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EAN : 9782878586053
114 pages
Viviane Hamy (07/05/2015)
3.62/5   8 notes
Résumé :
Tout l'art de Gazdanov consiste à observer sans a priori ses frères humains, particulièrement les exilés, les déracinés en quête d'identité, pour les fixer d'un trait et en faire des personnages inoubliables... La révolution bolchevique gronde et des cohortes de Russes blancs ont rejoint la France, où leur sort a basculé. Les protagonistes des quatre nouvelles inédites rassemblées dans Cygnes noirs incarnent magnifiquement le tragique, l'absurde et le hasard des des... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Ouvrier à l'usine, il potasse Saint-Simon, cynique il ne trouve aucun sens à la vie et son seul rêve est de partir pour l'Australie, voir “les cygnes noirs”,
Personnage public mystérieux, face à son « mensonge sublime n'importe quelle vérité pâlit et devient inutile »,
Gricha, l'amertume d'une vie vécue sans avoir compris où se trouve le bonheur, dont l'office des morts célébré par une choral de fortune est à couper le souffle, “Untel a jadis chanté l'opéra, tel autre l'opérette, un troisième au café-concert. Et, bien entendu, nous avions tous, jadis, chanté dans une chorale. Quant à l'office lui-même, chacun le connaît depuis l'enfance –et jusqu'à son dernier souffle.”,
Nikolaï Frantsevitch, homme cultivé, fin lettré, pérenne, sans histoires, dont les mystérieuses lettres signées M.Ivanov, révèlent l'inimaginable.

Un excellent auteur russe exilé à Paris, que je viens de découvrir grâce à Arabella, que je remercie en passant. Ces quatre histoires ont pour cadre Paris dans les années 30-40 et se terminent tous par la mort. Ses personnages sont des exilés russes, rescapés de la révolution bolchevique, “des êtres sans avenir, amputés de leur passé devenu incompatible avec leur nouvelle existence et qui, au lieu de constituer le socle de la personnalité de chacun, n'est plus qu'un fardeau encombrant, voire pernicieux ou fatal.” En découle, une désillusion profonde de la vie occasionnée par cet exil, sans aucun doute celle de l'auteur lui-même qui en subit l'affront. Même si le propos est acerbe, il est traité avec beaucoup de lucidité et riche en vérités intemporelles (« ce qui intéresse vraiment l'être humain, ce n'est pas comment il vit, mais comment il voudrait ou devrait vivre. »), qui traduit du russe dans une prose élégante, élaborée et exigeante, n'en creuse que davantage le sillon. Une mention spéciale pour le dernier récit , “Les lettres d'Ivanov”, avec sa superbe chute et réflexion finale du narrateur.
Une très belle découverte à poursuivre.....

“.....le progrès ou la démocratie ne relèvent-elles pas d'une aberration ? Pourtant, elles ont coûté la vie à des millions d'individus.”
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Les écrivains russes qui ont fuit leur pays après la révolution sont nombreux, mais surtout il y a parmi eux de nombreux auteurs de grand talent. Si certains sont très connus : on peut citer bien sûr Nabokov, ou Bounine couronné par un prix Nobel ; d'autres n'ont pas accédé à la reconnaissance que leurs oeuvres méritent. C'est le cas de Boris Zaïtsev, que j'ai découvert récemment, c'est aussi le cas de Gaïto Gazdanov, dont heureusement les éditions Viviane Hamy ont entrepris depuis quelques années d'éditer les oeuvres.

Cygnes noirs, est un recueil de quatre nouvelles. Toutes se passent en France, pays dans lequel Gazdanov a vécu jusqu'à sa mort en 1971. Trois d'entre elles ont pour protagonistes principaux des émigrés russes, comme c'est la cas dans les autres écrits de l'auteur que j'ai lu jusqu'à maintenant ; la quatrième nouvelle imagine un épisode de la vie de Clemenceau à la fin de sa vie, dans lequel le narrateur russe a une part active.

