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La San-Felice tome 0 sur 7

Claude Schopp (Traducteur)
EAN : 9782070747405
1720 pages
Gallimard (26/11/1996)
3.92/5   31 notes
Résumé :
'La San Félice' relate l'un des épisodes les plus étonnants des guerres de la Révolution française portant le 'flambeau de la liberté 'à travers l'Europe. En 1798, le général Championnet s'empare du royaume de Naples. Brève conquête qui se solde l'année suivante par la restauration du roi Ferdinand et de la reine Marie-Caroline au terme d'épisodes dont l'exactitude historique n'enlève rien au rocambolesque. Dumas, qui connaissait fort bien l'Italie et sa langue, ent... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Entre Alexandre Dumas et la monarchie napolitaine, il y a un vieux compte en suspens… Celui du Général Dumas, père du romancier, emprisonné sous le Directoire dans une forteresse italienne où il pourrira à petit feu pendant de longues années. Ce compte, le fils a décidé de le régler en racontant l'histoire de la malheureuse République parthénopéenne qui chassa les tyrans du royaume de Naples et dirigea pendant quelques mois à peine la cité avant de s'effondrer dans un tourbillon de sang. Il lui faudra pour cela plus de 2000 pages pleines de bruit et de fureur, des centaines de personnages fictifs ou historiques, des mois de fouille dans les archives de la cour napolitaine, ainsi que les plus belles ficelles de son art de romancier.

Le résultat est à la hauteur de l'effort et, la moindre des choses à dire, c'est qu'on en prend plein les mirettes. Oyez, vous les incrédules, les tièdes, les timorés ! Oyez l'épopée valeureuses des patriotes napolitains qui luttèrent jusqu'à la mort pour apporter la liberté et la fraternité à l'Italie ! Oyez l'infamie du roi Ferdinand, ce sombre benêt, et de la reine Caroline, cette catin de Babylone, qui noyèrent dans le sang le sentiment national ! Oyez la trahison des larbins britanniques, Nelson à leur tête, qui apportèrent leur soutien servile à une monarchie décadente ! Oyez la tragédie de la San Felice, innocente martyre sacrifiée sur l'autel de la réaction contre-révolutionnaire !

Bon, vous l'aurez compris, les ficelles en question sont grosses et Dumas ne recule devant aucun moyen pour faire pleurer dans les chaumières. Et pourtant, ça marche ! A coups de gestes héroïques, de sentiments exacerbés et de moments épiques, Dumas parvient à nous faire partager son enthousiasme frénétique : impossible de ne pas sortir férocement anti-royaliste de ce copieux mais trépidant pavé. La cour napolitaine y est décrite sous un jour si férocement satirique que l'on ne peut que se demander comment des couillons ont pu avoir l'idée de défendre une bande de crétins malfaisants pareils. Quelques monarchistes viennent sauver l'honneur comme le brillant cardinal Ruffo, ecclésiastique guerrier qui dirigea avec succès l'armée de la reconquête (je l'aime), ou le banquier Backer, tous deux hommes d'honneur et d'esprit, mais ils sont rares et manquent clairement de discernement dans leur choix de la cause à défendre.

Faut dire que la République parthénopéenne est, pour Dumas, la république idéale : une république de l'élite, des intellectuels, de la bourgeoisie et de la noblesse éclairée, une révolution sans débordements sanglants, sans Terreur, sans exécutions de masse… En clair, une république destinée tôt ou tard à se casser la gueule. Et plus tôt que tard en l'occurrence. Car il faut être bien naïf pour imaginer bâtir une république sans l'appui du peuple – et celui-ci, loin de suivre les idéaux des patriotes, est sauvagement monarchiste – ainsi qu'avec l'appui d'une armée étrangère qui n'attend qu'une occasion de vous laisser dans le pétrin. Cette naïveté, on la pardonnera volontiers à Dumas. C'est celle d'un idéaliste et d'un romantique, à défaut d'être celle d'un grand démocrate, mais ce bon Alexandre n'est pas le seul écrivain de son époque à se méfier de la populace, cette hydre féroce et imprévisible.

