Quel plaisir, après tout ce temps, de retrouver Évelina et Imogen, deux jeunes femmes exemplaires au charme ravageur liées par une amitié indestructible ; de rire de bon coeur de leurs réparties cinglantes, de leurs minauderies de femmes courtisées ; de voir ces deux ladies, le coeur léger et plein d'insouciance, s'embarquer dans des
histoires infernales, affronter les plus improbables dangers, et s'en sortir in extremis un sourire facétieux aux lèvres, ne déplorant tout au plus que la perte d'une épingle à cheveux et un léger froissement au bas de leurs belles robes en soie.
Comment vous dire ! Évelina et Imogen, c'est la légèreté, le charme, la joliesse, un petit matin d'été, un rire cristallin, la jeunesse éternelle, un fard aux pommettes, un coeur qui se froisse d'amour ; c'est la magie des
arbres, des oiseaux, et du vent ; c'est un ange déchu, c'est un charmant bricoleur, c'est tout l'orgueil de l'indomptable Niccolo, ce sont des valses à n'en plus finir et du courage à revendre. Évelina et Imogen, c'est un peu tout cela, et plus encore que ce petit inventaire à la
Prévert pas sérieux du tout.
Toutes ces couleurs chatoyantes viennent déstabiliser, chambouler, tournebouler la grisaille de la société victorienne avec ses mensonges, ses tyrannies, ses belles manières, son cérémonial affecté et bouffi.
Il s'agit toujours pour nos deux héroïnes de confondre le meurtrier d'une malheureuse domestique. Mais derrière cet assassinat se cachent de bien noires desseins. Comme pour le premier tome, Sherlock Holmes, l'oncle d'Évelina, arrive dans l'histoire comme un cheveu dans la soupe. Il va y foutre un foutoir tel qu'Évelina, Imogen, leurs prétendants, les barons de la vapeur, les méchants, les gentils, le maléfique Magnus, la Reine d'Angleterre et le lecteur en prime ne vont plus rien y comprendre. C'est par pure espièglerie, je crois, que le célèbre détective se contentera de dévoiler une partie de la vérité, une petite partie seulement, histoire de nous faire patienter encore quelques mois avant la sortie du troisième tome.
J'ai adoré.