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EAN : 9782864248415
432 pages
Editions Métailié (30/08/2012)
4/5   9 notes
Résumé :
La porte ! Combien de fois ne l'avons-nous pas dit ou entendu et combien de fois la passons-nous par jour ? Savons-nous vraiment ce qu'est une porte et jusqu'où elle nous mène ? Tout le monde s'accordera pour reconnaître que dans sa définition même elle implique l'existence d'un "dehors" et d'un "dedans", du bien-être et du danger, et que toute porte utilisée déclenche une philosophie du monde.

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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
La télévision a du bon parfois : c'est ainsi que j'ai découvert ce livre lors d'une émission littéraire en 2012 et que j'ai souhaité l'acheter tout de suite, tellement l'auteur m'a semblé intéressant et tout à fait singulier.
Pascal DIBIE est professeur d'ethnologue à l'Université Diderot. Ce n'est donc pas un petit auteur. Il a d'ailleurs écrit d'autres ouvrages qu'il sera par la suite intéressant de découvrir.

Venons-en à notre livre : depuis le début de l'humanité, les hommes se bornent à mettre un obstacle entre l'intérieur et l'extérieur, la plupart du temps pour se protéger aussi bien du froid que de tout ennemi potentiel : bêtes, insectes, ennemis. Quand il ne s'agit pas non plus de démons ou de sorciers, susceptibles de jeter un sort aux habitants du lieu, ou le plus ouvent à un nouveau né. Les coutumes les plus ancestrales, comme d'autres plus proches de nous, nous apprennent que dans certaines régions de France (comme ailleurs) les enfants morts nés ou les foetus étaient enterrés sous le seuil de la porte, pour conjurer le mauvais oeil.

Mais cet exemple n'en est qu'un parmi des centaines d'autres à travers les siècles et tous les continents toujours variés et parfois farfelus, le plus souvent liés aux coutumes ou à la superstition. le lecteur s'étonnera pratiquement à toutes les pages, soit en riant, soit en fronçant les sourcils, soit en se rappelant ce qu'il a pu déjà lire ici ou là, dans des livres d'histoires des civilisations, ou bien encore dans la Bible.

Pourquoi s'enferme-t-on ? diverses réponses, selon les lieux, les époques. Mais plus encore : à l'intérieur même d'une maison, il y a la porte du cabinet de toilette, du w.c. très exactement. Sait-on qu'à l'époque de Louis XIV la pudeur n'était guère en vigueur et que l'on satisfaisait ses besoins un peu partout, au vu de tous, les hommes baissant leurs pantalons sans vergogne, et chose plus fâcheuse, la plupart des courtisans du Louvre faisaient leurs besoin n'importe où, dans le château du Roi, au point qu'il fallut bientôt trouver des solutions pour faire face aux puanteurs qui devenaient irrespirables. C'est ainsi que la pudeur faisant peu à peu son apparition dans les maisons, on prit l'habitude de se cacher pour faire ses besoins, et qu'une porte vint mettre à l'abri des regards des autres membres de la famille celui qui se soulageait, enfin tranquille dans son petit cabinet ! Je n'invente rien ! (voir page 195)

Pascal Dibie a fait un véritable recensement de toutes les portes et de toutes les coutumes, la France bien sûr y est plutôt privilégiée (on s'amuser à lire les complications liées aux serrures et clés emportées par des locataires, au grand agacement des propriétaires qui, à partir de 1780, durent avoir recours aux portiers pour surveiller leurs portes. Notons qu'à cette époque, il était encore bien difficile de trouver une personne, car les portes n'étaient pas numérotées, et porter une lettre relevait d'une foule d'indications où l'entourage faisait office de "guide". Un fleuriste, un chapelier, un cabaret, tout cela figurait sur l'enveloppe destinée á la personne, afin qu'elle puisse recevoir son courrier. L'étage, même, y était porté !

En Afrique, en Asie, en Océanie, les portes jouent un rôle symbolique, tantôt ouvertes et bienveillantes, parfois en simple papier, tantôt représentant une sorte d'arc où passaient jadis les esclaves, comme si le fait de repasser en dessous rappelait le souvenir, ou bien pouvait le faire oublier.

Résumer 400 pages n'est pas facile, tant les détails fourmillent, fascinent, à tel point qu'on se plaît à relire plusieurs fois les mêmes passages.

A la fin du livre, le lecteur trouvera une table où sont énumérés tous les types de portes, leur devenir, leur utilisation, leur localisation.

Le lecteur ainsi finit par se demander comment, aujourd'hui, il en est arrivé à se trouver comme fermé à double tour derrière sa porte ou ses portes. Plus l'on est protégé, semble dire Dibie, plus l'on est ou l'on croit être en danger.

