Dans son style bien particulier l'auteur défend l'idée que les êtres vivants ne suivent pas un programme ou un plan d'organisation qui serait dicté par la combinaison des gènes contenus dans l'ADN. Il démonte ainsi point par point les idées avancées par les penseurs de la théorie synthétique de l'évolution comme
Ernst Mayr qui voyaient dans l'espèce une réalité concrète. de même les avatars qui sont venus encore récemment confortés les hypothèses de ce courant de pensée comme une certaine utilisation de la théorie de l'information sont ici battus en brèche.
Il montre tout d'abord qu'il s'agit d'une attitude de langage qui permet à l'être humain de catégoriser ce qui l'entoure. Ainsi la notion d'espèce ou l'échange d'informations seraient des conventions permettant de formaliser les observations qu'il ne faudrait pas confondre avec la réalité des choses observées.
Il utilise ensuite le fait que même lors de phases de stabilité, les organismes évoluent continuellement. Pour bien comprendre cette notion d'une pérennité dans le changement paraissant à première vue paradoxale et/ou contre-intuitive, il nous décrit dans un langage clair les interrelations profondes entre ce qu'il nomme les « impulsions » données par l'ADN et l'environnement dans lequel l'organisme évolue. Si l'environnement est relativement stable, il n'y a pas de raison pour qu'un tri profond se fasse. Ainsi les formes de vie de cet écosystème ne changent que de manière diffuse à la faveur des recombinaisons génétiques et de leurs modalités d'expression dans cet environnement donné. le gène est dès lors passé du stade de programme tout puissant à celui de partenaire de l'environnement et des phénomènes épigénétiques (comme les formes de transmission culturelle pour certaines espèces animales -baleines, singes, humains-).
La partie la plus « utilitariste » consiste à voir ce que ce partenariat évolutif a comme impact sur la compréhension des maladies et notamment des cancers. Longtemps pensées comme un phénomène malin qu'il suffirait d'extraire, les métastases cancéreuses sont désormais comprises comme le fait de systèmes de communication physico-chimiques coupés entre les cellules cancéreuses et ce qui les entoure. Les travaux tentant de réconcilier la métastase avec son environnement sont ainsi prometteurs. Ce court essai ne se contente donc pas d'une relecture de la pensée darwinienne. Il ouvre des fenêtres sur ce qu'apportent actuellement les recherches sur l'évolution tant dans les recherches tant paléontologiques, zoologiques, techniques et culturelles que médicales.