Un peu plus d'humour aurait permis d'alléger la sauce (heureusement , il reste les punchlines du roi Ferdinand pour nous mettre de bonne humeur), mais « La San Felice » compense largement en epicness ce qu'elle perd en second degré. Probablement pas le plus fin, ni le plus subtil des romans de Dumas, mais un livre qui gagnerait à être connu et mérite bien sa place dans sa luxuriante bibliographie. A ne pas rater : en fin de roman, l'échange de lettres entre Dumas et la fille de la vraie San Felice où il lui explique que, grosso-modo, « c'est vrai, j'ai raconté un peu n'importe quoi sur votre maman, mais avouez que ma version est quand même vachement plus cool que la réalité, hein ? »
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Roman polyphonique, monumental, la San Felice, est le récit romancé d'une des nombreuses révolutions qui secouèrent Naples, celle qui constitua l'éphémère et non moins héroïque République Parthénopéenne de 1799.

A la cour du Royaume des Deux-Siciles, on n'avait jamais, aux dires des mémorialistes, vu un royal couple si risiblement mal appareillé et dissemblable. Marie-Caroline d”Autriche, honnie par son peuple, altière, lettrée et pourtant superstitieuse, despotique et parjure, manipulatrice et diabolique, adonnée aux plaisirs de Sapho, ennemie mortelle de la France depuis la mort de sa soeur bien aimée Marie-Antoinette sur l'échafaud, est la véritable souveraine de fait du royaume. le roi, surnommé par son “bon peuple” de lazzaroni “nasone”, par l'appendice illustrant son royal visage, qui aurait soutenu la comparaison avec Cyrano, Ferdinand IV, grand mangeur de macaroni devant l'éternel, d'un naturel débonnaire et paillard, maintenu dans l'ignorance par une éducation pitoyable et délétère, plus intéressé par la chasse que par les affaires de l'état, volage, cynique et couard, pusillanime, incurable égoïste,ingrat et oublieux envers ses plus fidèles sujets, qui, par leur fidélité exclusive pour leur roi, les désigne à la haine froide et implacable de la reine, mais d'une implacable mémoire et rigueur dans son ressentiment, ne reculant pas devant le travestissement ou la fuite pour sauver sa tête, parjure lui aussi, rendu vindicatif et cruel par la terreur que lui inspirait la Révolution française et par le flambeau de liberté qu'elle brandissait, essaimant de petits foyers de lumière à travers l' Europe, le bon roi Ferdinand, disons-nous, n'était décidément pas le souverain à la hauteur de la gravité des évènements qui secouait Naples. Oeuvre polyphonique avons-nous dit en introduction - d'une longueur respectable qui risque de décourager les curieux et les butineurs en lecture, ce texte offre une galerie de personnages très étoffée permettant une diversité dans le récit et dans les évènements qui captivent le lecteur. Ainsi de nombreuses figures historiques entre en scène, de premier plan ou d'une notoriété plus confidentielle, on citera pêle-mêle : le général français Championnet, qui, à la tête d'une armée de dix mille hommes, mit en fuite les troupes, quatre fois plus nombreuses, de l'autrichien fanfaron, outrecuidant et ridicule, Charles Mack; Nelson le héros d'Aboukir, dont la mort à Trafalgar couronna l'oeuvre de marin indomptable, et que le romancier, républicain et français, ne se fait pas faute de présenter sous un jour peu sympathique; Lady Hamilton, dont la beauté fut légendaire, maîtresse de ce dernier, maîtresse de la reine, et accessoirement épouse de l'ambassadeur Britannique à la cour, véritable instrument occulte de la monarchie dans ses désirs et ses vengeances; Jean