Respire l'espace de la nuit
pour approfondir ton désir ,
avale avec ce souffle
une goulée d'astres et de constellations
écrase de tes dents une grappe de galaxies.
Tu es né pour la splendeur
une autre sorte d'ange. Il est étrange
que tu refuses en toi cet infini.
Roule les étoiles dans ta main,
jette-les au loin, au fond
de ton esprit, où elles brûlent
et se dissipent en poussière d’or
colorant les galaxies.
D’où vient l’odeur d’une rose jaune,
et quel est le lien entre
cette senteur frêle, orangée,
qui s’épuise, voluptueusement,
quand elle expire,
et l’alchimie des astres
en travail de calcul dans ta cervelle
où se concentre l’essence de la lumière,
l’opulent désastre de tous les mondes,
perçu à travers les feux des nombres
aspirés par les Trous noirs,
que conserve avec eux la fine pointe
de ta pensée ?
Vous êtes l’un pour l’autre un aveugle
voyant. Tu tâtes lentement la paroi de son âme
du bout d’un roseau blanc. Il palpe ta présence
avec une tige d’hysope aussi sensible
qu’un regard. Vos deux rayons se croisent
en tremblant de joie. Chacun pense que l’autre
est plus grand que lui. Une goutte de rosée
scintille à la pointe des doigts de votre esprit.
Cette danse improvise le jeu sacré
semblable à une marche
divinement légère
au sein des flammes
où le corps se transfigure
en feu qui ruisselle,
pour remplir la nouvelle chair
d’une rosée plus fraîche
que l’haleine soufflant des rives
de l’éternité.
Dans le laboratoire de Poésie Pratique, Jean Mambrino