La leçon philosophique est claire, et il semblerait que nous gagnerions beaucoup à ouvrir notre coeur en laissant plus ouvertes nos portes, notre porte, quitte, peut-être, à risquer. Mais ouvrir sa porte reste une invitation au partage et à la confiance, et si cet état de fait semble, pour la plupart d'entre nous une disposition délicate, difficile et inhabituelle, on peut considérer qu'il serait idéal de pouvoir, un jour, arriver à ne plus mettre de clé à sa serrure, voire à ne plus avoir de porte du tout. Mais cela, c'est une autre histoire !
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Je suis depuis fort longtemps fasciné par les portes et les fenêtres que je photographie abondamment . Cet ouvrage m'a donc instantanément accroché. J'ai pris grand plaisir et intérêt à y retrouver les racines de ma fascination à travers des chapitres qui nous emmènent dan le temps de l'Antiquité à notre époque et à travers l'espace sur les cinq continents .Ecrit avec érudition et humour l'essai mérite vraiment la lecture.
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HISTOIRE
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
A tous les entrouvreurs, les pousseurs, les écarteurs de portes, à ceux qui y piétinent, y espèrent, y attendent encore ; aux laquais des loquets qui font tourner les pênes et couiner les clenches ; à ceux qui portent les clefs, qui écoutent aux portes, et y toquent ; à tous les curieux courbés sur les trous de serrures ; aux cœurs battants des amoureux, aux défonceurs de portes ouvertes, à ceux qui s'y cognent le nez, qui claquent les portes ; aux ados en colère qui explosent les chambranles, aux scènes de ménage, aux mis à la porte, à tous les "je vous en prie", aux "après vous", aux "pas vous", à la souffrance des demandeurs d'emploi, à celle des étrangers aux portes des préfectures, aux malheureux écroués ; à ceux qui cherchent encore les portes des villes, aux retardataires, au bonheur de ceux qui jouent à guichet fermé, au malheur de ceux qui y font la queue ; à ceux qui n'ouvrent plus leur porte, aux généreux qui la gardent grande ouverte, à toutes ces portes qu'on a franchies, à celles qui nous attendent...Je dédie ce livre.
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"Il y a le connu. Il y a l'inconnu. Et entre les deux, il y a la porte et c'est ce que je veux être."
Jim Morisson des Doors
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Ouvrir un livre, c’est aussi tirer une porte et cette porte imprimée, au XVIIe siècle, on la voudra la plus belle et la plus ouvragée possible afin d’accueillir le lecteur comme on entre dans un monument avec toute la solennité nécessaire à une grande réception. C’est ainsi qu’on inventa la “première page où est le titre gravé dans quelque image qui représente le frontispice d’un bastiment”, selon la définition de Furetière.
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Concernant "Les portes du corps" visibles sur notre face,peut-on dire , par exemple ,que les yeux sont des portes ? On les qualifie plus souvent de fenêtres et effectivement on ne rentre rien dans un oeil au risque de le crever et lorsque l'on se met le doigt dans l'oeil c'est qu'on se trompe ! (Et en plus ça fait mal , preuve que ça n'est pas un trou ).
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Le triomphe n’est certainement pas propre aux seuls Romains, même si presque mécaniquement, je devrais dire “architecturalement”, nous le relions à Rome. Nous n’avons pas complètement tort car c’est à Rome que l’on trouvera les premiers vrais “arcs de triomphe” et c’est des Romains que l’on tient le Triomphe, cette coutume, héritée d’Orient et de Grèce mais très romanisée, de faire passer les guerriers et leur chef victorieux de retour de campagne sous une porte magique aménagée et décorée à cet effet. Passage qui en même temps qu’il marque et commémore un événement important avait, dans l’ancienne religion romaine, pour but en même temps que de les purifier, de décharger les hommes des énergies destructrices qu’ils portaient en eux et qui risquaient d’être dangereuses pour leurs compatriotes.
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Videos de Pascal Dibie (7) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Pascal Dibie
Cette rencontre est organisée par la Librairie de beaux lendemains de Bagnolet dans le cadre du festival Hors limites 2021.
Alors qu'il allait tourner sa clé de contact pour se rendre au bureau comme chaque matin, le cours de ses pensées arrêta net le geste de Stefan. Aujourd'hui, son associé se chargerait d'annoncer à leurs employés une nouvelle qui allait bouleverser l'avenir de l'entreprise. Dès lors, son imagination divague, peuple l'habitacle de sa voiture : un castelet de marionnettes où chacun·e de ses collaborateur·rice·s se positionne et tient son rôle de façon tout à fait prévisible, en fonction de son poste, de son caractère ou de ses opinions politiques. Dans ce court roman subtilement composé et riche en rebondissements inattendus, Colombe Boncenne signe une satire du monde de l'entreprise, dénonçant en creux sa violence, la souffrance et l'aliénation qu'il engendre.
Une dimension que ne contredira pas Pascal Dibie. Avec humour, sensibilité et érudition, celui-ci raconte dans son dernier essai une « brève histoire d'une humanité assise ». Une histoire qui, du scribe égyptien en passant par les moines copistes et les clercs de l'administration sous l'Ancien Régime, de la bureaucratie napoléonienne ou soviétique jusqu'à l'open-space, aux espaces de coworking et ceux, plus récemment, dédiés au télétravail, a conduit une très grande partie d'entre nous à passer ses journées sur une chaise de bureau.
Entre la romancière et l'anthropologue, un regard croisé se posera sur un aspect moyennement héroïque de nos civilisations, mais qui leur ont pourtant permis “d'asseoir” leur pouvoir au fil des siècles.
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