Acton, ministre puissant, et amant attitré de la reine, Machiavel patenté, faussaire au besoin; le Cardinal Ruffo, homme lige du roi, prélat intelligent, pragmatique et fidèle, un stratège inattendu de la réaction, plus enclin à la clémence que ses illustres commanditaires; rappelons aussi les noms de quelques uns des patriotes martyrs de la cause de la liberté comme l'Amiral Caracciolo, le noble Ettore Carafa ou l'homme de science charitable Domenico Cirillo … sans oublier l'héroïne éponyme de ce roman fleuve Luisa Molina San Felice. Les destinés de ces personnages historiques sont environnés d'être de fictions ou réels peu connus, qui sont le reflet des différentes attitudes et comportements qu'eurent les civils et les belligérants durant cette révolution, qui fut ni plus ni moins qu'une guerre civile. Et last but not least, Naples, cette ville qui est une femme, avec ses mystères, ses richesses, ses charmes, ses excès, n'est pas le moindre personnage de cette épopée! Cette cité à la topographie si particulière, la Campagnie (Caserta, Capoue, Paestum, le Vésuve...) et plus généralement le mezzogiorno occupent une place de choix dans l'économie du récit. Récit poignant, émouvant, parfois atroce, avec des scènes d'une violence et d'une horreur inouïes, qu'on ne s'attendrait pas à trouver chez Dumas, captivant surtout, car c'est ici que l'art de l'écrivain opère, nous le répétons : l'ennui n'a jamais point dans cette lecture de cinq semaines (durée minimum à prévoir pour un gros lecteur!). Mon avis sur la valeur historique de l'oeuvre et l'idéologie sous-jacente, sera plus réservé; malgré les protestations de bonne foi maintes fois répétées et l'autoproclamation d'historien objectif, on voit bien que Dumas, républicain enflammé, dresse un portrait à charge de la monarchie et un tableau apologétique des tenants du camp républicain et adapte les faits et les points de vues, pour rendre plus suggestifs les épisodes du récit. Je dirai qu'il faut considérer cette oeuvre comme une oeuvre de romancier avec une teinte historique, est ne pas s'attendre à plus. J'ajouterai, en aparté, que c'est au peuple lui-même à secouer ses chaînes et ce n'est pas à une armée étrangère, fusse-t-elle bien attentionnée, fusse-t-elle porteuse du “flambeau de la liberté” à venir s'immiscer dans cette lutte, au risque d'être immanquablement qualifiée d'armée d'occupation. Au final, moi qui avait choisi cette oeuvre pour me préparer à un voyage estival à Naples et ainsi peupler ce séjour de réminiscences artistiques et historiques, je dirai que Dumas père, narrateur omniprésent, à l'ironie légère et sympathique, fut un excellent Cicerone, avec son style vif, ses références discrètes à l'antiquité et à la mythologie, ses digressions utiles à la compréhension du contexte du récit.
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Épique !

Dans la soixantaine mais au sommet de son art, Dumas écrit ce monstrueux roman avec son énergie accoutumée, et le résultat est éclatant. Il nous raconte un épisode des guerres de la révolution ou les français entrent en conflit avec le roi de Naples, prennent la ville et assistent l'établissement de l'éphémère République parthénopéenne. Bien sûr un peu romancée, la fidélité historique est cependant très haute, et Dumas va jusqu'à produire des documents authentiques (lettres, déclarations) dont certains étaient inédits à l'époque de l'écriture, quelques 60 ans après les événements. D'ailleurs, toute cette aventure italienne de Dumas qui est exposée par Claude Schopp à la suite du roman est fascinante.

