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Ivan Bounine (Autre)Andreï Makine (Autre)Anne F. Masurel (Traducteur)
EAN : 9782846794473
160 pages
Ginkgo (06/06/2020)
3.88/5   8 notes
Résumé :
Il faudrait imaginer un Tolstoï presque inconnu des Français, un Dostoïevski peu ou mal traduit, un Tchekhov ignoré. Hypothèse invraisemblable, mais qui permet de mesurer combien est étrange la méconnaissance de l'oeuvre de Bounine..." Ivan Bounine fut le premier écrivain russe à recevoir le prix Nobel de littérature, en 1933, alors qu'il était en exil en France et que l'U.R.S.S. s'attendait à voir Maxime Gorki, son écrivain officiel, être récompensé. Ce recueil con... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
L'Histoire est impitoyable ! Elle est capable de faire entrer un écrivain par la grande porte, d'inscrire son nom en lettres d'or sur le fronton avant de l'envoyer promener dans les méandres de l'oubli…

Ivan Bounine fut cet auteur russe qui côtoya les Tolstoï, Gorki, et autres Tchekhov. Après la révolution d'Octobre il s'exila en France où il vécu plus de trente ans et reçu le prix Nobel de littérature en 1933. Il est reconnu, en Russie, comme l'un des plus grands prosateurs du XXème siècle. Excusez du peu.

Et pourtant, aussi étrange que cela puisse paraître, son nom reste confidentiel chez les francophones. Il suffit de fouiller dans les étagères de libraires pour comprendre qu'il brille par son absence. Nous le considérons comme un écrivain de seconde zone écrasé par les vrais géants de la littérature russe mais qu'en est-il vraiment ? Trois roubles est un recueil de sept nouvelles traduites par Anne Flipo Masurel et préfacé par Andreï Makine de l'Académie française. Analyse.

Il ne faut pas dix phrases pour se laisser emporter par la prose de Bounine. Les mots s'enfilent, un après l'autre, telles les perles d'un collier élégant. L'auteur nous susurre ses histoires sur le ton de la confidence et on se laisse rapidement prendre au jeu. Qui sont ces personnages, où sont-ils et que veulent-ils ? Trois questions qui ne cessent de se poser au fil des pages. Bien plus qu'un style, c'est une force narrative qui se dégage de ces nouvelles:

» Il était évident qu'il l'aimait comme un fou cette Ida. Et maintenant vous pouvez imaginer ce qui arriva. Il arriva qu'à l'extrémité d'un quai latéral, Ida s'approcha d'un amoncellement de caisses, déblaya avec son manchon la neige sur l'une d'elles, s'assit et levant vers cet homme son visage légèrement pâli et ses yeux violets, elle lui dit d'un seul trait, dans un éclair de folie soudaine : » Et à présent, mon ami, répondez à une seule de mes questions : saviez-vous alors et savez-vous à présent que je vous ai aimé pendant cinq années entières et que je vous aime toujours ? »

Même si l'action de ces sept textes se déroule sur le territoire russe. Une étrange sensation de proximité se dégage hors de chacune des nouvelles. Elles pourraient se dérouler en France, à la même époque (c'est à dire entre 1915 et 1943) que cela ne choquerait aucun lecteur. Elles ont une universalité qui est rare dans la littérature russe du XIX et XXème siècle. le thème des relations amoureuses est central et est traité avec une modernité indémodable. La plume de Bounine savait ciselé l'essentiel en nous laissant de l'espace pour notre propre imagination.

Et puis il y a un juste milieu dans la plasticité des descriptions chez l'ami Ivan. Une nuance qui permet d'éviter l'écueil de la grandiloquence. Nous ne sommes pas engloutis par un auteur qui nous prend de haut. Nous sommes invités à rentrer dans une histoire à hauteur d'homme accessible au plus grand nombre.

