Ouvrier à l'usine, il potasse
Saint-Simon, cynique il ne trouve aucun sens à la vie et son seul rêve est de partir pour l'Australie, voir “les
cygnes noirs”,
Personnage public mystérieux, face à son « mensonge sublime n'importe quelle vérité pâlit et devient inutile »,
Gricha, l'amertume d'une vie vécue sans avoir compris où se trouve le bonheur, dont l'office des morts célébré par une choral de fortune est à couper le souffle, “Untel a jadis chanté l'opéra, tel autre l'opérette, un troisième au café-concert. Et, bien entendu, nous avions tous, jadis, chanté dans une chorale. Quant à l'office lui-même, chacun le connaît depuis l'enfance –et jusqu'à son dernier souffle.”,
Nikolaï Frantsevitch, homme cultivé, fin lettré, pérenne, sans histoires, dont les mystérieuses lettres signées M.Ivanov, révèlent l'inimaginable.
Un excellent auteur russe exilé à Paris, que je viens de découvrir grâce à Arabella, que je remercie en passant. Ces quatre histoires ont pour cadre Paris dans les années 30-40 et se terminent tous par la mort. Ses personnages sont des exilés russes, rescapés de la révolution bolchevique, “des êtres sans avenir, amputés de leur passé devenu incompatible avec leur nouvelle existence et qui, au lieu de constituer le socle de la personnalité de chacun, n'est plus qu'un fardeau encombrant, voire pernicieux ou fatal.” En découle, une désillusion profonde de la vie occasionnée par cet exil, sans aucun doute celle de l'auteur lui-même qui en subit l'affront. Même si le propos est acerbe, il est traité avec beaucoup de lucidité et riche en vérités intemporelles (« ce qui intéresse vraiment l'être humain, ce n'est pas comment il vit, mais comment il voudrait ou devrait vivre. »), qui traduit du russe dans une prose élégante, élaborée et exigeante, n'en creuse que davantage le sillon. Une mention spéciale pour le dernier récit , “Les lettres d'Ivanov”, avec sa superbe chute et réflexion finale du narrateur.
Une très belle découverte à poursuivre.....
“.....le progrès ou la démocratie ne relèvent-elles pas d'une aberration ? Pourtant, elles ont coûté la vie à des millions d'individus.”