Ces événements, donc, sont enlevants et sont menés par une profusion de personnages dont la plupart profitent d'une introduction détaillée. Parmi les plus importants et authentiques, on trouve le roi Ferdinand (un Bourbon) à la personnalité assez burlesque, sa perfide épouse la reine Marie-Caroline (soeur de Marie-Antoinette), le héros de la marine anglaise Lord Nelson, l'envoûtante courtisane Lady Hamilton. On fait la connaissance des principaux rebelles républicains et de quelques brigands sanguinaires qui en ces temps de troubles, portent leur allégeance à la royauté. Ceci demeure un mince aperçu, mais il ne faut pas oublier le peuple de Naples qui est également un personnage à part entière. Ignorant, féroce, imbu de superstitions et manipulé par les autorités religieuses, il fera plus d'une fois l'étonnement du lecteur.

Toute la gamme des émotions sera éprouvée par celui-ci, allant de l'hilarité occasionnée par les réparties et les audaces jusqu'au frémissement d'horreur causé par les atrocités de cette guerre. J'essaie de me remémorer quelques passages marquants, mais ils sont trop nombreux pour choisir. Je mentionnerai quand même le stoïcisme de Nicolino devant son impitoyable interrogateur, l'infâme Vanni, ainsi que la fuite de leurs majestés par cette infernale traversée jusqu'en Sicile.

Je vous le dis, Tarantino devrait en faire un film, ce serait génial !
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« La San Felice » est un des derniers « grands » romans d'Alexandre Dumas. Paru en 1864 (six ans avant la mort de l'auteur), il tient une place particulière dans la production de Dumas : d'abord il a été écrit sur les lieux mêmes de l'action, la ville de Naples. Dumas y est arrivé en 1860, avec son ami Garibaldi, à qui il a prêté son aide, et qui lui a confié la direction des fouilles de Pompéi. Pensez si notre Alexandre, friand à la fois d'Histoire et d'Italie, s'est fait prier ! Ensuite, c'est un hommage déguisé à son père, le général Dumas. Celui-ci a en effet joué un petit rôle dans les évènements racontés dans le roman, dans les années 1799 et 1800 : en revenant de la campagne d'Egypte il s'arrêta à Tarente, fut emprisonné par les Bourbons de Naples pendant deux ans, en ressortit estropié, sourd et paralysé du visage, il mourra peu de temps après. En racontant la chute des Bourbons de Naples, Alexandre Dumas fait à la fois oeuvre de romancier et d'historien, mais aussi de fils respectueux.
Nous sommes à Naples en 1798. le roi Ferdinand et la reine Marie-Caroline (une soeur de Marie-Antoinette), de la maison des Bourbons, sont souverains de Naples et de Sicile, un royaume qui englobe tout le sud de l'Italie. Salvato Palmieri un Italien sympathisant de la Révolution française est pourchassé par les sires de Marie-Caroline. Blessé il est secouru par Luisa San Felice, la femme d'un vieil homme bibliothécaire à la Cour. Bien entendu les deux jeunes gens tombent amoureux l'un de l'autre. le roman va retracer leur idylle à travers les retournements de situation qui vont bouleverser le pays. Avec l'aide de l'amiral Nelson, Ferdinand et Marie-Caroline repoussent un temps l'arrivée des Français, mais ceux-ci entrent dans Naples fin 1798 et fondent la République Parthénopéenne en janvier 1799. Mais une contre révolution orchestrée par le cardinal Ruffo, remet Ferdinand sur le trône en 1800. La répression est particulièrement atroce.
