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Michel-François Demet (Éditeur scientifique)
EAN : 9782253132394
1492 pages
Le Livre de Poche (01/01/1998)
4.32/5   11 notes
Résumé :

Histoire d'une jeunesse :La Langue sauvée (1905-1921)Histoire d'une vie :Le Flambeau dans l'oreille (1921-1931)Histoire d'une vie :Jeux de regard (1931-1937)Le Territoire de l'homme(1942-1972)Le Coeur secret de l'horloge(1973-1985)

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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
La lecture de la langue sauvée d'Elias Canetti reste comme une trouée d'oxygène qui conduit à la sphère de l'absolu. L'autobiographie embarque par sa puissance et sa densité dans une traversée temporelle, géographique et anthropologique hors du commun. Aucun voyage ne saurait remplacer une telle expérience. L'écrivain, pudique sur sa souffrance, découpe le monde de son enfance avec la précision d'un grand chirurgien. L'Europe au début du XXème siècle a disparu corps et âme. Elle continue de vibrer dans ces pages avec sa culture, ses démons, sa douceur, si proche de la nature, ses paysages mais aussi son humanité arrogante et sèche. Canetti, par le biais d'un apprentissage intellectuel forcené, se perd dans une boulimie de connaissances que sa mère lui prodigue. Il devient un être immatériel et secret encombré par sa singularité, après la perte irréparable d'un père trop vivant, trop tôt disparu et des déménagements multiples (Bulgarie, Angleterre, Autriche, Suisse). le livre chemine parmi les rencontres fictives et réelles et fait assister à l'édification progressive d'une personnalité singulière. La judaïté se recouvre peu à peu de toutes les cultures auxquelles l'enfant doit s'adapter, sans rechigner, aiguisant la lame de la culpabilité et de la solitude. J'ai aimé ce livre pour sa capacité à transmettre l'innocence, l'appétit des jeunes années en proie aux exigences des adultes. Il y a dans ce livre une recherche de la vérité, un élan naturel et naïf vers le savoir qui le rend admirable et désarmant. L'expérience qu'il relate n'est peut-être pas si rare, mais la force de l'écriture, sa véracité, la souffrance qu'elle trahit emporte le lecteur dans une émotion nouvelle, loin des clichés d'une vie exceptionnelle. En lisant, on s'identifie à cet être que l'on ne sera jamais. Un être monstrueusement civilisé. Les langues qui l'emplissent portent l'authenticité du diamant et l'illusion de son éclat. Il oscille entre la fascination divine d'un savoir infini et l'assujettissement à la tyrannie de la pensée. le livre illustre à la fois le génie qui sait rendre le monde et ses contradictions palpables et la souffrance universelle de l'incompréhension. du Jules Vallès sans l'humour, du Proust sans les sensations. L'expérience de lecture dépose dans l'âme du lecteur les traces d'une existence pleine. Une oeuvre qui par son tact et son intelligence force l'admiration et le respect.

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Une météorologie personnelle de l Europe Centrale à l aube du XXème siècle par un érudit (qui ne fait rien de ses mains hormis cueillir une fleur du chemin)
Rencontres improbables et découvertes d écrivains et créateurs devenus célèbres ou disparus des radars .
Ce qu il m en reste: essentiellement un don de curiosité insatiable tant en littérature théâtre arts divers et une capacité d analyse efficace via la confrontation.
l après guerre 14 18 est prégnante : misère des peuples et esprit de revanche (un jour ....il faudra apurer les comptes )
Voyages et études universitaires entre Berlin Zürich, Vienne, conférences et débats interminables dans les cafés (ceux de Vienne particulièrement ) C est la part d intellect de ce long récit ,l autre versant est le type de rapports noués entre un fils et sa mère (le père étant décédé violemment quand il a 7 ans ..)
Malgré l émergence du Dr Freud dont la célébrité s installe, l auteur met beaucoup de temps à percevoir que la relation à sa mère recèle une dimension "négative" *
Enfin en filigrane la montée de la sauvagerie nazie ( rarement nommée comme telle mais..) au détour d une phrase, d un fait divers anodin, on sent les nuages monter à l'horizon.
Pour les amis lecteurs de feu Philippe KERR (nombreux et inconditionnels , sissi j en croise chaque semaine ) on imagine le dialogue entre ces deux curieux dans l univers feutré d un salon de thé ou d une Winstub de Bavière .
Je vais de ce pas soumettre cette hypothèse à mon IA préférée ...........
Vous serez tenus/es informés//ées **

* j hésitai avec "pathogène"
** je fais souvent le test pour voir ex : Hergé et Simenon se rencontrent dans une brasserie à Liège : à suivre
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Un après midi au café Museum, nous venions de nous saluer et de prendre place. SONNE me dit sans aucun préambule, sans détours ni excuses qu'il avait lu le roman et me demanda si je désirais savoir ce qu'il en pensait. Puis il m'en parla pendant deux heures : ce jour là, il ne fut question de rien d autre.

