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EAN : 9782830916201
160 pages
Labor et Fides (11/01/2017)
4/5   1 notes
Résumé :
Ce recueil regroupe des articles et conférences du grand théologien protestant Paul Tillich sur le judaïsme et ses rapports avec le christianisme. Tillich voit dans le judaïsme un effort pour se libérer du paganisme qui est la religion de la terre ancestrale. Quand Abraham, à l'appel de Dieu, quitte son pays, sa patrie, la maison de son père, il s'arrache à la domination de l'espace pour entrer dans le temps. Si au lieu de sacraliser et d'opposer leurs contrées resp... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Fils de pasteur, pasteur lui-même, puis professeur d'université, en Allemagne, puis aux Etats-unis après 1933, les articles de ce recueil sont, de 38 à 52, à Ne-York, publiés, énoncés à la radio ou dans le cadre de conférences et en 59, à Oxford et Chicago. Quatre conférences composent la plus grande contribution de ce recueil ont été prononcées à Berlin en 1952.

Dans toutes ces communications, Tillich s'interroge sur les rapports entre germanité chrétienne (protestante) et judaïsme, évidemment dans son contexte historique. Il oppose l'espace qu'il associe au polythéisme, au nationalisme et à l'injustice car les équilibres ne sont obtenus que par des conflits territoriaux ; au temps, rapproché du monothéisme prophétique qui rend possible une justice universelle, à commencer par le judaïsme, qui se renouvelle dans l'aspiration de l'amour chrétien. le christianisme sombre dans le nationalisme s'il oublie sa vocation prophétique (ce qui s'est produit en Allemagne) quand l'antijudaïsme, tendance intellectuelle à scinder le christianisme du judaïsme sans prétendre pour autant le détruire, s'est changé en antisémitisme, généralisation de la culpabilité d'un seul, Judas, à un peuple, pour le nier et imposer face à son dieu le dieux chrétien. C'est alors que le Christ devient un prophète parmi les autres, une idole anonyme et que le christianisme sombre dans le paganisme (dont la tradition historique du nord de l'Allemagne, indique Tillich, restée en dehors de la christianisation romaine, aurait facilité le retour). Dans ce processus, la foi, qui est une confiance antérieure à toute forme de raison, devient une croyance en des dogmes prononcés par une autorité et, pour se renforcer, s'adjoint l'aide de la volonté : la foi devient obéissance. Il manque, ajoute Tillich, un modèle de réalisation de soi qui réponde à la demande des masses - comme celui de gentleman en Angleterre, de citoyen en France et de réalisation des droits de l'homme aux Etats-Unis - et permettent aux membres de la communauté germanique de s'accorder sur un même modèle de réalisation de soi. Décidément très critique, et conformément à ce qu'il indique, les intellectuels allemands n'ont cessé de s'opposer à leur population, à prétendre l'éduquer plutôt que d'en révéler les aspirations profondes et d'y répondre - à les maintenir dans un statut de masse dont se dissocie l'élite pensante. Goethe est cité en exemple. Si bien que le fonctionnaire est le modèle de réalisation de l'homme du quotidien allemand, modèle qui clive la société plutôt qu'elle ne l'unit. le modèle de réalisation de soi trouvé par le national-socialisme, la "race", pour paradoxal qu'il soit, est accepté car il ne remplace rien, il comble un vide, une aspiration restée sans prolongement et qui se trouvait occasionnellement dans l'imitation des cultures étrangères. C'est là, dit Tillich, que se trouve un point commune entre judaïsme et germanité, dans le déni ou refus de soi, l'exigence de se réaliser soi-même sans intégrer l'étranger en soi, refuser cette part étrangère en soi, et au contraire, s'y projeter quand elle reste extérieure, dans ce fantasme de sortie de soi. Pour éviter que le christianisme ne devienne un nationalisme, pour éviter que le judaïsme n'enferme pour soi la sauvegarde de la justice humaine, y compris contre les autres communautés, il faut que les chrétiens se souviennent que sans la prophétie juive, leur messie et leur religion déchoient, et que les Juifs se souviennent, sans que cela obère la constitution d'un Etat, que la vocation du judaïsme, du "Peuple du Temps", se réalise dans la diaspora. L'existence du christianisme ne peut se faire en détruisant le judaïsme, conclusion à laquelle l'Eglise primitive était aussi arrivée qui a uni l'Ancien et le Nouveau Testament.