Curieusement, Alexandre Dumas a écrit ce roman (pourtant assez long), sans l'aide occasionnelle de l'un ou l'autre de ses nombreux « collaborateurs ». Piété filiale ? Peut-être. Mais surtout éloignement de ses habituels gratte-papier. le résultat est plus qu'honorable : « La San Felice » reste un roman « à la Dumas », enlevé, riche en péripéties et en renseignements historiques, alternant de longues périodes où l'auteur explique les circonstances, les tenants et les aboutissants, le décor physique et moral de l'action (ces passages, j'en conviens, peuvent paraître fastidieux) et d'autres où l'action prime, qu'elle soit militaire ou privée, sanglante ou amoureuse. Les personnages sont bien en place, notre couple d'amoureux romantiques à souhait, et les deux souverains aussi ridicules qu'antipathiques en diable. Avec en prime des personnages secondaires qui valent le détour comme les portraits de Nelson et de Lady Hamilton… Un bon roman où cependant, on a l'impression que Dumas « en fait un peu trop », comme si le compte qu'il entend régler avec les Bourbons de Naples pouvait être apuré avec cette charge contre la monarchie. Mais il reste de beaux moments de grâce, d'humour, de tendresse, qui nous rappellent le meilleur Dumas, celui de l'âge d'or du feuilleton entre 1840 et 1850…
On trouvera le texte intégral, dûment présenté et annoté par Claude Schopp (spécialiste de Dumas s'il en est) dans la collection Quarto-Gallimard. Mais l'oeuvre a paru parfois scindée en trois parties : « La San Felice », « Emma Lyonna » et « le destin de la San Felice ».
On notera une adaptation (plutôt décevante) des Frères Taviani en 2004, avec Laetitia Casta dans le rôle titre.
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un roman magistral pour entrer dans l'une des clés de l''hsitoire napolitaine, la République parthénopéenne et ses conséquences !
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Que sommes-nous, d'ailleurs, pour que Dieu se donne la peine, dans son immuable éternité, de changer la marche imposée par lui à la création ? que sommes-nous pour lui ? Une imperceptible efflorescence de la matière, sur laquelle, depuis des milliers de siècles, s'exerce un phénomène complexe, inexplicable, fugitif, appelé la vie. Ce phénomène s'étend, dans la végétation, du lichen au cèdre ; dans l'animalisation, de l'infusoire au mastodonte. Le chef-d'œuvre de la végétation, c'est la sensitive ; le chef-d'œuvre de l'animalisation, c'est l'homme. Qui fait la supériorité de l'animal à deux pieds et sans plumes de Platon sur les autres animaux ? Un hasard. Son chiffre dans l'échelle des êtres créés s'est trouvé le plus élevé : ce chiffre lui donnait droit à une portion de son individu plus complète que dans ses frères inférieurs. Qu'est-ce que les Homère, les Pindare, les Eschyle, les Socrate, les Périclès, les Phidias, les Démosthène, les César, les Virgile, les Justinien, les Charlemagne ? Des cerveaux un peu mieux organisés que celui de l'éléphant, un peu plus parfaits que celui du singe. Quel est le signe de cette perfection ? La substitution de la raison à l'instinct. La preuve de cette organisation supérieure ? La faculté de parler, au lieu d'aboyer ou de rugir. Mais, que la mort arrive, qu'elle éteigne la parole, qu'elle détruise la raison, que le crâne de celui qui fut Charlemagne, Justinien, Virgile, César, Démosthène, Phidias, Périclès, Socrate, Eschyle, Pindare ou Homère, comme celui d'Yorik se remplisse de belle et bonne fange, tout sera dit : la farce de la vie sera jouée, et la chandelle éteinte dans la lanterne ne se rallumera plus ! Tu as vu souvent l'arc-en-ciel, mon enfant. C'est une arche immense, s'étendant d'un horizon à l'autre et montant jusque dans les nuées, mais dont les deux extrémités touchent à la terre : ces deux extrémités, c'est l'enfant et le vieillard. étudie l'enfant, et tu verras, au fur et à mesure que son cerveau se développe, se perfectionne, mûrit, la pensée, c'est-à-dire l'âme, se développer, se perfectionner, mûrir ; étudie le vieillard, et tu verras, au contraire, au fur et à mesure que le cerveau se fatigue, se rapetisse, s'atrophie, la pensée, c'est-à-dire l'âme, se troubler, s'obscurcir, s'éteindre. Née avec nous, elle a suivi la féconde croissance de la jeunesse ; devant mourir avec nous, elle suivra la vieillesse dans sa stérile décadence. Où était l'homme avant de naître ? Nul ne le sait. Qu'était-il ? Rien. Que sera-t-il, n'étant plus ? Rien, c'est-à-dire ce qu'il était avant de naître. Nous devons revivre sous une autre forme, dit l'espérance ; passer dans un monde meilleur, dit l'orgueil. Que m'importe, à moi, si, pendant le voyage, j'ai perdu la mémoire, si j'ai oublié que j'ai vécu, et si la même nuit qui s'étendait en deçà du berceau doit s'étendre au delà de la tombe ? Le jour où l'homme gardera le souvenir de ses métamorphoses et de ses pérégrinations, il sera immortel, et la mort ne sera plus qu'un accident de son immortalité. Pythagore, seul, se souvenait d'une vie antérieure. Qu'est-ce qu'un thaumaturge qui se souvient devant un monde entier qui oublie ?