Il m'éclaira sur mon roman et y décela des rapports dont je ne m'étais jamais douté. Il le traita comme un livre qui existe depuis longtemps et continuera d'exister. Il m'expliqua d'où il venait et me montra où il conduirait nécessairement. S'il s'était contenté de généralités élogieuses, je me serais réjoui, après ces cinq semaines de doutes, du sérieux de ses éloges , mais il fit beaucoup plus: il entra dans le détail des choses que j'avais écrites mais non justifiées et m'expliqua pourquoi elles étaient justes et ne pouvaient être différentes.
Il parla comme s'il partait en voyage de découverte et me prit avec lui. Il m'instruisit sur mon livre comme si j'étais un autre et non l'auteur; ce qu' il révélait à mes yeux était si stupéfiant que j'aurais eu peine à le reconnaître pour mien. J'étais déjà bien assez surpris qu'il se souvint des moindres détails comme s'il se fût agi d 'un texte ancien qu'il eût commenté devant des élèves. La distance qu'il créait ainsi entre moi même et mon livre était plus grande que celle des quatre années où il avait attendu à l'état de manuscrit dans mes tiroirs. Je vis se développer devant moi une construction chargée de sens , mûrie dans ses éléments les plus intimes, qui impliquait en elle-même sa dignité en même temps que sa justification. J'étais fasciné par chacune de ses remarques qui toutes me prenaient par surprise et n avais qu'un seul désir: qu'il ne s'arrêtât jamais.

Ce ne fut qu'au bout d'un moment que je compris que son discours poursuivait aussi un but: SONNE était conscient que ce livre aurait un destin difficile et il désirait me donner des forces contre les attaques à prévoir.
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Video de Elias Canetti (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Elias Canetti
http://le-semaphore.blogspot.fr/2014/.... Elias Canetti (1905-1994), l’éveilleur d’un futur antérieur : Une vie, une œuvre (1998 / France Culture). Émission “Une vie, une œuvre” diffusée sur France Culture le 19 novembre 1998. Par Catherine Paoletti. Réalisation : Anna Szmuc. Enregistrement et mixage : Marie-Dominique Bougaud, Philippe Bredin et Dimitri Gronoff. Elias Canetti, né à Roussé ( en Bulgarie le 25 juillet 1905 et mort le 14 août 1994 à Zurich en Suisse, est un écrivain d'expression allemande, originaire de Bulgarie, devenu citoyen britannique en 1952 et qui a longtemps résidé en Suisse. Il a reçu le prix Nobel de littérature en 1981. Canetti est souvent associé à la littérature autrichienne mais il couvre une perspective plus large. Son œuvre a défendu une idée pluraliste de la culture européenne dans sa richesse et sa diversité, liée à un parcours de vie singulier. Il est l'auteur d'analyses de grande envergure sur le XXème siècle et de réflexions détaillées sur les mécanismes humains et les modes de fonctionnement psycho-sociaux. Son œuvre est composée de pièces de théâtre, d'un unique roman, d’essais, de recueils d’aphorismes et d'une autobiographie en quatre volumes. Entre 1924 et 1929, il vit à Vienne où il étudie la chimie et est bientôt reçu docteur. Pendant cette période, il entreprend de nombreux voyages à travers l’Europe, notamment à Paris, en Bulgarie et à Berlin… C’est également pendant cette époque charnière de l’histoire, où l’on peut entendre les premiers bruits de bottes en Allemagne, qu’il développe de façon autodidacte ses connaissances puis ses théories artistiques en participant à des rencontres d’intellectuels - des salons - et aussi en travaillant sur ses premières idées littéraires. Canetti fera la connaissance de Karl Kraus, un intellectuel polémiste, fondateur de la revue “Die Fackel” (“Le Flambeau”), qui aura une influence majeure sur lui. Il rencontre peu après sa future femme : Venetiana (dite Veza) Taubner-Calderon. Pour subvenir à ses besoins et pour écrire, il traduit en allemand plusieurs livres de l’anglais. Toutes ses activités le happent et le poussent à délaisser la chimie et son enseignement. En effet, il va entre autres fréquenter les réunions qui s’organisent autour d’Alma Mahler, la veuve du compositeur Gustav Mahler, et entamer la rédaction de son roman “Die Blendung” (“Auto-da-fé”) ainsi que d'œuvres théâtrales. Il rencontrera des personnalités du monde de la culture comme Bertolt Brecht, George Grosz, Alban Berg, Robert Musil… Le 15 juillet 2927, un événement marque à jamais sa vie et son œuvre : une manifestation populaire qui tourne à l’incendie du palais de justice de Vienne. Cela provoque en lui le désir d’analyser et de comprendre le rapport entre les comportements de masse et le pouvoir. Il étudie alors cette problématique centrale de l’histoire du XXème siècle jusqu’en 1960, date de la publication de l’œuvre majeure de sa vie, “Masse und Macht” (“Masse et puissance”), presque exclusivement consacrée à cette phénoménologie des masses ainsi qu'à l'illustration de toutes les manifestations du pouvoir politique : « Il se peut que toute la substance du 15 juillet soit entièrement passée dans Masse et puissance. » Canetti s'y débarrasse de toutes les théories préexistantes à l'époque et cherche à « arracher le masque » de la figure centrale du pouvoir qu'il nomme le « survivant », pour « prendre le siècle à la gorge ». Avec : Alain Brossat, professeur de philosophie à l’Université Paris-VIII Youssef Ishaghpour, auteur de “Elias Canetti : métamorphose et identité” (La Différence) Marc de Launay, philosophe et traducteur français de philosophie et de littérature allemandes Gerald Stieg, professeur de littérature et civilisations allemandes et autrichiennes à l’Université Sorbonne Nouvelle - Paris 3 Avec les voix d’Elias Canetti, Karl Kraus, Raphaël Sorin et Angèle Saül Textes lus par Daniel Mesguich Archives sonores : Dominique Jameux Archives INA : Martine Auger Sources : France Culture et Wikipédia
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