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
D'aucune autre nation, on ne peut dire qu'elle est la nation du temps au sens où l'est la nation juive. Elle incarne le conflit permanent qui oppose depuis toujours l'espace et le temps. La perte de son espace à maintes reprises depuis l'époque des grands prophètes jusqu'à aujourd'hui ne la pas empêchée d'exister. Si on la considère comme une nation de l'espace, elle a comme toutes les autres nations un destin trafique, mais en tant que nation du temps, elle se situe au-delà de la tragédie, parce qu'elle se situe au-delà du cercle de la vie et de la mort.
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La culpabilité peut signifier que quelqu'un est la cause directe et immédiate d'un acte qui le rend coupable [...] En un deuxième sens, la culpabilité désigne un exercice insuffisant de la responsabilité [...] En un troisième sens, la culpabilité est le refoulement de ce que l'on sait [...] J'en arrive à une quatrième conception de la culpabilité, cele de l'ouvli, proche de la troisième, car elle répond au même mécanisme psychologique, mais en le tournant vers le futur. On ne veut pas savoir, c'est-à-dire on ne veut pas se souvenir, on veut oublier. [...] Oublier signifie ne pas laisse ce qui est arrivé influencer le futur, l'effacer comme facteur d'avenir. C'est ce qui fait de l'oubli une faute. [...] Ces deux dernières formes de culpabilité sont en partie inconscientes. Elles sont donc tragiques, mais elles relèvent pourtant de la culpabilité, car on peut les connaître. En dernier lieu, je mentionne une cinquième sorte de culpabilité qui est tout à fait consciente, à savoir le raisonnement calculateur qui dit : "Nous avons mal agi, mais nous avons aussi souffert en conséquence. Des gens ont souffert à cause de nous et maintenant nous souffrons à cause d'eux, nous sommes à égalité.
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Pour transformer Jésus en une idole parmi d'autres ou en un dirigeant ou un prophète national, il faut le sortir du contexte de la prophétie vétérotestamentaire. Car cette prophétie combat continuellement contre le nationalisme religieux de son temps. Le Nouveau Testament se situe en continuité avec ce combat. Si l'on brise cette continuité, il n'est plus rien. L'Eglise le savait quand elle a décidé que l'Ancien Testament fonde le Nouveau. Dans son opposition au national)socialisme l'Eglise fait à nuvea la même expérience qu'au IIIème siècle dans son opposition au gnosticisme : l'esprit du judaïsme prophétique est le seul esprit qui peut éviter à l'Eglise de sombrer de nouveau dans une religion nationale, c'est-à-dire dans le paganisme.
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Le choix de douze disciples (et la reconstitution d'un groupe de douze après la trahison de Judas) ne vient pas du hasard, mais répond symboliquement à une intention. Il signifie que, selon l'Eglise primitive, Jésus entendait continuer la tradition juive : les douze tribus d'Israël préfigurent l'Eglise qui n'abroge pas mais accomplit la communauté juive, sur une base évidemment universelle et non nationale. Ce courant de pensée n'implique aucun antijudaïsme.
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Le peuple qui représente le temps contre l'espace est nécessairement l'ennemi de tous les nationalismes et de tous les impérialismes liés à un lieu. Il y a eu un antijudaïsme romain bien avant celui des chrétiens. Dans le Panthéon romain, les dieux de tous les espaces étaient réunies, mais ils étaient tous soumis au dieu de l'espace romain. Les Romains sentaient qu les juifs, à travers le Dieu du temps qu'ils servaient, attaquaient l'espace de l'Empire.
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