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…les vallées produisent le froment, le maïs et les figues ; les collines produisent l’olive, la noix et les raisins ; les montagnes produisent les brigands.
Dans *ces provinces, le brigandage est un état comme un autre. On est brigand comme on est boulanger, tailleur, bottier. Le métier n’a rien d’infamant ; le père, la mère, le frère, la sœur du brigand ne sont point entachés le moins du monde par la profession de leur fils ou de leur frère, attendu que cette profession elle-même n’est point une tache. Le brigand exerce pendant huit ou neuf mois de l’année, c’est-à-dire pendant le printemps, pendant l’été, pendant l’automne ; le froid et la neige seuls le chassent de la montagne et le repoussent vers son village ; il y entre et y est bienvenu ; il rencontre le maire, le salue et est salué par lui ; souvent il est son ami, quelque fois son parent.
Le printemps revenu, il reprend son fusil, ses pistolets, son poignard, et remonte dans la montagne.
De là le proverbe « Les brigands poussent avec les feuilles. »
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Vanni, (...) s’était fait une réputation de juge intègre mais inflexible ; il réunissait à une ambition sans bornes une cruauté sans limites, et, pour le malheur de l’humanité, c’était en même temps un enthousiaste ; l’affaire qui l’occupait était toujours une affaire immense, attendu qu’il la regardait au microscope de son imagination. De tels hommes sont non seulement dangereux pour ceux qu’ils ont à juger, mais encore funestes pour ceux qui les font juges, parce que, ne sachant pas satisfaire leur ambition par des actions vraiment grandes, ils donnent une grandeur imaginaire à leurs petites actions, les seules qu’ils puissent produire.
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Notre livre – on a dû depuis longtemps s’en apercevoir – est un récit historique dans lequel se trouve, comme par accident, mêlé l’élément dramatique ; mais cet élément romanesque, au lieu de diriger les événements et de les faire plier sous lui, se soumet entièrement à l’exigence des faits et ne transparaît en quelque sorte que pour relier les faits entre eux.
Ces faits sont si curieux, les personnages qui les accomplissent si étranges, que, pour la première fois depuis que nous tenons une plume, nous nous sommes plaint de la richesse de l’histoire, qui l’emportait sur notre imagination.
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Cet ouvrage s'adresse aux amoureux d'aventure et d'Histoire. La République parthénopéenne et tous les évènements s'y rapportant sont traités par Dumas, qui se fait un historien incroyablement bien documenté. Au milieu de ce livre, une histoire parmi l'Histoire, celle de deux amoureux que rien ne doit séparer. La lecture demande du courage, car les quelques deux cent chapitres font peur au début.

Si l'Histoire ne vous attire pas, autant ne pas entreprendre la lecture de la San Felice. Si, au contraire, vous appréciez le mélange des deux, alors foncez, et vibrez jusqu'au dernier chapitre, merveille de conclusion.