» Au large, la mer formait un cercle presque noir sous la coupole légère et claire du ciel nocturne. Et perdu dans cette plaine obscure et arrondie, le petit bateau maintenait son cap, précis et opiniâtre. Sans fin, le sillon qu'il dessinait s'allongeait derrière lui dans un bouillonnement d'une blancheur lactée, très loin, là où le ciel se fondait dans la mer et où l'horizon, en s'opposant à cette blancheur, paraissait sombre et maussade… »

Enfin, il y a la nouvelle éponyme du recueil, Trois roubles. Un petit bijou d'une dizaine de pages qui met en avant le fragment d'une vie. Celle d'un homme qui pense accueillir une prostituée alors que la jeune fille se révèle être tout autre. Ivan Bounine parvient, en un instant, à dépeindre une histoire poignante où l'inattendu côtoie la cruauté de la vie sans tomber une seule fois dans un pathos larmoyant.

Un coup de coeur qui mérite d'être lu et relu pour se rendre compte que le prix Nobel de littérature de 1933 fut loin d'être un hasard. de plus, l'écriture fluide de Bounine est idéale pour quiconque voudrait avoir un premier contact avec la littérature russe. 😉
Lien : https://lespetitesanalyses.c..
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Ce recueil de nouvelles contient 6 nouvelles écrites entre 1915 et 1925, publiées précédemment en 1997 avec une préface d'Andreï Makine, et suivies de la nouvelleTrois roubles, écrite en 1944. La préface est très belle, elle apporte un éclairage sur l'oeuvre de Bounine et surtout m'a permis de comprendre mieux pourquoi il était méconnu : longtemps il fut perçu, tant en Russie qu'à l'étranger, comme le peintre du monde rural, du passéisme nobiliaire et de l'antibolchévisme. le temps a fait son oeuvre et en tout cas dans ce recueil, si nostalgie il y a, c'est une nostalgie universelle, celle d'anciennes amours, de rendez-vous manqués, d'occasions perdues et de regrets. J'ai trouvé que ce recueil où les nouvelles se suivent dans l'ordre chronologique avait une remarquable unité. La prose de Bounine est élégante, elle coule avec fluidité même quand ce qui arrive à ses personnages est un peu étrange, voire cruel. L'écriture est ciselée et finalement les amours du début du Xxème siècle se révèlent d'une grande modernité, à moins qu'elles ne soient intemporelles. Il y a une incroyable justesse de ton dans ces récits intimistes qui ne tombent jamais dans le pathos même quand la situation s'y prêterait, les scènes sont toujours racontées avec délicatesse, élégance, finesse.
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Recueil de 7 nouvelles, cette lecture m'a permis de découvrir cet auteur, Prix Nobel de Littérature, que je ne connaissais pas.
Je suis toujours un peu déçue par les nouvelles : récits toujours brefs qui me donnent envie de plus ... Ce fut la même impression aujourd'hui : je me suis plongée avec délice dans l'univers des personnages et j'en ai été expulsée trop vite!
J'ai beaucoup aimé la seconde nouvelle, Casimir Stanislavovitch, mais j'aurais tant aimé découvrir ce qui l'avait amené dans cette situation!
Bref, une très bonne découverte, que j'approfondirai avec d'autres titres, d'un auteur plein de finesse et de sensibilité.
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Bounine est une plume capable de retranscrire une sensibilité exacerbée. Sa prose est d'une grande pureté . La préface d'Andrei Makine est éclairante et sa filiation avec Bounine une évidence. L'oeuvre de Bounine est à découvrir absolument et ces quelques nouvelles constituent une parfaite entrée en matière.
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"Trois roubles" est un recueil de nouvelles de Ivan Bounine, prix Nobel de littérature 1933.

C'est le deuxième recueil que je lis de cet auteur et cette fois-ci j'ai bien aimé. En effet, l'ouvrage est mieux construit, plus harmonieux. Les nouvelles sont de longueurs égales et traitent d'un même sujet : les rencontres amoureuses.

La nouvelle "La nuit en mer" est particulièrement bien écrite. C'est un long dialogue entre un homme et l'amant de sa femme, 25 ans après les faits. Ils se retrouvent presque comme deux vieux amis.

La nouvelle "Trois roubles" qui donne son titre au recueil est pleine de fraîcheur et de tendresse.

Un joli petit recueil que je recommande, qui donne envie, contrairement au "Monsieur de San Francisco" que je n'avais pas beaucoup apprécié.
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Ces perles avaient reposé sur la gorge de celle que le destin avait comblé d'un amour si grand.
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La vanité choisit, l'amour véritable ne choisit pas.
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