relâche ton remarquable enthousiasme. Elle te confirme qu'après Bruxelles, c'est la ville dans le monde où il pleut le plus.
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D'où tu viens ? te lance Chantal sans répondre à ta question, et tu te demandes si elle a eu d'autres métiers, si elle a un mari, à quoi ressemblaient ses vies précédentes, quel est son signe astral, est-ce qu'elle a peur des attentats, mais ce n'est pas du tout le sujet.
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Déclinez votre identité
Déclinez votre identité
Déclinez votre identité
Déclarez votre identité
Décorez votre identité
Décodez votre identité
Dégagez votre égalité
Décalez votre maternité
Décalquez votre fraternité
Dégueulez votre disparité

Démembrez votre identité
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Elle avait sonné, c'était des gens bien, trop bien pour ouvrir la porte à une pute au regard abattu, avec des taches de sang sur sa robe déchirée, sans même un sourire de politesse. La police n'avait pas donné suite à sa plainte. Après tout, c'était une prostituée albanaise, avait résumé le commissairecomme si la suite allait de soi. Si elle avait eu la possibilité d'aller au tribunal, le juge aurait dit la même chose : le métier qu'elle exerce invite à ce genre de violences, donc non lieu. Tout le monde se serait mis d'accord. Chantal et ses collègues avait organisé en une manif devant le commissariat, en vain.
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7 raisons de ne pas sortir avec une fille de l'Est
I. Les filles de l'Est vieillissent très mal et n'ont pas la santé. La silhouette des femmes russes (roumaines, bulgares, liste non exhaustive) est un paradoxe de la nature. Autant lorsqu'elles sont jeunes elles vous font perdre la tête, autant en vieillissant elles s'enlaidissent à vitesse grand V. Et elles sont toujours malades. Le moindre courant d'air et vous les retrouvez au lit à boire des tisanes au miel.
www.hommesdinfluence.com
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Videos de Elitza Gueorguieva (6) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Elitza Gueorguieva
Deux femmes bulgares immigrées en France débarquent à Lyon en 2001. L'une est étudiante en cinéma, l'autre travailleuse du sexe. Toutes deux cherchent leur chemin vers l'émancipation, et tâchent d'avancer entre violences, sexisme et brutalité des préjugés. Avec humour et fantaisie, Elitza Gueorguieva dépeint ces deux destins parallèles, dans un texte à la fois drôle et émouvant qui oscille entre tribulations burlesques et peinture sociale mordante. Un roman d'exilées, de femmes à la recherche de leur liberté. L'autrice proposera une lecture-performée de son texte, qui sera suivie d'un entretien. L'ensemble sera interprété en Langue des Signes Française.
Elitza Gueorguieva est autrice et réalisatrice. Elle a reçu le prix SGDL André Dubreuil pour son premier roman Les cosmonautes ne font que passer (Verticales, 2016) et a réalisé deux documentaires Chaque mur est une porte et Notre endroit silencieux (Les Films du Bilboquet, 2017 et 2021), qui ont tourné dans de nombreux festivals français et internationaux. Odyssée des filles de l'Est (Verticales) est son deuxième roman.
Lecture-performance par l'autrice puis rencontre animée par Guénaël Boutouillet.
Retrouvez notre dossier "Effractions le podcast" sur notre webmagazine Balises : https://balises.bpi.fr/dossier/effractions-le-podcast/ Retrouvez toute la programmation du festival sur le site d'Effractions : https://effractions.bpi.fr/
Suivre la bibliothèque : SITE http://www.bpi.fr/bpi BALISES http://balises.bpi.fr FACEBOOK https://www.facebook.com/bpi.pompidou TWITTER https://twitter.com/bpi_pompidou
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