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CHAPITRES : 0:00 - Titre
R : 0:06 - RÉFLEXION - Jean Cocteau 0:14 - REMARIAGE - Armand Salacrou 0:28 - REMORDS - Pierre Reverdy 0:39 - REPOS - André Prévost 0:50 - RÉVOLUTION - Maurice Chapelan 1:06 - RICHESSE - Félicité de Lamennais 1:18 - RIDICULE - Jules Noriac 1:32 - RIRE - Jean de la Bruyère
S : 1:42 - S'AIMER - Henri Duvernois 1:52 - SAGESSE - Frédéric II 2:04 - SAVOIR-VIVRE - Saint-Évremond 2:15 - SCEPTICISME - Louis-Désiré Véron 2:24 - SE COMPRENDRE - Romain Coolus 2:34 - SE TAIRE - Comte de Voisenon 2:45 - SE TUER - Théophile Gautier 2:56 - SINGE - Jean-Baptiste Say 3:08 - SOLITUDE - Maurice Toesca 3:18 - SUICIDE - Alexandre Dumas fils
T : 3:29 - TEMPS - Jean Martet 3:41 - TÊTE - Yves Constantin 3:54 - TOMBE - Xavier Forneret 4:04 - TRAVAIL - Jules Renard 4:19 - TROMPERIE - Sainte-Beuve
V : 4:30 - VALEUR - Marivaux 4:40 - VÉRITÉ - Louise d'Épinay 4:51 - VERTU DES FEMMES - Ninon de Lenclos 4:59 - VIE - Louis Aragon 5:10 - VIE ET MORT - Rastignac 5:22 - VIEILLE FEMME - Charles de Talleyrand-Périgord
5:35 - Générique
RÉFÉRENCE BIBLIOGRAPHIQUE : Jean Delacour, Tout l'esprit français, Paris, Albin Michel, 1974.
IMAGES D'ILLUSTRATION : Jean Cocteau : https://filmforum.org/film/jean-cocteaus-orphic-trilogy-testament-of-orpheus Armand Salacrou : https://lotincorp.biz/creation-affiches-publicitaires-etats-des-lieux-ville-douala-1/ Pierre Reverdy : https://lamediathequepatrimoine.files.wordpress.com/2022/09/p5-pr-jeune.jpg Maurice Chapelan : https://www.cambridgescholars.com/news/item/book-in-focus-the-poems-and-aphorisms-of-maurice-chapelan Félicité de Lamennais : https://en.muzeo.com/art-print/felicite-robert-de-lamennais-ecrivain/ary-scheffer Jules Noriac : https://fr.wikipedia.org/wiki/Jules_Noriac#/media/Fichier:Jules_Noriac_Nadar.jpg Jean de la Bruyère : https://www.ecured.cu/Jean_de_La_Bruyére#/media/File:Bruyere.jpg Henri Duvernois : https://www.delcampe.net/en_GB/collectables/programs/theatre-des-nouveautes-paris-la-guitare-et-le-jazz-de-henri-duvernois-et-robert-dieudonne-1928-1929-1034826850.html Frédéric II : https://www.calendarz.com/fr/on-this-day/november/18/frederick-ii-of-prussia Saint-Évremond : https://fr.wikipedia.org/wiki/Charles_de_Saint-Évremond#/media/Fichier:Charles_de_Marquetel_de_Saint-Evremond_by_Jacques_Parmentier.jpg Louis-Désiré Véron : https://fr.wikipedia.org/wiki/Louis-Désiré_Véron#/media/Fichier:Louis_Véron_-_engraving_-_Mirecourt_1855-_Google_Books.jpg Romain Coolus : https://picclick.fr/Portrait-Romain-Coolus-René-Max-Weill-Scénariste-Cinéma-225296515824.html#&gid=1&pid=1 Comte de Voisenon : https://www.abebooks.fr/art-affiches/Claude-Henry-Fusée-Voisenon
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