Elégies

Il est sans doute bon en cette période de guerre entre la Russie et l'Ukraine, de s'en distancer pour ne pas oublier la richesse culturelle de ces territoires slaves.
En route par toute la terre, les élégies d'Anna Akhmatova, est un recueil de poèmes, les septièmes élégies, selon le traducteur Christian Mouze, et elles nous emportent dans l'ambiance d'une société marquée par la guerre russo-japonaise et le désastre de la destruction de la flotte russe à Tsou-Shima ainsi que les procès des années trentes.
Ainsi, sans s'enquérir de l'époque narrée, tout lecteur aura bien du mal à trouver ses marques dans les vers parsemés sur ces belles pages d'une édition à l'ancienne, nécessitant de les séparer avec une lame.
Certains textes vous accrochent, d'autres vous éloignent, tant il faudrait connaître plus en profondeur le contexte de cette poète.
Et l'on se prend à transposer ces vers auprès des populations à nouveau sous le feu des bombes en Ukraine.
Mais Anna Akhmatova en connaissait déjà l'issue :

La guerre et la peste ? - On en voit vite la fin.
Leur jugement est bientôt prononcé.
Mais qui nous défendra de la terreur,
A la course du temps autrefois fiancée ?

C'est un bel exercice de lecture. Et d'ouverture à un univers quasi inconnu pour moi, demandant la plus grande ouverture d'esprit. le format à l'ancienne de cette édition, la beauté du papier, son touché et la sobriété des textes nous guident sur ce chemin, malgré tout rapidement parcouru.

La plupart de ces poésies, écrites à des époques différentes, sont assez surprenantes. Je trouve que ces poésies ne correspondent pas bien à la définition de l'élégie. Voici ce que j'ai trouvé à ce sujet dans wikipedia: « de nos jours, l'élégie, considérée comme un genre au sein de la poésie lyrique, est caractérisé par un ton plaintif particulièrement adapté à l'évocation d'un mort ou à l'expression d'une souffrance due à un abandon ou à une absence ». En fait, ici on est éloigné de la simple plainte. Comme cela est écrit dans la présentation, « c'est parfois âcre, âpre ». Les vers ne sont pas toujours agréables à lire; j'ai quelques doutes sur la valeur de la traduction. Mais surtout je méconnais le contexte personnel dans lequel Akhmatova a écrit chacun de ces poèmes: cela m'a presque empêché de les apprécier. J'ai donc préféré d'autres recueils écrits par cette grande poétesse.