La forme courte va bien à Gazdanov, son art de créer, de rendre vivants des personnages, convient au format de la nouvelle. A chaque fois un épisode particulier résume un personnage, le narrateur, un peu en retrait, est une sorte de témoin privilégié qui nous restitue l'essentiel, sans fioritures inutiles, mais en prenant le temps de dire ce qui est vraiment important, chaque détail ayant son importance, même si nous ne la comprenons qu'une fois le récit achevé.

La langue est travaillée, sans surcharge mais avec soin et élégance, et un certain humour et second degré sont plus présents que dans les romans que j'ai lu de l'auteur, même si l'univers de ces exilés dont la vie n'est pas forcément facile (comme n'est pas non plus facile la vie d'un certain nombre de Français que l'on entrevoit en filigrane ) et se teinte d'une certaine nostalgie; le sens des choses a besoin d'être interrogé en permanence après le séisme du départ du pays natal, et parfois le désespoir prend le dessus.

Très bon recueil, à qui on pourrait juste reprocher d'être trop court.
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Quatre nouvelles sur des exilés russes dans le Paris du milieu du XXème. Personnages improbables. Un peu émouvant, un peu ennuyeux.
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
–Voyez-vous, mon ami, se disputer est à mon avis une perte de temps. Si je m’adresse à quelqu’un, qu’est-ce qui m’intéresse chez lui ? Ses idées, sa façon de penser. Mon but, et pas seulement le mien, est de le pousser à exprimer ses idées et à essayer de les comprendre. J’irais jusqu’à prétendre que plus elles sont éloignées des miennes, plus elles m’intéressent. Je ne cherche pas à convaincre mon interlocuteur de partager mon avis. D’ailleurs, si l’on poursuit ce raisonnement jusqu’aux extrêmes, on s’aperçoit que celui qui réussit à imposer ses opinions finit par entendre répéter ses propres propos ; la conversation n’a ainsi plus de sens. L’intérêt commence là où les opinions et les personnalités divergent.
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–Tu te reposeras dans l’au-delà, Spiridon Ivanovitch, intervint Volodia,......... Là-haut, j’imagine, il n’y a que des nuages et des anges, rien d’autre.
-De l’or non plus, remarqua l’un des clients.
-Ça, c’est à voir, objecta Volodia. Un jour, je suis entré à Notre-Dame de Paris et j’ai découvert une boîte à offrandes portant l’inscription « pour les âmes du purgatoire ». Cela veut dire qu’on y reçoit quand même de l’argent.
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Il tenait la plupart des économistes pour des imbéciles ;.........
-Non. Pourtant, vous-même, vous avez consacré beaucoup de temps à ces questions.
-Oui, malheureusement, coupa-t-il. Mais cela n’a rien donné qui vaille, ce sont des sornettes, de la poussière ; la société n’a qu’un seul fondement : le vol mutuel –or, aucun traité d’économie n’en souffle mot.
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Nikolaï Frantsevitch m'évoquait le personnage de quelque roman non publié, fruit de l'imagination d'un auteur inconnu qui, l'ayant décrit avec succès dans les menus détails, aurait échoué dans l'essentiel : lui insuffler la vie. Ce héros, par conséquent, serait resté artificiel, sans chair, approximatif : il lui aurait manqué cette évidence matérielle que possède n'importe quelle blanchisseuse ou n'importe quel comptable.
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Au bout de quelque temps, j'eus ainsi l'impression que cela n'avait jamais existé, qu'il s'était agi d'une hallucination, d'une brève incursion de l'éternité dans la réalité historique et contingente, notre réalité, où nous prononcions des mots étranges dans une langue étrangère, sans savoir où nous allions, pas plus que d'où nous étions venus.
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Video de Gaïto Gazdanov (1) Voir plusAjouter une vidéo

Gaïto Gazdanov : Le Retour du Bouddha
Olivier BARROT, présente le livre "Le retour de Bouddha" (éditions Viviane Hamy) de Gaïto GAZDANOV à bord du bus 47 (à Paris). Une femme montre le livre. Un homme demande à Barrot (qui est maintenant dans le jardin des plantes., s'il a du feu, il lui répond qu'il ne fume pas.
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