La joie prend en défaut « l’esprit de sérieux », au sens de celui qui se prend excessivement au sérieux, qui, engoncé dans ses problèmes, oublie d’aller à pas vif et léger dans l’existence. Joyeusement. Sans pesanteur névrotique. La Joie est un signe de santé de l’esprit, son absence est inversement le signe que quelque chose ne va pas. Le mental qui repasse sans cesse le disque des vieilles rancunes du passé, d’une histoire calamiteuse et qui finalement absorbe entièrement le sujet dans ses macérations personnelles, tue la joie de vivre. Il suffirait qu’il lâcher prise. Et la joie qui est toujours dejà-là, pourrait monter comme une vague et submerger le paysage triste des pensées moroses.
Les très jeunes enfants connaissent la joie et son ivresse, car ils ne sont pas encore dissociés d’eux-mêmes. Le sens de l’ego ne vient pas immédiatement ; avant deux ans, l’enfant n’a pas encore développé une image de lui-même, il coïncide joyeusement avec l’Etre. La Joie pétille dans son regard, il est facétieux et vivant. Il n’est pas encore contaminé par l’esprit de sérieux mortel de l’ego.
La joie sans mélange n’appartient pas au temps, la Joie pure est intemporelle. Elle est comme un pétillement d’éternité. C’est là que se trouve l’extraordinaire, car cela veut dire qu’il est possible de demeurer en permanence dans la Joie.
Regardez dans la rue d’une grande ville l’opposition entre le maître qui teint la laisse, parfois avec un visage fermé dans la souffrance et le chien devant, tout joyeux, qui batifole ! Si ce n’est au cours de la promenade, ce sera plus tard, il y aura bien un moment, où le chien déridera son maître et lui tirera un sourire. D’ailleurs jouons sur les mots. La Joie est un peu folle.