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EAN : 9782204086776
700 pages
Le Cerf (18/03/2010)
4.93/5   7 notes
Résumé :

Écrivain trop tôt disparu, Vincent La Soudière (1939-1993) n'aura publié de son vivant qu'un recueil de proses poétiques, Chroniques antérieures (Fata Morgana) qui ne pouvait laisser soupçonner l'ampleur de sa production. Henri Michaux, dont il fut l'ami, a dit de lui : " ... je sais qu'il n'écrira jamais rien de gratuit. Ce qu'il fera connaître est important. " Cet auteur méconnu laisse de nombreux é... >Voir plus
Que lire après C'est à la nuit de briser la nuit : Tome 1, Lettres à Didier (1964-1974)Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Si Enrique Vila-Matas était autre chose qu'un phénomène commercial qui n'a pas grand rapport avec la littérature, comme ses dernières productions le prouvent suffisamment, nul doute qu'il aurait réservé une place de choix au cas de Vincent La Soudière, pourquoi pas dans une version revue et augmentée de son trop fameux Bartleby et Cie. Parfois, les petits gadgets éditoriaux sont rappelés à la réalité et les faiseurs, confrontés avec les écrivains.
Lien : http://www.juanasensio.com/a..
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Il peut être angoissant, à de certaines heures, d'avoir à supporter le poids de sa propre existence, le fardeau de sa vision personnelle. Alors, on sait que l'on est seul, seul devant sa liberté : espace effrayant, image de cauchemar. "Être seul pour être soi". Et l'on cherche fébrilement à se décharger de son effroi... dans une croyance, quelle qu'elle soit. L'on reprend pied comme l'on peut , avec un estomac qui digère bien, un voyage pittoresque, une fille à baiser, un livre à écrire ou un dieu à adorer. C'est qu'il n'est de liberté humaine qu'incarnée, et qu'il faut bien qu'une figure, n'importe quelle figure, réponde à notre attente angoissée. p 217
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Savoir si je saurai m’extraire du bourbier de silence et de démission où je m’enlise depuis des années. J’en ai perdu les avantages (de la solitude) et n’en subis à présent que les inconvénients : quasi-impossibilité de travailler et de croire à mon travail, refus des autres (de leur aide), et, tout récemment, douloureuses crises nerveuses à base d’insomnies, de troubles respiratoires, de confusion mentale, de tremblements, de phobies variées, etc. Mon médecin consulté juge cet état assez inquiétant. Il m’a donné un petit traitement neurologique pour enrayer ce processus dépressif ― dont les symptômes me rappellent tragiquement (en moins accusé, certes) ceux du grand bouleversement d’il y a vingt ans. L’impossibilité de fixer mon attention sur une page de livre, donc de lire, en est un des plus pénibles ; qui ne s’était pas manifesté depuis vingt ans.
Ceci pour te dire que tout cela forme un tout « symptomatique », en relation étroite avec l’être nouveau appelé à naître. Tout (et tous) me le confirme. Le modèle Michaux ne peut être le mien ; ses refus, sa solitude n’ont absolument pas la même signification, la même portée que les miens. Il a son œuvre derrière lui, il a 80 ans ; il peut se permettre (il doit) de refuser les sollicitations du monde (les plus inutiles, en tout cas). Il peut jouer les sages (peut-être en est-il un…). Mais pour moi, « jouer les sages », c’est la mort. Celui qui n’a rien à manger ne peut se permettre de refuser le morceau de pain qu’on lui propose. Ce serait de la folie, de l’autodestruction ― la négation et le mépris de la vie (et de Dieu).
Je ne veux plus vivre comme je vivais. Ma solitude était réelle ; c’est-à-dire qu’elle excluait la relation humaine. Je me drapais dans l’orgueil du non serviam (jusqu’à ne pas ― ou ne pas pouvoir ― écrire). Situation dont l’aspect destructeur m’est apparu soudain il y a quelques mois.
Est-ce capituler ? Baisser pavillon (Pavillon à tête de mort?) savoir si je saurai m’extraire du bourbier de silence et de démission où je m’enlise depuis des années. J’en ai perdu les avantages (de la solitude) et n’en subis à présent que les inconvénients : quasi-impossibilité de travailler et de croire à mon travail, refus des autres (de leur aide), et, tout récemment, douloureuses crises nerveuses à base d’insomnies, de troubles respiratoires, de confusion mentale, de tremblements, de phobies variées, etc. Mon médecin consulté juge cet état assez inquiétant. Il m’a donné un petit traitement neurologique pour enrayer ce processus dépressif ― dont les symptômes me rappellent tragiquement (en moins accusé, certes) ceux du grand bouleversement d’il y a vingt ans. L’impossibilité de fixer mon attention sur une page de livre, donc de lire, en est un des plus pénibles ; qui ne s’était pas manifesté depuis vingt ans.
Ceci pour te dire que tout cela forme un tout « symptomatique », en relation étroite avec l’être nouveau appelé à naître. Tout (et tous) me le confirme. Le modèle Michaux ne peut être le mien ; ses refus, sa solitude n’ont absolument pas la même signification, la même portée que les miens. Il a son œuvre derrière lui, il a 80 ans ; il peut se permettre (il doit) de refuser les sollicitations du monde (les plus inutiles, en tout cas). Il peut jouer les sages (peut-être en est-il un…). Mais pour moi, « jouer les sages », c’est la mort. Celui qui n’a rien à manger ne peut se permettre de refuser le morceau de pain qu’on lui propose. Ce serait de la folie, de l’autodestruction ― la négation et le mépris de la vie (et de Dieu).
Je ne veux plus vivre comme je vivais. Ma solitude était réelle ; c’est-à-dire qu’elle excluait la relation humaine. Je me drapais dans l’orgueil du non serviam (jusqu’à ne pas ― ou ne pas pouvoir ― écrire). Situation dont l’aspect destructeur m’est apparu soudain il y a quelques mois.
Est-ce capituler ? Baisser pavillon ? (pavillon à tête de mort).
Nullement. C’est courage de vivre, au contraire ; tentative d’« être ce que je suis » ― dans les étroites limites qui sont désormais les miennes ? (pavillon à tête de mort).
Nullement. C’est courage de vivre, au contraire ; tentative d’« être ce que je suis » ― dans les étroites limites qui sont désormais les miennes.
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L'existence est une fièvre ajoutée à un néant ; l'Art rend possible L'Assomption de cette fièvre ; et c'est notre grandeur inespérée, notre bonheur inconcevable.
Ce pressentiment constitue l'unique lueur qui brille encore dans ma face charbonneuse. p 160
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Car c'est à la nuit de briser la nuit. Et de cette estocade naîtra une blanche échelle de corde pour surmonter la terreur.
Lettre 69, 10 juillet 1968, p154
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Mais tout est vain. Même l’offrande de l’homme parvenu au plus extrême de son âme. Les chose, seules, rient du bonheur et s’interpellent radieusement dans l’espace du monde. Nous ne parviendrons jamais au lieu de leur festin. Pourtant, la harpe dont elles tirent leurs liesses nous appartient. Elle retentit sous nos yeux de suprêmes musiques. Mais un immense verrou de cristal invisible nous interdit l’accès de cette noce. Et nous expirons chaque jour dans les sables, à deux pas de notre vie, indéfiniment incarcérés dans notre cerveau de métal.
Le vent pourtant avait ton visage…inaccessible…
La brume du matin sur la montagne, c'était la caresse que j'aurai pu te donner.
les vagues lumineuses jouaient avec mon cœur.
Mais dans ma poitrine un trou noir comme un gouffre…
À croire qu’un continent entier jadis se détacha de moi où il s’asphyxiait pour s’en aller au loin chanter et fleurir.
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Video de Vincent La Soudière (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Vincent La Soudière
Dans le cadre d'un entretien pour "Les nuits rêvées de France Culture", Martin de La Soudière, le frère du poète, confie à Marc Floriot quelques mots rapides à l'égard de Vincent. C'est une des seules mentions du poète à la radio française. Son œuvre, majoritairement posthume, commence à peine d'être découverte. Elle n'aurait sûrement point apparue sans l'impulsion de Sylvia Massias, universitaire, et Juan Asensio, critique littéraire.
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